Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1895-10-27
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 27 octobre 1895 27 octobre 1895
Description : 1895/10/27 (A35,N43). 1895/10/27 (A35,N43).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5456287t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
LE MONDE ARTISTE
591
parmi lesquels certains frisent la quarantaine
et d'autres comptent dix lustres au moins !
Ce faisant,
D'adorer son Wagner il aurait le loisir
quand même et l'on dirait de lui, plus tard, qu'il
fit beaucoup pour la gloire de notre Ecole. Mais
ses intentions sont autres, si je m'en rapporte à
sa note envoyée à la presse et dans laquelle il
ne souffle pas mot des ouvrages français inédits
dont il connaît pourtant la valeur, alors qu'il
s'empresse d'annoncer pour 1898 l'exécution
intégrale de la Tétralogie.
Celle particularité n'est-elle pas frappante,
et n'est-on pas en droit de s'inquiéter de ce que
les lauriers des Mottl et des Lévi empêchent de
dormir le Patron de l'Ouvreuse?
Si M. Lamoureux demeure inchangeable dans
son projet wagnérien, s'il ne consent pas à glo-
rifier son dieu dans une mesure équitable, c'est-
à-dire en permettant l'accès de son temple aux
musiciens de France, il fera besogne mauvaise
et sera passible des critiques les plus sévères.
Nous admirons trop son labeur, sa ténacité, son
talent réel, pour ne pas le mettre en garde contre
un rêve malsain. C'est pourquoi nous nous per-
mettons de lui crier casse-cou, de l'inviter à
l'esprit de justice et de lui rappeler que faire
fleurir l'Art national vaut mieux que vénérer
sans partage un génie étranger.
TIC-TAC.
II. - CHRONIQUE DRAMATIQUE
Comédie-Française. — Dimanche, OEdipe Roi; lundi,
mercredi, vendredi et samedi, les Tenailles ; mardi
et jeudi, l'Ami des Femmes.
Odéon. — Dimanche, Lovis XVII, le Mariage d'Olympe,
lundi et vendredi, soirée de l'abonnement (2e série),
la Vie de Bohême; mardi, mercredi, jeudi et samedi,
Louis XVII, le Mariage d'Olympe.
Porte-Saint-Martin. — Messire Du Guesclin, drame en
vers, en trois actes, un prologue et un épilogue, de
M. Paul Déroulède. (Première représentation, le
mardi 22 octobre.)
Variétés. — Le Carnet du Diable, pièce fantastique en
cinq actes et huit tableaux, de MM. Ernest Blum et
Paul Ferrier, musique de M. Gaston Serpette. (Pre-
mière représentation, le mercredi 23 octobre.)
Bouffes-Parisiens. — Mam'zelle Carabin, opérette en
trois actes, de M. Fabrice Carré, musique de M. Emile
Pessard. (Reprise, le 22 octobre.)
Théâtre Cluny. — Surnuméraire, vaudeville en
quatre actes, de M. Maxime Boucheron. (Première re-
présentation, le jeudi 24 octobre.)
Théâtre Libre. — La Fumée, puis la Flamme, pièce en
quatre actes, de M. Joseph Caraguel. (Première repré-
sentation, le jeudi 24 octobre.)
Admirez la singulière coïncidence : c'est le
soir même de la rentrée des Chambres que ce
« Français de Raffet » notre camarade et ami —
camarade de collège et ami très sympathique —
Paul Déroulède, justement dégoûté de la poli-
tique, a fait sa rentrée en scène d'auteur drama-
tique.
Qu'est-ce que son Messin Du Guesclin ? Une
sorte de monographie du héros populaire, de
celui qu'on appelait « le dogue noir », et qui,
dans la postérité, mérita le surnom de « bon ser-
viteur de la Patrie ». Aucune figure n'était certes
plus digne de tenter un hardi dramaturge, voire
un illustre comédien.
Dans cette existence glorieuse et héroïque
toujours, mais aussi toujours romanesque et
compliquée d'événements, l'auteur a découpé sa
fable, suffisante pour donner l'aspect et le carac-
tère du héros et former un tout complet sans
cependant embrasser en son entier cette carrière
qui fut immense ; aussi n'a-t-it choisi qu'un épi-
sode et arraché du livre quelques feuillets seule-
ment. Son drame est relativement court : trois
actes précédés d'un prologue et suivis d'un épi-
logue, rapides et serrés.
