Titre : La Rue : Paris pittoresque et populaire / rédacteur en chef Jules Vallès ; directeur Daniel Lévy
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-06-22
Contributeur : Vallès, Jules (1832-1885). Directeur de publication
Contributeur : Lévy, Daniel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32863356f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 258 Nombre total de vues : 258
Description : 22 juin 1867 22 juin 1867
Description : 1867/06/22 (A1,N4). 1867/06/22 (A1,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5458151g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-3093
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
Première année. — N° 4.
20 CENTIMES
22 Juin 1867.
■ift^fflWiES DE LA RUE
Toute pei2Q»rfe qui s'abonnera a /«Rue recevra gratuitement, a son
choix, l'une des primes suivantes :
Pour un abonnement d'un an, le journal La Lune, pendant toute
la durée de cet abonnement, ou deux volumes à 3 fr. de la collection
Faure, tels que le Prêtre marié, la Vieille Maîtresse , l'Ensorce-
lée, de Barbey d'Aurevilly; les Mystères de Londres, de Paul Féval;
les Réfractaires et la Rue, de Jules Vallès; les Ornières de la vie,
un Assassin, de Jules Claretic; le Fumier d'Ennius, d'Alfred Del-
vau; la Cure du docteur Pontalais, de Robert Hait, Avant de
souffler sa bougie, de Léo Lespès, el nombre d'ouvrages de
MM. Adrien, Paul et Henry de Kock, de Lescure, Itusolicr, lléal,
etc., etc.
Pour les recevoir, il suffira d'ajouter quarante centimes — prix
de la poste, par volume.
Pour un abonnement de six mois, le journal La Lune pendant six
mois ou UN desdits volumes à 3 francs.
Enfin, pour un abonnement de trois mois, U journal La Lune pen-
dant trois mois.
Nos abonnés pourront donc ainsi ajoutera leur bibliothèque des
livres qui, à des litres différents, ont attiré l'attention, ou voir du
même coup défiler bras dessus dessous le Paris caricatura! et fantai-
siste de La Lune et le Paris pittoresque et populaire de La Rue.
Adresser le montant en mandat ou timbres-poste à M. Daniel Lévy,
directeur, 79, rue de Richelieu, Paris.
LES DUELLISTES
J'ai toujours envié le sort de ceux qu'on insultait.
Il n'est personne qui n'ait trouvé bénéfice ou gloire à être
poursuivi parla calomnie ou l'injure; des imbéciles, même, se
sont pétri unpiédcstal aveelabouc et la salive que leurs fournis-
. sent gratis les insulteurs. Ils prenaient sur ce socle bavé des at-
titudes de statuette ou de statue, et la foule saluait. Les vrais
ambitieux onttoujours eu besoin de cet excitant et de cette con-
sécration : ils devraient avoir, tout dressés,des chiens pour mor-
dre après la mèche de leur fouet ou hurler contre les roues de
leur char. Malheur, en ce temps où il faut provoquer la curiosité
avant l'admiration, malheur à ceux qui, voulant être quelque
chose, n'ont pas été diffamés !
Aussi les bras me tombent quand je vois des hommes se fâcher
contre ceux qui leur font, sans le vouloir, à coups de blagues ou
d'injures, une popularité.
Insulteurs ou blagueurs, joyeux pantins dont un homme de
sang-froid tientdans ses mains les ficelles.! Ce serait, si l'on était
riche, à payer des gens pour aller rire ou médire de vous, ici ou
là ; on rentrerait vite dans ses avances, et l'on aurait pour quel-
ques sous, tout de suite, sans travail ni talent, une notoriété.
Succès éphémère sans doute, mais qui tiendrait lieu d'affiches
et vaudrait cinq mille francs d'annonces : dix semaines de scie
dans les feuilles profiteraient plus que dix ans de lutte et d'efforts
dans l'ombre !
Vous souvient-il, pour ne citer que deux exemples, de la façon
plaisante et grossière dont la petite presse traita MM. Sarcey et
Ghampfleury, jadis ? Leur en a-t-on dit, grands Dieux ! Et je ne
parle pas seulement de leur valeur littéraire moquée et mise en
doute, je parle de leur caractère insulté chaque jeudi, tous les
dimanches : ils sont perdus ! criaient les niais. Perdus !—Grâce à
ce tapage au contraire, Sarcey vivait, travaillait, montait;
Ghampfleury asseyait sa réputation ; et tel est l'effet de cette ré-
clame à l'injure que, à côté d'eux, M. Ponson du Terrail lui-même
grandissait; il allait se faire bientôt quatre-vingt mille livres de
rente et avoir la croix.
