Titre : Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Date d'édition : 1931-08-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328618659
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1931 15 août 1931
Description : 1931/08/15 (A3,N127). 1931/08/15 (A3,N127).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Fonds régional : Auvergne Collection numérique : Fonds régional : Auvergne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5511535q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-20721
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Kie et Rac
N° 127 15 Août 1931. Z5
JJA. s tr&rtomie
Ce que l'on voit
dans le ciel
■v -V -v
Les étoiles temporaires: les <' Novae" »
i"t&® Sciences
Les rayons
positifs
yr v "w
Environ 130 ans avant
Jésus-Christ, le célèbre as-
trcnome Hipparque, celui-là
mémo qui découvrit le phé-
nornème de la « précession
des équinoxes », remarqua
une étoile d'un éclat surpre-
nant et qu'il n'avait pas en-
core observée à cet endroit
du ciel. Les astronomes
chinois et arabes mention-
nent des apparitions analogues. Mais la plus
célèbre de ces étoiles nouvelles est celle
qui fut signalée par Tycho-Biahé, le 11 no-
vembre 1572, où il observa une étoile « nou-
velle » dans la constellation de « Cassiopéè » :
c'était un astre d'un éclat tel que « Sirius »
et « Jupiter » lui-même devaient lui céder
le~p3S, et qu'il était possible de l'apercevoir
en plein jour.
Mais cet éclat prodisieux ne tarda pas à
s'affaiblir. Au mois de décembre, il était des-
cendu au-dessous de celui de « Jupiter » et,
au mois de mars 1574, l'astre fulgurant était
devenu invisible : son existence glorieuse
n"avait duré que 18 mois î
Trente ans après, dans la constellation du
« Serpentaire », une autre étoile nouvelle,
une « nova » (comme disent, en latin, les
astronomes) fit une apparition soudaine :
quoique moins brillante que son aînée, elle
avait cependant un éclat supérieur à celui de
<; Jupiter » ; mais, comme son aînée égale-
ment, sa vie fut courie et efle s'éteignit 15
mois après sa naissance.
Seulement, avertis par ces deux phénomè-
nes, les astronomes devinrent plus attentifs
à !a répartition des étoiles; les moyens d'ob-
servation se perfectionnèrent,, la photogra-
phie entra dans la pratique de l'astronomie.
Et., rien que depuis le milieu du XIX' siècle
on a pu constater « dix » apparitions d'étoi-
les nouvelles, de grandeurs variables, allant
de la première à la cinquième. La plus bril-
lante fut celle qui apparut !e 7 juin 1918 dans
la constellation de l'Aigle, comme pour mon-
trer à nos héroïques « poilus » la route de
la Victoire : on la nomma la « nova Aqui-
las ». Ensuite, ie 20 août 1920, une autre
« nova » se montra tout à coup dans la cons-
tellation du « Cygne » : elle était, à sa nais-
sance, de deuxième grandeur, mais elle tom-
bait à la troisième une semaine après et son
éclat diminua très vite. La dernière en date
a été découverte en Afrique du Sud par un
astronome amateur.
Outre ces « novso » éclatantes, on en décou-
vre de moins brillantes, grâce à la photogra-
phie céleste : les clichés en révèlent ainsi
une dizaine chaque année, que l'oeil ne peut
apercevoir, mais que la plaque sensible enre-
gistre fidèlement.
Que sont donc ces étoiles nouvelles, ces
« novjs » si surprenantes ? Leur histoire est
la même pour toutes. Au départ, c'est une
étoile minuscule, tellement petite qu'elle
échappait même aux télescopes photographi-
ques, et qui prend soudain un éclat extraor-
dinaire. Cet éclat baisse rapidement et ne
laisse subsister finalement qu'une vague ta-
che nébuleuse. En même temps, sa lumière, J
examinée au spectroscope, montre d'abord
un spectre analogue à ceiui des protubé-
rances solaires, où brillent les lignes du cal-
cium, de i'hydrogène, de l'hélium; puis ces
lignes deviennent moins nombreuses et il
ne reste que des lignes plus larges, analo-
gues à celles du spectre des nébuleuses.
Ainsi, l'on peut penser que l'étoile a fait
« explosion » et s'est transformée en nébu-
leuse.
On avait, pour expliquer ce mystérieux
phénomène, fait intervenir le choc de deux
étoiles, l'intrusion d'une étoile dans une né-
buleuse..., que sais-je encore? L'explication
la plus vraisemblable est celle qu'à donnée
notre illustre astronome Deslandrés, direc-
teur de l'Observatoire dé Paris: elle attribue
l'explosion de l'étoile à la présence de corps
radioactifs qui seraient contenus dans le {
noyau central de l'astre, Ces corps, par l'é-
nergie qu'ils dégagent, augmentent peu à
peu la température de l'étoile jusqu'à la ,
faire éclater, et, au moment de l'explosion,
sont, projetés dans l'espace environnant. Là,
poursuivant leur évolution ordinaire, ils se >
désagrègent en éléments analogues à l'hé-
lium, tout en illuminant la couche gazeuse
qui les enveloppe, ce qui explique l'appa-
rence « nébuiaire » du stade finah
Telle est la dernière manière de voir des <
maîtres de l'astronomie sur la question des !
étoiles nouvelles et de leur nature. Est-ce la !
dernière? La science se transforme sans ]
cesse: essentiellement perfectible, elle ne j
s'entête pas sur des vues que des découver- i
tes nouvelles la contraignent d'abandonner.
C'est ce qui fait sa force.
Alphonse BERGET. ,
v v -v l
LEGION D'HONNEUR '
Notre éminent collaborateur et ami, M. Al-
phonse Berget, ancien professeur à la Sor- (
bonne et l'un des directeurs de l'Institut océa-
nographique, vient d'être promu officier de .,
la. Légion d'honneur. Nulle distinction n'est
plus méritée et « Rie et Rac » se fait une joie ,
de lui adresser ses félicitations les plus sin-
cères et les plus chaleureuses. ;
Le plébiscite prussien.
■Le fameux plébiscite organisé contre le
Landtag de Prusse, que les partis extrémistes
de droite et de gauche ont résolu d'assassiner,
n'a heureusement pas donné à ceux-ci le bril-
lant résultat qu'ils espéraient.
Le succès du plébiscite eût été désastreux
et pour la paix de l'Europe et pour le relève-
ment financier de l'Allemagne. Celle-ci avait
tout à y perdre, et elle se fût bientôt repen-
tie amèrement d'avoir rebuté, par ses ridi-
cules fanfaronnades, les sauveteurs de bonne
volonté qui se préoccupent de*la repêcher.
Quand Un homme se noie,'il faut qu'il soit
bien stupide pour essayer de mordre la main
secourable qu'on lui tend. Les Allemands sont
décidément de rudes gaffeurs et d'incurables
maladroits. Le mois dernier, ils imploraient
piteusement l'aumône ; la semaine dernière,
ils semblaient vouloir se condamner eux-
mêmes au suicide, en'jetant sans rime ni rai-
son un brutal défi à l'Europe, qui, agacée,
finira un jour par les laisser choir, car avec
leurs procédés incohérents, ils lasseraient la
patience d'un saint... Et ce jour-là, ce ne
sera sûrement pas le bel Adolphe Hitler qui
les tirera du pétrin.
11 y a» pourtant, dans la belle et plétho-
rique Germanie, des gens raisonnables qui
devraient, qui doivent comprendre cela, qui
le comprennent certainement... Mais il n'y en
a pas encore assez.
C'était un complot nationaliste
et communiste.
Comme l'expliquait fort justement- le ma-
nifeste officiel du 7 août, dont le gouverne-
ment prussien a imposé par décret-loi la
publication obligatoire en première page
dan;; tous les journaux amis ou adversaires,
« les Casques d'acier et les communistes, en-
nemis mortels unis contre toute logique, ont
lancé un appel commun pour la dissolution
de !a Diète prussienne (Landtag)... Les deux
partis veulent atteindre des buts diamétrale-
ment opposés ; l'un veut une Prusse sovié-
tique selon la doctrine russe, l'autre un retour
à l'ancienne Prusse antidémocratique, ou un
régime de violence fasciste. Nationalistes et
communistes n'ont que le désir d'établir le
chaos en détruisant ce qui existe. Chacun
espère s'emparer du pouvoir et piétiner les
autres, qui, pour le plébiscite, étaient des
alliés bienvenus,.. >
Celte étrange et éphémère coalition des na-
tionalistes et des communistes allemands res-
semble assez, en effet, à l'union saugrenue de
la carpe et du lapin. Le besoin ne s'en faisait
nullement sentir, puisque, de toutes façons, le
Landtag actuel n'a plus que quelques mois
à vivre, devant être, en vertu de la Consti-
tution de Weimar, dissous et renouvelé en
mai 1932.
