55° année. 3B série. N° 45689
C 5 h. du matin) PARIS ET départements 20 CENTIMES (5h. du matin)
/Arthur weyer\
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Pendant que, dans la plus grande par-
tie de notre pays, l'on entreprend le tra-
val vénérable et sacré des vendanges,
n'êtes-vous pas heureux de songer que,
dorénavant, les vendangeurs alsaciens
sont officiellement des vendangeurs
français ?
Les Allemands avaient détourné par
la force, du cortège qui accompagne le
Bacchus latin, une troupe de fidèles et
précieux serviteurs. Dans les temps où
la Bourgogne était heureuse, où le Bor-
delais continuait de faire briller ses, ru-
bis complaisants et paisibles, où la
Champagne laissait miroiter ses pâles
écumes de topazes, les crus -d'Alsace,
charmants et spirituels, appartenaient
par vol à de pensants buveurs de bière.
Nous n'hésitons pas à l'affirmer les bu-
vers de bière ne sont point des hom-
mes et, seuls, les pays où pousse la
vigne ont reçu la visite et .la protection
des dieux.
Nous vous convions, avant do débou-
cher cette bouteille de vin d'Alsace et
d'en savourer le délicat contenu, d'en
Considérer l'extérieur et la forme. Cette
'bouteille est longue, étroite, fine, et, pour
tout dire, un peu maigrie. Sa capacité est
moindre que celle de la. bouteille bour-
guignon-ne et de la bouteille bordelaise.
Mais il convient, pour satisfaire l'ima-
gination et pour servir la réalité, qu'il
en soit ainsi. En effet, le vin que con-
tient cette bouteille élancée n'est pas un
vin riche de lents secrets et de subtiles
nuances, permettant aux papilles de
faire, il chaque gorgée, de nouvelles dé-
couvertes. Dans le concert vinicole, ce
vin chante une petite chanson elle va
iu doux à l'aigu et le vent, rapidement-
'emporte. Ce n'est pas le beau violon-
:elle du Bourgogne, ni le violon lié et
;avant, du Bordeaux, ni la flûte d'or du
Champagne, ni le galoubet de buis que
l'on croit entendre en'dégustant les vins
du Rhône. Les vins d'Alsace, si l'on nous
@permet de poursuivre cette image, évo-
quent la salle d'auberge ouverte sur un
jardin plein de fleurs e4(bordé de sapins
dans lequel, à la voix gentille d une
jeune fille, répond le son aigrelet et ver-
delet du fifre. Un flacon pointu et fin est
donc parfaitement propre à « présenter »
un tel vin.
On peut/remarquer, au surplus,, que
chaque cru a créé une bouteille qui l'an-
nonce et, en quelque sorte, le symbolise.
1)ans la bouteille de Champagne, le vin
pétillant est enfermé comme dans un
obus, et sa. longue fusée vermeille est
j destinée à emporter la charge dans des
pays enchantées mais éphémères. Que
songeriez-vous du rustaud oui h'éprou»-
verait pas le moindre petit déplaisir, pas
la moindre petite déconvenue en trou-
vant du Chambertin dans une bouteille
dont la forme prédit le Château-Mar-
gaux ou le Haut-Brion ? Et la champê-
1 tre déesse du Chianti, qui pose son pied
robuste dans une sandale de maïs, ne
vous semble-t-elle pas, de la sorte, équi-
pée merveille pour parcourir les virgi-
liennes campagnes d'outré-Mont ?
Les vignobles de l'est ne ressemblent
pas plus.aux vignobles de l'ouest et du
centre que ne se ressemblent entre eux
des vins dont ces vignobles sont la
source. Autour de Riquewihr et de Kay-
sersberg, de Guebwiller et de Ribeau-
villé, les champs de vignes sont presque
des forêts. Les pampres grimpent sans
retenue et sans entrave le long- d'écha-
las qui ne sont guère moins élevés que
les perches où, non loin de là, pèse le
houblon vorace. Ces vignes forment,
d'ailleurs, de chaque côté des routes, des
ombrages dont la mouvante légèreté fait
la joie du* promeneur. Mais si ce prome-
neur est natif de Libourne ou de Dijon,
une pareille manière de cultiver là vigne
provoquera un peu sa surprise* sinon
son indignation.
Ces folles brandie, cependant, ont le
caprine nonchalant et l'allégresse facile
du vin que l'on tire des grappes alsa-
ciennes. On peut d'aildeurs remarquer
que, plus un vin est parfait, rare et
châtié, plus les ceps qui le praduisent
sont dirigé, dominés, asservis par le
travail de l'homme. Il en est des vins
comme des oeuvres d'art, comme des li-
vros les plus beaux, les plus durables,
les plus équilibrés, ne sont pas, d'habi-
tude, les plus libres, les plus spontanés.
Les petits ceps émondés, transformés et,
si l'on peut dire, rendus presque* abs-
traits, du Bordelais et de la Bourgogne,
sont les instruments _très civilisés d'un
ouvrage classique, comparable, peut-
être, à une tragédie de Racine, à un ta-
bleau de Poussin. Le Romanée-Conti, le
Ghâteau-Yquem sont, autant que des
produits de la nature, des produits de
l'esprit humain.
La collaboration de la nature est moins
surveillée sur les pentes des Vosges ou
dans les plaines de Lombardie. Ces
flexibles rameaux qui se balancent au-
tour des ruines de Ribeaupierre, où ces
opulentes guirlandes qui forment, d'un
ormeau à un autre ormeau, en Italie,
un perpétuel et solide feston végéta1,
donnent des vins dont il serait absurde
et coupable de dire le moindre mal.
Cependant, comparez les « vertus gus-
tatives d'un verre de Riesling à celles
d:u.n verre de Pouilly, ou d'un verre de
Barolo à celles d'un verre de Pommard.
Mais qu'il serait ingrat et injuste de
se livrer à un tel jeu
( L'équité, l'astuce, l'agrément consti-
tuent bien ,plutôt à aller déguster les
vins d'Alsace en Alsace, en y oubliant ce
qu'on peut trouver autre part de meil-
leur ou de différent. Nous conseillons
aux amateurs de.ne pas se borner à faire
la connaissance de ces vins, si traîtreu-
sement agréables, à Strasbourg et-à Col-
mar. Qu'ils aillent aussi dans les belles
et pacifiques petites villes qui, sur les
pentes de la montagne, au. bord de la
plaine du Rhin, offrent aux plus. sa-
vantes caresses du soleil les facettes
rouges, rosés et rousses de leurs vieilles
maisons.
Ces villes sont comme des pierres pré-
cieuses, cachées à demi dans les plis
luxueux et lustrés d'un grand manteau
de satin vert. Rien de plus émouvant
et plaisant que de se promener dans
-l'antique Riquewihr, déroulée sur la
pente, et qui est à la fois souriante et
dérobée. De chaque côté de la rue prin-
cipale, les demeures, marques de véné-
rables millésimes, ouvrent leurs vastes
portails ouvragés et sculptés. Ces por-
tails laissent voir des cours profondes,
peuplées de futailles et, au fond de ces
cours, d'autres portes s'ouvrent directe-
ment sur la campagne. Celle-c.i est en-
tièrement hérissée de vignes. Les feuilles
des pampres, ces dernières semaines en-
core, n'avaient point été touchées par
l'automne; et la, vivace verdure étince-
lait avec confiance, avec gaieté. A tra-
vers la double voûte d'architecture, les
vignobles apparaissaient comme une mer
mouvante et mystérieuse, et la ville était
solidement amarrée au milieu de ce gé-
néreux élément. Aussi l'heureuse Rique-
wihr se confie à sa fortune, et, autour
d'elle, chaque année renouvelle fidèle-
ment une parure qui n'est pas, comme
celle des nouveaux riches, une parure
d'emprunt, mais celle dont les fées, au
jour de sa naissance, enveloppèrent son
Jean-Louis Vaudoyer
UN ROMAN DE M. BOURGET
̃ Un de noms amis (7 eu la bonne fortune
de retrouver un roman de M. Paul Baur-
get qui n'a. jamais été .édité. En ayant
pris connaissance, nous avons pensé
qu'il aurait pour nos lecteurs, gui sans
doute l'ignorént, comme nous l'igorions
nous-même, l'intérêt puissant qui s'atla-
che à, toutes les oeuvres de l'illustre écri-
vain.
