Titre : Regnabit : revue universelle du Sacré-Coeur
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1925-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32850416j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8483 Nombre total de vues : 8483
Description : 01 janvier 1925 01 janvier 1925
Description : 1925/01/01 (A4,T8,N8)-1925/01/31. 1925/01/01 (A4,T8,N8)-1925/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5476670g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, D-91018
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
156
Piété
Au début de sa vie religieuse, il voulut imiter saint Benoît-
Joseph Labre dans son étrange mortification ; mais, par charité pour
le prochain, il y renonça bientôt et vécut toujours dans la plus par-
faite propreté. Il mettait en pratique ce qu'il conseillait, avec tant
de sagesse, à ses filles dans son Traité de la politesse :
« Mes chères filles, si vous habitiez le désert et que quelqu'une de vous
eût envie de marcher sur les traces de ce grand Hilarion et de tant d'autres
qui, pensant que la propreté n'est pas indispensable dans un cilice, ne chan-
geaient de vêtements que lorsqu'ils tombaient en ruine, et laissaient à la
pluie du ciel le soin d'approprier leur personne, et que vous voulussiez suivre
les exemples de ce héros de la pauvreté et de la pénitence, saint Benoît Labre,
couvert de lambeaux, dévoré par des légions d'insectes, nous nous garde-
rions d'arrêter votre zèle et de vous priver du mérite d'un si généreux sa-
crifice de toutes les délicatesses du siècle. Si l'on n'avait même toujours un
peu à compter avec les usages du temps où l'on vit, où l'amour du bien-être
est regardé comme une vertu première, nous ne trouverions pas mauvais que
vous imitassiez ces saints religieux dont il est parlé dans la vie des Pères du
désert, qui ne se lavaient ni les pieds, ni les mains, ni le visage. Jadis, on
s'édifiait avec raison de ces triomphes de l'âme sur le corps, de la foi sur la
sagesse terrestre, de la mortification sur une vaine délicatesse, et on les ad-
mrait surtout dans un sexe si naturellement porté à la vanité des habits ci
du visage. Aujourd'hui, on crierait à la barbarie et au scandale, et peut-être
plusieurs bonnes vocations seraient-elles arrêtées par là. D'ailleurs, une
certaine délicatesse, une fois surmontée, la négligence et la paresse trouve-
raient leur compte à ce régime. Les mendiants ne sont pas toujours saints
parce qu'ils sont entièrement crasseux ; beaucoup de saints, au contraire,
ont été attentifs à la netteté du corps, comme symbole de la pureté de l'âme,
et parce que le corps de l'homme est le tabernacle où repose à chaque commu-
nion le Très Saint Sacrement. Il convient donc de tenir son visage suffisam-
ment propre, de nettoyer de temps en temps ses dents, d'avoir les mains
nettes, d'enlever le cercle bleuâtre qui se forme sous les ongles, de tenir ceux-
ci courts, de se raser exactement la tête, de se laver les pieds aussi souvent
qu'il est nécessaire. Que vos habits soient pauvres, mais qu'ils soient exacte-
ment raccommodés ; n'y souffrez ni taches, ni déchirures, ni amas de crasse.
Assujettissez-vous aux recommandations qui vous sont faites de mettre à
mort toute la population indiscrète qui trouble votre sommeil. Si ces impi-
toyables insectes se restreignaient à immoler en secret la victime mortifiée
qui s'abandonnerait, à leurs morsures, chaque soeur pourrait satisfaire à
part son attrait pour la pénitence ; mais ils font des sorties sur les terres
voisines, et, soit dans les cellules, soit dans les vêtements, ils doivent être
poursuivis avec rigueur. Je vous le répète, mes soeurs, soyons Victimes,
mais n'ayons pas la dévotion de rendre les autres victimes». (1)
Excessivement pauvre pour lui-même, le serviteur de Dieu
était raisonnable pour les autres. A un prêtre qui lui parlait de ses
grands projets de dépouillement total, il conseillait une grande discré-
tion et beaucoup de prudence, (2) hésitant à lui permettre le voeu
de pauvreté.
Son esprit d'humilité.
Mais à la vérité, la grande vertu du Père Jean fut l'humilité.
