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- PROCES-VERBAUX DES SEANCES
- MEMOIRES
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pairie, ne combattait-il pas un peu plus tard contre elle avec ces
mêmes Espagnols aux Dunes? C'est qu'en réalité il a existé de
grandes vertus dans tous les temps, mais hélas ! elles ont toujours
élé rares, sous la monarchie absolue, alors que le pouvoir est en-
clin à confondre l'indépendance avec la révolte, il y eut des sujets
qui surent obéir sans s'abaisser. Un président de la Vacquerie di-
sait à Louis XI : « Sire, nous venons remettre nos charges unlre
vos mains et souffrir tout ce qu'il vousplaira, plutôt que d'offenser
nos consciences. » Entre ceux qui se sont montrés le plus attachés
au pouvoir d'un seul, il y a eu des gens qui ont fuit preuve d'au-
tant de courage et de noblesse d'âme qu'en ont déployé, aune autre
époque, ceux qui ont combattu le despolisme; et, à la journée dus
Barricades, en mai 1588, un Achille de Harlay s'écriait devant
l'émeute, qui voulait le contraindre : «C'est grand'pitié quand le
valet chasse le maître ; au reste, mon âme est à Dieu, mon coeur
est au roi et mon corps aux mains des méchants : qu'on en fasse ce
qu'on voudra. » Rendons, messieurs, justice aux temps antiques
comme aux temps présents. Ne prétendons pas ne trouver la vertu
que là où la civilisation et la vie moderne ne sont point encore
nées. Ne prétendons pas non plus faire des siècles reculés une épo-
que exclusive de brutalité, de sottise et d'ignorance. Voilà com-
ment il convient de répondre aux paradoxes que J.-J. Rousseau
développait dans son fameux discours adressé en 1749 à l'Académie
de Dijon, sur la question de savoir si le progrès des arts et des
sciences a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs.
» Celte impartiale appréciation de chaque âge respectif de l'hu-
manité nous inspirera plus de modération et de retenue dans lus
lulles du présent. Elle nous rendra plus conciliants et plus équi-
tables envers ceux dont nous ne partageons pas les opinions et les
idées, car elle nous fera comprendre que, de môme que chaque so-
ciété a eu ses vertus, chaque forme d'institutions a eu dans son
temps ses avantages ; elle nous inspirera des sentiments de recon-
naissance pour les générations passées, dont nous avons hérité, et
elle nous fera loyalement avouer que si nos aïeux n'eurent pas cer-
taines supériorités dontnous sommes justement tiers, ilsen avaient
d'autres qui ne sont pas à mépriser.
» Une telle réflexion, Messieurs, trouve nalurellumenl sa place
à la fin de ce discours, où je dois vous rappeler ceux de nos col-
lègues que nous avons perdus depuis notre dernière assemblée
générale. Et le premier des noms que j'ai le devoir de prononcer
pairie, ne combattait-il pas un peu plus tard contre elle avec ces
mêmes Espagnols aux Dunes? C'est qu'en réalité il a existé de
grandes vertus dans tous les temps, mais hélas ! elles ont toujours
élé rares, sous la monarchie absolue, alors que le pouvoir est en-
clin à confondre l'indépendance avec la révolte, il y eut des sujets
qui surent obéir sans s'abaisser. Un président de la Vacquerie di-
sait à Louis XI : « Sire, nous venons remettre nos charges unlre
vos mains et souffrir tout ce qu'il vousplaira, plutôt que d'offenser
nos consciences. » Entre ceux qui se sont montrés le plus attachés
au pouvoir d'un seul, il y a eu des gens qui ont fuit preuve d'au-
tant de courage et de noblesse d'âme qu'en ont déployé, aune autre
époque, ceux qui ont combattu le despolisme; et, à la journée dus
Barricades, en mai 1588, un Achille de Harlay s'écriait devant
l'émeute, qui voulait le contraindre : «C'est grand'pitié quand le
valet chasse le maître ; au reste, mon âme est à Dieu, mon coeur
est au roi et mon corps aux mains des méchants : qu'on en fasse ce
qu'on voudra. » Rendons, messieurs, justice aux temps antiques
comme aux temps présents. Ne prétendons pas ne trouver la vertu
que là où la civilisation et la vie moderne ne sont point encore
nées. Ne prétendons pas non plus faire des siècles reculés une épo-
que exclusive de brutalité, de sottise et d'ignorance. Voilà com-
ment il convient de répondre aux paradoxes que J.-J. Rousseau
développait dans son fameux discours adressé en 1749 à l'Académie
de Dijon, sur la question de savoir si le progrès des arts et des
sciences a contribué à corrompre ou à épurer les moeurs.
» Celte impartiale appréciation de chaque âge respectif de l'hu-
manité nous inspirera plus de modération et de retenue dans lus
lulles du présent. Elle nous rendra plus conciliants et plus équi-
tables envers ceux dont nous ne partageons pas les opinions et les
idées, car elle nous fera comprendre que, de môme que chaque so-
ciété a eu ses vertus, chaque forme d'institutions a eu dans son
temps ses avantages ; elle nous inspirera des sentiments de recon-
naissance pour les générations passées, dont nous avons hérité, et
elle nous fera loyalement avouer que si nos aïeux n'eurent pas cer-
taines supériorités dontnous sommes justement tiers, ilsen avaient
d'autres qui ne sont pas à mépriser.
» Une telle réflexion, Messieurs, trouve nalurellumenl sa place
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