BEL
t BÉHORS (bé-hor), s. m. Un_ des noms vulgai-
res du butor.
t BÉH01JRDIS(bé-hour-dî), s. m. Tournois-, com-
bat à la lance. On nommait ces jeux béhourdis du
nom d'une armure quiocouvrait le poitrail des che-
vaux, VOLT. Jlfoeure, 99.
— ÉTYM. La définition donnée par Voltaire est
fautive ; le béhourdis était ainsi nommé du behourt,
lance. Se vus alez einsi l'espée traite à curt, Vos-
tre hauberc vestu, en main vostre behurt.... Th.
le mort. se. Voy. BOURDE Î.
BEIGE (bè-j'), adj. f. Usité dans cette locution :
laine beige, laine qui a sa couleur naturelle.
— HIST. xni" s. Lors serai moines Mans ou noirs,
Grivelés, bruns ou bis ou beges, DH CANGE, bigera.
— ÉTYM. Ce mot parait avoir le même radical
que bis, brun (voy. BIS, adj.), et l'italien bigio, gris,
brun. On dit, dans certaines provinces, du linge beige
pour du linge tirant sur le jaune.
BEIGNET (bè-gnè; le t ne se lie pas dans la con-
versation; au pluriel, l's se lie : des beignets aux
pommes, dites : des bè-grè-z aux pommes; bei-
gnets rime avec traits, succès, jamais), s. m. Pâte
frite enveloppant une tranche de quelque fruit. Bei-
gnets de pommes.
— HIST. XIII' s. Les viandes que il nous donnè-
rent, ce furent beignes de fourmages qui estoient
rosties au solleil, JOINV. 249. ||xv" s. Que tout bou-
lenguiers cuissent leurs bingnes aveuc la fournée
de l'autre pain tout ensemble, DU CANGE, binota.
|| xvie s. La pomme s'accommode très bien en tartel-
lages, beignets et semblables gentillesses de cuisine,
O. DE SERBES, 088.
— ÉTYM. Berry, beugnet, beugnon; génev. bugnet;
diminutif de l'ancien français bingne, begne, qui est
sans doute le même que bigne, beugne, tumeur,
grosseur (mot encore usité en diverses provinces),
à cause que le beignet est une pâte qui se gonfle
en cuisant. Beugnet ou bignet, prononciation fau-
tive, est, comme on voit, un provincialisme.
BE1RAM (bè-ram'), s. m. Voy. BAIRAM.
BÉJAUNE (bé-jô-n'), s. m. || 1° Terme de faucon-
nerie. Bec jaune || 2° Oiseau jeune et niais, qui a en-
core le bec jaune. || Fig. et familier. Montrer à quel-
qu'un son béjaune, lui prouver sa sottise, son igno-
rance. Souffrez que je lui montre son béjaune, et le
tire d'erreur, MOL. Mal. imag. m, 4 6. C'est fort bien
fait d'apprendre à vivre aux gens et de leur montrer
leur béjaune, ID. Âm. méd. H, 3. || Kig. et familiè-
rement. Un béjaune, un jeune homme sot et inex-
périmenté. || 3° Fig. Se disait de l'ouvrier qui passait
compagnon ou maître, et du régal payé en ces
circonstances. || Payer son béjaune, payer sa bienve-
nue; locution tirée de ce qu'à Paris une des fonc-
tions les plus importantes des trésoriers de la Baso-
che était de recevoir les béjaunes et de leur faire
payer la bienvenue. || Lettres de béjaune, lettres
données autrefois aux clercs par la basoche, et qui
marquaient le commencement de la cléricature.
— HIST. xm* s. Sans faille, ce n'est pas merveille,
S'ous [si vous] n'en savés quartier ne aune; Car vous
avés trop le bec jaune, la Rose, 4 304 8. || xvc s.
Payer leur fauldra les usaiges De leurs becz jaunes,
sansfaillir, CH.D'ORL. Rondeau. Qu'esse cy? estes vous
bejaulne? Vuidez moy mon broc vistement. Je de-
mande du vin de Beaulne, Qui soit bon et non aul-
trement, VILLON , Repues franches. Ce sont six aulnes ;
ne sont mie? Et non sont; que je suis bec jaulne!
