Titre : Le Gastronome : journal universel du goût / rédigé par une société d'hommes de bouche et d'hommes de lettres
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1830-12-19
Contributeur : Lacroix, Paul (1806-1884). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779843z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1183 Nombre total de vues : 1183
Description : 19 décembre 1830 19 décembre 1830
Description : 1830/12/19 (A1,N78). 1830/12/19 (A1,N78).
Description : Note : PER:V-3791-3792. Note : PER:V-3791-3792.
Description : Collection numérique : Patrimoine gourmand Collection numérique : Patrimoine gourmand
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504508g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-3792
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
foi, l'humilité chrétienne, irait-elle plus loin?On
connaît aussi leur faible pour les écuries d'Augias?
Professeraient-ils: des mythes particuliers, un culte
symbolique pris dans la belle nature? Ils sont en
effet gros et gras, bien portons, la bouche constam-
ment pleine, et tout Bien,, comme on sait, pro^
digue ses faveurs à qui fait voeu d'être sien. En M-n
tendant, mettez-les sans crainte au nombre des
animaux rongeurs.
Attendez:; nous Oublions le dessert: Et ceux qui,
poiir conserver des fruits auxquels ils ne touche--
ront pas, font de messire Gaster un tombeau d'a-
raignées et de chenilles ; et ces braves gobe-mou^
ohes, dont, il y a tant et plus depuis quelques an-r
nées ; et ces buveurs d'eau, mangeurs de saute-
relles, religieux de la règle de saint Jean-*Raptiste ;
et ces aMres, phénomènes vivans, ménageries am-
bulantes de lézards, grenouilles et serpens qu'ils se
plongent et replongent dans l'estomac jusqu'à ex-
tinction complète. Entendez-vous siffler et croasser
ces nouveaux ventriloques? hélas! ce spectacle
n'est pas nouveau- l'homme de bien n'a-t-ii pas
avalé en tout temps des couleuvres, et les serpens
delà calomnie ne sifflent-ils pas encore aujour-
d'hui même par les cent mille et une bouches de la
congrégation 1 Non rhïliisi centum linguoe sint, ora
que centum. Pauvre humanité ! s'il fallait, compter
toutes tes sottises!
Voir ainsi dégradé le plus précieux des sens ! Les
dieux donnèrent à l'homme les qualités des autres
animaux; mais leurs goûts furent de trop dans
cette largesse immense, n'en déplaise au curé de
Gros-Jean, traduit par le bon La Fontaine.
Jacques de Falaise est le plus fort argument con-
tre l'immortalité de l'âme.
LÉGENDE PICARDE.
11 y avait une fois en Picardie un bon chevalier
nommé messire Hugues de Gamaches.
Or, messire Hugues s'en revenait de Palestine,
où il avait été, durant cinq ans , guerroyer contre
Mahomet et Termagant, laissant à l'aventure
femme, enfans et vassaux., comme c'était le devoir
de tout homme de bien.
Comme il chevauchait en grande hâte et tout seul
pour plus tôt arrivera son manoir tant aimé , voici
qu'il fut surpris par la nuit à l'entrée des bois
d'Atilly.
Le lie» n'était de bonne renommée: il passait
pour fréquenté par gens de hantise peu désirable,
et Satan y avait joué plus d'un tour; mais messire
Hugues ou n'y pensa, ou ne c'en soucia guère.
A peine le chevalier eut-il fait quelques cent pas
dans la forêt, qu'il crut distinguer parmi les gé<-
«îissemens du vent dans les .raciaux., les,sons va-
gues «d'une miusique harmonieuse. Ij avança : des
lumières brillaient à travers les massifs d'arbres,
connaît aussi leur faible pour les écuries d'Augias?
Professeraient-ils: des mythes particuliers, un culte
symbolique pris dans la belle nature? Ils sont en
effet gros et gras, bien portons, la bouche constam-
ment pleine, et tout Bien,, comme on sait, pro^
digue ses faveurs à qui fait voeu d'être sien. En M-n
tendant, mettez-les sans crainte au nombre des
animaux rongeurs.
Attendez:; nous Oublions le dessert: Et ceux qui,
poiir conserver des fruits auxquels ils ne touche--
ront pas, font de messire Gaster un tombeau d'a-
raignées et de chenilles ; et ces braves gobe-mou^
ohes, dont, il y a tant et plus depuis quelques an-r
nées ; et ces buveurs d'eau, mangeurs de saute-
relles, religieux de la règle de saint Jean-*Raptiste ;
et ces aMres, phénomènes vivans, ménageries am-
bulantes de lézards, grenouilles et serpens qu'ils se
plongent et replongent dans l'estomac jusqu'à ex-
tinction complète. Entendez-vous siffler et croasser
ces nouveaux ventriloques? hélas! ce spectacle
n'est pas nouveau- l'homme de bien n'a-t-ii pas
avalé en tout temps des couleuvres, et les serpens
delà calomnie ne sifflent-ils pas encore aujour-
d'hui même par les cent mille et une bouches de la
congrégation 1 Non rhïliisi centum linguoe sint, ora
que centum. Pauvre humanité ! s'il fallait, compter
toutes tes sottises!
Voir ainsi dégradé le plus précieux des sens ! Les
dieux donnèrent à l'homme les qualités des autres
animaux; mais leurs goûts furent de trop dans
cette largesse immense, n'en déplaise au curé de
Gros-Jean, traduit par le bon La Fontaine.
Jacques de Falaise est le plus fort argument con-
tre l'immortalité de l'âme.
LÉGENDE PICARDE.
11 y avait une fois en Picardie un bon chevalier
nommé messire Hugues de Gamaches.
Or, messire Hugues s'en revenait de Palestine,
où il avait été, durant cinq ans , guerroyer contre
Mahomet et Termagant, laissant à l'aventure
femme, enfans et vassaux., comme c'était le devoir
de tout homme de bien.
Comme il chevauchait en grande hâte et tout seul
pour plus tôt arrivera son manoir tant aimé , voici
qu'il fut surpris par la nuit à l'entrée des bois
d'Atilly.
Le lie» n'était de bonne renommée: il passait
pour fréquenté par gens de hantise peu désirable,
et Satan y avait joué plus d'un tour; mais messire
Hugues ou n'y pensa, ou ne c'en soucia guère.
A peine le chevalier eut-il fait quelques cent pas
dans la forêt, qu'il crut distinguer parmi les gé<-
«îissemens du vent dans les .raciaux., les,sons va-
gues «d'une miusique harmonieuse. Ij avança : des
lumières brillaient à travers les massifs d'arbres,
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