Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-12-20
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 20 décembre 1903 20 décembre 1903
Description : 1903/12/20 (A43,N51). 1903/12/20 (A43,N51).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5456116d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2008
LE MONDE ARTISTE
48e ANNÉE
DIRECTEUR : PAUL MILLIET
Dimanche
20 Décembre 1903
LA SEMAINE THÉATRALE
Opéra. — Lundi, le Prophète ; mercredi, l'Etranger, la
Korrigane ; samedi, l'Etranger, l'Enlèvement au sérail;
jeudi, soirée de gala; vendredi, Roméo et Juliette.
Opéra-Comique. — Dimanche, les Noces de Jeannette,
Lakmé; lundi, soirée populaire, les Dragons de Vil-
lars; mardi. la Travinta; mercredi, Mignon; jeudi,
la Vie de Bohème; vendredi, Mireille; samedi, Carmen.
Comédie-Française. — Dimanche, la Fille de Roland\;
lundi, Ruy Blas; mardi, jeudi, Corneille et Lulli,
Médée; mercredi, les Affaires sont les Affaires; jeudi,
matinée, Blanchette, le Malade imaginaire; vendredi,
Mlle de Belle-Isle ; samedi, le Dédale.
Odéon. — Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi,
vendredi, samedi, l'Absent; lundi, Polyeucte, Georges
Dandin; jeudi, matinée, conférence de M. Léo Claretie,
le Mariage forcé; samedi, 5 h., les Poëtes de la salle,
causerie de M. Vanor.
Théâtre Antoine. — Dimanche, lundi, mardi, mer-
credi, jeudi, vendredi, samedi, Maternité, la Paix chez
soi.
Gaité. —Dimanche, lundi, mercredi, samedi, la Juive;
mardi, jeudi, Hérodiade; dimanche, répétition générale
de Messaline.
Théâtre Sarah-Bernhardt. — La Sorcière, drame en
cinq actes, de M. Victorien Sardou, musique de scène
de M. Xavier Leroux. (Première représentation le
mardi 15 décembre.)
Ambigu-Comique. — La Citoyenne Cotillon, pièce en
cinq actes et six tableaux, de MM. Ernest Daudet et
Henri Cain, musique de M. Charles Clairville. (Pre-
mière représentation le samedi 12 décembre.)
Au Concert Européen. — Les Biotifolages de l'année,
revue de MM. Jules Oudot et Gabriel Timmory.
PUBLICATIONS THÉATRALES.
Nous l'avons donc eue, enfin, cette Sorcière dont
on parlait depuis si longtemps. M. Victorien Sardou
en avait conçu l'idée première quand, directrice de
la Renaissance, Mme Sarah-Bernhardt dut prendre
un plus grand théâtre : la Porte-Saint-Martin. La
chose ne se faisant pas, l'auteur laissa dormir son
oeuvre, et ne se remit au travail que lorsque la cé-
lèbre artiste eut obtenu du Conseil municipal la lo-
cation d'une de ses salles de la place du Châtelet,
où .pouvaient se planter de superbes décors, se dé-
ployer de superbes mises en scène et d'importantes
figurations.
La Sorcière tant attendue a donc été donnée dans
les conditions où le désiraient également le maître
et son illustre interprète. A-t-elle trompé nos espé-
rances ? Non, certes, et la soirée à laquelle nous
avons assisté comptera, dans l'existence de M. Vic-
torien Sardou et de Mme Sarah-Bernhardt, parmi les
plus belles d'une carrière déjà si glorieuse.
L'action se déroule en Espagne, au début du
XVIe siècle, à l'époque où le Grand Inquisiteur, car-
dinal Ximenès, confesseur de la reine et conseiller
du roi, a juré de convertir les Maures. Pour peindre
le sombre personnage et son fanatisme exalté, il
nous suffira de dire que, durant ses douze années
de pouvoir, on a calculé qu'il envoya au bûcher
quatre mille infidèles et en fit périr plus de cin-
quante mille au milieu des plus atroces tortures.
Et voici la dramatique histoire d'amour inventée
par M. Victorien Sardou. Il est une séduisante Mau-
resque, Zoraya, fille d'un savant médecin qui l'a
initiée dès l'âge le plus tendre à la vertu des plantes
et à l'art de guérir par l'hypnotisme et la sugges-
tion, qu'on considérait alors comme oeuvres de sor-
cellerie. Sur la rive du Tage et dans l'escarpement
d'une haute sierra, où nous la voyons, par la nuit
claire, abattant de sa faucille d'argent les fleurs
destinées à ses baumes et à ses parfums, elle a
tenté la curiosité d'un jeune et généreux seigneur
de la cour, Don Enrique de Palacios, attiré par son
étrangeté. Et, certes, il ne faut pas être très grande
sorcière pour lire dans la main du brillant cavalier,
conquis par ses yeux de braise, qu'il est déjà tout
à elle.
