Titre : Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-11-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32812178x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 7598 Nombre total de vues : 7598
Description : 29 novembre 1932 29 novembre 1932
Description : 1932/11/29 (N325). 1932/11/29 (N325).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55077298
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-41178
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
match
match
•> 3 <|
25 années de football, par Raymond Dubly
Officiellement, trente-et-mte fois international si ton
consulte le dernier Annuaire de la Fédération fran-
çaise de football, mais en réalité sélectionné une
bonne dam-douzaine de fois en pha sous le maillot
tricolore, car la 3 F. A. ne tient pas compte de cer-
tains matches disputés sous le couvert dt FU. S.
F. S. A., est-il besoin de présenter Raymond Dubly.
à nos lecteurs ?
Le Roubaisien au passé fameux a laissé un souvenir
impérissable. Il a été notre meilleur ailier gauche,
comme Devaquez a été notre plus grand ailier droit.
Pendant de longues années, on a vu en lui rétoile
des footballeurs nordistes. Et c'était justice. Dans
son club, dans son vieux Racing à la fondation
duquel ses frères aînés ont collaboré de façon intime,
comme dans l'équipe des « lions des Flandres »,
comme dans celle de la Ligue du Nord, comme dans
le onze tricolore, « Min p'tit Raymond • a constam-
ment brillé de t'éclat le plus vif.
Footballeur d'élite, et sportif d'une mentalité exem-
plaire, il est de ces hommes qui auraient atteint les
cinquante sélections nationales, si la guerre n'avait
coupé en deux leur carrière de footballeur. Les vieux
se rappellent le jeune Dubly d'avant-guerre. Ceux
qui sont nés au sport après les hostilités, le revoient
en pleine forme physique, abasourdissant ses adver-
saires par ses sprints et.ses dribbles, trouant les
défenses les plus fameuses... Rappelez-vous l'admi-
rable partie de Dubly lors du fumier France-Angle-
terre gagné par nos hommes au stade Pershing,
il y a onze ans ! Rappelez-vous les terribles déboulés
du petit Roubaisien, constamment servi par Bord
et dont les centres nous valurent, grâce à Devaquez,
puis Boyer, lu victoire la plus imprévue et la pha
belle qui soit à notre palmarès.
Cest toute la période héroïque d'avant et d'après-
guerre, c'est la magnifique floraison du ballon rond
dans le nord de la France qui vont revivre dans les
mémoires de Raymond Dubly, étoile sportive de
première grandeur, pur amateur parmi les purs,
footballeur à qui les années n'ont pas fait rendre
les armes et qui, il y a qutlqms jours encore, le
11 novembre, à Bruxelles, s'avérait le meilleur joueur
des onze « Vieilles Gloires » venues exhibitionner
devant les internationaux belges de jadis, en pré-
sence du roi Albert.
J'AI VU le jour à Roubaix, en 1893. Je suis
donc à mettre dans la catégorie des vété-
rans. Mais vous ' ne m'empêcherez pas
de jouer au football, car c'est là toute ma joie.
Et cette balle de cuir que j'ai tant et tant de fois
poussée devant moi, passée, frappée, me fait
évoquer les plus beaux souvenirs de ma jeu-
nesse à là fois sportive et studieuse.
Que le sport ait fait partie intégrante de ma
vie d'homme jeune, c'est bien compréhensible :
je suis né dans une famille de sportifs. Mon
père était président actif du cercle nautique :
« L'Aviron de Roubaix ». II fut champion
d'Europe en ■ quatre » avec Emile Truffaut,
Ère de l'actuel président de la section de
jtball du Racing Club de Roubaix. Il admi-
rait l'effort physique. Au lieu d'avoir en lui
un chef de famille rétrograde, nous possédions
un homme compréhensif et tout prêt à nous
guider dans la voie sportive.
