Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-05-08
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 mai 1922 08 mai 1922
Description : 1922/05/08 (Numéro 16287). 1922/05/08 (Numéro 16287).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/03/2008
̃ Q\_
M tîAUL-OlS, « LUNDt S MÀT 1922
une action particulièrement énergique pour
sauver la Conférence.
Du côté beige, à la suite de l'entretien
avec M. Schanzer et M. Jaspar, la situa-
tion est un peu détendue. Par contre, des
difficultés très sérieuses, du côté russe se
sont accusées dans l'après-midi du 5.
La délégation anglaise n'a pas eu une
bonne impression de la conversation qui a
3ii lieu entre Lloyd George, sir- Laming
Worthington Evans et les délégués russes.
La délégation russe insiste pour obtenir
des crédits s'élevant à 3 milliards de rou-
bles or. Aucun gouvernement européen ne
pourrait soumettre à son Parlement une
pareille demande, les emprunts d'Etat à
Etat n'étant concevables qu'en temps de
guerre.
D'autres difficultés existent au sujet de
l'article 1 du mémorandum (clauses de non-
propagande) et de l'article 7 (biens privés).
Mais c'est la question des crédits qui sou-
lève les plus grandes préoccupations.
La note italienne indique ensuite que
M. Schanzer et M. Lloyd George ont
conféré sur l'action qu'il y aurait lieu
d'exercer soit auprès des Belges, soit
auprès des Russes. Elle se termine ainsi
Les Italiens, avant de perdre toute espé-
rance, font un double et sérieux effort avec
toute l'énergie possible, tant du côté fran-
çais et belge que du côté des Russes. En
réalité les préoccupations les plus grandes
à l'heure actuelle, les menaces les plus sé-
rieuses sont créées par la, difficulté provo-
quée par les Russes.
Il est inutile d'insister sur l'impor-
tance de cette déclaration officielle. A
l'heure où l'on va tenter contre la France
une action de propagande contre son
attitude il. Gênes, il n est pas sans inté-
rêt de souligner que, de l'aveu des mi-
lieux italiens eux-mêmes, ce sont les
Russes qui seront responsables de l'échec
de la Conférence.
DÉCLARATIONS DE M. BARTHOU
• Gênes, 7 mai,
M. Louis Barthou, chef de la déléga-
tion française, a fait aujourd'hui à la
presse anglo-américaine les intéressan-
tes déclarations suivantes
Il a défini lei rôle de la délégation
française depuis ̃ le début de la Confé-
rence jusqu'à ce jour
Dès le premier moment, a dit M. Bar-
thou, j'ai déclaré que le gouvernement
français était animé du désir le plus loyal
de collaborer à l'oeuvre de la Conférence.
Je dois dire qu'qu cours des trois premiè-
res semaines la France a,\donné maintes
preuves indiscutables de sa bonne volonté.
Dès le 9 avril, veille de la Conférence, à
la séance officieuse des puissances invi-
tantes, la France a fait immédiatement les
concessions les plus larges pour permettre
à la Conférence d'aboutir dans les meil-
leures conditions possibles,
Dans la suite des événements, je relève
le fait qu'il y eut des conversations offi-
cieuses avec les délégués russes. Nous au-
rions pu refuser d'y prendre part parce que
les soviets avaient une représentation non
pas seulement à la séance plénière de la
Conférence., mais encore dans les commis-
sions et les sous-commissions.
Nous aurions pu décliner ces conversa-
tions sans être infidèles au mandat que-
nous avions reçu de notre gouvernement.
Nous nous sommes rencontrés néanmoins
avec les soviets chez M. Lloyd George.
L'échange de vues a duré quarante-huit
heures et nous avons eu l'approbation en-
tière du gouvernement français. Nous ne
pouvions donner des preuves plus évidentes
de notre bonne volonté et de notre loyauté.
Nous avons donné par la suite une autre
preuve de cette bonne volonté lorsque s'est
produit l'incident germano-russe. Si la
France avait eu alors le désir perfide de
faire échouer la Conférence une excellente
occasion nous était fournie de rompre.
Nous avons néanmoins accepté de conti-
nuer la conversation lorsque les Russes et
les Allemands siégeant à la sous-commis-
sion venaient de signer un traité, suivant
l'expression'de M. Lloyd George, dans notre
dos.
Si à ce moment la France avait déclaré
t qu'il lui était impossible de continuer la
négociation, il ne se serait trouvé per-
sonne, ni en Grande-Bretagne ni ailleurs,
pour en adresser le reproche à notre pays.
Nous sommes restés cependant et nous
nous sommes associés à la protestation des
puissances invitantes, ainsi que de la Pe-
tite Entente et de la Pologne. Nous avons
continué loyalement notre collaboration et
donné des preuves de la continuité de la
loyailté de nos sentiments.
Nous avons poursuivi notre collabora-
tion jusqu'au moment où,' lundi dernier,
s'est produit l'incident soulevé par la 'Bel-
gique.
Au sein de la sous-commission des affai-
res russes deux questions étaient posées
celle des dettes d'avant-guerre et des dettes
de guerre. Pour la première, elle fut ré-
glée conformément à la résolution de Can-
nes pour la seconde, celle des dettes de
guerre contractées par le gouvernement
russe envers la France etlle Japon notam-
ment, elle a été réglée dans un esprit de
conciliation. 1
Je dois dire que nous avons trouvé l'ap-
pui de M. Lloyd George dans cette ques-
tion. M. Lloyd George avait alors déclaré
qu'il n'acceptait les conclusions du rapport
des experts sur la question des dettes qu'à
la condition que seraient acceptées les con-
ditions des mêmes experts touchant les
biens privés.
C'est alors que se produisit l'incident qui
a divisé la Conférence.
La Belgique a pensé que le texte des
FEUILLETON DU «GAULOIS»
Dti 8 MAI i922
La Ville du Lys
TROISIEME PARTIE
HAUTE-COUR DE JUSTICE
La tête penohée en avant, les yeax
obstinément fixés sur la salle, Bianca
évitait le moindre mouvement pour ne
l'attention de ceux qui l'avaient
éclairée et offrir à leur compassion l-i
.vue de son visage bouleversé. Elle jeta
à la dérobée un regard sur sa belle-mè-
re, placée au premier rang. Heureur.°-
mentla^omtesse Sofronia n'avait rien en-
tendu. Ses facultés étaient tropabsorbées
par la gravie de ce qui se déroulait sous
ses yeux, pour qu'elle prêtât l'oreille à
ce qui se disait autour d'elle.
Le président a annoncé la reprise de
la séance, et l'interrogatoire de l'accusé
conitiieace. Il se défend avec assez d'ha-
ibiteté, mais sans mots heureux. sacs
experts ne donnait pas complète satisfac-
tion à ses ressortissants et qu'une atteinte
était portée à leurs droits. 1
J'ai demandé lundi matin à la sous-com-
mission de modifier le projet des experts
dans son paragraphe 2,' qui ne se référait
que d'une façon insuffisante à la résolu-
tion de Cannes. J'ai demandé et obtenu
qu'on introduisît le texte même de la réso-
lution de Cannes, puis, comme la Belgique
ne trouvait pas cette satisfaction satis
sante et désirait un, nouvel examen, j'ai
demandé qu'elle fût admise à faire valoir
ses observations et que la commission des
jurisconsultes fût convoquée à nouveau. Ma
proposition a été adoptée.
Ainsi, sur deux points, on demandait
plus de clarté touchant le paragraphe 2 de
l'article 7 et le renvoi aux experts, la dé-
légation française a apporté son concours
entier à la délégation belge.
Les experts sont revenus, l'accord n'a pas
pu se réaliser au sein de la sous-commis-'
sion. J'ai déclaré que nous ne nous oppo-,
sions pas à l'envoi du mémorandum aux
Russes, tout en réservant l'approbation dé-
finitive du gouvernement français. Je suis
alors parti à Paris sans qu'il y eût aucun
rapport entre mon voyage et cet incident.
Après avoir résumé l'impression de
Paris et les résolution® du gouverne-
ment français, M. Barthou a commenté
dans les termes suivant l'attitude de la
France
Nous avons donné notre appui à la Bel-
gique sur une question de principe parce
que le texte proposé n'était pas assez caté-
gorique.quant au respect du droit de pro-
priété.
Mais cela ne veut pas dire et il ne'faut
pas dire que nous ayons eu à choisir entre
des amis' nous avons pris parti pour une
doctrine. Le gouvernement français a es-
timé que le texte belge se rapprochait da-
vantage du texte de la résolution de Can-
nes. A aucun moment la question ne s'est
posée de savoir s'il fallait- préférer l'An-
gleterre à la Belgique ou la Belgique à
l'Angleterre.
Je suis un ami très sincère de la Belgi-
que et de la Grande-Bretagne je puis donc
dire avec une entière liberté que je réunis
les deux pays dans un même sentiment de
gratitude. La Belgique a eu dès le début
des hostilités une attitude héroïque. Il ne
serait pas suffisant de dire que les Fran-
çais lui en sont reconnaissants. n'y a
pas un homme au monde qui n'ait reconnu
les immenses services rendus par ce pays à
la civilisation. Mais l'hommage de la
F'rance à la Belgique n'exclut pas un hom-
mage de la France à l'Angleterre. J'ai eu
l'occasion de rappeler à M. Lloyd George
les paroles que je prononçai en 1920 à la
Chambre des députés « L'Angleterre, en
1914, a accompli la révolution la plus ex-
traordinaire de son histoire elle a fait
cette révolution pour un principe, elle ne
l'a pas faite pour conquérir des droits mais
pour s'imposer des devoirs, et parmi ces
devoirs celui de s'imposer un service obli-
gatoire dont elle avait pu se passer jus-
qu'alors. » Je n'oublie pas non plus que
l'Angleterre a accepté à un moment de la
guerre le commandement unique sous l'au-
torité d'un général français. Enfin je n'ai
garde d'oublier les morts de la Grande-
Bretagne, et des Dominions.
