118 LES PEINTURES DES MANUSCRITS ORIENTAUX
Shaponr, dont la fondation remonte au règne de Shapour Ier (240-271), des détails d'orne-
mentation qui sont nettement copiés sur des motifs de l'époque achéménide, tels
des têtes de taureau imitées de celles des chapiteaux persépolitains de l'Apadana 1 de
Darius, ce qui montre, soit que les Arsacides n'avaient rien laissé en Perse, soit qu'ils
imitaient l'art des Achéménides 2.
palais ou d'un temple babylonien, mais demi la silhouette massive et inélégante a été profondément modifiée
par la création de péristyles ornés de colonnes, ce qui est grec, et d'une salle hypostyle, ce qui est égyptien,
dont les fûts des colonnes sont grecs, par l'ouverture dans les parois du temple de portiques empruntés à
l'Egypte, par la substitution de la pierre à la brique, par un allégement général de l'édifice, par le rythme
des théories de personnages qui se déroulent sur les flancs du soubassement, dans lesquels l'influence
hellénique esl visible, surtout dans le drapage de leurs vêtements. La complexité de l'art perse s'explique
aisément : Babylone, l'Assyrie, l'Egypte, certaines îles grecques de l'Egée, l'Ionie, qui comprenait les colonies
ioniennes, éoliennes, doriennes, d'Asie Mineure, étaient des provinces du roi achéménide, qui régnait comme
Pharaon au Mur Blanc, comme roi de Babylone au pied du zigourrat de Bel. La Macédoine, sous Darius cl.
Xerxès avait été une province perse. Avant l'expédition de Darius contre les Scythes, en 513, Amyntas, roi de
Macédoine, s'était vu dans l'obligation de reconnaître la suzeraineté du roi de Perse, et de lui payer un tribut;
son fils, Alexandre, dut en faire autant, et fut contraint d'accompagner Xerxès dans son expédition. Ce fui
cet Alexandre de Macédoine, vassal du Roi des Rois, qui, après Salamine, à la fin de 480, vint à Athènes,
envoyé par Mardonius, pour offrir la paix aux Hellènes; ce fut lui qui, dans la nuit du 19 septembre 479, sortit
du camp des Perses, et poussa son cheval jusqu'aux avant-postes de l'armée de la Liberté, pour avertir Aris-
tide que Mardonius attaquerait le lendemain à l'aube. La bataille de Platées rendit son indépendance à la
Macédoine, sans que le roi de Perse voulût la reconnaître. Les Macédoniens sont les Grecs la.kaba.ra de
l'inscription de Darius, à Naksh-i Roustam, qui nomme successivement, parmi les sujets du Grand Roi, les
Yaunâ, les Ioniens d'Asie, les Salie lyaiy pàradaraya, les Sakas, les Scythes, d'au delà de la mer, les Scythes
de Thrace, germaniques, en partie slaves, que Darius avait tenté de soumettre, pour faire de leur contrée un
glacis contre la Grèce, les Skudra, qui sont les Scythes de l'autre côté, à l'orient du Dniestr et du Dniepr, les
Yaunâ lakabarà, qui sont les Grecs d'Europe, « ceux qui portent des chenilles de plumes (au cimier de leurs
casques) sur le sommet de leurs têtes » sha ma.ginna.li (arabe madjann, traduit wishah, ornement de la
coiffure des femmes) ina kakkadishunu banashu, comme le traduit la version babylonienne de l'inscription de
Naksh-i Rouslam. La civilisation perse était de date récente, elle ne remontait pas avant le vmc siècle,
alors que Déjocôs fil construire lïcbatane à l'assyrienne (Hér., I, 96) ; le pays des Perses était si misérable,
à l'époque relativement civilisée de Cyrus, fils de Cambyse, que Sandanès fit tout ce qu'il put pour démon-
trer à Crésus qu'il ne retirerait aucun avantage d'une guerre contre eux (I, 71) ; même au temps d'Héro-
