Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-01-07
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 janvier 1918 07 janvier 1918
Description : 1918/01/07 (Numéro 14695). 1918/01/07 (Numéro 14695).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5374900
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/03/2008
̃53* annSe. 3* série. N* I46Ô9
JANVIER Mt8
ARTHUR MEYER
RÉDACTION
̃^m QVKtnB HEURES DU SOIR A DUE HEURE DU HÀTiH
rue. Drouot, 2
(Angle des bonlayard» Montmartre et de» Iîalieni)
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-Paris et départements
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Trois mois (Union postale) fr*
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ARTHUR MEYER
Jt)i,r,ecteur
ADMINISTRATION
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rue Drouot, 2
.i^lfle de» toalovards Montmartre et des Italiens)
ANNONCES
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES ANNONCES
8, PLACE DE LA BOURSE, 8
J9 A l'administration du Journal
JLes manuscrits ne sont pas rendni
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE QAULO18-PARIS
Communiqués
officiels
Communiqué du 6 janvier, 14 heures <
Canonnade intermittente sur quelques par-
îies du front. Des coups de main ennemis sur
nos petits postes au nord du Chemin des Dames
sont restés sans succès.
Nuit calme partout ailleurs.
Communiqué du 6 janvier, 21 heures 30
Activité moyenne des deux artilleries dans
!a région de Corbény et en Haute-Alsace, plus
vive sur la rive droite de la Meuse. Pas d'action
d'infanterie.
Communiqué
britannique
Communiqué britannique du 6 janvier, après-
midi
Hier soir, nos troupes ont attaqué avec succès
et repris la sape que l'ennemi avait occupée
dans la matinée à l'est de Bullecourt.
Aucun autre événement important au cours
de la nuit, en dehors de l'activité des patrouilles
ennemies dans le secteur de Lens.
eJàTAvant
Je reçois tous les jours du front une volumi-
neuse correspondance qui m'apporte, à de très
rares exceptions près, l'affirmation généreuse
d'une constance invincible et d'une énergie que
rien ne fait fléchir. Inutile de copier ces lettres.
On voùdra bien me croire sur parole quand j'af-
firme qu'elles accusent un état moral digne de
toutes nos admirations.
Le général en chef savait à qui il s'adressait
quand, à l'occasion du 1er janvier, il parlait il
ses soldats ce mâle et véridique langage « Vous
avez la ferme volonté, de vous battre. autant
qu'il le faudra pour assurer la paix il vos fils,
car vous savez que si le plus pressé réclame la
paix, c'est le plus persévérant qui en fixe les
conditions, » Paraphrase éloquente de l'apoph-
tegme du vieux Nogui « A celui qui tiendra un
quart d'heure de plus que l'autre appartiendra
la victoire. Mais je crois que tous nos troupiers
en sont convaincus et qu'ils étaient d'accord
avec leur grand chef avant d'avoir entendu sa
voix.
Justement fiers de ce qu'ils ont déjà fait, ils
envisagent avec sang-froid et fermeté ce qui
leur reste à faire. Ils n'ignorent point que la
tâche est encore fort rude, qui leur incombera
demain. Mais ils l'assument sans crainte, ayant'
confiance en leur valseur, qui a toujours fait re-
culer les Allemands. Ils seront donc,- comme le
général Pétain le leur demande, patients et obs-
tinés' à la fois.
Faisons attention, -cependant, que l'adjura-
tion du généralissime dépasse la ligne des tran-
chées et doit être écoutée dans les profondeurs
de l'arrière. Le courage et l'endurance sont des
vertus qui s'imposent à tous, même fort loin
de la ligne de feu. Si ce n'est pas tout à fait le
.même genre de solidité que l'on demande à
ceux du front et à ceux de l'intérieur, c'est du
moins un effort moral qui partout est le même
et qui doit d'autant moins fléchir ici qu'il est
beaucoup plus facile que là-bas.
J'ai parlé de ma correspondance. Elle ne me
vient pas seulement des poilus et bien des civils
y collaborent. Me sera-t-il permis de dire qu'elle
m'apporte parfois des doléances dont la puéri-
lité m'étonne ou dont l'aigreur m'effraye un
peu ? Je conviens que le fait est rare. Il ne l'est
cependant pas assez pour que je ne me'croie pas
le droit de dire à ces gens de peu de foi « Mais
tendez donc l'oreille vers le front, et vous n'y
percevrez que des rumeurs confiantes. 'Obéissez,
comme vos fils, comme vos frères, à l'invitation
du commandant en chef de nos armées, qui vous
dit « Il faut que la lutta continue, le salut de
» la France l'exige. Et s'il arrive que vos âmes
endeuillées soient envahies par 'e doute ou par
la crainte, songez que ceux qui sa battent pour
vous gardent-.au cœur cette assurance de vain-
cre crue confirme si pleinement l'ordre du jour
du général Pétain et dont le KaiEer lui-même ne
peut se défendre d'être impressionné, comme
on s'en aperçoit à ses fuligineux discours. »
Il se croit si peu sûr de la victoire définitive
qu'il cherche visiblement une échappatoire dans
la paix russe, même achetée au prix des com-
promissions les plus dégradantes, parce qu'il
espère ensuite, dans sa psychologie très courte,
l'étendre au monde entier.
Seulement, cette paix n'est point encore
faite, Les négociateurs de Brest-Litovsk sem-
blent parfois se gourmer et les maximaliste
reculer devant les exigences germaniques. Je
dis semblent, parce qu'il pourrait bien se faire
3[ue ce fût là encore une cpniédi© jouée entre
compères. On sait qu'il n'y a rien à attendre
de Lénine et de sa bande que félonies et tra-
hisons.
Ne nous berçons d'aucune illusion trop
prompte. Les soldats russes, oublieux de tout
un passé d'honneur et volontairement insou-
cieux du sort qui les attend lorsqu'ils seront
sous la botte allemande, sont décidés à tout,
sauf à se battue. C'est là un fait patent, auquel
les derniers événements de Salonique sont ve-
nus encore donner une douloureuse illustra-
tion. Ainsi, le gouvernement maximaliste,;
n'ayant rien sur quoi s'appuyer puisqu'il s'est
chargé lui-même da détruire l'armée, sera tôt
ou tard obligé de céder. Mais, tandis qu'il
proteste ou feint de protester, nous gagnons
du temps, et c'est déjà beaucoup.
Au surplus,. il n'y a point à lutter contre l'ir-
réparable. Tout au plus peut-en tâcher de ré-
duire au minimum ses effets malfaisants. Je
ne crois pas m'avancer trop en disant que ce
but a été atteint dans une certaine mesure, car,
d'une part, les Austro-Allemands, qui se
voyaient déjà pénétrant en conquérants dans
la plaine vénitienne, sont encore accrochés' à la
crête des montagnes et immobilisés devant la
Piave de l'autre, les populations de l'Ukraine
n'ont pas dit leur dernier mot, ni le général
AlLenby arrêté sa marche en Palestine. De là,
pour Hindenburg, un triple mécompte.
Il comptait nous submerger sous le flot de
toutes les forces coalisées, et une grande partie
de celles-ci devra rester en Italie, en Russie
méridionale, en Asie et dans les Balkans. Ce
m'est pas une raison cependant pour qu'il re-
nonce à ses projets d'offensive, parce qu'en eux
résident sa dernière ressource et son suprême es-
poir. Il nous attaquera., nous pouvons en être
assurés, mais avec des moyens plus restreints
qu'il ne l'avait espéré tout d'abord. Cinq à six
cent mille hommes sont tout ce don t il -^mble
.pouvoir grossir ici des effectifs anémiés. Il n'y
a point là de quoi effaroucher ceux qui, devant
•Verdun, ont jeté à terre un nombre d'ennemis
exactement pareil.
J'ajoute qu'ils tiendront le coup d'autant
mieux que, grâce aux mesures prises oar M.
Clemenceau, ils se sentiront plus solidement 1
fortifiés. Construisons-leur donc des tranchées,
doublons et triplons leurs lignes. Nous pour-
rons, après, nous en fier à eux, dont, la cons-
tance est si admirable dans les souffrances im-,
posées par cet hiver implacable, du soià d'en
assurer la complète inviolabilité.
Lieutenant-colonel Rousset
Victoria Lafontaine
Victoria Lafontaine, la célèbre comédienne, est morte
hier à Versailles, dans ce logis de la rue Demouchy où
son mari, le grand artiste, ex-sociétaire de la Comédie-
Française, avait expiré en 1898. Elle avait vécu depuis
vingt ans au milieu des chers souvenirs de celui auquel
allé avait uni sa vie artistique, de celui à qui elle, avait,
voué un véritable culte; elle est morte à son tour parmi
tous les objets d'art qu'elle et lui avaient accumulés avec
un soin et un goût patients, et aussi parmi les ébauches
de sculpture qu'elle se plaisait à façonner dès que le
métier du théâtre lui en laissait le loisir.
Victoria avait été trouvée à Lyon, en 1840, par un
brave peintre plâtrier nommé Valons, qui lâcha un beau
jour la truelle pour l'échoppe du bouquiniste. Il adopta
l'enfant, qui était d'une intelligence supérieure et qui,
à huit ans, grimpait jusqu'aux rayons les plus élevés de,
la boutique des vieux livres pour y dénicher^des ouvrages
de' théâtre. Le père Valons ne s'opposa pas à la vocation
naissante de son enfant adoptive et il confia l'éducation
dramatique de la petite Victoria à un vieux comédien,
Jérôme Cotton, un monomane du théâtre, qui exploitait
une scène d'un quartier populaire et prétendait avoir fait
« four quand les spectateurs du paradis ne l'attendaient
pas à la fin du spectacle pour le huer et le menacer de
le jeter dans le Rhône car il avait la spéciale de jouer
les traîtres.
Dans ce théâtricule qui n'était ouvert que le dimanche
et dont les meilleures places coûtaient trente centimes,.
Victoria fit son apprentissage. Elle avait quinze ans à
peine qu'un directeur, de passage, la remarqua et l'en-
gagea comme ingénue au théâtre de Pau. Elle obtint un
succès complet dans la Fille terrible, malgré son aspect
chétif et sa voix grêle; la réussite fut même telle que
Montigny, le directeur du Gymnase, et sa femme Rose
Chéri, qui étaient venus en villégiature à Pau, déci-
dèrent la jeune artiste à venir à Paris, aux appointements
royaux de deux cents francs par mois. Victoria Valons
créa à partir de 1857: Cendrillon, La Perle noire, Picco-
lino, Les Ganaches, de Sardou; Le Démon du jeu, Paméla
Giraud, de Balzac; dans toutes ces pièces, ©Ile séduisit
le public par son jeu réservé; jamais on n'avait vu sur,
les planches une ingénue aussi vraie, aussi humaine.
Elle séduisit aussi en tout bien tout honneur son
camarade Lafontaine, qui la demanda en mariage.