En nous mettant sur une question de
principe aux côtés de la Belgique, nous ne
pouvions pas songer ci nous dresser contre
la Grande-Bretagne. Il peut arriver, quand
trois amis se rencontrent, qu'il se produise
entre eux des divergencs sur un point par-
ticulier deux amis ont une opinaon, le troi-
sième en professe une autre, est-ce là une
raison pour ne pas continuer la conversa-
tion, pour ne pas faire route ensemble la
main dans la main, Rien n'empêche notre
union de se poursuivre. Nous Français, en
tout cas, nous disons maintenant que nous
voulons la maintenir. Quant ce gui se
produira demain, ne me demandez pas de
le prédire. Si les Russes refusent le mémo-
randum, ils auront refusé d'acceptér Vex-
pression d'une pensée française ou belge,
ainsi que celle de la sous-commission tout
entière. Les Russes diront ce qu'ils veulent.
Il faudra qu'ils disent oui ou non. Il faut
en finir; nous ne pouvons pas continuer
des atermoiements qui durent depuis déjà
un mois. Deua fols déjà des questions pré-
cises Leur ont été posées. Ils il ont répond
et les conversations ont repris; cette fois ,les
questions posées sont d'une précision abso-
lue. Nous voulons une réponse catégorique.
Si elle est dilatoire, bien que Gênes soit
une ville charmante où le gouvernement
italien norcs a admirablement reçus, nous
rentrerons chez nous, où des affaires ur-
gentes nous appellent tous.
A une question qui lui était posée,
M. Barthou a déclaré que, sans l'adhé-
sion de la Russie, il ne pouvait y avoir
-de pactE européen il ne serait donc pas
possible de discuter du pacte de non-
agressioni si la réponse des Russes était,
ou négative ou évasive I N.
Petites Informations
Entre nous
Seul, le véritable Lait de Ninon donne
à la peau une fraîcheur est un éclat de
jeunesse. Il existe en quatre teintes
blanc, naturel, rosé et rachel, à la Par-
fumerie Ninon, 31, rue du 4-Septembre,
Paris. Pour arrêter la chute des che-
veux, les faire repousser en retardant
leur décoloration, rien ne vaut l'Extrait
Capillaire des Bénédictines du Mont Ma-
jella, qu'il faut réclamer à E. Senet, 26,
rue du 4-Septembre.
émotions, sans ces accents indignés qui
entraînent les cœurs et donnent aux
consciences la persuasion que celui qui
les prononce est innocent. Sur le. front
des juges l'ombre des pensées sévères
s'accentue. Les vieillards regrettent d'a-
voir vécu jusqu'à ce jour. Plus d'une
tête blanche retombe accablée. En en-
tendant remémorer toutes les fautes, ne,
gligences, incapacités qui ont changé
en défaite une victoire qui aurait dû
être certaine, les cours italiens éprou-
vent une indicible souffrance et un désir
surgit; même dans les âmes bénévoles,
de faire expier au, coupable le désas-
tre national immérité.
Sur le visage de Fersana, ce visage
sans noblesse, dont l'expression, égril-
larde a toujours provoqué la défiance
des hommes sérieux, se lit l'inconscien-
ce absolue des responsabilités encou-
rues. Cent fois innocent, il aurait dû
souffrir jusqu'à la torture d'avoir in-
fligé cette humiliation à l'Italie Il y a
de glorieuses défaites, la sienne est in-
compréhensible.
Tenir tous les atouts en mains et
perdre la partie, dit Monaglia à Lan-
terano, c'est à se casser la tête contre les
murailles Entends-le, il ne pense qu'à
sa défense personnelle, on dirait que le
pays n'a pas à lui demander de comptes.
Il devrait être écrasé par le sentiment
de ses responsabilités
De temps en temps les sénateurs po-
sent des questions à l'accusé pour éluci-
der les points obscurs certaines voix
sont cassées par la vieillesse, d'autres
car l'émotion. Lorsque l'interroga-
Demain mardi
Monsieur Milice, le réputé chef, ou-
vrira son restaurant au 34 bis, avenue
de l'Opéra, coin d'Antin.
L'Idéal
Une Voiture qui ne s'use pas,
quai ne consomme presque, rien,
qui ne fatigue pas le. conducteur,
qui s'entretient facilement,
c'est la 10 HP Citroën, que vous trouve-
rez à l'Agence directe Citroën, Elysée-
Automobile, 21, avenue des Champs-Ely-
sées, Paris..
Maison des Bamboua
Grand choix die meubles, laques, bro-
deries et objets d'art anciens d'Extrêmes
Orient pour installations, cadeaux de
mariage, etc., chez Perret-Vibert (Mai-
son des Bambous), 170, boulevard)
Haussmann.
Revue de la Presse
Les Mémoires du Kronprinz
Nous avons déjà dit, ici même, qw'ils
paraîtraient bientôt. Quelques-unes de
leurs bonnes feuilles » sont communi-
quées à la presse allemande. A noter que,
dans les extraits publiés par le Tag, le
Kronprinz se défend énergiquement
d'avoir poussé à la guerre.
A l'en croire, il avait prévu que l'An-
gleterre « prendrait le parti des adver-
saires de l'Allemagne », et aurait eu
à ce sujet, le soir du 31 juillet 1914, une
altercation avec son oncle Henri, qui
partageait l'optimisme de Bethmann-
Hollweg.
Celui-ci croyait que l'Angleterre res-
terait neutre. Avant de partir sur le
front, le Kronprinz eut' un entretien
avec le chancelier il déclara nécessaire
une alliance avec la Bulgarie et la Tur-
quie.
De Bethmann-Hollweg répondit « Je
regarderais cela comme le plus granâ
malheur qui puisse arriver à l'Allema-
gne n, voulant dire par là que l'Allemagne
perdrait l'amitié et la neutralité positive
de l'Angleterre en concluant de telles al-
liances.
Le Kronprinz porte, d'ailleurs, sur
Bethmajnn-Hollweg un jugement sans
incMgence. Il écrlt
M. de Bethmann-Hollweg ne possédait pas
les qualités que doit avoir un chef politi-
que de même MM. de Kidarlen-Waech-
ter et de Jagow étaient incapables de sup-
pléer à ce défaut.
Le mémorialiste raconte le voyage
qu'il fit en Angleterre avec sa femme,
à l'occasion du couronnement du roi
George
Lorsque, après le couronnement, le roi
et la reine d'Angleterre quittèrent l'ab-
baye de Westminster, 'des hourras trois
fois répétés partirent de la foule. Aussitôt
après, ma femme et moi quittions l'église
et nous eûmes à accepter la même' ovation
que le roi et la reine d'Angleterre. Plus
tard, 'appris par des Anglais qu'aucun
prince étranger n'avait été acclamé aupa-
ravant à l'abbaye de Westminster.
Or, le Kronprinz rencontra le secré-
taire d'Etat, sir Edward Grey. Il lui fit
remarquer, avec quelques précautions
de parole', que, « si l'Angleterre et l'Al-
lemagne, les deux plus fortes nations
sur terra et sur mer, marchaient ensem-
ble, le cas échéant, leur puissance irait
jusqu'à leur permettre de se partager le
monde entier ».
Cest vrai, répondit sir Edwarà" Grey,
mais l'Angleterre ne partage avec per-
sonne, pas même avec l'Allemagne.
Le Kronprinz, comme il fallait s'y at-
tendre', bafoue et maudit le traite de
Versa.illes, qu'il appelle une folie sans
pareille.
Malgré tout, 'écrit le Kronprinz, l'Alle-
magne subsistera et elle prospérera quand
on ne parlera plus de ce traité que comme
d'unie souillure au passé. Je voudrais coo-
pérer à l'ère nouvelle, mais le seul service
quie je peux rendre à ma patrie est de res-
ter à l'écart et de supporter l'exil.
Le Vorwizerls, qui consacre un article
aux mémoires de l'ex-héritier, remarque
que le Kronprinz n'y ménage guère
l'Empereur son père, qu'il place avec
assez -d'Irrespect dans une mauvaise
posture vis-à-vis de l'opinion en l'accu-
sant d'avoir imposé au peuple allemand
l'incapacité de Moltke.
Mais si le Kronprinz n'hésite pas à se
monter fils médiocre, par contre il met
visiblement ses efforts à paraître bon
époux et bon père. Ceci compense cela.
R. L.
Nous rappelons à nos abonnés que
toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée de 60 centimes
en timbres-poste .pour frais de réim-
pression.
toire arrive au point culminant, celui
du passage' de l'amiral Persano sur
l'Affondatore, au moment de l'approche
de l'ennemi et sans en prévenir la flotte
qui continuait à fixer ses regards vers
le Re-d'Italia, vaisseau amiral, pour en
apercevoir les signaux, on aurait pu en-
tendre, entre la demande et la réplique
le vol d'.un insecte, tellement le silence
était profond dans la salle.
Enfin l'accusé répond ses paroles
tombent une à ume dans le silence avec
une netteté effrayante de son mais el-
les sont confuses pas une des raisons
qu'il donne n'est valable et n'apporte la
conviction L'opinion se forme dans
toutes les consciences. Le fait d'avoir em-
mené son fils avec lui dans le passage
d'un vaisseau à l'autre, aggrave sa si-
tuation morale. Il a beau dire qu'il a
fait hisser le drapeau amiral (i) sur
YAffondntore, les conséquences de sua
faute n'en sont pas moins graves, puis-
que la flotte, attendant les ordres du
Re-d'Italia, est restée sans guide durant
la bataille.
L'une après l'autre, de terribles ques-
tionâ lui sont posées. Pourquoi n'a-t-il
pas couru.au secours du Re-d'Italia en
péril ? Pourquoi, le pouvant, n'a-t-il pas
investi le Kaiser-Max qui portait l'ami-
ral Tegethof f ? Pourquoi tandis que la
commandant de; la flatte ennemie se te-
nait Sur le pont du commandement en-
touré de ses officiers. lui Persano, .res-
tait-il enfermé dans la tour de l'Af fon-
datore d'où il ne; pouvait diriger la ba-
(1) Au lieu du drapeau amiral on avait
hissé celui du^vice-ainiraL
̃LES MONDANITÉS
LES AMBASSADES
Le gouvernement belge vient de faire
l'acquisition, à Budapest, d'un palais ayant
appartenu au prince Porcia. Ce palais va être
immédiatement aménagé en vue d'y installer les
différents services de la légation de Belgique.
DANS LE MONDE
La soirée dansante donnée, samedi; par
la marquise de Vogüé, dans son bel hôtel de la
rue Fabert, fut d'une rare élégance et comptera
sans nul doute parmi les plus brillantes de cette
« seasan » mondaine.