Patelin. || xvi" s. Cagnars, bejaulnes, descongneuz,
j. MAROT, v, 304. Ce dyable de Pantagruel, qui ha
convaincu tous les resveurs et béjaunes sophistes, à
ceste heure aura son vin, RAB. Pant. n, H 8.
— ÉTYM. Bec, jaune ; le bec jaune étant l'attribut
du jeune oiseau de proie, encore sans éducation ni
expérience.
4. BEL (bel), adj. m. Voy. BEAU.
f 2. BEL (bel), s. m. Terme de pêche. Nom donné
par les pêcheurs de la morue verte à l'établissement
qu'ils font depuis les haubans de misaine jusqu'au
commencement du gaillard d'arrière.
BÉLANDKE (bé-lan-dr'), s. f. Terme de marine.
Petit bâtiment de transport à fond plat, employé sur
les rivières, sur les canaux et dans les rades. Per-
mangle prit trente-six bélandres portant 400 milliers
chacune, et en brûla vingt-cinq, ST-SIM. 303, 4 9S.
—ÉTYM. Angl. bilander, belander; holland. by-
tander/deoy, auprès, et land, terre : bateau qui
va près de la terre.
BÊLANT, ANTE (bê-lan, lah-t'), adj. Q ai bêle. Les
boeufs mugissants et les brebis bêlantes venaient en
foule, quittant les gras pâturages, et ne pouvant
trouver assez d'étables pour être mis à couvert, FËN.
Tel. i, Je vous ai vu, le soir, pour nos brebis bê-
BEL
lantes Soulever de nos puits les pierres trop pesantes,
Ducis,^bu/ar,i, 2. Quand au mouton bêlant la sombre
boucherie Ouvre ses cavernes de mort, A. CHËN.
ïambe 2. || Proverbe. Boeuf saignant, mouton bê-
lant, c'est-à-dire il faut que le boeuf et le mouton
rôtis ne soient guère cuits.
t BÊLE (bê-1'), *. m. Jeu d'enfant. Nom du bâton-
net qu'on fait sauter avec un autre plus grand, dans
le jeu dit du bâtonnet.
tBÊLÉE (bè-lée), s. f. Terme de pêche. Corde
disposée de manière à porter entre deux eaux les ha-
meçons dont elle est garnie.
BÊLEMENT (bê-le-man), s. m. Cri naturel des
bêtes ovines.
— ÉTYM. Bêler.
BÉLEMNITE (bê-lè-mni-f), s. f. Terme d'histoire
naturelle. Coquille fossile, de forme allongée, qui
n'a pas d'analogue vivante.
— ÉTYM. Bs/E[i.vînfi;, pierre de foudre, de fSjXepi-
vov, trait, carreau, de ps?.oç, trait, javelot, de pâX-
Xeiv, lancer (voy. BALISTIQUE).
BÊLER (bê-lé), v. n. Faire un bêlement, pous-
ser des bêlements. L'oiseau chante, l'agneau bêle,
L'enfant gazouille au berceau; La voix de l'homme
se mêle Au bruit des vents et de l'eau, LAMART.
Harm. I, 3. || Proverbes. Brebis qui bêle perd sa
goulée, c'est-à-dire à trop parler on perd le temps
de manger, et aussi d'agir. || La brebis bêle toujours
de même, c'est-à-dire on ne change guère les ma-
nières qui proviennent de la nature. || Il se conjugue
avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. xiir s.Qant il ala esbanoier, Les brebiz
oit [il entend] es chans bélier, Ren. 6365. Lyons y
bêlent et grans ours; Grant joie i a de jongleours,
FI. et Bl. 3149. || xvi* s et quand une desdites
testes [d'un agneau monstrueux] belloit, les autres
faisoient le semblable, PARÉ, XIX, 20. Ils bellent
comme les chèvres, ID. Anim. 25.
— ÉTYM. Provenç. belar; espagn. balar; ital. ba-
lare; du latin balare.
BEL-ESPRIT (bè-lè-spri), s. m. Voy. BEAU.
BELETTE (be-lè-f), s. f. || 1° Nom vulgaire de la
martre mineure, petit carnassier, qui a le corps al-
longé et le museau pointu. La nation des belettes,
Non plus que celle des chats, Ne veut aucun bien
aux rats, LA FONT. Fabl. iv, 6. || 2° Nom vulgaire
d'un poisson des côtes de France.
