Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-03-26
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 26 mars 1927 26 mars 1927
Description : 1927/03/26 (Numéro 18069). 1927/03/26 (Numéro 18069).
Description : Note : supplément littéraire de 2 pages à... Note : supplément littéraire de 2 pages à l'intérieur.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k540835c
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/03/2008
62C annêp. 3° 'sérié. NM8069 Il' dU lTiatîn> PARIS ET DÉPARTEMENTS 25 CENTIMES matin) SAMEDI 26
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HELLEU
Comment dire ce qui disparaît de fi-
asse, de, grâce, d'élégance, de mesure
v,îvfec Helleù? Il est mort et, pour quel-
̃'•qirês-uns d'entre nous, le printemps
naissant à perdu de ses charmes, le ciel
de notre !le-de-France auelques-unes de
ses nuances les plus délicates Helleu
Me prendra plus ses amis par le bras
pour leur, montrer avec amour un petit
image aux tons d'argent flottant sur le
manteau d'azur du mont Valérien, ou
la buée rose que font les bourgeons au-
tour des frondaisons nouvelles par un
matin d'avril. Les jeunes femmes ne
trouveront plus dans ses yeux grands
ouverts le miroir caressant de leur agré-
ment. de leur coquetterie, de leur dé-
imarehe souple et cadencée. Mais lui, le
,voilù entré dans la gloire
Vous allez voir les marchands de ta-
bleaux s'arracher les tciles qu'il peignait
avec amour pour sa propre joie, qu'il
n'exposait jamais, qu'il ne montrait
qu'avec mille difficultés à quelques amis
choisis ses bosquets de Versailles, ses
cathédrales, ses marines si fluides, si
légères qu'elles semblaient faites de l'é-
• came même de la mer. de cette* molle
intumescence des vagues dont parle le
:poète. 1. On se disputera ses pastels, où
(se perpétue la vie enchantée des fleurs,
et il faudra bien convenir que les poin-
tes sèches qui firent sa célébrité, aujour-
d'hui dédaignées des snobs, nous offrent
le sourire même de la ligne, l'âme de la
forme, la physionomie spirituelle d'une
époque
Helleu, esprit rare et difficile, n'ai-
mait au monde que ce qui est noble et
délicat, fin et. nuancé. Son dédain tom-
bait de haut sur les spectacles tapageurs
et faciles qui fascinent les sensibilités
incultes et satisfont les appétits gros-
sieurs. Devant la grande montée démo-
cratique qui a tout envahi, il se retirait,
s'isola;):. Il s'absorbait dans son travail,
obstiné à fixer, dans le siècle du mou-
vement, les séductions des êtres et des
,choses au repos la langueur, lâ paresse,
les nonchalances, les « adossements
les « allongements d'un corps étendu,
la coquetterie des gestes et toute la mi-
mique d'une grâce oubliée les belles
lumières assoupies sur les pelouses;
l'étang somnolant sur son lit de feuilles
mortes, les' barques immobiles sur l«
""rjrih'oir bleu où elles semblent des papil-
lons endormis.
.11; vivait dans son rêve. Les murs du
salon où il peignait étaient couverts de
somptueux cadres vides, entre lesquels
Son imagination voyait, sans doute, des
jardines embuissonnés de ronces et de
xoses, des arbres en berceaux, où pon-
daient des paniers de fleurs, des déserts
loin delà foule brutale, des retraites
peuplées de marbres, de statues et aussi
de quelques nymphes étourdies de vio-
lons et de flûtes.
On l'arrachait difficilement à sa-soli-
tude studieuse pour le mêler au train
bruyant d'un! monde qui :lui déplaisait
par sa vulgarité, sa médiocrité et son
extravagance. N'avait-il pas chez.lui les
modèles les plus exquis, Mme Helleu,
*là multiforme Alice dont la rosé che-
;velure, disait le comte de Montesquieu,
illumine de son reflet tant de miroirs
de cuivre ses filles, enfants éblouis-
santes, son fils Il s'était entouré d'es
plus gracieux objets que son goût et son
ingéniosité lui avaient fait découvrir
sièges de forme harmonieuse entre
toutes, meubles ravissants de pureté et
d'élégance, argenterie massive ou fine-
ment découpée, porcelaine laiteuse, étof-
fes neigeuses.
Dès l',aube,-il était au travail, au mi-
lieu de ce décor choisi. Sur un de ces
fonds sourds et brouillés, qu'il savait
frotter comme Charvin, son pinceau
magique ou ses pastels faisaient jouer la
lumière et les ombres au flanc d'un
vase, sur les pétales épanouis d'une
fleur, sur les écailles azurées d'un pois-
son. Il. peignait ce qu'il avait sous les
yeux, sous la main, pourvu que les con-
tours en fussent purs, la couleur sédui-
sante, et cela faisait d admirables ébau-
chefs, dont certaines sont devenues de
superbes tableaux.
Heures enivrantes où la vie inanimée
des choses passe miraculeusement sur
le papier ou sur la toile, où s'affirme
peu à peu, sous les touches successives
des brosses agiles, la présence réelle des
objets représeniés Helleu a connu ces
joies hautes et profondes, et, disait-il,
qu'importe le reste?. Helleu peignait
pour donner une fête à sa fantaisie.
Edmond de Goncourt,Octave Mirbeau,
Rebert de Montesquiou, Marcel Proust,
Albert Flament ont savamment goûté
cette peinture et l'ont louée en terjtnes
excellents. Goncourt félicitait Helleu
d'avoir composé une sorte de monogra-
phie de la femme dans toutes les atti-
tudes intimes de son chez soi. Mirbeau
écrivait: « Helleu, avec la fine pointe
de.son diamant mordant sur le cuivre,
est en train de créer une des plus. pré-
cieuses, une des plus vibrantes, une des
plus amoureuses œuvres de ce temps. »
Amateur du rare et du précieux, Mar-
cel Proust admirait par-dessus tout la
féerique métamorphose qu'Helleu fait
Subir aux choses qu'il représente, la ma-
gie qui dans ses marines, par exemple,
supprime toute démarcation entre la
terre et la mer, d'où cette multiforme et
puissante unité qui crée la personnalité
et la séduction de ces tableaux irréels
et mystiques où les barques et les mo-
numents du rivage, dans un même pou-
droiement de soleil et de vagues, sem-
blent sortir des eaux, soufflés en albâtre
ou en écume, et enfermes dans la cein-
ture d'un arc-en-ciel versicolore.
Robert de Montesquiou, dans la pré-
face qu'il a composée peur l'oeuvre gra-
vée d'Helleu, écrivait Rendez son
lustre à cette locution devenue banale
un goût exquis vous pourrez en faire
don à Helleu, qui, entre tous, en est
digne. Cette qualité émane de tout ce
qu'il a choisi ou créé, vous frappe aux
yeux et au cœur. » Et il ajoutait Ne
sera-ce pas un bel éloge si l'on dit de
lui, si l'on grave sur son marbre
homme d'un seul dieu l'art d'un seul
maître le goût d'une seule femme:
le charmant modèle qui prête la vie élé-
gante de son corps à toutes ses composi-
tions, ne pouvant faire un mouvement
qui ne soit de grâce et d'élégance et que,
dix fois par jour, le peintre s'essaie à
surprendre. »
Incomparable gerbe de justes louan-
ges à déposer sur sa tombe par des
amis qui l'attendent au royaume des
ombres
Il y trouvera sa place entre Watteau
et Monet, parmi ces génies spirituels et
délicats couronnés par le goût, consacrés
par la tradition, à l'abri de_ce parti pris
d'injustice, de cette conspiration d'aveu-
glement que les générations fomentent
les unes contre les autres.
Qu'est-ce que l'art; abstraction faite
de la beauté? Helleu ne concevait pas
cette dissociation' nouvelle. lA talent ré-
duit à lui-même lui semblait sans inté-
rêt. L'oeuvre seule existe, disait-il, et
tout son charme est dans sa beauté.. »
Voilà une esthétique aui promet a son
nom une gloire durable
Lucien Coipechot
LA VIE QUI PASSE
Le Salon des Peintres et Sculpteurs
de chevaux
Première journée du Concours hippique.
Hier, on présentait uniquement les chevaux.
Seuls, les amateurs passionnés occupaient par
petits paquets les gradins de velours qui s'ali-
gnaient plus rouges puisqu'on était entre amis.
Un tapissier en retard, à grands coups de mar-
teau, enfonçait un dernier clou, et les contrô-
leurs en chapeau haut de forme s'exerçaient .à
perforer les cartes au vol pour tes jours. pro-
chains d'affluence. On découvrit le Grand Palais
immense. sonore. La cloche tinta, grêle, et des
attelages évoluèrent, minuscules, si sages; si
bien remontés qu'ils semblaient échappés d'un
cadre romantique, et après trois petits tours ils
regagnèrent, non les écuries, mais l'exposition
de peinture.
