Titre : La Culture physique : revue bi-mensuelle illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1936-02-01
Contributeur : Surier, Albert (1871-1944). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344303451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 15531 Nombre total de vues : 15531
Description : 01 février 1936 01 février 1936
Description : 1936/02/01 (A40,N550)-1936/02/28. 1936/02/01 (A40,N550)-1936/02/28.
Description : Collection numérique : Musée national du sport. Collection numérique : Musée national du sport.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54226481
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/07/2008
Pour.appliquer la culture physique à l'école
et à l'armée, il faut une méthode pratique,
simple et peu coûteuse, sinon elle est vouée à l'échec
J'ai fait un rêve étrange : La France récupé-
rait tous ses milliards, perdus en Russie, en Tur-
quie, en Allemagne, et ailleurs... Et, chose peut-
être encore plus étrange, nos augustes diri-
geants s'occupaient d'éducation physique.
Aussi chaque commune pouvait s'enorgueillir
d'Un stade magnifique ; le nôtre était complète-
ment métamorphosé : On avait rasé tout un pâté
dé maisons, et sur un terrain de cinq cents hec-
tares, s'élevaient maintenant des agrès innombra-
bles. Cordes, trapèzes, anneaux, échelles, perches
se balançaient aux portiques. On avait aménagé,
outre les terrains de sports, un parcours très
ingénieux, avec des pelouses pour la reptation,
des haies d'épines à franchir, une falaise en béton
pour l'escalade, des ravins sableux pour le saut
en profondeur et même une délicieuse rivière
artificielle, A trois cents mètres de l'arrivée. Dans
un angle, des fardeaux divers à. coltiner, troncs
d'arbre, pavés, barriques, et à côté, une infirme-
rie modèle, avec une ambulance à chenilles pour
accéder rapidement aux quatre coins du terrain.
Et tout cela jalousement entretenu : Ici, une
équipe de balayeurs nettoyant les rochers, là un
groupe de jardiniers rasant l'herbe dès pelouses,
plus loin au milieu d'un chantier, des maçons
mettaient la dernière main à une espèce'd'immense
entonnoir de ciment armé dont la gueule béait
sur la pelouse;.. Et comme je m'informais —
[«.c'est une soufflerie me dit un monsieur à l'air
très informé, quelque conseiller municipal, sans
doute, et il poursuivit : « Ici le vent est très
rare, et cela nuit beaucoup à l'entraînement inté-
gral de nos jeunes gens, l'Education physique
devant replacer l'homme au sein dès éléments
naturels. Grâce à cet appareil nous aurons à ,
volonté brise ou tempête, et cela, est très impor-
tant pour régénérer la race. » Puis me montrant
avec emphase là falaise de béton et la rivière
artificielle, il ajouta : « Ne se croirait-on pas
en pleine époque préhistorique ? —. Hum, dis-
je, et tout cela nous a coûté ? » -^ Il fit un
geste qui montrait clairement son total désinté-
ressement pour cette chose mesquine, « Euh, à
peine un million', mais on peut faire quelque chose
à partir de ,.deux cent mille, terrain compris...
Evidemment'la'nature y perd quelque peu, mais:
à la rigueur, ça peut suffire. Du reste, vous
savez, l'Etat est riche. C'est Vrai, j'avais oublié.
Bien entendu, je ne parle pas des frais d'entre-
tien, ni des instructeurs, ni du contrôle médical.,
Vous pensez bien qu'un professeur d'Education
Physique doit avoir un diplôme d'Etat, et une
situation en. rapport avec sa qualité de fonction-;
naire, sans préjudice de la retraite, t'en entendu,
puisque tous ceux qui, dans l'Etat,: remplissent
une fonction officielle- prétendent y: avoir droit,;
alors que les commerçants, les - industriels, les
colons qui font la richesse de la France n'ont le
droit que de payer des contributions.;', Et il • y a
encore des inspecteurs cantonaux, des inspec-
teurs régionaux, des inspecteurs; généraux, rétrU
bues au prorata de leur gradé ». Ce dernier
propos me parut inspiré par la plus basse jalou-
sie, et je m'éloignai en m'efforçant toutefois de,
calculer ce que pouvait bien représenter un tel
budget, étendu à toute 1H France. Et je com-
mençai d'aligner des chiffres sur mon calepin,
33. —
et à l'armée, il faut une méthode pratique,
simple et peu coûteuse, sinon elle est vouée à l'échec
J'ai fait un rêve étrange : La France récupé-
rait tous ses milliards, perdus en Russie, en Tur-
quie, en Allemagne, et ailleurs... Et, chose peut-
être encore plus étrange, nos augustes diri-
geants s'occupaient d'éducation physique.
