Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1917-04-06
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 avril 1917 06 avril 1917
Description : 1917/04/06. 1917/04/06.
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Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5372144
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/03/2008
S2e"aïmêe.– 3e
PABIS ET BÊPAOTIMENf S r*10' CENTIMES
VENDREDI Q AVRIL
ARTHUR WEYER
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LE PLUS GRAND JOURNAL DU MATIN
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Les manuscrits ne sont pas rendu!
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE: GAULOIS-PARia
UNE JOURNÉE HISTORIQUE
Une dépêche de Washington, en date du 4
avril, annonce ainsi le résultat du vote du Sénat
Le Sénat, par 82 voix contre 6,
a voté la résolution de guerre.
La Réponse
.DU, DU
Sénat américain
Le Sénat américain a répondu à l'appel de
M. par le vote d'approbation quasi-
unanime que l'on pouvait attendre de son pa-
triotisme éclairé et de sa haute conception, j
de l'honneur et des généreuses traditions de
la grande république fédérale.'
;L.a piteuse résistance du petit groupe d'irré-
ductibles pacifistes, dont le sénateur Laiollette
s'était fait.l'interprète, n'a eu d'autre effet que
celui de démontrer la vanité de son effort, la
faiblesse de ses. arguments et je ne pense
.pas que ses associés de la Chambre des rue-
présentants obtiennent plus de succès. L'élan
magnifique qui dresse le pays tout entier en
face de l'ennemi de la sociétés humaine est à
la fois trop ardent et trop réfléchi pour que
ces quelques voix dissonantes et perdues
soient capables de le détourner do son but.
Aussi combien M. Wilson doit aujourd'hui
se féliciter d'avoir refusé d'écouter ceux qui,
trop imiSàtients, lui conseillaient naguère de
brusquer les événements et d'user plus libre-
ment des prérogatives que lui attribue la
Constitution. Il lui eût été loisible, en effet,
de prescrire l'état de guerre sans consulter le
Congrès.
La nation américaine, dans sa grande ma-
jorité, l'eut approuvé sans doute, mais elle
n'aurait peut être point apporté dans l'accom-
plissement de cet acte considérable de sa vie
nationale l'enthousiasme et. la conviction
qu'elle y met dès l'instant qu'elle sait que sa
volonté n'a point été brusquée et qu'on l'a lais-
sée.maîtresse absolue de sa décision.
̃On n'eût point, enfin, assisté au spectacle d'un
si haut enseignement politique et moral qu'of-
frent en ce moment le Parlement et le peuple
déa Etats-Unis, décrétant eux-mêmes la néce.s-
sité d'abattre l'impérialisme allemand, parce
qu'il n'a réussi, selon la juste expression de M.
Poincaré dans son télégramme à M. Wilson,
qu'à révolter la conscience de l'humanité.
>, L'Allemagne s'efforce de sourire avec dédain
de ce verdict, elle cherche à crâner devant ee-
Il se peut. qu'elle donne pour quelque temps en-
core l'illusion de la. résistance il se peut que
l'intervention américaine. n'écourte pas autant
qu'on serait enclin à le supposer la durée, de la
guerre mais on ne saurait douter, par contre,
qu'elle rend plus certaine encore la défaite to-
tale et définitive de l'ennemi commun, parce
que c'est là le seul but que s'est assigné notre
nouvel allié en prenant les armes et parce qu'il
n'y a pas d'exemple qu'une nation mise au ban
de l'humanité, combattue par une coalition de
douze puissances qui représentent les deux
tiers des peuples civilisés, ne finisse par suc-
comber.
Et la liste des justiciers n'est point close :si
l'on s'en rapporte, en effet, aux termes de l'aver-
tissement que le Brésil'adressait récemment à
l'Allemagne, il est, à prévoir que le torpillage
d'hier, qui a coulé un de ses navires, fo déter-
minera à se joindre à la croisade des peuples
qui_v6uîent.êire libres et respectés.