Non seulement M. P. Bourget nous a
généreusement autorisé. à publier ce
romaaa, mais il a tenu à en revoir tout
le détail et à y apporter des mpdifica-
tions qui /ont que c'est un sécond état
de cette oeuvre' que ato2cs mettons sous
les yeux du publie. Le Gaulois remercie
M. P. Bourget et commencera prochai-
nement
L'ÉCUYÈRE
Les Départements
Vont-ils bouger ?
On ne sait encore. Pourtant l'exemple vient
d'être donné par le département de la Haute-
Savoie, et nul n'ignore que tout exemple est
contagieux.
La Haute-Savoie en a assez, de s'appeler la
Haute-Savoie. A l'inverse de ce proscrit, à qui un
auteur de vieux mélodrame avait interdit de .porter
le nom de Piétro, elle n'aspire qu'à ne plus por-
ter le sien. Elle voudrait devenir le département
du Mont-Blanc.
C'est là, assurément, une aspiration élevée,
mais tout à fait légitime. De même que, lors-
qupn a un volcan, il ne faut pas être assez bête
pour le laisser étéindre, de même, quand on a
un Mont-Blanc, il convient de ne pas le laisser
se fondre dans l'oubli. Or trop de gens oublient
que, si le massif du Mont-Blanc a un versant
suisse et un versant français, le Mont-Blanc, lui,
est complètement sur notre territoire. Et, du mo-
ment que M. Millerand règle avec la Confédé-
ration helvétique la question des zones fran-
ches, il n'y a pas de raison pour que nous ne
réglions pas entre nous la question du Mont-
Blanc. Va donc pour le département du Mont-'
Blanc
Mais voyez ce qui se passe pour Landru.
N'a-t-il pas suffi qu'un citoyen, portant le-même
vocable que le pacha de Gambais, ait demandé à
changer de nom, pour qu'une trentaine de Lan-
drus se remuent à leur tour pour obtenir une
modification de leur état.civil? N'est-il pas à
craindre qu'un mouvement analogue se dessine
parmi nos départements, et que la Seine, par
exemple, ne se hausse jusqu'à vouloir prendre
le beau titre de département de la Butte-Mont-
martre ?
Ne sont-ils pas déjà encouragés dans une telle
voie par M. Louis Forest, mon excellent confrère
du Matin? M. Louis Forest estime qu'il est im-
possible de se débrouiller dans ce fouillis Loir-
et-Cher, Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure,
Loiret, Maine-et-Loire, Eure-et-Loir, Indre-et-
Loire fil il trouve que c'est là un casse-tête pour
nos écoliers. Ne peut-on lui répondre que ce
casse-tête a au moins pour résultat de leur'ap-
prendre la géographie?
Et n'est-ce point dans ce dessein, que des
esprits ingénieux avaient imaginé toute une
série d'alexandrins mnémotechniques? Quel-
ques-uns sont célèbres, comme
Va, lance ton coursier dans ce vaste /n'ppo-Drome
ou
Rions, car voilà Thiers en périssoire [Ambert
ou encore
Oh! là là, finis c't'air, ou je vais déquimper.
Quoi qu'il en soit, la nomenclature de nos
départements ne se trouve-t-elle pas menacée?
Mon Dieu, je sais bien que certains ont été bap-
tisés en dépit du bon sens, notamment le dé-
partement d'Ille-et-Vilaine qui consacre une
grossière faute grammaticale, une faute d'ac-
cord. C'est comme si l'on disait « Ette est
vilain. »
Ma;s il y a pourtant des départements aux
noms desquels il faudrait se garder de toucher.
En premier lieu, la Marne, et je n'ai vraiment
pas besoin de dire pourquoi. D'autres noms ont
un caractère symbolique. Rien ne caractérise-toit
mieux les difficultés matérielles que nous subis-
sons que l'Ardèche, le Cher, le Loir-et-Cher?
Jamais, le fait est certain, le Loir n'a été plus
Cher qu'aujourd'hui. Quant au- département de
l'Eure, il faudrait, si nous ne l'avions déjà, l'in-
venter, depuis l'heureuse initiative de M. Honno-
rat. La Gironde caractérise admirablement la
beauté des Bordelaises. Et, si je parle du Jura,
mais un peu tard, c'est pour regretter qu'il n'ait
pas pour chef-lieu Château-Thierry, patrie de
notre grand La Fontaine.
Non, il ne faut pas toucher à ces départe-
ments-là Et si l'on veut toucher aux autres,
qu'on le fasse d'une main prudente. Car on ris-
querait de chambarder la physionomie- de notre
pays. Et celui qui tenterait une telle entreprise
serait évidemment fou (Allier).
Adrien Vély
LE CHOIX
Ce n'est pas un fonctionnaire que l'on
nommera la semaine prochaine it Ver-
sailles ce n'est pas un chef de parti
que l'on va tirer du Parlement pour le
porter au pouvoir suprême ni un hom-
me politique qu'il s'agit de récompenser
de sa bonne conduite, c'est tir représen-
tant de la France que doit élire le Con-
grès Dès le lendemain, le nouveau pré-
sident de la répnbliquâ, par les drama-'
tiques circonstances de- son élection et
par la situation de notre pays devant le
monde se trouvera brusquement dans la
plus éclatante lumière et, chargé de plus
de responsabilités morales que s'en a
comporté jusqu'ici la fonction. Qu'il le
veuille ou non, que la Constitution l'ait
ou ne l'ait pas prévu, le premier magis-
trat de l'Etat français a désormais, en
effet, la charge du prestige national.
La gloire, pour un pays, n'est pas un
mot vide de sens et de réalité, un appel
à l'orgueil et à l'exaltation, elle est un
fait et une valeur. Elle se traduit en
prospérité chez tous les citoyens si on
sait en entretenir le culte. Elle devient
industrie, commerce, bien-être social.
Elle facilite les rapports avec les autres
peuples, elle est une force de la paix.
Nous avons trop de gens en France
disposés à la laisser flétrir, à la consi-
dérer comme une superfluité, un luxe
indigne d'une démocratie. C'est presque
une mode intellectuelle dans certains
milieux littéraires et dans certains
milieux politiques, on ne songe qu'à se
débarrasser le plus tôt possible des glo-
rieux souvenirs de la Victoire.
Ce serait une sorte de catastrophe si
de pareilles idées fixaient le choix du
Congrès de Versailles sur quelque per-
sonnage honnête, médiocre et effacé, et
non sur un représentant authentique de
l'intelligence et de la volonté françaises.
Je sais bien que, quand on parle ainsi,
on a toujours l'air de vouloir poser en
secret la candidature d'un soldat qui
escamoterait la république. Mais la
France n'a pas due ses illustrations mili-
taires elle a des hommes d'Etat d'un
relief puissant, dont les noms sont sur
toutes les lèvres. Est-ce prétendre peser
sur l'opinion que de citer M. Millerand ?
Il n'est pas candidat, parait-il. Aussi
n'avons-nous pas à le désigner. Le nom
ne nous sert qu'à montrer à quelle taille
doit se hausser le nouveau chef de
l'Etat. N'allons pas jusqu'à dire qu'en
lui donnant pour premier magistrat un
simple honnête homme, digne et cor-
dial, on humilierait le pays Non, évi-
demment, mais on lui laisserait une
déception cuisante et la lourde impres-
sion que l'on méconnaît son génie.
Alfred Capus
de l'Académie française
Nous publierons demain un article de
not/pe. éminent collaborateur M. Frédéri.c
Masson, de l'Académie française La
leçon des folles.
EST-CE UN ATTENTAT ANARCHISTE?
Terrible explosion
Une bombe éclate devanf la banque
Morgan 50 morts, 200 blessés
On mande de New- York qu'une bombe a
fa.it explosion hier, après-midi, devant le
nn 36 de Wall-Street, où ce trouve le siège
social de la. Banque Morgan, qui fait face à
:l,a Bourse.