Sculpteurs animaliers se consacrant aux frères
inséparables le cheval et le chien. Amis se taquj-
nant parfois si l'on en croit les groupes vivants
dé M. Quiet. Les çjatuettes équestres- et offi-
humant le vent de M. d'Uliers, aux études de
poney du vicomte de Lorgeril et le Favori de
M. La Montagne passe devant les animaux
cocasses de M. Frestel, dont le lapin de porce-
laine se pelotonne à la vue d'un canard de
bronze fort indigné.
Les peintres, plus libres par leur mode d'ex-
pression, s'attaquèrent fréquemment à des arri-
vées de plat, tels MM. Busson, Frank Elim,
Malespina; André Marchand. Le passage de la
rivière d'Auteuil tenta M. Blocaille, qui traita,
ainsi que M. Andries, des phases de polo. Si la
chasse à courre, sport de toutes les élégances,
séduit MM. -Lajarrige, Péchaubes, plus imper-
tinent M. Bivel en conte une anecdote en quatre
parties dans le style des vieilles gravures ssi-
glaises. Les scènes de la vie de Camargue
trouvent un illustrateur en M. Cartier, de même
que le. Maroc en M. Manon. MM. Scott et Lalauze
restent fidèles aux houzards et lanciers de
naguère. MM. Feuillastre et Vallet, dans le genre
vieillot, nous présentent ironiquement un aimable
Pont Neuf d'antan et un bien doux Clair de
lune de miel.
Le chien n'est pas oublié par M. Danchin.
Il convient de remarquer tout particulièrement
les puissantes études de Boulonnais de M. Fré-
mond et les plaisantes chasses du comte de
Montbel, dont les aquarelles d'un irrésistible
humour font parfois songer aux cavalcades de
Caran d'Ache.
Les visiteurs, entre deux présentations de
chevaux vivants, viennent considérer les effigies.
A duire vrai, devant ces oeuvres -on querelle plus
sur la matière hippologique que de peinture
pure. Mais le peintre de La Lumière qui s'éteint,
de Kipling, n'éprouva-t-il pas la plus grande
joie de sa vie en entendant deux artilleurs décla-
rer devant sa meilleure toile: « Ça, c'est un
homme qui sait ce gu'est un attelage et un
Lire en 2e page:
LE CONCOURS HIPPIQUE
Les facéties
de M. Rakowski
Des déclarations faites par M. R.a-
kowski, -ambassadeur des soviets à Pa-
ris, à notre confrère l'Avenir, détachons
ce passage savoureux M. Rakowski
parle d'un accord sur les dettes qui n'a
pu être réalisé
Et peut-on connaître les grandes li-
gnes de cet accord. de ce presque accord ?
En gros, nous acceptions de verser
125 francs-papier pour 100 francs-or,
d'avant-guerre. Payables en 62 ans.
Et quel intérêt ?
125 francs-papier intérêts et capital.
Je fais un saut.
Moyenne, si je compte bien 2 fr. 02
par an. Même pas. Vous êtes moins géné-
reux que les grands-ducs
Vous-mêmes êtes moins généreux en-
vers nous que vous ne le fûtes envers eux.
Vous trouvez que nous offrons peu, nous
trouvons, nous, que nous offrons beaucoup.
N'oubliez pas que nous considérons ne rien
devoir..
C'est, sans doute ce que vous nous di-
rez encore le lendemain du jour où nous
vous aurons prêté 500 millions de plus.
Comment accorder un emprunt. pardon,
comment ouvrir le moindre crédit à un
Etat qui renie d'un simple mot 15 milliards
de dettes ? Quelles garanties êtes-vous dis-
posé à nous donner ?
Question prématurée, répond Ra-
kowski. Nous vous convions à une col-
laboration économique dont vous serez
les principaux bénéficiaires.
Il paraît que M. Rakowski avait le
sourire en racontant sa petite histoire.
Nous le comprenons.
LE PERIL
DE GAUCHE'
Les interpellations auxquelles le gou-
vernement a eu à répondre hier n'étaient
pas de nature à l'embarrasser. Il en
est sorti à son honneur. N'empêche que
le malaise grandit chaque jour au Pa-
lais-Bourbon, du fait même des incer-
titudes de doctrine dont témoigne la
politique de ce ministère.
Sa majorité est à droite. Elle est à
droite parce que l'oeuvre de redresse-
ment financier tentée par M. Poincaré
ne peut s'appuyer que sur des voix
conservatrices.
Mais, en dehors de la politique écono-
mique poursuivie, il faut le reconnaître,
par le préside:-t du conseil avec beau-
coup d'énergie, de ténacité et de cou-
rage, tout se passe comme si nos minis-
tres se laissaient agir par la crainte
puérile de ne point paraître d'assez bons
républicains de gauche.
L'attitude de M; Sarraut à qui vont
naturellement les sympathies des esprits
sages et modérés a quelque chose de
bien déconcertant dans l'affaire de la ré-
forme électorale. Les espoirs que le mi-
nistre de l'intérieur semble avoir donnés
aux radicaux-socialistes, venus lui de-
mander dé modifier son projet de façon*
à assurer le succès électoral des candi-
dats les plus avancés, troublent ses
amis les plus raisonnables et jettent le
désarroi dans la majorité gouvernemen-
tale. La prétention des jacobins du Par-
lement a dessiner, selon leur conve-
nance et leur intérêt, une nouvelle carte
électorale de la France, a quelque chose
de cynique qui révolte les plus scepti-
ques.
La Fédération répttblicaine, dans un
retentissant article de son bulletin offi-
ciel, a fait savoir au gouvernement,
après l'interpellation sur les scandales
de l'Indochine, qu'elle ne pourrait conti-
nuer à le soutenir s'il cherchait encore
trouver une majorité de rechange d'ex-
trême gauche ». On conçoit que des
gens sensés et réfléchis soient décidés à
réagir contre ce qu'ils appellent une
coupable faiblesse^ laquelle trend, en
définitive, à soumettre les radicaux aux
socialistes et les socialistes aux commu-
nistes.
Décider, comme le fait M. Poincaré,
de transformer le monopole des allu-
mettes en régie intéressée, c'est donner
aux conservateurs sociaux une indica-
tion heureuse au point da vue économi-
que mais comment lé président du
conseil ne voit-il pas "dja quel poids, par
la force même des choses, la, politique
pèse sur la restauration financière qu'il
cherche à réaliser? «,Le gouvernement
sait, disait très justement M. Ed. de
Warren, dans la Nution; qu'il ne peut
poursuivre sa politique de redressement
financier, de progrès social, de sécurité
nationale qu'avec une majorité compo-
sée des radicaux nationaux et des mo-
dérés. » Pourquoi n'a-t-il de cesse de
favoriser les éléments d'extrême gau-
che ?
Curtius
Isa 'Réforme électorale
Quelques décisions des modérés
Le groupe de l'union républicaine démo-
cratique a procédé à un échange de vues
sur la réforme électorale et a chargé une
délégation d'aller s'entretenir avec le prési-
dent du conseil de cette question et en
particulier du retard apporté à la publica-
tion du tableau de répartition des circons-
criptions.
D'autre part, M. Georges Bonnefous a
convoqué le groupe parlementaire de !a
R. P., afin de se concerter sur l'attitude h
prendre en vue des débats sur le retour
au scrutin d'arrondissement et en particu-
lier sur la proposition de résolution de M.
Fougère, tendant au -rétablissement des
arrondissements supprimés par décret au
point de vue administratif et maintenus au
point de vue électoral.
LES PROJETS MILITAIRES
A la commission de l'armée. M. Sénac
a repris sa démission de rapporteur.
Réunie hier sous la présidence du géné-
raillGirod, la commision de l'armée a pour-
suivi la discussion du projet d'organisation
générale de l'armée.
Le président, dans un court historique, a
précisé d'abord le point où en est arrivée
la discussion, et les conditions dans les-
quelles paraît devoir Uo mieux se réaliser
dans la suite de la discussion la collabora-
tion nécessaire entre le gouvernement et la
commission. Il a émis le voeu que l'union
se fit sans distinction de partis sur 3a tâ-
che patriotique entreprise.
Le ministre de la guerre a tenu, pour
mieux éclairer la commission, à préciser
ce qui, dans le système militaire établi par
le projet, constitue des points essentiels. Il
a été amené ainsi a constater l'accord qui
s'est réalisé depuis la dernière réunion en-
tre le rapporteur et lui au sujet des diver-
gences précédemment constatées nombre
des divisions du temps de paix, stationne-
ment de ces divisions sur lé territoire pen-
dant et après l'occupation rhénane. Il a ex-
pliqué enfin les conditions dans lesquelles
M avait été amené à rejeter dans l'organi-
station générale de l'instruction le procédé
des centres d'instruction.