— HIST. xn° s. Chevals e dras et bêles [peaux de
belette], Rou, 1.1, p. 332.
— ÉTYM. Diminutif de l'ancien français bêle, qui
se rapporte aussi bien au kymri bêle, martre, qu'au
haut allemand bille. Les patois italiens offrent : mi-
lanais, béllora; Corne, bèrola; parmesan, benla; gé-
nois, bellua; sicilien, badottula pour ballottula,
bellottula. Diez, qui fait ces rapprochements, se de-
mande si, malgré le kymri et le haut-allemand, bêle
n'est pas simplement le latin bella, belle, la jolie
bête, terme de flatterie qui se trouve en allemand
pour cet animal, doté, par la crédulité, de forces
mystérieuses. Les patois français ont : normand,
roselet; picard, bacouletle; lorrain, moteile, qui est
le latin muslela.
fBÉLIAL (bé-li-al), s. m. En style biblique, le
malin esprit, le démon. Les adorateurs de Bélial,
les méchants.
— ÉTYM. Mot hébreu signifiant qui ne vaut rien :
beli a'al, sans profit, sans valeur.
tBELIC (be-lik) ou BELIF (be-lif) ou BELLLV
(bél-lif'),%. m. Terme de blason. Couleur rouge, dite
aussi gueule.
BELIER (be-lié) ou BÉLIER (bé-lié; IV ne se lie
jamais; au pluriel, l's se lie: les béliers et les bre-
bis, dites : les bélié-z et....), s. m. || 1° Le mâle de
la brebis. H Terme de blason. Bélier sautant, bélier
dressé sur ses pieds de derrière. Bélier ongle, bélier
dont les pieds sont d'un autre émail que le corps.
Il 2° Machine de guerre dont les anciens se servaient
pour battre et renverser les murailles. Le bélier im-
puissant les menaçait en vain, RAG. Bérén.i,3. || Bé-
lier hydraulique, machine hydraulique très-puis-
sante, imaginée par Montgolfier et qui sert à élever
l'eau. Il 3" Terme d'astronomie. Constellation zodia-
cale qui, du temps d'Hipparque, coïncidait avec l'é-
quinoxe du printemps ; aujourd'hui nom conven-
tionnel,du signe dont lé commencement répond à ce
même équinoxe dans le zodiaque mobile en vertu de
la précession. || Le retour du Bélier, le printemps. Ou
demeurer oisive au retour du Bélier, BOIL. Sat. vm.
— HIST. xvc s. Parties de la despense faite le lundi
quatriesme jour de juillet 4412 en l'ostel de Bélier
[nom d'un chanoine de la Sainte Chapelle], Bibl. des
Chartes, B« série, 1.1, 225. ||xvi" s. Adonc l'engin
s'appeloit aries, pour ce que vonlentiers on le fai-
BEL
32S
soit à la semblance de la teste d'ung bellier, Suppl.
franc. 4328, p. ixxxrv, Us. de l'an 4519, dit Com-
mentaires de Jules César. Les Ammonians le fai-
soyent pourtraire [Jupiter] en figure de bélier
belinant, bélier cornut,BAB. Pant. m, 42. Je te don-
nerais, respondit le marchant, ung coup d'espée sur
ceste aureille lunetiere, et te tuerois comme ung
bélier, ID. ib. iv, 5. Béliers, balistes, catapultes,
ID. ib. iv, 64. Mieux vaut perdre la toison Que bre-
bis, bélier ou mouton, GABR. MEUNIER, Trésor des
sentences, dans LE ROUX DE LINCY, t. 1, p. 4 63.
—ETYM. Belin est, dans le roman de Renart, le nom
du bélier; mais le mot bélier lui-même ue s'est pré-
senté dans aucun texte au delà du xv" s. ; car &eïi'er3 em?
ployé dans ce siècle comme nom propre.montre sans
doutequ'il l'était comme nom commun. Au delà, en
remontant, on ne trouve que mouton : dans le liber
Psalmorumduxn'siècle, on lit:Limont s'esledece-
rent sicume multun, etli tertre sicume li aigneîdes
oeilles, p. 4 75; passage où multun traduit arietes.