11 atteignit probablement la limite du possible, et il nous paraît
bien difficile de trouver un être humain qui ait poussé aussi loin que
(1) Vie, p. 343-345.
(2) Id, p. 286-287.
Piété
Au début de sa vie religieuse, il voulut imiter saint Benoît-
Joseph Labre dans son étrange mortification ; mais, par charité pour
le prochain, il y renonça bientôt et vécut toujours dans la plus par-
faite propreté. Il mettait en pratique ce qu'il conseillait, avec tant
de sagesse, à ses filles dans son Traité de la politesse :
« Mes chères filles, si vous habitiez le désert et que quelqu'une de vous
eût envie de marcher sur les traces de ce grand Hilarion et de tant d'autres
qui, pensant que la propreté n'est pas indispensable dans un cilice, ne chan-
geaient de vêtements que lorsqu'ils tombaient en ruine, et laissaient à la
pluie du ciel le soin d'approprier leur personne, et que vous voulussiez suivre
les exemples de ce héros de la pauvreté et de la pénitence, saint Benoît Labre,
couvert de lambeaux, dévoré par des légions d'insectes, nous nous garde-
rions d'arrêter votre zèle et de vous priver du mérite d'un si généreux sa-
crifice de toutes les délicatesses du siècle. Si l'on n'avait même toujours un
peu à compter avec les usages du temps où l'on vit, où l'amour du bien-être
est regardé comme une vertu première, nous ne trouverions pas mauvais que
vous imitassiez ces saints religieux dont il est parlé dans la vie des Pères du
désert, qui ne se lavaient ni les pieds, ni les mains, ni le visage. Jadis, on
s'édifiait avec raison de ces triomphes de l'âme sur le corps, de la foi sur la
sagesse terrestre, de la mortification sur une vaine délicatesse, et on les ad-
mrait surtout dans un sexe si naturellement porté à la vanité des habits ci
du visage. Aujourd'hui, on crierait à la barbarie et au scandale, et peut-être
plusieurs bonnes vocations seraient-elles arrêtées par là. D'ailleurs, une
certaine délicatesse, une fois surmontée, la négligence et la paresse trouve-
raient leur compte à ce régime. Les mendiants ne sont pas toujours saints
parce qu'ils sont entièrement crasseux ; beaucoup de saints, au contraire,
ont été attentifs à la netteté du corps, comme symbole de la pureté de l'âme,
et parce que le corps de l'homme est le tabernacle où repose à chaque commu-
nion le Très Saint Sacrement. Il convient donc de tenir son visage suffisam-
ment propre, de nettoyer de temps en temps ses dents, d'avoir les mains
nettes, d'enlever le cercle bleuâtre qui se forme sous les ongles, de tenir ceux-
ci courts, de se raser exactement la tête, de se laver les pieds aussi souvent
qu'il est nécessaire. Que vos habits soient pauvres, mais qu'ils soient exacte-
ment raccommodés ; n'y souffrez ni taches, ni déchirures, ni amas de crasse.
Assujettissez-vous aux recommandations qui vous sont faites de mettre à
mort toute la population indiscrète qui trouble votre sommeil. Si ces impi-
toyables insectes se restreignaient à immoler en secret la victime mortifiée
qui s'abandonnerait, à leurs morsures, chaque soeur pourrait satisfaire à
part son attrait pour la pénitence ; mais ils font des sorties sur les terres
voisines, et, soit dans les cellules, soit dans les vêtements, ils doivent être
poursuivis avec rigueur. Je vous le répète, mes soeurs, soyons Victimes,
mais n'ayons pas la dévotion de rendre les autres victimes». (1)
Excessivement pauvre pour lui-même, le serviteur de Dieu
était raisonnable pour les autres. A un prêtre qui lui parlait de ses
grands projets de dépouillement total, il conseillait une grande discré-
tion et beaucoup de prudence, (2) hésitant à lui permettre le voeu
de pauvreté.
Son esprit d'humilité.
Mais à la vérité, la grande vertu du Père Jean fut l'humilité.
11 atteignit probablement la limite du possible, et il nous paraît
bien difficile de trouver un être humain qui ait poussé aussi loin que
(1) Vie, p. 343-345.
(2) Id, p. 286-287.
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