M. Sénac, rapporteur, s'est expliqué à:
son tour sur ces diverses questions et il
est résulté de son exposé, ainsi que des
précisions qui ont été ensuite demandées au
miinstre, en pai-ticuilier par M. Fabry, qu'il
ne subsiste entre le gouvernement et le rap-
porteur qu'une légère divergence dont la
solution ne- peut en rien déranger l'ensem-
ble du système militaire du projet gouver-
nemental/
Après le départ du ministre, le président,
déclarant dlos l'incident de la semaine der-
nière, a rendu à nouveau hommage au
travail remarquable du rapporteur, et la
commission a été unanime à exprimer le
désir que ce travail pût être mené à bonne
fin. -•
Un échange de vues a -eu lie.u" en.'sOïte
,su.r la méthode avec laquelle la discussion
v'se pouTiSUivra. Il a été entendu que la com-
mission sera appelée mardi prochain à se
prononcer sur le. contre^projet Renaudel et
le principe des centres d'instruction.
Ajoutons que 'M. Sénac a repris sa démis-
sion de rapporteur.
Les Échos
A l'Académie des inscriptions.
Le gr,and prix Gaston Maspero de
15,000 francs, « en faveur d'un ouvrage
ou d'un ensemble de travaux relatifs à
l'histoire ancienne de l'Egypte ou de la
Chaldée », a été décerné hier par scrutin
à M. Chassinat.
L'Académie des inscriptions a, d',au-
tre part, prélevé sur les revenus de la
fondation due à la générosité de Mme de
Clercq et du comte de Boisgelih, dite
fondation Louis de Clercq, 6,000 francs
en faveur de M. Geuthner, pour la pu-
blication des fouilles de M. Pezard à
Tell-Nebi-Mend, et 6,000 francs pour la
mission qu'assume le R. P. Mouterde
de collationner les inscriptions grec-
ques et latines de la Syrie du Nord. En-
fin, sur la fondation Piot, 5,000 francs
sont alloués Pierre Baris pour. la.
continuation des fouilles d'Alcaniz et de
Setefille.
L'Exposition des Beaux-Arts de Nice
avait réservé un emplacement au décor
de théàtre. Seul le Théâtre de Moitié-
Carlo a répondu 1 invitation en en-
voyant quelques-unes de ses maquettes
dont la composition, le dessin et la cou-
leur portent la marque du talent du
maître décorateur Visconti, qui préside
depuis de longues années aux réalisa-
tions scéniques du Théâtre de Monte-
Carlo qui lui doit une bonne part de sa
renommée mondiale. Ces maquettes très
lumineuses ont été particulièrement ad-
mirées.
Acquisition.
Un notaire de Cannes, par ce temps
de crise, a, réussi à vendre une propriété
de- toute beauté, une de ces demeures
merveilleuses de la Côte d'Azur, un de
ces séjours enchantés où' toutes les mi-
sères de ce monde s'estompent et s'ou-
blient, et dont le. propriétaire, lord Ran-
deel, demandait deux millions. La vente
a été. réalisée pour 1,875,000 francs,
somme que les frais augmentent dans
de fortes proportions.
L'acquéreur assez favorisé de la for-
tùtie pour s'offrit' cette fantaisie est, si
l'on en croit la Cote auxiliaire, M. Léon
Blum, célèbre leader socialiste, collabo-
rateur .assidu du Peuple, lequel se qua-
lifie « le véritable journal des travail-'
leurs ». Ses lecteurs habituels n'avaient
pas prévu cette forme de prélèvement
sur le capital.
Poursuivant une série d'innovations
particulièrement goûtées, les Chemins
.de Fer de l'Etat ouvriront, cette année,
le 1er avril prochain, leurs bureaux de
tourisme des gares de Paris-Saint-Lazare
et de Paris-Montparnasse.
Le public y trouvera, en dehors d'une
documentation gratuite, complète, sur
sites, villégiatures, hôtels (prix, situa-
tion, confort), transports locaux, etc.,
etc., toutes facilités en ce qui concerne
les détails matériels du voyage, du sé-
jour, des excursions, etc. (billets, auto-
cars, navigation, location de chambres
dans les hôtels, villas, etc., etc.).
Le pain à 2 fr, 10.
La bataille du blé est, paraît-il, ga-
gnée, les céréales indigènes, talonnées
par les blés exotiques qui axrivent en
grande quantité, baissent dans de très
grandes proportions.
Le ministre de l'agriculture a décidé
de baisser le taux d'extraction de la
farine et l'a ramené à 76 ,au lieu de
Nous aurons donc désormais du
pain plus blanc et meilleur.
Et il nous coûtera un sou de moins
au kilo à partir du jeudi 31 mars. Il se
vendra désormais 2 fr. 10.
Un sou de baisse La voilit. bien la
lutte contre la vie chère
Les épreuves définitives du concours
pour l'emploi de chef de musique de la
garde républicaine doivent avoir lieu le
31 mars prochain, à Paris.
Cinq candidats sont admis à prendre
part à ces épreuves les chefs de musi-
que de r° classe Barat, du 8e d'infan-
terie Boher, du dépôt des équipages de
la flotte à Brest Dupont, du 170" d'in-
fanterie Perrier/ du 31e', et Viot, du
d'infanterie.
Un métier peu engageant.
C'est de dictateur. Il ne paraît
pas être précisément un métier pour
gens paresseux. On sait le terrible la-
beur qu'assume NI. Mussolini. Celui du
général Primo de Rivera est non moins
terrible.
En effet, notre confrère la Nation,
dont on connaît les attaches .avec le
président du conseil d'Espagne, nous
apprend que ce dernier, pour faire face
à ses nombreux travaux, est contraint
de travailler une partie de la nuit. Ces
jours-ci, c'est en quittant sa table de
travail, à trois heures et demi du matin,
que le général,Primo de Rivera, heur-
tant du pied sa corbeille à papier, perdit
l'équilibre et se blessa au front. Il te-
nait à la main des documents qu'il se
proposait d'examiner dans son lit.
Pour vivre heureux, vivons cachés, a
dit le fabuliste.
Le Coq
DERNIERS COURS DES CHANGES
Livre, 124 0 025). Dollar, 25 5375
(+ 0 0050). Belga, 355 (+ 0 50). Lire,
20 (–1 25). Fmanc suisse,- 491 25
(uns changement). Peseta espagnole, 457
{– 0 25). Florin hollandais, 1022 (+ 0 50).
Après Bourse, à 18 heures. Livre,*124 04.
Dollar, 2554.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 26 mars
Région parisienne: vent du secteur sud-ouest
modéré ou assez fort; ciel très nuageux avec
éclaircies, averses ou giboulées, se couvrant avec
nouvelles pluies.
Même témpérature.
AUJOURD'HUI
13 h. 30. Concours hippique: Présentation
d'attelages militaires et Prix de l'Ourcq (obs-
tacles).
14 heures. Courses à Saint-Cloud.
14 heures.' Notre-Dame Causerie sur
« L'imagerie religieuse populaire ».
17 h. 30. Conservatoire des Arts et Métiers:
Conférence sur « Les découvertes récentes 'de
la T.S.F, »
LE SAC DE NANKIN
Pour sauver les Etrangers
on bombarde la ville
Les Cantonais auraient tué plus de cent
Anglais ou Américains et un
prêtre français.
Bien que les informations de Nankin
soient parfois assez contradictoires, il
reste certain que de graves événements s'y
sont déroulés et que les étrangers, qui ne
jouissaient pas de la protection militaire
qu'ils avaient à Shanghaï, ont eu énormé-
ment à souffrir de la part des Cantonais.
Ceuxci, qui sont tout à fait indisciplinés,
ont pillé tous les consulats de la ville ils
ont saccagé et brûlé les maisons des étran-
gers les femmes notamment ont été trai-
tées avec la dernière violence, leurs vête-
ments ont été déchirés. Ces crimes n'ont
pas été commis par la populace, mais bien
par des soldats en uniforme.
Un prêtre français aurait été tué d'un
coup de revolver par un officier nationa-
liste. Certaines informations évaluent à
plus de cent civils anglais et américains le
nombre des tués dans la journée d'avant-
hier. On cite parmi les victimes, un ci-
toven américain recteur de l'Université.
Quant aux pertes navales, elles seraient de
27 tués 12 Angilais et 16 Américains.
Le bombardement
Hier matin, la situation était très criti-
que. 99 Américains dont 40 femmes et 38
enfants, ainsi que 15 Anglais n'avaient pas
été évacués.