Le prologue dont le but paraît être de bien
préciser le milieu où se passe l'action et d'en
établir le cadre (ce qui est absolument utile en
matière de drame historique) nous montre, dans
un joli décor de Jambon, représentant un quai
du vieux Paris, la fuite du Dauphin régent
Charles — qui fut plus tard Charles V, dit le
Sage — après l'invasion de sa résidence, l'hôtel
Saint-Pol, par des émeutiers que conduisait
Etienne Marcel, prévôt des marchands. La
journée fut terrible et sanglante, et sous les yeux
du Dauphin furent égorgés ses deux plus fidèles
serviteurs, les maréchaux de Champagne et de
Normandie ; leur sang jaillit sur les vêlements
du prince, qui en furent inondés, et lui-même ne
dut son salut qu'à la précaution d'Etienne Marcel
de lui mettre sur la tête son propre chapeau bleu
et rouge, aux couleurs de la ville de Paris...
L'épilogue, c'est le sacre du roi Charles V,
dans la cathédrale de Reims, et la pièce se ter-
mine par la victoire de Cocherel, remportée sur
le captai de Buch, et dont la nouvelle, reçue au
moment du sacre, causa à toute l'assistance une
si vive joie... La pièce, qui n'est pourtant qu'un
fragment de la vie de Du Guesclin, forme donc
un tout complet s'encadrant entre la fuite du
Dauphin-régent et son couronnement.
M. Paul Déroulède a-t-il écrit ce beau « drame
national » pour lequel il faut avoir du foyer, du
souffle, de l'éloquence, et celte foi surtout, cette
foi en la patrie qu'on ne saurait dénier à l'auteur
des Chants du Soldat ? Est-il le parfait artiste et
le maître ouvrier en poésie souhaité par M. Jean
Richepin, qui s'y connaît? — Non certes; mais
nous lui passerons bien des défauts — la pièce
manque d'action et d'intérêt — et lui pardonne-
rons bien des incorrections — ses vers en sont
criblés — pour les généreux et héroïques senti-
ments qu'elle exhale et pour de charmants —
mais oui, charmants — passages, comme les
couplets de la Peur qui terminent le premier acte.
Que si vous objectez que Coquelin, acteur co-
mique par excellence et Mascarille incomparable,
Coquelin dont le nez est en trompette et la voix
en clairon, n'est guère fait pour représenter un
héros, je vous répondrai que messire Bertrand
n'était rien moins qu'un chevalier de carrousel;
sa laideur, la rudesse de ses manières, sa tour-
nure de « vilain » le firent d'abord assez peu
priser des seigneurs qui entouraient le régent;
591
parmi lesquels certains frisent la quarantaine
et d'autres comptent dix lustres au moins !
Ce faisant,
D'adorer son Wagner il aurait le loisir
quand même et l'on dirait de lui, plus tard, qu'il
fit beaucoup pour la gloire de notre Ecole. Mais
ses intentions sont autres, si je m'en rapporte à
sa note envoyée à la presse et dans laquelle il
ne souffle pas mot des ouvrages français inédits
dont il connaît pourtant la valeur, alors qu'il
s'empresse d'annoncer pour 1898 l'exécution
intégrale de la Tétralogie.
Celle particularité n'est-elle pas frappante,
et n'est-on pas en droit de s'inquiéter de ce que
les lauriers des Mottl et des Lévi empêchent de
dormir le Patron de l'Ouvreuse?
Si M. Lamoureux demeure inchangeable dans
son projet wagnérien, s'il ne consent pas à glo-
rifier son dieu dans une mesure équitable, c'est-
à-dire en permettant l'accès de son temple aux
musiciens de France, il fera besogne mauvaise
et sera passible des critiques les plus sévères.
Nous admirons trop son labeur, sa ténacité, son
talent réel, pour ne pas le mettre en garde contre
un rêve malsain. C'est pourquoi nous nous per-
mettons de lui crier casse-cou, de l'inviter à
l'esprit de justice et de lui rappeler que faire
fleurir l'Art national vaut mieux que vénérer
sans partage un génie étranger.
TIC-TAC.
II. - CHRONIQUE DRAMATIQUE
Comédie-Française. — Dimanche, OEdipe Roi; lundi,
mercredi, vendredi et samedi, les Tenailles ; mardi
et jeudi, l'Ami des Femmes.
Odéon. — Dimanche, Lovis XVII, le Mariage d'Olympe,
lundi et vendredi, soirée de l'abonnement (2e série),
la Vie de Bohême; mardi, mercredi, jeudi et samedi,
Louis XVII, le Mariage d'Olympe.
Porte-Saint-Martin. — Messire Du Guesclin, drame en
vers, en trois actes, un prologue et un épilogue, de
M. Paul Déroulède. (Première représentation, le
mardi 22 octobre.)