Etait-ce.la peine pour avancer les prochai-
nes élections -de six mois au -plus, de donner ce
;rand coup d'épée dans l'eau, et d'entamer des
e début de 1931 une campagne de violences
politiques qui n'a fait qu'aggraver le malaise
je l'Allemagne ?
Les soi-disant « patriotes » qui s'ingénient
i entretenir ainsi le désordre dans leur■ pay*
ÎUX abois, sont des imbéciles ou des traîtres..,
Et il est encore navrant dé voir que près de
dix millions de nigauds, gagnés par leur aber-
•ation,-ont voté avec eux.
Soeur Léonide.
La vieille soeur Léonide, de son vrai nom
[ustine-Julie Lateuligne, qui occupe depuis
soixante ans lé poste de surveillante à la
Di-ison de Saint-Lazare, .vient d'être promue
)fficier de la Légion d'honneur. On peut dire
qu'elle ne l'a pas volé, et que c'est même une
jien faible récompense pour toute une vie de
iévouemeiit consacrée à ces terribles fonc-
ions. Soixante ans de services... Soixante ans
ie prison !...■ La pauvre en a vu de toutes
es couleurs, et si elle voulait raconter ses
-ouvenirs, quel extraordinaire récit ce serait!
Vlais elle ne veut pas.
Petite nonne timide venue à 18 ans de son
\veyron natal, ce fut en 1871. après la.com-
nune, qu'elle entra au personnel religieux de-
vint-Lazare ; et depuis, elle n'a plus quitté
'affreuse geôle du faubourg Saint-Dénis dont
1 y a vingt ans qu'on annonce chaque année
a démolition irrévocable, et qui est toujours
lebout...
Cette sainte femme, à qui le paradis est
>romis à la fin de ses jours, n'aura connu ici-
>as que l'enfer, l'enfer à perpétuité, avec ses
îideurs, ses crimes, ses désespoirs tragiques-
Mais à la façon des missionnaires qui vont
IU péril dé leur vie catéchiser les peuplades
;auvages, soeur Léonide' avait à remplir un
ipostolat dont elle comprenait la grandeur :
:11e consolait, elle conseillait, elle redressait
ivec douceur et fermeté les âmes déviées qui
mouvaient encore s'amender.
Elle fut 'chargée pendant la guerre, de la
urveillance spéciale des détenues condamnées
LE DIRIGEABLE AMERICAIN « AKRON i>
Il est entendu que, plus que jamais, I' « Oncle Sam » est pacifiste. Il demande, en effet, à cor
et à cris, aux nations de l'Europe de cesser leurs armements. Mais, pendant ce temps-là,
lui, .il « surarme ». Nous n'en voulons pour preuve que la photo ci-Jointe qui montre le plus
fjrand dirigeable ,-lgide du monde, Y « Akron », en voie d'achèvement dans son hangar de
l'Ohio où l'on est en train de le revêtir de son enveloppe. Cet « Akron » (construit avec la col-
laboration de la société Zeppelin) a Une capacité très voisine de 200.000 mètres cubes et est
gonflé à l'hélium, gaz ininflammable, C'est évidemment un aéronef essentiellement « pacifi-
que » puisqu'il ne transportera que 4 canons et un équipement complet de lance-bombes. Il
transportera également 4 avions qui pourront aller explorer ou même arroser de projectiles les
' environs. Enfin, afin de le rendre invisible, on a prévu (toujours dans un but do paix)
qu'il puisse voler au-dessus d'un banc de nuages, â travers lequel, au bout d'un câble dé 400
.mètres de long qui traversera la couche nébuleuse, un observateur relié au ballon.par télé-
phone et qui, lui, apercevra la terre tout en restant à peu près invisible, indiquera le moment
opportun ou il faudra iâclier obus Incendiaires et gaz asphyxiants. On fait, évidemment en
uiand. aux Etats-Unis, la culture de l'olivier pour en récolter les rameaux 1
à mort pour espionnage ou trahison. Ce fut
elle qui, par un matin' brumeux de l'automne
1917, accompagna la danseuse Mata-Hari à
la Caponnière de Vincennes. Gardant sa main
dans la sienne, elle calma ses colères, ses ré-
voltes et ses terreurs, elle lui donna le su-
prême baiser d'adieu, elle la conduisit douce-
ment jusqu'au poteau d'exécution... Et lors-
que Mata-Hari tomba frappée de douze bal-
les, elle souriait amicalement à soeur Léonide
qui, agenouillée dans l'herbe, récitait pour elle,
la prière des morts...
Sous ses dehors bourrus et autoritaires —
mais il faut bien gouverner à la baguette fin
troupeau aussi turbulent — cette bonne soeur
est une femme admirable. C'est dommage
qu'elle soit en prison : on devrait la remettre
en liberté.
Le trésor de l' « Egypt ».
Tandis qu'une entreprise allemande menait
à bien le renflouement du Saint-Philibert,
une compagnie italienne travaillait efficace-
ment à retrouver, au large de la pointe du
Raz, le trésor englouti par 120 mètres de
fond, dans l'épave du paquebot Egypt,
18.000 tonnes.
Les Français ne sont donc pas capables,
avec leurs 2.693 kilomètres de côtes, d'exé-
cuter eux-mêmes et de réussir ces rudes tra-
vaux de la mer ?
Pour le Saint-Philibert, c'eût- été sinistre,
assurément... mais combien lucratif avec
Y Egypt !...
. L'Egypt, de la Peninsular Oriental and C°
se rendait de Londres à Bombay, lorsque le
20 mai 1922, à 19 heures, il fut abordé dans
la brume à 22 milles au nord-ouest d'Ar-Men
(Raz de Sein), par le cargo français Seine
allant de là Pallice au Havre. L'Egypt coula
presque aussitôt avec 334 personnes, dont
230 seulement furent sauvées du naufrage,
L'année suivante une société maritime nor-
végienne et en 1926 une société française
essayèrent vainement de repérer l'épave. On
n'y parvint qu'en 1930 grâce aux indications
du capitaine Le Barzic, qui commandait le
cargo abordeur. C'est alors que la Compa-
gnie Sorina, de Gênes, utilisant des scaphan-
dres allemands tout en acier pesant 150 kilos,
entreprit avec ses deux vapeurs, le Rostro et
YArtiglio, le repêchage du fabuleux trésoi.
L'Egypt transportait en effet 839.000 livres
sterling en pièces et en lingots d'or et 250.000
livres en lingots d'argent au' total 1.089.000
livres sterling, c'est-à-dire 135 millions Je
francs, qui étaient et sont encore enfermés
— pas pour longtemps — dans une soute
blindée placée au milieu du navire sur le
troisième pont... Ce joli petit magot ne valàit-
il pas la peine qu'on se dérangeât pour aller
le cueillir dans le royaume des poissons ?
• * •
Déjà en septembre 1930, le coffre-fort du
commandant put être, malgré ses 200 kilos,
remonté à la surface. Mais î! ne renferrnait
que le courrier diplomatique de l'Inde, des
clefs, des chèques et divers documents. Pour
avoir le trésor c'était plus compliqué : il fal-
lait pénétrer dans la cabine blindée placée
au miOiéu du navire.
Pendant tout l'été dernier, Ces pénibles -tra-
vaux,fûrefit dirigés par M, Quaglia, adminis-
trateur de la société italienne, assisté du ca-
pitaine Le Barzic, du chef scaphandrier
Alberto Gianrii, plongeur réputé, du capitaine
Beck, réprésentant les compagnies d'assu-
rances intéressées, et de l'amiral Stevenson,
délégué de la marine britannique,.. Car vous
pensez qu'on ne peut pas retirer de l'eau
135 millions appartenant â l'Angleterre sans
être contrôlé par quelques témoins ouvrant
bien l'oeil,.,
Les parages d'Ouessant n'étant pas un sé-
jour facile en hiver, la besogne fut interrom-
pue en octobre ; et YArtiglio s'en alla dans
les passes de Quiberon tenter de relever les
épaves de deux navires coulés par les Alle-
mands pendant la guerre. L'un de ceux-ci. le
Florence, était chargé d'explosifs, que la dé-
flagration d'une mine fit sauter le 7 décembre.
Et YArtiglio qui se trouvait trop près, à
150 mètres du lieu de l'explosion, fut pul-
vérisé et englouti. Cette affreuse catastrophe
coûta la vie à douze marins italiens.
Depuis le printemps de cette année, le tra-
vail a été repris à la pointe du Finistère,
et les témoins vont bientôt voir émerger des
flots le trésor de Y Egypt.'
Un sultan bien moderne.
S'il est un souverain qui se plait dans
notre pays, c'est bien le jeûne et sympathique
sultan du Maroc, Si Moulay ben Youssef
Mohamed ben El Hass'em, dont l'esprit avide
de s'instruire, est si curieux des choses de
France.
C'est la quatrième fois en quatre ans qu'il
séjourne chez nous accompagné de son grand
vizir El Mokri, de son chef du. protocole Si
Kaddoûr Ben Ghabrit et dé son ancien pré-
cepteur Si Mammeri, demeuré soïi fidèle con-
seiller.
