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318 LA SCIENCE SOCIALE.
Au point de vue social aussi, parce que ces gens du Tarn, pres-
que tous nés à Carmaux, ou dans les communes environnantes,
mariés et fixés dans le pays, mineurs de père en fils, ne sont
nullement disposés à chercher du travail en dehors de leur voi-
sinage immédiat. Ils n'ont pas, comme la plupart des ouvriers
américains, traversé l'Atlantique pour trouver de l'ouvrage ; ils
ne sont ni aventureux, ni très débrouillés; en pratique, ils sont
attachés à la mine.
L'entente entre la Compagnie et les ouvriers est donc une
nécessité plus pressante encore à Carmaux qu'à Homestead. Quand
il y a désaccord, la crise est plus grave.
Ce qui est tout à fait étrange dans la grève de Carmaux, c'est
que cette crise, si redoutable à la fois pour les deux parties en
présence, ait éclaté à l'occasion d'un intérêt étranger, ou à peu
près étranger, au contrat de louage d'ouvrage qui lie les deux
parties. Les patrons et les ouvriers étaient d'accord sur les sa-
laires, sur les heures de travail, et même sur le règlement inté-t
rieur de la mine, rédigé au mois de mars à la suite d'un arbi-
trage ; il n'y a qu'une question qui les ait divisés : « la question
Calvignac ».
M. Calvignac, secrétaire de la Chambre syndicale des mineurs
et maire de Carmaux, serait-il nominalement réintégré dans sa
situation d'ouvrier, situation qu'il promettait d'abandonner
volontairement dès le lendemain, ou bien son renvoi serait-il
maintenu par la Compagnie? Tel était l'objet du désaccord.
Ainsi posée, — et elle est exactement posée, — la question sem-
ble puérile; mais quand on réfléchit que 2.800 ouvriers se sont
privés de leurs moyens d'existence pour triompher sur ce point;
que, d'autre part, une compagnie minière a supporté de grosses
pertes pour ne pas céder au voeu des ouvriers, on est amené à
conclure que cette question est une simple apparence et qu'elle
en cache une autre. Cette autre, c'est la question politique.
Je n'ai pas la prétention d'avoir fait cette découverte. Tous
ceux qui ont suivi dans les journaux l'affaire de Carmaux, tous
ceux même qui ont prêté une oreille plus ou moins distraite aux
propos qui s'échangent sur les événements du jour, savent cela,
Au point de vue social aussi, parce que ces gens du Tarn, pres-
que tous nés à Carmaux, ou dans les communes environnantes,
mariés et fixés dans le pays, mineurs de père en fils, ne sont
nullement disposés à chercher du travail en dehors de leur voi-
sinage immédiat. Ils n'ont pas, comme la plupart des ouvriers
américains, traversé l'Atlantique pour trouver de l'ouvrage ; ils
ne sont ni aventureux, ni très débrouillés; en pratique, ils sont
attachés à la mine.
L'entente entre la Compagnie et les ouvriers est donc une
nécessité plus pressante encore à Carmaux qu'à Homestead. Quand
il y a désaccord, la crise est plus grave.
Ce qui est tout à fait étrange dans la grève de Carmaux, c'est
que cette crise, si redoutable à la fois pour les deux parties en
présence, ait éclaté à l'occasion d'un intérêt étranger, ou à peu
près étranger, au contrat de louage d'ouvrage qui lie les deux
parties. Les patrons et les ouvriers étaient d'accord sur les sa-
laires, sur les heures de travail, et même sur le règlement inté-t
rieur de la mine, rédigé au mois de mars à la suite d'un arbi-
trage ; il n'y a qu'une question qui les ait divisés : « la question
Calvignac ».
M. Calvignac, secrétaire de la Chambre syndicale des mineurs
et maire de Carmaux, serait-il nominalement réintégré dans sa
situation d'ouvrier, situation qu'il promettait d'abandonner
volontairement dès le lendemain, ou bien son renvoi serait-il
maintenu par la Compagnie? Tel était l'objet du désaccord.
Ainsi posée, — et elle est exactement posée, — la question sem-
ble puérile; mais quand on réfléchit que 2.800 ouvriers se sont
privés de leurs moyens d'existence pour triompher sur ce point;
que, d'autre part, une compagnie minière a supporté de grosses
pertes pour ne pas céder au voeu des ouvriers, on est amené à
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ceux qui ont suivi dans les journaux l'affaire de Carmaux, tous
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