Titre : Histoire du Second Empire, 1848-70 : les affaires de Boulogne et Strasbourg, la seconde république,... / par Hippolyte Magen ; illustrée par MM. Blanchard, G. Brion, Chifflart, [et al.]
Auteur : Magen, Hippolyte (1814-1886). Auteur du texte
Éditeur : impr. librairie illustrée (Paris)
Date d'édition : 1878
Contributeur : Blanchard (18..-18.. ; illustrateur). Illustrateur
Sujet : France -- 1852-1870 (Second Empire)
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34031835n
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 1 vol. (792 p.) : ill., portr. ; in-4 1 vol. (792 p.) : ill., portr. ; in-4
Format : Nombre total de vues : 802 Nombre total de vues : 802
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Description : Avec mode texte Avec mode texte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5444654x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-LB56-3161 (A)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/10/2008
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- PORTRAITS.
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- SCENES, VUES, COMBATS, BATAILLES, ETC.
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HISTOIRE DU SECOND EMPIRE (1848-70)
puis le cabinet de toilette jusqu'à la chambre
des enfants.
A la même heure, le divan de la rue Le
Peletier était envahi par une compagnie de
chasseurs: de Vincennes, ayant à sa tête le
commissaire Boudrot. A ses côtés se tenait
un ancien écrivain devenu célèbre dans le
monde de la police, le mouchard Lucien Dela-
hode. Sur un signe de ce drôle qui avait mangé
le pain de ceux qu'il vendait, le commissaire
arrêta neuf personnes au nombre desquelles
se trouvaient Xavier Durrieu et Kesler du
journal la Révolution, Edouard Gorges du
Siècle et M. Lignères, un négociant de Paris.
On emmena les prisonniers à la mairie du
faubourg Saint-Martin en longeant les bou-
levards où campaient des soldats d'infanterie
encore avinés et qui criaient aux chasseurs de
l'escorte: « Piquez-les ! Embrochez-les ! » Le
lendemain, ils furent acheminés vers la préfec-
ture de police au milieu d'une imposante co-
lonne que le général Canrobert, accaparant
toutes les gloires, voulut commander lui-
même !
Le matin de ce jour-là, dans un décret
publié par le Moniteur, Louis Bonaparte ar-
rêta que le massacre de la veille serait «ré-
compensé et compté comme service de campa-
gne ». Le soir, dans une proclamation, le
général Saint-Arnaud félicitait les massa-
creurs « d'avoir accompli un grand acte de
leur vie militaire, sauvé la République; de
s'êtremontrés braves, dévoués, infatigables,»
et il ajoutait : « La France vous admire et
vous remercie. Le président de la Républi-
que n'oubliera jamais votre dévouement. »
La proclamation du ministre de la guerre est
aussi injurieuse à l'honneur militaire que le
décret du dictateur, au sujet duquel un his-
torien des plus graves s'exprime ainsi :
« Quand on voit que le chef d'une nation
fière et puissante est capable d'apposer sa si-
gnature au bas d'un document de ce genre,
le 5 décembre, on peut se former une idée
des sensations qu'il éprouvait, la veille, lors-
qu'à l'angoisse de la terreur n'avait pas en-
core succédé l'indécente allégresse d'avoir
échappé au péril 1. ». — Louis Bonaparte
s'empressa d'élever à des grades supérieurs
les officiers qui s'étaient distingués par leur
ardeur au massacre.
Afin que la religion bénisse leurs forfaits
comme elle avait béni ceux de Charles IX,
les criminels de Décembre se mettent à pape-
larder et.à faire des avances au clergé dont
ils réclameront bientôt les prières"et l'appui.
Tandis que, par un décret, Louis Bonaparte
rend au culte catholique et replace dévotieu-,
sement le Panthéon « sous l'invocation de
sainte Geneviève, patronne de Paris,» M. de
Morny prêche,' dans une' circulaire pieuse,
« l'observation du repos prescrit par l'Église
dans le saint jour du dimanche; » !
Des décrets successifs défèrent à l'autorité
militaire « la connaissance de tous les faits
militaires se rattachant à l'insurrection du
3 décembre et des jours suivants»-, c'est-à-dire
à la défense des lois violées, — et donnent à
l'administration « la faculté de déporter, à
Cayenne et en Algérie, les repris de justice
en rupture de ban, les individus ayant fait
partie d'une société secrète et tous ceux qui
contreviendraient à un ordre fixant leur rési-
dence hors de Paris et de la banlieue, » c'est-
à-dire tous les citoyens dont il plaira au dic-
tateur de se débarrasser. Assimilant le dé-
vouement et l'honneur au crime et à l'infamie,
M. de Morny confondait les hommes politi-
ques, dont il redoutait la probité, avec les re-
pris de justice en rupture de ban! Une lettre
de M. de Maupas aux commissaires de po-
lice ajoutait à ces décrets odieux ce complé-
ment logique et significatif : « Il faut suppri-
mer toute cause d'agitation en pratiquant sur
une vaste échelle un système de perquisitions
et d'arrestations. »
Cependant les scènes de carnage dont Pa-
ris avait été le théâtre se reproduisaient dans
1. W. Kinglake.
HISTOIRE DU SECOND EMPIRE (1848-70)
puis le cabinet de toilette jusqu'à la chambre
des enfants.