dote, ils n'avaient ni temples, ni statues (1, 131), c'est-à-dire qu'ils n'avaient aucun art national, ce qui
explique pourquoi l'Apadana est le syncrétisme de formules usitées .dans plusieurs provinces de l'empire :
les Perses adoptaient facilement les usages étrangers (I, 135) ; ils avaient pris leurs vêtements aux Mèdes,
leurs cuirasses à l'Egypte, leur écriture à Babylone. Lucien (La double accusation, 27) parle d'un homme
vêtu de la robe perse, à la mode des Assyriens. La simultanéité des influences grecque et babylonienne en
Perse est prouvée par les monnaies des Achéménides, sur lesquelles esl figuré un personnage héroïque aux
prises avec un lion dressé sur ses pattes, ce qui est le thème chaldéen célèbre de la lutte d'Isdoubar, par
celles des satrapes, avec légendes araméennes, qui présentent une singulière alternance d'hellénisme et de
babylonisme. Les Grecs furent en relations constantes avec les Achéménides, comme on le sait pour Scylax,
Ctésias, Xônophon. Ce fut Démocèdes de Crotone, médecin de Polycrate de Samos, qui guérit Darius et Atossa
(Hérodote, III, 126-137) ; les Grecs fournirent un contingent à Darius lors de sa campagne contre les Scythes ;
des tyrans ioniens, chassés de leurs états par Aristagoras de Milet, se réfugièrent à la cour de Darius, et
marchèrent avec son armée contre Milet (VI, 9) ; les prisonniers faits dans cette ville furent conduits à Susc
(VI, 20); Darius (VI, 24; 30) reconnut pleinement les services que les Grecs lui avaient rendus, et son fils
Xerxès loua la fidélité des Grecs de son armée (VII, 52:) L'influence qu'Artaxerxès II exerça sur la Grèce,
celle que les Hellènes exercèrent sur lui, sont des faits extraordinaires : Sparte, Athènes, Thèbcs, se dispu-
taient son alliance ; il était devenu l'arbitre suprême des destinées de la Grèce, et les Longs Murs d'Alhènes
furent rebâtis à ses frais.
•1. Coste et Flandin, Monuments anciens de la Perse, I, 47.
2. Si les Arsacides avaient eu des formules artistiques qui leur fussent, propres, quelque chose qui ressem-
blât à un art national, les Sassanides, qui leur succédèrent dans la souveraineté de l'Iran, y seraient allés
Shaponr, dont la fondation remonte au règne de Shapour Ier (240-271), des détails d'orne-
mentation qui sont nettement copiés sur des motifs de l'époque achéménide, tels
des têtes de taureau imitées de celles des chapiteaux persépolitains de l'Apadana 1 de
Darius, ce qui montre, soit que les Arsacides n'avaient rien laissé en Perse, soit qu'ils
imitaient l'art des Achéménides 2.
palais ou d'un temple babylonien, mais demi la silhouette massive et inélégante a été profondément modifiée
par la création de péristyles ornés de colonnes, ce qui est grec, et d'une salle hypostyle, ce qui est égyptien,
dont les fûts des colonnes sont grecs, par l'ouverture dans les parois du temple de portiques empruntés à
l'Egypte, par la substitution de la pierre à la brique, par un allégement général de l'édifice, par le rythme
des théories de personnages qui se déroulent sur les flancs du soubassement, dans lesquels l'influence
hellénique esl visible, surtout dans le drapage de leurs vêtements. La complexité de l'art perse s'explique
aisément : Babylone, l'Assyrie, l'Egypte, certaines îles grecques de l'Egée, l'Ionie, qui comprenait les colonies
ioniennes, éoliennes, doriennes, d'Asie Mineure, étaient des provinces du roi achéménide, qui régnait comme
Pharaon au Mur Blanc, comme roi de Babylone au pied du zigourrat de Bel. La Macédoine, sous Darius cl.