Aussi les autorités navales anglaises et
américaines ont-elles fait procéder à un
bombardement par le croiseur britannique
Emerald et par deux destroyers de la
flotte des Etats-Unis. On a choisi comme
chamn de tir une région inhabitée, près de
la colline où s'étaient réfugiés les, étran-
gers. Ce qui n'empêche pas les Cantonais
de prétendre que deus mille Chinois ont
été tués.
En même temps, l'amiral Hough, com-
mandant les forces américaines, mandait
v bord de son navire le général comman-
dant les forces cantonaises pour discuter
de la situation. Le bombardement était, du
reste, suspendu en attendant la réponse.
Celle-ci, quand elle jp.arvint, fut jugée si
évasive. et si insolente que l'amiral Hough,
d'accord avec le commandant de VEmerald
et après avoir avisé télég,raphiquement
l'amiral WaMiams, commandant en chef de
la flotte américaine à Shanghaï, adressa
un dernier avertissement aux Cantonais,
leur faisant connaître que s'il ne recevait
j pas d'ordres contraires et que si la situa-
tion ne changeait pas radicalement, les
points militaires de Nankin seraient bom-
bardés, en évitant toutefois autant que
possible d'atteindre la population civile.
Cet avertissement semble avoir produit
quelque effet, car d'après les dernières dé-
pêches de Chine, le bombardement de Nan-
kin aurait été remis jusqu'à demain et
l'évacuation des étrangers aurait com-
mencé, au moins partiellement.
Une protestation cantonaise.
Le général Chang Kaï Shek, comman-
dant en chef des troupes cantonaises, qui
se rend de Shanghaï à Nankin, où il sera
aujourd'hui ou demain, a adressé une pro-
testation au vice-consul anglais de cette
dernière ville, contre le bombardement.
Le vicenconsufl., dans sa réponse, aurait
mis en doute la valeur des assurances pri-
ses par Chang Kaï Shek qui se serait fait
fort d'assurer la protection des étrangers.
En cela, le représentant diplomatique
britannique serait complètement d'accord
avec ses collègues des autres puissances.
Ils estiment tous que l'arrivée à Nankin du
général Chang Kaï Shek ne changera rien
à une situation dont il n'aura pas le con-
trôle et qu'il ne saurait dominer.
Ajoutons que le consul anglais blessé
avant-hier a été recueilli à bord d'un cui-
rassé et que des nouvelles officielles du Ja-
pon déclarent que si toutes les maisons ja-
ponaises de Nankin ont été pildées, les rési-
| dents japonais, sauf deux légèrement bles-
sés, sont sains et saufs.
Denys Meulhan
L'exploitation du monopole
des allumettes
Au cours du conseil de cabinet tenu jeudi,
M. Poincaré a exposé à ses collègues les
grandes lignes du projet élaboré par les
services du ministère des finances pour
l'exploitation en régie intéressée du mono-
pole des allumettes.
D'après cet avant-projet, l'exploitation du
monopole serait confiée à une société ex-
clusivement française et dont le conseil
d'administration serait entièrement com-
posé de Français. On assure aussi que la
part du capital-actions, qui devait être pri-
mitivement couverte par des capitaux
étrangers, serait convertie en obligations,
ce qui, enlèverait aux souscripteurs étran-
gers tout contrôle effectif sur la gestion de
l'entreprise.
La socu' projetée devrait verser dans
les caisses de l'Etat un cautionnement préa-
lable d'une centaine de millions de dol-
lars. j
En outre, la société exploitante garanti-
rait à l'Etat 1° un versement annuel cor-
respondant au rendement actuel de l'ex-
ploitation du monopole une part sur le
surplus des bénéfices annuels.
L'Etat garderait le droit de fixer les prix
de vente.
Vers l'apaisement
italo-serbe
On se montre de plus en plus opti-
iniste dans les cercles diplomatiques sur
l'apaisement, à tout le moins momen-
tané, du conflit italo-serbe.
M. Briand a reçu dans la soirée d'iûer,
au Quai d'Orsay, lord Crewe, qui l'a mis
au courant des intentions de sir Âusten
Chamberlain relativement à l'envoi aux
frontières albanaises d'une commission
d'enquête dont le principe serait ap-
prouvé par M. Stresemann.
Cette commission serait .composée
d'experts militaires anglais, français et
allemands, c'est-à-dire appartenant aux
trois nations saisies de la note italienne
dénonçant des préparatifs militaires de
la Serbie contre l'Albanie. Avec l'agré-
ment de Rome et de Belgrade, des a ob-
servateurs » italien et serbe pourraient
se joindre il la commission d'enquête
pour en faciliter les investigations.
Ce projet a été transmis au gouverne-
ment yougoslave par les gouvernements
anglais et français. Il sera certainement
approuvé, bien qu'on ait manifesté le
désir, à Belgrade, de voir intervenir la
Société des nations, plutôt qu'une'com-
mission internationale non mandate
par le conseil de Genève. Mais toute obs-
truction sur ce point de procédure met-
trait le gouvernement serbe en contra-
diction avec ses propositions premières,
et il ne voudra pas encourir le risque
moral d'une reculade.
Quant au gouvernement italien, que
l'on a discrètement sondé sans le saisir
officiellement de la proposition d'envoi
de commission d'enquête, il a fait savoir
à Paris, Londres et Berlin qu'une pro-
cédure semblable ne rencontrerait au-
cune hostilité de sa part et qu'il y con-
tribuerait loyalement, bien que les me-
sures militaires aient eu le temps d'être
suspendues ou dissimulées.
On espère que l'effort de conciliation
ainsi accompli se traduira (lorsque la
commission aura terminé ses investiga-
tions et déposé des conclusions vraisem-
blablement négatives) par la réunion
d'une conférence italo-yougoslave, pa-
tronnée par la Société des nations et
destinée à établir un rnodus vivendf S\
rable entre l'Italie et la Yougoslave en'
ce qui concerne l'indépendance politi-
que et l'intégrité 'territoriale de l'Al-
banie.
Des experts combattent
l'hypothèse de l'assassinat
Violents incidents entre l'accusation et la dé-
fense. La salle évacuée. Encore
des détenus témoins.
Par dépêche de notre envoyés spécial
Mi FÉLIX BELLE
Aix-en-Provence, 25 mars.
Il appartenait à la cour d'Aix de nous
donner un spectacle que ne nous avait
encore offert aucune cour d'assises.
Pendant deux jours, nous avons eu
cette vision lamentable de condamnés,
de repris de justice, couverts, je dirais
presque, de la déférence respectueuse
de la cour nous les avons vus, appelés
par l'avocat général, s'installer à ses cô-
tés, devenant ainsi presque les asses-
seurs officiels du ministère public.
Tout cela, tous ces honneurs, parce
que ces hommes se faisaient par leurs
délations les auxiliaires de l'accusation
contre leur ancien camarade de cellule.
Certes; la justice a le droit et le devoir
de se servir de tout concours, de qui.et
d'où qu'il vienne, pour faire éclater la
vérité, mais du moins jusqu'ici, en
grande dame qui se respecte, n'effleu-
rait-elle pareils contacts que du bout de
ses doigts gantés et dédaigneux.
Quelle .agréable différence ces mes-
sieurs ont dû constater entre ces au-
diences et celles où ils éprouvèrent.
l'infortune de se voir condamnés
Hier, ce fut autre chose des hommes
aussi étaient à la barre, non plus dès
condamnés, mais des docteurs, des sa-
vants, des professeurs de facultés, des
hommes devant l'honneur et la science
desquels la France s'incline. Mais
voilà ces savants, dans leur haute
conscience, avaient un malheur, c'èst, au
nom de la science, d'apporter à leur
expertise des conclusions qui mettaient
à néant la thèse de l'assassinat par ap-
plication d'un tampon d'acide prussique
sur la bouche, assassinat que, d'après
un de ces témoins d'hier, Bougrat, lui,
aurait avoué.
Alors nous avons vu cette chose stu-
péfiante un président d'assises et un
avocat général reprocher à un homme
dont toute la carrière est faite d'hon-
neur et de science comme le professeur
Barrai, de la Faculté de Lyon, d'avoir
dépassé son mandat..
Et les choses ont -été si loin que nous
avons pu, dans un mouvement de su-
perbe éloquence, entendre. M* Stéfani
Martin s'écrier
Docteur, il faut que vous le sachiez, la
juge d'instruction a dit par deux fois que
le professeur Barrai s'était évertué en
vains efforts pour tirer d'affaires Bougrat.
I1 a dit que vous avez cédé à vos sym-
pathies au point de surcharger vos conclu-
sions Au nom de votre. honneur, au nom
de la justice et de la vérité, répondez
Ah 1 .'il faut le dire à l'honneur de
toute foule française, il est des senti-
ments qui dans son coeur trouvent tou-
jours un écho.
