Presse et revues
70 pages
Titre : Le Christianisme social : revue mensuelle
Auteur : Mouvement français du christianisme social. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-04-20
Contributeur : Gounelle, Élie (1865-1950). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327413927
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 8520 Nombre total de vues : 8520
Description : 20 avril 1910 20 avril 1910
Description : 1910/04/20 (A23,N4). 1910/04/20 (A23,N4).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5425889k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-82414
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2008
Documents et Actualités
Une grève de l'alcool x Roubaix!
Une grève originale que celle-là! Plus de 2.400cabaretiers de Roubaix
et de Tourcoing l'inaugurèrent le 26 janvier dernier, par celte déclara-
tion de guerre au gouvernement :
Aux cabaretiers, aux ouvriers, aux gens du "Nord,
aux marchands de liqueurs !
Cabaretiers, pour répondre à votre attitude pacifique, le gouverne-
ment répond en faisant pleuvoir sur nos collègues les feuilles de contrainte
et les saisies. Donc c'est la guerre ! Le gouvernement la déclare, nous
l'acceptons. A partir de mercredi plus un débitant ne servira un verre
d'alcool.
Ouvriers, en toutes circonstances et surtout en temps de grève, vous
avez toujours trouvé auprès des débitants de boissons un Concours effec-
tif, c'est chez eux que vous récoltez les gros sous nécessaires pour assu-
rer le pain à vos enfants. Aujourd'hui les rôles sont renversés, les
débitants compteenl sur vous, à charge de revanche. Que plus un de vous
ne demande un verre d'alcool et mettez à l'index le débitant traitre s'il
s'en trouve un assez borné pour ne pas comprendre ses intérêts. Gens du
Nord, les commerçants de la région paient à eux seuls 80 O/O de la
totalité des impôts de la France entière. Nous sommes, nous débitants de
boissons, écrasés de charges, nous réclamons l'égalité devant l'impôt et
la suppression de la licence, impôt inique que nous sommes seuls à sup-
porter. Vous vous joindrez à nous pour soutenir nos légitimes reven-
dications. Distillateurs, coopératives, marchands de liqueurs, nos intérêts
sont les vôtres, vous pouvez compter sur nous comme nous comptons
sur vous ; qu'il ne sorte dès aujourd'hui (ainsi que cela a été promis)
aucun litre d'alcool de vos magasins. Vive la grève de l'alcool !
Le 26 donc, on -a fait grève (à part une cinquantaine de débits!) Et
Roubaix s'est mis au régime de nos ligues sans protester I — Comme
on vouerait que cette grève fût réelle et continuât ! Malheureu-
sement, c'est l'égoïsme le plus intéressé et c'est même, quand on va au
fond, l'amour de ï'alcool qui a inspiré cette paradoxale grève des em-
poisonneurs publics, et nullement l'esprit de vraie solidarité. — Il
s'agissait de lutter contre l'impôt des licences, et de répondre par la
menace et la grève à l'envoi par le fisc de contraintes (à 3 fr. S0 cha-
cune) pour le paiement du 1er trimestre de la licence. Pauvres cabare-
tiers du Nord, vous avez manquez de psychologie doublement : d'abord
à l'égard de l'Elat, qui s'est moqué absolument de vous, sachant
bien que rien n'est plus sûr que les impôts sur les vices et sur
les abus du pays ; puis à l'égard des classes ouvrières qu'on ne peut
sevrer ainsi de leur alcool fatal; vous pensiez peut-être que
les masses sevrées de leur biberon enivrant crieraient comme des bébés
après leurs nourrices absentes 1 Et certes, ce n'était pas très sot, cela.
Mais le nourrisson populaire, habitué à la boisson, aurait pu vous
échapper à la longue : et vous avez rouvert bien vite, à supposer que
vous ayez jamais fermé!...
Une grève de l'alcool x Roubaix!
Une grève originale que celle-là! Plus de 2.400cabaretiers de Roubaix
et de Tourcoing l'inaugurèrent le 26 janvier dernier, par celte déclara-
tion de guerre au gouvernement :
Aux cabaretiers, aux ouvriers, aux gens du "Nord,
aux marchands de liqueurs !
Cabaretiers, pour répondre à votre attitude pacifique, le gouverne-
ment répond en faisant pleuvoir sur nos collègues les feuilles de contrainte
et les saisies. Donc c'est la guerre ! Le gouvernement la déclare, nous
l'acceptons. A partir de mercredi plus un débitant ne servira un verre
d'alcool.
Ouvriers, en toutes circonstances et surtout en temps de grève, vous
avez toujours trouvé auprès des débitants de boissons un Concours effec-
tif, c'est chez eux que vous récoltez les gros sous nécessaires pour assu-
rer le pain à vos enfants. Aujourd'hui les rôles sont renversés, les
débitants compteenl sur vous, à charge de revanche. Que plus un de vous
ne demande un verre d'alcool et mettez à l'index le débitant traitre s'il
s'en trouve un assez borné pour ne pas comprendre ses intérêts. Gens du
Nord, les commerçants de la région paient à eux seuls 80 O/O de la
totalité des impôts de la France entière. Nous sommes, nous débitants de
boissons, écrasés de charges, nous réclamons l'égalité devant l'impôt et
la suppression de la licence, impôt inique que nous sommes seuls à sup-
porter. Vous vous joindrez à nous pour soutenir nos légitimes reven-
dications. Distillateurs, coopératives, marchands de liqueurs, nos intérêts
sont les vôtres, vous pouvez compter sur nous comme nous comptons
sur vous ; qu'il ne sorte dès aujourd'hui (ainsi que cela a été promis)
aucun litre d'alcool de vos magasins. Vive la grève de l'alcool !
Le 26 donc, on -a fait grève (à part une cinquantaine de débits!) Et
Roubaix s'est mis au régime de nos ligues sans protester I — Comme
on vouerait que cette grève fût réelle et continuât ! Malheureu-
sement, c'est l'égoïsme le plus intéressé et c'est même, quand on va au
fond, l'amour de ï'alcool qui a inspiré cette paradoxale grève des em-
poisonneurs publics, et nullement l'esprit de vraie solidarité. — Il
s'agissait de lutter contre l'impôt des licences, et de répondre par la
menace et la grève à l'envoi par le fisc de contraintes (à 3 fr. S0 cha-
cune) pour le paiement du 1er trimestre de la licence. Pauvres cabare-
tiers du Nord, vous avez manquez de psychologie doublement : d'abord
à l'égard de l'Elat, qui s'est moqué absolument de vous, sachant
bien que rien n'est plus sûr que les impôts sur les vices et sur
les abus du pays ; puis à l'égard des classes ouvrières qu'on ne peut
sevrer ainsi de leur alcool fatal; vous pensiez peut-être que
les masses sevrées de leur biberon enivrant crieraient comme des bébés
après leurs nourrices absentes 1 Et certes, ce n'était pas très sot, cela.
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