Donner les noms des personnes présentes est
chose bien difficile, toute la haute société pari-
sienne était là. Essayons cependant- et citons
au hasard:
Duc et duchesse de Magenta et Mlle de Mac-
Mahon, duchesse et Mlle d'Harcourt, duchesse de
.1S»«Ta et Mlle de La Rochefoucauld, marquise
et Mlle de Noailles, comtesse et Mlle de Mor-
temart, comtesse Georges de Bourbon et Mlle
de Bourbon, marquise et Mlle de Caramàn,
duchesse et Mlle de Maillé, comtesse L. et Mlle
de Montesquibu-Fezensac, vicomtesse et Mlle
de Benoist d'Azy, comtesse et Mlle d'Havrin-
court, marquise et Mlle de Bonneval, comtesse
et Mlle d'Hunolstein, marquise et Mlle de Pome-
fieu,` marquise et Mlle de Beaumont, marquise
et Mlle de Rochechouart, marquise et Mlle de
Mun, baron et Mlle de Mandat-Grancey, com-
tesse et Mlle de Monteynard, comtesse et Mlle
Orlowska, comtesse et Mlle de Villeneuve-Escla-
pon, Mme et Mlle Schneider, comtesse de Gon-
taut-Biron, Mlle de Maussabré, marquise et Mlle
de Juigné, comtesse et Mlle d'Agoult, comtesse
Jean d'Huart et Mlle d'Huart, marquise et Mlle
d'Ivry, comtesse et Mlle de Mac-Mahon, Mme et
Mlle Revenaz, baronne X. et Mlle Reille, com-
tesse ef Mlle de Gramedo, baronne et Mlle Seil-
lière, comtesse R. et Mlles de Boigne, comtesse
d'Amilly et Mlle de Laâge de Meux, comtesse
et Mlle d'Ayguesvives, Mlles de Ganay. Baudon
de Mony, de Nervo, de Manneville; du Pont
de Gault-Saussine, de Chambure, de Pange, de
La Laurencie, de Villoutreys, de Waziers, de
Montferrand, Armand, de Montgascon, d'Ara-
mon, de Lubersac, etc.
Duc de Lorge. comte St. de La Rochefoucauld,
marquis de Maillé, prince Jean-Louis de Fau-
cigny-Lucinge, marquis de Bremond d'Ars-
Migré, marquis de Galliffet, comte de Roche-
chouart, comte de Montalembert, vicomte de La
Tour du Pin, vicomte de Tocqueville, vicomte
de Quénetain, M. L. du Luart, MM. Hottinguer,
marquis de Brazais, comte de Colbert, etc.
Cette belle et charmante réunion s'est ter-
minée par un délicieux cotillon fleuri.
Thé, samedi, chez Mlle Marguerite Java!,
en l'honneur de Mrs Thompson Seton.
La charmante « authoresse » américaine, qui
a tant aidé nos soldats blessés pendant la guerre,
vient de faire un pèlerinage dans les régions
dévastées et prépare un livre sur la question
féminine dans les pays alliés.
Dans l'assistance: MM. et Mmes René Viviani,
Paul Strauss, Ph. et P. Vernes, général Lavisse,
Avril de Sainte-Croix, Fernand Laudet, Level,
Fabry, Dike, Laurence Benet, de Bonrepos,
Pierre Budin, Bompard, Faure-Fremiet, Canet,
Gaston Rageot, Bouchardon, Deutsch de La
Meurthe,,Harlor, Marcel Labbé, général Jaquil-
lat, de Beaumarchais, de Gourlet, de Jouvenel,
de Piessac, etc.
DANS LES CERCLES
Au Polo.
Le prix d'ouverture aura lieu aujourd'hui lundi,
à quatre heures et demie.
Comme les années précédentes, ce cercle en
plein air va redevenir un centre élégant par
excellence. Les déjeuners avant les courses ont
été inaugurés hier; les thés, grâce au beau
temps qui semble enfin définitivement revenu,
vont réunir dans le joli pavillon de la pelouse
de Bagatelle l'élite de la société parisienne et
des diverses colonies étrangères.
PETIT CARNET
Le 2 mai, en présence, de M. Henry Bor-
deaux et du délégué apostolique, le général
Gouraud a posé la première pierre de l'Hôtel-
Dieu de France à Beyrouth.
Le corps professoral des facultés de méde-
cine et de droit a exprimé ses sentiments de
reconnaissance envers la France, dont la fermeté
politique assure .d'année en année la vitalité
de l'œuvre française au Levant.
La comtesse de Boubée de Gramont, née
d'Ouvrier-Bruni quel, femme du capitaine, vient
de donner le jour à un fils: Henry.
MARIAGES
Nous apprenons les fiançailles de Mlle
Anne de Vogüé, fille du comte Robert de Vogué
et de la comtesse, née Sommier, avec le comte
Blaise de Montesquiou-Fezensac, fils du comte
Louis de Montesquiou-Fezensac, décédé, et de
la comtesse, née d'Aramon.
Le mardi 25 avril a été béni, en la chapelle
du château de Joncherolles (Haute-Vienne), le
mariage de Mlle Gabrielle de Saint-Mathieu, fille
du comte de Saint-Mathieu, ancien zouave ponti-
fical, décédé, et de la comtesse, née d'Assier des
Brosses, avec M. Georges de La Serre, fils de
M. G. de La Serre, décédé, et de Mme, née
de Linas. o
Les témoins étaient, pour la mariée le comte
'de Saint-Mathieu et le vicomte de Saint-Mathieu,
ses frères; pour le marié: Mme Henri de La
Serre, sa belle-sœur, et Mme de Brévedent
d'Ablon, sa soeur.
Le Saint-Père avait daigné envoyer sa béné-
diction aux nouveaux époux.
taille ? Mêmes réponses incomplètes, ou
obscures pour la première demande 1
Dans les tribune, tous les cœurs se
soulèvent de colère et d'indignation
sur le front des juges l'ombre se fait
plus profonde Les femmes se penchent
hors des tribunes pour mieux voir celui
qui a pu, sans doute, voir l'amiral ennemi
sur le pont du commandement, sans es-
sayer de l'imiter.
Une lourde oppression pèse sur la
salle entière, tous les cœurs italiens se
sentent humiliés. La conduite héroïque
des commandants de l'équipage du Re-
d'italia, du Re-di-Portogallo et de la
Paleslro, tels qu'ils ressortent de l'inter-
rogatoire, permet aux têtes de se relever
avec orgueil. Ces valeureux ont venge
l'honneur de) la patrie, et cette exaltar
tion momentanée des âmes empire la si-
tuation de l'accusé, les regards se tour-
nent avec plus de dédain vers cette face
glabre, impassible et terne,
De nouveau la séance est suspendue.
Bianca se penche vers Gioconda Salem-
beni
Je n'em peux plus, cela me: fait trop
de mal Je m'en vais. Tu diras à ma-
man, quand elle s'apercevra de mon ab-
sence, que j'ai été au palais Rinuc-
cini attendre le retour de grand-père.
Je lui laisse la voiture, je prendrai un
fiacre.
Il y a un peu de! remue-ménage dans
la tribune pour laisser passer Bianca.
D'autres personnes suivent son exem-
ple. Elle est si pâle que donna
Faustina se demanda avec inquié-
tude si les paroles c'a zïeinio sonit
NECROLOCilE
Le nom de M. Henry P. Davison, ancien
président des. Sociétés de Croix-Rouge améri-
caines, dont nous avons, hier, annoncé la mort,
restera dans l'histoire financière* et charitable.
Pendant toute la guerre, il mit un revenu
annuel de cinq millions au service de la cause
de l'humanité.
Sa carrière, comme celle de beaucoup
d'hommes d'affaires américains de sa généra-.
tion, constitue une véritable roman d'aventures.
Venu, encore enfant, à Bridgeport, ville du Con-
necticut, il réussit à entrer comme garçon de
courses dans une banque. Il essaya immédiate-
ment d'acquérir quelques connaissances du pre-
mier degré de la banque et réussit, à force de
travail, à attirer l'attention d'un chef de bureau.
Ayant lu qu'une nouvelle banque allait s'ouvrir
à ISe'w-York, il obtint une lettre d'introduction
pour le directeur, vint à New-York et, après
trois jours de démarches décourageantes, réussit
à se.faire admettre. Il y montra de telles Qualités
financières et une si prodigieuse initiative qu'il
obtint rapidement une situation de confiance.
A trente ans, il était président de la « Libéra!
National Bank », et, à quarante ans, il devenait
membre de la banque J.-P. Morgan.
A la déclaration de guerre, il fut pressenti
par M. Wilson pour devenir président du conseil
de la guerre et des œuvres de la Croix-Rouge
américaine. Ce fut à ce moment qu'il annonça
l'abandon annuel de cinq millions à cette œuvre.
L'un de ses fils s'était, au même moment,
engagé dans l'aviation, où il fut victime d'un
terrible accident qui l'a laissé irrémédiablement
infirme.
Tous ceux qui ont connu M. Davison ont pu
apprécier sa parfaite urbanité et son amitié pour
la France. Il était commandeur de la Légion
d'honneur.
Le 10 mai aura lieu, à la Réorthé (Vendée),
l'inhumation de:
M. Henri de Villedieu, capitaine au 4030 réagi-
ment d'infanterie, chevalier de la Légion d'hon-
neur, décoré de la croix de guerre, tombé au
champ d'honneur le 4 juin à Laversire
Et de M. Jean de Villedieu, caporal au
72" régiment d'infanterie, décoré de la croix
de guerre., mort pour la France aux Islettes
(Meuse), le' 20 juillet 1915.
Valfleury
M. Millerand
à Marseille
La réception à l'hôtel de ville Le
monument aux morts de l'armée
dPOrient A l'Exposition
coloniale
(Par dépêche de notre correspondant particulier.)
•'̃ Marseille, 7 mai.
Le Président a, dès ce matin, assisté à
une séance du conseil général des Bou-
ches-du-Rhône, donnée en son honneur,
puis il s'est rendu à L'hôtel de ville à tra-
vers les rues de Marseille brillamment pa-
voisées et au milieu des acclamations d'une
foule enthousiaste.
L'hôtel de ville sst un vieil édifice cons-
truit sur le vieux port. Ses salons ont
grande allure.
