Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-07-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 juillet 1912 01 juillet 1912
Description : 1912/07/01 (A34,N7)-1912/08/31 (A34,N8). 1912/07/01 (A34,N7)-1912/08/31 (A34,N8).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5500596t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
122
LA FEMME
Hamman ou au cimetière, soigneusement voilées
et enfermées dans des voitures dont les rideaux
sont tirés.
Pour les pauvres et pour les riches la vie ne
diffère guère, sauf que pour ces dernières les
gros travaux sont remplacés par la confection de
parfums, de pàlisserie et de bonbons.
L'existence est moins dure matériellement mais
tout aussi sédentaire el monotone.
Gomment ces tristes prisonnières n'auraient-
elles pas attiré l'attention des premières Fran-
çaises qui sont venues en Tunisie aprè 5» le protec-
torat, accompagnant avec vaillance leurs maris
fonctionnaires du gouvernement. Les Musulma-
• nés sont facilement accessibles, un regard amical,
un bon sourire, une légère attention, gagnent vite
leurs coeurs et dans la désespérante tristesse de
le vie, la moindre distraction les intérese.
Il fallait faire deux choses pour améliorer leur
sort dans l'avenir : leur donner les éléments
d'une instruction primaire soit en français, soit
en arabe, car elles n'avaient pas plus étudié leur
langue maternelle que la nôtre.
C'est ce que comprirent deux femmes de coeur,
Mme René Millet, la femme du Résident général
et Mme Eigenschenck, dont le mari était secré-
taire général à la maison de France.
Leurs premiers essais furent des plus modes-
tes, 5 ou 6 petites filles seulement répondirent à
leur appel et formèrent l'embryon de la première
école franco-arabe. On avait peur, on ne savait
pas ce qui serait enseigné à ces fillettes et si on
ne chercherait pas à les détourner de leurs habi-
tudes familiales et religieuses.
Mais ces craintes furent vite dissipées et les
premiers résultats fort encourageants. Mainte-
nant l'admission dans les écoles franco-musul-
manes de Tunis est considérée comme une faveur.
Les 6 premières élèves sont devenues légion et
j'en ai vu 450 réunies dans la même école, magni-
fique palais arabe inauguré l'hiver dernier.
Groupées par classe de 25 à 30 élèves, toutes
les salles donnent sur une large galerie éclairée
par le patio à ciel découvert qui forme le centre
du palais.
Les petites musulmanes sont très atlenlives et
arrivent à parler le français le plus pur sans au-
cun accent. Elles apprennent la géographie, l'his-
toire, le calcul, l'orthographe, sous la surveil-
lance de jeunes institutrices dont plusieurs sont
d'anciennes élèves. De vieux maîtres, les seuls
hommes qui pénètrent dans l'établissement, leur
enseignent le Coran.
J'ai assisté à la leçon de l'un d'eux ; un vieil
homme auvisage doux et intelligent mais dont il
anrait été difficile de dire l'âge, revêtu d'une belle
robe de drap gris-perle, brodée ton sur ton, et
coiffé d'un gros turban de soie jaune. 11 lisait une
phrase du Coran et désignait par son nom l'élève
qui devait l'écrire sur le tableau noir, l'enfant se
levait dans le plus grand silence, s'avançait et
en quelques secondes couvrait le tableau noir de
caractères arabes qui, pour nous Français, sem-
blaient indéchiffrables !
A une des extrémités de l'école se trouve la
salle des travaux à l'aiguille qui contient de vérita-
bles merveilles.
Ces enfants, dont les ai nées ne dépassent pas
13 ans, connaissent tous les secrets de nos tra-
vaux féminins : dentelles, jours, broderies an-
glaise et Richelieu, sont exécutés avec une rare
perfection. Et puis, toujours guidé par le même
principes que ces jeunes Musulmanes doivent
conserver les traditions des travaux de leurs
pays, une maîtresse arabe leur apprend les brode-
ries d'or et d'argent sur velours et satin, le pail-
letage sur tulle, la confection des babouches et
des petites toques rondes de la forme d'un tam-
bourin qui est leur coiffure nationale.
Les élèves arrivent le matin par groupes soi-
gneusement voilées et accompagnées par des
domestiques, apportant leur déjeuner qui sera
préparé ensuite par des femmes de service, puis
servi dans de grands réfectoires qui font suite
aux cuisines. Plus l'élève est riche et plus elle
aura un repas copieux composé souvent de 7 à 8
mets différent emballés dans de petits paniers à
étages où les assiettes et les tasses s'empilent les
unes sur les autres.
A 4 heures la cloche du départ sonne, les do-
mestiques en longues files devant l'école atten-
dent la sortie. Toutes les classes s'ouvrent à la
fois et les élèves sortent en chantant et descen-
dent l'escalier se tenant deux par deux par la
main.
Par une belle soirée ensoleillée j'ai assisté daus
la cour de l'école, au long défilé de toutes ces
petites créaiures auxquelles des femmes de coeur
apprennent a aimer la France. C'était émouvant
dans sa simplicité et je n'ai pu m'empêcher d'es-
suyer une larme en échange des sourires que de
jolies petites bouches roses m'adressaient au
passage,
Mais à côté des enfants il y avait les mères, les
mères pauvres surtout, auxquelles il fallait trou-
ver un gagne-pain, un travail sédentaire puisque
les travaux en dehors ne sont pas autorisés par
leur religion.