Deux mois s'écoulent, deux mois d'amour pas-
sionné de part et d'autre... jusqu'au jour où, enten-
dant sonner à toute volée les cloches de la cathé-
drale de Tolède, Zoraya apprend qu'on célèbre les
noces de don Enrique avec Juana, la fille du gou-
verneur... Folle de désespoir, elle accourt au palais
où, sous prétexte d'achever une guérison com-
mencée, elle endort la jeune mariée d'un sommeil
que, seule, elle pourra rompre. Puis — telle la
statue de la Douleur — elle se dresse devant En-
rique, à qui elle reproche cruellement sa trahison.
Mais il n'aime qu'elle, au contraire, et c'est pour
détourner les soupçons qui planent sur ses rapports
avec la Sarrazine qu'il a laissé s'accomplir un ma-
riage depuis longtemps décidé... Cependant on a vu
Zoraya se glisser au palais : un envoyé de l'Inqui-
sition a pour mission de l'arrêter, et la main de
l'homme noir s'appesantit sur elle. En proie à la
fureur, don Enrique saisit le moine à la gorge, le
jette à terre, et constate avec stupeur qu'il l'a étran-
glé. Non, il faut entendre Sarah Bernhardt proférer
ce : « Il est mort ! » Trois mots dans lesquels il tient
du génie.
C'est en vain que nos amants, devenus incon-
sciemment assassins, ont essayé de fuir. Nous re-
trouvons Zoraya devant l'odieux tribunal de l'Inqui-
sition, cherchant, sans y parvenir, à se disculper
du crime de sorcellerie, dont la veut convaincre
l'inique Ximenès et criant à ses implacables juges
leurs dures vérités. Mais on lui fait comprendre
qu'elle ne sauvera Don Enrique qu'en avouant
qu'elle a usé de maléfices. Alors, elle s'accuse elle-
même, et se voue au supplice auquel elle marche,
sous les huées de la foule, superbe et fière de son
sacrifice. Le bûcher l'attend, quand surgit le gou-
verneur : sans se soucier du jugement du Saint-
Office, il lui fera grâce à la condition qu'elle sauve
sa fille du lourd sommeil où elle l'a plongée. Juana
48e ANNÉE
DIRECTEUR : PAUL MILLIET
Dimanche
20 Décembre 1903
LA SEMAINE THÉATRALE
Opéra. — Lundi, le Prophète ; mercredi, l'Etranger, la
Korrigane ; samedi, l'Etranger, l'Enlèvement au sérail;
jeudi, soirée de gala; vendredi, Roméo et Juliette.
Opéra-Comique. — Dimanche, les Noces de Jeannette,
Lakmé; lundi, soirée populaire, les Dragons de Vil-
lars; mardi. la Travinta; mercredi, Mignon; jeudi,
la Vie de Bohème; vendredi, Mireille; samedi, Carmen.
Comédie-Française. — Dimanche, la Fille de Roland\;
lundi, Ruy Blas; mardi, jeudi, Corneille et Lulli,
Médée; mercredi, les Affaires sont les Affaires; jeudi,
matinée, Blanchette, le Malade imaginaire; vendredi,
Mlle de Belle-Isle ; samedi, le Dédale.
Odéon. — Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi,
vendredi, samedi, l'Absent; lundi, Polyeucte, Georges
Dandin; jeudi, matinée, conférence de M. Léo Claretie,
le Mariage forcé; samedi, 5 h., les Poëtes de la salle,
causerie de M. Vanor.
Théâtre Antoine. — Dimanche, lundi, mardi, mer-
credi, jeudi, vendredi, samedi, Maternité, la Paix chez
soi.
Gaité. —Dimanche, lundi, mercredi, samedi, la Juive;
mardi, jeudi, Hérodiade; dimanche, répétition générale
de Messaline.
Théâtre Sarah-Bernhardt. — La Sorcière, drame en
cinq actes, de M. Victorien Sardou, musique de scène
de M. Xavier Leroux. (Première représentation le
mardi 15 décembre.)
Ambigu-Comique. — La Citoyenne Cotillon, pièce en
cinq actes et six tableaux, de MM. Ernest Daudet et
Henri Cain, musique de M. Charles Clairville. (Pre-
mière représentation le samedi 12 décembre.)