M. Flaissfères souhaite la bienvenue au
Président au nom de'sa cité, « fière, indé-
pendante, qui travaille au rapprochement
des hommes et des continents n.
M. Millerand répond par une courte allo-
cution
A la gloire des morts
de l'armée d'Orient
La cérémonie de la pose de la première
pierre du monument aux morts de l'armée
d'Orient se déroule dans un site imposant,
face à la mer, où est ancrée l'escadre de la
Méditerranée.
Les drapeaux des associations des com-
battants de l'armée d'Orient et des terres
lointaines et les délégations des régiments
coloniaux forment un cercle.
Devant la foule nombreuse, le président
de la république décore solennellement
plusieurs officiers, sous-officiers et soldats
de l'armée coloniale puis, il donne les
trois coups de marteau symboliques sur la
première pierre du monument.
M. Gouin, président de l'association na-
tionale des Poilus d'Orient, prend le pre-
mier la parole, fait un saisissant historique
des hauts faits de ses camarades. M. Jean
Frappa rappelle les souffrances et l'héroïs-
me de nos soldats combattant tous pour la
mère patrie. M. Flaissières dit combien
Marseille est fière d'offrir une de ses places
pour la glorieuse commémoration de ces
braves. Enfin M. Maginot, ministre de la
guerre, prenant la parole au nom du gou-
vernement, dit notamment
« Aux Dardanelles, en Macédoine, en Al-
banie, en Serbie, au Maroc, et plus tard
en Palestine et en Syrie, sous le ciel de la
Grèce comme sur la terre d'Orient, leur
vaillance s'est dépensée sans compter. Ils
ont été de tous les combats livrés aux
avant-pastes de l'Europe par les armées
de la civilisation et de la liberté.
» Ils ont pris part à toutes les opérations
qui devàient conduire ces armées à la vic-
toire.
» Sans doute ils y ont gagné de la gloire,
mais cette gloire ils l'ont payée de bien des
parvenues jusqu'à ses oreilles. La
jeune femme descend à la hâte le pe-
tit escalier tournant qui dessert les tri-
bunes. Cette séance l'a infiniment éner-
vée. Ses forces morales, occupées à sa-
vourer sa douleur personnelle, ne peu-
vent supporter cette humiliation natio-
nale. Quelques personnes dans les cou-
loirs lui adlressent la parole, elle ré-
pond à peine, il lui semble que les yeux
la plaignent, que tout le monde
sait! Elle a hâte d'être seule, abso-
lument seule en même temps le senti-
ment de sa solitude l'oppresse. Mainte-
nant que Donato n'est plus son meilleur
ami, elle sent qu'elle n'a ni mère, ni
sœurs, ni frères Ce n'est pas sur les
épaules' de son grand-père qu'elle fera
peser ses douleurs. Elle devra combat-
tre ses batailles toute seule, sans appui
ni aide.
Elle traverse une longue galerie sur
laquelle oeuvrent les salons du Sénat,
heureusement elle est presque vide,
mais plus bas, dans le vestibule, il y a
beaucoup de monde des valets de pied)
attendent, celui de casa Acciaioli s'ap-
proche, il. démode des ordres, Bianca
l'écarté du geste, elle n'a besoin de per-
sonne L'homme la regarde, effaré,
mais elle se fraie rapidement un pas-
sage et arrive à la porte de sortie.
Un léger châle de crêpe de Chine
blanc, garni de longues franges, donne
à sa mince silhouette, une majesté qui
la grandit. Sa capote de paille de riz,
garnie de roses à peine rosées, semble
fondre ses traits dans une douceur
blanche. Tous les yeux la suivent.
souffrances et de bien des misères. Nulle)
part des combattants n'on\ été soumis à
plus d'épreuves nulle part ils n'ont eu à
subir un plus dur destin. Les tristesses de
l'éloignement, la rudesse d'un climat ex-
cessif, des maladies aussi meurtrières que
les combats, venaient s'ajouter pour ces
soldats déracinés à toutes les autres cruau.
tés de la guerre.
» Dans la faible mesure où des vivants
peuvent s'acquitter vis-à-vis des morts, ac.
quittons-nous de notre dette de gratitude
envers ceux auxquels nous sommes, pour
une grande part, redevables de notre vic-
toire et de notre liberté, et que bientôt, en
cette ville de Marseille, qui a donné à la
France tant de ses enfants et où la sensi-
bilité nationale et le patriotisme s'émeu-
vent si vite au moindre appel fait à l'âme
généreuse de sa population, se dresse
l'œvre de piété, de reconnaissance, je serais
presque tenté de dire de réparation, la-
quelle souscrit le pays tout entier.
La cérémonie est terminée. A midi,
M. Millerand, les. ministres et toutes les
personnalités de sa suite rentrent à la pré-
fecture, où a lieu un déjeuner intime.
Puis, à 15 heures, accompagné par MM.
Sarraut, ministre des colonies, Dior et
Steeg, M. Millerand visite longuement les
splendides palais de l'exposition coloniale.
Le soir, M. Millerand assiste au banquet
qui lui est offert par l'Exposition colo-
niale, dans le hall du palais Miehelet.'
Deux discours sont prononcés par M. Ar-
taud, commissaire général de l'Exposition,.
et M. Albert Sarraut, ministre dles colo-
nies. M. Millerand répond en quelques
mots et assiste ensuite à une merveilleuse
fête de nuit dans le décor oriental de l'Ex-
position.
Demain, dernière journée du voyage
présidentiel, M. Millerand visitera Aix,
Arles et La Bégude. G. D.
Les Concerts
Séances diverses
La semaine a été féconde eri concerts
de cantatrices célèbres et de virtuoses
réputés qui avaient choisi, en général,
des programmes d'oeuvres intéressantes.
Maria Barrientos nous est revenue
avec la perfection de son art du chant,
qui s'avère par de véritables sonorités
de. flûte dans les note élevées, avec son
sens musical affiné. Elle s'est fait enten-
dre dans une série d'airs classiques qu'il
faut avant tout la féliciter d'avoir choi-
sis plutôt que de s'être vouée unique-
ment aux morceaux due virtuosité vocale
par lesquels trop facilement les étoiles
du chant obtiennent l'applaudissement.
On l'a particulièrement fêtée, on l'a bis-
sée dans l'ariette « Rossignols amou-
reux », ), -de Rameau, qu'elle a chantée de
façon vraiment exquise. Mme Wanda
Landowska accompagnait Maria Bar-
rientos au clavecin avec ce goût, cette
pureté dont elle a le secret elle a jotiô
ensuite des pages de Pasquini, de Da-
quin, de Rameau, et surtout les Fastes
de la grande et ancienne M énestrandise,
de F. Couperin le Grand, qui lui ont va-
lu la plus chaleureuse des ovations.
De retour d'Amérique, Yvette Guil-
bert a donné, salle Gaveau, une série
d'auditions de chansons du moyen âge
nos jours. De jeunes élèves américai-
nes formaient les chœurs.. Ce qui carac-!
térise Yvette Guilbert c'est la suprême
intelligence. Ce fut une joie d'entendre
« les Plaintes dolentes des Trouba-
dours », dont elle rendit tour à tour la
nostalgie, la tendresse et l'esprit. Avec
CRielle malice) elle a dit ensuite la Lisette
de Bérat 1 Combien de cantatrices au-
raient pu puiser une' véritable leçon
dans l'art de phraser, dans l'articulation
d'Yvette Guilbert Et comme les jeunes
filles américaines stylées par elle font
honneur à leur professeur
Mme Jeanne Raunay avait choisi la
salle des quatuors Gaveau pour donner
un récital accompagné par le quatuor à
cordes AndoLfi et Mme Paneéra au pia-
no. Elles a dit avec une belle autorité et
une grande noblesse l'admirable Prolo-
gue die l'Orfeo, de Monteverdi, où la mute
sique apparaît et vient demander aux
spectateurs de lui prêter attention pour
qu'elle leur puisse expliquer le sujet de
la pièce. Mme Raunay a chanté ensuite
des œuvres de Marcel Labey et de Jean
Jongen, un Nocturne de JLekeiu, deux
originales mélodies de Sohy, la Chan-
son perpétuelle de Chausson, avec l'an
le plus délicat.
Au théâtre Mogador, une matinée mu.
sicale était donnée, samedi, avec une»
pléiade d'artistes d'élite, qui prêtaient
leur concours au bénéfice de l'œuvre du
Service social à l'hôpital. Ce fut un ré-
gal que d'entendre tour à tour M. Phi-
lippe Gaubert jouer avec M. Alfred Cor-
tôt la Sonate^en ?ni bémol pour flûte et
piano de Bach Mlle Doris Deittelhach'
prêter sa volx pure et expressive à des
pages de Mozart, de Schubert, de Schu>-
mann, Mlle Micheline Kahn exécutetr
avec M. Gaubert des pièces pour harpe
Sous les portiques des Uffizi, il y
a foule) elle essaye de se diriger
vers la Piazza della Signoria et n'y
parvient pas. Regrettant d'avoir re-
fusé les services du valet de pied, elle
revient sur ses pas pour essayer de sor-
tir du côté du Lung'Arnoi, mais de ce
côté aussi la foule Moque le passage. Elle
jette un regard autour d'elle. Personne
de connaissance à qui recourir Va-t-
elle être forcée d'arpenter les portiques
jusqu'à la fin de la séance ?
Tout à coup elle entend prononce»
son nom avec un accent de surprise.
Elle reconnaît la voix Bien que les bal-
les autrichiennes en aient altéré la pu-
reté, cette voix est reconnaissable entre
toutes.
Bianca que fais-tu ici, seule, sans
domestique? la séance n'est pas finie 1
Elle essaye d'expliquer qu'elle a be-
soin d'air, qu'elle veut être au palais Ri-
nuccini pom\ le retour de son grand-
père, mais l'expression de son visage
la trahit.
Bianca, qu'as-tu? demanda Mario.
Ce que j'ai ? Mais le spectacle au-
quel je viens d'assister est -horrible 1
Cet homme qui nous a conduits à la
honte Quelle inconscience du mal qu'il
a fait, quel dégradant spectacle incon-
solable douleur 1
Elle s'exalte en parlant, parce que
dans son coeur d'Italienne elle sent réel-
lement l'humiliation de la journéel et
aussi parce que cette souffrance lui
sert à masquer, l'autre, celle qu'elle ne
peut avouer.