Et que dirions-nous des hommes publics accusés chaque
instant de trahison ou de vol même, depuis le plus petit
jusqu'au plus grand, traités de misérables ou d'assassins !
De quel journaliste n'a-t-on pas dit, voyons, qu'il était une
bête ou un insolent, un provocateur ou un poltron, un espion ou
un vendu ! Si ces insultes tuaient, il n'y aurait que des tombes de
la rue Coq-Héron à la ruo du Croissant, de la rue Drouot au
Faubourg-Montmartre !
Mais voilà que, depuis quelque temps, les idées de bataille
reviennent; on ne parle que de se couper la gorge et d'envoyer
les gens au cimetière. Çur un mot, les témoins marchent, les
balles volent, les épées luisent, il coule du sang dans la neige et
sur l'herbe.
— (Ju'est-il donc arrivé? — Rien.
Un garçon jeune,qui avait eu un duel heureux, est tout d'un coup
entré dans la presse avec des allures personnelles et agressives.
Son opinion n'était point celle de la plupart de ceux qui bataillent
d'ici, de là, dans les journaux : on se sentit tout de suite blessé,
et voilà où le malentendu commença; le dépit et la colère rendi-
rent sous sa main, et l'on envenima le débat en le rapetissant. Ce
fut un des nôtres, — le plus digne peut-être, — qui se fâcha et
fit descendre la discussion dans le champ clos des personnalités :
terrain étroit et dangereux, et sur lequel allaient glisser, aujour-
d'hui dupes, demain victimes, des amis maladroits de la liberté.
— C'est moi qu'on a provoqué, dit le rédacteur du Pays, qui,
du reste, y met du sang-froid.
Que voulez-vous lui répondre?
Il fallait ou garder le silence, avoir mes opinions d'indiirérent,
prendre l'altitude des dédaigneux, ou bien se donner de la polé-
mique à coeur joie, et jouer de la plume comme ce journaliste
joue de l'épée. Il met peut-être son orgueil, d'ailleurs, à bien
écrire comme à bien tirer.
Voilà la source de toutes les querelles ; elles se sont envenimées
ensuite par la faute de quelques-uns ; je veux parler de ceux qui
prétendant aimer la liberté, veulent qu'on mette à son service
un fusil, ou une lame d'échafaud, dans les jours de tempête, un
pistolet ou un fleuret dans les heures plus calmes. Ils ont, ceux-
20 CENTIMES
22 Juin 1867.
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choix, l'une des primes suivantes :
Pour un abonnement d'un an, le journal La Lune, pendant toute
la durée de cet abonnement, ou deux volumes à 3 fr. de la collection
Faure, tels que le Prêtre marié, la Vieille Maîtresse , l'Ensorce-
lée, de Barbey d'Aurevilly; les Mystères de Londres, de Paul Féval;
les Réfractaires et la Rue, de Jules Vallès; les Ornières de la vie,
un Assassin, de Jules Claretic; le Fumier d'Ennius, d'Alfred Del-
vau; la Cure du docteur Pontalais, de Robert Hait, Avant de
souffler sa bougie, de Léo Lespès, el nombre d'ouvrages de
MM. Adrien, Paul et Henry de Kock, de Lescure, Itusolicr, lléal,
etc., etc.
Pour les recevoir, il suffira d'ajouter quarante centimes — prix
de la poste, par volume.
Pour un abonnement de six mois, le journal La Lune pendant six
mois ou UN desdits volumes à 3 francs.
Enfin, pour un abonnement de trois mois, U journal La Lune pen-
dant trois mois.
Nos abonnés pourront donc ainsi ajoutera leur bibliothèque des
livres qui, à des litres différents, ont attiré l'attention, ou voir du
même coup défiler bras dessus dessous le Paris caricatura! et fantai-
siste de La Lune et le Paris pittoresque et populaire de La Rue.
Adresser le montant en mandat ou timbres-poste à M. Daniel Lévy,
directeur, 79, rue de Richelieu, Paris.
LES DUELLISTES
J'ai toujours envié le sort de ceux qu'on insultait.