D'après les premières nouvelles 50 per-
sonnes ont été tuées et 200 blessées. Plu-
sieurs jeunes filles sont. parmi les victi-
mes.
La façade de la Banque a été démolie,
ainsi que la partie où se trouve la sous-
trésorerie. L'explosion a été formidable,
en plein centre financier, brisant toutes les
vitres aux alentours.
Immédiatement après l'explosion de
Wall-Street, une foule de gens pris de pa-
niqua se sont précipités hors des graürls
immeubles commerciaux qui semblaient
avoir été ébranlés jusqu'à leurs fondations.
Des fenêtres des bureaux de l'agence
Reuter, dans Wall-Street, on pouvait voir
de nombreux blessés gisant sur la chaussée
dans des mares de sang. Des centaines de
policiers arrivant très rapidement sur .les
lieux en même temps que plusieurs, pom-
pes à incendie.
Le fils de M. Pierpont Morgan, qui se
trouvait dans la rue, a été blessés par des
éclats de verra.
Les causes de l'explosion
Les plus étranges rumeurs se répandent
sur les causes du désastre. mais rien de
défini n'est encore connu à ce sujet.
Le lieu de l'explosion est gardé par un
cordon d'agents et de troupe régulière. '1
D'après les derniers renseignements, en-
core sans confirmiation, sur la cause de
r.«}.seraient rendus devant la Banque Morgan
,et y amuraient jeté une bombe.
Les restes d'une automobile mise en miet-
tes ont-été découverts par la suite dans ces
parages.
Cette version est toutefois l'objet d'inves-
tigations de la part de la police.
Une autre version dit, par contre, que
t'explogion test le résultat d'une collision
entre une automobile et un camion chargé
de dynamite. r
̃♦- j
ouvrière en Italie
M. Giolitti accepte le principe du
contrôle des ouvriers sur les usines
M. Giolitti, après avoir entendu les
représentants des industriels et des
ouvriers convoqués par lui à Turin, a
résolu la question du contrôle des usines
en nommant, par décret, une commis-
sion composée d'industriels et d'ouvriers
chargés de préparer un projet de loi que
le gouvernement présentera il la Cham-
bre à sa rentrée.
Telle est la nouvelle qui nous arrive
de Home.- Cette décision, dont on ne peut
prévoir les conséquences, avait été éner-
giquement combattu, par les industriels,
mais, nous dit le Giornale, M, Giolitti
les exhorta à accepte]* et combattit leurs
arguments en faisant. comprendre que,
si le contrôle n'était pas accepté d'un
commun accord, il serait appliqué par
le gouvernement, qui ferait voter une loi
spéciale.
C'est la solution à' Laquelle il s'est
arrêté.
Les Échos
Bravo M. Autrand
Tous ceux qui ont affaire- dans les
administrations publiques sont quelque
peu scandalisés de la chaleur exagérée
qui y règne d'octobre à mai.
M. Autrand est bien trop Parisien
pour n'en avoir pas fait la remarque
l'année dernières. Avec raison, il trouve
inconvenant que les fonctionnaires de
son administration soient c,hauffés a
l'excès, alors qu'ils, rédigent et appli-
quent les règlements sur la restriction
du charbon dans les foyers domestiques.
Donc, pour l'hiver prochain, les ordres
sont .sévères il faudra que M.tL,e,bu-
veau sache se restreindre comme tout le
monde, ou sinon il apprendra à ses dé-
pens. de quel bois se chauffe le préfet
de la Seine.
Septembre est le mois des congrès cor-
poratifs. En, cette période de vie toujours
plus chère, il faut se méfier des congrès
corporatifs, car on ne manque jamais
d'y discuter des augmentations de salai-
res ou de traitements. Et quand ce sont
des commerçants qui se réunissent, c'est
le même couplet qui se chante sur le dos
des consommateurs.
Le dernier congrès de ce genre fut
celui des coiffeurs. Dans quelques jours,
des affiches' seront apposées dans les
« salons H de Paris, prévenant la clien-
tèle qu'il en croûtera cinquante centimes
de plus pour se faire tailler les cheveux.
Les autres opérations » subiront
vraisemblablement une hausse propor-
tionnelle, de telle sorte qu'il ne faudra
pas s'étonner si, au moment de passer à
la caisse, le garçon annonce
Complet, shampoing, friction.
dix francs
,La vie est belle.
Psychologie et tramways,
Pendant plusieurs mois, la Compagnie
des omnibus avait fait afficher, dans
tous les tramways dont les lignes sont
exploitées par elle, cet avis dont le fond
et la forme étaient également louables
« Dans l'intérêt du service et par consé-
quent du public lui-même, on est prié
de ne pas stationner dans les couloirs
des compartiments. »
Et les couloirs étaient toujours pleins.
Récemment, la Compagnie s'est réso-
lue à faire remplacer cet avis par le sui-
vant « Sous peine de contravention, il
est expressément interdit de stationner
dans les couloirs des compartiments. »
Et mainteant les couloirs sont vides.
Cela prouve une fois de plus qu'il faut
toujours s'adresser v l'intelligence et à
la raison des foules.
L'oncle d'un des 'créateurs du fameux
mouvement dada vient de passer quel-
ques jours de vacances. avec son neveu.
Ecoute, lui dit-il un soir, je veux
en avoir le cœur net. Votre mouvement
dada est-ce, une fumisterie, ou bien pre-
nez-vous réellement la chose au sérieux ?
Voyons, mon oncle, vous avez as-
sisté, n'est-ce pas, à notre grande mani-
festation du mois de juin?. Vous avez
Tu peux le dire.
Eh bien, alors. que demandez-
vous de plus ?
L'oncle fut fixé.
Et nous le sammes
Que la Parisienne est jolie sous le cha-
peau de velours qu'elle arbore si allè-
grement Les superbes reflets de sa che-
velure nous révèlent l'emploi régulier
de l'Extrait Capillaira des- Bénédictins
du Mont Majella, seul capable de toni-
fier les cheveux et d'arrêter leur déco-
loration. Il porte comme caractère d'au-
thenticité le nom de l'administrateur
E. Senet, 26, rue du Quatre-Septembre,
pendant que la Parfumerie Ninon, toute
voisine, voit le succès du Véritable Lait
de Ninon, le plus sur des talismans de
beauté.
bA.CtllSE
La Démission de M. Beschanel
LE PRÉSIDENT A REMIS HIER A M. MILLERAND SA LETTRE DE
DÉMISSION. LE CONSEIL DE CE- MATIN. LES CHAMBRES
SERAIENT CONVOQUÉES MARDI PROCHAIN.
M. Miller aixd, président du conseil,
arriv'é à Paris dans la rriatinée, s'est
rendus hier, cinq heures du soir, à
Rambouillet, où il a eu un entretien de
plus d'une heure'avec M. le président de
la république.
M. Deschanel a confirmé au président
du conseil sa décision irrévocable de
renoncer il l'exercice de sa magistrature.
Les raisons qu'il fit valoir ne souf fraient
aucune objection.. M. Millerand n'eut
M, Deschanel a remis alors il M. Mil-
lerand la lettre dans laquelle le présidents
de la république fait, connaître sa déter-
mination aux Chambres et en expose
brièvement les raisons.
M. Millerand ,se retira un peu auprès
six heures, arfrrès avoir salué Mme Des-
chanel. A. sept heures, il, était de retour
ri sa viWi de la rue Mansart, il Versailles.
M. Millerand, ferrc coünaître ce malin
le résuhat de son entretien avec le prési-
dont de la république aux membre,s de
son cabinet et leur donrtera lecture de
la lettre de Des-
chanel.
A. l'issue de cette réunion, M. Mille.-
rand se rendra, au palais du Luxem-
bourg, où il sera l,'hôte, lr de
M. Léon Bourgeois, présidents du Sénat.
M. Raoul Pé.ret, président de la Cham-
bre, sera également présent. Tous trois
examineront de concert la situation et
arrêteront la date de convocation des
Chambre.
ba Convocation
du Parlement
La question qui préoccupe surtout le
monde politique est celle de La, date à
pour entendre lecture du message de
démission du Président.