(A suzvre.) DORA MELÊGARI
M tîAUL-OlS, « LUNDt S MÀT 1922
une action particulièrement énergique pour
sauver la Conférence.
Du côté beige, à la suite de l'entretien
avec M. Schanzer et M. Jaspar, la situa-
tion est un peu détendue. Par contre, des
difficultés très sérieuses, du côté russe se
sont accusées dans l'après-midi du 5.
La délégation anglaise n'a pas eu une
bonne impression de la conversation qui a
3ii lieu entre Lloyd George, sir- Laming
Worthington Evans et les délégués russes.
La délégation russe insiste pour obtenir
des crédits s'élevant à 3 milliards de rou-
bles or. Aucun gouvernement européen ne
pourrait soumettre à son Parlement une
pareille demande, les emprunts d'Etat à
Etat n'étant concevables qu'en temps de
guerre.
D'autres difficultés existent au sujet de
l'article 1 du mémorandum (clauses de non-
propagande) et de l'article 7 (biens privés).
Mais c'est la question des crédits qui sou-
lève les plus grandes préoccupations.
La note italienne indique ensuite que
M. Schanzer et M. Lloyd George ont
conféré sur l'action qu'il y aurait lieu
d'exercer soit auprès des Belges, soit
auprès des Russes. Elle se termine ainsi
Les Italiens, avant de perdre toute espé-
rance, font un double et sérieux effort avec
toute l'énergie possible, tant du côté fran-
çais et belge que du côté des Russes. En
réalité les préoccupations les plus grandes
à l'heure actuelle, les menaces les plus sé-
rieuses sont créées par la, difficulté provo-
quée par les Russes.
Il est inutile d'insister sur l'impor-
tance de cette déclaration officielle. A
l'heure où l'on va tenter contre la France
une action de propagande contre son
attitude il. Gênes, il n est pas sans inté-
rêt de souligner que, de l'aveu des mi-
lieux italiens eux-mêmes, ce sont les
Russes qui seront responsables de l'échec
de la Conférence.
DÉCLARATIONS DE M. BARTHOU
• Gênes, 7 mai,
M. Louis Barthou, chef de la déléga-
tion française, a fait aujourd'hui à la
presse anglo-américaine les intéressan-
tes déclarations suivantes
Il a défini lei rôle de la délégation
française depuis ̃ le début de la Confé-
rence jusqu'à ce jour
Dès le premier moment, a dit M. Bar-
thou, j'ai déclaré que le gouvernement
français était animé du désir le plus loyal
de collaborer à l'oeuvre de la Conférence.
Je dois dire qu'qu cours des trois premiè-
res semaines la France a,\donné maintes
preuves indiscutables de sa bonne volonté.
Dès le 9 avril, veille de la Conférence, à
la séance officieuse des puissances invi-
tantes, la France a fait immédiatement les
concessions les plus larges pour permettre
à la Conférence d'aboutir dans les meil-
leures conditions possibles,
Dans la suite des événements, je relève
le fait qu'il y eut des conversations offi-
cieuses avec les délégués russes. Nous au-
rions pu refuser d'y prendre part parce que
les soviets avaient une représentation non
pas seulement à la séance plénière de la
Conférence., mais encore dans les commis-
sions et les sous-commissions.
Nous aurions pu décliner ces conversa-
tions sans être infidèles au mandat que-
nous avions reçu de notre gouvernement.
Nous nous sommes rencontrés néanmoins
avec les soviets chez M. Lloyd George.
L'échange de vues a duré quarante-huit
heures et nous avons eu l'approbation en-
tière du gouvernement français. Nous ne
pouvions donner des preuves plus évidentes
de notre bonne volonté et de notre loyauté.
Nous avons donné par la suite une autre
preuve de cette bonne volonté lorsque s'est
produit l'incident germano-russe. Si la
France avait eu alors le désir perfide de
faire échouer la Conférence une excellente
occasion nous était fournie de rompre.
Nous avons néanmoins accepté de conti-
nuer la conversation lorsque les Russes et
les Allemands siégeant à la sous-commis-
sion venaient de signer un traité, suivant
l'expression'de M. Lloyd George, dans notre
dos.
Si à ce moment la France avait déclaré
t qu'il lui était impossible de continuer la
négociation, il ne se serait trouvé per-
sonne, ni en Grande-Bretagne ni ailleurs,
pour en adresser le reproche à notre pays.
Nous sommes restés cependant et nous
nous sommes associés à la protestation des
puissances invitantes, ainsi que de la Pe-
tite Entente et de la Pologne. Nous avons
continué loyalement notre collaboration et
donné des preuves de la continuité de la
loyailté de nos sentiments.
Nous avons poursuivi notre collabora-
tion jusqu'au moment où,' lundi dernier,
s'est produit l'incident soulevé par la 'Bel-
gique.
Au sein de la sous-commission des affai-
res russes deux questions étaient posées
celle des dettes d'avant-guerre et des dettes
de guerre. Pour la première, elle fut ré-
glée conformément à la résolution de Can-
nes pour la seconde, celle des dettes de
guerre contractées par le gouvernement
russe envers la France etlle Japon notam-
ment, elle a été réglée dans un esprit de
conciliation. 1
Je dois dire que nous avons trouvé l'ap-
pui de M. Lloyd George dans cette ques-
tion. M. Lloyd George avait alors déclaré
qu'il n'acceptait les conclusions du rapport
des experts sur la question des dettes qu'à
la condition que seraient acceptées les con-
ditions des mêmes experts touchant les
biens privés.
C'est alors que se produisit l'incident qui
a divisé la Conférence.
La Belgique a pensé que le texte des
FEUILLETON DU «GAULOIS»
Dti 8 MAI i922
La Ville du Lys
TROISIEME PARTIE
HAUTE-COUR DE JUSTICE
La tête penohée en avant, les yeax
obstinément fixés sur la salle, Bianca
évitait le moindre mouvement pour ne
l'attention de ceux qui l'avaient
éclairée et offrir à leur compassion l-i
.vue de son visage bouleversé. Elle jeta
à la dérobée un regard sur sa belle-mè-
re, placée au premier rang. Heureur.°-
mentla^omtesse Sofronia n'avait rien en-
tendu. Ses facultés étaient tropabsorbées
par la gravie de ce qui se déroulait sous
ses yeux, pour qu'elle prêtât l'oreille à
ce qui se disait autour d'elle.
Le président a annoncé la reprise de
la séance, et l'interrogatoire de l'accusé
conitiieace. Il se défend avec assez d'ha-
ibiteté, mais sans mots heureux. sacs
experts ne donnait pas complète satisfac-
tion à ses ressortissants et qu'une atteinte
était portée à leurs droits. 1
J'ai demandé lundi matin à la sous-com-
mission de modifier le projet des experts
dans son paragraphe 2,' qui ne se référait
que d'une façon insuffisante à la résolu-
tion de Cannes. J'ai demandé et obtenu
qu'on introduisît le texte même de la réso-
lution de Cannes, puis, comme la Belgique
ne trouvait pas cette satisfaction satis
sante et désirait un, nouvel examen, j'ai
demandé qu'elle fût admise à faire valoir
ses observations et que la commission des
jurisconsultes fût convoquée à nouveau. Ma
proposition a été adoptée.
Ainsi, sur deux points, on demandait
plus de clarté touchant le paragraphe 2 de
l'article 7 et le renvoi aux experts, la dé-
légation française a apporté son concours
entier à la délégation belge.
Les experts sont revenus, l'accord n'a pas
pu se réaliser au sein de la sous-commis-'
sion. J'ai déclaré que nous ne nous oppo-,
sions pas à l'envoi du mémorandum aux
Russes, tout en réservant l'approbation dé-
finitive du gouvernement français. Je suis
alors parti à Paris sans qu'il y eût aucun
rapport entre mon voyage et cet incident.
Après avoir résumé l'impression de
Paris et les résolution® du gouverne-
ment français, M. Barthou a commenté
dans les termes suivant l'attitude de la
France
Nous avons donné notre appui à la Bel-
gique sur une question de principe parce
que le texte proposé n'était pas assez caté-
gorique.quant au respect du droit de pro-
priété.
Mais cela ne veut pas dire et il ne'faut
pas dire que nous ayons eu à choisir entre
des amis' nous avons pris parti pour une
doctrine. Le gouvernement français a es-
timé que le texte belge se rapprochait da-
vantage du texte de la résolution de Can-
nes. A aucun moment la question ne s'est
posée de savoir s'il fallait- préférer l'An-
gleterre à la Belgique ou la Belgique à
l'Angleterre.
Je suis un ami très sincère de la Belgi-
que et de la Grande-Bretagne je puis donc
dire avec une entière liberté que je réunis
les deux pays dans un même sentiment de
gratitude. La Belgique a eu dès le début
des hostilités une attitude héroïque. Il ne
serait pas suffisant de dire que les Fran-
çais lui en sont reconnaissants. n'y a
pas un homme au monde qui n'ait reconnu
les immenses services rendus par ce pays à
la civilisation. Mais l'hommage de la
F'rance à la Belgique n'exclut pas un hom-
mage de la France à l'Angleterre. J'ai eu
l'occasion de rappeler à M. Lloyd George
les paroles que je prononçai en 1920 à la
Chambre des députés « L'Angleterre, en
1914, a accompli la révolution la plus ex-
traordinaire de son histoire elle a fait
cette révolution pour un principe, elle ne
l'a pas faite pour conquérir des droits mais
pour s'imposer des devoirs, et parmi ces
devoirs celui de s'imposer un service obli-
gatoire dont elle avait pu se passer jus-
qu'alors. » Je n'oublie pas non plus que
l'Angleterre a accepté à un moment de la
guerre le commandement unique sous l'au-
torité d'un général français. Enfin je n'ai
garde d'oublier les morts de la Grande-
Bretagne, et des Dominions.
En nous mettant sur une question de
principe aux côtés de la Belgique, nous ne
pouvions pas songer ci nous dresser contre
la Grande-Bretagne. Il peut arriver, quand
trois amis se rencontrent, qu'il se produise
entre eux des divergencs sur un point par-
ticulier deux amis ont une opinaon, le troi-
sième en professe une autre, est-ce là une
raison pour ne pas continuer la conversa-
tion, pour ne pas faire route ensemble la
main dans la main, Rien n'empêche notre
union de se poursuivre. Nous Français, en
tout cas, nous disons maintenant que nous
voulons la maintenir. Quant ce gui se
produira demain, ne me demandez pas de
le prédire. Si les Russes refusent le mémo-
randum, ils auront refusé d'acceptér Vex-
pression d'une pensée française ou belge,
ainsi que celle de la sous-commission tout
entière. Les Russes diront ce qu'ils veulent.
