Titre : Feuilles libres de la quinzaine
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1936-01-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34432421s
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2474 Nombre total de vues : 2474
Description : 10 janvier 1936 10 janvier 1936
Description : 1936/01/10 (A2,N7)-1936/12/25 (A2,N28). 1936/01/10 (A2,N7)-1936/12/25 (A2,N28).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54056952
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-3285
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
3io
le néo-communiste orthodoxe. Tant pis pour l'ortho-
doxe. Le pouvoir d'envoyer à la mort, bon gré mal gré,
du matériel humain, pour quelque cause que ce soit,
et. quel que soit celui T,ui l'exerce — c'est pour nous
l'Ame même du fascisme.
... Le thème de la politique russe.
Trop peu d'admiration — ou, tout au moins, de mé-
nagements — à l'égard de la politique russe — évidem-
ment voilà notre « faute inexpiable », notre « crime
contre l'esprit » (entendons contre Staline).
Injustes envers la Russie Stalinienne ? Emery l'a-l-il
élé dans le tableau si nuancé qu'il a tracé au printemps
dernier ? L'avons-nous jamais condamnée en bloc ?
Ht n'en êtes-vous pas vous-mêmes réduits a plaider que
« quelque chose y reste intact » : par exemple « pas de
racisme... etc. »
Mais parlons net ; pour nous, la question n'est pas là.
Si Staline et les siens exposaient la situation russe
avec un minimum de probité, si, par référence au point
de départ (celte Russie tsarisle avec son épaisseur de
misère, de paresse, de crédulité), ils invoquaient les
difficultés formidables de toute réforme profonde en un
tel pays, par exemple s'ils avouaient honnêtement que
le Stakhanovisme (c'est la rationalisation, c'esl-à-dire
une variété de l'éternel servage) s'est irouvé être en
Russie — selon l'euphémisme de Molino — « une né-
cessité de structure sociale » (et aussi d'armement na-
tional) — alors entre les maîtres de la Russie et les
hommes libres de tous pays, le contact humain et même
la sympathie, l'entente auraient pu se maintenir.
Mais dès l'instant qu'une propagande massive, qui
imite el égale la propagande faciste en capacité men-
songère e1 en malhonnêtetés de tous genres, s'obstine
à magnifier uniformément le régime russe (aussi bien
en ses parties les plus odieuses et. inhumaines), s'obstine
à diviniser ses Chefs, et à fanaliser derrière eux les
masses prolétariennes et démocratiques de tous pays,
notre devoir est clair. Nous associer aux conIre-menson-
ges et. autres infamies que celte propagande suscite de
la part do nos fascistes? Allons donc! Mais refuser
tout autant de nous rallier a ce bourrage de crAnes
géant érigé en système, à cet illusionnisme érigé en
consigne, et dont nous n'attendons — au moins chez
nous (comme hier en Allemagne) — que déception,
faillite... et fascisme.
L'effet d'une telle propagande, et sur les meilleurs,
cette lettre en témoigne de façon assez navrante. Ne pas
rendre hommage pieux au régime stalinien, ce serait
mallrailcr « cent-soixante millions d'hommes » ; ce
sérail méconnaître, un régime qui, en tout, cas, s'oppose
à « toute négation de la valeur humaine » !... tl y a
mieux : ce serait offenser « ceux qui ont fait Octobre ».
Et ceci est écrit candidement au lendemain (et h la
veille) des exécutions qui achèvent d'exterminer tous
les hommes de premier plan qui, autour de Lénine,
« ont fait Octobre ». Tl est vrai que douter ainsi des
vérités premières, c'est prouver à sa honte qu'on man-
que de la seule « base philosophique », c'esl-à-diré
« qu'on n'a pas compris Marx ». Ce qu'on n'a jamais
compris assez, c'est ce qu'est un Vrai Croyant, et que
les pires maux humains — et au moins la guerre —
viennent de ces nobles coeurs.
Mais cela nous conduirait à une dernière mise au
point, concernant notre « injustice » pour la politique
extérieure russe. Remettons cela au numéro prochain.
.7. et M. ALEXANDRE.
l'.S. — l'n mot de plus à propos de mon crime par-
ticulier : j'ai écrit contre les sanctions, donc, pour M. Mo-
lino, à peu près conquis l'Ethiopie, avec Laval et le
comte Ciano. De là est venu tout le mal...
