Presse et revues
8 pages
Titre : La Rue : Paris pittoresque et populaire / rédacteur en chef Jules Vallès ; directeur Daniel Lévy
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-07-06
Contributeur : Vallès, Jules (1832-1885). Directeur de publication
Contributeur : Lévy, Daniel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32863356f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 258 Nombre total de vues : 258
Description : 06 juillet 1867 06 juillet 1867
Description : 1867/07/06 (A1,N6). 1867/07/06 (A1,N6).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54581554
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-3093
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
Première année. — N° 6.
*
20 CENTIMES
6 Juillet 4867.
SOMÏÎAIRE :
Rossini, par PIEKIIK COLIN;
A Napoléon III et à son vaillant peuple (Rossini),
par H. Y.
Notes de prison, par A. RANC;
Caboulots anglais à l'Exposition, pur PAUL MAUALIN;
Correspondance, par J. S.
Le Sultan, par FORTUNÉ CALMELS.
Le Pavé, par X. X. X.
En lètcilc laitue, devait paraître, aujourd'hui, une lettre signi-
ficative el curieuse à plus d'un titre, de notre collaborateur et
de mon vieil ami Arthur Arnould, qui a dû quitter la réduction du
Pai'is-M
M. Adrien Marx a cru se reconnaître dans le portrait. Il a
adressé à eo sujet, au Ffgaro, une note; dans laquelle il nous
menace d'un procès eu police correctionnelle.
Devant une pareille attitude, la /lue est obligée de garder le
silence, et nous ne pouvons manifester d'aucune lagon —
jusqu'à nouvel ordre, — les sentiments que cette conduite nous
inspire.
Pauvre, pauvre garçon !
Jri.Es VALLÈS.
DEMANDEZ : DEMANDEZ:
IX GRAND
ÊREINTEMENT DU CYGNE DE PESARO
Les encensoirs sont tirés de leur serge verte : la pastille du
sérail fume et pue.
Hossini vient de faire un HYMNE A LA PAIX!
Nous le croyions, pourtant, confiné quelque; part, loin de notre
vie actuelle, dans sa graisse et son macaroni:
Mais non ! ce rat pansu sort encore une fois de son Par-
mesan.
Décidément, il n'y a donc plus une seule goutte de sang dans
les veines de nos croque-no les indigènes, pour qu'il'faille, recou-
rir à cet Italien bouffi !
Bien entendu, l'entant symphonique du Jupiter édenté de la
double-croclic a été accueilli ùgenoux; et les enfants de clueur,
les sacristains de la chapelle Hossini, les dames du Sacré-Coeur
de Hossini, gloussent, les yeux tournés au blanc, des hossanahs
épilcptiques en l'honneur du nouveau-né.
Il est temps que cette comédie ait un terme, pourtant ! —Tout
n'est que comédie dans son histoire !
Comme les vieilles coquettes rangent avec amour, pour les ex-
hiber aux occasions solennelles, leurs fausses dents, leurs faux
cheveux, leurs fausses perles, leurs faux sourires, ainsi Rossini
note scrupuleusement les brimborions de mélodie que transmet
à la plume sa cervelle épuisée. Quand le silence s'est fait un mois
autour de ses gestes, il exhume du casier une petite phrase éti-
que, le Citant des Titans, par exemple : ce four incomparable
pour la perpétration duquel on avait aggloméréutoutes les basses
possibles et impossibles et réalisé des prodiges de mise en scène !
— et il jette ce chant de grillon aux quatre coins de la pu-
blicité, et les trompettes sonnent! et il ricane dans son coin!
Cela se passe ainsi depuis vingt ans !
Mais, vous ne voyez donc pas, journalistes que vous êtes, qu'il
se moque de vous, votre Dieu !
Drôle d'idole ! — L'avez-vous vu?
11 est coiffé d'une perruque d'un noir de cirage soigneusement
contournée et pommadée, le gazon du vieux garçon qui ne veut
pas vieillir; le front bas et étroit est insignifiant et mesquin, les
yeux surtout, à fleur de paupières, éclatent de vanité bouillon-
nante, d'égoïsme inquiet et de finesse mstunde. Un nez droit et
pincé, le nez d'un fureteur d'affaires véreuses, et la bouche en
cul de poule du courtisan sont encadrés par les crevasses de
deux longues rides qui coupent verticalement la chair boursouf-
llée et jaunâtre du visage, ravines turbulentes dans lesquelles se
tapisscntlagouaillerie de commande, la sécheresse d'intelligence,
le terre à terre du bourgeois égoïste et avare...
Dans la rue, il semble ordonner le salut. 11 a des mines et des
poses étudiées de longue date pour commander l'attention. Je
suis sûr qu'il payerait cher le droit de porter en public une au-
réole de papier doré.
Chez lui? ah! chez lui, c'est autre chose!
Ils sont là, quêtant un sourire, mendiant un regard, tirant la
manche du lama, fiévreux, agités, jaloux, un tas de néophytes
qui se disputent le rôle de porle-coton ! On voit dans cette mai-
son ù antichambre fixe, de petits pianistes des trois sexes qui es-
suient, ùl'envi, avec-leurs fronts, les crachats du maître. On ren-
contre là des professeurs du Conservatoire, d'anciens poussifs des
Italiens, des cantatrices obèses ou émaciées, des débutants ou
débutantes recommandées, des princesses, des amateurs titrés,
des feuilletonistes, des artistes de tout acabit, des obscurités et
des étoiles qui se disputent, comme les chiffonniers, les morceaux
du mouchoir sur lequel l'invalide de Pcsaro a laissé tomber sa
dernière et céleste roupie !
C'est funèbre!