On l'a fait venir de balarius, debalare, bêler; mais
une telle dérivation d'un verbe n'est pas justifiée par
les habitudes des langues romanes. Ménage le tire
de vdlarius, le velu, de vellus, toison; mais vel-
larius n'est donné par aucun texte. Diez parait avoir
mis le doigt sur la vraie étymologie en indiquant le
bas-latin bella, clochette, qu'on pend au cou des
moutons ou.des vaches, du flamand bel, clochette,
anglais bett. Ainsi le bélier est celui qui porte la
clochette, autrement en français mouton à la son-
nette, clocheman de quelques localités; bas-latin,
aries squilatus; en flamand, bel-hamel, anglais,
bell-wether, qui ont le même sens. Cette étymolo-
gie est fortifiée par l'existence du mot bélière.
BÉLIÈRE (bê-liê-r'), s. f. || 1° Anneau auquel est
suspendu le battant d'une cloche. || 2° Anneau qui
porte un pendant d'oreille. j| 3° Bracelet ou chape de
fourreau de sabre.
— HIST. xv" s.Xla charge du dit chapitre de four-
nir en l'acquit de Pevesque les chordes, bellieres,
batailz, DU CANGE, belleria.
— ÉTYM. Bas-lat. belleria, beleria; du flamand
bel, cloche (voy. BÉLIER).
t BELIF (be-lif). Voy. BELIC.
f BELIN (belin), s. m. Terme de marine. Voy. BLIN.
BÉLÎTRE (bê-li-tr'), s. m. Homme de rien, homme
sans valeur. C'est un franc bélître. [Sezanne] C'était
un grand bélître, fort prévenu de son mérite et de
sa capacité, ST-SIM. 368, 4 4 7.
— HIST. xv" s. Ces belleudres veulent ils faire les
maistres? DU CANGE, balens. || xvi* s. Maint sorti
d'un tige hautain De quelque maison non commune,
Belistre mendie son pain, Dial. de TAHUREAU , p. 4 92.
Pompeius suppliant des belitres officiers d'un roy
d'jEgypte, MONT, I, 65. Un belitre de soldat son
hoste,lD. 11, 5. Ô le lasche belitre ! ID. n, 22. Les
belistres pes gueux] sont de besoing au monde ; car
si tous estoient riches. l'on ne trouverait point à qui
donner, DES PÉR. Cymbal. 4 40. Ou plusieurs belit- '
très et cocquins s'employèrent avec le bourreau et
son valet, pour en avoir la despouille, CARLOIX , vu, 3.
Par l'artifice des meschans belistres de Postière
[mendiants], PARÉ, xrx, 4. L'imposture d'une be-
listresse, ID. XIX, 22. Je ne sçay quelles sottes ou
folles opinions enracinées dès longtemps au cerveau,
mesmes de plusieurs qui cuident bien en cela n'estre
belistres d'esprit,FROUMENTEAU,Finances, m" livre,
p. 393.
— ÉTYM. Espagn. belitre; portug. biltre;itsi. be-
litrone. Origine incertaine. On a indiqué le latin
balatro, vaurien, ballistarius, soldat qui servait les
balistes; blilum, bette, plante qui, à cause de son
peu de saveur, était employée métaphoriquement
pour désigner un homme de peu; l'allemand Betlkr,
mendiant (par métathèse Bleler) ; car bélître a aussi
signifié mendiant (voy. l'historique). Diez penche
pour cette dernière opinion. Il y avait au xvie siècle
un verbe belistrer, mendier : Il vaut trop mieux
donner à maint pauvre indigent.... Tu en auras au
monde ou au ciel recompense, Non de vouloir chez
toi les flateurs rencontrer, Qui te feront un jour
ainsi qu'eux belistrer, RONS. 909.
BELLADONE (bèl-ia-do-n'), s. f. Plante vénéneuse
de la famille des solanées, dont le nom spécifique
est la belladone commune.
— ÉTYM. Belladonna, de bella, belle, et donna,
dame, les Italiens s'en servant pour faire du fard.
BELLÂTRE (bè-lâ-tr'), s. m. et f. Celui, celle qui,
se croyant beau, belle, affecte les airs des jeunes
gens avantageux, des femmes coquettes. J'avais toute
la raison, le droit et l'intérêt de.ne pas subir le joug
audacieux et nouveau de ce vieux bellâtre, ST-SIM.