11 aime Paris, ce qui est Une preuve ~de bon
goût. 11 l'a exploré en 1928 dans ses moindres
détails, depuis les galeries du Louvre jus-
qu'aux caves de la Banque de France. Fer-
vent de l'automobile, il aime aussi les beaux
horizons de nos provinces à travers les-
quelles il accomplit, en 1929, une randon-
née gigantesque. II parcourut la Provence, la
Riviera, Nice, remonta la vallée du Rhône
jusqu'à Lyon, alla boire quelques verres
d'eau à Vichy et au Mont-Dore, redescendit
vers les Pyrénées, fit une cure d'altitude à
Font-Romeu et, à Superbagnères, respira à
Biarritz l'air frais de l'Atlantique, puis visi-
tant partout les vieux châteaux, les sites
pittoresques, les musées, et aussi les usinés
modernes, il mit le cap sur Paris.
Et le soir même de son arrivée, impatient
de connaître cette merveilleuse nouveauté, le
film parlant qui commençait alors à faire
courir les foules, il déclara tranquillement à
ses ministres éreintés :
■*-; Nous allons au cinéma.
Ils s'en furent donc comme de bons bour-
geois, s'installer au cinéma de la Madeleine,
incognito... mais vous pensez quel incognito
peut garder dans une salle parisienne, le sul-
tan de l'Empire chériffien, descendant du
Prophète !
■ •*#■'■
Dans l'Islam comme partout ailleurs, les
esprits s'ouvrent aux splendeurs de la civi-
lisation ; et; il est particulièrement piquant
de voir le potentat d'un pays qui nous resta
si longtemps hostile et fermé, montrer ainsi
l'exemple de l'activité intellectuelle. ■
C'est que le siècle a marché bon train,
depuis le temps où son père croyait faire
acte très audacieux eh achetant une bicy-'
dette qu'il chevauchait timidement loin des
regards indiscrets, dans les jardins de son
palais !... Aujourd'hui, Si Mohamed trouve
déjà tout naturel de circuler en auto. Son
fils Si Mouley ben Hassan, ce gentil bambin
de deux ans qu'on emmena vendredi dernier
à Rambouillet jouer avec les petits enfants
de M. Doumër, aura sans douté son avion
d'ici peu d'années ; et il rira bien quand on
lui racontera l'authentique histoire de l'om-
nibus.
Sous le règne de Moulay-Hassan, il -y- a
quarante-cinq ans, le gouvernement français,
voulant conquérir les bonnes grâces du sul-
tan, avait eu l'idée assez bizarre -de lui faire
cadeau d'un vieil - omnibus parisien, réformé,
mais repeinturluré à neuf,-du type « Pan*
théon-Çourçelles »... Eh bien, — qu'on se mo-
que'si Ton. veut, — -'cette auguste guimbarde
à .impériale .qui servait à promener chaque
semaine les épouses du sultan dans les jarr
dins de Fez, eut là-bas un succès formidable,
et ce fut longtemps la meilleure distraction
de ces pauvres dames !
La République né.s'était pas fendue, mais
son cadeau avait fait plaisir.
▼ T
L'affaire Jeanette MacDonald.
La blonde star américaine jeanette Mac-
Donald, partenaire de Maurice Chevalier
dans le film Parade d'amour, visite actuelle-
ment notre vieux monde, et son arrivée y a
causé grande sensation. Tous les journaux
ont rendu compte de cet important événe-
ment, La délicieuse enfant a, en effet, acquis
chez nous une célébrité retentissante, depuis
qu'elle a.;été, il y a cinq mois, la prétendue
héroïne d'un extravagant drame imaginaire
qui intéressait directement, affirmait-on, ià
politique européenne.
Rappelons cette histoire rocambolesque :
Quoique Jeanette MacDonald. ne fût ja-
mais venue en Europe et qu'elle se trouvât
alors à Hollywood, le bruit se répandit au
mois de mars," dernier, qu'elle filait le par-
fait amour avec le prince Humbert, fils du
(3\ IMANCHÉ dernier, le pauvre Hitler a pris
TJj une tape. Les Prussiens n'ont pas voté
pour le roi de Prusse. Les Prussiens ont
même eu l'air de se montrer fort satisfaits de
leur Landtag dont la composition plaît si peu
aux Nazis.
Les Nazis succomberont sous les lazzi ?
Pas encore tout de suite, sans doute, et gar-
dons-nous de crier trop fort victoire. Pour-
tant, comment ne nous réjouirions-nous pas
de ce triomphe négatif des partis de l'ordre
en- Allemagne ?
Cela prouve que nous ayons eu raison dé ne
pas marcher et de ne pas doilner les dôU;e
milliards si rapidement demandés par les
Allemands. D'abord, parce que nous n'avons
pas douze milliards de trop — du moins, ça
se Saurait — et ensuite parce qu'on nous a
fait en vain le coup du chantage.
— Vite, de l'argent. Sinon, c'est la révolu-
tion chez nous. L'Alleviagne livrée aux com-
munistes ou aux supernationalistes. Nous ne
savons pas encore ait juste. Mais l'animai en
tout cas est très dangereux.
Dimanche dernier, on a voulu nous mon-
trer cet animal hybride, né du mariage des
Moscoutaires de Berlin et des Hitlériens du
même lieu. Or, le produit est lamentable. Il
a trois pattes, il se traîne SUT le ventre et il
n'aime même pas à cracher le feu par les na-
seaux — pardons, par tes Nazis.
Alors, nous, nous ne marchons plus. Si on
nous agite encore le spectre de la révolution,
pour nous demander des sous, nous pourrons
leur répondre : « Essayez toujours. »
Parce qu'au fond, le s. Allemands 11e tien-
nent pas tant que ça à mettre le feu à leur
maison à seule fin d'embêter leur voisin.
. Mais" en vacances, les gens se moquent
bien de la politique. On ne lit plus lés jour-
naux, et on se livre gaiement aux plaisirs de
l'été.
Ils sont multiples et variés : bridge, ping-
pon°. jeu de loto, domino ou jacquet, mois
croisés ; les dames peuvent choisir entre la
broderie et la tapisserie, les messieurs entre
le belote et les romans ; les jeunes gens entre
Cache-cache et pigeôn-vole ; les jeunes filles
entre la causette et les petits papiers.
Car, naturellement, en été, il ne saurait
être question des jeux de plein air dont nous
entendons parler par- nos grands-parents. Le
tennis se pratiquera l'hiver prochain sur courts
couverts, le golf dans des sous'sols de golfs
miniatures, s'il en reste encore, la natation
dans des piscines couvertes et chauffées.
Pour l'instant, il faudrait être'fou pour s'a-
donner à ces. distractions d'un autre moment.
L'été, mettons-nous cela une fois pour
toutes dans la tête, c'est la saison des pluies,
comme en Afrique.
Il s'agit de louer, sa villa, de choisir son
hôtel, non pas avec « vue sur la mer », mais
à proximité d'un cinéma. Dans les bagages,
il est plus important d'emporter un para-
pluie que des costumes de bain.
Si vàus parte? en vacances au bord de la
mer dans ces dispositions, vous prendre^ très
facilement votre parti de tput, Vous n'attrapa
père? pas de coups de..soleil et vous ferez de
gros progrès au bridge. Certes, vous réviêfc
dre{ peut-être, à la-rentrée avec une bonne
bronchite. Mais.il Sera bien temps de la soi*
gner à Paris dans la tiédeur; dé votre apparu
tentent ou sous les bons rayons du soleil
d'octobre. RIC,
roi d'Italie et époux de la princesse Marie-
José dé Belgique. De là le drame.
Les racontars offraient deux versions un
peu différentes, mais également tragiques.
D'après la première, Jeanette MacDonald,
surprise par la princesse Marie-José en
conversation avec le prince Humbert au
palais de Turin, avait été. cruellement
griffée au visage. Les deux jeunes gens
s'étaient enfuis de Turin en auto, pour gagner
Ostende. Aux environs de Bruges, un terrible
accident de routé avait fait capoter leur voi-
ture, et Jeanette MacDonald avait été tuée
sur le coup.
D'après l'autre version, la princesse Marie-
José en la surprenant avec son mari, l'avait
abattue d'une balle de revolver. Mais les di-
plomaties des deux nations avaient soigneu-
sement étouffé ce douloureux scandale auquel
se trouvait inopinément mêlé Charlie Cha-
plin.
Que diable le pauvre Chariot allait-il faire
dans cette galère ? '
Attendez... c'est ici que le « fait-divers »
rebondit à des hauteurs insoupçonnées 1...
