On a tant dit sur Munich qu'il serait peu excusable de revenir sur ce sujet. Mais, si souvent identifié comme l'un des piliers de la seconde guerre mondiale, et plus largement, comme un exemple frappant de l'er- reur qui consiste à se soumettre à l'intimidation, on resterait en deçà de la vérité en disant simplement que cet événement, vieux de près de quarante ans, éveille encore beaucoup d'intérêt. Dans un monde qui est, malheureusement, de plus en plus familier avec la rhétorique et les réa- lités du terrorisme et du chantage internationaux, combien de fois se rappellent à nous les sinistres « leçons de Munich » !
Évidemment, la plupart des opinions différent sur ce que furent ces « leçons ». Et cet état de fait semble peu destiné à changer, malgré toutes les heures que les historiens ont consacrées à ce sujet : peut-être parce que ceux qui sont le plus enclins à rappeler ces « leçons » les ont vécues, sans qu'elles aient évidemment pu être rectifiées par des docu- ments jusqu'alors non accessibles au public. Ces expériences personnelles ne peuvent être remises en cause. Mais c'est le devoir de l'historien de croire qu'il est un autre niveau de fait, tout aussi pertinent pour les générations qui suivirent qu'il peut sembler hors de propos, ou pour le moins académique, aux contemporains de l'événement dont nous par- lons. Il s'agit indéniablement d'une autre perspective : celle de ceux qui, privés de souvenirs et d'expérience vécue, s'appuient surtout sur une documentation à laquelle n'avaient pas accès la plupart des contemporains de Munich.
Ces dernières années, cette documentation s'est enrichie en quantité et en qualité 1. Il y a seulement quelques années, l'auteur de cet article a publié une étude de la politique française durant la crise de Munich, fondée sur les documents des archives britanniques récemment ouvertes au public, ainsi que sur les souvenirs aimablement fournis par les anciens
1. Cette recherche dans les archives françaises a été rendue possible grâce à une bourse Canada Council. J'aimerais remercier M. Fridenson (à Nanterre) de s'être occupé de toutes les démarches me permettant de consulter des travaux pour la plupart basés sur des archives françaises inaccessibles au public.
N.B. — A la demande de certains centres d'archives, les références à quelques docu- ments ne sont pas identifiées.
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