344,247. Je n'ai pas reçu de nouvelles de M. de Ri-
t BÉHORS (bé-hor), s. m. Un_ des noms vulgai-
res du butor.
t BÉH01JRDIS(bé-hour-dî), s. m. Tournois-, com-
bat à la lance. On nommait ces jeux béhourdis du
nom d'une armure quiocouvrait le poitrail des che-
vaux, VOLT. Jlfoeure, 99.
— ÉTYM. La définition donnée par Voltaire est
fautive ; le béhourdis était ainsi nommé du behourt,
lance. Se vus alez einsi l'espée traite à curt, Vos-
tre hauberc vestu, en main vostre behurt.... Th.
le mort. se. Voy. BOURDE Î.
BEIGE (bè-j'), adj. f. Usité dans cette locution :
laine beige, laine qui a sa couleur naturelle.
— HIST. xni" s. Lors serai moines Mans ou noirs,
Grivelés, bruns ou bis ou beges, DH CANGE, bigera.
— ÉTYM. Ce mot parait avoir le même radical
que bis, brun (voy. BIS, adj.), et l'italien bigio, gris,
brun. On dit, dans certaines provinces, du linge beige
pour du linge tirant sur le jaune.
BEIGNET (bè-gnè; le t ne se lie pas dans la con-
versation; au pluriel, l's se lie : des beignets aux
pommes, dites : des bè-grè-z aux pommes; bei-
gnets rime avec traits, succès, jamais), s. m. Pâte
frite enveloppant une tranche de quelque fruit. Bei-
gnets de pommes.
— HIST. XIII' s. Les viandes que il nous donnè-
rent, ce furent beignes de fourmages qui estoient
rosties au solleil, JOINV. 249. ||xv" s. Que tout bou-
lenguiers cuissent leurs bingnes aveuc la fournée
de l'autre pain tout ensemble, DU CANGE, binota.
|| xvie s. La pomme s'accommode très bien en tartel-
lages, beignets et semblables gentillesses de cuisine,
O. DE SERBES, 088.
— ÉTYM. Berry, beugnet, beugnon; génev. bugnet;
diminutif de l'ancien français bingne, begne, qui est
sans doute le même que bigne, beugne, tumeur,
grosseur (mot encore usité en diverses provinces),
à cause que le beignet est une pâte qui se gonfle
en cuisant. Beugnet ou bignet, prononciation fau-
tive, est, comme on voit, un provincialisme.
BE1RAM (bè-ram'), s. m. Voy. BAIRAM.
BÉJAUNE (bé-jô-n'), s. m. || 1° Terme de faucon-
nerie. Bec jaune || 2° Oiseau jeune et niais, qui a en-
core le bec jaune. || Fig. et familier. Montrer à quel-
qu'un son béjaune, lui prouver sa sottise, son igno-
rance. Souffrez que je lui montre son béjaune, et le
tire d'erreur, MOL. Mal. imag. m, 4 6. C'est fort bien
fait d'apprendre à vivre aux gens et de leur montrer
leur béjaune, ID. Âm. méd. H, 3. || Kig. et familiè-
rement. Un béjaune, un jeune homme sot et inex-
périmenté. || 3° Fig. Se disait de l'ouvrier qui passait
compagnon ou maître, et du régal payé en ces
circonstances. || Payer son béjaune, payer sa bienve-
nue; locution tirée de ce qu'à Paris une des fonc-
tions les plus importantes des trésoriers de la Baso-
che était de recevoir les béjaunes et de leur faire
payer la bienvenue. || Lettres de béjaune, lettres
données autrefois aux clercs par la basoche, et qui
marquaient le commencement de la cléricature.
— HIST. xm* s. Sans faille, ce n'est pas merveille,
S'ous [si vous] n'en savés quartier ne aune; Car vous
avés trop le bec jaune, la Rose, 4 304 8. || xvc s.
Payer leur fauldra les usaiges De leurs becz jaunes,
sansfaillir, CH.D'ORL. Rondeau. Qu'esse cy? estes vous
bejaulne? Vuidez moy mon broc vistement. Je de-
mande du vin de Beaulne, Qui soit bon et non aul-
trement, VILLON , Repues franches. Ce sont six aulnes ;
ne sont mie? Et non sont; que je suis bec jaulne!