Chaplin, mué en confident de tragédie, avait
paraît-il entre les mains, des lettres de la
défunte (?) miss MacDonald au prince Hum-
bert. L'Italie voulait à tout prix se procurer
et' faire disparaître ces documents compro-
mettants. L'Angleterre se chargea de cette
délicate négociation, et parvint à récupérer
les fameuses lettres. Charlie Chaplin, qui ve-
nait d'arriver en France les remit au duc de
Wes.tminster lors d'une chasse à„çourre à la-
quelle celui-ci l'avait invité en son château de
Saint-Saëns (Seine-Inférieure), dans les der-
niers jours de mars 1931.
A ceux qui essayaient d'objecter que
Jeanette MacDonald n'avait jamais quitté
l'Amérique ni vu le prince Humbert, et
qu'elle était bien vivante,, les bourreurs de
crâne.répondaient fermement.
— Elle est morte. C'est sa soeur qu'on fait
■passer pour elle afin d'égarer l'opinion,
' Si bien que. depuis son arrivée,., on lui a
demandé cent fois : ■
— N'êtes-vous pas votre soeur ?
Bref, à l'heure qu'il est on ne sait pas en-
core au. juste quelle imagination en délire-a
forgé cet imbroglio abracadabrant qui cons-
titue un record de publicité d'assez mauvais
goût. •■-.•'.
Tsr y*'
. Perles du mélodrame.
L'art dramatique est" en vacances, et mal-
gré l'Exposition qui attire tant d'étrangers
à Paris, la plupart des théâtres sont fermés.
On n'a jamais vu pareil marasme.
C'est donc l'instant d'envoyer à nos lec-
teurs u ri peu de théâtre à domicile. -Voici
quelques citations, mélodramatiques pêchées
dans l'amusant recueil de M. Robert Fran-
cheville, le Mirliton du Romantisme... saine
distraction pendant les longues soirées d'été
qu'on passe au coin de son feu, à se chauf-
fer, avec l'espoir qu'il fera beau le lende-
main :
JEANNE, au- comte de Chàtenay- •— Si je.
vous aime !: Il y- a bien loin d'ici, Monsei-
gneur, un pays qu'on nomme la Bretagne;
il y a dans ce pays une sainte femme qui est
ma mère... et vous me demandez si je vous
aime !
LE COMTE. — Chère enfant !
(La Paysanne pervertie, par Dumanoir et
d'Ennery. — Gaîté, 18 octobre 1851.)
GABRIELLE D'ESTRÉES, parlant d'Henri IV.
—- ... Il sort furtivement du Louvre; il
court seul,, sans défense, ce sombre Paris...
Sa vie en danger !.-,. Cette vie précieuse mise
à la merci du premier bandit qui, pour arra-
cher une bourse, ouvrira le coeur du roi,
ce coeur par lequel respire, toute la France !
(La Belle Gabrielle, par Auguste Maquet.
— Porte-Saint-Martin, 23 janvier 1857,)
WOÙD. — .... Pour aujourd'hui, mistress
Sheppard, voilà de quoi subvenir aux pre-
miers besoins (il donne sa bourse puis un
petit paquet) ; voilà aussi du linge, des pe-
tites chemises et des petits bas qui ne vien-
nent pas d'une source .impure.
.... MISTRESS SHEPPARD. — ,,. Jack, mon en-
fant, viens, suis-moi, et rie remets jamais
les pieds dans ces carrefours tachés" de sang
où sont encore marquées les traces .de ton
père !..
(Les Chevaliers du brouillard, par d?En-
nery et F. Bourget. — Porte-Saint-Martin,
.10 juillet 1857.)
— II a osé me tendre, la. main, mais je la
lui ai. rejetée, au visage 1...
—- ... Jeanne... pourquoi pleurez-vous cha-
que nuit seule, dans votre chambre ?... Et
si ces larmes sont pures, pourquoi Raoul
n'est-il pas là pour les essuyer?.
JEANNE, vivement. -- Mais il travaille...
il obéit aux devoirs de sa charge.
(Le Crime de F.averne, par Th. Barrière et
Beauvallet. — Ambigu-Comique, 6 février
1.868.)
ALBINUS. — Sire, le prêtre ne quitte le
condamné que lorsqu'il monte à l'échafaud,
le médecin ne doit abandonner le malade que
lorsqu'il descend dans la tombe.
(Le Sonneur. de Saint-Paul, par Joseph
Bouchardy. — Gaîté 2 octobre 1838.)
■
L'étude des rayons
positifs, découverts par
le professeur allemand
Goldstein — disparu
il y a quelques moii.
— a influencé grande-
ment le développement
de la physique moder-
ne et apporté bien des
éclaircissements à nos
connaissance sur la structure de la .natière.
Dans un tube, où le vJde réalisé est d'en-
viron un millionième d'atmosphère, on fait
passer une décharge électrique à haute ten-
sion ; on observe en a mi ère de la cathode
(électrode négative) — j.i celle-ci est per-
forée — des faisceaux IwMiineux étroits, aux-
quels leur passage à travers la cathode a
fait donner le nom de «' rayons-canaux »,
L'expression « rayons canalisés » serait,
soit dit en passant, bien pi'us exacte.
Sous l'action de ces rayoris, la faible quan-
tité de gaz résiduel acquiert une lumines-
cence jaunâtre avec l'air, rase avec? l'hydro-
gène, rouge éclatante avec le néon, etc..
Lès expériences poursuivies depuis long-
temps par Wien prouvèrent en 1898 que les
rayons Goldstein sont constitués par des cor-
puscules chargés positivement,.;d'où leur nom.
Ces corpuscules sont des molécules ou de» ato-
mes, du ou des gaz contenus dans le tube,
privés d'un ou plusieurs de leurs « \grains »
d'électricité négative, nommés « électrons »,
par le choc d'autres électrons libres ou
d'ions se déplaçant avec une très çjrande
rapidité. On sait qu'on appelle « ion' » un
atome ou un édifice atomique ayant capté
une charge électrique positive ou néçative
supplémentaire. Or, pour une molécule; ou
un atome — qui, normalement, est électri.
quement neutre — la perte d'électricité '. né-
gative équivaut à un gain d'électricité fioslr
tive. Ce sont ces résidus moléculaires ou
atomiques, électrisés positivement, qui for-
ment les rayons positifs et qui sont repous-
sés violemment par l'électrode positive
(deux électricités de même signe se repous-
sent) et qui traversent la cathode perforée.
mm
L'analyse des gaz au moyen des rayons-
positifs est des plus sensibles : sans la
moindre difficulté et sans être gênée en
rien par les autres gaz, elle met en évi-
dence des traces infinitésimales d'hêliûm,
par exemple, dans un centimètre cube d'air.
En opérant sur des gaz contenus dans un
petit tube en verre scellé renfermant, de-
puis quelque dix ans, 30 milligrammes de
bromure de radium, on a décelé de très ap-
préciables quantités de néon,, d'hélium et,
ce qui est spécialement à retenir, d'un gaz
de masse atomique égale à 3. Cette molé-
cu'le, insoupçonnée jusqu'aux recherches sur
les rayons positifs, résulte sans doute de
l'association de . trois atomes d'hydrogène.
C'est une sorte d'hydrogène triatomique qui
est à l'hydrogène normal (celui que l'on pré-
pare par action de l'acide sulfurique sur le
zinc), ce que l'ozone est à l'oxygène. Les
professeurs Fabry et Buisson ont découvert
un gaz de niasse atomique 3 également,
qui pourrait être le même que le précédent,
et auquel sa présence dans le spectre des
nébuleuses a fait donner le nom de « nébu-
lium ». ■ . ' '
Les recherches relatives aux rayoris posi-
tifs ont fourni bien d'autres enseignements
que rtous ne saurions avoir la prétention
de rapporter ici. Elles ont montré, notam-
ment,; que de nombreux éléments chimiques,
présumés « simples >>, sont en réalité des
mélanges de plusieurs constituants identi-
ques à tous points de vue, sauf celui de la
masse atomique. Ainsi, le krypton, de masse
atomique 80, 82, est un mélange de corps de
masses atomiques 78, 80, 82, 83, 84 et 86.
De même, il y a non pas un magnésium,
de masse atomique 24,32, mais trois, de mas-
ses respectives 24, 25 et 26.
Roger SIMONET.
UN « MULTÏMICROSCOPE »
Dans un cours d'histologie, il est souvent malaisé de faire défiler tous les ?. cessivement devant le" microscope où se trouve la préparation à étudier. En 18?o, r.cîre
grand constructeur Nachet avait réalisé un microscope double, permettant au professeur
de montrer à un élève une préparation dont il signalait, â l'aide d'une pointe mobile, le
point intéressant: un système de prismes dédoublant permettait ce résultat.
Lés opticiens allemands ont repris cette idée française, en la « grossissant ». Au lieu d'un
«eui disciple, huit peuvent suivre la démonstration du maître, à l'aide de 8 prismes et de 8
oculaires, comme lé montrent nos deux photos: un neuvième oculaire est réservé au professeur .
qui fait la démonstration. L' « objet » microscopique est éclairé verticalement par une lampe
placée dans un « tube projecteur » que l'on voit au centre de' la photo représentant l'instru-
ment sans les spectateurs qui l'entourent. Encore une trouvaille de chez nous qui a
.... la...frontière ».
