Presse et revues
16 pages
Titre : Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-03-21
Contributeur : Lemoine, Achille (1813-1895). Directeur de publication
Contributeur : Gourdon de Genouillac, Henri (1826-1898). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32818188p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 19764 Nombre total de vues : 19764
Description : 21 mars 1897 21 mars 1897
Description : 1897/03/21 (A37,N12). 1897/03/21 (A37,N12).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54540529
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1096
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
LE MONDE ARTISTE
181
Van Dyck (Patrice) a toujours cette diction par-
faite et ce sentiment inné qui le mettent au premier
rang de nos ténors actuels.
Victor Maurel donne le cachet le plus séduisant
et le plus artistique au personnage du capitaine
Lionel : il a phrasé incomparablement ses duos
avec Moïna.
La création dé M. Bouvet restera certainement
inoubliable. Le Kormack qu'il a composé est d'une
vérité absolue, et l'excellent baryton a également
soulevé, comme chanteur, l'enthousiasme général.
Melchissédec (le Shériff) et Boudouresque (le père
Daniel) ont contribué pour leur part à un ensemble
remarquable et formé d'artistes que le théâtre de
Monte-Carlo peut seul nous permettre d'applaudir :
au cours de la même soirée. Les ovations et les
rappels se sont multipliés.
Les choeurs ont fait preuve de la plus grande
correction, et l'orchestre de Jehin a été, comme
toujours, impeccable. Décors et mise en scène, ma-
gnifiques.
En résumé l'immense succès de la première repré-
sentation de Moïna est un juste hommage rendu au
très grand mérite du triomphateur, M. Isidore de
Lara.
EMILE CARRÉ.
Nos Gravures
La Douloureuse, qui fait actuellement les beaux soirs
du Vaudeville, est une pièce ultra-moderne où l'on voit
des membres de la bourgeoisie s'exprimer comme les
habitués des cabarets montmartrois.
M. Donnay a l'esprit de vingt écholiers et son prin-
cipal talent consiste à piquer des mots « rosses » ici et
là, dans les parterres de sa littérature. Dans l'ensemble,
sa dernière comédie papillote, et les diamants de Bluze
de sa verve ont très bien l'apparence de pierres pré-
cieuses aux lumières. Il est juste d'ajouter qu'un rôle écrit
spécialement pour. Mme Réjane est toujours sauvé par le
génie d'une telle interprète et que Mllce Yahne et
MM. Calmettes et Mayer sont des artistes d'une si belle
valeur qu'ils sauveraient l'oeuvre la plus décousue, la
moins équilibrée.
Le dessin de M. Ray que nous publions aujourd'hui
représente la scène du second acte où Philippe (M. Cal-
mêttes) jure un amour éternel à Hélène (Mme Réjane).
LA SEMAINE THÉÂTRALE
CHRONIQUE DRAMATIQUE
Opéra.- Dimanche, huitième concert (série B) ; lundi,
Faust mercredi, Don Juan; vendredi, Lohengrin;
samedi, Aida.
Opéra-Comique. — Dimanche, Mignon; lundi, Carmen;
mardi, Orphée, le Chalet; mercredi, le Barbier de
Séville, Galathée; jeudi, Orphée, les Noces de Jean-
nelle; vendredi. Don Juan, rentrée de Mlle Van Zandt;
samedi, le Domino noir, la Navarraise.
Comédie-Française. — Dimanche, le Député de Bom-
bignac; lundi, mercredi, vendredi, samedi, Mieux vaut
douceur... Et violence, la Loi de l'homme; mardi,
jeudi, la Cigale chez les fourmis, le Gendre de M.Poi-
rier; jeudi, en matinée, Aristophane et Molière, les
Fourberies de Scapin et Monsieur Scapin.
Odéon, — Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi,
vendredi, samedi, le Chemineau; jeudi, en matinée,
conférence par M. Hinzelin, la Maréchale d:Ancre.
Gymnase. -- La Carrière, comédie en quatre actes et
cinq tableaux, de M. Abel Hermant. (Première repré-
sentation le mercredi 17 mars.)
Nouveau-Théâtre. — A la vie, à la mort, drame en
cinq actes et six tableaux, de M, Pierre Dénis. (Pre-
mière représentation le mardi 16 mars.)
Théâtre de la République. — Le Banquier des
Halles, drame en cinq actes et sept tableaux, dont un
prologue, de MM, Jean La Roche et Georges Rolle.
(Première représentation le jeudi 18 mars.)