Il faudra qu'ils disent oui ou non. Il faut
en finir; nous ne pouvons pas continuer
des atermoiements qui durent depuis déjà
un mois. Deua fols déjà des questions pré-
cises Leur ont été posées. Ils il ont répond
et les conversations ont repris; cette fois ,les
questions posées sont d'une précision abso-
lue. Nous voulons une réponse catégorique.
Si elle est dilatoire, bien que Gênes soit
une ville charmante où le gouvernement
italien norcs a admirablement reçus, nous
rentrerons chez nous, où des affaires ur-
gentes nous appellent tous.
A une question qui lui était posée,
M. Barthou a déclaré que, sans l'adhé-
sion de la Russie, il ne pouvait y avoir
-de pactE européen il ne serait donc pas
possible de discuter du pacte de non-
agressioni si la réponse des Russes était,
ou négative ou évasive I N.
Petites Informations
Entre nous
Seul, le véritable Lait de Ninon donne
à la peau une fraîcheur est un éclat de
jeunesse. Il existe en quatre teintes
blanc, naturel, rosé et rachel, à la Par-
fumerie Ninon, 31, rue du 4-Septembre,
Paris. Pour arrêter la chute des che-
veux, les faire repousser en retardant
leur décoloration, rien ne vaut l'Extrait
Capillaire des Bénédictines du Mont Ma-
jella, qu'il faut réclamer à E. Senet, 26,
rue du 4-Septembre.
émotions, sans ces accents indignés qui
entraînent les cœurs et donnent aux
consciences la persuasion que celui qui
les prononce est innocent. Sur le. front
des juges l'ombre des pensées sévères
s'accentue. Les vieillards regrettent d'a-
voir vécu jusqu'à ce jour. Plus d'une
tête blanche retombe accablée. En en-
tendant remémorer toutes les fautes, ne,
gligences, incapacités qui ont changé
en défaite une victoire qui aurait dû
être certaine, les cours italiens éprou-
vent une indicible souffrance et un désir
surgit; même dans les âmes bénévoles,
de faire expier au, coupable le désas-
tre national immérité.
Sur le visage de Fersana, ce visage
sans noblesse, dont l'expression, égril-
larde a toujours provoqué la défiance
des hommes sérieux, se lit l'inconscien-
ce absolue des responsabilités encou-
rues. Cent fois innocent, il aurait dû
souffrir jusqu'à la torture d'avoir in-
fligé cette humiliation à l'Italie Il y a
de glorieuses défaites, la sienne est in-
compréhensible.
Tenir tous les atouts en mains et
perdre la partie, dit Monaglia à Lan-
terano, c'est à se casser la tête contre les
murailles Entends-le, il ne pense qu'à
sa défense personnelle, on dirait que le
pays n'a pas à lui demander de comptes.
Il devrait être écrasé par le sentiment
de ses responsabilités
De temps en temps les sénateurs po-
sent des questions à l'accusé pour éluci-
der les points obscurs certaines voix
sont cassées par la vieillesse, d'autres
car l'émotion. Lorsque l'interroga-
Demain mardi
Monsieur Milice, le réputé chef, ou-
vrira son restaurant au 34 bis, avenue
de l'Opéra, coin d'Antin.
L'Idéal
Une Voiture qui ne s'use pas,
quai ne consomme presque, rien,
qui ne fatigue pas le. conducteur,
qui s'entretient facilement,
c'est la 10 HP Citroën, que vous trouve-
rez à l'Agence directe Citroën, Elysée-
Automobile, 21, avenue des Champs-Ely-
sées, Paris..
Maison des Bamboua
Grand choix die meubles, laques, bro-
deries et objets d'art anciens d'Extrêmes
Orient pour installations, cadeaux de
mariage, etc., chez Perret-Vibert (Mai-
son des Bambous), 170, boulevard)
Haussmann.
Revue de la Presse
Les Mémoires du Kronprinz
Nous avons déjà dit, ici même, qw'ils
paraîtraient bientôt. Quelques-unes de
leurs bonnes feuilles » sont communi-
quées à la presse allemande. A noter que,
dans les extraits publiés par le Tag, le
Kronprinz se défend énergiquement
d'avoir poussé à la guerre.
A l'en croire, il avait prévu que l'An-
gleterre « prendrait le parti des adver-
saires de l'Allemagne », et aurait eu
à ce sujet, le soir du 31 juillet 1914, une
altercation avec son oncle Henri, qui
partageait l'optimisme de Bethmann-
Hollweg.
Celui-ci croyait que l'Angleterre res-
terait neutre. Avant de partir sur le
front, le Kronprinz eut' un entretien
avec le chancelier il déclara nécessaire
une alliance avec la Bulgarie et la Tur-
quie.
De Bethmann-Hollweg répondit « Je
regarderais cela comme le plus granâ
malheur qui puisse arriver à l'Allema-
gne n, voulant dire par là que l'Allemagne
perdrait l'amitié et la neutralité positive
de l'Angleterre en concluant de telles al-
liances.
Le Kronprinz porte, d'ailleurs, sur
Bethmajnn-Hollweg un jugement sans
incMgence. Il écrlt
M. de Bethmann-Hollweg ne possédait pas
les qualités que doit avoir un chef politi-
que de même MM. de Kidarlen-Waech-
ter et de Jagow étaient incapables de sup-
pléer à ce défaut.
Le mémorialiste raconte le voyage
qu'il fit en Angleterre avec sa femme,
à l'occasion du couronnement du roi
George
Lorsque, après le couronnement, le roi
et la reine d'Angleterre quittèrent l'ab-
baye de Westminster, 'des hourras trois
fois répétés partirent de la foule. Aussitôt
après, ma femme et moi quittions l'église
et nous eûmes à accepter la même' ovation
que le roi et la reine d'Angleterre. Plus
tard, 'appris par des Anglais qu'aucun
prince étranger n'avait été acclamé aupa-
ravant à l'abbaye de Westminster.
Or, le Kronprinz rencontra le secré-
taire d'Etat, sir Edward Grey. Il lui fit
remarquer, avec quelques précautions
de parole', que, « si l'Angleterre et l'Al-
lemagne, les deux plus fortes nations
sur terra et sur mer, marchaient ensem-
ble, le cas échéant, leur puissance irait
jusqu'à leur permettre de se partager le
monde entier ».
Cest vrai, répondit sir Edwarà" Grey,
mais l'Angleterre ne partage avec per-
sonne, pas même avec l'Allemagne.
Le Kronprinz, comme il fallait s'y at-
tendre', bafoue et maudit le traite de
Versa.illes, qu'il appelle une folie sans
pareille.
Malgré tout, 'écrit le Kronprinz, l'Alle-
magne subsistera et elle prospérera quand
on ne parlera plus de ce traité que comme
d'unie souillure au passé. Je voudrais coo-
pérer à l'ère nouvelle, mais le seul service
quie je peux rendre à ma patrie est de res-
ter à l'écart et de supporter l'exil.
Le Vorwizerls, qui consacre un article
aux mémoires de l'ex-héritier, remarque
que le Kronprinz n'y ménage guère
l'Empereur son père, qu'il place avec
assez -d'Irrespect dans une mauvaise
posture vis-à-vis de l'opinion en l'accu-
sant d'avoir imposé au peuple allemand
l'incapacité de Moltke.
Mais si le Kronprinz n'hésite pas à se
monter fils médiocre, par contre il met
visiblement ses efforts à paraître bon
époux et bon père. Ceci compense cela.
R. L.
Nous rappelons à nos abonnés que
toute demande de changement d'adresse
doit être accompagnée de 60 centimes
en timbres-poste .pour frais de réim-
pression.
toire arrive au point culminant, celui
du passage' de l'amiral Persano sur
l'Affondatore, au moment de l'approche
de l'ennemi et sans en prévenir la flotte
qui continuait à fixer ses regards vers
le Re-d'Italia, vaisseau amiral, pour en
apercevoir les signaux, on aurait pu en-
tendre, entre la demande et la réplique
le vol d'.un insecte, tellement le silence
était profond dans la salle.
Enfin l'accusé répond ses paroles
tombent une à ume dans le silence avec
une netteté effrayante de son mais el-
les sont confuses pas une des raisons
qu'il donne n'est valable et n'apporte la
conviction L'opinion se forme dans
toutes les consciences. Le fait d'avoir em-
mené son fils avec lui dans le passage
d'un vaisseau à l'autre, aggrave sa si-
tuation morale. Il a beau dire qu'il a
fait hisser le drapeau amiral (i) sur
YAffondntore, les conséquences de sua
faute n'en sont pas moins graves, puis-
que la flotte, attendant les ordres du
Re-d'Italia, est restée sans guide durant
la bataille.
L'une après l'autre, de terribles ques-
tionâ lui sont posées. Pourquoi n'a-t-il
pas couru.au secours du Re-d'Italia en
péril ? Pourquoi, le pouvant, n'a-t-il pas
investi le Kaiser-Max qui portait l'ami-
ral Tegethof f ? Pourquoi tandis que la
commandant de; la flatte ennemie se te-
nait Sur le pont du commandement en-
touré de ses officiers. lui Persano, .res-
tait-il enfermé dans la tour de l'Af fon-
datore d'où il ne; pouvait diriger la ba-
(1) Au lieu du drapeau amiral on avait
hissé celui du^vice-ainiraL
̃LES MONDANITÉS
LES AMBASSADES
Le gouvernement belge vient de faire
l'acquisition, à Budapest, d'un palais ayant
appartenu au prince Porcia. Ce palais va être
immédiatement aménagé en vue d'y installer les
différents services de la légation de Belgique.
DANS LE MONDE
La soirée dansante donnée, samedi; par
la marquise de Vogüé, dans son bel hôtel de la
rue Fabert, fut d'une rare élégance et comptera
sans nul doute parmi les plus brillantes de cette
« seasan » mondaine.