N° 127 15 Août 1931. Z5
JJA. s tr&rtomie
Ce que l'on voit
dans le ciel
■v -V -v
Les étoiles temporaires: les <' Novae" »
i"t&® Sciences
Les rayons
positifs
yr v "w
Environ 130 ans avant
Jésus-Christ, le célèbre as-
trcnome Hipparque, celui-là
mémo qui découvrit le phé-
nornème de la « précession
des équinoxes », remarqua
une étoile d'un éclat surpre-
nant et qu'il n'avait pas en-
core observée à cet endroit
du ciel. Les astronomes
chinois et arabes mention-
nent des apparitions analogues. Mais la plus
célèbre de ces étoiles nouvelles est celle
qui fut signalée par Tycho-Biahé, le 11 no-
vembre 1572, où il observa une étoile « nou-
velle » dans la constellation de « Cassiopéè » :
c'était un astre d'un éclat tel que « Sirius »
et « Jupiter » lui-même devaient lui céder
le~p3S, et qu'il était possible de l'apercevoir
en plein jour.
Mais cet éclat prodisieux ne tarda pas à
s'affaiblir. Au mois de décembre, il était des-
cendu au-dessous de celui de « Jupiter » et,
au mois de mars 1574, l'astre fulgurant était
devenu invisible : son existence glorieuse
n"avait duré que 18 mois î
Trente ans après, dans la constellation du
« Serpentaire », une autre étoile nouvelle,
une « nova » (comme disent, en latin, les
astronomes) fit une apparition soudaine :
quoique moins brillante que son aînée, elle
avait cependant un éclat supérieur à celui de
<; Jupiter » ; mais, comme son aînée égale-
ment, sa vie fut courie et efle s'éteignit 15
mois après sa naissance.
Seulement, avertis par ces deux phénomè-
nes, les astronomes devinrent plus attentifs
à !a répartition des étoiles; les moyens d'ob-
servation se perfectionnèrent,, la photogra-
phie entra dans la pratique de l'astronomie.
Et., rien que depuis le milieu du XIX' siècle
on a pu constater « dix » apparitions d'étoi-
les nouvelles, de grandeurs variables, allant
de la première à la cinquième. La plus bril-
lante fut celle qui apparut !e 7 juin 1918 dans
la constellation de l'Aigle, comme pour mon-
trer à nos héroïques « poilus » la route de
la Victoire : on la nomma la « nova Aqui-
las ». Ensuite, ie 20 août 1920, une autre
« nova » se montra tout à coup dans la cons-
tellation du « Cygne » : elle était, à sa nais-
sance, de deuxième grandeur, mais elle tom-
bait à la troisième une semaine après et son
éclat diminua très vite. La dernière en date
a été découverte en Afrique du Sud par un
astronome amateur.
Outre ces « novso » éclatantes, on en décou-
vre de moins brillantes, grâce à la photogra-
phie céleste : les clichés en révèlent ainsi
une dizaine chaque année, que l'oeil ne peut
apercevoir, mais que la plaque sensible enre-
gistre fidèlement.
Que sont donc ces étoiles nouvelles, ces
« novjs » si surprenantes ? Leur histoire est
la même pour toutes. Au départ, c'est une
étoile minuscule, tellement petite qu'elle
échappait même aux télescopes photographi-
ques, et qui prend soudain un éclat extraor-
dinaire. Cet éclat baisse rapidement et ne
laisse subsister finalement qu'une vague ta-
che nébuleuse. En même temps, sa lumière, J
examinée au spectroscope, montre d'abord
un spectre analogue à ceiui des protubé-
rances solaires, où brillent les lignes du cal-
cium, de i'hydrogène, de l'hélium; puis ces
lignes deviennent moins nombreuses et il
ne reste que des lignes plus larges, analo-
gues à celles du spectre des nébuleuses.
Ainsi, l'on peut penser que l'étoile a fait
« explosion » et s'est transformée en nébu-
leuse.
On avait, pour expliquer ce mystérieux
phénomène, fait intervenir le choc de deux
étoiles, l'intrusion d'une étoile dans une né-
buleuse..., que sais-je encore? L'explication
la plus vraisemblable est celle qu'à donnée
notre illustre astronome Deslandrés, direc-
teur de l'Observatoire dé Paris: elle attribue
l'explosion de l'étoile à la présence de corps
radioactifs qui seraient contenus dans le {
noyau central de l'astre, Ces corps, par l'é-
nergie qu'ils dégagent, augmentent peu à
peu la température de l'étoile jusqu'à la ,
faire éclater, et, au moment de l'explosion,
sont, projetés dans l'espace environnant. Là,
poursuivant leur évolution ordinaire, ils se >
désagrègent en éléments analogues à l'hé-
lium, tout en illuminant la couche gazeuse
qui les enveloppe, ce qui explique l'appa-
rence « nébuiaire » du stade finah
Telle est la dernière manière de voir des <
maîtres de l'astronomie sur la question des !
étoiles nouvelles et de leur nature. Est-ce la !
dernière? La science se transforme sans ]
cesse: essentiellement perfectible, elle ne j
s'entête pas sur des vues que des découver- i
tes nouvelles la contraignent d'abandonner.
C'est ce qui fait sa force.
Alphonse BERGET. ,
v v -v l
LEGION D'HONNEUR '
Notre éminent collaborateur et ami, M. Al-
phonse Berget, ancien professeur à la Sor- (
bonne et l'un des directeurs de l'Institut océa-
nographique, vient d'être promu officier de .,
la. Légion d'honneur. Nulle distinction n'est
plus méritée et « Rie et Rac » se fait une joie ,
de lui adresser ses félicitations les plus sin-
cères et les plus chaleureuses. ;
Le plébiscite prussien.
■Le fameux plébiscite organisé contre le
Landtag de Prusse, que les partis extrémistes
de droite et de gauche ont résolu d'assassiner,
n'a heureusement pas donné à ceux-ci le bril-
lant résultat qu'ils espéraient.
Le succès du plébiscite eût été désastreux
et pour la paix de l'Europe et pour le relève-
ment financier de l'Allemagne. Celle-ci avait
tout à y perdre, et elle se fût bientôt repen-
tie amèrement d'avoir rebuté, par ses ridi-
cules fanfaronnades, les sauveteurs de bonne
volonté qui se préoccupent de*la repêcher.
Quand Un homme se noie,'il faut qu'il soit
bien stupide pour essayer de mordre la main
secourable qu'on lui tend. Les Allemands sont
décidément de rudes gaffeurs et d'incurables
maladroits. Le mois dernier, ils imploraient
piteusement l'aumône ; la semaine dernière,
ils semblaient vouloir se condamner eux-
mêmes au suicide, en'jetant sans rime ni rai-
son un brutal défi à l'Europe, qui, agacée,
finira un jour par les laisser choir, car avec
leurs procédés incohérents, ils lasseraient la
patience d'un saint... Et ce jour-là, ce ne
sera sûrement pas le bel Adolphe Hitler qui
les tirera du pétrin.
11 y a» pourtant, dans la belle et plétho-
rique Germanie, des gens raisonnables qui
devraient, qui doivent comprendre cela, qui
le comprennent certainement... Mais il n'y en
a pas encore assez.
C'était un complot nationaliste
et communiste.
Comme l'expliquait fort justement- le ma-
nifeste officiel du 7 août, dont le gouverne-
ment prussien a imposé par décret-loi la
publication obligatoire en première page
dan;; tous les journaux amis ou adversaires,
« les Casques d'acier et les communistes, en-
nemis mortels unis contre toute logique, ont
lancé un appel commun pour la dissolution
de !a Diète prussienne (Landtag)... Les deux
partis veulent atteindre des buts diamétrale-
ment opposés ; l'un veut une Prusse sovié-
tique selon la doctrine russe, l'autre un retour
à l'ancienne Prusse antidémocratique, ou un
régime de violence fasciste. Nationalistes et
communistes n'ont que le désir d'établir le
chaos en détruisant ce qui existe. Chacun
espère s'emparer du pouvoir et piétiner les
autres, qui, pour le plébiscite, étaient des
alliés bienvenus,.. >
Celte étrange et éphémère coalition des na-
tionalistes et des communistes allemands res-
semble assez, en effet, à l'union saugrenue de
la carpe et du lapin. Le besoin ne s'en faisait
nullement sentir, puisque, de toutes façons, le
Landtag actuel n'a plus que quelques mois
à vivre, devant être, en vertu de la Consti-
tution de Weimar, dissous et renouvelé en
mai 1932.
Etait-ce.la peine pour avancer les prochai-
nes élections -de six mois au -plus, de donner ce
;rand coup d'épée dans l'eau, et d'entamer des
e début de 1931 une campagne de violences
politiques qui n'a fait qu'aggraver le malaise
je l'Allemagne ?
