Le Christianisme social : revue mensuelle

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74 pages

Titre : Le Christianisme social : revue mensuelle

Auteur : Mouvement français du christianisme social. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1910-11-20

Contributeur : Gounelle, Élie (1865-1950). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327413927

Type : texte texte

Type : publication en série imprimée publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 20 novembre 1910 20 novembre 1910

Description : 1910/11/20 (A23,N9). 1910/11/20 (A23,N9).

Droits : Consultable en ligne

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5425886b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-82414

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 26/11/2008

EXPÉRIENCES CHRÉTIENNES ET ACTION SOCIALE 625

gieuse. Cette évolution des religions historiques, après la
grande période créatrice, toute spontanée et intuitive,
passe (sans qu'il y ait là rien de fatal et de continu) par
trois étapes principales :

1° l'étape communautaire ou autoritaire (la religion
s'appuie alors sur les groupes, la tribu, les pouvoirs
publics); précisément parce que la masse des individus
est encore mineure, la religion est et ne peut guère
être, dans son essence, qu'une affaire sociale, et sociale
d'une manière instinctive et grossière; le principe d'au-
torité s'incarne alors dans un pouvoir central et dans
une hiérarchie : le catholicisme romain et certaines frac-
tions du protestantisme représentent encore cette première
étape du christianisme ;

2° l'étape individualiste ou libérale, qui est celle de
la décentralisation ; la religion est alors surtout affaire
personnelle, privée; le principe de liberté et d'examen
triomphe dans l'individu et par lui dans la société :
il amène peu à peu et logiquement le principe d'égalité,
donc la répudiation des privilèges de caste, de sang, de
rang, etc.; le protestantisme libéré des autorités extérieu-
res, c'est le christianisme à cette deuxième étape;

3° enfin, l'étape solidariste ou socialiste, à la fois libérale
et sociale, mais cette fois au sens supérieur de ces mots
qui ne s'opposent plus dans une synthèse consciente et vou-
lue de tous. C'est par une crise longue et douloureuse, dont
les réformations et les révolutions historiques ne donnent
qu'une faible idée, que les chrétiens et les églises réalise-
ront bon gré mal gré ce troisième stade. La religion tend
à être à la fois affaire individuelle et affaire sociale, et s'in-
carne dans la personne du Christ et dans l'idée du Royaume
de Dieu. Le christianisme social, c'est le christianisme à
cette troisième étape.

Après un christianisme essentiellement ecclésiastique (et
par conséquent dogmatique), dont le principe directeur
était et est encore l'autorité souveraine de l'église incarnée
dans la tradition et la papauté,.— après l'étape nécessaire
d'un christianisme essentiellement individualiste ou parti-
culariste, dont les principes fondamentaux étaient et sont
encore l'autorité souveraine des saintes Ecritures et la

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