Titre : La Femme : journal bi-mensuel
Auteur : Union nationale des amies de la jeune fille (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-07-01
Contributeur : Delpech, C (Mlle). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32773978f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 5883 Nombre total de vues : 5883
Description : 01 juillet 1912 01 juillet 1912
Description : 1912/07/01 (A34,N7)-1912/08/31 (A34,N8). 1912/07/01 (A34,N7)-1912/08/31 (A34,N8).
Description : Collection numérique : France-Pologne Collection numérique : France-Pologne
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5500596t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-R-254
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
118
LA FEMME
une réglementation spéciale, on les met vis-à-vis
des hommes en état d'infériorité notoire ; car
les patrons évitent tout ce qui peut compliquer
leur organisation. Les ouvriers n'ont pas man.qué
de profiter de la situation, et vous le verrez tout
à l'heure quand nous parlerons de la question
des typographes en France.
Sans faire ici l'histoire détaillée de la législa-
tion relative au travail féminin, j'emprunterai
à Mme Rutgers (Rapport au Congrès de Bru-
xelles, mai 1912), quelques renseignements qui
indiquent bien qu'à l'étranger les femmes n'ont
pas laissé sans protestation les interventions
protectrices de la loi.
En Angleterre, au sujet de la loi de 1844, par
laquelle les femmes adultes sont assujetties aux
mêmes prescriptions que h s jeunes gens de 15
à 18 ans, Sidney et Béatrice Webb disent dans
leur • Histoire du Syndicalisme en Angleterre »
que « ces projets de lois rencontrèrent une im-
mense opposition de la part des organisations de
femmes » ; et un peu plus loin : que « c'était
vraiment dans l'intérêt des ouvrières que le pro-
fesseur Fawcett, membre du Parlement, proposa
en 1893 de rejeter le projet de loi, qui contenait
une nouvelle limitation des heures du travail de
la femme ».
En Allemagne, LU y Braunn dit dans son Elude
sur la question de la femme, « que le premier
Syndicat d'ouvrières, fondé à Berlin en 1882, se
déclara contre toutes protections légales pour les
femmes seulement ».
En Belgique, l'organe des ouvrières de Grand,
De Stem der Vrouw, protesta ênergiquement
contre une protection spéciale pour les femmes.
Les ouvrières de la Norvège ne cessent pas de
réclamer, elles aussi, contre une législation spé-
ciale sur le travail de la femme. Dans une assem-
blée du 11 mars 1903, à Christiana, une réso-
lution proposée par une ouvrière, Ragne Nilson,
fut acceptée à l'unanimité. Cette résolution con-
tenait entre autres ces mots : « Les ouvrières de-
mandent le même droit et la même liberté dans
le choix de leur travail que les hommes adultes,
et elles exigent que chaque loi protectrice les pro-
tègent aux mêmes conditions qu'elle protège les
ouvriers ».
De pareilles protestations avaient déjà été en-
voyées au Parlement norvégien en avril 1896 par
les femmes typographes, protestation qui fut
répétée il y a trois ans lorsqu'un projet de loi
allait introduire en Norvège l'interdiction du
tiavail de nuit pour les femmes seulement.
En Finlande, le projet de loi demandant la
suppression du travail de nuit pour les femmes
seulement, éveilla une opposition non moins
grande et non moins efficace de la part des fem-
mes. Mlle Vera Hjelt, inspectrice du travail, qui
appuie son opposition sur l'expérience et sur les
statistiques officielles, ne cesse d'avertir les gou-
vernements des pays Scandinaves qu'une légis-
lation spéciale pour la femme adulte produira
l'effet contraire à celui qu'on espère ; qu'une telle
loi amènera la misère sociale, hygiénique et éco-
nomique, attendu que la ruine totale du travail
professionnel de la femme en résultera.
Au Danemark, un pareil projet de loi a été ac-
cueilli par un cri d'alarme se répandant parmi
les femmes de tous les rangs de la société ;
l'année passée, au mois de mars, une assemblée
de protestation avait lieu à Copenhague : dans
cette assemblée Mlle Henriette CProne, typo-
graphe et membre du Conseil municipal à Co-
penhague ; Mme Thora Knudsen, elle aussi so-
ciale démocrate et membre du Conseil municipal ;
Mme Johanne Jensem, présidente du Syndicat
des. ouvrières de l'Industrie de la céramique, et
Mlle Julie Arenholt, inspectrice du travail et
membre du Conseil municipal, toutes dignes de
foi en raison de leur situation sociale et politique,
protestèrent d'un commun accord contre une
législation spéciale concernant le travail des
femmes ; la résolution suivante fut votée par
1.200 voix sur 1.202 : « L'Assemblée proteste
contre le projet de loi qui va limiter le travail
pour les femmes. Des circonstances sociales
obligent la femme à gagner son pain quotidien et
souvent encore celui de sa famille. Il est impos-
sible de la protéger contre l'exploitation par une
législation spéciale. La limitation du choix dès
professions ne peut manquer d'avoir pour effet
que la femme doit offrir son travail à meilleur
marché. On ne doit jamais prétendre que la
femme, à cause de sa santé ou à cause de la santé
de ses enfants, ait besoin d'une protection spé-
ciale de la loi, puisque la réduction des moyens
de subsistance ne sera jamais favorable à la
santé. Ce sont ces motifs qui nous poussent à
prier respectueusement le Gouvernement de bien
vouloir considérer attentivement cette protes-
tation. »
En Hollande, les féministes et les femmes pro-
gressistes n'ont jamais cessé de revendiquer
pour la femme le droit au travail, et elles ont
protesté chaque fois que le gouvernement allait
introduire une nouvelle défense ou une restric-
tion pour le travail des femmes. Depuis 1889,
pourtant, une loi sur le travail industriel a été
LA FEMME
une réglementation spéciale, on les met vis-à-vis
des hommes en état d'infériorité notoire ; car
les patrons évitent tout ce qui peut compliquer
leur organisation. Les ouvriers n'ont pas man.qué
de profiter de la situation, et vous le verrez tout
à l'heure quand nous parlerons de la question
des typographes en France.
