Presse et revues
16 pages
Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-12-05
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 05 décembre 1897 05 décembre 1897
Description : 1897/12/05 (A37,N49). 1897/12/05 (A37,N49).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5454131g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
772
LE MONDE ARTISTE
AVIS, -NOS abonnés recevront avec le présent numéro : BONSOIR
marche pour piano, par Jules Ferrari.
Nos Gravures
La reprise des Corbeaux, de Henri Becque, à l'Odéon,
n'a pas été un succès. Rien d'étonnant à cela : les Philis-
tins n'ont pas compris et maint critique a fait mine de se
désintéresser du merveilleux talent dépensé par l'auteur
dans cette pièce où la beauté du style le dispute a la
vérité de l'action. Il est toutefois des insuccès qui hono-
rent plus que de retentissantes victoires. Une imbécillité
boulevardière emplissant la caisse d'un montreur de
nudités ne saurait donner tort au Maître Henri Becque
et nous sommes heureux d'affirmer ici notre admiration
pour l'auteur de la Parisienne et de Michel Pauper. Pièce
triste, impressionnant péniblement l'esprit, a-t-on dit des
Corbeaux... Mais oui, pièce triste, profondément triste et
voulue ainsi par-un puissant observateur ayant pris à
tâche d'arracher son masque à l'hypocrite bourgeoisie.
Notre distingué collaborateur M. Briaudeau a bien
voulu fixer la date de cette reprise qui pour nous
demeure une des plus belles manifestations d'un art
supérieur, en nous donnant la physionomie de Tessier et
de Marie Vigneron.
Lemaire, Louis d'Hurcourt et Henry Darsay, musique
de M. Paul Fauchey. (Première représentation le jeudi
2 décembre.)
Un grand drame en onze tableaux — pas un de
moins — a pris à l'Ambigu, au bout d'une huitaine
de jours, la place toute chaude de la Maîtresse d'école,
spontanément (hum ! hum !) retirée de l'affiche après
la quatrième représentation. La Joueuse d'orgue
aura-t-elle la vogue de la Porteuse de pain des
mêmes habiles auteurs, Xavier deMontépin et Jules
Dofnay? Je le souhaite bien volontiers à ce nouveau
fruit d'une collaboration déjà très fidèle.
Quand nous aurons dit qu'à proprement parler
la « littérature » n'a rien à faire en ces sortes d'ou-
vrages, mais que, pour être bourrée d'événements
invraisemblables — oh! combien ! — la pièce repré-
sentée à l'Ambigu contient assez de scènes atta-
chantes pour intéresser et émouvoir la masse de ses
auditeurs, nous aurons fait, en deux mots,— à quoi
bon les longs discours? — la critique et l'éloge de
la Joueuse d'orgue.
Contons-la maintenant, ou plutôt « essayons » de
la conter, ne disant que le "gros», car le «menu "pren-
drait, au Monde artiste, des colonnes entières bien
plus utilement employées d'autre sorte.
Quand la toile se lève (à Paris, de nos jours) sur
le très humble restaurant de la mère Aubin, la mort
vient, d'enlever la mère de la petite Marthe, et le
bon Magloire, joueur d'orgue de son état, fait une
quête pour élever une tombe à la défunte. Qui
prendra soin de la pauvre orpheline? La mère
Véronique, brave femme de charge de l'usinier
Richard Vernière; justement, elle avait une tille
autrefois, une fille qu'on lui a prise... Et dans l'acte
de naissance de la morte « née de père inconnu»,
Véronique reconnaît cette fille, Germaine Sollier,
abandonnée par son séducteur. Vous pensez avec
quel amour de grand'mère Véronique recueillera
la petite Marthe f
Le tableau suivant nous introduit dans le cabinet
de M. Richard Vernière, un grand fabricant d'ar-
mes, travaillant pour le compte de l'Etat. Bon
métier, du reste, puisque, le 31 décembre, sa
balance de (lu d'année accuse un excédent de béné-
fices de cinq cent cinquante mille francs, que notre
homme, d'ailleurs imprudent et léger, puisqu'il n'a
pas encore signé le renouvellement de sa police
d'assurance, s'empresse de serrer, jusqu'au 2 jan-
vier, dans le coffre-fort dont seul il croit connaître
le secret.
C'est en quoi il se trompe étrangement, car il a
dans sa maison, tout près de lui, un contre-maitre
ayant toute sa confiance, assurément fort mal placée.