Le mariage de Louis-Thomas Lafontaine avec Mlle Vic-
toria Valons eut lieu le 23 février 1863, en l'église Saint-
Eugène, toute tendue d'étoffes couvertes de caméMas
blancs. Ce fut un véritable événement parisien. Les
témoins des deux époux étaient: Alexandre Dumas fils,
Henri Martin l'historien, Victorien Sardou et de Prémon-
ville. Le curé vanta la sincère piété de ses deux
enfants o, et la quête (les journaux du temps en font foi)
rapporta 2,300 francs. Le. ministre de l'Empereur, le
comte Walewski, fit une surprise aux nouveaux mariés,
qui, en rentrant chez eux, trouvèrent dans la corbeille de
noces leurs deux contrats de sociétaires de la Comédie-
Française. Cette nomination, on le comprend, fit du
bruit dans le Landerneau dramatique: sociétaires sans
avoir été pensionnaires, et sociétaires sans avoir accompli
de débuts, cela ne s'était jamais vu
Victoria Lafontaine calma tous les scrupules, toutes les
émotions, toutes les envies par son simple talent. Elle
triompha dès sa première pièce, Il ne faut jurer de rien,
dans le rôle de Cécile. L'Ecole des femmes, Les Femmes
savantes, Mlle de Belle-Isle, Loyse de Gringoire ne lui
furent pas moins favorables. Les camarades du Théâtre-
Français se moquaient peut-être bien un.peu de l'actrice
qui faisait du crochet dans les coulisses en attendant
d'entrer en scène, mais les applaudissements et les ova-
tions du public mettaient fin à toutes ces railleries. Vic-
toria Lafontaine resta dans la Maison de Molière jusqu'en
1871 son mari quittait à ce moment la Comédie-Française
parce qu'on ne lui donnait que les -rôles dont les autres
sociétaires ne voulaient pas; elle le suivit dans sa démis-
sion, l'accompagna dans ses tournées et devint sa bonne
fée théâtrale. N'est-ce pas elle qui, en 1887, aux répéti-
tions de l'Abbé Constantin, au Gymnase, s'aperçut que
les auteurs n'étaient pas contents de la façon dont Lafon-
taine comprenait et jouait le rôle de l'abbé? Elle demanda
à MM. Pierre DeCourcelle et Hector Crémieux quarante-
huit heures pour donner quelques conseils à son mari et
remettre le rôle sur pied. Et vous savez quel fut le succès
de Lafontaine.
C'est, une artiste de rare qualité qui disparaît: eile
apportait dans la vie la conscience qui la guidait sur la
scène.
Louis Schneider
La Révision
de la grande
Injustice
C'est avec un grand tressaillement d'émotion
que les hommes de ma géneration ont lu le
discours de M. Lloyd George. Pour ma part, je.
remercie Dieu de m'avoir fait vivre assez long-
temps pour entendre sortir d'une bouche autre
que celle d'un Français ce cri que depuis qua-
rante-sept ans nous avons tous dans la gorge,
l'appel à la « revision de la grande injustice,
commise en 1871 a.
Cette reconnaissance de notre droit. impres-
criptible est la preuve la plus éclatante des sen-
timents dans lesquels l'Angleterre a signé avec'
nous le pacte de 1914 et de la fidélité avec la-
quelle elle s'attache à ses engagements. Que
si, par hasard, il restait en Franco un seul
homme pour s'attarder dans des souvenirs:
d'inimitié désormais abolis, il s'empresserait
de .confesser son erreur et de rendre hommage
à nos alliés. La question de TAlsaee-Lorraine
est en effet, comme l'a dit encore M. Lloyd
George, « un ulcère toujours ouvert qui in-
fecté pendant un demi-siècle la paix euro-
•péenne, et qui doit être guéri si l'on veut que,
des conditions normales puissent être téta-
blies ». JS'ous autres, qui avons vécu l'année
terrible, c'est une partie de notre âme qu'on
nous avait arrachée. Merci à ceux qui veulent
nous rendre la plénitude de notre être.
Or voilà précisément ce qui fait aujourd'hui-
la force, la grandeur, la popularité de M. Cle-
monceau. Il est, et l'instinct des masses ne s'y
trompe pas, au premier rang da ceux qui ont
scmffert de la diminution die la Franco et qui
ne connaîtront le plus tard possible la
sérénité du dernier sommeil que s'ils ont pu
auparavant travailler heureusement à refaire
l'Histoire. N'est-ce pas un phénomène curieux
de voir un homme politique qui, du haut de
son intelligence, méprisait les mouvements im-
pulsifs de la foule et combattit le boulangisme
qui en était une des plus indiscutables mani-
festations, recueillir aujourd'hui la faveur po-
pulaire et rallier, jusqu'à l'exaltation, toutes les
sympathies, toutes les espérances patriotiques
de ceux qui furent longtemps ses adversaires ?
Et ce phénomène se produit à l'heure exacte où
un autre homme politique, M. Caillaux, sou-
lève, du haut en bas de l'échelle sociale, les
passions exaspérées du pays tout entier.
Dans un article récent, notre confrère M. Ga-
pus, avec un sens aigu de la situation, posait
ce dilemme ou Clemenceau ou Caillaux. L'opi-
nion n'a pas hésité elle a choisi Clemenceau.
Ce n'est pas d'aujourd'hui, ce n'est pas de la
guerre actuelle que date l'antagonisme qui met
aux prises deux hommes, deux politiques, deux
méthodes. En 1911, M. Caillaux croit faire œu-
vre utile et prendre une mesure opportune en
cédant une partie du Congo à l'Allemagne.
Quelle que fût la surface du territoire cédé à
l'Allemagne, c'était une concession. Tout est là.
Elle perpétrait le sentiment de malaise et d'hu-
miliation de la France vis-à-vis de ses vain-?
queurs de 1870. Le pays en fut froissé au plus-
intime de lui-même l'orgueil national souffrit
cruellement. Lors de l'affaire de Casablanca, M.
Clemenceau fonce sur l'obstacle comme une
ombre qui s'enfuit devant celui qui marche sur
elle, l'Allemagne recule. M. Caillaux avait mon-
tré une timidité qui pouvait provenirchez lui
du .raisonnement. M. Clemenceau avait fait
preuve d'une confiance absolue qui n'admettait
rien en dehors d'elle-même. Devant la menace
reparue du danger allemand, l'un avait eu la
peur raisonnée de. notre défaite, l'autre avait eu
la foi instinctive dans notre victoire. Le pays
était avec celui qui avait cru en lui..
Je ne suivrai pas M. Caillaux dans ses cam-
pagnes en faveur de l'impôt sur le revenu et de
la loi de deux ans. Je passé et je le retrouve en
Italie. Il entend y poursuivre, dit le réquisi-
toire, la politique des transactions, des conces-
sions, des compromis qu'il avait inaugurée en
Même alors, ce n'était pas celle de la
France. Mais depuis, la guerre avait éclaté. Et,
en temps de guerre, nul n'a le droit de penser
autrement que son pays eût-il même raison,
nul n'a le droit d'avoir raison contre la France.
Le conseil de guerre ou la Haute-Cour décidera,
en toute connaissance de cause, si M. Caillaux
a commis ou non le crime de se mettre ainsi en
marge de son pays, au-dessus de ses lois, de ses
buts'de guerre et de sa volonté de vaincre à tout
prix.
Cependant, M. Clemenceau, descendu du
pouvoir, reprenait sa plume de journaliste,
bataillait avec la censure dans Y Homme libre,
tour à tour enchaîné et déchaîné, et, à travers
ses polémiques ardentes, ses attaques passion-
nées, qui parfois passaient la mesure, impo-
sait d'évidence da son ^patriotisme à ceux-là-
mêmes qu'il n'épargnait pas. Au prix d'un
labeur incessant, d'une vigilance continue, il
dirigeait les travaux de deux grandes commis-
sions qui exerçaient, grâce à lui, une police
nécessaire sur les actes du gouvernement et
l'obligeaient souvent à se départir de sa passi-
vité. La fermeté de son attitude le désignait à
l'estime de l'élite la sincérité de son indigna-
tion contre les traîtres le montrait à la foule
sa résolution à réclamer une conduite éner-
gique de la guerre lui gagnait le cœur de tous..
Il n'a pas été appelé au pouvoir, il y a été
porté.
En ces jours où l'âme du pays a passé en lui.
M. Clemenceau vit un rêve magnifique que lui
envient tous les hommes de sa génération.
Puisse-t-il remplir sa destinée comme il le
souhaite, comme nous le souhaitons tous pour
lui. Parce qu'il a été l'homme de la guerre
jusqu'au bout, puisse-tel être l'homme de la
paix dans la victoire La France est prête à lui
consentir tous les sacrifices pour que soit réa-
lisée cette condition de paix universelle et
durable le retour de l' Alsace-Lorraine à la
mère patrie.
M. Clemenceau s'est flatté longtemps, il se
flatte peut-être encore de ne pas admettre la
collaboration de Dieu dans les affaires de ce
monde. Je lui dirai en toute humilité, mais
aussi en toute assurance, que pour moi, n'ad-
mettant pas que la négation soit une explica-
tion, j'attends, parce que j'y crois, l'interven-.
tion do la Providence dans le drame mondial.
Notre causo est celle du droit. Nos alliés! se
plaçant à un point de vue supérieur à celui de
leurs propres intérêts, assignent comme pre-
mière condition à la paix la revision de la
grande injustice cominiseen 1871. Quand Dieu
efface, c'est qu'il se dispose à écrire. A l'heure
solennelle où nous sommes, il écrit des noms
sur la nouvelle carte du monde, et celui de
l'Alsace-Lora'aine reparaît sur la carte do
France.
Arthur Meyer
LES DIVERGENCES GERMANO-RUSSES
Trotsky
opère lui-même
Le mystère qui enveloppe jusqu'à présent les
tractations germano-russes n'est point dissipé.
La situation se modifie de jour en jour sans
qu'on puisse pourtant la préciser.
Autant qu'il est permis de le supposer, elle
se résume de la manière suivante les maxi-
malistes, après avoir déclaré qu'ils ne retour-
neraient pas à Brest-Litovsk, étant décidés à
ne reprendre la conversation qu'à Stockholm,
se seraient ravisés en présence du refus des
délégués de la Quadruplice de faire droit à
leur exigence, et surtout à la nouvelle que la
délégation ennemie avait entamé des pourpar-
lers avec les Ukranions. Trotsky serait alors
parti lui-même avec la mission bolchevik pour
Brest-Litovsk, où il a dû arriver hier.
Il s'agit de savoir maintenant s'il a toujours
l'intention de subordonner la reprise des négo-
ciations au transfert de la conférence à .Stoc-
kholm. Estimera-t-il, au contraire, ou'il est
plus prudent de se mettre entièrement à la dis-
crétion de l'Allemagne ?
Ce n'est -que lorsqu'on'sera fixé sur ce point
qu'il sera permis de se faire une- opinion sur
le degré de sincérité du « revirement » de
Trotsky; Il est fort probable qu'il y a une
large part de « bluff » dans les déclarations de
Pétrograde et de Berlin. Il est infiniment pro-
bable, en effet, que le gouvernement des bol-
cheviki ne'peut renoncer à conclure une paix
qu'il a promise à la nation et qu'il a rendue
en quelque sorte inévitable en enlevant au
pays les moyens de s'opposer à-une invasion
germanique il est évident, d'autre part, que
les cabinets de Bprlin et de Vienne ont trop
intérêt à se débarrasser du front oriental et à
s'assurer l'exploitation des richesses ie la
Russie pour rompre définitivement avec leurs
interlocuteurs sur un simple désaccord au
sujet du déplacement du siège des pourparlers.
