Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 8-F-519
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
LA REVISION DE LA CONSTITUTION
DES EAPPORTS DU GOUVERNEMENT ET DU PARLEMENT
En fait, ainsi que nous l'avons constaté dans un précé- dent article (1), la démocratie intégrale, telle que la rêvait J.-J. Eousseau, ne peut constituer qu'un régime très exceptionnel. Le gouvernement direct, pratiqué dans quelques petits cantons suisses, ne saurait convenir aux grandes nations modernes. Comme le reconnaît Eousseau lui-même, un tel gouvernement suppose « un Etat très petit où le peuple soit facile à rassembler et où chaque citoyen puisse aisément connaître tous les au- tres (2). » Plus loin, il ajoute : « qu'il n'y a pas de gouver- nement si sujet aux guerres civiles et aux agitations intestines. » Et il finit par cette conclusion : « S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratique- ment. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. »
Voilà une parole que feraient bien de méditer tous les politiciens qui ont sans cesse à la bouche le mot « démo- cratie ». Soyons francs. Ne trompons pas le peuple. Bien de plus funeste, à notre avis, que de cacher la vérité qui se révèle tôt ou tard. Au lieu de flatter l'or- gueil du peuple en lui faisant croire qu'il se gouverne,
(1) Voir le n° de cette Revue d'avril-juin 1917, p. 106, La Démocratie en France au temps présent. Une crise de régime.
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