Titre : L'Éclipse : journal hebdomadaire / dessins d'A. Gill
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1876-10-08
Contributeur : Gill, André (1840-1885). Illustrateur
Contributeur : Polo, François (1838-1874). Directeur de publication
Contributeur : Lagarde, Maurice. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32764192t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2170 Nombre total de vues : 2170
Description : 08 octobre 1876 08 octobre 1876
Description : 1876/10/08. 1876/10/08.
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5491777q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC13-114
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
114
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
S Octobre 1876.
et belle comme la Vérité. Le lendemain de Jack sera
une oeuvre aussi forte, mais plus riante. Le roman
qui est sur'le chantier en ce moment a pour titre le
Nabab, et pour milieu le coeur du Paris étincelant,
fiévreux, millionnaire.
Pour, nous, Alphonse Daudet est un maître, et,
ce qui a son importance, un maître jeune. Il a le
présent, il a l'avenir. Une belle et longue période de
productions s'ouvre devant lui. Elle sera féconde et
glorieuse. Tout à son art, l'écrivain sur lequel nous
comptons pour honorer les lettres contemporaines,
travaille à l'écart dans un coin fleuri, dans l'atmos-
phère saine de la famille. Continuant ce qu'il a tou-
jours fait, il ne se demande pas' en commençant un
livre : « combien cela rapportera-t-il? » mais « cela
sera-t-il bien? » Voilà ses procédés et son secret.
t Voilà- la cause de son succès et de notre espoir.
D.-E.
LETTRES DE iPÉMS
i
A PANGLOSS, -MORALISTE-
Mon cher Pangloss, je-.vais vous donner, quelques
nouvelles de Paris, lenpmbril.de la terre.
Je n'y ai encore rien:aperçude ce que vous m'a-
viez tant vanté. Cepena-ant, je connais déjà les
Polies-Bergère, qui sont .le lieu de rendez-vous à la
mode.
On y trouve du grand monde, du demi-monde et
de l'immonde; des gens folâtres qui viennent se
marier pour rire et d'autres qui sont mariés sérieu-
sement, ce qui leur est >bièn égal. J'y ai vu défiler
aussi beaucoup de célébrités connues de leur con-
cierge. ' -
Ah! Pangloss, je ne sais ce que Voltaire aurait
pensé des Polies-Bergère ; je présume seulement
qu'il y serait allé comme les autres.
Elles sont indispensables à la vie des Parisiens ;
elles rivalisent avec le Collège de France, la Comédie-
Française et la Madeleine.
C'est là que les futurs députés se préparent à re-
présenter le pays.
Naguère elles étaient peintes en jaune, couleur de
l'infidélité, par une attention délicate, pour prévenir
les maris imprudents que pendant qu'ils baguenau-
daient avec des demoiselles, leurs moitiés leur
criaient coucou.
Pour changer, on les a rebadigeonnées en rouge,
couleur de la pudeur et de la Piôpublique.
Les clames qui les meublent se badigeonnent
aussi, à la céruse ; par contre, leur esprit ne
change pas : elles sont aussi bètes que l'année
passée.
J'ai causé àrplusieurs que nous avions déjàvues dé-
lacer leur corset,et leur virginité sur les grandes
routes,..àiLondreSjà'.Venise, à Vienne, à Pétersbourg,
ai Bruxelles, à Madrid, .à Genève, avec une timidité
deLgendarme.
Elles ont paru, charmées de me revoir; elles m'ont
demandé aussi de vos nouvelles avec intérêt, et si
-j'avais gagné!beaucoup d'argent.
L'une d'elles m'a même proposé de m'épouser.
Elle a;beaucoup de tenue; vous diriez un plâtrier
limousin qui n'a pas lavé ses joues depuis six se-
maines.
A Vienne, elle passait pour Française; ici, elle
se donne, ou plutôt elle se vend pour Ariennoise,
afin d'exciter les imbéciles par des saveurs exo-
tiques.
Je pense qu'elle est tout bonnement en cire, en
bois, en coton et en acier, et qu'elle se remonte
comme un clysopompe.
De pius, elle exhale des odeurs putrides qui man-
quent de poésie. Ça m'a permis de constater une
fois de plus la justesse d'une de vos remarques, en
Espagne, à savoir que les courtisanes espagnoles
sontrpeutrêtreles seules qui ne sentent pas mauvais,
ce qui vient sans doute de l'eau excellente qu'elles
boivent en^grande.quantité, pendant que leurs col-
tLA SEMAINE COMIQUE
— Ronfler! après 28 jours (le séparation,
de privations ! oh ! les hommes, quelle cli-
que !