L'Allemagne tient peut-être à affirmer dès la
début son autorité vis-à-vis des représentants de
l'anarchie révolutionnaire. Trotsky a-t-il voulu
lui en fournir l'occasion ou bien vient-il à Brest-
Litovsk avec la volonté de résister ?
Rien no dit, enfin, que les divergences entre
le chef maximaliste et les délégués de la Qua-
druplice n'aboutiront pas, après leurs entre-
Gens, à une entente en vue d'une nouvelle of-
fensive politique contre les alliés.
Attendons-nous à d'autres surprises.
René d'Aral
L'EFFQRT AMÉRICAIN-
Une ciécîaraticm t!u ministre des postes hrïizn-
I nique. La guerre sous-marins
neutralisée
On nous télégraphie de Londres que le. mi-
nistre des postes britannique-, parlant à Hey-
wood, a 'déclaré
Avec l'arrivée de centaines de mille hommes
de troupes américaines, le sort de l'Allemagne
serait réglé. Il faut envisager que jusqu'en août
la. situation sera difficile en ce qui concerne les
vivres, mais on doit s'attendre,' à partir de ce
moment, à une amélioration continue.
La situation en ce qui concerne la construction
des navires s'améliora rapidement. La construc-
tion est déjà presque au, niveau des pertes causées
par les sous-marins et, avant peu, nos efforts
seuls auront rétabli la situation.
La construction américaine commence â se faire
sentir et. dans deux ou trois mois, les construc-
tions réunies anglaises et américaines lUpnss'e^
ront considérablement le nombre des navires
coulés..
Le,
de WL y Cëorge
Télégramme de M. Clemenceau
M. Clemenceau, président du conseil, a adressé'
à M. Lloyd George, premier ministre de Grande-
Bretagne, la dépêche suivante
Avec mes plus. cordiales félicitations, je m'em-
presse de vous adresser celles de tous les Fran-
çais du front et de l'arrière pour l'admirable
discours dans lequel vous avez si heureuse-
ment résumé des vérités de fait qu'il ne faut
jamais se lasser d'opposer aux. mensonges" alle-
mands.
Ce qu'en pense lord Lansdowne
On mande die Londres,:
Interviewé au sujet du discours de M. Lîoyd
George, lord Lansdowne a dit qu'il avait remarqué
avec satisfaction que le premier ministre avait af-
firme, dans les termes les plus nets, le principe que
l'Angleterre n'avait jamais visé la destmction de
l'Allemagne comme grande puissance, mais vou-
lait plutôt la détourner de ses espérances et de ses
projets de domination militaire.
Lord Lansdowne croyait, comme M. Lloyd
George, que la paix juste et durable ne pouvait se
baser que sur les trois conditions indiquées par le
premier minisfaçe. L'acceptation de. ces conditions
par l'Allemagne indiquerait que l'ancien esprit de
domination militaire est définitivement exorcisé.
Une telle acceptation serait-elle, même, l'admission
de la défaite.
L'impression à Washington
Le discours de M. Lloyd George a causé une pro-
fonde impression dans les milieux officiels qui, en
effet, estimaient 'une déclaration faite par l'un
quelconque des aillés s'imposait, afin de cantre-
-<:arror les insidieuses tentatives'allemandes en vue
de dénaturer les intentions des alliés.
Les hauts fonctionnaires font remarquer que
M. Lloyd George a répété, mais en les clarifiant,
les diverses déclarations faites par les premiers
ministres alliés il a développé, mais en s'expri-
mant avec des termes plus incisifs, les idées du
président Wilson.
L'allusion à l'application d'un gouvernement
constitutionnel en Allemagne a vivement intéressé
les milieux officiels, car elle démasque la futilité
et l'hypocrisie des efforts faits par le comte Hert-
ling pour faire croire au monde que l'Allemagne
est déjà démocratisée.
L'ARRET DES NEGOCIATIONS
Les délégués des empires centraux, M. de
Kuhlmann, le comte Czernin et les deux re-
présentants de la Turquie et de la Bulgarie,
en revenant à Brest-Litovsk le 4 janvier, n'y
ont point rencontre les délégués maximalistes,
qui étaient 'demeurés à rétrograde.
Les négociations restent donc suspendues'
jusqu'au règlement de la question du transfert
de la conférence à Stockholm ce que les Al-
lemands ont nettement refusé déjà ou dans
toute autre ville comme Berne ou Copenhague
ce qui n'a pas encore été proposé officielle-
ment.
Mais pendant que les délégués austro-alle-
mands attendaient à Brest-Litovsk, les maxi-.
malistes se ravisaient en partie et la délégation
russe- reprenait le chemin de Brest-Litovsk,
sous la conduite de Trotsky, commissaire du
peuple aux affaires étrangères, où elle est ar-
rivée maintenant. Il reste à savoir sous quelle.
forme vont être reprises les négociations mter-
rompues.
En tous cas, un fait Singulier doit retenir
notre attention. Les pourparlers ont été pour-
suivis sans interruption entre les délégués des
empires centraux et les délégués de l'Ukraine,
ce qui est à rapprocher de l'information que
nous donnions hier relative aux négociations
entamées entre l'Ukraine et le gouvernement
maximaliste.
L'Ukraine, que nous croyions disposée à con-
̃tinuer la lutte aux côtés de l'armée roumaine,
apparaît maintenant comme désireuse de con-
clure une « paix démocratique » I C'est une
trahison d'un autre genre.
La délégafiQn de l'Ukraine à Brest-Litovsk
La délégation ukranienne « pour la paix »
se compose de MM. Levitzky, M. Ljubinsky,
N.Polosof et A. -A. Sevriuk, tous quatre nom-
bres de la Rada centrale ukranienne et de
l'Assemblée constituante de toute la Russie.
D'après une. dépêche allemande envoyée de
Brest-Litovsk, les délégués de l'Ukraine ont
reçu pleins pouvoirs du gouvernement de la
république populaire de l'Ukraine pour nïjner
des négociations de paix.
L'un de ces délégués aurait déclaré à un re-
présentant de l'agence Wolff
Au moment de la déclaration de guerre, les
Ukraniens ne formaient pas encore un Etat et
n'ont pris aucune part, ni directe ni indirecte, a
l'incendie général.
Maintenant que le peuple de l'Ukraine forme un
peuple bien défini, il désire conclure le plus rapide-
ment possible une paix démocratique. Personne ne
pourra facilement le distraire de ce désir. Les
Ukraniens, qui ont fait un si grand effort pour se
constituer en Etat indépendant, savent que ce n'est
qu'à partir de la conclusion d'une paix démocra-
tique assurant les intérêts économiques et politi-
ques de l'Ukraine, que commencera pour la répu-
blique populaire ukranienne une ère nouvelle de
prospérité pour le peuple 'jusqu'à maintenant op-
primé, avec ses forces vitales méconnues, et déli-
vré maintenant des chaînes do l'esclavage.
Nous espérons pouvoir agir solidairement pen-
dant les négociations da paix avec les représen-
tants du conseil des commissaires du peuple.
Les Russes, qu'on les prenne au nord ou au
Sud, ont décidément une facilité toute person-
nelle de se dégager des engagements d'honneur
vis-à-vis de"leurs alliés
Un télégramme de Berlin, daté du 6 janvier
et reçu à Baie, confirme en ces termes les négo-
ciations
« Vendredi et samedi ont eu lieu, à Brest-Li-
tovsk, des conversations sans caractère officiel
avec la délégation de l'Ukraine. Ces conversa-
tions se sont poursuivies d'une façon satisfai-
sante.
L'Anarchie russe
il n'y a pas encore d'accord entre l'Ukraine
et les maximalistes
Les journaux de Pètrograde parus le 5 disent
que ¿'armistice de cinq jours conclu entre les trou*
pes maximalistes et ukr.aniennes étant expiré hier
soir, les combatc r'cprirent avec acharnement sur
tout le front intérieur, particulièrement dans la
région de Bakmatch.
L'art maximaliste de voler les fonds privés
On annonce de rétrograde que le commissaire
du peuple pour les affaires des banques privées
a décidé qu'au cours de la revision des coffres-
forts loués aux particuliers, révision qui a lieu
le 8 janvier, seront confisqués, outre l'or, l'ar-
gent. le platine et les billets étrangers.
Les maximalistes comptent se procurer, par ce
vol, deux ou trois milliards de roubles.
Les fonds des ambassades
En présence de la fermeture des banques, les
ambassades étrangères ont demandé à M. Trotzkv
de leur faire délivrer les fonds dont elles ont
besoin par la Banque d'Etat.
M. Trotzky a refusé et a déclaré que les fonds
ne seront délivrés aux ambassadeurs que lorsque
les sommes déposées au nom de l'ancien gouver-
nement, dans les banques à l'étranger, auront été
remises aux représentants du conseil des com-
missaires,
A la Banque d'Etat
D'après une dépêche de Pétrograde, de source
maximaliste, le. fonctionnement de la Banque
3'Etat est a présent tout 1 fait normal :'65O nouV1
velles personnes ont accepté des emplois,
vieux employés ont repris leur service-
Les pillages de Pétrograde
On mande de Pétlrograde, à la date', Idu
5 janvier
La nuit dernière, des bandes armées ont repris
^subitement le pillage des'caves de vin, mais cette
fois des caves privées. lia ont dévalisé complète-
ment, entre autres, celles du Yacht-Club, le cercle
le plus riche de la capitale, et celle de la princesse
Baoriatinska, Les gardes rouges, accourues sur les
lieux, ont tiré sur les pillards et en ont tué et blessé
quelques dizaines.
L'indépendance de la Lithuanie
Les représentants à Stockholm des partis lithua-
niens viennent d'adopter une résolution déclarant
que/ la Russie ayant perdu tous ses doits sur la
Lithuanie, celle-ci doit aujourd'hui proclamer soi'1
indépendance.
L'Allemagne, dont les armées occupent actuel-
lement la Lithuanie, devra reconnaître cette indé^
pendance, qui s'applique non seulement à la
Lithuanie russe mais à la portion lithuanienne de
Prusse orientale, et retirer ses troupes du pays.
En outre, la Lithuanie réclamerait à la Russie
et à l'Allemagne une indemnité .pour les dom-
mages causes.
Le rétablissement des relations commerciales
avec l'Allemagne
On mande de rétrograde que la commission
russo-allemande chargée d'étudier les questions
économiques, a discuté le projet allemand sur
le rétablissement des relations .commerciales, soit
sur la base du traité de 1904, soit d'après le prin-
cipe de la nation la plus favorisée. Les délégués
russes ont objecté que jusqu'à la conclusion de la
paix les échanges commerciaux entre les deux
pays sont impossibles.
Le comte SVïïrfoach arme
ef2s prisonniers de guerre
D'après une information de Pétrograde, le
comte Mirbach a l'intention de créer une garde
personnelle, composée exclusivement de prison-
niers de guerre, disant que la sécurité des dé-
légués des puissances centrales à Pétrograde n'est
point garantie.
Le gouvernement maximaliste
menace la Roumanie
La Novaya- Jizn, commentant le différend qui
s'est élevé entre le gouvernement maximaliste'et
les autorités roumaines à propos de l'arrestation
de l'agitateur maximaliste Rockal à Jassy, écrit
qu'au cas où la Roumanie ne donnerait pas une
réponse satisfaisante aux réclamations de Pétro-
grade, le gouvernement de Lenine prendra contre
elle des mesures très énergiques..
