Titre : Revue chrétienne : recueil mensuel
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328565942
Type : texte texte
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Langue : français
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Description : 01 janvier 1893 01 janvier 1893
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Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, E169405
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
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- ETUDES PHILOSOPHIQUES ET RELIGIEUSES
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- .......... Page(s) .......... 138
- ETUDES SOCIALES ET CHARITABLES
- VARIETES, POESIES
- CORRESPONDANCES ETRANGERES
- REVUES DU MOIS, PAR M. F. PUAUX
22 REVUE CHRÉTIENNE
l'ombre de la mort. À la vue de cette divine clarté, les puis-
sances infernales tremblent d'épouvante. D'une seule voix,
elles proclament leur défaite; toute pensée de résistance dis-
paraît. Mais le roi de gloire, « saisissant l'arcliidémon Satan
par le sommet de la tête » et le livrant aux anges, leur dit :
« Liez-lui de chaînes de fer les mains, les pieds, le cou et la
bouche. » Ensuite il le remet au Séjour des morts avec cet
ordre : « Prends-le, et le garde en sûreté jusqu'à mon second
avènement (1). »
Tel est, librement traduit et résumé, ce célèbre fragment,
dont on croirait trouver des réminiscences chez le Dante, et que
Milton semble avoir imité dans quelques-uns de ses plus beaux
passages, surtout lorsqu'il raconte l'exploration du prince des
ténèbres et son arrivée vers la cité de l'enfer (2). Aux scènes
douces et paisibles de la vie terrestre du Sauveur, le poète
inconnu du récit apocryphe oppose l'épopée dramatique des
exploits de Jésus dans le séjour des ombres, point culminant
de son oeuvre, dernière bataille livrée par le royal vainqueur.
Ce sujet est traité avec une rare vigueur, dans une série de
tableaux d'une peinture sombre et hardie, qui, lorsqu'un éclair
soudain les illumine, brillent d'un relief saisissant. Quant au
point de départ historique de ce développement, il faut le cher-
cher sans doute dans le texte de la première épître de Pierre
sur la descente de Christ aux enfers (m, 19, 20). Cependant,
encore ici, on remarquera la tendance des apocryphes à pré-
senter exclusivement le côté glorieux de l'oeuvre et de la per-
sonne du Messie. L'auteur biblique, à supposer que ce frag-
ment de sa lettre ait le sens qu'on lui donne, ce qui est contesté,
conçoit ce ministère du Sauveur comme un service d'abais-
sèment et d'amour, Jésus étant allé « prêcher » aux esprits en
prison la bonne nouvelle de la délivrance. Autrement dit, le
salut est avant tout intérieur et spirituel, puisque c'est de la
parole de vérité que jaillit la vie; seul l'Evangile fait tomber
(1) Descensus Christi ad inferos. Grasce. - Latine A, c. 2-6. (Tisgh., pp. 302-
307; 370-379).
(2) Meanwhile the adversary of God and Man,
Satan, with thoughts inflamed of highest design... (Paradise lost, livre II,
v. 631 et suiv.).
l'ombre de la mort. À la vue de cette divine clarté, les puis-
sances infernales tremblent d'épouvante. D'une seule voix,
elles proclament leur défaite; toute pensée de résistance dis-
paraît. Mais le roi de gloire, « saisissant l'arcliidémon Satan
par le sommet de la tête » et le livrant aux anges, leur dit :
« Liez-lui de chaînes de fer les mains, les pieds, le cou et la
bouche. » Ensuite il le remet au Séjour des morts avec cet
ordre : « Prends-le, et le garde en sûreté jusqu'à mon second
avènement (1). »
Tel est, librement traduit et résumé, ce célèbre fragment,
dont on croirait trouver des réminiscences chez le Dante, et que
Milton semble avoir imité dans quelques-uns de ses plus beaux
passages, surtout lorsqu'il raconte l'exploration du prince des
ténèbres et son arrivée vers la cité de l'enfer (2). Aux scènes
douces et paisibles de la vie terrestre du Sauveur, le poète
inconnu du récit apocryphe oppose l'épopée dramatique des
exploits de Jésus dans le séjour des ombres, point culminant
de son oeuvre, dernière bataille livrée par le royal vainqueur.
Ce sujet est traité avec une rare vigueur, dans une série de
tableaux d'une peinture sombre et hardie, qui, lorsqu'un éclair
soudain les illumine, brillent d'un relief saisissant. Quant au
point de départ historique de ce développement, il faut le cher-
cher sans doute dans le texte de la première épître de Pierre
sur la descente de Christ aux enfers (m, 19, 20). Cependant,
encore ici, on remarquera la tendance des apocryphes à pré-
senter exclusivement le côté glorieux de l'oeuvre et de la per-
sonne du Messie. L'auteur biblique, à supposer que ce frag-
ment de sa lettre ait le sens qu'on lui donne, ce qui est contesté,
conçoit ce ministère du Sauveur comme un service d'abais-
sèment et d'amour, Jésus étant allé « prêcher » aux esprits en
prison la bonne nouvelle de la délivrance. Autrement dit, le
salut est avant tout intérieur et spirituel, puisque c'est de la
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