Titre : Regnabit : revue universelle du Sacré-Coeur
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32850416j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8483 Nombre total de vues : 8483
Description : 01 avril 1923 01 avril 1923
Description : 1923/04/01 (A2,N11,T4)-1923/04/30. 1923/04/01 (A2,N11,T4)-1923/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5476297r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, D-91018
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
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- .......... Page(s) .......... 430
380 Doctrine
Maintenant, il regarde, de ses yeux d'homme, les bourreaux
qui remuent sa croix et jettent devant lui les clous et les marteaux
effrayants, pendant que ses yeux de Dieu s'affligent sur des
visions d'ordre spirituel et prophétique : l'amoncellement des
humaines et futures culpabilités et l'inutilité de son sacrifice
pour des légions d'âmes parmi celles qui les commettront....
Épouvantes de la chair qui frémit jusqu'au coeur, épouvantements
de l'esprit plus inexorables encore.
Et dans toute l'âcreté de cette angoisse portée à son paro-
xysme, le condamné est seul au milieu de ses persécuteurs.
Ses amis les plus chers l'ont abandonné ; le premier d'entre
eux l'a renié, et il le sait ; Marie, sa mère, et Jean le bien-aimé,
et les saintes compatissantes qui ont osé l'aborder pendant la
montée douloureuse ont été repoussés ; le Cyrénéen même
est parti.
Jésus est seul.
N'est-ce point là le Vae soli t du Livre de l'Ecclesiaste,
dans toute sa froide et inexorable cruauté ? Malheur sur l'homme
qui est seul quand la douleur agriffe son coeur et laboure son
corps !
Voilà la phase, l'instant inaperçus souvent de la Passion
du Sauveur qu'évoquent les Christ-assis des artistes du XVe
siècle. Et cette image suscita, dès sa création, une telle ferveur
de piété que les sculpteurs d'alors la taillèrent à profusion.
J'en connais en bois peint auxquelles leurs auteurs n'ont
demandé qu'une attitude, qu'ils ont du reste su faire infiniment
émouvante tout en ne demandant aux formes de l'anatomie
humaine que le point de départ suffisant à leur poème. D'autres,
ciselés dans la pierre avec une maîtrise admirable, sont de vrais
chefs d'oeuvre dans le plein sens du mot.
Je ne veux décrire ici que celui de la petite église campagnarde
de Venizy, dans l'Yonne, en raison d'une particularité de l'orne-
. mentation de son socle qui ne peut pas ne point intéresser les
lecteurs de Regnabit.
Le Christ-assis de Venizy est fixé dans la pose commune à
toutes les statues de ce genre. A ses pieds, un crâne humain
atteste que le rocher sur lequel il repose appartient au sommet
du Golgotha qui s'appelle en latin Calvarius mons ; le Mont du
Crâne. Un cercle fait d'une seule branche épineuse enserre le
front divin, et les cheveux s'abandonnent en longues mèches,
lourdes de sang glauque et figé. Une corde descend du cou entre
le torse et le bras droit, se noue doublement aux poignets qu'elle
rassemble et s'en vient entraver les deux jambes à mi-chemin
des pieds aux genoux.
C'est bien là le grand sacrifié, dans toute l'angoisse de la
suprême attente. Tout à l'heure on le prendra, car ainsi ligoté
Maintenant, il regarde, de ses yeux d'homme, les bourreaux
qui remuent sa croix et jettent devant lui les clous et les marteaux
effrayants, pendant que ses yeux de Dieu s'affligent sur des
visions d'ordre spirituel et prophétique : l'amoncellement des
humaines et futures culpabilités et l'inutilité de son sacrifice
pour des légions d'âmes parmi celles qui les commettront....
Épouvantes de la chair qui frémit jusqu'au coeur, épouvantements
de l'esprit plus inexorables encore.
Et dans toute l'âcreté de cette angoisse portée à son paro-
xysme, le condamné est seul au milieu de ses persécuteurs.
Ses amis les plus chers l'ont abandonné ; le premier d'entre
eux l'a renié, et il le sait ; Marie, sa mère, et Jean le bien-aimé,
et les saintes compatissantes qui ont osé l'aborder pendant la
montée douloureuse ont été repoussés ; le Cyrénéen même
est parti.
Jésus est seul.
N'est-ce point là le Vae soli t du Livre de l'Ecclesiaste,
dans toute sa froide et inexorable cruauté ? Malheur sur l'homme
qui est seul quand la douleur agriffe son coeur et laboure son
corps !
Voilà la phase, l'instant inaperçus souvent de la Passion
du Sauveur qu'évoquent les Christ-assis des artistes du XVe
siècle. Et cette image suscita, dès sa création, une telle ferveur
de piété que les sculpteurs d'alors la taillèrent à profusion.
J'en connais en bois peint auxquelles leurs auteurs n'ont
demandé qu'une attitude, qu'ils ont du reste su faire infiniment
émouvante tout en ne demandant aux formes de l'anatomie
humaine que le point de départ suffisant à leur poème. D'autres,
ciselés dans la pierre avec une maîtrise admirable, sont de vrais
chefs d'oeuvre dans le plein sens du mot.
Je ne veux décrire ici que celui de la petite église campagnarde
de Venizy, dans l'Yonne, en raison d'une particularité de l'orne-
. mentation de son socle qui ne peut pas ne point intéresser les
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Le Christ-assis de Venizy est fixé dans la pose commune à
toutes les statues de ce genre. A ses pieds, un crâne humain
atteste que le rocher sur lequel il repose appartient au sommet
du Golgotha qui s'appelle en latin Calvarius mons ; le Mont du
Crâne. Un cercle fait d'une seule branche épineuse enserre le
front divin, et les cheveux s'abandonnent en longues mèches,
lourdes de sang glauque et figé. Une corde descend du cou entre
le torse et le bras droit, se noue doublement aux poignets qu'elle
rassemble et s'en vient entraver les deux jambes à mi-chemin
des pieds aux genoux.
C'est bien là le grand sacrifié, dans toute l'angoisse de la
suprême attente. Tout à l'heure on le prendra, car ainsi ligoté
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