Les accords de Rome ont été conclus en janvier 1935.
Dès la fin de janvier et. notamment dans un article de
La Flèche du 2 février 1935, j'ai dénoncé Laval comme
responsable d'un véritable crime et écrit que la guerre
d'Ethiopie était virtuellement commencée à cause de la
France qui payait à ce prix le ralliement escompté de
l'Italie à l'encerclement de l'Allemagne (le front de
Stresa !...). Une fois de plus ce fut ce la solitude » et
les accords de Rome furent ratifiés à la Chambre à la
quasi-unanimité. On me reprocha discrètement mon
« pessimisme ».
Six mois après ou était fixé. C'est alors que j'ai mis
en garde contre l'illusion des sanctions, non parce
qu'elles « vexaient un grand peuple » (où ai-je écrit
cette niaiserie ?) mais parce que nul ne pouvait croire
sérieusement qu'elles seraient appliquées, la S.D.N.
dépourvue de tout droit de contrôle sur l'économie in-
ternationale ne pouvant à cel égard que jouer une
pitoyable comédie; la contrebande capitaliste rendit ses
décisions inopérantes. J'ai dit alors qu'on n'obtiendrait
par celle voie aucun résultat, qu'on ne sauverai!, pas
l'Ethiopie et qu'on risquait 1out simplement de chauf-
fer le chauvinisme latent des masses et d'aller à un
conflit, généralisé. La seule politique raisonnable, selon
moi était, puisqu'on avait commis la faute inexpiable
de lasser venir le mal el même de le favoriser, de le
limiter par la négocialion el d'aider en même lemps
la résistance éthiopienne. J'ose avouer que le plan
Laval-Honre me parut une solution ignoble, mais qui
n'était pas la pire. Je laisse à chacun le soin de juger
si les événements ont rendu ces vues méprisables.
En somme, le jour où il m'arrivera de dire à M. Mo-
lino que dans cent ans il sera mort, il proclamera que
mon par!i-pris anticommuniste vient de me conduire
à l'assassiner.
L. EMERY.
Pour la première fois nous avons lu, contre la politique
de Blum dans l'affaire d'Espagne, une brochure d'une
réelle valeur. Ce'st celle de Jean Prader, Au secours de
l'Espagne socialiste (Librairie du Travail). Elle ne nous
a pas convaincu el nous dirons pourquoi, mais elle est
admirable de sincérité, de loyauté et de force logique.
Il serait indigne de ne pas la citer avec respect.
le néo-communiste orthodoxe. Tant pis pour l'ortho-
doxe. Le pouvoir d'envoyer à la mort, bon gré mal gré,
du matériel humain, pour quelque cause que ce soit,
et. quel que soit celui T,ui l'exerce — c'est pour nous
l'Ame même du fascisme.
... Le thème de la politique russe.
Trop peu d'admiration — ou, tout au moins, de mé-
nagements — à l'égard de la politique russe — évidem-
ment voilà notre « faute inexpiable », notre « crime
contre l'esprit » (entendons contre Staline).
Injustes envers la Russie Stalinienne ? Emery l'a-l-il
élé dans le tableau si nuancé qu'il a tracé au printemps
dernier ? L'avons-nous jamais condamnée en bloc ?
Ht n'en êtes-vous pas vous-mêmes réduits a plaider que
« quelque chose y reste intact » : par exemple « pas de
racisme... etc. »
Mais parlons net ; pour nous, la question n'est pas là.
Si Staline et les siens exposaient la situation russe
avec un minimum de probité, si, par référence au point
de départ (celte Russie tsarisle avec son épaisseur de
misère, de paresse, de crédulité), ils invoquaient les
difficultés formidables de toute réforme profonde en un
tel pays, par exemple s'ils avouaient honnêtement que
le Stakhanovisme (c'est la rationalisation, c'esl-à-dire
une variété de l'éternel servage) s'est irouvé être en
Russie — selon l'euphémisme de Molino — « une né-
cessité de structure sociale » (et aussi d'armement na-
tional) — alors entre les maîtres de la Russie et les
hommes libres de tous pays, le contact humain et même
la sympathie, l'entente auraient pu se maintenir.
