Titre : Revue d'histoire moderne et contemporaine / Société d'histoire moderne
Auteur : Société d'histoire moderne et contemporaine (France). Auteur du texte
Éditeur : Presses universitaires de France (Paris)
Éditeur : BelinBelin (Paris)
Date d'édition : 1985-04-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344172780
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25346 Nombre total de vues : 25346
Description : 01 avril 1985 01 avril 1985
Description : 1985/04/01 (T32)-1985/06/30. 1985/04/01 (T32)-1985/06/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5458925r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-117877
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2009
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358 REVUE D'HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE
Exilés en France. Souvenirs d'antifascistes allemands émigrés (1943-1945). Intro-
duction de Gilbert BADIA. Paris, François Maspero, 1982, 331 p.
C'est le deuxième livre que Gilbert Badia consacre à un sujet négligé jus-
qu'ici: le sort des réfugiés allemands de l'hitlérisme en France. Le premier,
publié avec d'autres collaborateurs, est paru en 1979 aux Éditions universitaires
de Grenoble sous le titre Études sur l'émigration allemande et autrichienne en
France, 1938-1940. Le présent ouvrage contient douze contributions ou entretiens
avec diverses personnalités, juives ou non juives, pour la plupart des intellec-
tuels ou des artistes qui ont mangé le pain dur de l'exil. Naturellement, nous
ne pouvons pas résumer le récit de chacun d'eux mais juste signaler ce qui
nous a particulièrement frappés.
L'acteur Claude Vernier (Fritz Werner Prasuhn) nous raconte ses souvenirs
d'acteur à Paris de 1933 à 1939 et puis du temps de l'occupation nazie 1. L'historien
de l'Art, Klaus Berger, évoque ses contacts avec l'Association des Écrivains Alle-
mands et à l'Université Allemande Libre à Paris. De son récit, il ressort que
la plupart des émigrés perdirent, avec le temps, de plus en plus le contact avec
la réalité allemande. Ils vivaient trop dans le souvenir de l'Allemagne d'avant
1933 et du milieu des intellectuels de gauche qu'ils avaient fréquentés. C'est
pourquoi nombreux, parmi eux, méconnaissaient les racines profondes que le
national-socialisme prenait progressivement dans la population allemande; ils
se faisait des illusions sur la durabilité du régime.
Le Président de l'Association des Écrivains Allemands, Rudolf Leonhard,
était venu en France déjà en 1927. Marié pendant un certain temps avec une
Française, il était devenu bilingue et écrivit une partie de ses oeuvres en fran-
çais. Il avait des liens étroits avec le Parti Communiste Français (P.C.F.) et,
sous l'Occupation, prit une part active à la Résistance. Dans le livre de Gilbert
Badia, il raconte avec beaucoup d'humour et d'esprit comment il s'évada en
1942, en compagnie d'un jeune Tchèque, de la prison de Castres. Il réussit à
berner la police de Vichy. Peter Gingold, lui aussi communiste d'origine juive,
nous donne un récit analogue : comment il parvint, grâce à sa connaissance des
immeubles parisiens, à s'échapper des mains de la Gestapo qui le détenait déjà.
Par la suite, il connut des aventures dangereuses comme militaire lors des
campagnes d'Allemagne et d'Italie en 1944-1945.
Toutefois, les contributions les plus intéressantes nous paraissent être celles
de Henry Jacoby, de Dora Schaul et de Lotte Eisner, tous les trois Juifs berli-
nois portés vers la Gauche. Le premier est un psychologue de profession, adepte
d'Alfred Adler. Ce dernier, disciple de Sigmund Freud, on le sait, fonda par
la suite sa propre école, rationaliste et orientée vers le socialisme. Jacoby y
fut initié par Manès Sperber et Otto Ruehle, un ancien député social-démocrate,
qui fut le deuxième, après Karl Liebknecht, à voter au Reichstag contre les
crédits de guerre dès 1915. Comme pédagogue, Ruehle s'efforça de compléter
le marxisme par la doctrine psychologique d'Adler Jacoby qui fut dès sa jeunesse
anti-militariste. Encore à Berlin, il avait été membre d'un mouvement commu-
niste dissident qui entra en conflit avec la direction du Parti. Ces querelles, il
devait les retrouver par la suite dans l'exil à Paris. Ainsi, il rompit avec Sperber
(lequel devait par la suite attaquer d'une manière particulièrement fanatique et
intolérante toute forme de communisme) lorsqu'il refusa de prendre la défense
de Staline lors des grands procès de Moscou. Plus intéressant est le contact
de Jacoby avec l'école sociologique de Francfort qui elle aussi s'efforçait de
faire la synthèse entre le marxisme et la psycho-analyse. Cette école était dirigée
par Theodor Adorno, Herbert Markuse et Max Horkheimer. A ce dernier, qui
avait immigré à New York, Jacoby adressa un article sur l'esprit de notre temps
et reçut une réponse très flatteuse. Ces contacts lui permirent, en 1941, de gagner
1. Les souvenirs de Claude Vernier ont été publiés sous le titre : Tendre exil. Souvenirs
d'un réfugié antinazi en France, Paris, La Découverte/Maspero, coll. « Actes et mémoires
du peuple », 1983, 188 p.
