38 ÉTUDE SUR L'iIISTOIUK OKS ALLEUX EN FRANCE
féodale « la fusion de la souveraineté et de la propriété (1) ».
Souveraineté et propriété s'étaient sans doute morcelées l'une
et l'autre ; mais elles ne s'étaient pas morcelées autant l'une
que l'autre. Il y avait beaucoup plus de seigneurs féodaux quo
de seigneurs justiciers. C'est là un fait qui ressort avec évi-
dence des textes, et qui d'ailleurs est en quelque sorte évident
a priori; car il découle de la nature môme des choses (2). Dès
la fin du xm° siècle, les Établissements dits de saint Louis met-
tent bien en relief la distinction du flef et de la justice, en pré-
voyant l'hypothèse très remarquable d'un seigneur qui tient
en flef de deux suzerains différents sa terre et sa justice
{voirie) (3).
9. ALLEUX SOUVERAINS; ALLEUX JUSTICIERS; ALLEUX SIMPLES.
— Il résulte de ce qui précède qu'il est nécessaire de faire,
dès les premiers temps de la féodalité, une importante distinc-
tion parmi les alleux. Tout bien considéré, ils doivent ôtre
être divisés en trois catégories.
Certains d'entre eux en effet n'étaient pas seulement exempts
des redevances et des autres charges féodales; ils étaient en-
(1) Guizot, Nist. delà civil, en France, 9* éd., Paris, Didier, 1864,
in-12, t. III, p.. 84 et suiv.
(2) Le fief et' la justice n'ont pu se trouver constamment unis quo dans
les pays où les fiefs ne se sont pas trop subdivisés, par exemple On
Normandie, où précisément le principe de l'indivisibilité du flef eut
une vitalité'particulière. On lit dans le Grand Coutumierde Normandie t
« Une jurisdiction est fleffaie, et l'autre est baillée j la fleffale est colle
qu'aulcun a par raison de son flef. »EnBeauvoisls,au xm» siècle, la con-
nexion constante existait encore dans le comté de GlermonM Tout cil qui
tiennent en fief» en le comté de Glermont, ont en lor flef toute justiohe
haute et basse, etc.. » (Beaumanoir, X, 2 ; édit. Beugnot, 1.1, p. 180.)
— La même règle paraît avoir été admise aussi dans les coutumes du
Maine et de l'Anjou. (Maine, art. 71 Anjou, art. 4 ) — Pocquet de Livo-
nlère, Règles du Droit françaistllv. II, tit. V, ch. r, réglés i et 3.) Mais ce
sont des exceptions. Dans les autres régions, il fallait que le fief eût
quelque importance pour que le seigneur fût en môme temps justicier;
Gfr. Hervé, ibid;, p. 170-171.
(3) Établies, de saint Louis, I, 118: «... Et en oeste meniere fet l'en
bien d'un fié II hommages: à l'un dou fié de la terre, et a l'autre dou
fié de la vaarie. » (Edit» Viollet, t, il, p. 207.)
féodale « la fusion de la souveraineté et de la propriété (1) ».
Souveraineté et propriété s'étaient sans doute morcelées l'une
et l'autre ; mais elles ne s'étaient pas morcelées autant l'une
que l'autre. Il y avait beaucoup plus de seigneurs féodaux quo
de seigneurs justiciers. C'est là un fait qui ressort avec évi-
dence des textes, et qui d'ailleurs est en quelque sorte évident
a priori; car il découle de la nature môme des choses (2). Dès
la fin du xm° siècle, les Établissements dits de saint Louis met-
tent bien en relief la distinction du flef et de la justice, en pré-
voyant l'hypothèse très remarquable d'un seigneur qui tient
en flef de deux suzerains différents sa terre et sa justice
{voirie) (3).
9. ALLEUX SOUVERAINS; ALLEUX JUSTICIERS; ALLEUX SIMPLES.
— Il résulte de ce qui précède qu'il est nécessaire de faire,
dès les premiers temps de la féodalité, une importante distinc-
tion parmi les alleux. Tout bien considéré, ils doivent ôtre
être divisés en trois catégories.
Certains d'entre eux en effet n'étaient pas seulement exempts
des redevances et des autres charges féodales; ils étaient en-
(1) Guizot, Nist. delà civil, en France, 9* éd., Paris, Didier, 1864,
in-12, t. III, p.. 84 et suiv.
(2) Le fief et' la justice n'ont pu se trouver constamment unis quo dans
les pays où les fiefs ne se sont pas trop subdivisés, par exemple On
Normandie, où précisément le principe de l'indivisibilité du flef eut
une vitalité'particulière. On lit dans le Grand Coutumierde Normandie t
« Une jurisdiction est fleffaie, et l'autre est baillée j la fleffale est colle
qu'aulcun a par raison de son flef. »EnBeauvoisls,au xm» siècle, la con-
nexion constante existait encore dans le comté de GlermonM Tout cil qui
tiennent en fief» en le comté de Glermont, ont en lor flef toute justiohe
haute et basse, etc.. » (Beaumanoir, X, 2 ; édit. Beugnot, 1.1, p. 180.)
— La même règle paraît avoir été admise aussi dans les coutumes du
Maine et de l'Anjou. (Maine, art. 71 Anjou, art. 4 ) — Pocquet de Livo-
nlère, Règles du Droit françaistllv. II, tit. V, ch. r, réglés i et 3.) Mais ce
sont des exceptions. Dans les autres régions, il fallait que le fief eût
quelque importance pour que le seigneur fût en môme temps justicier;
Gfr. Hervé, ibid;, p. 170-171.
(3) Établies, de saint Louis, I, 118: «... Et en oeste meniere fet l'en
bien d'un fié II hommages: à l'un dou fié de la terre, et a l'autre dou
fié de la vaarie. » (Edit» Viollet, t, il, p. 207.)
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