Donner les noms des personnes présentes est
chose bien difficile, toute la haute société pari-
sienne était là. Essayons cependant- et citons
au hasard:
Duc et duchesse de Magenta et Mlle de Mac-
Mahon, duchesse et Mlle d'Harcourt, duchesse de
.1S»«Ta et Mlle de La Rochefoucauld, marquise
et Mlle de Noailles, comtesse et Mlle de Mor-
temart, comtesse Georges de Bourbon et Mlle
de Bourbon, marquise et Mlle de Caramàn,
duchesse et Mlle de Maillé, comtesse L. et Mlle
de Montesquibu-Fezensac, vicomtesse et Mlle
de Benoist d'Azy, comtesse et Mlle d'Havrin-
court, marquise et Mlle de Bonneval, comtesse
et Mlle d'Hunolstein, marquise et Mlle de Pome-
fieu,` marquise et Mlle de Beaumont, marquise
et Mlle de Rochechouart, marquise et Mlle de
Mun, baron et Mlle de Mandat-Grancey, com-
tesse et Mlle de Monteynard, comtesse et Mlle
Orlowska, comtesse et Mlle de Villeneuve-Escla-
pon, Mme et Mlle Schneider, comtesse de Gon-
taut-Biron, Mlle de Maussabré, marquise et Mlle
de Juigné, comtesse et Mlle d'Agoult, comtesse
Jean d'Huart et Mlle d'Huart, marquise et Mlle
d'Ivry, comtesse et Mlle de Mac-Mahon, Mme et
Mlle Revenaz, baronne X. et Mlle Reille, com-
tesse ef Mlle de Gramedo, baronne et Mlle Seil-
lière, comtesse R. et Mlles de Boigne, comtesse
d'Amilly et Mlle de Laâge de Meux, comtesse
et Mlle d'Ayguesvives, Mlles de Ganay. Baudon
de Mony, de Nervo, de Manneville; du Pont
de Gault-Saussine, de Chambure, de Pange, de
La Laurencie, de Villoutreys, de Waziers, de
Montferrand, Armand, de Montgascon, d'Ara-
mon, de Lubersac, etc.
Duc de Lorge. comte St. de La Rochefoucauld,
marquis de Maillé, prince Jean-Louis de Fau-
cigny-Lucinge, marquis de Bremond d'Ars-
Migré, marquis de Galliffet, comte de Roche-
chouart, comte de Montalembert, vicomte de La
Tour du Pin, vicomte de Tocqueville, vicomte
de Quénetain, M. L. du Luart, MM. Hottinguer,
marquis de Brazais, comte de Colbert, etc.
Cette belle et charmante réunion s'est ter-
minée par un délicieux cotillon fleuri.
Thé, samedi, chez Mlle Marguerite Java!,
en l'honneur de Mrs Thompson Seton.
La charmante « authoresse » américaine, qui
a tant aidé nos soldats blessés pendant la guerre,
vient de faire un pèlerinage dans les régions
dévastées et prépare un livre sur la question
féminine dans les pays alliés.
Dans l'assistance: MM. et Mmes René Viviani,
Paul Strauss, Ph. et P. Vernes, général Lavisse,
Avril de Sainte-Croix, Fernand Laudet, Level,
Fabry, Dike, Laurence Benet, de Bonrepos,
Pierre Budin, Bompard, Faure-Fremiet, Canet,
Gaston Rageot, Bouchardon, Deutsch de La
Meurthe,,Harlor, Marcel Labbé, général Jaquil-
lat, de Beaumarchais, de Gourlet, de Jouvenel,
de Piessac, etc.
DANS LES CERCLES
Au Polo.
Le prix d'ouverture aura lieu aujourd'hui lundi,
à quatre heures et demie.
Comme les années précédentes, ce cercle en
plein air va redevenir un centre élégant par
excellence. Les déjeuners avant les courses ont
été inaugurés hier; les thés, grâce au beau
temps qui semble enfin définitivement revenu,
vont réunir dans le joli pavillon de la pelouse
de Bagatelle l'élite de la société parisienne et
des diverses colonies étrangères.
PETIT CARNET
Le 2 mai, en présence, de M. Henry Bor-
deaux et du délégué apostolique, le général
Gouraud a posé la première pierre de l'Hôtel-
Dieu de France à Beyrouth.
Le corps professoral des facultés de méde-
cine et de droit a exprimé ses sentiments de
reconnaissance envers la France, dont la fermeté
politique assure .d'année en année la vitalité
de l'œuvre française au Levant.
La comtesse de Boubée de Gramont, née
d'Ouvrier-Bruni quel, femme du capitaine, vient
de donner le jour à un fils: Henry.
MARIAGES
Nous apprenons les fiançailles de Mlle
Anne de Vogüé, fille du comte Robert de Vogué
et de la comtesse, née Sommier, avec le comte
Blaise de Montesquiou-Fezensac, fils du comte
Louis de Montesquiou-Fezensac, décédé, et de
la comtesse, née d'Aramon.
Le mardi 25 avril a été béni, en la chapelle
du château de Joncherolles (Haute-Vienne), le
mariage de Mlle Gabrielle de Saint-Mathieu, fille
du comte de Saint-Mathieu, ancien zouave ponti-
fical, décédé, et de la comtesse, née d'Assier des
Brosses, avec M. Georges de La Serre, fils de
M. G. de La Serre, décédé, et de Mme, née
de Linas. o
Les témoins étaient, pour la mariée le comte
'de Saint-Mathieu et le vicomte de Saint-Mathieu,
ses frères; pour le marié: Mme Henri de La
Serre, sa belle-sœur, et Mme de Brévedent
d'Ablon, sa soeur.
Le Saint-Père avait daigné envoyer sa béné-
diction aux nouveaux époux.
taille ? Mêmes réponses incomplètes, ou
obscures pour la première demande 1
Dans les tribune, tous les cœurs se
soulèvent de colère et d'indignation
sur le front des juges l'ombre se fait
plus profonde Les femmes se penchent
hors des tribunes pour mieux voir celui
qui a pu, sans doute, voir l'amiral ennemi
sur le pont du commandement, sans es-
sayer de l'imiter.
Une lourde oppression pèse sur la
salle entière, tous les cœurs italiens se
sentent humiliés. La conduite héroïque
des commandants de l'équipage du Re-
d'italia, du Re-di-Portogallo et de la
Paleslro, tels qu'ils ressortent de l'inter-
rogatoire, permet aux têtes de se relever
avec orgueil. Ces valeureux ont venge
l'honneur de) la patrie, et cette exaltar
tion momentanée des âmes empire la si-
tuation de l'accusé, les regards se tour-
nent avec plus de dédain vers cette face
glabre, impassible et terne,
De nouveau la séance est suspendue.
Bianca se penche vers Gioconda Salem-
beni
Je n'em peux plus, cela me: fait trop
de mal Je m'en vais. Tu diras à ma-
man, quand elle s'apercevra de mon ab-
sence, que j'ai été au palais Rinuc-
cini attendre le retour de grand-père.
Je lui laisse la voiture, je prendrai un
fiacre.
Il y a un peu de! remue-ménage dans
la tribune pour laisser passer Bianca.
D'autres personnes suivent son exem-
ple. Elle est si pâle que donna
Faustina se demanda avec inquié-
tude si les paroles c'a zïeinio sonit
NECROLOCilE
Le nom de M. Henry P. Davison, ancien
président des. Sociétés de Croix-Rouge améri-
caines, dont nous avons, hier, annoncé la mort,
restera dans l'histoire financière* et charitable.
Pendant toute la guerre, il mit un revenu
annuel de cinq millions au service de la cause
de l'humanité.
Sa carrière, comme celle de beaucoup
d'hommes d'affaires américains de sa généra-.
tion, constitue une véritable roman d'aventures.
Venu, encore enfant, à Bridgeport, ville du Con-
necticut, il réussit à entrer comme garçon de
courses dans une banque. Il essaya immédiate-
ment d'acquérir quelques connaissances du pre-
mier degré de la banque et réussit, à force de
travail, à attirer l'attention d'un chef de bureau.
Ayant lu qu'une nouvelle banque allait s'ouvrir
à ISe'w-York, il obtint une lettre d'introduction
pour le directeur, vint à New-York et, après
trois jours de démarches décourageantes, réussit
à se.faire admettre. Il y montra de telles Qualités
financières et une si prodigieuse initiative qu'il
obtint rapidement une situation de confiance.
A trente ans, il était président de la « Libéra!
National Bank », et, à quarante ans, il devenait
membre de la banque J.-P. Morgan.
A la déclaration de guerre, il fut pressenti
par M. Wilson pour devenir président du conseil
de la guerre et des œuvres de la Croix-Rouge
américaine. Ce fut à ce moment qu'il annonça
l'abandon annuel de cinq millions à cette œuvre.
L'un de ses fils s'était, au même moment,
engagé dans l'aviation, où il fut victime d'un
terrible accident qui l'a laissé irrémédiablement
infirme.
Tous ceux qui ont connu M. Davison ont pu
apprécier sa parfaite urbanité et son amitié pour
la France. Il était commandeur de la Légion
d'honneur.
Le 10 mai aura lieu, à la Réorthé (Vendée),
l'inhumation de:
M. Henri de Villedieu, capitaine au 4030 réagi-
ment d'infanterie, chevalier de la Légion d'hon-
neur, décoré de la croix de guerre, tombé au
champ d'honneur le 4 juin à Laversire
Et de M. Jean de Villedieu, caporal au
72" régiment d'infanterie, décoré de la croix
de guerre., mort pour la France aux Islettes
(Meuse), le' 20 juillet 1915.
Valfleury
M. Millerand
à Marseille
La réception à l'hôtel de ville Le
monument aux morts de l'armée
dPOrient A l'Exposition
coloniale
(Par dépêche de notre correspondant particulier.)
•'̃ Marseille, 7 mai.
Le Président a, dès ce matin, assisté à
une séance du conseil général des Bou-
ches-du-Rhône, donnée en son honneur,
puis il s'est rendu à L'hôtel de ville à tra-
vers les rues de Marseille brillamment pa-
voisées et au milieu des acclamations d'une
foule enthousiaste.
L'hôtel de ville sst un vieil édifice cons-
truit sur le vieux port. Ses salons ont
grande allure.
M. Flaissfères souhaite la bienvenue au
Président au nom de'sa cité, « fière, indé-
pendante, qui travaille au rapprochement
des hommes et des continents n.