SUS LE FRONT .ITALIEN
Petites actions locales et duels d'artillerie
Communiqué italien du 6 janvier
Sur tout le front, tirs habituels de harcèlement
des deux artilleries et activité intense de nos
avions en reconnaissance.
Des tentatives faites par les patrouilles enne-
mies entre la Brenta et la Piave ont été facilement
enrayées.
Sur la Piave inférieure, entre Fossalta et la
mer, actions intermittentes et nourries de l'artil-
lerie de petit calibre, rafales de mitrailleuses et
fusillade.
Le mont Tomba
Le 30 décembre, la Gazelle pojnilaire de Co-
logne décrivait ainsi les positions austro-alle-
mandes du mont Tomba.
C'est en ce point que les Allemands et les
Austro-Hongrois ont pénétré le plus loin sur le
territoire ennemi du haut de la crête, les obser-
vateurs d'artillerie découvrent la plaine italienne.
A l'aide des positions italiennes conquises, les
Austro-Allemands se sont si solidement établis sur
la crête du Tomba que ni les pièces d'artillerie
lourde, qui tirent de la plaine, ni les canons de
montagne, amenés par les Italiens sur le mont
Pallone pour les prendre d'enfilade, ni les atta-
ques d'infanterie les plus violentes n'ont pu ébran-
ler leurs positions.
Le jour même où paraissait cet article de la
feuille pangermaniste, les troupes françaises
enlevaient en quelques minutes ces positions
« inébranlables
LA GUERRE EN ASIE
Un beau succès des Arabes du Hedjaz
Un télégramme de. Londres, du janvier, dit que
le War-Office annonce que, selon des informations
qu'il a reçues, les forces arabes du Hedjaz ont fait
une incursion réussie contre Le chemin de fer, à
une vingtaine de milles au sud de Maan, et que,
plus loin vers le sud, la garnison turque entière
d'un poste important sur le chemin de fer est tom-
bée entre les mains des Arabes.
FRONT VD'ORIENT
Communiqué de l'armée d'Orient du 5 janvier
Activité de l'artillerie ennemie dans la rinion
de Monastir.
L'aviation française a bombardé des canton-
nements- et convois ennemis au nord du Lac
Presba.
La neige rend les communications difficiles
dans les montagnes.
AUTOUR DE LA BATAILLE
On ordre dû jour du Kronprinz
Les journaux allemands publient l'ordre du
jour suivant adressé par le Kronpnnz impérial
à ses troupes du front occidental, à l'occasion
du nouvel an
L'année 1917 appartient à l'Histoire et avec elle
les actions d'éclat de mon armée. L'armée française
se tenait prête sur l'Aisne et en Champagne pour
un grand coup décisif. L'ennemi .comptait imposer
la victoire grâce à sa supériorité écrasante en
hommes, en engins et en munitions mais ses as-
sauts sanguinaires se sont effondrés devant votre
bravoure et votre loyauté. Vous avez ainsi brisé la
force de l'ennemi et préparé la voie pour la v'c-
toire des armées allemandes en Russie et en Italie.
Dans une lutte tenace et en vous reposant seule-
ment sur votre propre force, vous avez, par votre
courage et votre esprit de sacrifice, dans les durs
combats du Chemin-des-Dames, en Champagne et
sur le terrain ensanglanté de Verdun, couvert l'ar-
rière-garde des armées avançant à l'est. et au sud.
Dans une loyale confraternité d'armes, vous avez
également défendu l'honneur de l'Allemagne en
Flandre et près de Cambrai.
Aussi est-ce avec fierté et le cceur rempli de re-
connaissance que mon regard se fixe aujourd'hui
sur vous, mes braves et indomptables chefs et sur
mes héroïques troupes.
Nous tenons au seuil d'une nouvelle année, ran-
gés autour de notre impérial seigneur de guerre,
avec notre bouclier sans tache, notre épée tran-
chante, prêts à frapper et à vaincre. Dieu est avec
nous
AUX ÉTATS-UNIS
Une promotion de trente-six généraux
Le président Wilson vient de signer les décrets
de nomination des généraux de brigade March,
Lanfitt, Mac Manon, Haan, au rang de majors-gé-
néraux, le premier dans l'armée régulière, les trois
autres dans l'armée nationale.
Trente-deux colonels sont également nommés gé-
néraux de brigade dans l'armée.nationale.
Le futur ambassadeur anglais
On confirme que lord Reading, ministre de la
justice, a été officiellement pressenti pour prendre
le poste d'ambassadeur de la Grande-Bretagne à
Washington, laissé vacant par la démission de sir
Cecil Spring Rice.
Lord Reading, qui est âgé de cinquante-sept ans,
a déjà rendu d'éminents services à la cause alliée
en Amérique depuis le début de la guerre.
Lord Reading est persona grata auprès du pré-
sident Wilson.
Dix milliards pour la marine marchande
Le ministre de la marine ,oient -de demander au
Congrès l'ouverture de nouveaux crédits se mon-
tant à 10 milliards de francs, pour augmenter ïa
construction des navires marchands, ainsi que
pour fournir des logements aux milliers d'ouvriers
qui seront réunis dans les nouveaux chantiers.
EN ITALIE-
La manifestation de Milan
On télégraphie die Rome, 6 janvier
On apprend que les délégués parlementaires de
France, d'Angleterre et d'Amérique assisteront
̃à la réunion des partis interventionnistes qui
aura lieu à Milan le 20 de ce mois. M. Orlando
prononcera un important discours à l'occasion de
cette manifestation patriotique.
Les protestations et démarches du Pape
"La nouvelle protestation publique du Pape, à
l'occasion de la réception de la noblesse ro-
maine, contre les bombardements de Padoue, a
produit la meilleure impression en Italie..
On annonce aussi que le Pape ne s'est pas
borné à transmettre &es protestations par la voie
des nonces auprès des Cours d'Autriche et de
Bavière, mais qu'il a envoyé une lettre autogra-
phe à l'empereur d'Autriche en insistant éner-
giquement pour qu'on cessa de massacrer des
innocents et de détruire des églises et des mo-
numents.
La culture alimentaire obligatoire
Au sujet de la mobilisation agricole qui se
prépare en Italie, une dépêche de Rome donne
les intéressants détails que voici
Tout propriétaire foncier sera tenu, aux termes
du décret, d'éliminer de ses terres arables et de
ses pâturages toute culture qui n'aurait pas pour
but 'd'approvisionner la population et l'armée
des produits nécessaires à la vie. Le problème
de la main-d'œuvre est résolu par de nouvelles
mesures, comportant l'utilisation des prisonniers
et des militaires.
Il .est institué, pour régler cette nouvelle acti-
vité de l'Etat, un comité central de mobilisation
agricole, composé de sénateurs et de députes com-
pétents et de représentants des propriétaires :et
des ouvriers agricoles. Cet organe central aura
des ramifications destinées à propager dans le
pays l'action du comité directeur.
EN'
Un uice.shar?ce!ior intérimaire
Le gouvernement impérial vient''de nommer le
comte Rœdern secrétaire d'Etat impérial aux
finances, remplaçant intérimaire du vice-chance-
lier von Payer. On sait que M. von Payer, grave-
1 ment malade depuis sa nomination, a dû quitter
Berlin et qu'il ne peut assumer la charge de ses
fonctions.
La nomination du comte Rœdern soulève un-vif
mécontentement dans les partis composant la ma-
jorité du Reichstag, qui estiment que le chancelier
aurait dû porter son choix sur un membre du
Reichstag pour remplacer M. von Payer.
EN ESPAGNE
La situation intérieure
La tranquillité reste complète. Les sergents de la
garnison de Barcelone ont signé un document- par
lequel ils témoignent n'avoir aucune relation avec
les juntes militaires. Le capitaine-général comman-
dant la garnison a visité les casernes et s'est dé-
claré sat.isfait de l'état d'esprit des troupes.
La presse déplore ]a suspension des communica-
tions, car ce fait donnait lieu aux suppositions les
plus graves.
Trois Juntes d'officiers se seraient dissoutes
L'Impartial annonce que certaines personnali-
tés en contact assez direct avec le gouvernement
rapportent que le mouvement des sous-officiers
est réprouvé par les officiers et qu'un grand nom-
bre de ceux-ci, pour éviter le retour d'incidents
analogues, seraient même disposés à dissoudre
leurs juntes. ̃̃
Cette décison aurait même déjà été mise à exé-
cution par les officiers d'état-mnjor du génie et
de l'artillerie et si elJé n'a pas encore été rendue
publique jusqu'ici c'est parce que les intéressés
désirent ne pas avoir l'air d'afficher une rupture
avec leurs collègues des autres armes.
M. L. Gui11et, professeur au Conservatoire
des Arts-et-Métiers et à l'Ecole centrale des ma-
nufactures, a fait, hier, dans le grand. amphi-
théâtre du Conservatoire des Arts-et-Métiers,
une conférence sur « l'emploi du cinématogra-
phe dans l'enseignement technique ».
Avec une grande clarté et en s'aidant de pro-
jections qui accompagnaient ses explications,
le professeur a fait ressorlir les avantages d<î
la cinématographie dans les études, où ta mé-
moire visuelle joue un rùlo prépondérant.
Il convient d'ajouter qu'au moyen du ciné-
matographe, les démonstrations peuvent être
indéfiniment répétées. Aussi, les élèves les
moins doués pourront, grâce à cet heureux sys-
tème d'éducation, s'assimiler des connaissances-
auxquelles ils n'eussent jamais osé prétendre
sans les merveilles le mot n'est pas exagéré
de la photographie animée.
Il n'y a pour ainsi dire plus une seule grande
famille américaine qui ne compte un ou plu-
sieurs fils dans l'armée nationale qu'on entraîne
en ce moment aux Etats-Unis.
Pas moins de six des ministres qui font par-
tie du cabinet actuel de M. Wilson ont mis leurs
enfants à la disposition de la patrie. Le secré-
taire d'E'at dé la trésorerie, M. Me Adoo, a trois
fils engagés dans la marine. Un fils de M. Da-
niels, secrétaire d'Etat de la marine, a pris ser-
vice comme simple soldat dans la marine. Le
secrétaire d'Etat du travail, M. Wilson, a trois
fijs dans l'infanterie. M. Franklin K. Lane, l'as
bien connu qui a rang do premier lieutenant
dans l'aviation américaine, est fils du secré-
taire d'Etat de l'intérieur. MM. David Franklin
Houston, fils du secrétaire de l'agriculture, et
Humphrey F. Redfield, fils du secrétaire du
commerce, sont enseignes.
Trois des fiLs de M. Hoosevelt, ancien p-rési-
dent des Etats-Unis, font partie de l'armée amé-
ricaine, tandis que le quatrième est capitaine
dans l'armée britannique. Un autre fils d'un an-
cien Président, M. Charles Taft, est-officier
d'artillerie et un gendre du président Wilson
lui-même est premier lieutenant.
La haute finance est également bien représen-
tée dans la jeune armée. M. Junius Spencer
Morgan, fils de John Pierpont Morgan, est en-
seigne. M. Henry P. Davison, fils du grand ban-
quier, est aviateur, et M. Vincent Astor, ensei-
gne de réserve, s'est mis avec son yacht à la dis-
position des autorités navales.