Variétés. — Le Carnet du Diable, pièce fantastique en
cinq actes et huit tableaux, de MM. Ernest Blum et
Paul Ferrier, musique de M. Gaston Serpette. (Pre-
mière représentation, le mercredi 23 octobre.)
Bouffes-Parisiens. — Mam'zelle Carabin, opérette en
trois actes, de M. Fabrice Carré, musique de M. Emile
Pessard. (Reprise, le 22 octobre.)
Théâtre Cluny. — Surnuméraire, vaudeville en
quatre actes, de M. Maxime Boucheron. (Première re-
présentation, le jeudi 24 octobre.)
Théâtre Libre. — La Fumée, puis la Flamme, pièce en
quatre actes, de M. Joseph Caraguel. (Première repré-
sentation, le jeudi 24 octobre.)
Admirez la singulière coïncidence : c'est le
soir même de la rentrée des Chambres que ce
« Français de Raffet » notre camarade et ami —
camarade de collège et ami très sympathique —
Paul Déroulède, justement dégoûté de la poli-
tique, a fait sa rentrée en scène d'auteur drama-
tique.
Qu'est-ce que son Messin Du Guesclin ? Une
sorte de monographie du héros populaire, de
celui qu'on appelait « le dogue noir », et qui,
dans la postérité, mérita le surnom de « bon ser-
viteur de la Patrie ». Aucune figure n'était certes
plus digne de tenter un hardi dramaturge, voire
un illustre comédien.
Dans cette existence glorieuse et héroïque
toujours, mais aussi toujours romanesque et
compliquée d'événements, l'auteur a découpé sa
fable, suffisante pour donner l'aspect et le carac-
tère du héros et former un tout complet sans
cependant embrasser en son entier cette carrière
qui fut immense ; aussi n'a-t-it choisi qu'un épi-
sode et arraché du livre quelques feuillets seule-
ment. Son drame est relativement court : trois
actes précédés d'un prologue et suivis d'un épi-
logue, rapides et serrés.
Le prologue dont le but paraît être de bien
préciser le milieu où se passe l'action et d'en
établir le cadre (ce qui est absolument utile en
matière de drame historique) nous montre, dans
un joli décor de Jambon, représentant un quai
du vieux Paris, la fuite du Dauphin régent
Charles — qui fut plus tard Charles V, dit le
Sage — après l'invasion de sa résidence, l'hôtel
Saint-Pol, par des émeutiers que conduisait
Etienne Marcel, prévôt des marchands. La
journée fut terrible et sanglante, et sous les yeux
du Dauphin furent égorgés ses deux plus fidèles
serviteurs, les maréchaux de Champagne et de
Normandie ; leur sang jaillit sur les vêlements
du prince, qui en furent inondés, et lui-même ne
dut son salut qu'à la précaution d'Etienne Marcel
de lui mettre sur la tête son propre chapeau bleu
et rouge, aux couleurs de la ville de Paris...
L'épilogue, c'est le sacre du roi Charles V,
dans la cathédrale de Reims, et la pièce se ter-
mine par la victoire de Cocherel, remportée sur
le captai de Buch, et dont la nouvelle, reçue au
moment du sacre, causa à toute l'assistance une
si vive joie... La pièce, qui n'est pourtant qu'un
fragment de la vie de Du Guesclin, forme donc
un tout complet s'encadrant entre la fuite du
Dauphin-régent et son couronnement.
M. Paul Déroulède a-t-il écrit ce beau « drame
national » pour lequel il faut avoir du foyer, du
souffle, de l'éloquence, et celte foi surtout, cette
foi en la patrie qu'on ne saurait dénier à l'auteur
des Chants du Soldat ? Est-il le parfait artiste et
le maître ouvrier en poésie souhaité par M. Jean
Richepin, qui s'y connaît? — Non certes; mais
nous lui passerons bien des défauts — la pièce
manque d'action et d'intérêt — et lui pardonne-
rons bien des incorrections — ses vers en sont
criblés — pour les généreux et héroïques senti-
ments qu'elle exhale et pour de charmants —
mais oui, charmants — passages, comme les
couplets de la Peur qui terminent le premier acte.
Que si vous objectez que Coquelin, acteur co-
mique par excellence et Mascarille incomparable,
Coquelin dont le nez est en trompette et la voix
en clairon, n'est guère fait pour représenter un
héros, je vous répondrai que messire Bertrand
n'était rien moins qu'un chevalier de carrousel;
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