Deux dates sont mises en avant celles
du 21 et du 23 septembre. Si les Cham-
bres étaient convoquées le 21, c'est-à-
dire mardi, le Congrès aurait lieu le 23,
jeudi si, au contraire, le
Parlement se réunit le 23, le Congrès
n'aura lieu que le samedi 25.
La majorité des députés semble incli-
ner pour la date la plus rapprochée, soit
pour mardi prochain.
̃ Rien n'est encore fixé sur cette ques-
tion de date, nous a-t-on dit hier à la
présidence du conseil. Il ne dépend pas
du gouvernement seul de procéder à la
convocation du Parlement. Le président
du conseil s'est entretenu de cette for-
malité au cours de l'entretien qu'il a eu
avec M. Desehanel aujourd'hui, M.
Millerand aura il ce sujet une conversas
tion avec les présidents du Sénat et de
la Chambre, qui arrêteront d'un com-
mun accord la date de convocation. Ce
n'est donc que cet après-midi que l'on
sera fixé sur ce point.
La convocation aura-t-elle lieu par dé-
cret ? Cela est probable. Comme le gou-
vernement a, toujours le droit de réunir
le Parlement en session extraordinaire,
il usera de ce droit et c'est par décret
que les Chambres seront convoquées
pour communication du gouverne-
ment ».
Le jour même de la rentrée, qu'elle
ait lieu mardi ou ieudi, lecture sera
donnée dans chaque Assemblée du mes-
sage présidentiel.
On assurait, il y a quelques jours,
que, dans cette lettre-message, M. Des-
chanel, après avoir dit les causes de sa
détermination, laisserait entendre que le
rôle trop restreint du président de la
république lui aurait rendu pénible, à
ses débuts, l'exercice de la haute ma-
gistrature et qu'il nenforcerait ainsi
l'opinion déjà exprimée par son prédé-
cesseur, M. Poincaré.
Selon la date choisie, le Congrès au-
rait donc lieu soit jeudi, soit samedi
Le lendemain du Congrès, les Cham-
bres se réuniront pour entendre la lec-
ture du message inaugural du nouveau
chef de l'Etat et ensuite recevoir com-
munication d'un décret prononçant la
clôture de cette courte session de quatre
jours. Les Chambres se sépareraient
pour ne revenir, errcoré en session ex-
traordinaire, que dans les premiers jours
du mois de novembre.
F est évident que iuut ce plan n'est éta-
bli que dans la prévision où M. Mille-
rand persisterait à décliner toute candi-
dature à la succession de M. Deschanel,
LE REFUS DE M. MILLERAND
Le refus du président du conseil de
laisser poser sa candidature, fut très vi-
vement commenté, hier, dans les cou-
Plusieurs députés affirmaient que la
décision de M. Millerand n'était pas
irrévocable et qu'on ferait les plus
grands efforts pour amener le président
du conseil à modifier son attitude.
Bientôt, en effet,-les groupes de la
Chambre et du Sénat vont se réunir pour
examiner la situation. A ce moment,
des délégations de certains groupements
politiques se rendront auprès de M-, Mil-
lerand pour qu'il accepte de prendre la
charge de l'Exécutif et ne tienne pas
pour définitive la déclaration qu'il a
faite.
D'ailleurs, avant le Congrès, il oy aura
probablement au Luxembourg une réu-
nion plénière des groupes des deux as-
semblées pour se mettre d'accord sur
le nom d'un candidat. Cette procédure,
on le sait, a été suivie lors des précé-
dentes élections présidentielles. Elle sera
vraisemblablement reprise cette fois en-
colle.
Louis Lambert
AU PALAIS-BOURBON
La journée de M, Jonnart
Un jeune député, habitué de Long-
champ, résumait ainsi, hier soir, l'état
de la course a l'Elysée, â la façon, d'un
bookmaker
Je donne grand favori, M. Mille-
rand seconde favori, M. JothmuI out-
siders, MM. Raoul Péret et Pams. Dans
le peloton, MM. Louis l3arthou, Hibot,
Arago, Georg.es Leygues, de Selves, Dou-
morgue et René Renault.
C'est a peu près exact, autant que lE
peut être un pronostic, cinq ou six jours
au poteau
Hier, le salon de la Paix n'était pas
plus animé que la veille, bien que les
députés fussont, plus nombreux. J'aper-
çois deux questeurs affairés, MM. Lenail
et Duclaux-Monteil et MM. Vincent
Auriol, Ellen-Prevost, Moutet, Aubriot.
Bokanowski, Marcel Habert, Fleury-Ra-
varin, Villeneau, Ignace, etc.
M. Moro-Giafferi fait de l'esprit et dé-
plore l'accident .présidentiel. M. Gels,
ancien sous-secrétaire d'Etat, pense qu'il
faudra, imposer à NI. Millerand le de.
voir d'être candidat et l'honneur d'être
élu. M. Marc Doussaud songe à convo-
quer pour mardi les présidents de grou-
pes.
On constate l'absence de tous les lea-
ders, ainsi que celle ile M. Raoul Pérel
et des attachés de son. cabinet du
moins, s'ils sont au Palais-Bourbon, ils
demeurent invisibles- Cette discrétion
est très remarquée.
M. Raoul Persil, lo nouveau, député
de Loir-et-Cher, ancien chef de cabinet
de M. Millerand, confirme que le pré-
sident du conseil ne veut a aucun prix
devenir président de la république. On
apprend, d'autre part, qu'à Lausanne
même, M. Millerand a littéralement crié
dr des journalistes amis un non énergi-
que et trois fois répété.
Damc tout cela semble bien indiquer
que la décision négative du président
du conseil est irrévocable. Malgré tout,
quelques-uns espèrent encore un revire-
ment ou bien une manifestation telle-
ment imposante de la volonté du Parle-
ment que M. Millerand serait élu mal-
gré lui On opposerait à son entêtement
bien connu, et qui est une de ses quai-
tés, une obstination égale.
Néanmoins, des amis du président du
conseil et un certain nombre de séna-
teurs et de députés sont déjà résolus,
si M. Millerand demeure irréductible,
à offrir la candidature à M. Jonnart.
Aussi le nom du sénateur du Pas-de-
Calais revient-il dans toutes les conver-
sations comme un leit motiv.
Il est remarquable, dit un vieux
parlementaire, que la carrière de l'ho-
norable M. Jonnart a de quoi satisfaire
tous les partis,. En effet, jeune ministre
des travaux publics dans le cabinet
Casimir-Perier, il se signale par un dis-
cours énergique contre les mineurs so-
cialistes et devient aussitôt un des
grands espoirs du centre progressiste.
Six ans plus tard., il est un des remparts
du cabinet Waldeck-Rousseau et de la
« défense républicaine ce qui lui vaut
le gouvernement général de l'Algérie,
poste qu'il a occupé à trois reprises,
avec une véritable distinction et une
rare autorité. Le rôle joué par M. Jon-
nart en Algérie en fait le plus remar-
quable des gouverneurs civils avec M;
Revoil. Et l'on n'a pas oublié avec quelle
rapidité, quelle adresse et quelle fer-
meté il remplit, or àûl7, la mission que
lui avait confiée M. RiDOfc en Grèce. Par
ailleurs, M. Jonnart, qui eut pour beau-
père feu M. Edouard Aynard, le grand
banquier lyonnais, est un homme rompa
aux plus grandes affaires et d'une telle
compétence financière qu'il préside de
façon remarquable le conseil d'admiilis-
tration de la Compagnie de Suez.
N'oubliez pas un des titres moraux
de M. Jonnart. il appartient de coeur
et de fait la France dévastée. Prési-
dent du conseil général du Pas-de-Ca-
lais, il connaît les souffrances et les be.
soins des populations des régions libé-
rées. Beaucoup de nos collègues s'en
souviendront.
Cela me paraît tout à fait vraisem-
blable, je dirai même logique.
A propos, M. Aristide Briand est;1
à Paris ?
J'allais vaus le demander.