Exilés en France. Souvenirs d'antifascistes allemands émigrés (1943-1945). Intro-
duction de Gilbert BADIA. Paris, François Maspero, 1982, 331 p.
C'est le deuxième livre que Gilbert Badia consacre à un sujet négligé jus-
qu'ici: le sort des réfugiés allemands de l'hitlérisme en France. Le premier,
publié avec d'autres collaborateurs, est paru en 1979 aux Éditions universitaires
de Grenoble sous le titre Études sur l'émigration allemande et autrichienne en
France, 1938-1940. Le présent ouvrage contient douze contributions ou entretiens
avec diverses personnalités, juives ou non juives, pour la plupart des intellec-
tuels ou des artistes qui ont mangé le pain dur de l'exil. Naturellement, nous
ne pouvons pas résumer le récit de chacun d'eux mais juste signaler ce qui
nous a particulièrement frappés.
L'acteur Claude Vernier (Fritz Werner Prasuhn) nous raconte ses souvenirs
d'acteur à Paris de 1933 à 1939 et puis du temps de l'occupation nazie 1. L'historien
de l'Art, Klaus Berger, évoque ses contacts avec l'Association des Écrivains Alle-
mands et à l'Université Allemande Libre à Paris. De son récit, il ressort que
la plupart des émigrés perdirent, avec le temps, de plus en plus le contact avec
la réalité allemande. Ils vivaient trop dans le souvenir de l'Allemagne d'avant
1933 et du milieu des intellectuels de gauche qu'ils avaient fréquentés. C'est
pourquoi nombreux, parmi eux, méconnaissaient les racines profondes que le
national-socialisme prenait progressivement dans la population allemande; ils
se faisait des illusions sur la durabilité du régime.
Le Président de l'Association des Écrivains Allemands, Rudolf Leonhard,
était venu en France déjà en 1927. Marié pendant un certain temps avec une
Française, il était devenu bilingue et écrivit une partie de ses oeuvres en fran-
çais. Il avait des liens étroits avec le Parti Communiste Français (P.C.F.) et,
sous l'Occupation, prit une part active à la Résistance. Dans le livre de Gilbert
Badia, il raconte avec beaucoup d'humour et d'esprit comment il s'évada en
1942, en compagnie d'un jeune Tchèque, de la prison de Castres. Il réussit à
berner la police de Vichy. Peter Gingold, lui aussi communiste d'origine juive,
nous donne un récit analogue : comment il parvint, grâce à sa connaissance des
immeubles parisiens, à s'échapper des mains de la Gestapo qui le détenait déjà.
Par la suite, il connut des aventures dangereuses comme militaire lors des
campagnes d'Allemagne et d'Italie en 1944-1945.
Toutefois, les contributions les plus intéressantes nous paraissent être celles
de Henry Jacoby, de Dora Schaul et de Lotte Eisner, tous les trois Juifs berli-
nois portés vers la Gauche. Le premier est un psychologue de profession, adepte
d'Alfred Adler. Ce dernier, disciple de Sigmund Freud, on le sait, fonda par
la suite sa propre école, rationaliste et orientée vers le socialisme. Jacoby y
fut initié par Manès Sperber et Otto Ruehle, un ancien député social-démocrate,
qui fut le deuxième, après Karl Liebknecht, à voter au Reichstag contre les
crédits de guerre dès 1915. Comme pédagogue, Ruehle s'efforça de compléter
le marxisme par la doctrine psychologique d'Adler Jacoby qui fut dès sa jeunesse
anti-militariste. Encore à Berlin, il avait été membre d'un mouvement commu-
niste dissident qui entra en conflit avec la direction du Parti. Ces querelles, il
devait les retrouver par la suite dans l'exil à Paris. Ainsi, il rompit avec Sperber
(lequel devait par la suite attaquer d'une manière particulièrement fanatique et
intolérante toute forme de communisme) lorsqu'il refusa de prendre la défense
de Staline lors des grands procès de Moscou. Plus intéressant est le contact
de Jacoby avec l'école sociologique de Francfort qui elle aussi s'efforçait de
faire la synthèse entre le marxisme et la psycho-analyse. Cette école était dirigée
par Theodor Adorno, Herbert Markuse et Max Horkheimer. A ce dernier, qui
avait immigré à New York, Jacoby adressa un article sur l'esprit de notre temps
et reçut une réponse très flatteuse. Ces contacts lui permirent, en 1941, de gagner
1. Les souvenirs de Claude Vernier ont été publiés sous le titre : Tendre exil. Souvenirs
d'un réfugié antinazi en France, Paris, La Découverte/Maspero, coll. « Actes et mémoires
du peuple », 1983, 188 p.
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