C'est à lui que mes frères et moi doivent
de s'être fait un nom. Et je ne ferai que rendre
un bref hommage à la vérité en soulignant
3uel rôle éminent mes aînés ont joué dans le
éveloppement du sport, dans le Nord et.
tout bien considéré, je leur dois une bonne I g
part de mes succès. S
Nous étions neuf fils : Henri, Maurice, |
Léon, Paul, Albert, Pierre, André, Jean, et f
moi Raymond, le benjamin, le tout-petit. 1
Henri fut président de la section de tennis f
du Racing. Maurice et Léon — j'y reviendrai !
ensuite — furent des maîtres footballeurs.
Tous deux furent de véritables .pionniers du
football. Albert, Pierre, André et Jean furent,
eux .aussi, de grands amoureux du ballon rond.
Il n'y a vraiment qu'Henri et Paul qui n'aient
pas pratiqué. Sept footballeurs sur neuf,
la proportion est bonne.
Mais vous comprenez déjà pourquoi, lorsque
je fus en âge de pratiquer les sports, je fus
tout naturellement attiré vers ce ballon rond -
qui avait été la passion de mes aînés, et dans
la pratique duquel ils avaient acquis une véri-
table célébrité. J'ai, en effet, à peine" besoin
de rappeler la magnifique carrière de mon
cher Léon qui fut cinq fois champion de
France avec le Racing de Roubaix qu'il com-
mandait en 1902, 1903, 1904, 1906 et 1908,
et qui a longtemps présidé le Club doyen
avant de quitter Roubaix pour habiter Paris.
Léon était un extraordinaire entraîneur d'hom-
mes et qui mena son équipe de main de
maître. C'est au magnifique esprit de corps
qu'il lui avait insufflé, que mon vieux Racing
dut de battre son homonyme parisien en 1902,
à Bécon-les-Bruyères, après un match inou-
bliable par lé cran avec lequel il fut disputé.
Songez, en effet, que cinq minutes avant la
fin du temps réglementaire, le Racing Club
de France que commandait Tunmer et où
jouaient Allemane et Matthey — depuis lors
Bigoudi, a perdu ses cheveux — menait par 3
buts à 2. Deux minutes avant l'ultime coup
de sifflet, dans un dribble désespéré, Sartorius,
alors tout jeunot et qui devait être maintes fois
j international par la suite, égalisa. Il fallut
jouer des prolongations. Il y en eut six d'un
quart d'heure chacune. Et c'est seulement
après 2 h. 55 de jeu que Peacock marqua
pour Roubaix le but vainqueur.... d'un shot
de 40 mètres. Que mon frère Léon et ses co-
équipiers aient été portés en triomphe après une
victoire aussi difficilement acquise, ils l'avaient
bien mérité.
Quant à Maurice, qui fut international
, comme Léon, il suffit de rappeler cette petite
histoire pour montrer son courage et sa
1 volonté.
Maurice était doué d'une force herculéenne
1 et jouait arrière au R. C. Roubaix lorsqu'il
, se trouva, en 1907, disputer la finale du cham-
e pionnat du Nord devant l'Iris Lillois. Un
- malencontreux coup de pied d'un adversaire
li lui fractura la mâchoire en deux endroits,
s On dut le transporter hors du terrain. Lors-
s qu'il eut été pansé au vestiaire, des amis
s'offrirent à le raccompagner chez nous.
it C'était mal le connaître. Il regagna le terrain,
e II reprit sa place dans l'équipe. Il tint jusqu'au
it bout, malgré des souffrances terribles, malgré
le les supplications de ses coéquipiers qui vou-
t, laient le voir quitter son poste. On cite de
grands exemples de stoïcisme dans l'antiquité.
Celui-là les vaut peut-être.
André Dubly. inter gauche de l'équipe
roubaisienne et champion de France, Jean
Dubly. arrière gauche international et équi-
pier de Bradford Gty lorsqu'il alla se fixer
en Angleterre : voilà encore les exemples que
j'avais eus sous les yeux. Comment vouliez-
. vous que je ne fusse pas irrésistiblement attiré
par le ballon-rond? D'autant plus que dès
mes jeunes années, j'avais tout appris de ce
sport admirable !