Un de ses fidèles m'assure qu'il est
C 5 h. du matin) PARIS ET départements 20 CENTIMES (5h. du matin)
/Arthur weyer\
directeur
REDACTION ADMINISTRItToN
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Trois moii» t5 fr. | Un an. 64 te-^T
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Dans .la « DERNIERE HEURE
Le Résumé en Anglais di^ vt
INFORMATIONS POLITIQUES, ÉCONOB!ig«ES Jl-
FINANCIÈRES
DIAMÉRIQUE et D'ANGLETERRE#
COMMUNIQUÉES PAR LE
NEW YORK pAL^X
TÉLÉPHONE Gut. 02.37 Cent.09.00 Louvre 12.21
Pendant que, dans la plus grande par-
tie de notre pays, l'on entreprend le tra-
val vénérable et sacré des vendanges,
n'êtes-vous pas heureux de songer que,
dorénavant, les vendangeurs alsaciens
sont officiellement des vendangeurs
français ?
Les Allemands avaient détourné par
la force, du cortège qui accompagne le
Bacchus latin, une troupe de fidèles et
précieux serviteurs. Dans les temps où
la Bourgogne était heureuse, où le Bor-
delais continuait de faire briller ses, ru-
bis complaisants et paisibles, où la
Champagne laissait miroiter ses pâles
écumes de topazes, les crus -d'Alsace,
charmants et spirituels, appartenaient
par vol à de pensants buveurs de bière.
Nous n'hésitons pas à l'affirmer les bu-
vers de bière ne sont point des hom-
mes et, seuls, les pays où pousse la
vigne ont reçu la visite et .la protection
des dieux.
Nous vous convions, avant do débou-
cher cette bouteille de vin d'Alsace et
d'en savourer le délicat contenu, d'en
Considérer l'extérieur et la forme. Cette
'bouteille est longue, étroite, fine, et, pour
tout dire, un peu maigrie. Sa capacité est
moindre que celle de la. bouteille bour-
guignon-ne et de la bouteille bordelaise.
Mais il convient, pour satisfaire l'ima-
gination et pour servir la réalité, qu'il
en soit ainsi. En effet, le vin que con-
tient cette bouteille élancée n'est pas un
vin riche de lents secrets et de subtiles
nuances, permettant aux papilles de
faire, il chaque gorgée, de nouvelles dé-
couvertes. Dans le concert vinicole, ce
vin chante une petite chanson elle va
iu doux à l'aigu et le vent, rapidement-
'emporte. Ce n'est pas le beau violon-
:elle du Bourgogne, ni le violon lié et
;avant, du Bordeaux, ni la flûte d'or du
Champagne, ni le galoubet de buis que
l'on croit entendre en'dégustant les vins
du Rhône. Les vins d'Alsace, si l'on nous
@permet de poursuivre cette image, évo-
quent la salle d'auberge ouverte sur un
jardin plein de fleurs e4(bordé de sapins
dans lequel, à la voix gentille d une
jeune fille, répond le son aigrelet et ver-
delet du fifre. Un flacon pointu et fin est
donc parfaitement propre à « présenter »
un tel vin.
On peut/remarquer, au surplus,, que
chaque cru a créé une bouteille qui l'an-
nonce et, en quelque sorte, le symbolise.
1)ans la bouteille de Champagne, le vin
pétillant est enfermé comme dans un
obus, et sa. longue fusée vermeille est
j destinée à emporter la charge dans des
pays enchantées mais éphémères. Que
songeriez-vous du rustaud oui h'éprou»-
verait pas le moindre petit déplaisir, pas
la moindre petite déconvenue en trou-
vant du Chambertin dans une bouteille
dont la forme prédit le Château-Mar-
gaux ou le Haut-Brion ? Et la champê-
1 tre déesse du Chianti, qui pose son pied
robuste dans une sandale de maïs, ne
vous semble-t-elle pas, de la sorte, équi-
pée merveille pour parcourir les virgi-
liennes campagnes d'outré-Mont ?
Les vignobles de l'est ne ressemblent
pas plus.aux vignobles de l'ouest et du
centre que ne se ressemblent entre eux
des vins dont ces vignobles sont la
source. Autour de Riquewihr et de Kay-
sersberg, de Guebwiller et de Ribeau-
villé, les champs de vignes sont presque
des forêts. Les pampres grimpent sans
retenue et sans entrave le long- d'écha-
las qui ne sont guère moins élevés que
les perches où, non loin de là, pèse le
houblon vorace. Ces vignes forment,
d'ailleurs, de chaque côté des routes, des
ombrages dont la mouvante légèreté fait
la joie du* promeneur. Mais si ce prome-
neur est natif de Libourne ou de Dijon,
une pareille manière de cultiver là vigne
provoquera un peu sa surprise* sinon
son indignation.
Ces folles brandie, cependant, ont le
caprine nonchalant et l'allégresse facile
du vin que l'on tire des grappes alsa-
ciennes. On peut d'aildeurs remarquer
que, plus un vin est parfait, rare et
châtié, plus les ceps qui le praduisent
sont dirigé, dominés, asservis par le
travail de l'homme. Il en est des vins
comme des oeuvres d'art, comme des li-
vros les plus beaux, les plus durables,
les plus équilibrés, ne sont pas, d'habi-
tude, les plus libres, les plus spontanés.
Les petits ceps émondés, transformés et,
si l'on peut dire, rendus presque* abs-
traits, du Bordelais et de la Bourgogne,
sont les instruments _très civilisés d'un
ouvrage classique, comparable, peut-
être, à une tragédie de Racine, à un ta-
bleau de Poussin. Le Romanée-Conti, le
Ghâteau-Yquem sont, autant que des
produits de la nature, des produits de
l'esprit humain.
La collaboration de la nature est moins
surveillée sur les pentes des Vosges ou
dans les plaines de Lombardie. Ces
flexibles rameaux qui se balancent au-
tour des ruines de Ribeaupierre, où ces
opulentes guirlandes qui forment, d'un
ormeau à un autre ormeau, en Italie,
un perpétuel et solide feston végéta1,
donnent des vins dont il serait absurde
et coupable de dire le moindre mal.
Cependant, comparez les « vertus gus-
tatives d'un verre de Riesling à celles
d:u.n verre de Pouilly, ou d'un verre de
Barolo à celles d'un verre de Pommard.
Mais qu'il serait ingrat et injuste de
se livrer à un tel jeu
( L'équité, l'astuce, l'agrément consti-
tuent bien ,plutôt à aller déguster les
vins d'Alsace en Alsace, en y oubliant ce
qu'on peut trouver autre part de meil-
leur ou de différent. Nous conseillons
aux amateurs de.ne pas se borner à faire
la connaissance de ces vins, si traîtreu-
sement agréables, à Strasbourg et-à Col-
mar. Qu'ils aillent aussi dans les belles
et pacifiques petites villes qui, sur les
pentes de la montagne, au. bord de la
plaine du Rhin, offrent aux plus. sa-
vantes caresses du soleil les facettes
rouges, rosés et rousses de leurs vieilles
maisons.
Ces villes sont comme des pierres pré-
cieuses, cachées à demi dans les plis
luxueux et lustrés d'un grand manteau
de satin vert. Rien de plus émouvant
et plaisant que de se promener dans
-l'antique Riquewihr, déroulée sur la
pente, et qui est à la fois souriante et
dérobée. De chaque côté de la rue prin-
cipale, les demeures, marques de véné-
rables millésimes, ouvrent leurs vastes
portails ouvragés et sculptés. Ces por-
tails laissent voir des cours profondes,
peuplées de futailles et, au fond de ces
cours, d'autres portes s'ouvrent directe-
ment sur la campagne. Celle-c.i est en-
tièrement hérissée de vignes. Les feuilles
des pampres, ces dernières semaines en-
core, n'avaient point été touchées par
l'automne; et la, vivace verdure étince-
lait avec confiance, avec gaieté. A tra-
vers la double voûte d'architecture, les
vignobles apparaissaient comme une mer
mouvante et mystérieuse, et la ville était
solidement amarrée au milieu de ce gé-
néreux élément. Aussi l'heureuse Rique-
wihr se confie à sa fortune, et, autour
d'elle, chaque année renouvelle fidèle-
ment une parure qui n'est pas, comme
celle des nouveaux riches, une parure
d'emprunt, mais celle dont les fées, au
jour de sa naissance, enveloppèrent son
Jean-Louis Vaudoyer
UN ROMAN DE M. BOURGET
̃ Un de noms amis (7 eu la bonne fortune
de retrouver un roman de M. Paul Baur-
get qui n'a. jamais été .édité. En ayant
pris connaissance, nous avons pensé
qu'il aurait pour nos lecteurs, gui sans
doute l'ignorént, comme nous l'igorions
nous-même, l'intérêt puissant qui s'atla-
che à, toutes les oeuvres de l'illustre écri-
vain.