Ce n'est pas, comme on le voit, parmi les fils
de famille qu'il "faudra rechercher les embus-
qués américains, si embusqués il y a..
A
Prévision du temps.
M. André des Gâchons expose en ce moment,
à la galerie du Luxembourg, de minuscules
aquarelles, Eludes du ciel, qui ne sont pas
seulement de petites oeuvres d'art d'une grande
délicatesse, mais aussi une leçon de choses.
Pendant des années, M. des Gâchons a ob-
servé, à toutes les heures du jour. la forme
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Communiqués
officiels
Communiqué du 6 janvier, 14 heures <
Canonnade intermittente sur quelques par-
îies du front. Des coups de main ennemis sur
nos petits postes au nord du Chemin des Dames
sont restés sans succès.
Nuit calme partout ailleurs.
Communiqué du 6 janvier, 21 heures 30
Activité moyenne des deux artilleries dans
!a région de Corbény et en Haute-Alsace, plus
vive sur la rive droite de la Meuse. Pas d'action
d'infanterie.
Communiqué
britannique
Communiqué britannique du 6 janvier, après-
midi
Hier soir, nos troupes ont attaqué avec succès
et repris la sape que l'ennemi avait occupée
dans la matinée à l'est de Bullecourt.
Aucun autre événement important au cours
de la nuit, en dehors de l'activité des patrouilles
ennemies dans le secteur de Lens.
eJàTAvant
Je reçois tous les jours du front une volumi-
neuse correspondance qui m'apporte, à de très
rares exceptions près, l'affirmation généreuse
d'une constance invincible et d'une énergie que
rien ne fait fléchir. Inutile de copier ces lettres.
On voùdra bien me croire sur parole quand j'af-
firme qu'elles accusent un état moral digne de
toutes nos admirations.
Le général en chef savait à qui il s'adressait
quand, à l'occasion du 1er janvier, il parlait il
ses soldats ce mâle et véridique langage « Vous
avez la ferme volonté, de vous battre. autant
qu'il le faudra pour assurer la paix il vos fils,
car vous savez que si le plus pressé réclame la
paix, c'est le plus persévérant qui en fixe les
conditions, » Paraphrase éloquente de l'apoph-
tegme du vieux Nogui « A celui qui tiendra un
quart d'heure de plus que l'autre appartiendra
la victoire. Mais je crois que tous nos troupiers
en sont convaincus et qu'ils étaient d'accord
avec leur grand chef avant d'avoir entendu sa
voix.
Justement fiers de ce qu'ils ont déjà fait, ils
envisagent avec sang-froid et fermeté ce qui
leur reste à faire. Ils n'ignorent point que la
tâche est encore fort rude, qui leur incombera
demain. Mais ils l'assument sans crainte, ayant'
confiance en leur valseur, qui a toujours fait re-
culer les Allemands. Ils seront donc,- comme le
général Pétain le leur demande, patients et obs-
tinés' à la fois.
Faisons attention, -cependant, que l'adjura-
tion du généralissime dépasse la ligne des tran-
chées et doit être écoutée dans les profondeurs
de l'arrière. Le courage et l'endurance sont des
vertus qui s'imposent à tous, même fort loin
de la ligne de feu. Si ce n'est pas tout à fait le
.même genre de solidité que l'on demande à
ceux du front et à ceux de l'intérieur, c'est du
moins un effort moral qui partout est le même
et qui doit d'autant moins fléchir ici qu'il est
beaucoup plus facile que là-bas.
J'ai parlé de ma correspondance. Elle ne me
vient pas seulement des poilus et bien des civils
y collaborent. Me sera-t-il permis de dire qu'elle
m'apporte parfois des doléances dont la puéri-
lité m'étonne ou dont l'aigreur m'effraye un
peu ? Je conviens que le fait est rare. Il ne l'est
cependant pas assez pour que je ne me'croie pas
le droit de dire à ces gens de peu de foi « Mais
tendez donc l'oreille vers le front, et vous n'y
percevrez que des rumeurs confiantes. 'Obéissez,
comme vos fils, comme vos frères, à l'invitation
du commandant en chef de nos armées, qui vous
dit « Il faut que la lutta continue, le salut de
» la France l'exige. Et s'il arrive que vos âmes
endeuillées soient envahies par 'e doute ou par
la crainte, songez que ceux qui sa battent pour
vous gardent-.au cœur cette assurance de vain-
cre crue confirme si pleinement l'ordre du jour
du général Pétain et dont le KaiEer lui-même ne
peut se défendre d'être impressionné, comme
on s'en aperçoit à ses fuligineux discours. »
Il se croit si peu sûr de la victoire définitive
qu'il cherche visiblement une échappatoire dans
la paix russe, même achetée au prix des com-
promissions les plus dégradantes, parce qu'il
espère ensuite, dans sa psychologie très courte,
l'étendre au monde entier.
Seulement, cette paix n'est point encore
faite, Les négociateurs de Brest-Litovsk sem-
blent parfois se gourmer et les maximaliste
reculer devant les exigences germaniques. Je
dis semblent, parce qu'il pourrait bien se faire
3[ue ce fût là encore une cpniédi© jouée entre
compères. On sait qu'il n'y a rien à attendre
de Lénine et de sa bande que félonies et tra-
hisons.
Ne nous berçons d'aucune illusion trop
prompte. Les soldats russes, oublieux de tout
un passé d'honneur et volontairement insou-
cieux du sort qui les attend lorsqu'ils seront
sous la botte allemande, sont décidés à tout,
sauf à se battue. C'est là un fait patent, auquel
les derniers événements de Salonique sont ve-
nus encore donner une douloureuse illustra-
tion. Ainsi, le gouvernement maximaliste,;
n'ayant rien sur quoi s'appuyer puisqu'il s'est
chargé lui-même da détruire l'armée, sera tôt
ou tard obligé de céder. Mais, tandis qu'il
proteste ou feint de protester, nous gagnons
du temps, et c'est déjà beaucoup.
Au surplus,. il n'y a point à lutter contre l'ir-
réparable. Tout au plus peut-en tâcher de ré-
duire au minimum ses effets malfaisants. Je
ne crois pas m'avancer trop en disant que ce
but a été atteint dans une certaine mesure, car,
d'une part, les Austro-Allemands, qui se
voyaient déjà pénétrant en conquérants dans
la plaine vénitienne, sont encore accrochés' à la
crête des montagnes et immobilisés devant la
Piave de l'autre, les populations de l'Ukraine
n'ont pas dit leur dernier mot, ni le général
AlLenby arrêté sa marche en Palestine. De là,
pour Hindenburg, un triple mécompte.
Il comptait nous submerger sous le flot de
toutes les forces coalisées, et une grande partie
de celles-ci devra rester en Italie, en Russie
méridionale, en Asie et dans les Balkans. Ce
m'est pas une raison cependant pour qu'il re-
nonce à ses projets d'offensive, parce qu'en eux
résident sa dernière ressource et son suprême es-
poir. Il nous attaquera., nous pouvons en être
assurés, mais avec des moyens plus restreints
qu'il ne l'avait espéré tout d'abord. Cinq à six
cent mille hommes sont tout ce don t il -^mble
.pouvoir grossir ici des effectifs anémiés. Il n'y
a point là de quoi effaroucher ceux qui, devant
•Verdun, ont jeté à terre un nombre d'ennemis
exactement pareil.
J'ajoute qu'ils tiendront le coup d'autant
mieux que, grâce aux mesures prises oar M.
Clemenceau, ils se sentiront plus solidement 1
fortifiés. Construisons-leur donc des tranchées,
doublons et triplons leurs lignes. Nous pour-
rons, après, nous en fier à eux, dont, la cons-
tance est si admirable dans les souffrances im-,
posées par cet hiver implacable, du soià d'en
assurer la complète inviolabilité.
Lieutenant-colonel Rousset
Victoria Lafontaine
Victoria Lafontaine, la célèbre comédienne, est morte
hier à Versailles, dans ce logis de la rue Demouchy où
son mari, le grand artiste, ex-sociétaire de la Comédie-
Française, avait expiré en 1898. Elle avait vécu depuis
vingt ans au milieu des chers souvenirs de celui auquel
allé avait uni sa vie artistique, de celui à qui elle, avait,
voué un véritable culte; elle est morte à son tour parmi
tous les objets d'art qu'elle et lui avaient accumulés avec
un soin et un goût patients, et aussi parmi les ébauches
de sculpture qu'elle se plaisait à façonner dès que le
métier du théâtre lui en laissait le loisir.
Victoria avait été trouvée à Lyon, en 1840, par un
brave peintre plâtrier nommé Valons, qui lâcha un beau
jour la truelle pour l'échoppe du bouquiniste. Il adopta
l'enfant, qui était d'une intelligence supérieure et qui,
à huit ans, grimpait jusqu'aux rayons les plus élevés de,
la boutique des vieux livres pour y dénicher^des ouvrages
de' théâtre. Le père Valons ne s'opposa pas à la vocation
naissante de son enfant adoptive et il confia l'éducation
dramatique de la petite Victoria à un vieux comédien,
Jérôme Cotton, un monomane du théâtre, qui exploitait
une scène d'un quartier populaire et prétendait avoir fait
« four quand les spectateurs du paradis ne l'attendaient
pas à la fin du spectacle pour le huer et le menacer de
le jeter dans le Rhône car il avait la spéciale de jouer
les traîtres.
Dans ce théâtricule qui n'était ouvert que le dimanche
et dont les meilleures places coûtaient trente centimes,.
Victoria fit son apprentissage. Elle avait quinze ans à
peine qu'un directeur, de passage, la remarqua et l'en-
gagea comme ingénue au théâtre de Pau. Elle obtint un
succès complet dans la Fille terrible, malgré son aspect
chétif et sa voix grêle; la réussite fut même telle que
Montigny, le directeur du Gymnase, et sa femme Rose
Chéri, qui étaient venus en villégiature à Pau, déci-
dèrent la jeune artiste à venir à Paris, aux appointements
royaux de deux cents francs par mois. Victoria Valons
créa à partir de 1857: Cendrillon, La Perle noire, Picco-
lino, Les Ganaches, de Sardou; Le Démon du jeu, Paméla
Giraud, de Balzac; dans toutes ces pièces, ©Ile séduisit
le public par son jeu réservé; jamais on n'avait vu sur,
les planches une ingénue aussi vraie, aussi humaine.
Elle séduisit aussi en tout bien tout honneur son
camarade Lafontaine, qui la demanda en mariage.
