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La logctto do l'Évoque, Messiours, offro la plus grande analogie aveo
les cellules do nos pénitenciers; M. de Montaigu, en la créant, fit, sans
s'en douter, un essai do l'isolement absolu.
Ainsi, ce système ou plutôt co modo cruel do pénalité que le gouver*
nement a renoncé à appliquer aux condamnés, et que l'un do nous a,
pour son compte, combattu dans la mesure do ses forces, ne nous est
pas venu d'Amérique, il est d'origine européenne. Mais il no faut pas
perdre do vue qu'il fut institué alors à titre d'amélioration, dans un but
presque humanitaire. On peut juger par là combien au commencement
du quinzième siècle on était malheureux ; c'est cependant ce siècle et
ceux qui, conjointement avec lui, forment le moyen âge, que quelques
écrivains affirment avoir été le bon temps et ont lo courage do nous
présenter comme une de ces époques privilégiées, où les populations
puisaient au sein d'une religion tutélaire des chances de quiétude et do
bonheur inconnues de nos jours.
La torture, vous le savez, fut, pendant des siècles, infligée aux
accusés dans notre pays; elle ne fut définitivement rayée de la procédure
du grand criminel qu'en l'année 1789, et en vertu des suffrages unanimes
de l'Assemblée constituante. Notre confrère lui consacre un chapitre où
il énumèro toutes ses variétés. Parmi ces dernières, il en est une qui
fut appliquée à l'archiprêtre de l'église Saint-Jacque3 et qui, par sa
bizarrerie, son étrangetô, mérite de vous être signalée ; elle s'appelait
la géhenne aux cabres, c'est-à-dire la torture par les chèvres.
Ce genre de supplice, car c'en était un, consistait à enduire de
saumure la plante des pieds du patient, qu'on avait préalablement
couché et sanglé sur un matelas de cuir, et à les lui faire lécher par
des chèvres. Les premiers attouchements faits par la langue de ces
animaux, amenaient un tressaillement si subit et si général, que tout le
corps so soulevait brusquement de dessus le matelas de cuir sur lequel
il était étendu. Puis, survenait lo rire qui est l'effet inévitable du
chatouillement; rire nerveux, vif, éclatant d'abord, et qui s'accom-
'pagnait de ces mouvements rapides et multipliés par lesquels la per-
sonne qu'on chatouille cherche à échapper à l'action du corps cha-
touillant. Cette action étant continuée sans trêve ni merci, le rire
naturel devenait bientôt un rire saccade, sanglotant, guttural; puis,
c'étaient des cris aigus, accompagnés de spasmes, puis de3 hurlements
affreux, poussés au milieu des plus horribles convulsions. A ce moment,
Jes yeux hagards du malheureux semblaient sortir de leurs orbites,
une sueur froide et visqueuse commençait à perler sur toute la surface
du corps, la lividité des chairs se manifestait, un râle profond sortait
de la gorge, une écume fine et sanglante paraissait aux deux coins de
la bouche; et si l'on ne cessait pas, il survenait une défaillance, qui
pouvait être suivie de la mort.
Il était à peu près impossible, on le conçoit, que les sujets qu'on
La logctto do l'Évoque, Messiours, offro la plus grande analogie aveo
les cellules do nos pénitenciers; M. de Montaigu, en la créant, fit, sans
s'en douter, un essai do l'isolement absolu.
Ainsi, ce système ou plutôt co modo cruel do pénalité que le gouver*
nement a renoncé à appliquer aux condamnés, et que l'un do nous a,
pour son compte, combattu dans la mesure do ses forces, ne nous est
pas venu d'Amérique, il est d'origine européenne. Mais il no faut pas
perdre do vue qu'il fut institué alors à titre d'amélioration, dans un but
presque humanitaire. On peut juger par là combien au commencement
du quinzième siècle on était malheureux ; c'est cependant ce siècle et
ceux qui, conjointement avec lui, forment le moyen âge, que quelques
écrivains affirment avoir été le bon temps et ont lo courage do nous
présenter comme une de ces époques privilégiées, où les populations
puisaient au sein d'une religion tutélaire des chances de quiétude et do
bonheur inconnues de nos jours.
La torture, vous le savez, fut, pendant des siècles, infligée aux
accusés dans notre pays; elle ne fut définitivement rayée de la procédure
du grand criminel qu'en l'année 1789, et en vertu des suffrages unanimes
de l'Assemblée constituante. Notre confrère lui consacre un chapitre où
il énumèro toutes ses variétés. Parmi ces dernières, il en est une qui
fut appliquée à l'archiprêtre de l'église Saint-Jacque3 et qui, par sa
bizarrerie, son étrangetô, mérite de vous être signalée ; elle s'appelait
la géhenne aux cabres, c'est-à-dire la torture par les chèvres.
Ce genre de supplice, car c'en était un, consistait à enduire de
saumure la plante des pieds du patient, qu'on avait préalablement
couché et sanglé sur un matelas de cuir, et à les lui faire lécher par
des chèvres. Les premiers attouchements faits par la langue de ces
animaux, amenaient un tressaillement si subit et si général, que tout le
corps so soulevait brusquement de dessus le matelas de cuir sur lequel
il était étendu. Puis, survenait lo rire qui est l'effet inévitable du
chatouillement; rire nerveux, vif, éclatant d'abord, et qui s'accom-
'pagnait de ces mouvements rapides et multipliés par lesquels la per-
sonne qu'on chatouille cherche à échapper à l'action du corps cha-
touillant. Cette action étant continuée sans trêve ni merci, le rire
naturel devenait bientôt un rire saccade, sanglotant, guttural; puis,
c'étaient des cris aigus, accompagnés de spasmes, puis de3 hurlements
affreux, poussés au milieu des plus horribles convulsions. A ce moment,
Jes yeux hagards du malheureux semblaient sortir de leurs orbites,
une sueur froide et visqueuse commençait à perler sur toute la surface
du corps, la lividité des chairs se manifestait, un râle profond sortait
de la gorge, une écume fine et sanglante paraissait aux deux coins de
la bouche; et si l'on ne cessait pas, il survenait une défaillance, qui
pouvait être suivie de la mort.
Il était à peu près impossible, on le conçoit, que les sujets qu'on
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