Non seulement M. P. Bourget nous a
généreusement autorisé. à publier ce
romaaa, mais il a tenu à en revoir tout
le détail et à y apporter des mpdifica-
tions qui /ont que c'est un sécond état
de cette oeuvre' que ato2cs mettons sous
les yeux du publie. Le Gaulois remercie
M. P. Bourget et commencera prochai-
nement
L'ÉCUYÈRE
Les Départements
Vont-ils bouger ?
On ne sait encore. Pourtant l'exemple vient
d'être donné par le département de la Haute-
Savoie, et nul n'ignore que tout exemple est
contagieux.
La Haute-Savoie en a assez, de s'appeler la
Haute-Savoie. A l'inverse de ce proscrit, à qui un
auteur de vieux mélodrame avait interdit de .porter
le nom de Piétro, elle n'aspire qu'à ne plus por-
ter le sien. Elle voudrait devenir le département
du Mont-Blanc.
C'est là, assurément, une aspiration élevée,
mais tout à fait légitime. De même que, lors-
qupn a un volcan, il ne faut pas être assez bête
pour le laisser étéindre, de même, quand on a
un Mont-Blanc, il convient de ne pas le laisser
se fondre dans l'oubli. Or trop de gens oublient
que, si le massif du Mont-Blanc a un versant
suisse et un versant français, le Mont-Blanc, lui,
est complètement sur notre territoire. Et, du mo-
ment que M. Millerand règle avec la Confédé-
ration helvétique la question des zones fran-
ches, il n'y a pas de raison pour que nous ne
réglions pas entre nous la question du Mont-
Blanc. Va donc pour le département du Mont-'
Blanc
Mais voyez ce qui se passe pour Landru.
N'a-t-il pas suffi qu'un citoyen, portant le-même
vocable que le pacha de Gambais, ait demandé à
changer de nom, pour qu'une trentaine de Lan-
drus se remuent à leur tour pour obtenir une
modification de leur état.civil? N'est-il pas à
craindre qu'un mouvement analogue se dessine
parmi nos départements, et que la Seine, par
exemple, ne se hausse jusqu'à vouloir prendre
le beau titre de département de la Butte-Mont-
martre ?
Ne sont-ils pas déjà encouragés dans une telle
voie par M. Louis Forest, mon excellent confrère
du Matin? M. Louis Forest estime qu'il est im-
possible de se débrouiller dans ce fouillis Loir-
et-Cher, Loire, Haute-Loire, Loire-Inférieure,
Loiret, Maine-et-Loire, Eure-et-Loir, Indre-et-
Loire fil il trouve que c'est là un casse-tête pour
nos écoliers. Ne peut-on lui répondre que ce
casse-tête a au moins pour résultat de leur'ap-
prendre la géographie?
Et n'est-ce point dans ce dessein, que des
esprits ingénieux avaient imaginé toute une
série d'alexandrins mnémotechniques? Quel-
ques-uns sont célèbres, comme
Va, lance ton coursier dans ce vaste /n'ppo-Drome
ou
Rions, car voilà Thiers en périssoire [Ambert
ou encore
Oh! là là, finis c't'air, ou je vais déquimper.
Quoi qu'il en soit, la nomenclature de nos
départements ne se trouve-t-elle pas menacée?
Mon Dieu, je sais bien que certains ont été bap-
tisés en dépit du bon sens, notamment le dé-
partement d'Ille-et-Vilaine qui consacre une
grossière faute grammaticale, une faute d'ac-
cord. C'est comme si l'on disait « Ette est
vilain. »
Ma;s il y a pourtant des départements aux
noms desquels il faudrait se garder de toucher.
En premier lieu, la Marne, et je n'ai vraiment
pas besoin de dire pourquoi. D'autres noms ont
un caractère symbolique. Rien ne caractérise-toit
mieux les difficultés matérielles que nous subis-
sons que l'Ardèche, le Cher, le Loir-et-Cher?
Jamais, le fait est certain, le Loir n'a été plus
Cher qu'aujourd'hui. Quant au- département de
l'Eure, il faudrait, si nous ne l'avions déjà, l'in-
venter, depuis l'heureuse initiative de M. Honno-
rat. La Gironde caractérise admirablement la
beauté des Bordelaises. Et, si je parle du Jura,
mais un peu tard, c'est pour regretter qu'il n'ait
pas pour chef-lieu Château-Thierry, patrie de
notre grand La Fontaine.
Non, il ne faut pas toucher à ces départe-
ments-là Et si l'on veut toucher aux autres,
qu'on le fasse d'une main prudente. Car on ris-
querait de chambarder la physionomie- de notre
pays. Et celui qui tenterait une telle entreprise
serait évidemment fou (Allier).
Adrien Vély
LE CHOIX
Ce n'est pas un fonctionnaire que l'on
nommera la semaine prochaine it Ver-
sailles ce n'est pas un chef de parti
que l'on va tirer du Parlement pour le
porter au pouvoir suprême ni un hom-
me politique qu'il s'agit de récompenser
de sa bonne conduite, c'est tir représen-
tant de la France que doit élire le Con-
grès Dès le lendemain, le nouveau pré-
sident de la répnbliquâ, par les drama-'
tiques circonstances de- son élection et
par la situation de notre pays devant le
monde se trouvera brusquement dans la
plus éclatante lumière et, chargé de plus
de responsabilités morales que s'en a
comporté jusqu'ici la fonction. Qu'il le
veuille ou non, que la Constitution l'ait
ou ne l'ait pas prévu, le premier magis-
trat de l'Etat français a désormais, en
effet, la charge du prestige national.
La gloire, pour un pays, n'est pas un
mot vide de sens et de réalité, un appel
à l'orgueil et à l'exaltation, elle est un
fait et une valeur. Elle se traduit en
prospérité chez tous les citoyens si on
sait en entretenir le culte. Elle devient
industrie, commerce, bien-être social.
Elle facilite les rapports avec les autres
peuples, elle est une force de la paix.
Nous avons trop de gens en France
disposés à la laisser flétrir, à la consi-
dérer comme une superfluité, un luxe
indigne d'une démocratie. C'est presque
une mode intellectuelle dans certains
milieux littéraires et dans certains
milieux politiques, on ne songe qu'à se
débarrasser le plus tôt possible des glo-
rieux souvenirs de la Victoire.
Ce serait une sorte de catastrophe si
de pareilles idées fixaient le choix du
Congrès de Versailles sur quelque per-
sonnage honnête, médiocre et effacé, et
non sur un représentant authentique de
l'intelligence et de la volonté françaises.
Je sais bien que, quand on parle ainsi,
on a toujours l'air de vouloir poser en
secret la candidature d'un soldat qui
escamoterait la république. Mais la
France n'a pas due ses illustrations mili-
taires elle a des hommes d'Etat d'un
relief puissant, dont les noms sont sur
toutes les lèvres. Est-ce prétendre peser
sur l'opinion que de citer M. Millerand ?
Il n'est pas candidat, parait-il. Aussi
n'avons-nous pas à le désigner. Le nom
ne nous sert qu'à montrer à quelle taille
doit se hausser le nouveau chef de
l'Etat. N'allons pas jusqu'à dire qu'en
lui donnant pour premier magistrat un
simple honnête homme, digne et cor-
dial, on humilierait le pays Non, évi-
demment, mais on lui laisserait une
déception cuisante et la lourde impres-
sion que l'on méconnaît son génie.
Alfred Capus
de l'Académie française
Nous publierons demain un article de
not/pe. éminent collaborateur M. Frédéri.c
Masson, de l'Académie française La
leçon des folles.
EST-CE UN ATTENTAT ANARCHISTE?
