Titre : Le Christianisme social : revue mensuelle
Auteur : Mouvement français du christianisme social. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-01-20
Contributeur : Gounelle, Élie (1865-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327413927
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 janvier 1910 20 janvier 1910
Description : 1910/01/20 (A23,N1). 1910/01/20 (A23,N1).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54258922
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-82414
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2008
LIBRK PENSÉE ET FOI LIBRE 53
admettre qu'on lui fasse un privilège si exclusif, une situation
aussi arbitrairement exceptionnelle, alors qu'elle ne semble
déjà plus ni absolument nécessaire, ni suffisante, ni utile dans
sa totalité au progrès du genre humain. Il peut accueillir des
éléments de toutes les traditions, il ne peut s'inféoder à aucune
d'elles. Etre « hérétique, » c'est choisir, de par l'étymologie;
et quand on choisit, c'est qu'on a un critère pour juger les
traditions, loin de prendre une tradition déterminée pour cri-
tère. Le libre-penseur est donc le seul hérétique conséquent;
l'Eglise catholique ne s'y est pas trompée. Se déclarer « chré-
tien libre, » c'est restreindre sa liberté au moment même où
on l'affirme.
Certes, il n'en serait pas ainsi, si l'on se disait chrétien
comme on peut se dire Kantien ou Cartésien. Mais vous recon-
naîtrez qu'il y a quelque différence. La plus grave au point de
vue de cette liberté que nous prisons si haut l'un et l'autre,
c'est que l'on naît dans le christianisme, on entre, et avec
combien de réserves toujours, dans un système philosophique.'
La pensée religieuse, on ne l'a pas choisie en partant, comme
le veut et le fait la pensée scientifique ou philosophique, d'un
état de doute ou d'indifférence critique. On l'a connue comme
solution, avant d'avoir même posé le problème. On l'a adoptée
par le « coeur » et la « coutume » (pour parler le langage de
Pascal), avant d'avoir à l'accepter pour la'raison. Quelle garan-
tie dès lors, malgré le plus intense effort de sincérité intérieure,
le croyant peut-il avoir de sa parfaite liberté d'esprit? Il n'en
pourrait être certain, que s'il pouvait découvrir de toutes pièces
sa foi par la raison : intellectus inveniens (idem. Mais après une
éducation chrétienne intense, cette expérience n'est plus pos-
sible, et personne ne peut songer à l'instituer sérieusen ent.
Au reste si l'essentiel d'une tradition pouvait se retrouver par
la raison, quelle valeur conserverait la tradition comme telle?
Je ne pense pas qu'à cette hypothèse le chrétien « libre-
croyant » trouvât encore son compte. Quand je possède par
raison le théorème de Pythagore, le nom etl'auiorité de Pytha-
gore n'y ajoutent rien ; et Pythagore pourrait n'être qu'un
mythe qui porterait le nom du théorème! Mais dire : « Ceci
est vrai (ou bon) parce que c'est chrétien, » c'est, se replacer
admettre qu'on lui fasse un privilège si exclusif, une situation
aussi arbitrairement exceptionnelle, alors qu'elle ne semble
déjà plus ni absolument nécessaire, ni suffisante, ni utile dans
sa totalité au progrès du genre humain. Il peut accueillir des
éléments de toutes les traditions, il ne peut s'inféoder à aucune
d'elles. Etre « hérétique, » c'est choisir, de par l'étymologie;
et quand on choisit, c'est qu'on a un critère pour juger les
traditions, loin de prendre une tradition déterminée pour cri-
tère. Le libre-penseur est donc le seul hérétique conséquent;
l'Eglise catholique ne s'y est pas trompée. Se déclarer « chré-
tien libre, » c'est restreindre sa liberté au moment même où
on l'affirme.
Certes, il n'en serait pas ainsi, si l'on se disait chrétien
comme on peut se dire Kantien ou Cartésien. Mais vous recon-
naîtrez qu'il y a quelque différence. La plus grave au point de
vue de cette liberté que nous prisons si haut l'un et l'autre,
c'est que l'on naît dans le christianisme, on entre, et avec
combien de réserves toujours, dans un système philosophique.'
La pensée religieuse, on ne l'a pas choisie en partant, comme
le veut et le fait la pensée scientifique ou philosophique, d'un
état de doute ou d'indifférence critique. On l'a connue comme
solution, avant d'avoir même posé le problème. On l'a adoptée
par le « coeur » et la « coutume » (pour parler le langage de
Pascal), avant d'avoir à l'accepter pour la'raison. Quelle garan-
tie dès lors, malgré le plus intense effort de sincérité intérieure,
le croyant peut-il avoir de sa parfaite liberté d'esprit? Il n'en
pourrait être certain, que s'il pouvait découvrir de toutes pièces
sa foi par la raison : intellectus inveniens (idem. Mais après une
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croyant » trouvât encore son compte. Quand je possède par
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gore n'y ajoutent rien ; et Pythagore pourrait n'être qu'un
mythe qui porterait le nom du théorème! Mais dire : « Ceci
est vrai (ou bon) parce que c'est chrétien, » c'est, se replacer
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