La propriété de mes parents comportait
un grand jardin — il a disparu aujourd'hui,
et c'est sur son emplacement qu'est bâtie
la nouvelle piscine de Roubaix — où mes
unes avaient établi un terrain d'entraînement.
Ils avaient monté des buts. Ils jouaient avec
une balle réglementaire. Chaque jour, avant
et après le déjeuner, ils s'entraînaient ferme.
A dix ans, je n'ignorais plus rien des finesses
du dribbling et je savais shooter des deux
pieds.. Bientôt, j'entrai au Racing de Roubaix
qui devait être mon unique club durant toute
ma carrière de footballeur, et au collège de
Roubaix, où mon bon camarade Raymond
Wat'tine fut pendant des années mon com-
pagnon de sport.
Dernier footballeur d'une famille de foot-
balleurs, je n'avais plus qu'à suivre la voie
que mes frères avaient tracée.
Je parlerai plus longuement, à huitaine, de
ces années de jeunesse où, jouant concurem-
ment parmi les juniors du Racing et dans l'é-
quipe de mon lycée, je commençai à appren-
dre ce que c'est que le sport de compétition.
Mais je ne puis résister aujourd'hui au plaisir
de dire un mot de notre vieux « Pirodingue »,
si célèbre parmi tous les sportifs roubaisiens.
Pirodingue ? Qu'on vous avoue d'abord
quelque chose ! Pirodingue n'est qu'un sur-
nom dont nous avions affublé le gardien du
stade de Beaumont, où le Racing Club de
Roubaix était installé et où ses équipes jouè-
rent pendant de longues années. Pirodingue
avait une femme et un chien. Et il joua un rôle
capital dans ma jeunesse de footballeur, com-
me dans celle de Génicot, de François, de
Stneets, de Sartorius et aubes camarades du
ballon rond qui venaient souvent s'entraîner
avec nous.
Le brave homme, tenant à la lettre son rôle
de gardien, n'admettait pas la moindre fraude.
N'étaient admis sur le ground que les membres
authentiques du Racing. Malheur à qui n'avait
pas sa carte en règle ! L'entrée lui était obsti-
nément interdite. Mais, bien entendu, les petits
Roubaisiens qui ne faisaient pas partie' du
grand club et brûlaient pourtant du désir de
taper dans un ballon ne s'y présentaient pas.
Ils escaladaient tout simplement les palissades
et venaient prendre part à nos ébats. Tout al-
lait bien jusqu'à ce que Pirodingue se fût
aperçu de leur présence insolite. Alors il sé-
vissait Il allait chercher son gros chien de ber-
ger,, et, pendant quelques minutes, c'était une
course éperdue à travers le stade, après les
délinquants qui s'égayaient comme une nuée de
moineaux et prenaient le large grâce à une
nouvelle escalade.
C'est le jeudi après-midi que nous venions
jouer sur le terrain de Beaumont II y avait
match ou entraînement parfois avec les grands.
Quoi qu'il en soit, chaque séance de ballon
avait sa récompense, car les talents culinaires
de Mme Pirodingue entraient alors en jeu,.si
1 je puis ainsi m'exprimer.
[ Mme Pirodingue réussissait dans la perfec-
1 tion les frites et ces manières de crêpes que
l'on appelle chez nous couque-baques. Elle en
: faisait des quantités énormes tandis que nous
troquions notre équipement de footballeur con-
tre nos habits de ville. Et comme l'appétit ne
nous manquait guère, quel plaisir d'engloutir
ensuite les délicieuses crêpes parfumées !
Toute une génération de footballeurs rou-
;: baisiens s'en est régalé.
jj Oh ! les frites de Mme Pirodingue !...
ï (A suivre.)
L'équipe du Racing Club de Roubaix, championne de France en 1902, grâce a sa
victoire sur le Racing. Debout : Ernest Lesur, Mangay, Peacock, Léon Dubly (cap.),
Scott et E. Lesur. Au 1" plan : Sartorius, Lefebvre, A. Dubly, Gadenne et Hergraere.