M. Millerand répond par une courte allo-
cution
A la gloire des morts
de l'armée d'Orient
La cérémonie de la pose de la première
pierre du monument aux morts de l'armée
d'Orient se déroule dans un site imposant,
face à la mer, où est ancrée l'escadre de la
Méditerranée.
Les drapeaux des associations des com-
battants de l'armée d'Orient et des terres
lointaines et les délégations des régiments
coloniaux forment un cercle.
Devant la foule nombreuse, le président
de la république décore solennellement
plusieurs officiers, sous-officiers et soldats
de l'armée coloniale puis, il donne les
trois coups de marteau symboliques sur la
première pierre du monument.
M. Gouin, président de l'association na-
tionale des Poilus d'Orient, prend le pre-
mier la parole, fait un saisissant historique
des hauts faits de ses camarades. M. Jean
Frappa rappelle les souffrances et l'héroïs-
me de nos soldats combattant tous pour la
mère patrie. M. Flaissières dit combien
Marseille est fière d'offrir une de ses places
pour la glorieuse commémoration de ces
braves. Enfin M. Maginot, ministre de la
guerre, prenant la parole au nom du gou-
vernement, dit notamment
« Aux Dardanelles, en Macédoine, en Al-
banie, en Serbie, au Maroc, et plus tard
en Palestine et en Syrie, sous le ciel de la
Grèce comme sur la terre d'Orient, leur
vaillance s'est dépensée sans compter. Ils
ont été de tous les combats livrés aux
avant-pastes de l'Europe par les armées
de la civilisation et de la liberté.
» Ils ont pris part à toutes les opérations
qui devàient conduire ces armées à la vic-
toire.
» Sans doute ils y ont gagné de la gloire,
mais cette gloire ils l'ont payée de bien des
parvenues jusqu'à ses oreilles. La
jeune femme descend à la hâte le pe-
tit escalier tournant qui dessert les tri-
bunes. Cette séance l'a infiniment éner-
vée. Ses forces morales, occupées à sa-
vourer sa douleur personnelle, ne peu-
vent supporter cette humiliation natio-
nale. Quelques personnes dans les cou-
loirs lui adlressent la parole, elle ré-
pond à peine, il lui semble que les yeux
la plaignent, que tout le monde
sait! Elle a hâte d'être seule, abso-
lument seule en même temps le senti-
ment de sa solitude l'oppresse. Mainte-
nant que Donato n'est plus son meilleur
ami, elle sent qu'elle n'a ni mère, ni
sœurs, ni frères Ce n'est pas sur les
épaules' de son grand-père qu'elle fera
peser ses douleurs. Elle devra combat-
tre ses batailles toute seule, sans appui
ni aide.
Elle traverse une longue galerie sur
laquelle oeuvrent les salons du Sénat,
heureusement elle est presque vide,
mais plus bas, dans le vestibule, il y a
beaucoup de monde des valets de pied)
attendent, celui de casa Acciaioli s'ap-
proche, il. démode des ordres, Bianca
l'écarté du geste, elle n'a besoin de per-
sonne L'homme la regarde, effaré,
mais elle se fraie rapidement un pas-
sage et arrive à la porte de sortie.
Un léger châle de crêpe de Chine
blanc, garni de longues franges, donne
à sa mince silhouette, une majesté qui
la grandit. Sa capote de paille de riz,
garnie de roses à peine rosées, semble
fondre ses traits dans une douceur
blanche. Tous les yeux la suivent.
souffrances et de bien des misères. Nulle)
part des combattants n'on\ été soumis à
plus d'épreuves nulle part ils n'ont eu à
subir un plus dur destin. Les tristesses de
l'éloignement, la rudesse d'un climat ex-
cessif, des maladies aussi meurtrières que
les combats, venaient s'ajouter pour ces
soldats déracinés à toutes les autres cruau.
tés de la guerre.
» Dans la faible mesure où des vivants
peuvent s'acquitter vis-à-vis des morts, ac.
quittons-nous de notre dette de gratitude
envers ceux auxquels nous sommes, pour
une grande part, redevables de notre vic-
toire et de notre liberté, et que bientôt, en
cette ville de Marseille, qui a donné à la
France tant de ses enfants et où la sensi-
bilité nationale et le patriotisme s'émeu-
vent si vite au moindre appel fait à l'âme
généreuse de sa population, se dresse
l'œvre de piété, de reconnaissance, je serais
presque tenté de dire de réparation, la-
quelle souscrit le pays tout entier.
La cérémonie est terminée. A midi,
M. Millerand, les. ministres et toutes les
personnalités de sa suite rentrent à la pré-
fecture, où a lieu un déjeuner intime.
Puis, à 15 heures, accompagné par MM.
Sarraut, ministre des colonies, Dior et
Steeg, M. Millerand visite longuement les
splendides palais de l'exposition coloniale.
Le soir, M. Millerand assiste au banquet
qui lui est offert par l'Exposition colo-
niale, dans le hall du palais Miehelet.'
Deux discours sont prononcés par M. Ar-
taud, commissaire général de l'Exposition,.
et M. Albert Sarraut, ministre dles colo-
nies. M. Millerand répond en quelques
mots et assiste ensuite à une merveilleuse
fête de nuit dans le décor oriental de l'Ex-
position.
Demain, dernière journée du voyage
présidentiel, M. Millerand visitera Aix,
Arles et La Bégude. G. D.
Les Concerts
Séances diverses
La semaine a été féconde eri concerts
de cantatrices célèbres et de virtuoses
réputés qui avaient choisi, en général,
des programmes d'oeuvres intéressantes.
Maria Barrientos nous est revenue
avec la perfection de son art du chant,
qui s'avère par de véritables sonorités
de. flûte dans les note élevées, avec son
sens musical affiné. Elle s'est fait enten-
dre dans une série d'airs classiques qu'il
faut avant tout la féliciter d'avoir choi-
sis plutôt que de s'être vouée unique-
ment aux morceaux due virtuosité vocale
par lesquels trop facilement les étoiles
du chant obtiennent l'applaudissement.
On l'a particulièrement fêtée, on l'a bis-
sée dans l'ariette « Rossignols amou-
reux », ), -de Rameau, qu'elle a chantée de
façon vraiment exquise. Mme Wanda
Landowska accompagnait Maria Bar-
rientos au clavecin avec ce goût, cette
pureté dont elle a le secret elle a jotiô
ensuite des pages de Pasquini, de Da-
quin, de Rameau, et surtout les Fastes
de la grande et ancienne M énestrandise,
de F. Couperin le Grand, qui lui ont va-
lu la plus chaleureuse des ovations.
De retour d'Amérique, Yvette Guil-
bert a donné, salle Gaveau, une série
d'auditions de chansons du moyen âge
nos jours. De jeunes élèves américai-
nes formaient les chœurs.. Ce qui carac-!
térise Yvette Guilbert c'est la suprême
intelligence. Ce fut une joie d'entendre
« les Plaintes dolentes des Trouba-
dours », dont elle rendit tour à tour la
nostalgie, la tendresse et l'esprit. Avec
CRielle malice) elle a dit ensuite la Lisette
de Bérat 1 Combien de cantatrices au-
raient pu puiser une' véritable leçon
dans l'art de phraser, dans l'articulation
d'Yvette Guilbert Et comme les jeunes
filles américaines stylées par elle font
honneur à leur professeur
Mme Jeanne Raunay avait choisi la
salle des quatuors Gaveau pour donner
un récital accompagné par le quatuor à
cordes AndoLfi et Mme Paneéra au pia-
no. Elles a dit avec une belle autorité et
une grande noblesse l'admirable Prolo-
gue die l'Orfeo, de Monteverdi, où la mute
sique apparaît et vient demander aux
spectateurs de lui prêter attention pour
qu'elle leur puisse expliquer le sujet de
la pièce. Mme Raunay a chanté ensuite
des œuvres de Marcel Labey et de Jean
Jongen, un Nocturne de JLekeiu, deux
originales mélodies de Sohy, la Chan-
son perpétuelle de Chausson, avec l'an
le plus délicat.
Au théâtre Mogador, une matinée mu.
sicale était donnée, samedi, avec une»
pléiade d'artistes d'élite, qui prêtaient
leur concours au bénéfice de l'œuvre du
Service social à l'hôpital. Ce fut un ré-
gal que d'entendre tour à tour M. Phi-
lippe Gaubert jouer avec M. Alfred Cor-
tôt la Sonate^en ?ni bémol pour flûte et
piano de Bach Mlle Doris Deittelhach'
prêter sa volx pure et expressive à des
pages de Mozart, de Schubert, de Schu>-
mann, Mlle Micheline Kahn exécutetr
avec M. Gaubert des pièces pour harpe
Sous les portiques des Uffizi, il y
a foule) elle essaye de se diriger
vers la Piazza della Signoria et n'y
parvient pas. Regrettant d'avoir re-
fusé les services du valet de pied, elle
revient sur ses pas pour essayer de sor-
tir du côté du Lung'Arnoi, mais de ce
côté aussi la foule Moque le passage. Elle
jette un regard autour d'elle. Personne
de connaissance à qui recourir Va-t-
elle être forcée d'arpenter les portiques
jusqu'à la fin de la séance ?
Tout à coup elle entend prononce»
son nom avec un accent de surprise.
Elle reconnaît la voix Bien que les bal-
les autrichiennes en aient altéré la pu-
reté, cette voix est reconnaissable entre
toutes.
Bianca que fais-tu ici, seule, sans
domestique? la séance n'est pas finie 1
Elle essaye d'expliquer qu'elle a be-
soin d'air, qu'elle veut être au palais Ri-
nuccini pom\ le retour de son grand-
père, mais l'expression de son visage
la trahit.
Bianca, qu'as-tu? demanda Mario.
Ce que j'ai ? Mais le spectacle au-
quel je viens d'assister est -horrible 1
Cet homme qui nous a conduits à la
honte Quelle inconscience du mal qu'il
a fait, quel dégradant spectacle incon-
solable douleur 1
Elle s'exalte en parlant, parce que
dans son coeur d'Italienne elle sent réel-
lement l'humiliation de la journéel et
aussi parce que cette souffrance lui
sert à masquer, l'autre, celle qu'elle ne
peut avouer.
(A suzvre.) DORA MELÊGARI
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