Patelin. || xvi" s. Cagnars, bejaulnes, descongneuz,
j. MAROT, v, 304. Ce dyable de Pantagruel, qui ha
convaincu tous les resveurs et béjaunes sophistes, à
ceste heure aura son vin, RAB. Pant. n, H 8.
— ÉTYM. Bec, jaune ; le bec jaune étant l'attribut
du jeune oiseau de proie, encore sans éducation ni
expérience.
4. BEL (bel), adj. m. Voy. BEAU.
f 2. BEL (bel), s. m. Terme de pêche. Nom donné
par les pêcheurs de la morue verte à l'établissement
qu'ils font depuis les haubans de misaine jusqu'au
commencement du gaillard d'arrière.
BÉLANDKE (bé-lan-dr'), s. f. Terme de marine.
Petit bâtiment de transport à fond plat, employé sur
les rivières, sur les canaux et dans les rades. Per-
mangle prit trente-six bélandres portant 400 milliers
chacune, et en brûla vingt-cinq, ST-SIM. 303, 4 9S.
—ÉTYM. Angl. bilander, belander; holland. by-
tander/deoy, auprès, et land, terre : bateau qui
va près de la terre.
BÊLANT, ANTE (bê-lan, lah-t'), adj. Q ai bêle. Les
boeufs mugissants et les brebis bêlantes venaient en
foule, quittant les gras pâturages, et ne pouvant
trouver assez d'étables pour être mis à couvert, FËN.
Tel. i, Je vous ai vu, le soir, pour nos brebis bê-
BEL
lantes Soulever de nos puits les pierres trop pesantes,
Ducis,^bu/ar,i, 2. Quand au mouton bêlant la sombre
boucherie Ouvre ses cavernes de mort, A. CHËN.
ïambe 2. || Proverbe. Boeuf saignant, mouton bê-
lant, c'est-à-dire il faut que le boeuf et le mouton
rôtis ne soient guère cuits.
t BÊLE (bê-1'), *. m. Jeu d'enfant. Nom du bâton-
net qu'on fait sauter avec un autre plus grand, dans
le jeu dit du bâtonnet.
tBÊLÉE (bè-lée), s. f. Terme de pêche. Corde
disposée de manière à porter entre deux eaux les ha-
meçons dont elle est garnie.
BÊLEMENT (bê-le-man), s. m. Cri naturel des
bêtes ovines.
— ÉTYM. Bêler.
BÉLEMNITE (bê-lè-mni-f), s. f. Terme d'histoire
naturelle. Coquille fossile, de forme allongée, qui
n'a pas d'analogue vivante.
— ÉTYM. Bs/E[i.vînfi;, pierre de foudre, de fSjXepi-
vov, trait, carreau, de ps?.oç, trait, javelot, de pâX-
Xeiv, lancer (voy. BALISTIQUE).
BÊLER (bê-lé), v. n. Faire un bêlement, pous-
ser des bêlements. L'oiseau chante, l'agneau bêle,
L'enfant gazouille au berceau; La voix de l'homme
se mêle Au bruit des vents et de l'eau, LAMART.
Harm. I, 3. || Proverbes. Brebis qui bêle perd sa
goulée, c'est-à-dire à trop parler on perd le temps
de manger, et aussi d'agir. || La brebis bêle toujours
de même, c'est-à-dire on ne change guère les ma-
nières qui proviennent de la nature. || Il se conjugue
avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. xiir s.Qant il ala esbanoier, Les brebiz
oit [il entend] es chans bélier, Ren. 6365. Lyons y
bêlent et grans ours; Grant joie i a de jongleours,
FI. et Bl. 3149. || xvi* s et quand une desdites
testes [d'un agneau monstrueux] belloit, les autres
faisoient le semblable, PARÉ, XIX, 20. Ils bellent
comme les chèvres, ID. Anim. 25.
— ÉTYM. Provenç. belar; espagn. balar; ital. ba-
lare; du latin balare.
BEL-ESPRIT (bè-lè-spri), s. m. Voy. BEAU.
BELETTE (be-lè-f), s. f. || 1° Nom vulgaire de la
martre mineure, petit carnassier, qui a le corps al-
longé et le museau pointu. La nation des belettes,
Non plus que celle des chats, Ne veut aucun bien
aux rats, LA FONT. Fabl. iv, 6. || 2° Nom vulgaire
d'un poisson des côtes de France.