Les neuf frères Dubly. De gauche à droit* : Paul, Albert, Jean, Pierre, Léon, Hemry, Maurice, André «t Raymond,
match
•> 3 <|
25 années de football, par Raymond Dubly
Officiellement, trente-et-mte fois international si ton
consulte le dernier Annuaire de la Fédération fran-
çaise de football, mais en réalité sélectionné une
bonne dam-douzaine de fois en pha sous le maillot
tricolore, car la 3 F. A. ne tient pas compte de cer-
tains matches disputés sous le couvert dt FU. S.
F. S. A., est-il besoin de présenter Raymond Dubly.
à nos lecteurs ?
Le Roubaisien au passé fameux a laissé un souvenir
impérissable. Il a été notre meilleur ailier gauche,
comme Devaquez a été notre plus grand ailier droit.
Pendant de longues années, on a vu en lui rétoile
des footballeurs nordistes. Et c'était justice. Dans
son club, dans son vieux Racing à la fondation
duquel ses frères aînés ont collaboré de façon intime,
comme dans l'équipe des « lions des Flandres »,
comme dans celle de la Ligue du Nord, comme dans
le onze tricolore, « Min p'tit Raymond • a constam-
ment brillé de t'éclat le plus vif.
Footballeur d'élite, et sportif d'une mentalité exem-
plaire, il est de ces hommes qui auraient atteint les
cinquante sélections nationales, si la guerre n'avait
coupé en deux leur carrière de footballeur. Les vieux
se rappellent le jeune Dubly d'avant-guerre. Ceux
qui sont nés au sport après les hostilités, le revoient
en pleine forme physique, abasourdissant ses adver-
saires par ses sprints et.ses dribbles, trouant les
défenses les plus fameuses... Rappelez-vous l'admi-
rable partie de Dubly lors du fumier France-Angle-
terre gagné par nos hommes au stade Pershing,
il y a onze ans ! Rappelez-vous les terribles déboulés
du petit Roubaisien, constamment servi par Bord
et dont les centres nous valurent, grâce à Devaquez,
puis Boyer, lu victoire la plus imprévue et la pha
belle qui soit à notre palmarès.
Cest toute la période héroïque d'avant et d'après-
guerre, c'est la magnifique floraison du ballon rond
dans le nord de la France qui vont revivre dans les
mémoires de Raymond Dubly, étoile sportive de
première grandeur, pur amateur parmi les purs,
footballeur à qui les années n'ont pas fait rendre
les armes et qui, il y a qutlqms jours encore, le
11 novembre, à Bruxelles, s'avérait le meilleur joueur
des onze « Vieilles Gloires » venues exhibitionner
devant les internationaux belges de jadis, en pré-
sence du roi Albert.
J'AI VU le jour à Roubaix, en 1893. Je suis
donc à mettre dans la catégorie des vété-
rans. Mais vous ' ne m'empêcherez pas
de jouer au football, car c'est là toute ma joie.
Et cette balle de cuir que j'ai tant et tant de fois
poussée devant moi, passée, frappée, me fait
évoquer les plus beaux souvenirs de ma jeu-
nesse à là fois sportive et studieuse.
Que le sport ait fait partie intégrante de ma
vie d'homme jeune, c'est bien compréhensible :
je suis né dans une famille de sportifs. Mon
père était président actif du cercle nautique :
« L'Aviron de Roubaix ». II fut champion
d'Europe en ■ quatre » avec Emile Truffaut,
Ère de l'actuel président de la section de
jtball du Racing Club de Roubaix. Il admi-
rait l'effort physique. Au lieu d'avoir en lui
un chef de famille rétrograde, nous possédions
un homme compréhensif et tout prêt à nous
guider dans la voie sportive.
C'est à lui que mes frères et moi doivent
de s'être fait un nom. Et je ne ferai que rendre
un bref hommage à la vérité en soulignant
3uel rôle éminent mes aînés ont joué dans le
éveloppement du sport, dans le Nord et.
tout bien considéré, je leur dois une bonne I g
part de mes succès. S
Nous étions neuf fils : Henri, Maurice, |
Léon, Paul, Albert, Pierre, André, Jean, et f
moi Raymond, le benjamin, le tout-petit. 1
Henri fut président de la section de tennis f
du Racing. Maurice et Léon — j'y reviendrai !
ensuite — furent des maîtres footballeurs.