Les soi-disant « patriotes » qui s'ingénient
i entretenir ainsi le désordre dans leur■ pay*
ÎUX abois, sont des imbéciles ou des traîtres..,
Et il est encore navrant dé voir que près de
dix millions de nigauds, gagnés par leur aber-
•ation,-ont voté avec eux.
Soeur Léonide.
La vieille soeur Léonide, de son vrai nom
[ustine-Julie Lateuligne, qui occupe depuis
soixante ans lé poste de surveillante à la
Di-ison de Saint-Lazare, .vient d'être promue
)fficier de la Légion d'honneur. On peut dire
qu'elle ne l'a pas volé, et que c'est même une
jien faible récompense pour toute une vie de
iévouemeiit consacrée à ces terribles fonc-
ions. Soixante ans de services... Soixante ans
ie prison !...■ La pauvre en a vu de toutes
es couleurs, et si elle voulait raconter ses
-ouvenirs, quel extraordinaire récit ce serait!
Vlais elle ne veut pas.
Petite nonne timide venue à 18 ans de son
\veyron natal, ce fut en 1871. après la.com-
nune, qu'elle entra au personnel religieux de-
vint-Lazare ; et depuis, elle n'a plus quitté
'affreuse geôle du faubourg Saint-Dénis dont
1 y a vingt ans qu'on annonce chaque année
a démolition irrévocable, et qui est toujours
lebout...
Cette sainte femme, à qui le paradis est
>romis à la fin de ses jours, n'aura connu ici-
>as que l'enfer, l'enfer à perpétuité, avec ses
îideurs, ses crimes, ses désespoirs tragiques-
Mais à la façon des missionnaires qui vont
IU péril dé leur vie catéchiser les peuplades
;auvages, soeur Léonide' avait à remplir un
ipostolat dont elle comprenait la grandeur :
:11e consolait, elle conseillait, elle redressait
ivec douceur et fermeté les âmes déviées qui
mouvaient encore s'amender.
Elle fut 'chargée pendant la guerre, de la
urveillance spéciale des détenues condamnées
LE DIRIGEABLE AMERICAIN « AKRON i>
Il est entendu que, plus que jamais, I' « Oncle Sam » est pacifiste. Il demande, en effet, à cor
et à cris, aux nations de l'Europe de cesser leurs armements. Mais, pendant ce temps-là,
lui, .il « surarme ». Nous n'en voulons pour preuve que la photo ci-Jointe qui montre le plus
fjrand dirigeable ,-lgide du monde, Y « Akron », en voie d'achèvement dans son hangar de
l'Ohio où l'on est en train de le revêtir de son enveloppe. Cet « Akron » (construit avec la col-
laboration de la société Zeppelin) a Une capacité très voisine de 200.000 mètres cubes et est
gonflé à l'hélium, gaz ininflammable, C'est évidemment un aéronef essentiellement « pacifi-
que » puisqu'il ne transportera que 4 canons et un équipement complet de lance-bombes. Il
transportera également 4 avions qui pourront aller explorer ou même arroser de projectiles les
' environs. Enfin, afin de le rendre invisible, on a prévu (toujours dans un but do paix)
qu'il puisse voler au-dessus d'un banc de nuages, â travers lequel, au bout d'un câble dé 400
.mètres de long qui traversera la couche nébuleuse, un observateur relié au ballon.par télé-
phone et qui, lui, apercevra la terre tout en restant à peu près invisible, indiquera le moment
opportun ou il faudra iâclier obus Incendiaires et gaz asphyxiants. On fait, évidemment en
uiand. aux Etats-Unis, la culture de l'olivier pour en récolter les rameaux 1
à mort pour espionnage ou trahison. Ce fut
elle qui, par un matin' brumeux de l'automne
1917, accompagna la danseuse Mata-Hari à
la Caponnière de Vincennes. Gardant sa main
dans la sienne, elle calma ses colères, ses ré-
voltes et ses terreurs, elle lui donna le su-
prême baiser d'adieu, elle la conduisit douce-
ment jusqu'au poteau d'exécution... Et lors-
que Mata-Hari tomba frappée de douze bal-
les, elle souriait amicalement à soeur Léonide
qui, agenouillée dans l'herbe, récitait pour elle,
la prière des morts...
Sous ses dehors bourrus et autoritaires —
mais il faut bien gouverner à la baguette fin
troupeau aussi turbulent — cette bonne soeur
est une femme admirable. C'est dommage
qu'elle soit en prison : on devrait la remettre
en liberté.
Le trésor de l' « Egypt ».
Tandis qu'une entreprise allemande menait
à bien le renflouement du Saint-Philibert,
une compagnie italienne travaillait efficace-
ment à retrouver, au large de la pointe du
Raz, le trésor englouti par 120 mètres de
fond, dans l'épave du paquebot Egypt,
18.000 tonnes.
Les Français ne sont donc pas capables,
avec leurs 2.693 kilomètres de côtes, d'exé-
cuter eux-mêmes et de réussir ces rudes tra-
vaux de la mer ?
Pour le Saint-Philibert, c'eût- été sinistre,
assurément... mais combien lucratif avec
Y Egypt !...
. L'Egypt, de la Peninsular Oriental and C°
se rendait de Londres à Bombay, lorsque le
20 mai 1922, à 19 heures, il fut abordé dans
la brume à 22 milles au nord-ouest d'Ar-Men
(Raz de Sein), par le cargo français Seine
allant de là Pallice au Havre. L'Egypt coula
presque aussitôt avec 334 personnes, dont
230 seulement furent sauvées du naufrage,
L'année suivante une société maritime nor-
végienne et en 1926 une société française
essayèrent vainement de repérer l'épave. On
n'y parvint qu'en 1930 grâce aux indications
du capitaine Le Barzic, qui commandait le
cargo abordeur. C'est alors que la Compa-
gnie Sorina, de Gênes, utilisant des scaphan-
dres allemands tout en acier pesant 150 kilos,
entreprit avec ses deux vapeurs, le Rostro et
YArtiglio, le repêchage du fabuleux trésoi.
L'Egypt transportait en effet 839.000 livres
sterling en pièces et en lingots d'or et 250.000
livres en lingots d'argent au' total 1.089.000
livres sterling, c'est-à-dire 135 millions Je
francs, qui étaient et sont encore enfermés
— pas pour longtemps — dans une soute
blindée placée au milieu du navire sur le
troisième pont... Ce joli petit magot ne valàit-
il pas la peine qu'on se dérangeât pour aller
le cueillir dans le royaume des poissons ?
• * •
Déjà en septembre 1930, le coffre-fort du
commandant put être, malgré ses 200 kilos,
remonté à la surface. Mais î! ne renferrnait
que le courrier diplomatique de l'Inde, des
clefs, des chèques et divers documents. Pour
avoir le trésor c'était plus compliqué : il fal-
lait pénétrer dans la cabine blindée placée
au miOiéu du navire.
Pendant tout l'été dernier, Ces pénibles -tra-
vaux,fûrefit dirigés par M, Quaglia, adminis-
trateur de la société italienne, assisté du ca-
pitaine Le Barzic, du chef scaphandrier
Alberto Gianrii, plongeur réputé, du capitaine
Beck, réprésentant les compagnies d'assu-
rances intéressées, et de l'amiral Stevenson,
délégué de la marine britannique,.. Car vous
pensez qu'on ne peut pas retirer de l'eau
135 millions appartenant â l'Angleterre sans
être contrôlé par quelques témoins ouvrant
bien l'oeil,.,
Les parages d'Ouessant n'étant pas un sé-
jour facile en hiver, la besogne fut interrom-
pue en octobre ; et YArtiglio s'en alla dans
les passes de Quiberon tenter de relever les
épaves de deux navires coulés par les Alle-
mands pendant la guerre. L'un de ceux-ci. le
Florence, était chargé d'explosifs, que la dé-
flagration d'une mine fit sauter le 7 décembre.
Et YArtiglio qui se trouvait trop près, à
150 mètres du lieu de l'explosion, fut pul-
vérisé et englouti. Cette affreuse catastrophe
coûta la vie à douze marins italiens.
Depuis le printemps de cette année, le tra-
vail a été repris à la pointe du Finistère,
et les témoins vont bientôt voir émerger des
flots le trésor de Y Egypt.'
Un sultan bien moderne.
S'il est un souverain qui se plait dans
notre pays, c'est bien le jeûne et sympathique
sultan du Maroc, Si Moulay ben Youssef
Mohamed ben El Hass'em, dont l'esprit avide
de s'instruire, est si curieux des choses de
France.
C'est la quatrième fois en quatre ans qu'il
séjourne chez nous accompagné de son grand
vizir El Mokri, de son chef du. protocole Si
Kaddoûr Ben Ghabrit et dé son ancien pré-
cepteur Si Mammeri, demeuré soïi fidèle con-
seiller.