Le mariage de Louis-Thomas Lafontaine avec Mlle Vic-
toria Valons eut lieu le 23 février 1863, en l'église Saint-
Eugène, toute tendue d'étoffes couvertes de caméMas
blancs. Ce fut un véritable événement parisien. Les
témoins des deux époux étaient: Alexandre Dumas fils,
Henri Martin l'historien, Victorien Sardou et de Prémon-
ville. Le curé vanta la sincère piété de ses deux
enfants o, et la quête (les journaux du temps en font foi)
rapporta 2,300 francs. Le. ministre de l'Empereur, le
comte Walewski, fit une surprise aux nouveaux mariés,
qui, en rentrant chez eux, trouvèrent dans la corbeille de
noces leurs deux contrats de sociétaires de la Comédie-
Française. Cette nomination, on le comprend, fit du
bruit dans le Landerneau dramatique: sociétaires sans
avoir été pensionnaires, et sociétaires sans avoir accompli
de débuts, cela ne s'était jamais vu
Victoria Lafontaine calma tous les scrupules, toutes les
émotions, toutes les envies par son simple talent. Elle
triompha dès sa première pièce, Il ne faut jurer de rien,
dans le rôle de Cécile. L'Ecole des femmes, Les Femmes
savantes, Mlle de Belle-Isle, Loyse de Gringoire ne lui
furent pas moins favorables. Les camarades du Théâtre-
Français se moquaient peut-être bien un.peu de l'actrice
qui faisait du crochet dans les coulisses en attendant
d'entrer en scène, mais les applaudissements et les ova-
tions du public mettaient fin à toutes ces railleries. Vic-
toria Lafontaine resta dans la Maison de Molière jusqu'en
1871 son mari quittait à ce moment la Comédie-Française
parce qu'on ne lui donnait que les -rôles dont les autres
sociétaires ne voulaient pas; elle le suivit dans sa démis-
sion, l'accompagna dans ses tournées et devint sa bonne
fée théâtrale. N'est-ce pas elle qui, en 1887, aux répéti-
tions de l'Abbé Constantin, au Gymnase, s'aperçut que
les auteurs n'étaient pas contents de la façon dont Lafon-
taine comprenait et jouait le rôle de l'abbé? Elle demanda
à MM. Pierre DeCourcelle et Hector Crémieux quarante-
huit heures pour donner quelques conseils à son mari et
remettre le rôle sur pied. Et vous savez quel fut le succès
de Lafontaine.
C'est, une artiste de rare qualité qui disparaît: eile
apportait dans la vie la conscience qui la guidait sur la
scène.
Louis Schneider
La Révision
de la grande
Injustice
C'est avec un grand tressaillement d'émotion
que les hommes de ma géneration ont lu le
discours de M. Lloyd George. Pour ma part, je.
remercie Dieu de m'avoir fait vivre assez long-
temps pour entendre sortir d'une bouche autre
que celle d'un Français ce cri que depuis qua-
rante-sept ans nous avons tous dans la gorge,
l'appel à la « revision de la grande injustice,
commise en 1871 a.
Cette reconnaissance de notre droit. impres-
criptible est la preuve la plus éclatante des sen-
timents dans lesquels l'Angleterre a signé avec'
nous le pacte de 1914 et de la fidélité avec la-
quelle elle s'attache à ses engagements. Que
si, par hasard, il restait en Franco un seul
homme pour s'attarder dans des souvenirs:
d'inimitié désormais abolis, il s'empresserait
de .confesser son erreur et de rendre hommage
à nos alliés. La question de TAlsaee-Lorraine
est en effet, comme l'a dit encore M. Lloyd
George, « un ulcère toujours ouvert qui in-
fecté pendant un demi-siècle la paix euro-
•péenne, et qui doit être guéri si l'on veut que,
des conditions normales puissent être téta-
blies ». JS'ous autres, qui avons vécu l'année
terrible, c'est une partie de notre âme qu'on
nous avait arrachée. Merci à ceux qui veulent
nous rendre la plénitude de notre être.
Or voilà précisément ce qui fait aujourd'hui-
la force, la grandeur, la popularité de M. Cle-
monceau. Il est, et l'instinct des masses ne s'y
trompe pas, au premier rang da ceux qui ont
scmffert de la diminution die la Franco et qui
ne connaîtront le plus tard possible la
sérénité du dernier sommeil que s'ils ont pu
auparavant travailler heureusement à refaire
l'Histoire. N'est-ce pas un phénomène curieux
de voir un homme politique qui, du haut de
son intelligence, méprisait les mouvements im-
pulsifs de la foule et combattit le boulangisme
qui en était une des plus indiscutables mani-
festations, recueillir aujourd'hui la faveur po-
pulaire et rallier, jusqu'à l'exaltation, toutes les
sympathies, toutes les espérances patriotiques
de ceux qui furent longtemps ses adversaires ?
Et ce phénomène se produit à l'heure exacte où
un autre homme politique, M. Caillaux, sou-
lève, du haut en bas de l'échelle sociale, les
passions exaspérées du pays tout entier.
Dans un article récent, notre confrère M. Ga-
pus, avec un sens aigu de la situation, posait
ce dilemme ou Clemenceau ou Caillaux. L'opi-
nion n'a pas hésité elle a choisi Clemenceau.
Ce n'est pas d'aujourd'hui, ce n'est pas de la
guerre actuelle que date l'antagonisme qui met
aux prises deux hommes, deux politiques, deux
méthodes. En 1911, M. Caillaux croit faire œu-
vre utile et prendre une mesure opportune en
cédant une partie du Congo à l'Allemagne.
Quelle que fût la surface du territoire cédé à
l'Allemagne, c'était une concession. Tout est là.
Elle perpétrait le sentiment de malaise et d'hu-
miliation de la France vis-à-vis de ses vain-?
queurs de 1870. Le pays en fut froissé au plus-
intime de lui-même l'orgueil national souffrit
cruellement. Lors de l'affaire de Casablanca, M.
Clemenceau fonce sur l'obstacle comme une
ombre qui s'enfuit devant celui qui marche sur
elle, l'Allemagne recule. M. Caillaux avait mon-
tré une timidité qui pouvait provenirchez lui
du .raisonnement. M. Clemenceau avait fait
preuve d'une confiance absolue qui n'admettait
rien en dehors d'elle-même. Devant la menace
reparue du danger allemand, l'un avait eu la
peur raisonnée de. notre défaite, l'autre avait eu
la foi instinctive dans notre victoire. Le pays
était avec celui qui avait cru en lui..
Je ne suivrai pas M. Caillaux dans ses cam-
pagnes en faveur de l'impôt sur le revenu et de
la loi de deux ans. Je passé et je le retrouve en
Italie. Il entend y poursuivre, dit le réquisi-
toire, la politique des transactions, des conces-
sions, des compromis qu'il avait inaugurée en
Même alors, ce n'était pas celle de la
France. Mais depuis, la guerre avait éclaté. Et,
en temps de guerre, nul n'a le droit de penser
autrement que son pays eût-il même raison,
nul n'a le droit d'avoir raison contre la France.
Le conseil de guerre ou la Haute-Cour décidera,
en toute connaissance de cause, si M. Caillaux
a commis ou non le crime de se mettre ainsi en
marge de son pays, au-dessus de ses lois, de ses
buts'de guerre et de sa volonté de vaincre à tout
prix.
Cependant, M. Clemenceau, descendu du
pouvoir, reprenait sa plume de journaliste,
bataillait avec la censure dans Y Homme libre,
tour à tour enchaîné et déchaîné, et, à travers
ses polémiques ardentes, ses attaques passion-
nées, qui parfois passaient la mesure, impo-
sait d'évidence da son ^patriotisme à ceux-là-
mêmes qu'il n'épargnait pas. Au prix d'un
labeur incessant, d'une vigilance continue, il
dirigeait les travaux de deux grandes commis-
sions qui exerçaient, grâce à lui, une police
nécessaire sur les actes du gouvernement et
l'obligeaient souvent à se départir de sa passi-
vité. La fermeté de son attitude le désignait à
l'estime de l'élite la sincérité de son indigna-
tion contre les traîtres le montrait à la foule
sa résolution à réclamer une conduite éner-
gique de la guerre lui gagnait le cœur de tous..
Il n'a pas été appelé au pouvoir, il y a été
porté.
En ces jours où l'âme du pays a passé en lui.
M. Clemenceau vit un rêve magnifique que lui
envient tous les hommes de sa génération.
Puisse-t-il remplir sa destinée comme il le
souhaite, comme nous le souhaitons tous pour
lui. Parce qu'il a été l'homme de la guerre
jusqu'au bout, puisse-tel être l'homme de la
paix dans la victoire La France est prête à lui
consentir tous les sacrifices pour que soit réa-
lisée cette condition de paix universelle et
durable le retour de l' Alsace-Lorraine à la
mère patrie.
M. Clemenceau s'est flatté longtemps, il se
flatte peut-être encore de ne pas admettre la
collaboration de Dieu dans les affaires de ce
monde. Je lui dirai en toute humilité, mais
aussi en toute assurance, que pour moi, n'ad-
mettant pas que la négation soit une explica-
tion, j'attends, parce que j'y crois, l'interven-.
tion do la Providence dans le drame mondial.
Notre causo est celle du droit. Nos alliés! se
plaçant à un point de vue supérieur à celui de
leurs propres intérêts, assignent comme pre-
mière condition à la paix la revision de la
grande injustice cominiseen 1871. Quand Dieu
efface, c'est qu'il se dispose à écrire. A l'heure
solennelle où nous sommes, il écrit des noms
sur la nouvelle carte du monde, et celui de
l'Alsace-Lora'aine reparaît sur la carte do
France.
Arthur Meyer
LES DIVERGENCES GERMANO-RUSSES
Trotsky
opère lui-même
Le mystère qui enveloppe jusqu'à présent les
tractations germano-russes n'est point dissipé.
La situation se modifie de jour en jour sans
qu'on puisse pourtant la préciser.
Autant qu'il est permis de le supposer, elle
se résume de la manière suivante les maxi-
malistes, après avoir déclaré qu'ils ne retour-
neraient pas à Brest-Litovsk, étant décidés à
ne reprendre la conversation qu'à Stockholm,
se seraient ravisés en présence du refus des
délégués de la Quadruplice de faire droit à
leur exigence, et surtout à la nouvelle que la
délégation ennemie avait entamé des pourpar-
lers avec les Ukranions. Trotsky serait alors
parti lui-même avec la mission bolchevik pour
Brest-Litovsk, où il a dû arriver hier.
Il s'agit de savoir maintenant s'il a toujours
l'intention de subordonner la reprise des négo-
ciations au transfert de la conférence à .Stoc-
kholm. Estimera-t-il, au contraire, ou'il est
plus prudent de se mettre entièrement à la dis-
crétion de l'Allemagne ?
Ce n'est -que lorsqu'on'sera fixé sur ce point
qu'il sera permis de se faire une- opinion sur
le degré de sincérité du « revirement » de
Trotsky; Il est fort probable qu'il y a une
large part de « bluff » dans les déclarations de
Pétrograde et de Berlin. Il est infiniment pro-
bable, en effet, que le gouvernement des bol-
cheviki ne'peut renoncer à conclure une paix
qu'il a promise à la nation et qu'il a rendue
en quelque sorte inévitable en enlevant au
pays les moyens de s'opposer à-une invasion
germanique il est évident, d'autre part, que
les cabinets de Bprlin et de Vienne ont trop
intérêt à se débarrasser du front oriental et à
s'assurer l'exploitation des richesses ie la
Russie pour rompre définitivement avec leurs
interlocuteurs sur un simple désaccord au
sujet du déplacement du siège des pourparlers.
L'Allemagne tient peut-être à affirmer dès la
début son autorité vis-à-vis des représentants de
l'anarchie révolutionnaire. Trotsky a-t-il voulu
lui en fournir l'occasion ou bien vient-il à Brest-
Litovsk avec la volonté de résister ?
Rien no dit, enfin, que les divergences entre
le chef maximaliste et les délégués de la Qua-
druplice n'aboutiront pas, après leurs entre-
Gens, à une entente en vue d'une nouvelle of-
fensive politique contre les alliés.
Attendons-nous à d'autres surprises.