LA FEMME
Hamman ou au cimetière, soigneusement voilées
et enfermées dans des voitures dont les rideaux
sont tirés.
Pour les pauvres et pour les riches la vie ne
diffère guère, sauf que pour ces dernières les
gros travaux sont remplacés par la confection de
parfums, de pàlisserie et de bonbons.
L'existence est moins dure matériellement mais
tout aussi sédentaire el monotone.
Gomment ces tristes prisonnières n'auraient-
elles pas attiré l'attention des premières Fran-
çaises qui sont venues en Tunisie aprè 5» le protec-
torat, accompagnant avec vaillance leurs maris
fonctionnaires du gouvernement. Les Musulma-
• nés sont facilement accessibles, un regard amical,
un bon sourire, une légère attention, gagnent vite
leurs coeurs et dans la désespérante tristesse de
le vie, la moindre distraction les intérese.
Il fallait faire deux choses pour améliorer leur
sort dans l'avenir : leur donner les éléments
d'une instruction primaire soit en français, soit
en arabe, car elles n'avaient pas plus étudié leur
langue maternelle que la nôtre.
C'est ce que comprirent deux femmes de coeur,
Mme René Millet, la femme du Résident général
et Mme Eigenschenck, dont le mari était secré-
taire général à la maison de France.
Leurs premiers essais furent des plus modes-
tes, 5 ou 6 petites filles seulement répondirent à
leur appel et formèrent l'embryon de la première
école franco-arabe. On avait peur, on ne savait
pas ce qui serait enseigné à ces fillettes et si on
ne chercherait pas à les détourner de leurs habi-
tudes familiales et religieuses.
Mais ces craintes furent vite dissipées et les
premiers résultats fort encourageants. Mainte-
nant l'admission dans les écoles franco-musul-
manes de Tunis est considérée comme une faveur.
Les 6 premières élèves sont devenues légion et
j'en ai vu 450 réunies dans la même école, magni-
fique palais arabe inauguré l'hiver dernier.
Groupées par classe de 25 à 30 élèves, toutes
les salles donnent sur une large galerie éclairée
par le patio à ciel découvert qui forme le centre
du palais.
Les petites musulmanes sont très atlenlives et
arrivent à parler le français le plus pur sans au-
cun accent. Elles apprennent la géographie, l'his-
toire, le calcul, l'orthographe, sous la surveil-
lance de jeunes institutrices dont plusieurs sont
d'anciennes élèves. De vieux maîtres, les seuls
hommes qui pénètrent dans l'établissement, leur
enseignent le Coran.
J'ai assisté à la leçon de l'un d'eux ; un vieil
homme auvisage doux et intelligent mais dont il
anrait été difficile de dire l'âge, revêtu d'une belle
robe de drap gris-perle, brodée ton sur ton, et
coiffé d'un gros turban de soie jaune. 11 lisait une
phrase du Coran et désignait par son nom l'élève
qui devait l'écrire sur le tableau noir, l'enfant se
levait dans le plus grand silence, s'avançait et
en quelques secondes couvrait le tableau noir de
caractères arabes qui, pour nous Français, sem-
blaient indéchiffrables !
A une des extrémités de l'école se trouve la
salle des travaux à l'aiguille qui contient de vérita-
bles merveilles.
Ces enfants, dont les ai nées ne dépassent pas
13 ans, connaissent tous les secrets de nos tra-
vaux féminins : dentelles, jours, broderies an-
glaise et Richelieu, sont exécutés avec une rare
perfection. Et puis, toujours guidé par le même
principes que ces jeunes Musulmanes doivent
conserver les traditions des travaux de leurs
pays, une maîtresse arabe leur apprend les brode-
ries d'or et d'argent sur velours et satin, le pail-
letage sur tulle, la confection des babouches et
des petites toques rondes de la forme d'un tam-
bourin qui est leur coiffure nationale.
Les élèves arrivent le matin par groupes soi-
gneusement voilées et accompagnées par des
domestiques, apportant leur déjeuner qui sera
préparé ensuite par des femmes de service, puis
servi dans de grands réfectoires qui font suite
aux cuisines. Plus l'élève est riche et plus elle
aura un repas copieux composé souvent de 7 à 8
mets différent emballés dans de petits paniers à
étages où les assiettes et les tasses s'empilent les
unes sur les autres.
A 4 heures la cloche du départ sonne, les do-
mestiques en longues files devant l'école atten-
dent la sortie. Toutes les classes s'ouvrent à la
fois et les élèves sortent en chantant et descen-
dent l'escalier se tenant deux par deux par la
main.
Par une belle soirée ensoleillée j'ai assisté daus
la cour de l'école, au long défilé de toutes ces
petites créaiures auxquelles des femmes de coeur
apprennent a aimer la France. C'était émouvant
dans sa simplicité et je n'ai pu m'empêcher d'es-
suyer une larme en échange des sourires que de
jolies petites bouches roses m'adressaient au
passage,
Mais à côté des enfants il y avait les mères, les
mères pauvres surtout, auxquelles il fallait trou-
ver un gagne-pain, un travail sédentaire puisque
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