— L'Académie des Sciences m'a chargé d'étu-
dier l'influence de la fuchsine sur le nez de
Monsieur.
Arriver à la <1« édition en cinq semaines
et cela, sans le moindre pieux talisman,
voilà ce qu'on peut appeler un livre
PAKPA.IT !
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
S Octobre 1876.
et belle comme la Vérité. Le lendemain de Jack sera
une oeuvre aussi forte, mais plus riante. Le roman
qui est sur'le chantier en ce moment a pour titre le
Nabab, et pour milieu le coeur du Paris étincelant,
fiévreux, millionnaire.
Pour, nous, Alphonse Daudet est un maître, et,
ce qui a son importance, un maître jeune. Il a le
présent, il a l'avenir. Une belle et longue période de
productions s'ouvre devant lui. Elle sera féconde et
glorieuse. Tout à son art, l'écrivain sur lequel nous
comptons pour honorer les lettres contemporaines,
travaille à l'écart dans un coin fleuri, dans l'atmos-
phère saine de la famille. Continuant ce qu'il a tou-
jours fait, il ne se demande pas' en commençant un
livre : « combien cela rapportera-t-il? » mais « cela
sera-t-il bien? » Voilà ses procédés et son secret.
t Voilà- la cause de son succès et de notre espoir.
D.-E.
LETTRES DE iPÉMS
i
A PANGLOSS, -MORALISTE-
Mon cher Pangloss, je-.vais vous donner, quelques
nouvelles de Paris, lenpmbril.de la terre.
Je n'y ai encore rien:aperçude ce que vous m'a-
viez tant vanté. Cepena-ant, je connais déjà les
Polies-Bergère, qui sont .le lieu de rendez-vous à la
mode.
On y trouve du grand monde, du demi-monde et
de l'immonde; des gens folâtres qui viennent se
marier pour rire et d'autres qui sont mariés sérieu-
sement, ce qui leur est >bièn égal. J'y ai vu défiler
aussi beaucoup de célébrités connues de leur con-
cierge. ' -
Ah! Pangloss, je ne sais ce que Voltaire aurait
pensé des Polies-Bergère ; je présume seulement
qu'il y serait allé comme les autres.
Elles sont indispensables à la vie des Parisiens ;
elles rivalisent avec le Collège de France, la Comédie-
Française et la Madeleine.
C'est là que les futurs députés se préparent à re-
présenter le pays.
Naguère elles étaient peintes en jaune, couleur de
l'infidélité, par une attention délicate, pour prévenir
les maris imprudents que pendant qu'ils baguenau-
daient avec des demoiselles, leurs moitiés leur
criaient coucou.
Pour changer, on les a rebadigeonnées en rouge,
couleur de la pudeur et de la Piôpublique.
Les clames qui les meublent se badigeonnent
aussi, à la céruse ; par contre, leur esprit ne
change pas : elles sont aussi bètes que l'année
passée.
J'ai causé àrplusieurs que nous avions déjàvues dé-
lacer leur corset,et leur virginité sur les grandes
routes,..àiLondreSjà'.Venise, à Vienne, à Pétersbourg,
ai Bruxelles, à Madrid, .à Genève, avec une timidité
deLgendarme.
Elles ont paru, charmées de me revoir; elles m'ont
demandé aussi de vos nouvelles avec intérêt, et si
-j'avais gagné!beaucoup d'argent.
L'une d'elles m'a même proposé de m'épouser.
Elle a;beaucoup de tenue; vous diriez un plâtrier
limousin qui n'a pas lavé ses joues depuis six se-
maines.
A Vienne, elle passait pour Française; ici, elle
se donne, ou plutôt elle se vend pour Ariennoise,
afin d'exciter les imbéciles par des saveurs exo-
tiques.
Je pense qu'elle est tout bonnement en cire, en
bois, en coton et en acier, et qu'elle se remonte
comme un clysopompe.
De pius, elle exhale des odeurs putrides qui man-
quent de poésie. Ça m'a permis de constater une
fois de plus la justesse d'une de vos remarques, en
Espagne, à savoir que les courtisanes espagnoles
sontrpeutrêtreles seules qui ne sentent pas mauvais,
ce qui vient sans doute de l'eau excellente qu'elles
boivent en^grande.quantité, pendant que leurs col-
tLA SEMAINE COMIQUE
— Ronfler! après 28 jours (le séparation,
de privations ! oh ! les hommes, quelle cli-
que !
— L'Académie des Sciences m'a chargé d'étu-
dier l'influence de la fuchsine sur le nez de
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