Mais dès l'instant qu'une propagande massive, qui
imite el égale la propagande faciste en capacité men-
songère e1 en malhonnêtetés de tous genres, s'obstine
à magnifier uniformément le régime russe (aussi bien
en ses parties les plus odieuses et. inhumaines), s'obstine
à diviniser ses Chefs, et à fanaliser derrière eux les
masses prolétariennes et démocratiques de tous pays,
notre devoir est clair. Nous associer aux conIre-menson-
ges et. autres infamies que celte propagande suscite de
la part do nos fascistes? Allons donc! Mais refuser
tout autant de nous rallier a ce bourrage de crAnes
géant érigé en système, à cet illusionnisme érigé en
consigne, et dont nous n'attendons — au moins chez
nous (comme hier en Allemagne) — que déception,
faillite... et fascisme.
L'effet d'une telle propagande, et sur les meilleurs,
cette lettre en témoigne de façon assez navrante. Ne pas
rendre hommage pieux au régime stalinien, ce serait
mallrailcr « cent-soixante millions d'hommes » ; ce
sérail méconnaître, un régime qui, en tout, cas, s'oppose
à « toute négation de la valeur humaine » !... tl y a
mieux : ce serait offenser « ceux qui ont fait Octobre ».
Et ceci est écrit candidement au lendemain (et h la
veille) des exécutions qui achèvent d'exterminer tous
les hommes de premier plan qui, autour de Lénine,
« ont fait Octobre ». Tl est vrai que douter ainsi des
vérités premières, c'est prouver à sa honte qu'on man-
que de la seule « base philosophique », c'esl-à-diré
« qu'on n'a pas compris Marx ». Ce qu'on n'a jamais
compris assez, c'est ce qu'est un Vrai Croyant, et que
les pires maux humains — et au moins la guerre —
viennent de ces nobles coeurs.
Mais cela nous conduirait à une dernière mise au
point, concernant notre « injustice » pour la politique
extérieure russe. Remettons cela au numéro prochain.
.7. et M. ALEXANDRE.
l'.S. — l'n mot de plus à propos de mon crime par-
ticulier : j'ai écrit contre les sanctions, donc, pour M. Mo-
lino, à peu près conquis l'Ethiopie, avec Laval et le
comte Ciano. De là est venu tout le mal...
Les accords de Rome ont été conclus en janvier 1935.
Dès la fin de janvier et. notamment dans un article de
La Flèche du 2 février 1935, j'ai dénoncé Laval comme
responsable d'un véritable crime et écrit que la guerre
d'Ethiopie était virtuellement commencée à cause de la
France qui payait à ce prix le ralliement escompté de
l'Italie à l'encerclement de l'Allemagne (le front de
Stresa !...). Une fois de plus ce fut ce la solitude » et
les accords de Rome furent ratifiés à la Chambre à la
quasi-unanimité. On me reprocha discrètement mon
« pessimisme ».
Six mois après ou était fixé. C'est alors que j'ai mis
en garde contre l'illusion des sanctions, non parce
qu'elles « vexaient un grand peuple » (où ai-je écrit
cette niaiserie ?) mais parce que nul ne pouvait croire
sérieusement qu'elles seraient appliquées, la S.D.N.
dépourvue de tout droit de contrôle sur l'économie in-
ternationale ne pouvant à cel égard que jouer une
pitoyable comédie; la contrebande capitaliste rendit ses
décisions inopérantes. J'ai dit alors qu'on n'obtiendrait
par celle voie aucun résultat, qu'on ne sauverai!, pas
l'Ethiopie et qu'on risquait 1out simplement de chauf-
fer le chauvinisme latent des masses et d'aller à un
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moi était, puisqu'on avait commis la faute inexpiable
de lasser venir le mal el même de le favoriser, de le
limiter par la négocialion el d'aider en même lemps
la résistance éthiopienne. J'ose avouer que le plan
Laval-Honre me parut une solution ignoble, mais qui
n'était pas la pire. Je laisse à chacun le soin de juger
si les événements ont rendu ces vues méprisables.
En somme, le jour où il m'arrivera de dire à M. Mo-
lino que dans cent ans il sera mort, il proclamera que
mon par!i-pris anticommuniste vient de me conduire
à l'assassiner.
L. EMERY.
Pour la première fois nous avons lu, contre la politique
de Blum dans l'affaire d'Espagne, une brochure d'une
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