11 aime Paris, ce qui est Une preuve ~de bon
goût. 11 l'a exploré en 1928 dans ses moindres
détails, depuis les galeries du Louvre jus-
qu'aux caves de la Banque de France. Fer-
vent de l'automobile, il aime aussi les beaux
horizons de nos provinces à travers les-
quelles il accomplit, en 1929, une randon-
née gigantesque. II parcourut la Provence, la
Riviera, Nice, remonta la vallée du Rhône
jusqu'à Lyon, alla boire quelques verres
d'eau à Vichy et au Mont-Dore, redescendit
vers les Pyrénées, fit une cure d'altitude à
Font-Romeu et, à Superbagnères, respira à
Biarritz l'air frais de l'Atlantique, puis visi-
tant partout les vieux châteaux, les sites
pittoresques, les musées, et aussi les usinés
modernes, il mit le cap sur Paris.
Et le soir même de son arrivée, impatient
de connaître cette merveilleuse nouveauté, le
film parlant qui commençait alors à faire
courir les foules, il déclara tranquillement à
ses ministres éreintés :
■*-; Nous allons au cinéma.
Ils s'en furent donc comme de bons bour-
geois, s'installer au cinéma de la Madeleine,
incognito... mais vous pensez quel incognito
peut garder dans une salle parisienne, le sul-
tan de l'Empire chériffien, descendant du
Prophète !
■ •*#■'■
Dans l'Islam comme partout ailleurs, les
esprits s'ouvrent aux splendeurs de la civi-
lisation ; et; il est particulièrement piquant
de voir le potentat d'un pays qui nous resta
si longtemps hostile et fermé, montrer ainsi
l'exemple de l'activité intellectuelle. ■
C'est que le siècle a marché bon train,
depuis le temps où son père croyait faire
acte très audacieux eh achetant une bicy-'
dette qu'il chevauchait timidement loin des
regards indiscrets, dans les jardins de son
palais !... Aujourd'hui, Si Mohamed trouve
déjà tout naturel de circuler en auto. Son
fils Si Mouley ben Hassan, ce gentil bambin
de deux ans qu'on emmena vendredi dernier
à Rambouillet jouer avec les petits enfants
de M. Doumër, aura sans douté son avion
d'ici peu d'années ; et il rira bien quand on
lui racontera l'authentique histoire de l'om-
nibus.
Sous le règne de Moulay-Hassan, il -y- a
quarante-cinq ans, le gouvernement français,
voulant conquérir les bonnes grâces du sul-
tan, avait eu l'idée assez bizarre -de lui faire
cadeau d'un vieil - omnibus parisien, réformé,
mais repeinturluré à neuf,-du type « Pan*
théon-Çourçelles »... Eh bien, — qu'on se mo-
que'si Ton. veut, — -'cette auguste guimbarde
à .impériale .qui servait à promener chaque
semaine les épouses du sultan dans les jarr
dins de Fez, eut là-bas un succès formidable,
et ce fut longtemps la meilleure distraction
de ces pauvres dames !
La République né.s'était pas fendue, mais
son cadeau avait fait plaisir.
▼ T
L'affaire Jeanette MacDonald.
La blonde star américaine jeanette Mac-
Donald, partenaire de Maurice Chevalier
dans le film Parade d'amour, visite actuelle-
ment notre vieux monde, et son arrivée y a
causé grande sensation. Tous les journaux
ont rendu compte de cet important événe-
ment, La délicieuse enfant a, en effet, acquis
chez nous une célébrité retentissante, depuis
qu'elle a.;été, il y a cinq mois, la prétendue
héroïne d'un extravagant drame imaginaire
qui intéressait directement, affirmait-on, ià
politique européenne.
Rappelons cette histoire rocambolesque :
Quoique Jeanette MacDonald. ne fût ja-
mais venue en Europe et qu'elle se trouvât
alors à Hollywood, le bruit se répandit au
mois de mars," dernier, qu'elle filait le par-
fait amour avec le prince Humbert, fils du
(3\ IMANCHÉ dernier, le pauvre Hitler a pris
TJj une tape. Les Prussiens n'ont pas voté
pour le roi de Prusse. Les Prussiens ont
même eu l'air de se montrer fort satisfaits de
leur Landtag dont la composition plaît si peu
aux Nazis.
Les Nazis succomberont sous les lazzi ?
Pas encore tout de suite, sans doute, et gar-
dons-nous de crier trop fort victoire. Pour-
tant, comment ne nous réjouirions-nous pas
de ce triomphe négatif des partis de l'ordre
en- Allemagne ?
Cela prouve que nous ayons eu raison dé ne
pas marcher et de ne pas doilner les dôU;e
milliards si rapidement demandés par les
Allemands. D'abord, parce que nous n'avons
pas douze milliards de trop — du moins, ça
se Saurait — et ensuite parce qu'on nous a
fait en vain le coup du chantage.
— Vite, de l'argent. Sinon, c'est la révolu-
tion chez nous. L'Alleviagne livrée aux com-
munistes ou aux supernationalistes. Nous ne
savons pas encore ait juste. Mais l'animai en
tout cas est très dangereux.
Dimanche dernier, on a voulu nous mon-
trer cet animal hybride, né du mariage des
Moscoutaires de Berlin et des Hitlériens du
même lieu. Or, le produit est lamentable. Il
a trois pattes, il se traîne SUT le ventre et il
n'aime même pas à cracher le feu par les na-
seaux — pardons, par tes Nazis.
Alors, nous, nous ne marchons plus. Si on
nous agite encore le spectre de la révolution,
pour nous demander des sous, nous pourrons
leur répondre : « Essayez toujours. »
Parce qu'au fond, le s. Allemands 11e tien-
nent pas tant que ça à mettre le feu à leur
maison à seule fin d'embêter leur voisin.
. Mais" en vacances, les gens se moquent
bien de la politique. On ne lit plus lés jour-
naux, et on se livre gaiement aux plaisirs de
l'été.
Ils sont multiples et variés : bridge, ping-
pon°. jeu de loto, domino ou jacquet, mois
croisés ; les dames peuvent choisir entre la
broderie et la tapisserie, les messieurs entre
le belote et les romans ; les jeunes gens entre
Cache-cache et pigeôn-vole ; les jeunes filles
entre la causette et les petits papiers.
Car, naturellement, en été, il ne saurait
être question des jeux de plein air dont nous
entendons parler par- nos grands-parents. Le
tennis se pratiquera l'hiver prochain sur courts
couverts, le golf dans des sous'sols de golfs
miniatures, s'il en reste encore, la natation
dans des piscines couvertes et chauffées.
Pour l'instant, il faudrait être'fou pour s'a-
donner à ces. distractions d'un autre moment.
L'été, mettons-nous cela une fois pour
toutes dans la tête, c'est la saison des pluies,
comme en Afrique.
Il s'agit de louer, sa villa, de choisir son
hôtel, non pas avec « vue sur la mer », mais
à proximité d'un cinéma. Dans les bagages,
il est plus important d'emporter un para-
pluie que des costumes de bain.
Si vàus parte? en vacances au bord de la
mer dans ces dispositions, vous prendre^ très
facilement votre parti de tput, Vous n'attrapa
père? pas de coups de..soleil et vous ferez de
gros progrès au bridge. Certes, vous réviêfc
dre{ peut-être, à la-rentrée avec une bonne
bronchite. Mais.il Sera bien temps de la soi*
gner à Paris dans la tiédeur; dé votre apparu
tentent ou sous les bons rayons du soleil
d'octobre. RIC,
roi d'Italie et époux de la princesse Marie-
José dé Belgique. De là le drame.
Les racontars offraient deux versions un
peu différentes, mais également tragiques.
D'après la première, Jeanette MacDonald,
surprise par la princesse Marie-José en
conversation avec le prince Humbert au
palais de Turin, avait été. cruellement
griffée au visage. Les deux jeunes gens
s'étaient enfuis de Turin en auto, pour gagner
Ostende. Aux environs de Bruges, un terrible
accident de routé avait fait capoter leur voi-
ture, et Jeanette MacDonald avait été tuée
sur le coup.
D'après l'autre version, la princesse Marie-
José en la surprenant avec son mari, l'avait
abattue d'une balle de revolver. Mais les di-
plomaties des deux nations avaient soigneu-
sement étouffé ce douloureux scandale auquel
se trouvait inopinément mêlé Charlie Cha-
plin.
Que diable le pauvre Chariot allait-il faire
dans cette galère ? '
Attendez... c'est ici que le « fait-divers »
rebondit à des hauteurs insoupçonnées 1...
Chaplin, mué en confident de tragédie, avait
paraît-il entre les mains, des lettres de la
défunte (?) miss MacDonald au prince Hum-
bert. L'Italie voulait à tout prix se procurer
et' faire disparaître ces documents compro-
mettants. L'Angleterre se chargea de cette
délicate négociation, et parvint à récupérer
les fameuses lettres. Charlie Chaplin, qui ve-
nait d'arriver en France les remit au duc de
Wes.tminster lors d'une chasse à„çourre à la-
quelle celui-ci l'avait invité en son château de
Saint-Saëns (Seine-Inférieure), dans les der-
niers jours de mars 1931.