René d'Aral
L'EFFQRT AMÉRICAIN-
Une ciécîaraticm t!u ministre des postes hrïizn-
I nique. La guerre sous-marins
neutralisée
On nous télégraphie de Londres que le. mi-
nistre des postes britannique-, parlant à Hey-
wood, a 'déclaré
Avec l'arrivée de centaines de mille hommes
de troupes américaines, le sort de l'Allemagne
serait réglé. Il faut envisager que jusqu'en août
la. situation sera difficile en ce qui concerne les
vivres, mais on doit s'attendre,' à partir de ce
moment, à une amélioration continue.
La situation en ce qui concerne la construction
des navires s'améliora rapidement. La construc-
tion est déjà presque au, niveau des pertes causées
par les sous-marins et, avant peu, nos efforts
seuls auront rétabli la situation.
La construction américaine commence â se faire
sentir et. dans deux ou trois mois, les construc-
tions réunies anglaises et américaines lUpnss'e^
ront considérablement le nombre des navires
coulés..
Le,
de WL y Cëorge
Télégramme de M. Clemenceau
M. Clemenceau, président du conseil, a adressé'
à M. Lloyd George, premier ministre de Grande-
Bretagne, la dépêche suivante
Avec mes plus. cordiales félicitations, je m'em-
presse de vous adresser celles de tous les Fran-
çais du front et de l'arrière pour l'admirable
discours dans lequel vous avez si heureuse-
ment résumé des vérités de fait qu'il ne faut
jamais se lasser d'opposer aux. mensonges" alle-
mands.
Ce qu'en pense lord Lansdowne
On mande die Londres,:
Interviewé au sujet du discours de M. Lîoyd
George, lord Lansdowne a dit qu'il avait remarqué
avec satisfaction que le premier ministre avait af-
firme, dans les termes les plus nets, le principe que
l'Angleterre n'avait jamais visé la destmction de
l'Allemagne comme grande puissance, mais vou-
lait plutôt la détourner de ses espérances et de ses
projets de domination militaire.
Lord Lansdowne croyait, comme M. Lloyd
George, que la paix juste et durable ne pouvait se
baser que sur les trois conditions indiquées par le
premier minisfaçe. L'acceptation de. ces conditions
par l'Allemagne indiquerait que l'ancien esprit de
domination militaire est définitivement exorcisé.
Une telle acceptation serait-elle, même, l'admission
de la défaite.
L'impression à Washington
Le discours de M. Lloyd George a causé une pro-
fonde impression dans les milieux officiels qui, en
effet, estimaient 'une déclaration faite par l'un
quelconque des aillés s'imposait, afin de cantre-
-<:arror les insidieuses tentatives'allemandes en vue
de dénaturer les intentions des alliés.
Les hauts fonctionnaires font remarquer que
M. Lloyd George a répété, mais en les clarifiant,
les diverses déclarations faites par les premiers
ministres alliés il a développé, mais en s'expri-
mant avec des termes plus incisifs, les idées du
président Wilson.
L'allusion à l'application d'un gouvernement
constitutionnel en Allemagne a vivement intéressé
les milieux officiels, car elle démasque la futilité
et l'hypocrisie des efforts faits par le comte Hert-
ling pour faire croire au monde que l'Allemagne
est déjà démocratisée.
L'ARRET DES NEGOCIATIONS
Les délégués des empires centraux, M. de
Kuhlmann, le comte Czernin et les deux re-
présentants de la Turquie et de la Bulgarie,
en revenant à Brest-Litovsk le 4 janvier, n'y
ont point rencontre les délégués maximalistes,
qui étaient 'demeurés à rétrograde.
Les négociations restent donc suspendues'
jusqu'au règlement de la question du transfert
de la conférence à Stockholm ce que les Al-
lemands ont nettement refusé déjà ou dans
toute autre ville comme Berne ou Copenhague
ce qui n'a pas encore été proposé officielle-
ment.
Mais pendant que les délégués austro-alle-
mands attendaient à Brest-Litovsk, les maxi-.
malistes se ravisaient en partie et la délégation
russe- reprenait le chemin de Brest-Litovsk,
sous la conduite de Trotsky, commissaire du
peuple aux affaires étrangères, où elle est ar-
rivée maintenant. Il reste à savoir sous quelle.
forme vont être reprises les négociations mter-
rompues.
En tous cas, un fait Singulier doit retenir
notre attention. Les pourparlers ont été pour-
suivis sans interruption entre les délégués des
empires centraux et les délégués de l'Ukraine,
ce qui est à rapprocher de l'information que
nous donnions hier relative aux négociations
entamées entre l'Ukraine et le gouvernement
maximaliste.
L'Ukraine, que nous croyions disposée à con-
̃tinuer la lutte aux côtés de l'armée roumaine,
apparaît maintenant comme désireuse de con-
clure une « paix démocratique » I C'est une
trahison d'un autre genre.
La délégafiQn de l'Ukraine à Brest-Litovsk
La délégation ukranienne « pour la paix »
se compose de MM. Levitzky, M. Ljubinsky,
N.Polosof et A. -A. Sevriuk, tous quatre nom-
bres de la Rada centrale ukranienne et de
l'Assemblée constituante de toute la Russie.
D'après une. dépêche allemande envoyée de
Brest-Litovsk, les délégués de l'Ukraine ont
reçu pleins pouvoirs du gouvernement de la
république populaire de l'Ukraine pour nïjner
des négociations de paix.
L'un de ces délégués aurait déclaré à un re-
présentant de l'agence Wolff
Au moment de la déclaration de guerre, les
Ukraniens ne formaient pas encore un Etat et
n'ont pris aucune part, ni directe ni indirecte, a
l'incendie général.
Maintenant que le peuple de l'Ukraine forme un
peuple bien défini, il désire conclure le plus rapide-
ment possible une paix démocratique. Personne ne
pourra facilement le distraire de ce désir. Les
Ukraniens, qui ont fait un si grand effort pour se
constituer en Etat indépendant, savent que ce n'est
qu'à partir de la conclusion d'une paix démocra-
tique assurant les intérêts économiques et politi-
ques de l'Ukraine, que commencera pour la répu-
blique populaire ukranienne une ère nouvelle de
prospérité pour le peuple 'jusqu'à maintenant op-
primé, avec ses forces vitales méconnues, et déli-
vré maintenant des chaînes do l'esclavage.
Nous espérons pouvoir agir solidairement pen-
dant les négociations da paix avec les représen-
tants du conseil des commissaires du peuple.
Les Russes, qu'on les prenne au nord ou au
Sud, ont décidément une facilité toute person-
nelle de se dégager des engagements d'honneur
vis-à-vis de"leurs alliés
Un télégramme de Berlin, daté du 6 janvier
et reçu à Baie, confirme en ces termes les négo-
ciations
« Vendredi et samedi ont eu lieu, à Brest-Li-
tovsk, des conversations sans caractère officiel
avec la délégation de l'Ukraine. Ces conversa-
tions se sont poursuivies d'une façon satisfai-
sante.
L'Anarchie russe
il n'y a pas encore d'accord entre l'Ukraine
et les maximalistes
Les journaux de Pètrograde parus le 5 disent
que ¿'armistice de cinq jours conclu entre les trou*
pes maximalistes et ukr.aniennes étant expiré hier
soir, les combatc r'cprirent avec acharnement sur
tout le front intérieur, particulièrement dans la
région de Bakmatch.
L'art maximaliste de voler les fonds privés
On annonce de rétrograde que le commissaire
du peuple pour les affaires des banques privées
a décidé qu'au cours de la revision des coffres-
forts loués aux particuliers, révision qui a lieu
le 8 janvier, seront confisqués, outre l'or, l'ar-
gent. le platine et les billets étrangers.
Les maximalistes comptent se procurer, par ce
vol, deux ou trois milliards de roubles.
Les fonds des ambassades
En présence de la fermeture des banques, les
ambassades étrangères ont demandé à M. Trotzkv
de leur faire délivrer les fonds dont elles ont
besoin par la Banque d'Etat.
M. Trotzky a refusé et a déclaré que les fonds
ne seront délivrés aux ambassadeurs que lorsque
les sommes déposées au nom de l'ancien gouver-
nement, dans les banques à l'étranger, auront été
remises aux représentants du conseil des com-
missaires,
A la Banque d'Etat
D'après une dépêche de Pétrograde, de source
maximaliste, le. fonctionnement de la Banque
3'Etat est a présent tout 1 fait normal :'65O nouV1
velles personnes ont accepté des emplois,
vieux employés ont repris leur service-
Les pillages de Pétrograde
On mande de Pétlrograde, à la date', Idu
5 janvier
La nuit dernière, des bandes armées ont repris
^subitement le pillage des'caves de vin, mais cette
fois des caves privées. lia ont dévalisé complète-
ment, entre autres, celles du Yacht-Club, le cercle
le plus riche de la capitale, et celle de la princesse
Baoriatinska, Les gardes rouges, accourues sur les
lieux, ont tiré sur les pillards et en ont tué et blessé
quelques dizaines.
L'indépendance de la Lithuanie
Les représentants à Stockholm des partis lithua-
niens viennent d'adopter une résolution déclarant
que/ la Russie ayant perdu tous ses doits sur la
Lithuanie, celle-ci doit aujourd'hui proclamer soi'1
indépendance.
L'Allemagne, dont les armées occupent actuel-
lement la Lithuanie, devra reconnaître cette indé^
pendance, qui s'applique non seulement à la
Lithuanie russe mais à la portion lithuanienne de
Prusse orientale, et retirer ses troupes du pays.
En outre, la Lithuanie réclamerait à la Russie
et à l'Allemagne une indemnité .pour les dom-
mages causes.
Le rétablissement des relations commerciales
avec l'Allemagne
On mande de rétrograde que la commission
russo-allemande chargée d'étudier les questions
économiques, a discuté le projet allemand sur
le rétablissement des relations .commerciales, soit
sur la base du traité de 1904, soit d'après le prin-
cipe de la nation la plus favorisée. Les délégués
russes ont objecté que jusqu'à la conclusion de la
paix les échanges commerciaux entre les deux
pays sont impossibles.
Le comte SVïïrfoach arme
ef2s prisonniers de guerre
D'après une information de Pétrograde, le
comte Mirbach a l'intention de créer une garde
personnelle, composée exclusivement de prison-
niers de guerre, disant que la sécurité des dé-
légués des puissances centrales à Pétrograde n'est
point garantie.
Le gouvernement maximaliste
menace la Roumanie
La Novaya- Jizn, commentant le différend qui
s'est élevé entre le gouvernement maximaliste'et
les autorités roumaines à propos de l'arrestation
de l'agitateur maximaliste Rockal à Jassy, écrit
qu'au cas où la Roumanie ne donnerait pas une
réponse satisfaisante aux réclamations de Pétro-
grade, le gouvernement de Lenine prendra contre
elle des mesures très énergiques..
SUS LE FRONT .ITALIEN
Petites actions locales et duels d'artillerie
Communiqué italien du 6 janvier
Sur tout le front, tirs habituels de harcèlement
des deux artilleries et activité intense de nos
avions en reconnaissance.
Des tentatives faites par les patrouilles enne-
mies entre la Brenta et la Piave ont été facilement
enrayées.
