Titre : Revue d'histoire moderne et contemporaine / Société d'histoire moderne
Auteur : Société d'histoire moderne et contemporaine (France). Auteur du texte
Éditeur : Presses universitaires de France (Paris)
Éditeur : BelinBelin (Paris)
Date d'édition : 1973-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344172780
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 25346 Nombre total de vues : 25346
Description : 01 juillet 1973 01 juillet 1973
Description : 1973/07/01 (T20)-1973/09/30. 1973/07/01 (T20)-1973/09/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5450575s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-117877
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/10/2008
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- ETUDES
- MELANGES
- COMPTES RENDUS
COMPTES RENDUS 489
Michel VOVELLE, La Chute de la monarchie 1787-1792 ; Marc Bou-
LOISEAU, La République jacobine. 10 août 1792-9 thermidor an 11 ;
Denis WORONOFF, La République bourgeoise. De Thermidor à
Brumaire, 1794-1799, Nouvelle histoire de la France contempo-
raine, volumes 1 et 3, Paris, Editions du Seuil, 1972, 287, 288
et 250 p.
Ce petit livre inaugure une nouvelle collection qui, en seize volumes, se propose
de retracer l'histoire de la France depuis bientôt deux siècles. Il se recommande
par une information étendue et une bonne connaissance des controverses récentes
sur la Révolution française. Plus que le récit des événements, bien connus dans
l'ensemble, ce sont les développements traitant de ce que l'on appelait jadis l'his-
toire de la civilisation qui retiendront l'attention. On signalera tout particulière-
ment les pages consacrées au roi, à la cour et au pouvoir, à la pratique religieuse,
à la symbolique révolutionnaire, à ce que M. Vovelle appelle les butoirs : France
ignorante ou France hostile au nouvel ordre de choses. Mais l'essentiel reste bien
les deux révolutions, celle de 1789 et celle de 1792.
L'exposé des faits commence en 1786-1787, avec l'échec des réformes de Calonne.
Ainsi faisaient Albert Mathiez et Georges Lefebvre. Pierre Caron, par contre,
s'en tenait à la date de 1789. Quoi qu'il en soit, la question se pose inévitablement :
pouvait-on faire l'économie d'une révolution ? Il y avait en France tous les éléments
pour faire cette économie, comme il y avait tous les éléments pour faire la révolu-
tion. Alors ? A partir de quand les processus deviennent-ils irréversibles ? M. Vovelle
insiste sur la période critique du 5 mai au 6 octobre 1789. Il voit bien l'importance
de la séance du 23 juin et du programme royal, qui est tout autre chose qu'un
expédient temporaire et auquel Louis XVI s'est référé à plusieurs reprises comme
exprimant ses intentions. Mais le roi aurait pu ne pas céder le 27 juin, comme il
aurait pu résister (et sans doute l'emporter) le 14 juillet. C'est le 6 octobre qui
marque sa capitulation. Dans quelle mesure celle-ci est-elle liée à ce qui reste
mystérieux, l'effacement des intendants ? En tout cas il s'agit bien, de la part du
roi, d'un repli tactique. D'où la vanité des discussions sur la duplicité de Louis XVT,
sur son manque de sincérité. Pouvait-il, en conscience, admettre la diminution d'un
pouvoir qu'il tenait de ses ancêtres et de Dieu, et dont il se considérait comme
comptable envers eux ? « Il n'y a point en France d'autorité supérieure à la Loi.
Le roi ne règne que par elle » : la formule était, pour Louis XVl, inacceptable, il
il n'aurait pu y adhérer qu'en reniant ses devoirs de souverain. La constitution
civile de clergé ne fera qu'aggraver les scrupules du roi, bien antérieurs.
M. Vovelle aborde la fameuse question du dérapage de la révolution en 1791.
D'après lui, il y aurait eu plutôt une âpreté plus grande due principalement à
l'application de la constitution civile et aux troubles religieux qu'elle entraîna. Il
aurait pu se référer à une étude publiée par Dauphin-Meunier dans son livre
Autour de Mirabeau (1925). Ces quelques pages, intitulées « Le premier pas de
la Terreur», mettent en lumière l'importance des séances des Jacobins du 23 au
28 février 1791, dans une atmosphère particulièrement trouble : craintes éveillées
par l'intention prêtée à Monsieur de quitter Paris, par le départ de Mesdames
Tantes, par l'activité (supposée ?) du Club monarchique, par la marche d'habitants
du Faubourg Saint-Antoine sur le donjon de Vincennes pendant que se réunis-
saient aux Tuileries de prétendus « chevaliers du poignard », par l'altercation enfin,
au sein de l'Assemblée, entre Mirabeau et le triumvirat dans la discussion d'une
loi contre les émigrés. Tous ces faits composent une atmosphère de peur, qui
s'apaisera momentanément, mais qui n'en est pas moins révélatrice d'un changement
de climat. Dans cette agitation la part de la religion est considérable. On a depuis
longtemps souligné l'erreur commise par les constituants. Mais pouvaient-ils ne
pas toucher aux questions religieuses ? Dans ces conditions, l'aggravation était
presque inévitable, sans qu'on puisse parler d'un véritable dérapage.