Tous deux furent de véritables .pionniers du
football. Albert, Pierre, André et Jean furent,
eux .aussi, de grands amoureux du ballon rond.
Il n'y a vraiment qu'Henri et Paul qui n'aient
pas pratiqué. Sept footballeurs sur neuf,
la proportion est bonne.
Mais vous comprenez déjà pourquoi, lorsque
je fus en âge de pratiquer les sports, je fus
tout naturellement attiré vers ce ballon rond -
qui avait été la passion de mes aînés, et dans
la pratique duquel ils avaient acquis une véri-
table célébrité. J'ai, en effet, à peine" besoin
de rappeler la magnifique carrière de mon
cher Léon qui fut cinq fois champion de
France avec le Racing de Roubaix qu'il com-
mandait en 1902, 1903, 1904, 1906 et 1908,
et qui a longtemps présidé le Club doyen
avant de quitter Roubaix pour habiter Paris.
Léon était un extraordinaire entraîneur d'hom-
mes et qui mena son équipe de main de
maître. C'est au magnifique esprit de corps
qu'il lui avait insufflé, que mon vieux Racing
dut de battre son homonyme parisien en 1902,
à Bécon-les-Bruyères, après un match inou-
bliable par lé cran avec lequel il fut disputé.
Songez, en effet, que cinq minutes avant la
fin du temps réglementaire, le Racing Club
de France que commandait Tunmer et où
jouaient Allemane et Matthey — depuis lors
Bigoudi, a perdu ses cheveux — menait par 3
buts à 2. Deux minutes avant l'ultime coup
de sifflet, dans un dribble désespéré, Sartorius,
alors tout jeunot et qui devait être maintes fois
j international par la suite, égalisa. Il fallut
jouer des prolongations. Il y en eut six d'un
quart d'heure chacune. Et c'est seulement
après 2 h. 55 de jeu que Peacock marqua
pour Roubaix le but vainqueur.... d'un shot
de 40 mètres. Que mon frère Léon et ses co-
équipiers aient été portés en triomphe après une
victoire aussi difficilement acquise, ils l'avaient
bien mérité.
Quant à Maurice, qui fut international
, comme Léon, il suffit de rappeler cette petite
histoire pour montrer son courage et sa
1 volonté.
Maurice était doué d'une force herculéenne
1 et jouait arrière au R. C. Roubaix lorsqu'il
, se trouva, en 1907, disputer la finale du cham-
e pionnat du Nord devant l'Iris Lillois. Un
- malencontreux coup de pied d'un adversaire
li lui fractura la mâchoire en deux endroits,
s On dut le transporter hors du terrain. Lors-
s qu'il eut été pansé au vestiaire, des amis
s'offrirent à le raccompagner chez nous.
it C'était mal le connaître. Il regagna le terrain,
e II reprit sa place dans l'équipe. Il tint jusqu'au
it bout, malgré des souffrances terribles, malgré
le les supplications de ses coéquipiers qui vou-
t, laient le voir quitter son poste. On cite de
grands exemples de stoïcisme dans l'antiquité.
Celui-là les vaut peut-être.
André Dubly. inter gauche de l'équipe
roubaisienne et champion de France, Jean
Dubly. arrière gauche international et équi-
pier de Bradford Gty lorsqu'il alla se fixer
en Angleterre : voilà encore les exemples que
j'avais eus sous les yeux. Comment vouliez-
. vous que je ne fusse pas irrésistiblement attiré
par le ballon-rond? D'autant plus que dès
mes jeunes années, j'avais tout appris de ce
sport admirable !
La propriété de mes parents comportait
un grand jardin — il a disparu aujourd'hui,
et c'est sur son emplacement qu'est bâtie
la nouvelle piscine de Roubaix — où mes
unes avaient établi un terrain d'entraînement.
