Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-06-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juin 1879 01 juin 1879
Description : 1879/06/01 (A1,N11). 1879/06/01 (A1,N11).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5508706k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 11. — lre Année ^ 1er Juin 1879.
ÉDUCATION DE LA FEMME
On demande quatre choses à une femme :
que la vortu habite dans son coeur, que la
modestie brille sur son front, quo la doucour
découle do ses lèvres, et que le travail
occupe ses mains.
(Maximo chinoise)
Qui de nous ne connaît, pour les avoir lus ou
entendu citer, les bons mots d'Esope, le fabu-
liste phrygien?
La "vie dudit fabuliste, riche au moral mais
pauvre au physique, racontée par celui dont
Mme de Sévigné a dit : « Il est inimitable, et ses
fables ressemblent à un panier de fraises dont on
commence à choisir les meilleures pour finir par
les manger toutes » — la vie d'Esope m'a tou-
jours intéressée; je l'ai lue et relue, sans m'en
lasser jamais.
L'autre jour, en la parcourant une fois encore,
je me suis arrêtée devant ce passage :
« Un certain jour de marché, Xantus, qui avait
dessein de régaler quelques-uns de ses amis,
commanda à Esope d'acheter ce qu'il y avait de
meilleur, et rien autre chose.
« — Je t'apprendrai, dit en soi-même le Phry-
gien, à spécifier ce que tu souhaites, sans t'en re-
mettre à la discrétion d'un esclave.
« Il n'acheta donc que des langues, lesquelles
il fit accommoder à toutes les sauces : l'entrée,
le second, l'entremets, tout ne fut que langues.
« Les convives louèrent d'abord le choix de ce
mets ; à la fin ils s'en dégoûtèrent.
« — Ne t'ai-je pas commandé, dit Xantus ,
d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur?
« — Eh ! qu'y a-t-il de meilleur que la langue ?
reprit Esope. C'est le lien de la vie civile, la clef
des sciences, l'organe de la vérité et de la raison;
par elle, on bâtit les villes et on les police ; on
instruit, on persuade; on rogne dans les assem-
blées ; on s'acquitte du premier de tous les de-
voirs, qui est de louer les dieux.
« — Eh bien ! dit Xantus, qui prétendait l'at-
traper, achète-moi demain ce qu'il y a de pire ;
ces mêmes personnes viendront chez moi, et je
veux diversifier.
« Le lendemain, Esope ne fit encore servir que le
même mets, disant que la langue est la pire chose
qui soit au monde : c'est la mère de tous les débats,
la nourrice des procès, la source des divisions
et des guerres. Si on dit qu'elle est l'organe de la
vérité, elle est aussi celui de l'erreur, et, qui pis
est, de la calomnie. Par elle, on détruit les villes,
on persuade de méchantes choses. Si, d'un côté,
elle loue les dieux, de l'autre elle profère des
blasphèmes contre leur puissance. »
Eh bien! à mon avis, ce qu'Esope disait de la
langue pourrait, en grande partie, se dire de la
femme. Elle est née avec des qualités qui peuvent
en faire ce qu'il y a de meilleur, et des défauts
qui peuvent en faire ce qu'il-y a de plus mauvais.
A elle, ou plutôt à ceux qui sont chargés de son
éducation, de veiller à ce que les premières
rendent impossible le développement et même
l'éclosion des seconds.
Au matin de la vie, c'est une simple fleurette,
qui, pour s'ouvrir aux bons sentiments, ne ré-
clame, comme la pâquerette au soleil, que des
rayons doux et bienfaisants.
Du cristal ou de l'or que notre encens émane
Le vase le plus pur est le coeur d'un enfant.
A midi, c'est la rose épanouie dont le suave
parfum attire, mais dont la pudeur doit défendre
la beauté comme l'épine défend la rose.
Vous dont la gloire est d'être belle,
D'un sexe aimable jeune fleur,
Prenez la rose pour modèle,
Son éclat naît de sa pudeur.
Cet ornement de la nature
Se cache sous un arbrisseau,
Kt, pour garder sa beauté pure,
Arme d'épines son berceau.