A la même heure, le divan de la rue Le
Peletier était envahi par une compagnie de
chasseurs: de Vincennes, ayant à sa tête le
commissaire Boudrot. A ses côtés se tenait
un ancien écrivain devenu célèbre dans le
monde de la police, le mouchard Lucien Dela-
hode. Sur un signe de ce drôle qui avait mangé
le pain de ceux qu'il vendait, le commissaire
arrêta neuf personnes au nombre desquelles
se trouvaient Xavier Durrieu et Kesler du
journal la Révolution, Edouard Gorges du
Siècle et M. Lignères, un négociant de Paris.
On emmena les prisonniers à la mairie du
faubourg Saint-Martin en longeant les bou-
levards où campaient des soldats d'infanterie
encore avinés et qui criaient aux chasseurs de
l'escorte: « Piquez-les ! Embrochez-les ! » Le
lendemain, ils furent acheminés vers la préfec-
ture de police au milieu d'une imposante co-
lonne que le général Canrobert, accaparant
toutes les gloires, voulut commander lui-
même !
Le matin de ce jour-là, dans un décret
publié par le Moniteur, Louis Bonaparte ar-
rêta que le massacre de la veille serait «ré-
compensé et compté comme service de campa-
gne ». Le soir, dans une proclamation, le
général Saint-Arnaud félicitait les massa-
creurs « d'avoir accompli un grand acte de
leur vie militaire, sauvé la République; de
s'êtremontrés braves, dévoués, infatigables,»
et il ajoutait : « La France vous admire et
vous remercie. Le président de la Républi-
que n'oubliera jamais votre dévouement. »
La proclamation du ministre de la guerre est
aussi injurieuse à l'honneur militaire que le
décret du dictateur, au sujet duquel un his-
torien des plus graves s'exprime ainsi :
« Quand on voit que le chef d'une nation
fière et puissante est capable d'apposer sa si-
gnature au bas d'un document de ce genre,
le 5 décembre, on peut se former une idée
des sensations qu'il éprouvait, la veille, lors-
qu'à l'angoisse de la terreur n'avait pas en-
core succédé l'indécente allégresse d'avoir
échappé au péril 1. ». — Louis Bonaparte
s'empressa d'élever à des grades supérieurs
les officiers qui s'étaient distingués par leur
ardeur au massacre.
Afin que la religion bénisse leurs forfaits
comme elle avait béni ceux de Charles IX,
les criminels de Décembre se mettent à pape-
larder et.à faire des avances au clergé dont
ils réclameront bientôt les prières"et l'appui.
Tandis que, par un décret, Louis Bonaparte
rend au culte catholique et replace dévotieu-,
sement le Panthéon « sous l'invocation de
sainte Geneviève, patronne de Paris,» M. de
Morny prêche,' dans une' circulaire pieuse,
« l'observation du repos prescrit par l'Église
dans le saint jour du dimanche; » !
Des décrets successifs défèrent à l'autorité
militaire « la connaissance de tous les faits
militaires se rattachant à l'insurrection du
3 décembre et des jours suivants»-, c'est-à-dire
à la défense des lois violées, — et donnent à
l'administration « la faculté de déporter, à
Cayenne et en Algérie, les repris de justice
en rupture de ban, les individus ayant fait
partie d'une société secrète et tous ceux qui
contreviendraient à un ordre fixant leur rési-
dence hors de Paris et de la banlieue, » c'est-
à-dire tous les citoyens dont il plaira au dic-
tateur de se débarrasser. Assimilant le dé-
vouement et l'honneur au crime et à l'infamie,
M. de Morny confondait les hommes politi-
ques, dont il redoutait la probité, avec les re-
pris de justice en rupture de ban! Une lettre
de M. de Maupas aux commissaires de po-
lice ajoutait à ces décrets odieux ce complé-
ment logique et significatif : « Il faut suppri-
mer toute cause d'agitation en pratiquant sur
une vaste échelle un système de perquisitions
et d'arrestations. »
Cependant les scènes de carnage dont Pa-
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