B. Jean Eudes 375
du 20 octobre : « Qui adhaeret Domino Jesu unum cor et unus
spiritus est ; et de immenso thesauro cordis ejus accipiet immensa
bona ; celui qui adhère au Seigneur Jésus n'a qu'un coeur et
qu'un esprit avec Lui et il puisera dans cet immense trésor des
biens immenses. »
En somme, chez les deux initiateurs, que d'aucuns ont le
tort d'opposer, sans doute pour ne les avoir pas suffisamment
étudiés, le culte du Sacré-Coeur est la meilleure forme de l'union
à Jésus-Christ, à son Saint-Esprit, préconisée par saint Jean
et saint Paul, aboutissant à l'abnégation personnelle complète,
au don de soi à Jésus pour son amour, pour la gloire de son Père,
pour le salut des hommes, et le plus sûr moyen de notre propre
sanctification. Oui, vraiment, « la dévotion au Sacré-Coeur fait
du coeur chrétien le Coeur de Jésus » (Bainvel), à Paray-le-
Monial et chez les eudistes. « La dévotion au Sacré-Coeur, c'est
une formule admirable de vie chrétienne et parfaite, toute à
Jésus, toute en Jésus, toute de Jésus ; c'est l'amour de Jésus
envahissant l'âme avec toutes ses pensées, toutes ses affections,
tous ses actes ; de façon que ce ne soit plus nous qui vivions,
mais Jésus-Christ qui vive en nous. » (Bainvel)
Comprenant que c'est surtout par la communion eucharis-
tique que le Coeur de Jésus peut transformer le nôtre, le Père
Eudes avait ajouté à la prière Anima Christi, recommandée par
saint Ignace pour l'action de grâces : Cor Jesu purifica me,
illumina me, accende me. « En disant ces mots, conseille-t-il,
donnez votre coeur au Divin Coeur de Jésus, qui est dans votre
poitrine, afin qu'il y établisse sa vie et son règne pour jamais. »
Le commentaire qui suit dans le Coeur admirable (VI, p. 110-
116) est le résumé le plus limpide qu'on puisse faire de la thèse
largement exposée dans le premier ouvrage du Bx : Vie et Royaume
de Jésus dans les âmes chrétiennes. Citons seulement cette finale :
« Vous n'êtes qu'un avec ce même Jésus, comme les membres
ne sont qu'un avec leur chef ; et, par conséquent, vous ne devez
avoir qu'un même esprit, une même âme, une même vie, une
même volonté, un même sentiment, un même coeur tant corporel
que spirituel avec Lui ; et Lui-même doit être votre esprit, votre
coeur, votre amour, votre vie, votre tout. »
La dévotion au Sacré-Coeur préconisée par l'apôtre normand,
au déclin de son âge, fut donc bien l'épanouissement de la spiri-
tualité qu'il prêchait dès le début de sa carrière. Son dernier
traité, réplique du premier, pourrait être intitulé : Vie et règne
du Coeur de Jésus dans les coeurs chrétiens, spécialement dans
le T. S. Coeur de la B. V. Marie.
Il faut prévenir une objection, avant de finir. Le culte
eudistique ne comporte pas, comme la dévotion parodienne,
l'amende honorable au S. Sacrement. Sans nous attarder à