Et puis, le- soir, à l'heure triste où l'on peut
ÉDUCATION DE LA FEMME
On demande quatre choses à une femme :
que la vortu habite dans son coeur, que la
modestie brille sur son front, quo la doucour
découle do ses lèvres, et que le travail
occupe ses mains.
(Maximo chinoise)
Qui de nous ne connaît, pour les avoir lus ou
entendu citer, les bons mots d'Esope, le fabu-
liste phrygien?
La "vie dudit fabuliste, riche au moral mais
pauvre au physique, racontée par celui dont
Mme de Sévigné a dit : « Il est inimitable, et ses
fables ressemblent à un panier de fraises dont on
commence à choisir les meilleures pour finir par
les manger toutes » — la vie d'Esope m'a tou-
jours intéressée; je l'ai lue et relue, sans m'en
lasser jamais.
L'autre jour, en la parcourant une fois encore,
je me suis arrêtée devant ce passage :
« Un certain jour de marché, Xantus, qui avait
dessein de régaler quelques-uns de ses amis,
commanda à Esope d'acheter ce qu'il y avait de
meilleur, et rien autre chose.
« — Je t'apprendrai, dit en soi-même le Phry-
gien, à spécifier ce que tu souhaites, sans t'en re-
mettre à la discrétion d'un esclave.
« Il n'acheta donc que des langues, lesquelles
il fit accommoder à toutes les sauces : l'entrée,
le second, l'entremets, tout ne fut que langues.
« Les convives louèrent d'abord le choix de ce
mets ; à la fin ils s'en dégoûtèrent.
« — Ne t'ai-je pas commandé, dit Xantus ,
d'acheter ce qu'il y aurait de meilleur?
« — Eh ! qu'y a-t-il de meilleur que la langue ?
reprit Esope. C'est le lien de la vie civile, la clef
des sciences, l'organe de la vérité et de la raison;
par elle, on bâtit les villes et on les police ; on
instruit, on persuade; on rogne dans les assem-
blées ; on s'acquitte du premier de tous les de-
voirs, qui est de louer les dieux.
« — Eh bien ! dit Xantus, qui prétendait l'at-
traper, achète-moi demain ce qu'il y a de pire ;
ces mêmes personnes viendront chez moi, et je
veux diversifier.
« Le lendemain, Esope ne fit encore servir que le
même mets, disant que la langue est la pire chose
qui soit au monde : c'est la mère de tous les débats,
la nourrice des procès, la source des divisions
et des guerres. Si on dit qu'elle est l'organe de la
vérité, elle est aussi celui de l'erreur, et, qui pis
est, de la calomnie. Par elle, on détruit les villes,
on persuade de méchantes choses. Si, d'un côté,
elle loue les dieux, de l'autre elle profère des
blasphèmes contre leur puissance. »
Eh bien! à mon avis, ce qu'Esope disait de la
langue pourrait, en grande partie, se dire de la
femme. Elle est née avec des qualités qui peuvent
en faire ce qu'il y a de meilleur, et des défauts
qui peuvent en faire ce qu'il-y a de plus mauvais.
A elle, ou plutôt à ceux qui sont chargés de son
éducation, de veiller à ce que les premières
rendent impossible le développement et même
l'éclosion des seconds.
Au matin de la vie, c'est une simple fleurette,
qui, pour s'ouvrir aux bons sentiments, ne ré-
clame, comme la pâquerette au soleil, que des
rayons doux et bienfaisants.
Du cristal ou de l'or que notre encens émane
Le vase le plus pur est le coeur d'un enfant.
A midi, c'est la rose épanouie dont le suave
parfum attire, mais dont la pudeur doit défendre
la beauté comme l'épine défend la rose.
Vous dont la gloire est d'être belle,
D'un sexe aimable jeune fleur,
Prenez la rose pour modèle,
Son éclat naît de sa pudeur.
Cet ornement de la nature
Se cache sous un arbrisseau,
Kt, pour garder sa beauté pure,
Arme d'épines son berceau.
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