La Carrière est une étude du monde diploma-
tique ; la critique en est fine et mordante ; M. Abel
Hermant nous y montre, non certes sans justesse et
sans finesse, le diplomate — en dehors du travail
sérieux des bureaux —- dans sa conversation futile,
ses moeurs faciles et sa vie toute d'étiquette et de
correction.
La duchesse de Xaintrailles mariera prochaine-
ment son fils à une jeune fille de province, sortant
du couvent, pleine d'illusions et de tendresse. Un
peu troublée par la vue du trousseau étalé au
milieu du salon de sa mère, par la foule élégante,
blagueuse et boulevardière qui circule dans ce
salon, par la visite de Monseigneur, noceur bon
enfant en « bombe à Paris, frère d'un empereur de
je ne sais quel état où le fiancé occupe le poste de
secrétaire à l'ambassade de France, elle préférerait,
certes, la gentille Yvonne, un bon petit nid tran-
quille, où elle livrait heureuse, à cette existence
changeante et mouvementée. Mais le duc, diplomate
correct, se mariant par convenance, n'entend pas
sacrifier sa carrière à la naïveté de sa jeune fiancée
et se ménage l'appui de lady Stone, son ancienne
maîtresse, très influente, qui vient le relancer
jusque dans ce salon. Il promet donc à lady Stone
que leurs relations continueront comme auparavant
aussitôt qu'après le traditionnel voyage de noces il
aura regagné son poste officiel. A peine débarquée
à l'ambassade, la pauvre Yvonne surprend, en effet,
son mari embrassant familièrement lady Stone.
Son coeur se déchire, ses illusions s'envolent, mais
trop fière pour faire un scandale, elle resté très
digne et signifie au duc que désormais ils feront
chambre à part. Puis, celui-ci parti, elle tombe en
pleurs sur un fauteuil, n'entendant pas venir Son
Altesse accouru pour la revoir. Emu par ses
larmes, Monseigneur, ou plus familièrement Paul,
comme on l'appelle, se fait bou garçon, et dans une
scène charmante, lui offre d'abord, un peu mala-
droitement, un grog pour la remettre, puis, son
amitié perfide et intéressée, car les femmes, avec
lui, cèdent promptement.
M. Hermant nous présente, ici, nos diplomates
tels qu'ils sont chez eux : nous goûtons avec plaisir,
leur aimable conversation ; puis nous mesurons
l'importance attachée à un mot, à une phrase,
changeant de signification, suivant qu'elle est pro-
noncée de certaine façon ; nous assistons à l'arrivée
181
Van Dyck (Patrice) a toujours cette diction par-
faite et ce sentiment inné qui le mettent au premier
rang de nos ténors actuels.
Victor Maurel donne le cachet le plus séduisant
et le plus artistique au personnage du capitaine
Lionel : il a phrasé incomparablement ses duos
avec Moïna.
La création dé M. Bouvet restera certainement
inoubliable. Le Kormack qu'il a composé est d'une
vérité absolue, et l'excellent baryton a également
soulevé, comme chanteur, l'enthousiasme général.
Melchissédec (le Shériff) et Boudouresque (le père
Daniel) ont contribué pour leur part à un ensemble
remarquable et formé d'artistes que le théâtre de
Monte-Carlo peut seul nous permettre d'applaudir :
au cours de la même soirée. Les ovations et les
rappels se sont multipliés.
Les choeurs ont fait preuve de la plus grande
correction, et l'orchestre de Jehin a été, comme
toujours, impeccable. Décors et mise en scène, ma-
gnifiques.
En résumé l'immense succès de la première repré-
sentation de Moïna est un juste hommage rendu au
très grand mérite du triomphateur, M. Isidore de
Lara.
EMILE CARRÉ.
Nos Gravures
La Douloureuse, qui fait actuellement les beaux soirs
du Vaudeville, est une pièce ultra-moderne où l'on voit
des membres de la bourgeoisie s'exprimer comme les
habitués des cabarets montmartrois.
M. Donnay a l'esprit de vingt écholiers et son prin-
cipal talent consiste à piquer des mots « rosses » ici et
là, dans les parterres de sa littérature. Dans l'ensemble,
sa dernière comédie papillote, et les diamants de Bluze
de sa verve ont très bien l'apparence de pierres pré-
cieuses aux lumières. Il est juste d'ajouter qu'un rôle écrit
spécialement pour. Mme Réjane est toujours sauvé par le
génie d'une telle interprète et que Mllce Yahne et
MM. Calmettes et Mayer sont des artistes d'une si belle
valeur qu'ils sauveraient l'oeuvre la plus décousue, la
moins équilibrée.