Il n'est personne qui n'ait trouvé bénéfice ou gloire à être
poursuivi parla calomnie ou l'injure; des imbéciles, même, se
sont pétri unpiédcstal aveelabouc et la salive que leurs fournis-
. sent gratis les insulteurs. Ils prenaient sur ce socle bavé des at-
titudes de statuette ou de statue, et la foule saluait. Les vrais
ambitieux onttoujours eu besoin de cet excitant et de cette con-
sécration : ils devraient avoir, tout dressés,des chiens pour mor-
dre après la mèche de leur fouet ou hurler contre les roues de
leur char. Malheur, en ce temps où il faut provoquer la curiosité
avant l'admiration, malheur à ceux qui, voulant être quelque
chose, n'ont pas été diffamés !
Aussi les bras me tombent quand je vois des hommes se fâcher
contre ceux qui leur font, sans le vouloir, à coups de blagues ou
d'injures, une popularité.
Insulteurs ou blagueurs, joyeux pantins dont un homme de
sang-froid tientdans ses mains les ficelles.! Ce serait, si l'on était
riche, à payer des gens pour aller rire ou médire de vous, ici ou
là ; on rentrerait vite dans ses avances, et l'on aurait pour quel-
ques sous, tout de suite, sans travail ni talent, une notoriété.
Succès éphémère sans doute, mais qui tiendrait lieu d'affiches
et vaudrait cinq mille francs d'annonces : dix semaines de scie
dans les feuilles profiteraient plus que dix ans de lutte et d'efforts
dans l'ombre !
Vous souvient-il, pour ne citer que deux exemples, de la façon
plaisante et grossière dont la petite presse traita MM. Sarcey et
Ghampfleury, jadis ? Leur en a-t-on dit, grands Dieux ! Et je ne
parle pas seulement de leur valeur littéraire moquée et mise en
doute, je parle de leur caractère insulté chaque jeudi, tous les
dimanches : ils sont perdus ! criaient les niais. Perdus !—Grâce à
ce tapage au contraire, Sarcey vivait, travaillait, montait;
Ghampfleury asseyait sa réputation ; et tel est l'effet de cette ré-
clame à l'injure que, à côté d'eux, M. Ponson du Terrail lui-même
grandissait; il allait se faire bientôt quatre-vingt mille livres de
rente et avoir la croix.
Et que dirions-nous des hommes publics accusés chaque
instant de trahison ou de vol même, depuis le plus petit
jusqu'au plus grand, traités de misérables ou d'assassins !
De quel journaliste n'a-t-on pas dit, voyons, qu'il était une
bête ou un insolent, un provocateur ou un poltron, un espion ou
un vendu ! Si ces insultes tuaient, il n'y aurait que des tombes de
la rue Coq-Héron à la ruo du Croissant, de la rue Drouot au
Faubourg-Montmartre !
Mais voilà que, depuis quelque temps, les idées de bataille
reviennent; on ne parle que de se couper la gorge et d'envoyer
les gens au cimetière. Çur un mot, les témoins marchent, les
balles volent, les épées luisent, il coule du sang dans la neige et
sur l'herbe.
— (Ju'est-il donc arrivé? — Rien.
Un garçon jeune,qui avait eu un duel heureux, est tout d'un coup
entré dans la presse avec des allures personnelles et agressives.
Son opinion n'était point celle de la plupart de ceux qui bataillent
d'ici, de là, dans les journaux : on se sentit tout de suite blessé,
et voilà où le malentendu commença; le dépit et la colère rendi-
rent sous sa main, et l'on envenima le débat en le rapetissant. Ce
fut un des nôtres, — le plus digne peut-être, — qui se fâcha et
fit descendre la discussion dans le champ clos des personnalités :
terrain étroit et dangereux, et sur lequel allaient glisser, aujour-
d'hui dupes, demain victimes, des amis maladroits de la liberté.
— C'est moi qu'on a provoqué, dit le rédacteur du Pays, qui,
du reste, y met du sang-froid.
Que voulez-vous lui répondre?
Il fallait ou garder le silence, avoir mes opinions d'indiirérent,
prendre l'altitude des dédaigneux, ou bien se donner de la polé-
mique à coeur joie, et jouer de la plume comme ce journaliste
joue de l'épée. Il met peut-être son orgueil, d'ailleurs, à bien
écrire comme à bien tirer.
Voilà la source de toutes les querelles ; elles se sont envenimées
ensuite par la faute de quelques-uns ; je veux parler de ceux qui
prétendant aimer la liberté, veulent qu'on mette à son service
un fusil, ou une lame d'échafaud, dans les jours de tempête, un
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