Et fantasque, et capricieux, et exigeant, cet hermaphrodite ! Au
moindre repos dans l'enthousiasme, le parasite est cassé aux ga-
ges, l'ami d'hier est chassé comme une femme de chambre vo-
leuse, si quelque nouveau venu lance une note plus sonore d'a-
doration.
*
20 CENTIMES
6 Juillet 4867.
SOMÏÎAIRE :
Rossini, par PIEKIIK COLIN;
A Napoléon III et à son vaillant peuple (Rossini),
par H. Y.
Notes de prison, par A. RANC;
Caboulots anglais à l'Exposition, pur PAUL MAUALIN;
Correspondance, par J. S.
Le Sultan, par FORTUNÉ CALMELS.
Le Pavé, par X. X. X.
En lètcilc laitue, devait paraître, aujourd'hui, une lettre signi-
ficative el curieuse à plus d'un titre, de notre collaborateur et
de mon vieil ami Arthur Arnould, qui a dû quitter la réduction du
Pai'is-M
M. Adrien Marx a cru se reconnaître dans le portrait. Il a
adressé à eo sujet, au Ffgaro, une note; dans laquelle il nous
menace d'un procès eu police correctionnelle.
Devant une pareille attitude, la /lue est obligée de garder le
silence, et nous ne pouvons manifester d'aucune lagon —
jusqu'à nouvel ordre, — les sentiments que cette conduite nous
inspire.
Pauvre, pauvre garçon !
Jri.Es VALLÈS.
DEMANDEZ : DEMANDEZ:
IX GRAND
ÊREINTEMENT DU CYGNE DE PESARO
Les encensoirs sont tirés de leur serge verte : la pastille du
sérail fume et pue.
Hossini vient de faire un HYMNE A LA PAIX!
Nous le croyions, pourtant, confiné quelque; part, loin de notre
vie actuelle, dans sa graisse et son macaroni:
Mais non ! ce rat pansu sort encore une fois de son Par-
mesan.
Décidément, il n'y a donc plus une seule goutte de sang dans
les veines de nos croque-no les indigènes, pour qu'il'faille, recou-
rir à cet Italien bouffi !
Bien entendu, l'entant symphonique du Jupiter édenté de la
double-croclic a été accueilli ùgenoux; et les enfants de clueur,
les sacristains de la chapelle Hossini, les dames du Sacré-Coeur
de Hossini, gloussent, les yeux tournés au blanc, des hossanahs
épilcptiques en l'honneur du nouveau-né.
Il est temps que cette comédie ait un terme, pourtant ! —Tout
n'est que comédie dans son histoire !
Comme les vieilles coquettes rangent avec amour, pour les ex-
hiber aux occasions solennelles, leurs fausses dents, leurs faux
cheveux, leurs fausses perles, leurs faux sourires, ainsi Rossini
note scrupuleusement les brimborions de mélodie que transmet
à la plume sa cervelle épuisée. Quand le silence s'est fait un mois
autour de ses gestes, il exhume du casier une petite phrase éti-
que, le Citant des Titans, par exemple : ce four incomparable
pour la perpétration duquel on avait aggloméréutoutes les basses
possibles et impossibles et réalisé des prodiges de mise en scène !
— et il jette ce chant de grillon aux quatre coins de la pu-
blicité, et les trompettes sonnent! et il ricane dans son coin!
Cela se passe ainsi depuis vingt ans !
Mais, vous ne voyez donc pas, journalistes que vous êtes, qu'il
se moque de vous, votre Dieu !
Drôle d'idole ! — L'avez-vous vu?
11 est coiffé d'une perruque d'un noir de cirage soigneusement
contournée et pommadée, le gazon du vieux garçon qui ne veut
pas vieillir; le front bas et étroit est insignifiant et mesquin, les
yeux surtout, à fleur de paupières, éclatent de vanité bouillon-
nante, d'égoïsme inquiet et de finesse mstunde. Un nez droit et
pincé, le nez d'un fureteur d'affaires véreuses, et la bouche en
cul de poule du courtisan sont encadrés par les crevasses de
deux longues rides qui coupent verticalement la chair boursouf-
llée et jaunâtre du visage, ravines turbulentes dans lesquelles se
tapisscntlagouaillerie de commande, la sécheresse d'intelligence,
le terre à terre du bourgeois égoïste et avare...
Dans la rue, il semble ordonner le salut. 11 a des mines et des
poses étudiées de longue date pour commander l'attention. Je
suis sûr qu'il payerait cher le droit de porter en public une au-
réole de papier doré.
Chez lui? ah! chez lui, c'est autre chose!
Ils sont là, quêtant un sourire, mendiant un regard, tirant la
manche du lama, fiévreux, agités, jaloux, un tas de néophytes
qui se disputent le rôle de porle-coton ! On voit dans cette mai-
son ù antichambre fixe, de petits pianistes des trois sexes qui es-
suient, ùl'envi, avec-leurs fronts, les crachats du maître. On ren-
contre là des professeurs du Conservatoire, d'anciens poussifs des
Italiens, des cantatrices obèses ou émaciées, des débutants ou
débutantes recommandées, des princesses, des amateurs titrés,
des feuilletonistes, des artistes de tout acabit, des obscurités et
des étoiles qui se disputent, comme les chiffonniers, les morceaux
du mouchoir sur lequel l'invalide de Pcsaro a laissé tomber sa
dernière et céleste roupie !
C'est funèbre!
Et fantasque, et capricieux, et exigeant, cet hermaphrodite ! Au
moindre repos dans l'enthousiasme, le parasite est cassé aux ga-
ges, l'ami d'hier est chassé comme une femme de chambre vo-
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