Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-08-23
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 23 août 1913 23 août 1913
Description : 1913/08/23 (A53,N34). 1913/08/23 (A53,N34).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5472452m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
LE MONDE ARTISTE
Mme CÉCILE CHAMINADE
La plus célèbre actuellement, depuis qu'Augusta
Holmès n'est plus, des femmes musiciennes fran-
çaises. Ses productions sont innombrables et con-
nues dans le monde entier, en Angleterre et en
Amérique surtout, où son nom est entouré d'une
véritable auréole. Son talent, qui est bien d'une
femme, se caractérise par une grâce infinie et un
charme indiscutable. Le ruban de la Légion d'hon-
neur s'épanouira à merveille sur son corsage à son
gré ou à sa ceinture, comme une fleur.
M. L.
La Semaine Théâtrale
Comédie-Française. — Yvonic, pièce en trois actes,
en vers, de M. Paul Ferrier et de Mlle Jeanne Paul-
Ferrier. (Première représentation le mercredi 20 août).
En échange d'un Faust, dont, à tort ou à
raison, la représentation lui avait alors paru
trop coûteuse, le sévère Comité de lecture
de la Comédie-Française s'était empressé
de recevoir une pièce en trois actes, infiniment plus
facile à monter, qui était bien — patience : ce n'est
pas fini! — le 134e ouvrage de M. Paul Ferrier : ce
chiffre seul me dispense... Et M. Paul Ferrier ayant
gentiment, et malicieusement, consenti à être joué
pendant l'été — alors que le théâtre n'était même
pas chez lui — nous avons eu, cette semaine, à
l'Opéra-Comique, la première d'Yvonic. Exil tout
momentané, du reste : le très grand succès d'émotion
qu'a obtenu la pièce nouvelle lui vaudra l'insigne
honneur d'être prochainement introduite au glo-
rieux répertoire de la Comédie-Française, où, si
jeune, M. Paul Ferrier « débutait » autrefois par la
Revanche d'Iris, avec son ami Coquelin.
Vous n'avez certes pas oublié le drame célèbre de
la Closerie des Genêts, et vous savez comment Louise,
la fille de Kérouan, un chouan de la vieille roche,
séduite par Georges, fils du général comte d'Estèves,
donne secrètement le jour à un enfant, que Lucile
d'Estèves, soeur de lait de Louise, confie à une nour-
rice qui habite la Closerie des Genêts. Trompé par
les apparences, le général s'imagine que Lucile a
été séduite par le marquis de Montéclain ; il fait
venir sa fille pour l'interroger en présence de
Kérouan ; la pauvre Lucile ne répond rien, car ce
serait dénoncer Louise, et l'austère Kérouan ne par-
donnerait pas à sa fille de l'avoir déshonoré. Le
général va demander au marquis de Montéclain
une réparation par les armes, quand il acquiert la
preuve certaine que non seulement sa fille est inno-
cente, mais qu'elle vient d'accomplir, en se laissant
accuser pour sauver une amie, un acte de sublime
dévouement. Yvonic n'a pas laissé de nous rappeler
la Closerie des Genêts, et dans l'Yvonne de M. Paul
Ferrier, assumant héroïquement la faute de sa
mère, nous avons retrouvé la courageuse Lucile de
Frédéric Soulié.
Les trois actes de la pièce actuelle se déroulent,
en un monde de pêcheurs bretons, dans un même
décor qui est proprement celui du Flibustier. Le
patron Kerhostin et son fils Joël sont partis —
Dieu sait quand ils reviendront ! — pour les bancs
de Terre-Neuve, et pendant ce temps, Rose, l'épouse,
s'en est laissé conter, comme on dit, par un Don
Juan de village. Le séducteur s'est enfui : un enfant
est resté, qu'on a confié à une parente. Celle-ci
étant mal à propos décédée, voilà qu'on ramène à
la mère coupable l'enfant de l'amour. Qu'en fera-
t-elle, hélas! alors qu'on annonce le retour imprévu
du patron? Avant de mourir — car elle succombe
sous le poids de tant de douloureuses menaces —
elle fait à sa fille Yvonne le cruel aveu et obtient
d'elle le solennel serment que jamais Kerhostin ne
saura « ce qui est ». Ai-je besoin de vous apprendre
qu'au risque d'essuyer le mépris de tous, la pieuse
Yvonne sauvera noblement la mémoire de sa mère
en prenant à son compte la faute et l'enfant? Si
nous ajoutons à cela que la pauvre Yvonne est la
candide fiancée d'Yan, marin de la flotte, vous
vous doutez de son angoisse quand elle reverra son
« promis » et de la force d'âme qu'il lui faudra dé-
ployer pour ne pas lui crier la vérité. Mais cette
vérité qu'elle lui cache si bravement, Yan la devi-
nera au mouvement de révolte contre ce frère inat-
tendu qui lui arrache le bonheur et la paix de toute
sa vie, il comprend que ce n'est pas là le cri d'une
mère. Il a retrouvé sa promise, et heureux de la
prendre pour femme, il l'emmène, sous le coup de
la malédiction du père qui s'adresse aux deux
amants. Alors, resté seul, Kerhostin invoque l'es-
prit de la morte et la prie de bénir du haut du ciel
ses enfants égarés. Si M. Paul Mounet, s'évadant
de son type cornélien, avait un peu plus « mouillé »
ses dernières paroles, peut-être eût-on compris
qu'il y avait en ce suprême voeu l'espoir d'un par-
don à venir...