Si l'on tient néanmoins à l'expression, comment ne pas attacher une très grande
importance aux événements extérieurs ? Nous savons que l'entrevue de Léopold II
Michel VOVELLE, La Chute de la monarchie 1787-1792 ; Marc Bou-
LOISEAU, La République jacobine. 10 août 1792-9 thermidor an 11 ;
Denis WORONOFF, La République bourgeoise. De Thermidor à
Brumaire, 1794-1799, Nouvelle histoire de la France contempo-
raine, volumes 1 et 3, Paris, Editions du Seuil, 1972, 287, 288
et 250 p.
Ce petit livre inaugure une nouvelle collection qui, en seize volumes, se propose
de retracer l'histoire de la France depuis bientôt deux siècles. Il se recommande
par une information étendue et une bonne connaissance des controverses récentes
sur la Révolution française. Plus que le récit des événements, bien connus dans
l'ensemble, ce sont les développements traitant de ce que l'on appelait jadis l'his-
toire de la civilisation qui retiendront l'attention. On signalera tout particulière-
ment les pages consacrées au roi, à la cour et au pouvoir, à la pratique religieuse,
à la symbolique révolutionnaire, à ce que M. Vovelle appelle les butoirs : France
ignorante ou France hostile au nouvel ordre de choses. Mais l'essentiel reste bien
les deux révolutions, celle de 1789 et celle de 1792.
L'exposé des faits commence en 1786-1787, avec l'échec des réformes de Calonne.
Ainsi faisaient Albert Mathiez et Georges Lefebvre. Pierre Caron, par contre,
s'en tenait à la date de 1789. Quoi qu'il en soit, la question se pose inévitablement :
pouvait-on faire l'économie d'une révolution ? Il y avait en France tous les éléments
pour faire cette économie, comme il y avait tous les éléments pour faire la révolu-
tion. Alors ? A partir de quand les processus deviennent-ils irréversibles ? M. Vovelle
insiste sur la période critique du 5 mai au 6 octobre 1789. Il voit bien l'importance
de la séance du 23 juin et du programme royal, qui est tout autre chose qu'un
expédient temporaire et auquel Louis XVI s'est référé à plusieurs reprises comme
exprimant ses intentions. Mais le roi aurait pu ne pas céder le 27 juin, comme il
aurait pu résister (et sans doute l'emporter) le 14 juillet. C'est le 6 octobre qui
marque sa capitulation. Dans quelle mesure celle-ci est-elle liée à ce qui reste
mystérieux, l'effacement des intendants ? En tout cas il s'agit bien, de la part du
roi, d'un repli tactique. D'où la vanité des discussions sur la duplicité de Louis XVT,
sur son manque de sincérité. Pouvait-il, en conscience, admettre la diminution d'un
pouvoir qu'il tenait de ses ancêtres et de Dieu, et dont il se considérait comme
comptable envers eux ? « Il n'y a point en France d'autorité supérieure à la Loi.
Le roi ne règne que par elle » : la formule était, pour Louis XVl, inacceptable, il
il n'aurait pu y adhérer qu'en reniant ses devoirs de souverain. La constitution
civile de clergé ne fera qu'aggraver les scrupules du roi, bien antérieurs.
M. Vovelle aborde la fameuse question du dérapage de la révolution en 1791.
D'après lui, il y aurait eu plutôt une âpreté plus grande due principalement à
l'application de la constitution civile et aux troubles religieux qu'elle entraîna. Il
aurait pu se référer à une étude publiée par Dauphin-Meunier dans son livre
Autour de Mirabeau (1925). Ces quelques pages, intitulées « Le premier pas de
la Terreur», mettent en lumière l'importance des séances des Jacobins du 23 au
28 février 1791, dans une atmosphère particulièrement trouble : craintes éveillées
par l'intention prêtée à Monsieur de quitter Paris, par le départ de Mesdames
Tantes, par l'activité (supposée ?) du Club monarchique, par la marche d'habitants
du Faubourg Saint-Antoine sur le donjon de Vincennes pendant que se réunis-
saient aux Tuileries de prétendus « chevaliers du poignard », par l'altercation enfin,
au sein de l'Assemblée, entre Mirabeau et le triumvirat dans la discussion d'une
loi contre les émigrés. Tous ces faits composent une atmosphère de peur, qui
s'apaisera momentanément, mais qui n'en est pas moins révélatrice d'un changement
de climat. Dans cette agitation la part de la religion est considérable. On a depuis
longtemps souligné l'erreur commise par les constituants. Mais pouvaient-ils ne
pas toucher aux questions religieuses ? Dans ces conditions, l'aggravation était
presque inévitable, sans qu'on puisse parler d'un véritable dérapage.
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