— HIST. xn° s. Chevals e dras et bêles [peaux de
belette], Rou, 1.1, p. 332.
— ÉTYM. Diminutif de l'ancien français bêle, qui
se rapporte aussi bien au kymri bêle, martre, qu'au
haut allemand bille. Les patois italiens offrent : mi-
lanais, béllora; Corne, bèrola; parmesan, benla; gé-
nois, bellua; sicilien, badottula pour ballottula,
bellottula. Diez, qui fait ces rapprochements, se de-
mande si, malgré le kymri et le haut-allemand, bêle
n'est pas simplement le latin bella, belle, la jolie
bête, terme de flatterie qui se trouve en allemand
pour cet animal, doté, par la crédulité, de forces
mystérieuses. Les patois français ont : normand,
roselet; picard, bacouletle; lorrain, moteile, qui est
le latin muslela.
fBÉLIAL (bé-li-al), s. m. En style biblique, le
malin esprit, le démon. Les adorateurs de Bélial,
les méchants.
— ÉTYM. Mot hébreu signifiant qui ne vaut rien :
beli a'al, sans profit, sans valeur.
tBELIC (be-lik) ou BELIF (be-lif) ou BELLLV
(bél-lif'),%. m. Terme de blason. Couleur rouge, dite
aussi gueule.
BELIER (be-lié) ou BÉLIER (bé-lié; IV ne se lie
jamais; au pluriel, l's se lie: les béliers et les bre-
bis, dites : les bélié-z et....), s. m. || 1° Le mâle de
la brebis. H Terme de blason. Bélier sautant, bélier
dressé sur ses pieds de derrière. Bélier ongle, bélier
dont les pieds sont d'un autre émail que le corps.
Il 2° Machine de guerre dont les anciens se servaient
pour battre et renverser les murailles. Le bélier im-
puissant les menaçait en vain, RAG. Bérén.i,3. || Bé-
lier hydraulique, machine hydraulique très-puis-
sante, imaginée par Montgolfier et qui sert à élever
l'eau. Il 3" Terme d'astronomie. Constellation zodia-
cale qui, du temps d'Hipparque, coïncidait avec l'é-
quinoxe du printemps ; aujourd'hui nom conven-
tionnel,du signe dont lé commencement répond à ce
même équinoxe dans le zodiaque mobile en vertu de
la précession. || Le retour du Bélier, le printemps. Ou
demeurer oisive au retour du Bélier, BOIL. Sat. vm.
— HIST. xvc s. Parties de la despense faite le lundi
quatriesme jour de juillet 4412 en l'ostel de Bélier
[nom d'un chanoine de la Sainte Chapelle], Bibl. des
Chartes, B« série, 1.1, 225. ||xvi" s. Adonc l'engin
s'appeloit aries, pour ce que vonlentiers on le fai-
BEL
32S
soit à la semblance de la teste d'ung bellier, Suppl.
franc. 4328, p. ixxxrv, Us. de l'an 4519, dit Com-
mentaires de Jules César. Les Ammonians le fai-
soyent pourtraire [Jupiter] en figure de bélier
belinant, bélier cornut,BAB. Pant. m, 42. Je te don-
nerais, respondit le marchant, ung coup d'espée sur
ceste aureille lunetiere, et te tuerois comme ung
bélier, ID. ib. iv, 5. Béliers, balistes, catapultes,
ID. ib. iv, 64. Mieux vaut perdre la toison Que bre-
bis, bélier ou mouton, GABR. MEUNIER, Trésor des
sentences, dans LE ROUX DE LINCY, t. 1, p. 4 63.
—ETYM. Belin est, dans le roman de Renart, le nom
du bélier; mais le mot bélier lui-même ue s'est pré-
senté dans aucun texte au delà du xv" s. ; car &eïi'er3 em?
ployé dans ce siècle comme nom propre.montre sans
doutequ'il l'était comme nom commun. Au delà, en
remontant, on ne trouve que mouton : dans le liber
Psalmorumduxn'siècle, on lit:Limont s'esledece-
rent sicume multun, etli tertre sicume li aigneîdes
oeilles, p. 4 75; passage où multun traduit arietes.