Etait-ce parce qu'Yvonic se donnait à l'Opéra-Co-
mique?... Le troisième acte ne cessa d'être accom-
pagné d'une véritable partition de musique : la
symphonie des mouchoirs... On a beaucoup pleuré :
le public, le vrai public, ne pouvait réserver un
plus chaleureux accueil à l'habile et savant auteur,
au bon poète qu'est M. Paul Ferrier. Nous avons
tous salué avec un véritable plaisir la rentrée en
scène de cet homme d'esprit, dont la plume se
meut à l'aise dans les intrigues de comédies dra-
matiques et légères — non sans faire une juste part
de ce beau succès à Mlle Paul-Ferrier, qui déjà
signa avec son père la Cornette à l'Athénée.
Interprétation tout à fait digne de la Comédie-
Française — de notre très chère Comédie-Française,
en dépit des mordants paradoxes du spirituel Georges
de Porto-Riche, qui, crânement, en demande la
disparition. Mlle Renée du Minil a rendu avec la
touchante sobriété qui convenait la mort de la mère
coupable. Et le personnage de sa fille Yvonne a été
composé avec autant de vérité pittoresque que de
sincérité émue par Mme Lara; elle fut de toute ma-
nière l'héroïne de la soirée. Ah! si seulement elle
avait bien voulu s'abstenir « de patoiser »! A quoi
bon, puisque tous les autres interprètes de la pièce
parlent, sans le moindre accent de terroir, comme
vous et moi?... M. Paul Mounet, rude, et bon quand
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Mme CÉCILE CHAMINADE
La plus célèbre actuellement, depuis qu'Augusta
Holmès n'est plus, des femmes musiciennes fran-
çaises. Ses productions sont innombrables et con-
nues dans le monde entier, en Angleterre et en
Amérique surtout, où son nom est entouré d'une
véritable auréole. Son talent, qui est bien d'une
femme, se caractérise par une grâce infinie et un
charme indiscutable. Le ruban de la Légion d'hon-
neur s'épanouira à merveille sur son corsage à son
gré ou à sa ceinture, comme une fleur.
M. L.
La Semaine Théâtrale
Comédie-Française. — Yvonic, pièce en trois actes,
en vers, de M. Paul Ferrier et de Mlle Jeanne Paul-
Ferrier. (Première représentation le mercredi 20 août).
En échange d'un Faust, dont, à tort ou à
raison, la représentation lui avait alors paru
trop coûteuse, le sévère Comité de lecture
de la Comédie-Française s'était empressé
de recevoir une pièce en trois actes, infiniment plus
facile à monter, qui était bien — patience : ce n'est
pas fini! — le 134e ouvrage de M. Paul Ferrier : ce
chiffre seul me dispense... Et M. Paul Ferrier ayant
gentiment, et malicieusement, consenti à être joué
pendant l'été — alors que le théâtre n'était même
pas chez lui — nous avons eu, cette semaine, à
l'Opéra-Comique, la première d'Yvonic. Exil tout
momentané, du reste : le très grand succès d'émotion
qu'a obtenu la pièce nouvelle lui vaudra l'insigne
honneur d'être prochainement introduite au glo-
rieux répertoire de la Comédie-Française, où, si
jeune, M. Paul Ferrier « débutait » autrefois par la
Revanche d'Iris, avec son ami Coquelin.