Certes, elle n'est pas pour Bougrat,
< £OffiOND TARSE ET HENRY DE PÊNE
Fondateurs
ARTHUR MEYER
Directeur
..ABONNEMENTS
M EIOIS
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JOURNAL DE DÉFENSE SOCIALE LE PLIS PARISIEN DES GRANDS QUOTIDIENS
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HELLEU
Comment dire ce qui disparaît de fi-
asse, de, grâce, d'élégance, de mesure
v,îvfec Helleù? Il est mort et, pour quel-
̃'•qirês-uns d'entre nous, le printemps
naissant à perdu de ses charmes, le ciel
de notre !le-de-France auelques-unes de
ses nuances les plus délicates Helleu
Me prendra plus ses amis par le bras
pour leur, montrer avec amour un petit
image aux tons d'argent flottant sur le
manteau d'azur du mont Valérien, ou
la buée rose que font les bourgeons au-
tour des frondaisons nouvelles par un
matin d'avril. Les jeunes femmes ne
trouveront plus dans ses yeux grands
ouverts le miroir caressant de leur agré-
ment. de leur coquetterie, de leur dé-
imarehe souple et cadencée. Mais lui, le
,voilù entré dans la gloire
Vous allez voir les marchands de ta-
bleaux s'arracher les tciles qu'il peignait
avec amour pour sa propre joie, qu'il
n'exposait jamais, qu'il ne montrait
qu'avec mille difficultés à quelques amis
choisis ses bosquets de Versailles, ses
cathédrales, ses marines si fluides, si
légères qu'elles semblaient faites de l'é-
• came même de la mer. de cette* molle
intumescence des vagues dont parle le
:poète. 1. On se disputera ses pastels, où
(se perpétue la vie enchantée des fleurs,
et il faudra bien convenir que les poin-
tes sèches qui firent sa célébrité, aujour-
d'hui dédaignées des snobs, nous offrent
le sourire même de la ligne, l'âme de la
forme, la physionomie spirituelle d'une
époque
Helleu, esprit rare et difficile, n'ai-
mait au monde que ce qui est noble et
délicat, fin et. nuancé. Son dédain tom-
bait de haut sur les spectacles tapageurs
et faciles qui fascinent les sensibilités
incultes et satisfont les appétits gros-
sieurs. Devant la grande montée démo-
cratique qui a tout envahi, il se retirait,
s'isola;):. Il s'absorbait dans son travail,
obstiné à fixer, dans le siècle du mou-
vement, les séductions des êtres et des
,choses au repos la langueur, lâ paresse,
les nonchalances, les « adossements
les « allongements d'un corps étendu,
la coquetterie des gestes et toute la mi-
mique d'une grâce oubliée les belles
lumières assoupies sur les pelouses;
l'étang somnolant sur son lit de feuilles
mortes, les' barques immobiles sur l«
""rjrih'oir bleu où elles semblent des papil-
lons endormis.
.11; vivait dans son rêve. Les murs du
salon où il peignait étaient couverts de
somptueux cadres vides, entre lesquels
Son imagination voyait, sans doute, des
jardines embuissonnés de ronces et de
xoses, des arbres en berceaux, où pon-
daient des paniers de fleurs, des déserts
loin delà foule brutale, des retraites
peuplées de marbres, de statues et aussi
de quelques nymphes étourdies de vio-
lons et de flûtes.
On l'arrachait difficilement à sa-soli-
tude studieuse pour le mêler au train
bruyant d'un! monde qui :lui déplaisait
par sa vulgarité, sa médiocrité et son
extravagance. N'avait-il pas chez.lui les
modèles les plus exquis, Mme Helleu,
*là multiforme Alice dont la rosé che-
;velure, disait le comte de Montesquieu,
illumine de son reflet tant de miroirs
de cuivre ses filles, enfants éblouis-
santes, son fils Il s'était entouré d'es
plus gracieux objets que son goût et son
ingéniosité lui avaient fait découvrir
sièges de forme harmonieuse entre
toutes, meubles ravissants de pureté et
d'élégance, argenterie massive ou fine-
ment découpée, porcelaine laiteuse, étof-
fes neigeuses.
Dès l',aube,-il était au travail, au mi-
lieu de ce décor choisi. Sur un de ces
fonds sourds et brouillés, qu'il savait
frotter comme Charvin, son pinceau
magique ou ses pastels faisaient jouer la
lumière et les ombres au flanc d'un
vase, sur les pétales épanouis d'une
fleur, sur les écailles azurées d'un pois-
son. Il. peignait ce qu'il avait sous les
yeux, sous la main, pourvu que les con-
tours en fussent purs, la couleur sédui-
sante, et cela faisait d admirables ébau-
chefs, dont certaines sont devenues de
superbes tableaux.
Heures enivrantes où la vie inanimée
des choses passe miraculeusement sur
le papier ou sur la toile, où s'affirme
peu à peu, sous les touches successives
des brosses agiles, la présence réelle des
objets représeniés Helleu a connu ces
joies hautes et profondes, et, disait-il,
qu'importe le reste?. Helleu peignait
pour donner une fête à sa fantaisie.
Edmond de Goncourt,Octave Mirbeau,
Rebert de Montesquiou, Marcel Proust,
Albert Flament ont savamment goûté
cette peinture et l'ont louée en terjtnes
excellents. Goncourt félicitait Helleu
d'avoir composé une sorte de monogra-
phie de la femme dans toutes les atti-
tudes intimes de son chez soi. Mirbeau
écrivait: « Helleu, avec la fine pointe
de.son diamant mordant sur le cuivre,
est en train de créer une des plus. pré-
cieuses, une des plus vibrantes, une des
plus amoureuses œuvres de ce temps. »
Amateur du rare et du précieux, Mar-
cel Proust admirait par-dessus tout la
féerique métamorphose qu'Helleu fait
Subir aux choses qu'il représente, la ma-
gie qui dans ses marines, par exemple,
supprime toute démarcation entre la
terre et la mer, d'où cette multiforme et
puissante unité qui crée la personnalité
et la séduction de ces tableaux irréels
et mystiques où les barques et les mo-
numents du rivage, dans un même pou-
droiement de soleil et de vagues, sem-
blent sortir des eaux, soufflés en albâtre
ou en écume, et enfermes dans la cein-
ture d'un arc-en-ciel versicolore.
Robert de Montesquiou, dans la pré-
face qu'il a composée peur l'oeuvre gra-
vée d'Helleu, écrivait Rendez son
lustre à cette locution devenue banale
un goût exquis vous pourrez en faire
don à Helleu, qui, entre tous, en est
digne. Cette qualité émane de tout ce
qu'il a choisi ou créé, vous frappe aux
yeux et au cœur. » Et il ajoutait Ne
sera-ce pas un bel éloge si l'on dit de
lui, si l'on grave sur son marbre
homme d'un seul dieu l'art d'un seul
maître le goût d'une seule femme:
le charmant modèle qui prête la vie élé-
gante de son corps à toutes ses composi-
tions, ne pouvant faire un mouvement
qui ne soit de grâce et d'élégance et que,
dix fois par jour, le peintre s'essaie à
surprendre. »
Incomparable gerbe de justes louan-
ges à déposer sur sa tombe par des
amis qui l'attendent au royaume des
ombres
Il y trouvera sa place entre Watteau
et Monet, parmi ces génies spirituels et
délicats couronnés par le goût, consacrés
par la tradition, à l'abri de_ce parti pris
d'injustice, de cette conspiration d'aveu-
glement que les générations fomentent
les unes contre les autres.
Qu'est-ce que l'art; abstraction faite
de la beauté? Helleu ne concevait pas
cette dissociation' nouvelle. lA talent ré-
duit à lui-même lui semblait sans inté-
rêt. L'oeuvre seule existe, disait-il, et
tout son charme est dans sa beauté.. »
Voilà une esthétique aui promet a son
nom une gloire durable
Lucien Coipechot
LA VIE QUI PASSE
Le Salon des Peintres et Sculpteurs
de chevaux
Première journée du Concours hippique.
Hier, on présentait uniquement les chevaux.
Seuls, les amateurs passionnés occupaient par
petits paquets les gradins de velours qui s'ali-
gnaient plus rouges puisqu'on était entre amis.
Un tapissier en retard, à grands coups de mar-
teau, enfonçait un dernier clou, et les contrô-
leurs en chapeau haut de forme s'exerçaient .à
perforer les cartes au vol pour tes jours. pro-
chains d'affluence. On découvrit le Grand Palais
immense. sonore. La cloche tinta, grêle, et des
attelages évoluèrent, minuscules, si sages; si
bien remontés qu'ils semblaient échappés d'un
cadre romantique, et après trois petits tours ils
regagnèrent, non les écuries, mais l'exposition
de peinture.