Sans faire ici l'histoire détaillée de la législa-
tion relative au travail féminin, j'emprunterai
à Mme Rutgers (Rapport au Congrès de Bru-
xelles, mai 1912), quelques renseignements qui
indiquent bien qu'à l'étranger les femmes n'ont
pas laissé sans protestation les interventions
protectrices de la loi.
En Angleterre, au sujet de la loi de 1844, par
laquelle les femmes adultes sont assujetties aux
mêmes prescriptions que h s jeunes gens de 15
à 18 ans, Sidney et Béatrice Webb disent dans
leur • Histoire du Syndicalisme en Angleterre »
que « ces projets de lois rencontrèrent une im-
mense opposition de la part des organisations de
femmes » ; et un peu plus loin : que « c'était
vraiment dans l'intérêt des ouvrières que le pro-
fesseur Fawcett, membre du Parlement, proposa
en 1893 de rejeter le projet de loi, qui contenait
une nouvelle limitation des heures du travail de
la femme ».
En Allemagne, LU y Braunn dit dans son Elude
sur la question de la femme, « que le premier
Syndicat d'ouvrières, fondé à Berlin en 1882, se
déclara contre toutes protections légales pour les
femmes seulement ».
En Belgique, l'organe des ouvrières de Grand,
De Stem der Vrouw, protesta ênergiquement
contre une protection spéciale pour les femmes.
Les ouvrières de la Norvège ne cessent pas de
réclamer, elles aussi, contre une législation spé-
ciale sur le travail de la femme. Dans une assem-
blée du 11 mars 1903, à Christiana, une réso-
lution proposée par une ouvrière, Ragne Nilson,
fut acceptée à l'unanimité. Cette résolution con-
tenait entre autres ces mots : « Les ouvrières de-
mandent le même droit et la même liberté dans
le choix de leur travail que les hommes adultes,
et elles exigent que chaque loi protectrice les pro-
tègent aux mêmes conditions qu'elle protège les
ouvriers ».
De pareilles protestations avaient déjà été en-
voyées au Parlement norvégien en avril 1896 par
les femmes typographes, protestation qui fut
répétée il y a trois ans lorsqu'un projet de loi
allait introduire en Norvège l'interdiction du
tiavail de nuit pour les femmes seulement.
En Finlande, le projet de loi demandant la
suppression du travail de nuit pour les femmes
seulement, éveilla une opposition non moins
grande et non moins efficace de la part des fem-
mes. Mlle Vera Hjelt, inspectrice du travail, qui
appuie son opposition sur l'expérience et sur les
statistiques officielles, ne cesse d'avertir les gou-
vernements des pays Scandinaves qu'une légis-
lation spéciale pour la femme adulte produira
l'effet contraire à celui qu'on espère ; qu'une telle
loi amènera la misère sociale, hygiénique et éco-
nomique, attendu que la ruine totale du travail
professionnel de la femme en résultera.
Au Danemark, un pareil projet de loi a été ac-
cueilli par un cri d'alarme se répandant parmi
les femmes de tous les rangs de la société ;
l'année passée, au mois de mars, une assemblée
de protestation avait lieu à Copenhague : dans
cette assemblée Mlle Henriette CProne, typo-
graphe et membre du Conseil municipal à Co-
penhague ; Mme Thora Knudsen, elle aussi so-
ciale démocrate et membre du Conseil municipal ;
Mme Johanne Jensem, présidente du Syndicat
des. ouvrières de l'Industrie de la céramique, et
Mlle Julie Arenholt, inspectrice du travail et
membre du Conseil municipal, toutes dignes de
foi en raison de leur situation sociale et politique,
protestèrent d'un commun accord contre une
législation spéciale concernant le travail des
femmes ; la résolution suivante fut votée par
1.200 voix sur 1.202 : « L'Assemblée proteste
contre le projet de loi qui va limiter le travail
pour les femmes. Des circonstances sociales
obligent la femme à gagner son pain quotidien et
souvent encore celui de sa famille. Il est impos-
sible de la protéger contre l'exploitation par une
législation spéciale. La limitation du choix dès
professions ne peut manquer d'avoir pour effet
que la femme doit offrir son travail à meilleur
marché. On ne doit jamais prétendre que la
femme, à cause de sa santé ou à cause de la santé
de ses enfants, ait besoin d'une protection spé-
ciale de la loi, puisque la réduction des moyens
de subsistance ne sera jamais favorable à la
santé. Ce sont ces motifs qui nous poussent à
prier respectueusement le Gouvernement de bien
vouloir considérer attentivement cette protes-
tation. »
En Hollande, les féministes et les femmes pro-
gressistes n'ont jamais cessé de revendiquer
pour la femme le droit au travail, et elles ont
protesté chaque fois que le gouvernement allait
introduire une nouvelle défense ou une restric-
tion pour le travail des femmes. Depuis 1889,
pourtant, une loi sur le travail industriel a été
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