Sur la Piave inférieure, entre Fossalta et la
mer, actions intermittentes et nourries de l'artil-
lerie de petit calibre, rafales de mitrailleuses et
fusillade.
Le mont Tomba
Le 30 décembre, la Gazelle pojnilaire de Co-
logne décrivait ainsi les positions austro-alle-
mandes du mont Tomba.
C'est en ce point que les Allemands et les
Austro-Hongrois ont pénétré le plus loin sur le
territoire ennemi du haut de la crête, les obser-
vateurs d'artillerie découvrent la plaine italienne.
A l'aide des positions italiennes conquises, les
Austro-Allemands se sont si solidement établis sur
la crête du Tomba que ni les pièces d'artillerie
lourde, qui tirent de la plaine, ni les canons de
montagne, amenés par les Italiens sur le mont
Pallone pour les prendre d'enfilade, ni les atta-
ques d'infanterie les plus violentes n'ont pu ébran-
ler leurs positions.
Le jour même où paraissait cet article de la
feuille pangermaniste, les troupes françaises
enlevaient en quelques minutes ces positions
« inébranlables
LA GUERRE EN ASIE
Un beau succès des Arabes du Hedjaz
Un télégramme de. Londres, du janvier, dit que
le War-Office annonce que, selon des informations
qu'il a reçues, les forces arabes du Hedjaz ont fait
une incursion réussie contre Le chemin de fer, à
une vingtaine de milles au sud de Maan, et que,
plus loin vers le sud, la garnison turque entière
d'un poste important sur le chemin de fer est tom-
bée entre les mains des Arabes.
FRONT VD'ORIENT
Communiqué de l'armée d'Orient du 5 janvier
Activité de l'artillerie ennemie dans la rinion
de Monastir.
L'aviation française a bombardé des canton-
nements- et convois ennemis au nord du Lac
Presba.
La neige rend les communications difficiles
dans les montagnes.
AUTOUR DE LA BATAILLE
On ordre dû jour du Kronprinz
Les journaux allemands publient l'ordre du
jour suivant adressé par le Kronpnnz impérial
à ses troupes du front occidental, à l'occasion
du nouvel an
L'année 1917 appartient à l'Histoire et avec elle
les actions d'éclat de mon armée. L'armée française
se tenait prête sur l'Aisne et en Champagne pour
un grand coup décisif. L'ennemi .comptait imposer
la victoire grâce à sa supériorité écrasante en
hommes, en engins et en munitions mais ses as-
sauts sanguinaires se sont effondrés devant votre
bravoure et votre loyauté. Vous avez ainsi brisé la
force de l'ennemi et préparé la voie pour la v'c-
toire des armées allemandes en Russie et en Italie.
Dans une lutte tenace et en vous reposant seule-
ment sur votre propre force, vous avez, par votre
courage et votre esprit de sacrifice, dans les durs
combats du Chemin-des-Dames, en Champagne et
sur le terrain ensanglanté de Verdun, couvert l'ar-
rière-garde des armées avançant à l'est. et au sud.
Dans une loyale confraternité d'armes, vous avez
également défendu l'honneur de l'Allemagne en
Flandre et près de Cambrai.
Aussi est-ce avec fierté et le cceur rempli de re-
connaissance que mon regard se fixe aujourd'hui
sur vous, mes braves et indomptables chefs et sur
mes héroïques troupes.
Nous tenons au seuil d'une nouvelle année, ran-
gés autour de notre impérial seigneur de guerre,
avec notre bouclier sans tache, notre épée tran-
chante, prêts à frapper et à vaincre. Dieu est avec
nous
AUX ÉTATS-UNIS
Une promotion de trente-six généraux
Le président Wilson vient de signer les décrets
de nomination des généraux de brigade March,
Lanfitt, Mac Manon, Haan, au rang de majors-gé-
néraux, le premier dans l'armée régulière, les trois
autres dans l'armée nationale.
Trente-deux colonels sont également nommés gé-
néraux de brigade dans l'armée.nationale.
Le futur ambassadeur anglais
On confirme que lord Reading, ministre de la
justice, a été officiellement pressenti pour prendre
le poste d'ambassadeur de la Grande-Bretagne à
Washington, laissé vacant par la démission de sir
Cecil Spring Rice.
Lord Reading, qui est âgé de cinquante-sept ans,
a déjà rendu d'éminents services à la cause alliée
en Amérique depuis le début de la guerre.
Lord Reading est persona grata auprès du pré-
sident Wilson.
Dix milliards pour la marine marchande
Le ministre de la marine ,oient -de demander au
Congrès l'ouverture de nouveaux crédits se mon-
tant à 10 milliards de francs, pour augmenter ïa
construction des navires marchands, ainsi que
pour fournir des logements aux milliers d'ouvriers
qui seront réunis dans les nouveaux chantiers.
EN ITALIE-
La manifestation de Milan
On télégraphie die Rome, 6 janvier
On apprend que les délégués parlementaires de
France, d'Angleterre et d'Amérique assisteront
̃à la réunion des partis interventionnistes qui
aura lieu à Milan le 20 de ce mois. M. Orlando
prononcera un important discours à l'occasion de
cette manifestation patriotique.
Les protestations et démarches du Pape
"La nouvelle protestation publique du Pape, à
l'occasion de la réception de la noblesse ro-
maine, contre les bombardements de Padoue, a
produit la meilleure impression en Italie..
On annonce aussi que le Pape ne s'est pas
borné à transmettre &es protestations par la voie
des nonces auprès des Cours d'Autriche et de
Bavière, mais qu'il a envoyé une lettre autogra-
phe à l'empereur d'Autriche en insistant éner-
giquement pour qu'on cessa de massacrer des
innocents et de détruire des églises et des mo-
numents.
La culture alimentaire obligatoire
Au sujet de la mobilisation agricole qui se
prépare en Italie, une dépêche de Rome donne
les intéressants détails que voici
Tout propriétaire foncier sera tenu, aux termes
du décret, d'éliminer de ses terres arables et de
ses pâturages toute culture qui n'aurait pas pour
but 'd'approvisionner la population et l'armée
des produits nécessaires à la vie. Le problème
de la main-d'œuvre est résolu par de nouvelles
mesures, comportant l'utilisation des prisonniers
et des militaires.
Il .est institué, pour régler cette nouvelle acti-
vité de l'Etat, un comité central de mobilisation
agricole, composé de sénateurs et de députes com-
pétents et de représentants des propriétaires :et
des ouvriers agricoles. Cet organe central aura
des ramifications destinées à propager dans le
pays l'action du comité directeur.
EN'
Un uice.shar?ce!ior intérimaire
Le gouvernement impérial vient''de nommer le
comte Rœdern secrétaire d'Etat impérial aux
finances, remplaçant intérimaire du vice-chance-
lier von Payer. On sait que M. von Payer, grave-
1 ment malade depuis sa nomination, a dû quitter
Berlin et qu'il ne peut assumer la charge de ses
fonctions.
La nomination du comte Rœdern soulève un-vif
mécontentement dans les partis composant la ma-
jorité du Reichstag, qui estiment que le chancelier
aurait dû porter son choix sur un membre du
Reichstag pour remplacer M. von Payer.
EN ESPAGNE
La situation intérieure
La tranquillité reste complète. Les sergents de la
garnison de Barcelone ont signé un document- par
lequel ils témoignent n'avoir aucune relation avec
les juntes militaires. Le capitaine-général comman-
dant la garnison a visité les casernes et s'est dé-
claré sat.isfait de l'état d'esprit des troupes.
La presse déplore ]a suspension des communica-
tions, car ce fait donnait lieu aux suppositions les
plus graves.
Trois Juntes d'officiers se seraient dissoutes
L'Impartial annonce que certaines personnali-
tés en contact assez direct avec le gouvernement
rapportent que le mouvement des sous-officiers
est réprouvé par les officiers et qu'un grand nom-
bre de ceux-ci, pour éviter le retour d'incidents
analogues, seraient même disposés à dissoudre
leurs juntes. ̃̃
Cette décison aurait même déjà été mise à exé-
cution par les officiers d'état-mnjor du génie et
de l'artillerie et si elJé n'a pas encore été rendue
publique jusqu'ici c'est parce que les intéressés
désirent ne pas avoir l'air d'afficher une rupture
avec leurs collègues des autres armes.
M. L. Gui11et, professeur au Conservatoire
des Arts-et-Métiers et à l'Ecole centrale des ma-
nufactures, a fait, hier, dans le grand. amphi-
théâtre du Conservatoire des Arts-et-Métiers,
une conférence sur « l'emploi du cinématogra-
phe dans l'enseignement technique ».
Avec une grande clarté et en s'aidant de pro-
jections qui accompagnaient ses explications,
le professeur a fait ressorlir les avantages d<î
la cinématographie dans les études, où ta mé-
moire visuelle joue un rùlo prépondérant.
Il convient d'ajouter qu'au moyen du ciné-
matographe, les démonstrations peuvent être
indéfiniment répétées. Aussi, les élèves les
moins doués pourront, grâce à cet heureux sys-
tème d'éducation, s'assimiler des connaissances-
auxquelles ils n'eussent jamais osé prétendre
sans les merveilles le mot n'est pas exagéré
de la photographie animée.
Il n'y a pour ainsi dire plus une seule grande
famille américaine qui ne compte un ou plu-
sieurs fils dans l'armée nationale qu'on entraîne
en ce moment aux Etats-Unis.
Pas moins de six des ministres qui font par-
tie du cabinet actuel de M. Wilson ont mis leurs
enfants à la disposition de la patrie. Le secré-
taire d'E'at dé la trésorerie, M. Me Adoo, a trois
fils engagés dans la marine. Un fils de M. Da-
niels, secrétaire d'Etat de la marine, a pris ser-
vice comme simple soldat dans la marine. Le
secrétaire d'Etat du travail, M. Wilson, a trois
fijs dans l'infanterie. M. Franklin K. Lane, l'as
bien connu qui a rang do premier lieutenant
dans l'aviation américaine, est fils du secré-
taire d'Etat de l'intérieur. MM. David Franklin
Houston, fils du secrétaire de l'agriculture, et
Humphrey F. Redfield, fils du secrétaire du
commerce, sont enseignes.
Trois des fiLs de M. Hoosevelt, ancien p-rési-
dent des Etats-Unis, font partie de l'armée amé-
ricaine, tandis que le quatrième est capitaine
dans l'armée britannique. Un autre fils d'un an-
cien Président, M. Charles Taft, est-officier
d'artillerie et un gendre du président Wilson
lui-même est premier lieutenant.
La haute finance est également bien représen-
tée dans la jeune armée. M. Junius Spencer
Morgan, fils de John Pierpont Morgan, est en-
seigne. M. Henry P. Davison, fils du grand ban-
quier, est aviateur, et M. Vincent Astor, ensei-
gne de réserve, s'est mis avec son yacht à la dis-
position des autorités navales.
Ce n'est pas, comme on le voit, parmi les fils
de famille qu'il "faudra rechercher les embus-
qués américains, si embusqués il y a..
A
Prévision du temps.
M. André des Gâchons expose en ce moment,
à la galerie du Luxembourg, de minuscules
aquarelles, Eludes du ciel, qui ne sont pas
seulement de petites oeuvres d'art d'une grande
délicatesse, mais aussi une leçon de choses.
Pendant des années, M. des Gâchons a ob-
servé, à toutes les heures du jour. la forme
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