Sculpteurs animaliers se consacrant aux frères
inséparables le cheval et le chien. Amis se taquj-
nant parfois si l'on en croit les groupes vivants
dé M. Quiet. Les çjatuettes équestres- et offi-
humant le vent de M. d'Uliers, aux études de
poney du vicomte de Lorgeril et le Favori de
M. La Montagne passe devant les animaux
cocasses de M. Frestel, dont le lapin de porce-
laine se pelotonne à la vue d'un canard de
bronze fort indigné.
Les peintres, plus libres par leur mode d'ex-
pression, s'attaquèrent fréquemment à des arri-
vées de plat, tels MM. Busson, Frank Elim,
Malespina; André Marchand. Le passage de la
rivière d'Auteuil tenta M. Blocaille, qui traita,
ainsi que M. Andries, des phases de polo. Si la
chasse à courre, sport de toutes les élégances,
séduit MM. -Lajarrige, Péchaubes, plus imper-
tinent M. Bivel en conte une anecdote en quatre
parties dans le style des vieilles gravures ssi-
glaises. Les scènes de la vie de Camargue
trouvent un illustrateur en M. Cartier, de même
que le. Maroc en M. Manon. MM. Scott et Lalauze
restent fidèles aux houzards et lanciers de
naguère. MM. Feuillastre et Vallet, dans le genre
vieillot, nous présentent ironiquement un aimable
Pont Neuf d'antan et un bien doux Clair de
lune de miel.
Le chien n'est pas oublié par M. Danchin.
Il convient de remarquer tout particulièrement
les puissantes études de Boulonnais de M. Fré-
mond et les plaisantes chasses du comte de
Montbel, dont les aquarelles d'un irrésistible
humour font parfois songer aux cavalcades de
Caran d'Ache.
Les visiteurs, entre deux présentations de
chevaux vivants, viennent considérer les effigies.
A duire vrai, devant ces oeuvres -on querelle plus
sur la matière hippologique que de peinture
pure. Mais le peintre de La Lumière qui s'éteint,
de Kipling, n'éprouva-t-il pas la plus grande
joie de sa vie en entendant deux artilleurs décla-
rer devant sa meilleure toile: « Ça, c'est un
homme qui sait ce gu'est un attelage et un
Lire en 2e page:
LE CONCOURS HIPPIQUE
Les facéties
de M. Rakowski
Des déclarations faites par M. R.a-
kowski, -ambassadeur des soviets à Pa-
ris, à notre confrère l'Avenir, détachons
ce passage savoureux M. Rakowski
parle d'un accord sur les dettes qui n'a
pu être réalisé
Et peut-on connaître les grandes li-
gnes de cet accord. de ce presque accord ?
En gros, nous acceptions de verser
125 francs-papier pour 100 francs-or,
d'avant-guerre. Payables en 62 ans.
Et quel intérêt ?
125 francs-papier intérêts et capital.
Je fais un saut.
Moyenne, si je compte bien 2 fr. 02
par an. Même pas. Vous êtes moins géné-
reux que les grands-ducs
Vous-mêmes êtes moins généreux en-
vers nous que vous ne le fûtes envers eux.
Vous trouvez que nous offrons peu, nous
trouvons, nous, que nous offrons beaucoup.
N'oubliez pas que nous considérons ne rien
devoir..
C'est, sans doute ce que vous nous di-
rez encore le lendemain du jour où nous
vous aurons prêté 500 millions de plus.
Comment accorder un emprunt. pardon,
comment ouvrir le moindre crédit à un
Etat qui renie d'un simple mot 15 milliards
de dettes ? Quelles garanties êtes-vous dis-
posé à nous donner ?
Question prématurée, répond Ra-
kowski. Nous vous convions à une col-
laboration économique dont vous serez
les principaux bénéficiaires.
Il paraît que M. Rakowski avait le
sourire en racontant sa petite histoire.
Nous le comprenons.
LE PERIL
DE GAUCHE'
Les interpellations auxquelles le gou-
vernement a eu à répondre hier n'étaient
pas de nature à l'embarrasser. Il en
est sorti à son honneur. N'empêche que
le malaise grandit chaque jour au Pa-
lais-Bourbon, du fait même des incer-
titudes de doctrine dont témoigne la
politique de ce ministère.
Sa majorité est à droite. Elle est à
droite parce que l'oeuvre de redresse-
ment financier tentée par M. Poincaré
ne peut s'appuyer que sur des voix
conservatrices.
Mais, en dehors de la politique écono-
mique poursuivie, il faut le reconnaître,
par le préside:-t du conseil avec beau-
coup d'énergie, de ténacité et de cou-
rage, tout se passe comme si nos minis-
tres se laissaient agir par la crainte
puérile de ne point paraître d'assez bons
républicains de gauche.
L'attitude de M; Sarraut à qui vont
naturellement les sympathies des esprits
sages et modérés a quelque chose de
bien déconcertant dans l'affaire de la ré-
forme électorale. Les espoirs que le mi-
nistre de l'intérieur semble avoir donnés
aux radicaux-socialistes, venus lui de-
mander dé modifier son projet de façon*
à assurer le succès électoral des candi-
dats les plus avancés, troublent ses
amis les plus raisonnables et jettent le
désarroi dans la majorité gouvernemen-
tale. La prétention des jacobins du Par-
lement a dessiner, selon leur conve-
nance et leur intérêt, une nouvelle carte
électorale de la France, a quelque chose
de cynique qui révolte les plus scepti-
ques.
La Fédération répttblicaine, dans un
retentissant article de son bulletin offi-
ciel, a fait savoir au gouvernement,
après l'interpellation sur les scandales
de l'Indochine, qu'elle ne pourrait conti-
nuer à le soutenir s'il cherchait encore
trouver une majorité de rechange d'ex-
trême gauche ». On conçoit que des
gens sensés et réfléchis soient décidés à
réagir contre ce qu'ils appellent une
coupable faiblesse^ laquelle trend, en
définitive, à soumettre les radicaux aux
socialistes et les socialistes aux commu-
nistes.
Décider, comme le fait M. Poincaré,
de transformer le monopole des allu-
mettes en régie intéressée, c'est donner
aux conservateurs sociaux une indica-
tion heureuse au point da vue économi-
que mais comment lé président du
conseil ne voit-il pas "dja quel poids, par
la force même des choses, la, politique
pèse sur la restauration financière qu'il
cherche à réaliser? «,Le gouvernement
sait, disait très justement M. Ed. de
Warren, dans la Nution; qu'il ne peut
poursuivre sa politique de redressement
financier, de progrès social, de sécurité
nationale qu'avec une majorité compo-
sée des radicaux nationaux et des mo-
dérés. » Pourquoi n'a-t-il de cesse de
favoriser les éléments d'extrême gau-
che ?
Curtius
Isa 'Réforme électorale
Quelques décisions des modérés
Le groupe de l'union républicaine démo-
cratique a procédé à un échange de vues
sur la réforme électorale et a chargé une
délégation d'aller s'entretenir avec le prési-
dent du conseil de cette question et en
particulier du retard apporté à la publica-
tion du tableau de répartition des circons-
criptions.
D'autre part, M. Georges Bonnefous a
convoqué le groupe parlementaire de !a
R. P., afin de se concerter sur l'attitude h
prendre en vue des débats sur le retour
au scrutin d'arrondissement et en particu-
lier sur la proposition de résolution de M.
Fougère, tendant au -rétablissement des
arrondissements supprimés par décret au
point de vue administratif et maintenus au
point de vue électoral.
LES PROJETS MILITAIRES
A la commission de l'armée. M. Sénac
a repris sa démission de rapporteur.
Réunie hier sous la présidence du géné-
raillGirod, la commision de l'armée a pour-
suivi la discussion du projet d'organisation
générale de l'armée.
Le président, dans un court historique, a
précisé d'abord le point où en est arrivée
la discussion, et les conditions dans les-
quelles paraît devoir Uo mieux se réaliser
dans la suite de la discussion la collabora-
tion nécessaire entre le gouvernement et la
commission. Il a émis le voeu que l'union
se fit sans distinction de partis sur 3a tâ-
che patriotique entreprise.
Le ministre de la guerre a tenu, pour
mieux éclairer la commission, à préciser
ce qui, dans le système militaire établi par
le projet, constitue des points essentiels. Il
a été amené ainsi a constater l'accord qui
s'est réalisé depuis la dernière réunion en-
tre le rapporteur et lui au sujet des diver-
gences précédemment constatées nombre
des divisions du temps de paix, stationne-
ment de ces divisions sur lé territoire pen-
dant et après l'occupation rhénane. Il a ex-
pliqué enfin les conditions dans lesquelles
M avait été amené à rejeter dans l'organi-
station générale de l'instruction le procédé
des centres d'instruction.