Terrible explosion
Une bombe éclate devanf la banque
Morgan 50 morts, 200 blessés
On mande de New- York qu'une bombe a
fa.it explosion hier, après-midi, devant le
nn 36 de Wall-Street, où ce trouve le siège
social de la. Banque Morgan, qui fait face à
:l,a Bourse.
D'après les premières nouvelles 50 per-
sonnes ont été tuées et 200 blessées. Plu-
sieurs jeunes filles sont. parmi les victi-
mes.
La façade de la Banque a été démolie,
ainsi que la partie où se trouve la sous-
trésorerie. L'explosion a été formidable,
en plein centre financier, brisant toutes les
vitres aux alentours.
Immédiatement après l'explosion de
Wall-Street, une foule de gens pris de pa-
niqua se sont précipités hors des graürls
immeubles commerciaux qui semblaient
avoir été ébranlés jusqu'à leurs fondations.
Des fenêtres des bureaux de l'agence
Reuter, dans Wall-Street, on pouvait voir
de nombreux blessés gisant sur la chaussée
dans des mares de sang. Des centaines de
policiers arrivant très rapidement sur .les
lieux en même temps que plusieurs, pom-
pes à incendie.
Le fils de M. Pierpont Morgan, qui se
trouvait dans la rue, a été blessés par des
éclats de verra.
Les causes de l'explosion
Les plus étranges rumeurs se répandent
sur les causes du désastre. mais rien de
défini n'est encore connu à ce sujet.
Le lieu de l'explosion est gardé par un
cordon d'agents et de troupe régulière. '1
D'après les derniers renseignements, en-
core sans confirmiation, sur la cause de
r.«}.
,et y amuraient jeté une bombe.
Les restes d'une automobile mise en miet-
tes ont-été découverts par la suite dans ces
parages.
Cette version est toutefois l'objet d'inves-
tigations de la part de la police.
Une autre version dit, par contre, que
t'explogion test le résultat d'une collision
entre une automobile et un camion chargé
de dynamite. r
̃♦- j
ouvrière en Italie
M. Giolitti accepte le principe du
contrôle des ouvriers sur les usines
M. Giolitti, après avoir entendu les
représentants des industriels et des
ouvriers convoqués par lui à Turin, a
résolu la question du contrôle des usines
en nommant, par décret, une commis-
sion composée d'industriels et d'ouvriers
chargés de préparer un projet de loi que
le gouvernement présentera il la Cham-
bre à sa rentrée.
Telle est la nouvelle qui nous arrive
de Home.- Cette décision, dont on ne peut
prévoir les conséquences, avait été éner-
giquement combattu, par les industriels,
mais, nous dit le Giornale, M, Giolitti
les exhorta à accepte]* et combattit leurs
arguments en faisant. comprendre que,
si le contrôle n'était pas accepté d'un
commun accord, il serait appliqué par
le gouvernement, qui ferait voter une loi
spéciale.
C'est la solution à' Laquelle il s'est
arrêté.
Les Échos
Bravo M. Autrand
Tous ceux qui ont affaire- dans les
administrations publiques sont quelque
peu scandalisés de la chaleur exagérée
qui y règne d'octobre à mai.
M. Autrand est bien trop Parisien
pour n'en avoir pas fait la remarque
l'année dernières. Avec raison, il trouve
inconvenant que les fonctionnaires de
son administration soient c,hauffés a
l'excès, alors qu'ils, rédigent et appli-
quent les règlements sur la restriction
du charbon dans les foyers domestiques.
Donc, pour l'hiver prochain, les ordres
sont .sévères il faudra que M.tL,e,bu-
veau sache se restreindre comme tout le
monde, ou sinon il apprendra à ses dé-
pens. de quel bois se chauffe le préfet
de la Seine.
Septembre est le mois des congrès cor-
poratifs. En, cette période de vie toujours
plus chère, il faut se méfier des congrès
corporatifs, car on ne manque jamais
d'y discuter des augmentations de salai-
res ou de traitements. Et quand ce sont
des commerçants qui se réunissent, c'est
le même couplet qui se chante sur le dos
des consommateurs.
Le dernier congrès de ce genre fut
celui des coiffeurs. Dans quelques jours,
des affiches' seront apposées dans les
« salons H de Paris, prévenant la clien-
tèle qu'il en croûtera cinquante centimes
de plus pour se faire tailler les cheveux.
Les autres opérations » subiront
vraisemblablement une hausse propor-
tionnelle, de telle sorte qu'il ne faudra
pas s'étonner si, au moment de passer à
la caisse, le garçon annonce
Complet, shampoing, friction.
dix francs
,La vie est belle.
Psychologie et tramways,
Pendant plusieurs mois, la Compagnie
des omnibus avait fait afficher, dans
tous les tramways dont les lignes sont
exploitées par elle, cet avis dont le fond
et la forme étaient également louables
« Dans l'intérêt du service et par consé-
quent du public lui-même, on est prié
de ne pas stationner dans les couloirs
des compartiments. »
Et les couloirs étaient toujours pleins.
Récemment, la Compagnie s'est réso-
lue à faire remplacer cet avis par le sui-
vant « Sous peine de contravention, il
est expressément interdit de stationner
dans les couloirs des compartiments. »
Et mainteant les couloirs sont vides.
Cela prouve une fois de plus qu'il faut
toujours s'adresser v l'intelligence et à
la raison des foules.
L'oncle d'un des 'créateurs du fameux
mouvement dada vient de passer quel-
ques jours de vacances. avec son neveu.
Ecoute, lui dit-il un soir, je veux
en avoir le cœur net. Votre mouvement
dada est-ce, une fumisterie, ou bien pre-
nez-vous réellement la chose au sérieux ?
Voyons, mon oncle, vous avez as-
sisté, n'est-ce pas, à notre grande mani-
festation du mois de juin?. Vous avez
Tu peux le dire.
Eh bien, alors. que demandez-
vous de plus ?
L'oncle fut fixé.
Et nous le sammes
Que la Parisienne est jolie sous le cha-
peau de velours qu'elle arbore si allè-
grement Les superbes reflets de sa che-
velure nous révèlent l'emploi régulier
de l'Extrait Capillaira des- Bénédictins
du Mont Majella, seul capable de toni-
fier les cheveux et d'arrêter leur déco-
loration. Il porte comme caractère d'au-
thenticité le nom de l'administrateur
E. Senet, 26, rue du Quatre-Septembre,
pendant que la Parfumerie Ninon, toute
voisine, voit le succès du Véritable Lait
de Ninon, le plus sur des talismans de
beauté.
bA.CtllSE
La Démission de M. Beschanel
LE PRÉSIDENT A REMIS HIER A M. MILLERAND SA LETTRE DE
DÉMISSION. LE CONSEIL DE CE- MATIN. LES CHAMBRES
SERAIENT CONVOQUÉES MARDI PROCHAIN.
M. Miller aixd, président du conseil,
arriv'é à Paris dans la rriatinée, s'est
rendus hier, cinq heures du soir, à
Rambouillet, où il a eu un entretien de
plus d'une heure'avec M. le président de
la république.
M. Deschanel a confirmé au président
du conseil sa décision irrévocable de
renoncer il l'exercice de sa magistrature.
Les raisons qu'il fit valoir ne souf fraient
aucune objection.. M. Millerand n'eut
M, Deschanel a remis alors il M. Mil-
lerand la lettre dans laquelle le présidents
de la république fait, connaître sa déter-
mination aux Chambres et en expose
brièvement les raisons.
M. Millerand ,se retira un peu auprès
six heures, arfrrès avoir salué Mme Des-
chanel. A. sept heures, il, était de retour
ri sa viWi de la rue Mansart, il Versailles.
M. Millerand, ferrc coünaître ce malin
le résuhat de son entretien avec le prési-
dont de la république aux membre,s de
son cabinet et leur donrtera lecture de
la lettre de Des-
chanel.
A. l'issue de cette réunion, M. Mille.-
rand se rendra, au palais du Luxem-
bourg, où il sera l,'hôte, lr de
M. Léon Bourgeois, présidents du Sénat.
M. Raoul Pé.ret, président de la Cham-
bre, sera également présent. Tous trois
examineront de concert la situation et
arrêteront la date de convocation des
Chambre.
ba Convocation
du Parlement
La question qui préoccupe surtout le
monde politique est celle de La, date à
pour entendre lecture du message de
démission du Président.
