172 REVUE D'HISTOIRE MODERNE ET CONTEMPORAINE
Cette agitation trouva partout un large écho et ainsi le Tribunal de Leipzig
fut contraint à acquitter les accusés, sauf van der Lubbe qui fut condamné à
mort et exécuté. On sait que Dimitroff fut libéré, devint ultérieurement secré-
taire général du Komintem et, après la Deuxième Guerre mondiale, chef du
gouvernement de Bulgarie.
Les antifascistes allemands avaient attiré l'attention du monde sur le danger
émanant du régime hitlérien. Ce fut leur première succès. Malheureusement, il
resta éphémère. Par la suite, les diverses puissances essayèrent pour des raisons
de « haute politique » de s'accommoder avec le Troisième Reich et celui-ci put
déclencher la catastrophe de la Deuxième Guerre mondiale.
Charles BLOCH.
Deux livres sur les Églises et la deuxième guerre mondiale
Jean CHELINI, L'Église sous Pie XII. La tourmente (1939-1945), Paris, Fayard,
1983, 355 p.
Xaxier DE MONTCLOS, Les chrétiens face au nazisme et au stalinisme. L'épreuve
totalitaire, 1939-1945, Paris, Pion, 1983, 303 p.
Deux ouvrages, parus au même moment, reviennent sur la question grave et
délicate, de l'attitude de l'Église et des chrétiens, pendant la seconde guerre
mondiale, Jean Chelini, historien de la vie religieuse au Moyen Age, auteur de
travaux de sociologie religieuse dans la ligne de Gabriel Le Bras, et d'essais ou
d'ouvrages de vulgarisation sur l'Église contemporaine, entreprend de donner
une suite, chez Fayard, à l'Histoire de l'Église du Christ, entreprise par Daniel
Rops, et arrêtée à 1939. Ce livre veut donc être la première partie d'une histoire
de l'Église sous Pie XII, pendant les années du conflit mondial. Le propos est
vaste, et va au-delà de celui, déjà considérable, qui eût été d'écrire une biographie
de Pie XII. En fait l'auteur, comme il en convient, s'attache avant tout à
l'examen de l'attitude de l'Église et des catholiques pendant la guerre, et n'aborde
pas véritablement la vie religieuse au long du conflit. Des courants théologiques,
de l'évolution de la spiritualité et de la pratique, l'auteur, à dessein ne parle pas,
se réservant pour un volume ultérieur. Le choix peut paraître contestable
puisque, on le sait bien, la guerre a été, et pas seulement en France, une période
singulièrement féconde pour la vie de l'Église.
Même s'il s'accommode de ce choix, le lecteur ne peut dissimuler sa décep-
tion. Bien sûr, certains chapitres peuvent trouver l'intérêt du grand public,
qui ne dispose pas sur le sujet d'une littérature aisément accessible, ainsi des
analyses sur les efforts de Pie XII en faveur de la paix ou sur le drame de la
Pologne. L'auteur utilise là les Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la
Seconde guerre mondiale, cet ensemble irremplaçable, dont le onzième et dernier
volume a été publié en 1981.
Trop souvent toutefois, on est contraint à relever inexactitudes ', et appro-
ximations et, pour tout dire, à constater l'insuffisance de l'information. La
bibliographie énumère des titres forts divers et comporte des lacunes de pre-
mière grandeur : ni Emile Poulat, Naissance des prêtres ouvriers (Casterman,
1965), ni Victor Conzemius, dont la chronique bibliographique. Églises chrétiennes
et totalitarisme national-socialiste 2, reste, après quinze ans, le meilleur guide
dans une immense littérature, ne sont mentionnés. Un hommage d'ensemble, mais
1. Quelques exemples : L'Encyclique Maximam gravissimamque qui autorise l'acceptation
des diocésaines, est du 18 janvier et non 18 juin 1924, coquille reprise, après bien d'autres
auteurs, du classique d'Adrien Dansette. Il est bon parfois de revenir aux documents ! Dire
du monde politique au temps de Daladier qu'il est « dominé par les radicaux et les maçons »,
« imperméable à toute préoccupation religieuse » est rapide, et ignore la volonté de Daladier
de s'appuyer sur « les forces spirituelles ». Les catholiques restent au pouvoir après 1927 en
Allemagne...
2. Revue d'histoire ecclésiastique, 1969, 161 p.
o teatro del Mundo". Les marionnettes et l'histoire du Mexique
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