M. Sénac, rapporteur, s'est expliqué à:
son tour sur ces diverses questions et il
est résulté de son exposé, ainsi que des
précisions qui ont été ensuite demandées au
miinstre, en pai-ticuilier par M. Fabry, qu'il
ne subsiste entre le gouvernement et le rap-
porteur qu'une légère divergence dont la
solution ne- peut en rien déranger l'ensem-
ble du système militaire du projet gouver-
nemental/
Après le départ du ministre, le président,
déclarant dlos l'incident de la semaine der-
nière, a rendu à nouveau hommage au
travail remarquable du rapporteur, et la
commission a été unanime à exprimer le
désir que ce travail pût être mené à bonne
fin. -•
Un échange de vues a -eu lie.u" en.'sOïte
,su.r la méthode avec laquelle la discussion
v'se pouTiSUivra. Il a été entendu que la com-
mission sera appelée mardi prochain à se
prononcer sur le. contre^projet Renaudel et
le principe des centres d'instruction.
Ajoutons que 'M. Sénac a repris sa démis-
sion de rapporteur.
Les Échos
A l'Académie des inscriptions.
Le gr,and prix Gaston Maspero de
15,000 francs, « en faveur d'un ouvrage
ou d'un ensemble de travaux relatifs à
l'histoire ancienne de l'Egypte ou de la
Chaldée », a été décerné hier par scrutin
à M. Chassinat.
L'Académie des inscriptions a, d',au-
tre part, prélevé sur les revenus de la
fondation due à la générosité de Mme de
Clercq et du comte de Boisgelih, dite
fondation Louis de Clercq, 6,000 francs
en faveur de M. Geuthner, pour la pu-
blication des fouilles de M. Pezard à
Tell-Nebi-Mend, et 6,000 francs pour la
mission qu'assume le R. P. Mouterde
de collationner les inscriptions grec-
ques et latines de la Syrie du Nord. En-
fin, sur la fondation Piot, 5,000 francs
sont alloués Pierre Baris pour. la.
continuation des fouilles d'Alcaniz et de
Setefille.
L'Exposition des Beaux-Arts de Nice
avait réservé un emplacement au décor
de théàtre. Seul le Théâtre de Moitié-
Carlo a répondu 1 invitation en en-
voyant quelques-unes de ses maquettes
dont la composition, le dessin et la cou-
leur portent la marque du talent du
maître décorateur Visconti, qui préside
depuis de longues années aux réalisa-
tions scéniques du Théâtre de Monte-
Carlo qui lui doit une bonne part de sa
renommée mondiale. Ces maquettes très
lumineuses ont été particulièrement ad-
mirées.
Acquisition.
Un notaire de Cannes, par ce temps
de crise, a, réussi à vendre une propriété
de- toute beauté, une de ces demeures
merveilleuses de la Côte d'Azur, un de
ces séjours enchantés où' toutes les mi-
sères de ce monde s'estompent et s'ou-
blient, et dont le. propriétaire, lord Ran-
deel, demandait deux millions. La vente
a été. réalisée pour 1,875,000 francs,
somme que les frais augmentent dans
de fortes proportions.
L'acquéreur assez favorisé de la for-
tùtie pour s'offrit' cette fantaisie est, si
l'on en croit la Cote auxiliaire, M. Léon
Blum, célèbre leader socialiste, collabo-
rateur .assidu du Peuple, lequel se qua-
lifie « le véritable journal des travail-'
leurs ». Ses lecteurs habituels n'avaient
pas prévu cette forme de prélèvement
sur le capital.
Poursuivant une série d'innovations
particulièrement goûtées, les Chemins
.de Fer de l'Etat ouvriront, cette année,
le 1er avril prochain, leurs bureaux de
tourisme des gares de Paris-Saint-Lazare
et de Paris-Montparnasse.
Le public y trouvera, en dehors d'une
documentation gratuite, complète, sur
sites, villégiatures, hôtels (prix, situa-
tion, confort), transports locaux, etc.,
etc., toutes facilités en ce qui concerne
les détails matériels du voyage, du sé-
jour, des excursions, etc. (billets, auto-
cars, navigation, location de chambres
dans les hôtels, villas, etc., etc.).
Le pain à 2 fr, 10.
La bataille du blé est, paraît-il, ga-
gnée, les céréales indigènes, talonnées
par les blés exotiques qui axrivent en
grande quantité, baissent dans de très
grandes proportions.
Le ministre de l'agriculture a décidé
de baisser le taux d'extraction de la
farine et l'a ramené à 76 ,au lieu de
Nous aurons donc désormais du
pain plus blanc et meilleur.
Et il nous coûtera un sou de moins
au kilo à partir du jeudi 31 mars. Il se
vendra désormais 2 fr. 10.
Un sou de baisse La voilit. bien la
lutte contre la vie chère
Les épreuves définitives du concours
pour l'emploi de chef de musique de la
garde républicaine doivent avoir lieu le
31 mars prochain, à Paris.
Cinq candidats sont admis à prendre
part à ces épreuves les chefs de musi-
que de r° classe Barat, du 8e d'infan-
terie Boher, du dépôt des équipages de
la flotte à Brest Dupont, du 170" d'in-
fanterie Perrier/ du 31e', et Viot, du
d'infanterie.
Un métier peu engageant.
C'est de dictateur. Il ne paraît
pas être précisément un métier pour
gens paresseux. On sait le terrible la-
beur qu'assume NI. Mussolini. Celui du
général Primo de Rivera est non moins
terrible.
En effet, notre confrère la Nation,
dont on connaît les attaches .avec le
président du conseil d'Espagne, nous
apprend que ce dernier, pour faire face
à ses nombreux travaux, est contraint
de travailler une partie de la nuit. Ces
jours-ci, c'est en quittant sa table de
travail, à trois heures et demi du matin,
que le général,Primo de Rivera, heur-
tant du pied sa corbeille à papier, perdit
l'équilibre et se blessa au front. Il te-
nait à la main des documents qu'il se
proposait d'examiner dans son lit.
Pour vivre heureux, vivons cachés, a
dit le fabuliste.
Le Coq
DERNIERS COURS DES CHANGES
Livre, 124 0 025). Dollar, 25 5375
(+ 0 0050). Belga, 355 (+ 0 50). Lire,
20 (–1 25). Fmanc suisse,- 491 25
(uns changement). Peseta espagnole, 457
{– 0 25). Florin hollandais, 1022 (+ 0 50).
Après Bourse, à 18 heures. Livre,*124 04.
Dollar, 2554.
TEMPÉRATURE
Probabilités pour la journée du 26 mars
Région parisienne: vent du secteur sud-ouest
modéré ou assez fort; ciel très nuageux avec
éclaircies, averses ou giboulées, se couvrant avec
nouvelles pluies.
Même témpérature.
AUJOURD'HUI
13 h. 30. Concours hippique: Présentation
d'attelages militaires et Prix de l'Ourcq (obs-
tacles).
14 heures. Courses à Saint-Cloud.
14 heures.' Notre-Dame Causerie sur
« L'imagerie religieuse populaire ».
17 h. 30. Conservatoire des Arts et Métiers:
Conférence sur « Les découvertes récentes 'de
la T.S.F, »
LE SAC DE NANKIN
Pour sauver les Etrangers
on bombarde la ville
Les Cantonais auraient tué plus de cent
Anglais ou Américains et un
prêtre français.
Bien que les informations de Nankin
soient parfois assez contradictoires, il
reste certain que de graves événements s'y
sont déroulés et que les étrangers, qui ne
jouissaient pas de la protection militaire
qu'ils avaient à Shanghaï, ont eu énormé-
ment à souffrir de la part des Cantonais.
Ceuxci, qui sont tout à fait indisciplinés,
ont pillé tous les consulats de la ville ils
ont saccagé et brûlé les maisons des étran-
gers les femmes notamment ont été trai-
tées avec la dernière violence, leurs vête-
ments ont été déchirés. Ces crimes n'ont
pas été commis par la populace, mais bien
par des soldats en uniforme.
Un prêtre français aurait été tué d'un
coup de revolver par un officier nationa-
liste. Certaines informations évaluent à
plus de cent civils anglais et américains le
nombre des tués dans la journée d'avant-
hier. On cite parmi les victimes, un ci-
toven américain recteur de l'Université.
Quant aux pertes navales, elles seraient de
27 tués 12 Angilais et 16 Américains.
Le bombardement
Hier matin, la situation était très criti-
que. 99 Américains dont 40 femmes et 38
enfants, ainsi que 15 Anglais n'avaient pas
été évacués.