Vous n'avez certes pas oublié le drame célèbre de
la Closerie des Genêts, et vous savez comment Louise,
la fille de Kérouan, un chouan de la vieille roche,
séduite par Georges, fils du général comte d'Estèves,
donne secrètement le jour à un enfant, que Lucile
d'Estèves, soeur de lait de Louise, confie à une nour-
rice qui habite la Closerie des Genêts. Trompé par
les apparences, le général s'imagine que Lucile a
été séduite par le marquis de Montéclain ; il fait
venir sa fille pour l'interroger en présence de
Kérouan ; la pauvre Lucile ne répond rien, car ce
serait dénoncer Louise, et l'austère Kérouan ne par-
donnerait pas à sa fille de l'avoir déshonoré. Le
général va demander au marquis de Montéclain
une réparation par les armes, quand il acquiert la
preuve certaine que non seulement sa fille est inno-
cente, mais qu'elle vient d'accomplir, en se laissant
accuser pour sauver une amie, un acte de sublime
dévouement. Yvonic n'a pas laissé de nous rappeler
la Closerie des Genêts, et dans l'Yvonne de M. Paul
Ferrier, assumant héroïquement la faute de sa
mère, nous avons retrouvé la courageuse Lucile de
Frédéric Soulié.
Les trois actes de la pièce actuelle se déroulent,
en un monde de pêcheurs bretons, dans un même
décor qui est proprement celui du Flibustier. Le
patron Kerhostin et son fils Joël sont partis —
Dieu sait quand ils reviendront ! — pour les bancs
de Terre-Neuve, et pendant ce temps, Rose, l'épouse,
s'en est laissé conter, comme on dit, par un Don
Juan de village. Le séducteur s'est enfui : un enfant
est resté, qu'on a confié à une parente. Celle-ci
étant mal à propos décédée, voilà qu'on ramène à
la mère coupable l'enfant de l'amour. Qu'en fera-
t-elle, hélas! alors qu'on annonce le retour imprévu
du patron? Avant de mourir — car elle succombe
sous le poids de tant de douloureuses menaces —
elle fait à sa fille Yvonne le cruel aveu et obtient
d'elle le solennel serment que jamais Kerhostin ne
saura « ce qui est ». Ai-je besoin de vous apprendre
qu'au risque d'essuyer le mépris de tous, la pieuse
Yvonne sauvera noblement la mémoire de sa mère
en prenant à son compte la faute et l'enfant? Si
nous ajoutons à cela que la pauvre Yvonne est la
candide fiancée d'Yan, marin de la flotte, vous
vous doutez de son angoisse quand elle reverra son
« promis » et de la force d'âme qu'il lui faudra dé-
ployer pour ne pas lui crier la vérité. Mais cette
vérité qu'elle lui cache si bravement, Yan la devi-
nera au mouvement de révolte contre ce frère inat-
tendu qui lui arrache le bonheur et la paix de toute
sa vie, il comprend que ce n'est pas là le cri d'une
mère. Il a retrouvé sa promise, et heureux de la
prendre pour femme, il l'emmène, sous le coup de
la malédiction du père qui s'adresse aux deux
amants. Alors, resté seul, Kerhostin invoque l'es-
prit de la morte et la prie de bénir du haut du ciel
ses enfants égarés. Si M. Paul Mounet, s'évadant
de son type cornélien, avait un peu plus « mouillé »
ses dernières paroles, peut-être eût-on compris
qu'il y avait en ce suprême voeu l'espoir d'un par-
don à venir...
Etait-ce parce qu'Yvonic se donnait à l'Opéra-Co-
mique?... Le troisième acte ne cessa d'être accom-
pagné d'une véritable partition de musique : la
symphonie des mouchoirs... On a beaucoup pleuré :
le public, le vrai public, ne pouvait réserver un
plus chaleureux accueil à l'habile et savant auteur,
au bon poète qu'est M. Paul Ferrier. Nous avons
tous salué avec un véritable plaisir la rentrée en
scène de cet homme d'esprit, dont la plume se
meut à l'aise dans les intrigues de comédies dra-
matiques et légères — non sans faire une juste part
de ce beau succès à Mlle Paul-Ferrier, qui déjà
signa avec son père la Cornette à l'Athénée.
Interprétation tout à fait digne de la Comédie-
Française — de notre très chère Comédie-Française,
en dépit des mordants paradoxes du spirituel Georges
de Porto-Riche, qui, crânement, en demande la
disparition. Mlle Renée du Minil a rendu avec la
touchante sobriété qui convenait la mort de la mère
coupable. Et le personnage de sa fille Yvonne a été
composé avec autant de vérité pittoresque que de
sincérité émue par Mme Lara; elle fut de toute ma-
nière l'héroïne de la soirée. Ah! si seulement elle
avait bien voulu s'abstenir « de patoiser »! A quoi
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parlent, sans le moindre accent de terroir, comme
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