On l'a fait venir de balarius, debalare, bêler; mais
une telle dérivation d'un verbe n'est pas justifiée par
les habitudes des langues romanes. Ménage le tire
de vdlarius, le velu, de vellus, toison; mais vel-
larius n'est donné par aucun texte. Diez parait avoir
mis le doigt sur la vraie étymologie en indiquant le
bas-latin bella, clochette, qu'on pend au cou des
moutons ou.des vaches, du flamand bel, clochette,
anglais bett. Ainsi le bélier est celui qui porte la
clochette, autrement en français mouton à la son-
nette, clocheman de quelques localités; bas-latin,
aries squilatus; en flamand, bel-hamel, anglais,
bell-wether, qui ont le même sens. Cette étymolo-
gie est fortifiée par l'existence du mot bélière.
BÉLIÈRE (bê-liê-r'), s. f. || 1° Anneau auquel est
suspendu le battant d'une cloche. || 2° Anneau qui
porte un pendant d'oreille. j| 3° Bracelet ou chape de
fourreau de sabre.
— HIST. xv" s.Xla charge du dit chapitre de four-
nir en l'acquit de Pevesque les chordes, bellieres,
batailz, DU CANGE, belleria.
— ÉTYM. Bas-lat. belleria, beleria; du flamand
bel, cloche (voy. BÉLIER).
t BELIF (be-lif). Voy. BELIC.
f BELIN (belin), s. m. Terme de marine. Voy. BLIN.
BÉLÎTRE (bê-li-tr'), s. m. Homme de rien, homme
sans valeur. C'est un franc bélître. [Sezanne] C'était
un grand bélître, fort prévenu de son mérite et de
sa capacité, ST-SIM. 368, 4 4 7.
— HIST. xv" s. Ces belleudres veulent ils faire les
maistres? DU CANGE, balens. || xvi* s. Maint sorti
d'un tige hautain De quelque maison non commune,
Belistre mendie son pain, Dial. de TAHUREAU , p. 4 92.
Pompeius suppliant des belitres officiers d'un roy
d'jEgypte, MONT, I, 65. Un belitre de soldat son
hoste,lD. 11, 5. Ô le lasche belitre ! ID. n, 22. Les
belistres pes gueux] sont de besoing au monde ; car
si tous estoient riches. l'on ne trouverait point à qui
donner, DES PÉR. Cymbal. 4 40. Ou plusieurs belit- '
très et cocquins s'employèrent avec le bourreau et
son valet, pour en avoir la despouille, CARLOIX , vu, 3.
Par l'artifice des meschans belistres de Postière
[mendiants], PARÉ, xrx, 4. L'imposture d'une be-
listresse, ID. XIX, 22. Je ne sçay quelles sottes ou
folles opinions enracinées dès longtemps au cerveau,
mesmes de plusieurs qui cuident bien en cela n'estre
belistres d'esprit,FROUMENTEAU,Finances, m" livre,
p. 393.
— ÉTYM. Espagn. belitre; portug. biltre;itsi. be-
litrone. Origine incertaine. On a indiqué le latin
balatro, vaurien, ballistarius, soldat qui servait les
balistes; blilum, bette, plante qui, à cause de son
peu de saveur, était employée métaphoriquement
pour désigner un homme de peu; l'allemand Betlkr,
mendiant (par métathèse Bleler) ; car bélître a aussi
signifié mendiant (voy. l'historique). Diez penche
pour cette dernière opinion. Il y avait au xvie siècle
un verbe belistrer, mendier : Il vaut trop mieux
donner à maint pauvre indigent.... Tu en auras au
monde ou au ciel recompense, Non de vouloir chez
toi les flateurs rencontrer, Qui te feront un jour
ainsi qu'eux belistrer, RONS. 909.
BELLADONE (bèl-ia-do-n'), s. f. Plante vénéneuse
de la famille des solanées, dont le nom spécifique
est la belladone commune.
— ÉTYM. Belladonna, de bella, belle, et donna,
dame, les Italiens s'en servant pour faire du fard.
BELLÂTRE (bè-lâ-tr'), s. m. et f. Celui, celle qui,
se croyant beau, belle, affecte les airs des jeunes
gens avantageux, des femmes coquettes. J'avais toute
la raison, le droit et l'intérêt de.ne pas subir le joug
audacieux et nouveau de ce vieux bellâtre, ST-SIM.
344,247. Je n'ai pas reçu de nouvelles de M. de Ri-
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