Ils avaient monté des buts. Ils jouaient avec
une balle réglementaire. Chaque jour, avant
et après le déjeuner, ils s'entraînaient ferme.
A dix ans, je n'ignorais plus rien des finesses
du dribbling et je savais shooter des deux
pieds.. Bientôt, j'entrai au Racing de Roubaix
qui devait être mon unique club durant toute
ma carrière de footballeur, et au collège de
Roubaix, où mon bon camarade Raymond
Wat'tine fut pendant des années mon com-
pagnon de sport.
Dernier footballeur d'une famille de foot-
balleurs, je n'avais plus qu'à suivre la voie
que mes frères avaient tracée.
Je parlerai plus longuement, à huitaine, de
ces années de jeunesse où, jouant concurem-
ment parmi les juniors du Racing et dans l'é-
quipe de mon lycée, je commençai à appren-
dre ce que c'est que le sport de compétition.
Mais je ne puis résister aujourd'hui au plaisir
de dire un mot de notre vieux « Pirodingue »,
si célèbre parmi tous les sportifs roubaisiens.
Pirodingue ? Qu'on vous avoue d'abord
quelque chose ! Pirodingue n'est qu'un sur-
nom dont nous avions affublé le gardien du
stade de Beaumont, où le Racing Club de
Roubaix était installé et où ses équipes jouè-
rent pendant de longues années. Pirodingue
avait une femme et un chien. Et il joua un rôle
capital dans ma jeunesse de footballeur, com-
me dans celle de Génicot, de François, de
Stneets, de Sartorius et aubes camarades du
ballon rond qui venaient souvent s'entraîner
avec nous.
Le brave homme, tenant à la lettre son rôle
de gardien, n'admettait pas la moindre fraude.
N'étaient admis sur le ground que les membres
authentiques du Racing. Malheur à qui n'avait
pas sa carte en règle ! L'entrée lui était obsti-
nément interdite. Mais, bien entendu, les petits
Roubaisiens qui ne faisaient pas partie' du
grand club et brûlaient pourtant du désir de
taper dans un ballon ne s'y présentaient pas.
Ils escaladaient tout simplement les palissades
et venaient prendre part à nos ébats. Tout al-
lait bien jusqu'à ce que Pirodingue se fût
aperçu de leur présence insolite. Alors il sé-
vissait Il allait chercher son gros chien de ber-
ger,, et, pendant quelques minutes, c'était une
course éperdue à travers le stade, après les
délinquants qui s'égayaient comme une nuée de
moineaux et prenaient le large grâce à une
nouvelle escalade.
C'est le jeudi après-midi que nous venions
jouer sur le terrain de Beaumont II y avait
match ou entraînement parfois avec les grands.
Quoi qu'il en soit, chaque séance de ballon
avait sa récompense, car les talents culinaires
de Mme Pirodingue entraient alors en jeu,.si
1 je puis ainsi m'exprimer.
[ Mme Pirodingue réussissait dans la perfec-
1 tion les frites et ces manières de crêpes que
l'on appelle chez nous couque-baques. Elle en
: faisait des quantités énormes tandis que nous
troquions notre équipement de footballeur con-
tre nos habits de ville. Et comme l'appétit ne
nous manquait guère, quel plaisir d'engloutir
ensuite les délicieuses crêpes parfumées !
Toute une génération de footballeurs rou-
;: baisiens s'en est régalé.
jj Oh ! les frites de Mme Pirodingue !...
ï (A suivre.)
L'équipe du Racing Club de Roubaix, championne de France en 1902, grâce a sa
victoire sur le Racing. Debout : Ernest Lesur, Mangay, Peacock, Léon Dubly (cap.),
Scott et E. Lesur. Au 1" plan : Sartorius, Lefebvre, A. Dubly, Gadenne et Hergraere.
Les neuf frères Dubly. De gauche à droit* : Paul, Albert, Jean, Pierre, Léon, Hemry, Maurice, André «t Raymond,
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