Pages du R. P. Huby 155
Croix : ô Mains ! sacrées Mains, divines Mains, Mains si libérales et si
bienfaisantes, je vous embrasse, je vous baise, et je vous adore de tout
mon coeur.
C'est donc vous aussi, ô Pieds adorables ! qui avez tant marchez
tout nuds pour moi, qui avez tant fait de pas et de voyages pour moi,
que je vois attachez et clouez à ce bois ; je fléchis les genoux, et tout
moi-même devant vous, et avec vôtre permission je vous embrasse, ,
je vous baise, et je désire de vous embrasser et de vous baiser, avec le
même coeur et le même amour que le fit Sainte Magdelaine.
C'est donc vous enfin, ô Coeur sacré de mon Jesus ! en qui sont
renfermez tous les trésors de la Divinité, et qui avez eu tant d'amour
pour moi ; c'est donc vous, que je vois percé à jour et verser jusqu'à
la dernière goutte de vôtre Sang pour moi ; je vous adore avec tous
les bons coeurs du Ciel, de ce monde, et du Purgatoire, que vous avez
remplis de vôtre amour.
O mon Jésus, que par cette playe de vôtre côté, et par ma bouche,
vôtre coeur vienne dans moi, ou que le mien aille dans vous, pour être
tout transformé en vous.
O Coeur ! ô Coeur ! source adorable de tout l'amour qui a purifié
et sanctifié tant de coeurs, purifiez et sanctifiez aussi le mien, afin
que je sois tout amour pour vous, comme vous avez été et comme
vous êtes tout pour moi.
Mais, mon Jesus, pourquoi et par qui avez vous été traité de la
sorte ? Qui vous a pendu à cette potence ?
Helas ! ce n'ont pas été les Turcs ni les Barbares, ce n'ont pas
même été les Juifs seuls, qui donc, mon Sauveur, qui ? Ah ! quelle
horrible, mais véritable réponse ; c'est moi, oui. c'est moi-même,
qui vous ay craché au visage, qu» vous ay arraché la barbe et les
cheveux, qui vous ay déchiré de coups, qui vous ay couronné d'épines,
qui dans votre soif extrême vous ay abreuv'é de fiel et de vinaigre,
qui vous ay ouvert les pieds, les mains et le côté ; c'est moi qui ay été
vôtre meurtrier et vôtre bourreau; je l'avoue, mon Sauveur, je le
confesse à la vue du Ciel et de la Terre, à vôtre gloire et à ma confusion.
Mais.'ô mon Jesus, puisqu'après tant de cruautez que j'ay exer-
cées sur vôtre divine Personne, vous me conservez encore en vie, et
vous me présentez vos grâces : ah ! je les reçois de tout mon coeur,
et je vous proteste que je ne serai plus jamais vôtre meurtrier ni
vôtre bourreau, en commettant de nouveaux péchez ; je vous proteste
que je ne serai plus comme j'ai été, plus dur, et plus insensible que les
rochers, qui se fendirent, et témoignèrent par là leur ressentiment
de vôtre mort.
Moi, par qui, et pour qui, vous avez tant pâti, je ne vous compa-
tirois pas ? ah ! je voudrois. ramasser dans mon coeur toutes les com-
passions les plus tendres, qui ont jamais navré les coeurs de tous ceux
qui ont eu plus- de tendresse, plus d'amour, et plus de compassion
pour vous, afin de les employer toutes à vous compatir dans vos
souffrances. ' ■ ■ ■ ' .
Saint Jean, Sainte Magdelaine, chérs Amans et Amantes de Jesus,
mais sur tout vous, ô Sainte Vierge, faites couler dans mon coeur,
non pas une goutte ; mais toute la douleur qui n'est plus de saison
pour le Ciel, faites couler toute la douleur dont vous fûtes pénétrée,
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