Le nommé Claude Grivot a construit ledit coffre-
fort et n'attend qu'une occasion pour le forcer à
son profit. Celte occasion se présente « tout natu
Tellement ,. : M. Richard Vernière est affablé d'un
frère indigne qu'il a chassé de chez lui comme un
LE MONDE ARTISTE
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marche pour piano, par Jules Ferrari.
Nos Gravures
La reprise des Corbeaux, de Henri Becque, à l'Odéon,
n'a pas été un succès. Rien d'étonnant à cela : les Philis-
tins n'ont pas compris et maint critique a fait mine de se
désintéresser du merveilleux talent dépensé par l'auteur
dans cette pièce où la beauté du style le dispute a la
vérité de l'action. Il est toutefois des insuccès qui hono-
rent plus que de retentissantes victoires. Une imbécillité
boulevardière emplissant la caisse d'un montreur de
nudités ne saurait donner tort au Maître Henri Becque
et nous sommes heureux d'affirmer ici notre admiration
pour l'auteur de la Parisienne et de Michel Pauper. Pièce
triste, impressionnant péniblement l'esprit, a-t-on dit des
Corbeaux... Mais oui, pièce triste, profondément triste et
voulue ainsi par-un puissant observateur ayant pris à
tâche d'arracher son masque à l'hypocrite bourgeoisie.
Notre distingué collaborateur M. Briaudeau a bien
voulu fixer la date de cette reprise qui pour nous
demeure une des plus belles manifestations d'un art
supérieur, en nous donnant la physionomie de Tessier et
de Marie Vigneron.
Lemaire, Louis d'Hurcourt et Henry Darsay, musique
de M. Paul Fauchey. (Première représentation le jeudi
2 décembre.)
Un grand drame en onze tableaux — pas un de
moins — a pris à l'Ambigu, au bout d'une huitaine
de jours, la place toute chaude de la Maîtresse d'école,
spontanément (hum ! hum !) retirée de l'affiche après
la quatrième représentation. La Joueuse d'orgue
aura-t-elle la vogue de la Porteuse de pain des
mêmes habiles auteurs, Xavier deMontépin et Jules
Dofnay? Je le souhaite bien volontiers à ce nouveau
fruit d'une collaboration déjà très fidèle.
Quand nous aurons dit qu'à proprement parler
la « littérature » n'a rien à faire en ces sortes d'ou-
vrages, mais que, pour être bourrée d'événements
invraisemblables — oh! combien ! — la pièce repré-
sentée à l'Ambigu contient assez de scènes atta-
chantes pour intéresser et émouvoir la masse de ses
auditeurs, nous aurons fait, en deux mots,— à quoi
bon les longs discours? — la critique et l'éloge de
la Joueuse d'orgue.
Contons-la maintenant, ou plutôt « essayons » de
la conter, ne disant que le "gros», car le «menu "pren-
drait, au Monde artiste, des colonnes entières bien
plus utilement employées d'autre sorte.
Quand la toile se lève (à Paris, de nos jours) sur
le très humble restaurant de la mère Aubin, la mort
vient, d'enlever la mère de la petite Marthe, et le
bon Magloire, joueur d'orgue de son état, fait une
quête pour élever une tombe à la défunte. Qui
prendra soin de la pauvre orpheline? La mère
Véronique, brave femme de charge de l'usinier
Richard Vernière; justement, elle avait une tille
autrefois, une fille qu'on lui a prise... Et dans l'acte
de naissance de la morte « née de père inconnu»,
Véronique reconnaît cette fille, Germaine Sollier,
abandonnée par son séducteur. Vous pensez avec
quel amour de grand'mère Véronique recueillera
la petite Marthe f
Le tableau suivant nous introduit dans le cabinet
de M. Richard Vernière, un grand fabricant d'ar-
mes, travaillant pour le compte de l'Etat. Bon
métier, du reste, puisque, le 31 décembre, sa
balance de (lu d'année accuse un excédent de béné-
fices de cinq cent cinquante mille francs, que notre
homme, d'ailleurs imprudent et léger, puisqu'il n'a
pas encore signé le renouvellement de sa police
d'assurance, s'empresse de serrer, jusqu'au 2 jan-
vier, dans le coffre-fort dont seul il croit connaître
le secret.
C'est en quoi il se trompe étrangement, car il a
dans sa maison, tout près de lui, un contre-maitre
ayant toute sa confiance, assurément fort mal placée.
Le nommé Claude Grivot a construit ledit coffre-
fort et n'attend qu'une occasion pour le forcer à
son profit. Celte occasion se présente « tout natu
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