Aussi chaque commune pouvait s'enorgueillir
d'Un stade magnifique ; le nôtre était complète-
ment métamorphosé : On avait rasé tout un pâté
dé maisons, et sur un terrain de cinq cents hec-
tares, s'élevaient maintenant des agrès innombra-
bles. Cordes, trapèzes, anneaux, échelles, perches
se balançaient aux portiques. On avait aménagé,
outre les terrains de sports, un parcours très
ingénieux, avec des pelouses pour la reptation,
des haies d'épines à franchir, une falaise en béton
pour l'escalade, des ravins sableux pour le saut
en profondeur et même une délicieuse rivière
artificielle, A trois cents mètres de l'arrivée. Dans
un angle, des fardeaux divers à. coltiner, troncs
d'arbre, pavés, barriques, et à côté, une infirme-
rie modèle, avec une ambulance à chenilles pour
accéder rapidement aux quatre coins du terrain.
Et tout cela jalousement entretenu : Ici, une
équipe de balayeurs nettoyant les rochers, là un
groupe de jardiniers rasant l'herbe dès pelouses,
plus loin au milieu d'un chantier, des maçons
mettaient la dernière main à une espèce'd'immense
entonnoir de ciment armé dont la gueule béait
sur la pelouse;.. Et comme je m'informais —
[«.c'est une soufflerie me dit un monsieur à l'air
très informé, quelque conseiller municipal, sans
doute, et il poursuivit : « Ici le vent est très
rare, et cela nuit beaucoup à l'entraînement inté-
gral de nos jeunes gens, l'Education physique
devant replacer l'homme au sein dès éléments
naturels. Grâce à cet appareil nous aurons à ,
volonté brise ou tempête, et cela, est très impor-
tant pour régénérer la race. » Puis me montrant
avec emphase là falaise de béton et la rivière
artificielle, il ajouta : « Ne se croirait-on pas
en pleine époque préhistorique ? —. Hum, dis-
je, et tout cela nous a coûté ? » -^ Il fit un
geste qui montrait clairement son total désinté-
ressement pour cette chose mesquine, « Euh, à
peine un million', mais on peut faire quelque chose
à partir de ,.deux cent mille, terrain compris...
Evidemment'la'nature y perd quelque peu, mais:
à la rigueur, ça peut suffire. Du reste, vous
savez, l'Etat est riche. C'est Vrai, j'avais oublié.
Bien entendu, je ne parle pas des frais d'entre-
tien, ni des instructeurs, ni du contrôle médical.,
Vous pensez bien qu'un professeur d'Education
Physique doit avoir un diplôme d'Etat, et une
situation en. rapport avec sa qualité de fonction-;
naire, sans préjudice de la retraite, t'en entendu,
puisque tous ceux qui, dans l'Etat,: remplissent
une fonction officielle- prétendent y: avoir droit,;
alors que les commerçants, les - industriels, les
colons qui font la richesse de la France n'ont le
droit que de payer des contributions.;', Et il • y a
encore des inspecteurs cantonaux, des inspec-
teurs régionaux, des inspecteurs; généraux, rétrU
bues au prorata de leur gradé ». Ce dernier
propos me parut inspiré par la plus basse jalou-
sie, et je m'éloignai en m'efforçant toutefois de,
calculer ce que pouvait bien représenter un tel
budget, étendu à toute 1H France. Et je com-
mençai d'aligner des chiffres sur mon calepin,
33. —
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