Au Concert Européen. — Les Biotifolages de l'année,
revue de MM. Jules Oudot et Gabriel Timmory.
PUBLICATIONS THÉATRALES.
Nous l'avons donc eue, enfin, cette Sorcière dont
on parlait depuis si longtemps. M. Victorien Sardou
en avait conçu l'idée première quand, directrice de
la Renaissance, Mme Sarah-Bernhardt dut prendre
un plus grand théâtre : la Porte-Saint-Martin. La
chose ne se faisant pas, l'auteur laissa dormir son
oeuvre, et ne se remit au travail que lorsque la cé-
lèbre artiste eut obtenu du Conseil municipal la lo-
cation d'une de ses salles de la place du Châtelet,
où .pouvaient se planter de superbes décors, se dé-
ployer de superbes mises en scène et d'importantes
figurations.
La Sorcière tant attendue a donc été donnée dans
les conditions où le désiraient également le maître
et son illustre interprète. A-t-elle trompé nos espé-
rances ? Non, certes, et la soirée à laquelle nous
avons assisté comptera, dans l'existence de M. Vic-
torien Sardou et de Mme Sarah-Bernhardt, parmi les
plus belles d'une carrière déjà si glorieuse.
L'action se déroule en Espagne, au début du
XVIe siècle, à l'époque où le Grand Inquisiteur, car-
dinal Ximenès, confesseur de la reine et conseiller
du roi, a juré de convertir les Maures. Pour peindre
le sombre personnage et son fanatisme exalté, il
nous suffira de dire que, durant ses douze années
de pouvoir, on a calculé qu'il envoya au bûcher
quatre mille infidèles et en fit périr plus de cin-
quante mille au milieu des plus atroces tortures.
Et voici la dramatique histoire d'amour inventée
par M. Victorien Sardou. Il est une séduisante Mau-
resque, Zoraya, fille d'un savant médecin qui l'a
initiée dès l'âge le plus tendre à la vertu des plantes
et à l'art de guérir par l'hypnotisme et la sugges-
tion, qu'on considérait alors comme oeuvres de sor-
cellerie. Sur la rive du Tage et dans l'escarpement
d'une haute sierra, où nous la voyons, par la nuit
claire, abattant de sa faucille d'argent les fleurs
destinées à ses baumes et à ses parfums, elle a
tenté la curiosité d'un jeune et généreux seigneur
de la cour, Don Enrique de Palacios, attiré par son
étrangeté. Et, certes, il ne faut pas être très grande
sorcière pour lire dans la main du brillant cavalier,
conquis par ses yeux de braise, qu'il est déjà tout
à elle.
Deux mois s'écoulent, deux mois d'amour pas-
sionné de part et d'autre... jusqu'au jour où, enten-
dant sonner à toute volée les cloches de la cathé-
drale de Tolède, Zoraya apprend qu'on célèbre les
noces de don Enrique avec Juana, la fille du gou-
verneur... Folle de désespoir, elle accourt au palais
où, sous prétexte d'achever une guérison com-
mencée, elle endort la jeune mariée d'un sommeil
que, seule, elle pourra rompre. Puis — telle la
statue de la Douleur — elle se dresse devant En-
rique, à qui elle reproche cruellement sa trahison.
Mais il n'aime qu'elle, au contraire, et c'est pour
détourner les soupçons qui planent sur ses rapports
avec la Sarrazine qu'il a laissé s'accomplir un ma-
riage depuis longtemps décidé... Cependant on a vu
Zoraya se glisser au palais : un envoyé de l'Inqui-
sition a pour mission de l'arrêter, et la main de
l'homme noir s'appesantit sur elle. En proie à la
fureur, don Enrique saisit le moine à la gorge, le
jette à terre, et constate avec stupeur qu'il l'a étran-
glé. Non, il faut entendre Sarah Bernhardt proférer
ce : « Il est mort ! » Trois mots dans lesquels il tient
du génie.
C'est en vain que nos amants, devenus incon-
sciemment assassins, ont essayé de fuir. Nous re-
trouvons Zoraya devant l'odieux tribunal de l'Inqui-
sition, cherchant, sans y parvenir, à se disculper
du crime de sorcellerie, dont la veut convaincre
l'inique Ximenès et criant à ses implacables juges
leurs dures vérités. Mais on lui fait comprendre
qu'elle ne sauvera Don Enrique qu'en avouant
qu'elle a usé de maléfices. Alors, elle s'accuse elle-
même, et se voue au supplice auquel elle marche,
sous les huées de la foule, superbe et fière de son
sacrifice. Le bûcher l'attend, quand surgit le gou-
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