A ceux qui essayaient d'objecter que
Jeanette MacDonald n'avait jamais quitté
l'Amérique ni vu le prince Humbert, et
qu'elle était bien vivante,, les bourreurs de
crâne.répondaient fermement.
— Elle est morte. C'est sa soeur qu'on fait
■passer pour elle afin d'égarer l'opinion,
' Si bien que. depuis son arrivée,., on lui a
demandé cent fois : ■
— N'êtes-vous pas votre soeur ?
Bref, à l'heure qu'il est on ne sait pas en-
core au. juste quelle imagination en délire-a
forgé cet imbroglio abracadabrant qui cons-
titue un record de publicité d'assez mauvais
goût. •■-.•'.
Tsr y*'
. Perles du mélodrame.
L'art dramatique est" en vacances, et mal-
gré l'Exposition qui attire tant d'étrangers
à Paris, la plupart des théâtres sont fermés.
On n'a jamais vu pareil marasme.
C'est donc l'instant d'envoyer à nos lec-
teurs u ri peu de théâtre à domicile. -Voici
quelques citations, mélodramatiques pêchées
dans l'amusant recueil de M. Robert Fran-
cheville, le Mirliton du Romantisme... saine
distraction pendant les longues soirées d'été
qu'on passe au coin de son feu, à se chauf-
fer, avec l'espoir qu'il fera beau le lende-
main :
JEANNE, au- comte de Chàtenay- •— Si je.
vous aime !: Il y- a bien loin d'ici, Monsei-
gneur, un pays qu'on nomme la Bretagne;
il y a dans ce pays une sainte femme qui est
ma mère... et vous me demandez si je vous
aime !
LE COMTE. — Chère enfant !
(La Paysanne pervertie, par Dumanoir et
d'Ennery. — Gaîté, 18 octobre 1851.)
GABRIELLE D'ESTRÉES, parlant d'Henri IV.
—- ... Il sort furtivement du Louvre; il
court seul,, sans défense, ce sombre Paris...
Sa vie en danger !.-,. Cette vie précieuse mise
à la merci du premier bandit qui, pour arra-
cher une bourse, ouvrira le coeur du roi,
ce coeur par lequel respire, toute la France !
(La Belle Gabrielle, par Auguste Maquet.
— Porte-Saint-Martin, 23 janvier 1857,)
WOÙD. — .... Pour aujourd'hui, mistress
Sheppard, voilà de quoi subvenir aux pre-
miers besoins (il donne sa bourse puis un
petit paquet) ; voilà aussi du linge, des pe-
tites chemises et des petits bas qui ne vien-
nent pas d'une source .impure.
.... MISTRESS SHEPPARD. — ,,. Jack, mon en-
fant, viens, suis-moi, et rie remets jamais
les pieds dans ces carrefours tachés" de sang
où sont encore marquées les traces .de ton
père !..
(Les Chevaliers du brouillard, par d?En-
nery et F. Bourget. — Porte-Saint-Martin,
.10 juillet 1857.)
— II a osé me tendre, la. main, mais je la
lui ai. rejetée, au visage 1...
—- ... Jeanne... pourquoi pleurez-vous cha-
que nuit seule, dans votre chambre ?... Et
si ces larmes sont pures, pourquoi Raoul
n'est-il pas là pour les essuyer?.
JEANNE, vivement. -- Mais il travaille...
il obéit aux devoirs de sa charge.
(Le Crime de F.averne, par Th. Barrière et
Beauvallet. — Ambigu-Comique, 6 février
1.868.)
ALBINUS. — Sire, le prêtre ne quitte le
condamné que lorsqu'il monte à l'échafaud,
le médecin ne doit abandonner le malade que
lorsqu'il descend dans la tombe.
(Le Sonneur. de Saint-Paul, par Joseph
Bouchardy. — Gaîté 2 octobre 1838.)
■
L'étude des rayons
positifs, découverts par
le professeur allemand
Goldstein — disparu
il y a quelques moii.
— a influencé grande-
ment le développement
de la physique moder-
ne et apporté bien des
éclaircissements à nos
connaissance sur la structure de la .natière.
Dans un tube, où le vJde réalisé est d'en-
viron un millionième d'atmosphère, on fait
passer une décharge électrique à haute ten-
sion ; on observe en a mi ère de la cathode
(électrode négative) — j.i celle-ci est per-
forée — des faisceaux IwMiineux étroits, aux-
quels leur passage à travers la cathode a
fait donner le nom de «' rayons-canaux »,
L'expression « rayons canalisés » serait,
soit dit en passant, bien pi'us exacte.
Sous l'action de ces rayoris, la faible quan-
tité de gaz résiduel acquiert une lumines-
cence jaunâtre avec l'air, rase avec? l'hydro-
gène, rouge éclatante avec le néon, etc..
Lès expériences poursuivies depuis long-
temps par Wien prouvèrent en 1898 que les
rayons Goldstein sont constitués par des cor-
puscules chargés positivement,.;d'où leur nom.
Ces corpuscules sont des molécules ou de» ato-
mes, du ou des gaz contenus dans le tube,
privés d'un ou plusieurs de leurs « \grains »
d'électricité négative, nommés « électrons »,
par le choc d'autres électrons libres ou
d'ions se déplaçant avec une très çjrande
rapidité. On sait qu'on appelle « ion' » un
atome ou un édifice atomique ayant capté
une charge électrique positive ou néçative
supplémentaire. Or, pour une molécule; ou
un atome — qui, normalement, est électri.
quement neutre — la perte d'électricité '. né-
gative équivaut à un gain d'électricité fioslr
tive. Ce sont ces résidus moléculaires ou
atomiques, électrisés positivement, qui for-
ment les rayons positifs et qui sont repous-
sés violemment par l'électrode positive
(deux électricités de même signe se repous-
sent) et qui traversent la cathode perforée.
mm
L'analyse des gaz au moyen des rayons-
positifs est des plus sensibles : sans la
moindre difficulté et sans être gênée en
rien par les autres gaz, elle met en évi-
dence des traces infinitésimales d'hêliûm,
par exemple, dans un centimètre cube d'air.
En opérant sur des gaz contenus dans un
petit tube en verre scellé renfermant, de-
puis quelque dix ans, 30 milligrammes de
bromure de radium, on a décelé de très ap-
préciables quantités de néon,, d'hélium et,
ce qui est spécialement à retenir, d'un gaz
de masse atomique égale à 3. Cette molé-
cu'le, insoupçonnée jusqu'aux recherches sur
les rayons positifs, résulte sans doute de
l'association de . trois atomes d'hydrogène.
C'est une sorte d'hydrogène triatomique qui
est à l'hydrogène normal (celui que l'on pré-
pare par action de l'acide sulfurique sur le
zinc), ce que l'ozone est à l'oxygène. Les
professeurs Fabry et Buisson ont découvert
un gaz de niasse atomique 3 également,
qui pourrait être le même que le précédent,
et auquel sa présence dans le spectre des
nébuleuses a fait donner le nom de « nébu-
lium ». ■ . ' '
Les recherches relatives aux rayoris posi-
tifs ont fourni bien d'autres enseignements
que rtous ne saurions avoir la prétention
de rapporter ici. Elles ont montré, notam-
ment,; que de nombreux éléments chimiques,
présumés « simples >>, sont en réalité des
mélanges de plusieurs constituants identi-
ques à tous points de vue, sauf celui de la
masse atomique. Ainsi, le krypton, de masse
atomique 80, 82, est un mélange de corps de
masses atomiques 78, 80, 82, 83, 84 et 86.
De même, il y a non pas un magnésium,
de masse atomique 24,32, mais trois, de mas-
ses respectives 24, 25 et 26.
Roger SIMONET.
UN « MULTÏMICROSCOPE »
Dans un cours d'histologie, il est souvent malaisé de faire défiler tous les ?.
grand constructeur Nachet avait réalisé un microscope double, permettant au professeur
de montrer à un élève une préparation dont il signalait, â l'aide d'une pointe mobile, le
point intéressant: un système de prismes dédoublant permettait ce résultat.
Lés opticiens allemands ont repris cette idée française, en la « grossissant ». Au lieu d'un
«eui disciple, huit peuvent suivre la démonstration du maître, à l'aide de 8 prismes et de 8
oculaires, comme lé montrent nos deux photos: un neuvième oculaire est réservé au professeur .
qui fait la démonstration. L' « objet » microscopique est éclairé verticalement par une lampe
placée dans un « tube projecteur » que l'on voit au centre de' la photo représentant l'instru-
ment sans les spectateurs qui l'entourent. Encore une trouvaille de chez nous qui a
.... la...frontière ».
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