Xerxès avait été une province perse. Avant l'expédition de Darius contre les Scythes, en 513, Amyntas, roi de
Macédoine, s'était vu dans l'obligation de reconnaître la suzeraineté du roi de Perse, et de lui payer un tribut;
son fils, Alexandre, dut en faire autant, et fut contraint d'accompagner Xerxès dans son expédition. Ce fui
cet Alexandre de Macédoine, vassal du Roi des Rois, qui, après Salamine, à la fin de 480, vint à Athènes,
envoyé par Mardonius, pour offrir la paix aux Hellènes; ce fut lui qui, dans la nuit du 19 septembre 479, sortit
du camp des Perses, et poussa son cheval jusqu'aux avant-postes de l'armée de la Liberté, pour avertir Aris-
tide que Mardonius attaquerait le lendemain à l'aube. La bataille de Platées rendit son indépendance à la
Macédoine, sans que le roi de Perse voulût la reconnaître. Les Macédoniens sont les Grecs la.kaba.ra de
l'inscription de Darius, à Naksh-i Roustam, qui nomme successivement, parmi les sujets du Grand Roi, les
Yaunâ, les Ioniens d'Asie, les Salie lyaiy pàradaraya, les Sakas, les Scythes, d'au delà de la mer, les Scythes
de Thrace, germaniques, en partie slaves, que Darius avait tenté de soumettre, pour faire de leur contrée un
glacis contre la Grèce, les Skudra, qui sont les Scythes de l'autre côté, à l'orient du Dniestr et du Dniepr, les
Yaunâ lakabarà, qui sont les Grecs d'Europe, « ceux qui portent des chenilles de plumes (au cimier de leurs
casques) sur le sommet de leurs têtes » sha ma.ginna.li (arabe madjann, traduit wishah, ornement de la
coiffure des femmes) ina kakkadishunu banashu, comme le traduit la version babylonienne de l'inscription de
Naksh-i Rouslam. La civilisation perse était de date récente, elle ne remontait pas avant le vmc siècle,
alors que Déjocôs fil construire lïcbatane à l'assyrienne (Hér., I, 96) ; le pays des Perses était si misérable,
à l'époque relativement civilisée de Cyrus, fils de Cambyse, que Sandanès fit tout ce qu'il put pour démon-
trer à Crésus qu'il ne retirerait aucun avantage d'une guerre contre eux (I, 71) ; même au temps d'Héro-
dote, ils n'avaient ni temples, ni statues (1, 131), c'est-à-dire qu'ils n'avaient aucun art national, ce qui
explique pourquoi l'Apadana est le syncrétisme de formules usitées .dans plusieurs provinces de l'empire :
les Perses adoptaient facilement les usages étrangers (I, 135) ; ils avaient pris leurs vêtements aux Mèdes,
leurs cuirasses à l'Egypte, leur écriture à Babylone. Lucien (La double accusation, 27) parle d'un homme
vêtu de la robe perse, à la mode des Assyriens. La simultanéité des influences grecque et babylonienne en
Perse est prouvée par les monnaies des Achéménides, sur lesquelles esl figuré un personnage héroïque aux
prises avec un lion dressé sur ses pattes, ce qui est le thème chaldéen célèbre de la lutte d'Isdoubar, par
celles des satrapes, avec légendes araméennes, qui présentent une singulière alternance d'hellénisme et de
babylonisme. Les Grecs furent en relations constantes avec les Achéménides, comme on le sait pour Scylax,
Ctésias, Xônophon. Ce fut Démocèdes de Crotone, médecin de Polycrate de Samos, qui guérit Darius et Atossa
(Hérodote, III, 126-137) ; les Grecs fournirent un contingent à Darius lors de sa campagne contre les Scythes ;
des tyrans ioniens, chassés de leurs états par Aristagoras de Milet, se réfugièrent à la cour de Darius, et
marchèrent avec son armée contre Milet (VI, 9) ; les prisonniers faits dans cette ville furent conduits à Susc
(VI, 20); Darius (VI, 24; 30) reconnut pleinement les services que les Grecs lui avaient rendus, et son fils
Xerxès loua la fidélité des Grecs de son armée (VII, 52:) L'influence qu'Artaxerxès II exerça sur la Grèce,
celle que les Hellènes exercèrent sur lui, sont des faits extraordinaires : Sparte, Athènes, Thèbcs, se dispu-
taient son alliance ; il était devenu l'arbitre suprême des destinées de la Grèce, et les Longs Murs d'Alhènes
furent rebâtis à ses frais.
•1. Coste et Flandin, Monuments anciens de la Perse, I, 47.
2. Si les Arsacides avaient eu des formules artistiques qui leur fussent, propres, quelque chose qui ressem-
blât à un art national, les Sassanides, qui leur succédèrent dans la souveraineté de l'Iran, y seraient allés
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