Deux dates sont mises en avant celles
du 21 et du 23 septembre. Si les Cham-
bres étaient convoquées le 21, c'est-à-
dire mardi, le Congrès aurait lieu le 23,
jeudi si, au contraire, le
Parlement se réunit le 23, le Congrès
n'aura lieu que le samedi 25.
La majorité des députés semble incli-
ner pour la date la plus rapprochée, soit
pour mardi prochain.
̃ Rien n'est encore fixé sur cette ques-
tion de date, nous a-t-on dit hier à la
présidence du conseil. Il ne dépend pas
du gouvernement seul de procéder à la
convocation du Parlement. Le président
du conseil s'est entretenu de cette for-
malité au cours de l'entretien qu'il a eu
avec M. Desehanel aujourd'hui, M.
Millerand aura il ce sujet une conversas
tion avec les présidents du Sénat et de
la Chambre, qui arrêteront d'un com-
mun accord la date de convocation. Ce
n'est donc que cet après-midi que l'on
sera fixé sur ce point.
La convocation aura-t-elle lieu par dé-
cret ? Cela est probable. Comme le gou-
vernement a, toujours le droit de réunir
le Parlement en session extraordinaire,
il usera de ce droit et c'est par décret
que les Chambres seront convoquées
pour communication du gouverne-
ment ».
Le jour même de la rentrée, qu'elle
ait lieu mardi ou ieudi, lecture sera
donnée dans chaque Assemblée du mes-
sage présidentiel.
On assurait, il y a quelques jours,
que, dans cette lettre-message, M. Des-
chanel, après avoir dit les causes de sa
détermination, laisserait entendre que le
rôle trop restreint du président de la
république lui aurait rendu pénible, à
ses débuts, l'exercice de la haute ma-
gistrature et qu'il nenforcerait ainsi
l'opinion déjà exprimée par son prédé-
cesseur, M. Poincaré.
Selon la date choisie, le Congrès au-
rait donc lieu soit jeudi, soit samedi
Le lendemain du Congrès, les Cham-
bres se réuniront pour entendre la lec-
ture du message inaugural du nouveau
chef de l'Etat et ensuite recevoir com-
munication d'un décret prononçant la
clôture de cette courte session de quatre
jours. Les Chambres se sépareraient
pour ne revenir, errcoré en session ex-
traordinaire, que dans les premiers jours
du mois de novembre.
F est évident que iuut ce plan n'est éta-
bli que dans la prévision où M. Mille-
rand persisterait à décliner toute candi-
dature à la succession de M. Deschanel,
LE REFUS DE M. MILLERAND
Le refus du président du conseil de
laisser poser sa candidature, fut très vi-
vement commenté, hier, dans les cou-
Plusieurs députés affirmaient que la
décision de M. Millerand n'était pas
irrévocable et qu'on ferait les plus
grands efforts pour amener le président
du conseil à modifier son attitude.
Bientôt, en effet,-les groupes de la
Chambre et du Sénat vont se réunir pour
examiner la situation. A ce moment,
des délégations de certains groupements
politiques se rendront auprès de M-, Mil-
lerand pour qu'il accepte de prendre la
charge de l'Exécutif et ne tienne pas
pour définitive la déclaration qu'il a
faite.
D'ailleurs, avant le Congrès, il oy aura
probablement au Luxembourg une réu-
nion plénière des groupes des deux as-
semblées pour se mettre d'accord sur
le nom d'un candidat. Cette procédure,
on le sait, a été suivie lors des précé-
dentes élections présidentielles. Elle sera
vraisemblablement reprise cette fois en-
colle.
Louis Lambert
AU PALAIS-BOURBON
La journée de M, Jonnart
Un jeune député, habitué de Long-
champ, résumait ainsi, hier soir, l'état
de la course a l'Elysée, â la façon, d'un
bookmaker
Je donne grand favori, M. Mille-
rand seconde favori, M. JothmuI out-
siders, MM. Raoul Péret et Pams. Dans
le peloton, MM. Louis l3arthou, Hibot,
Arago, Georg.es Leygues, de Selves, Dou-
morgue et René Renault.
C'est a peu près exact, autant que lE
peut être un pronostic, cinq ou six jours
au poteau
Hier, le salon de la Paix n'était pas
plus animé que la veille, bien que les
députés fussont, plus nombreux. J'aper-
çois deux questeurs affairés, MM. Lenail
et Duclaux-Monteil et MM. Vincent
Auriol, Ellen-Prevost, Moutet, Aubriot.
Bokanowski, Marcel Habert, Fleury-Ra-
varin, Villeneau, Ignace, etc.
M. Moro-Giafferi fait de l'esprit et dé-
plore l'accident .présidentiel. M. Gels,
ancien sous-secrétaire d'Etat, pense qu'il
faudra, imposer à NI. Millerand le de.
voir d'être candidat et l'honneur d'être
élu. M. Marc Doussaud songe à convo-
quer pour mardi les présidents de grou-
pes.
On constate l'absence de tous les lea-
ders, ainsi que celle ile M. Raoul Pérel
et des attachés de son. cabinet du
moins, s'ils sont au Palais-Bourbon, ils
demeurent invisibles- Cette discrétion
est très remarquée.
M. Raoul Persil, lo nouveau, député
de Loir-et-Cher, ancien chef de cabinet
de M. Millerand, confirme que le pré-
sident du conseil ne veut a aucun prix
devenir président de la république. On
apprend, d'autre part, qu'à Lausanne
même, M. Millerand a littéralement crié
dr des journalistes amis un non énergi-
que et trois fois répété.
Damc tout cela semble bien indiquer
que la décision négative du président
du conseil est irrévocable. Malgré tout,
quelques-uns espèrent encore un revire-
ment ou bien une manifestation telle-
ment imposante de la volonté du Parle-
ment que M. Millerand serait élu mal-
gré lui On opposerait à son entêtement
bien connu, et qui est une de ses quai-
tés, une obstination égale.
Néanmoins, des amis du président du
conseil et un certain nombre de séna-
teurs et de députés sont déjà résolus,
si M. Millerand demeure irréductible,
à offrir la candidature à M. Jonnart.
Aussi le nom du sénateur du Pas-de-
Calais revient-il dans toutes les conver-
sations comme un leit motiv.
Il est remarquable, dit un vieux
parlementaire, que la carrière de l'ho-
norable M. Jonnart a de quoi satisfaire
tous les partis,. En effet, jeune ministre
des travaux publics dans le cabinet
Casimir-Perier, il se signale par un dis-
cours énergique contre les mineurs so-
cialistes et devient aussitôt un des
grands espoirs du centre progressiste.
Six ans plus tard., il est un des remparts
du cabinet Waldeck-Rousseau et de la
« défense républicaine ce qui lui vaut
le gouvernement général de l'Algérie,
poste qu'il a occupé à trois reprises,
avec une véritable distinction et une
rare autorité. Le rôle joué par M. Jon-
nart en Algérie en fait le plus remar-
quable des gouverneurs civils avec M;
Revoil. Et l'on n'a pas oublié avec quelle
rapidité, quelle adresse et quelle fer-
meté il remplit, or àûl7, la mission que
lui avait confiée M. RiDOfc en Grèce. Par
ailleurs, M. Jonnart, qui eut pour beau-
père feu M. Edouard Aynard, le grand
banquier lyonnais, est un homme rompa
aux plus grandes affaires et d'une telle
compétence financière qu'il préside de
façon remarquable le conseil d'admiilis-
tration de la Compagnie de Suez.
N'oubliez pas un des titres moraux
de M. Jonnart. il appartient de coeur
et de fait la France dévastée. Prési-
dent du conseil général du Pas-de-Ca-
lais, il connaît les souffrances et les be.
soins des populations des régions libé-
rées. Beaucoup de nos collègues s'en
souviendront.
Cela me paraît tout à fait vraisem-
blable, je dirai même logique.
A propos, M. Aristide Briand est;1
à Paris ?
J'allais vaus le demander.
Un de ses fidèles m'assure qu'il est
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