Aussi les autorités navales anglaises et
américaines ont-elles fait procéder à un
bombardement par le croiseur britannique
Emerald et par deux destroyers de la
flotte des Etats-Unis. On a choisi comme
chamn de tir une région inhabitée, près de
la colline où s'étaient réfugiés les, étran-
gers. Ce qui n'empêche pas les Cantonais
de prétendre que deus mille Chinois ont
été tués.
En même temps, l'amiral Hough, com-
mandant les forces américaines, mandait
v bord de son navire le général comman-
dant les forces cantonaises pour discuter
de la situation. Le bombardement était, du
reste, suspendu en attendant la réponse.
Celle-ci, quand elle jp.arvint, fut jugée si
évasive. et si insolente que l'amiral Hough,
d'accord avec le commandant de VEmerald
et après avoir avisé télég,raphiquement
l'amiral WaMiams, commandant en chef de
la flotte américaine à Shanghaï, adressa
un dernier avertissement aux Cantonais,
leur faisant connaître que s'il ne recevait
j pas d'ordres contraires et que si la situa-
tion ne changeait pas radicalement, les
points militaires de Nankin seraient bom-
bardés, en évitant toutefois autant que
possible d'atteindre la population civile.
Cet avertissement semble avoir produit
quelque effet, car d'après les dernières dé-
pêches de Chine, le bombardement de Nan-
kin aurait été remis jusqu'à demain et
l'évacuation des étrangers aurait com-
mencé, au moins partiellement.
Une protestation cantonaise.
Le général Chang Kaï Shek, comman-
dant en chef des troupes cantonaises, qui
se rend de Shanghaï à Nankin, où il sera
aujourd'hui ou demain, a adressé une pro-
testation au vice-consul anglais de cette
dernière ville, contre le bombardement.
Le vicenconsufl., dans sa réponse, aurait
mis en doute la valeur des assurances pri-
ses par Chang Kaï Shek qui se serait fait
fort d'assurer la protection des étrangers.
En cela, le représentant diplomatique
britannique serait complètement d'accord
avec ses collègues des autres puissances.
Ils estiment tous que l'arrivée à Nankin du
général Chang Kaï Shek ne changera rien
à une situation dont il n'aura pas le con-
trôle et qu'il ne saurait dominer.
Ajoutons que le consul anglais blessé
avant-hier a été recueilli à bord d'un cui-
rassé et que des nouvelles officielles du Ja-
pon déclarent que si toutes les maisons ja-
ponaises de Nankin ont été pildées, les rési-
| dents japonais, sauf deux légèrement bles-
sés, sont sains et saufs.
Denys Meulhan
L'exploitation du monopole
des allumettes
Au cours du conseil de cabinet tenu jeudi,
M. Poincaré a exposé à ses collègues les
grandes lignes du projet élaboré par les
services du ministère des finances pour
l'exploitation en régie intéressée du mono-
pole des allumettes.
D'après cet avant-projet, l'exploitation du
monopole serait confiée à une société ex-
clusivement française et dont le conseil
d'administration serait entièrement com-
posé de Français. On assure aussi que la
part du capital-actions, qui devait être pri-
mitivement couverte par des capitaux
étrangers, serait convertie en obligations,
ce qui, enlèverait aux souscripteurs étran-
gers tout contrôle effectif sur la gestion de
l'entreprise.
La socu' projetée devrait verser dans
les caisses de l'Etat un cautionnement préa-
lable d'une centaine de millions de dol-
lars. j
En outre, la société exploitante garanti-
rait à l'Etat 1° un versement annuel cor-
respondant au rendement actuel de l'ex-
ploitation du monopole une part sur le
surplus des bénéfices annuels.
L'Etat garderait le droit de fixer les prix
de vente.
Vers l'apaisement
italo-serbe
On se montre de plus en plus opti-
iniste dans les cercles diplomatiques sur
l'apaisement, à tout le moins momen-
tané, du conflit italo-serbe.
M. Briand a reçu dans la soirée d'iûer,
au Quai d'Orsay, lord Crewe, qui l'a mis
au courant des intentions de sir Âusten
Chamberlain relativement à l'envoi aux
frontières albanaises d'une commission
d'enquête dont le principe serait ap-
prouvé par M. Stresemann.
Cette commission serait .composée
d'experts militaires anglais, français et
allemands, c'est-à-dire appartenant aux
trois nations saisies de la note italienne
dénonçant des préparatifs militaires de
la Serbie contre l'Albanie. Avec l'agré-
ment de Rome et de Belgrade, des a ob-
servateurs » italien et serbe pourraient
se joindre il la commission d'enquête
pour en faciliter les investigations.
Ce projet a été transmis au gouverne-
ment yougoslave par les gouvernements
anglais et français. Il sera certainement
approuvé, bien qu'on ait manifesté le
désir, à Belgrade, de voir intervenir la
Société des nations, plutôt qu'une'com-
mission internationale non mandate
par le conseil de Genève. Mais toute obs-
truction sur ce point de procédure met-
trait le gouvernement serbe en contra-
diction avec ses propositions premières,
et il ne voudra pas encourir le risque
moral d'une reculade.
Quant au gouvernement italien, que
l'on a discrètement sondé sans le saisir
officiellement de la proposition d'envoi
de commission d'enquête, il a fait savoir
à Paris, Londres et Berlin qu'une pro-
cédure semblable ne rencontrerait au-
cune hostilité de sa part et qu'il y con-
tribuerait loyalement, bien que les me-
sures militaires aient eu le temps d'être
suspendues ou dissimulées.
On espère que l'effort de conciliation
ainsi accompli se traduira (lorsque la
commission aura terminé ses investiga-
tions et déposé des conclusions vraisem-
blablement négatives) par la réunion
d'une conférence italo-yougoslave, pa-
tronnée par la Société des nations et
destinée à établir un rnodus vivendf S\
rable entre l'Italie et la Yougoslave en'
ce qui concerne l'indépendance politi-
que et l'intégrité 'territoriale de l'Al-
banie.
Des experts combattent
l'hypothèse de l'assassinat
Violents incidents entre l'accusation et la dé-
fense. La salle évacuée. Encore
des détenus témoins.
Par dépêche de notre envoyés spécial
Mi FÉLIX BELLE
Aix-en-Provence, 25 mars.
Il appartenait à la cour d'Aix de nous
donner un spectacle que ne nous avait
encore offert aucune cour d'assises.
Pendant deux jours, nous avons eu
cette vision lamentable de condamnés,
de repris de justice, couverts, je dirais
presque, de la déférence respectueuse
de la cour nous les avons vus, appelés
par l'avocat général, s'installer à ses cô-
tés, devenant ainsi presque les asses-
seurs officiels du ministère public.
Tout cela, tous ces honneurs, parce
que ces hommes se faisaient par leurs
délations les auxiliaires de l'accusation
contre leur ancien camarade de cellule.
Certes; la justice a le droit et le devoir
de se servir de tout concours, de qui.et
d'où qu'il vienne, pour faire éclater la
vérité, mais du moins jusqu'ici, en
grande dame qui se respecte, n'effleu-
rait-elle pareils contacts que du bout de
ses doigts gantés et dédaigneux.
Quelle .agréable différence ces mes-
sieurs ont dû constater entre ces au-
diences et celles où ils éprouvèrent.
l'infortune de se voir condamnés
Hier, ce fut autre chose des hommes
aussi étaient à la barre, non plus dès
condamnés, mais des docteurs, des sa-
vants, des professeurs de facultés, des
hommes devant l'honneur et la science
desquels la France s'incline. Mais
voilà ces savants, dans leur haute
conscience, avaient un malheur, c'èst, au
nom de la science, d'apporter à leur
expertise des conclusions qui mettaient
à néant la thèse de l'assassinat par ap-
plication d'un tampon d'acide prussique
sur la bouche, assassinat que, d'après
un de ces témoins d'hier, Bougrat, lui,
aurait avoué.
Alors nous avons vu cette chose stu-
péfiante un président d'assises et un
avocat général reprocher à un homme
dont toute la carrière est faite d'hon-
neur et de science comme le professeur
Barrai, de la Faculté de Lyon, d'avoir
dépassé son mandat..
Et les choses ont -été si loin que nous
avons pu, dans un mouvement de su-
perbe éloquence, entendre. M* Stéfani
Martin s'écrier
Docteur, il faut que vous le sachiez, la
juge d'instruction a dit par deux fois que
le professeur Barrai s'était évertué en
vains efforts pour tirer d'affaires Bougrat.
I1 a dit que vous avez cédé à vos sym-
pathies au point de surcharger vos conclu-
sions Au nom de votre. honneur, au nom
de la justice et de la vérité, répondez
Ah 1 .'il faut le dire à l'honneur de
toute foule française, il est des senti-
ments qui dans son coeur trouvent tou-
jours un écho.
Certes, elle n'est pas pour Bougrat,
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