Le dessin de M. Ray que nous publions aujourd'hui
représente la scène du second acte où Philippe (M. Cal-
mêttes) jure un amour éternel à Hélène (Mme Réjane).
LA SEMAINE THÉÂTRALE
CHRONIQUE DRAMATIQUE
Opéra.- Dimanche, huitième concert (série B) ; lundi,
Faust mercredi, Don Juan; vendredi, Lohengrin;
samedi, Aida.
Opéra-Comique. — Dimanche, Mignon; lundi, Carmen;
mardi, Orphée, le Chalet; mercredi, le Barbier de
Séville, Galathée; jeudi, Orphée, les Noces de Jean-
nelle; vendredi. Don Juan, rentrée de Mlle Van Zandt;
samedi, le Domino noir, la Navarraise.
Comédie-Française. — Dimanche, le Député de Bom-
bignac; lundi, mercredi, vendredi, samedi, Mieux vaut
douceur... Et violence, la Loi de l'homme; mardi,
jeudi, la Cigale chez les fourmis, le Gendre de M.Poi-
rier; jeudi, en matinée, Aristophane et Molière, les
Fourberies de Scapin et Monsieur Scapin.
Odéon, — Dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi,
vendredi, samedi, le Chemineau; jeudi, en matinée,
conférence par M. Hinzelin, la Maréchale d:Ancre.
Gymnase. -- La Carrière, comédie en quatre actes et
cinq tableaux, de M. Abel Hermant. (Première repré-
sentation le mercredi 17 mars.)
Nouveau-Théâtre. — A la vie, à la mort, drame en
cinq actes et six tableaux, de M, Pierre Dénis. (Pre-
mière représentation le mardi 16 mars.)
Théâtre de la République. — Le Banquier des
Halles, drame en cinq actes et sept tableaux, dont un
prologue, de MM, Jean La Roche et Georges Rolle.
(Première représentation le jeudi 18 mars.)
La Carrière est une étude du monde diploma-
tique ; la critique en est fine et mordante ; M. Abel
Hermant nous y montre, non certes sans justesse et
sans finesse, le diplomate — en dehors du travail
sérieux des bureaux —- dans sa conversation futile,
ses moeurs faciles et sa vie toute d'étiquette et de
correction.
La duchesse de Xaintrailles mariera prochaine-
ment son fils à une jeune fille de province, sortant
du couvent, pleine d'illusions et de tendresse. Un
peu troublée par la vue du trousseau étalé au
milieu du salon de sa mère, par la foule élégante,
blagueuse et boulevardière qui circule dans ce
salon, par la visite de Monseigneur, noceur bon
enfant en « bombe à Paris, frère d'un empereur de
je ne sais quel état où le fiancé occupe le poste de
secrétaire à l'ambassade de France, elle préférerait,
certes, la gentille Yvonne, un bon petit nid tran-
quille, où elle livrait heureuse, à cette existence
changeante et mouvementée. Mais le duc, diplomate
correct, se mariant par convenance, n'entend pas
sacrifier sa carrière à la naïveté de sa jeune fiancée
et se ménage l'appui de lady Stone, son ancienne
maîtresse, très influente, qui vient le relancer
jusque dans ce salon. Il promet donc à lady Stone
que leurs relations continueront comme auparavant
aussitôt qu'après le traditionnel voyage de noces il
aura regagné son poste officiel. A peine débarquée
à l'ambassade, la pauvre Yvonne surprend, en effet,
son mari embrassant familièrement lady Stone.
Son coeur se déchire, ses illusions s'envolent, mais
trop fière pour faire un scandale, elle resté très
digne et signifie au duc que désormais ils feront
chambre à part. Puis, celui-ci parti, elle tombe en
pleurs sur un fauteuil, n'entendant pas venir Son
Altesse accouru pour la revoir. Emu par ses
larmes, Monseigneur, ou plus familièrement Paul,
comme on l'appelle, se fait bou garçon, et dans une
scène charmante, lui offre d'abord, un peu mala-
droitement, un grog pour la remettre, puis, son
amitié perfide et intéressée, car les femmes, avec
lui, cèdent promptement.
M. Hermant nous présente, ici, nos diplomates
tels qu'ils sont chez eux : nous goûtons avec plaisir,
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