L'HOMMAGE
;Le Président de la république a fait parvenir le
télégramme suivant à M. Wilson. président des
tsun
Au moment où sous la généreuse inspiration
de Voire Excellence, la grande république
américaine, fidèle à' son idéal et à ses tradi-
tions, s'apprête à défendre par les armes la
s cause de la justice et de la liberté, le peuple
français tressaille d'une émotion fraternelle.
Laissez-moi vous renouveler, monsieur le Pré-
sident, en cette heure grave et solennelle, Cas-
surance des sentiments dont je vous ai récern-
ment adressé le témoignage et qui trouvent
dans les circonstances présentes un accroisse-
ment de force et d'ardeur. Je suis sûr d'expri-
mer la pensé«de la, France tout entière en
venus- disant, à vous et ai la nation américaine,
la joie et la fierté que nous éprouvons sentir
nos coeurs battre; une fois encore, à l'unisson
avec les vôtres.
Cette guerre n 'aurait pas eu sa signification
totale si les Etats-Unis n'avaient pas été ame-
nés, par l'ennemi lui-même à y prendre, part.
dorénavant, il apparaît plus que jamais à tout
esprit impartial que l'impérialisme allemand,
qui avmiht, préparé et déclaré la guerre, avait
sur le monde. Il n'a réussi quà révolter là
conscience de l'humanité. Vous vous êtes fait,
devant l'univers, en un langage inoubliable,
léloquent interprète du droit outragé et de la
civilisation menacée. Honneur à vous, mon-
sieur le Président, et à votre noble pays.
le vous prie de croire mon amitié dévouée.
Raymond Poixcaré.
Voici le texte des discours qui ont été prononcés
hier, à la Chambre et au Sénat, par MM. Ribot,
Antonin Dubost et Paul Deschanel
"Discours
Président du^ conseil
Avant que' la Chambre se sépare, le gouver-
nement 1 demande d'adresser un salut cor-
dial à la grande république des Etats-Unis.
Vous avez lu l'admirable message. du prési-
dent Wilson.
'Nous avons tous le sentiment que quel
chose de grand et qui dépasse les proportions
d'un événement politique vient de s'accomplir.
C'est, un fait historique d'une importance
sans égale que l'entrée en guerre, avec nous et
nos alliés, de la démocratie la plus pacifique
qu'il y ait au monde. Après avoir tout fait pour
affirmer son attachement à la paix, la grande
nation américaine déclare solennellement
René d'Aral
qu'elle ne peut rester neutre dans cet immense
conflit entre le droit et la violence, entre la
civilisation et la barbarie. Elle considère qu'il
est de son honneur de relever les défis portés à
toutes les règles du droit international si labo-
rieusement édifiées par l'effort commun des
nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle né com-
battra pas pour des intérêts, qu'elle ne veut ni
conquête, ni compensation, qu'elle entend seu-
lement aider à- la victoire de Ja cause du droit
et. de la liberté.
Ce qu'il y a de grandeur, de noblesse dans
cette action est encore rehaussé par la simpli-
cité et la sérénité dm langage du chef illustre de
cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où nous
sommes engagés, le message du président des
Etats-Unis dissiperait toute obscurité. Il fait
apparaître à tous que la lutté est véritablement
une lutte entre l'esprit de liberté des sociétés
modernes et l'esprit de domination des sociétés
encore asservies à' un despotisme militaire.
C'est ce qui fait, que ce message retentira jus-
qu'au fond de tous les ccetars comme un. mes-
sage de délivrance,
Le peuple qui a fa,it au dix-huitième siècle
la Déclaration des droits sous l'inspiration des
écrits de nos philosophes, le peuple qui.a mis
au premier rang de ses héros Washington et
Lincoln, le peuple qui, au siècle dernier, s'est
déchiré lui-même pour abolir l'esclavage, était
bien digne de donner au monde-un tel exem-
ple. Il reste ainsi fidèle aux traditions des fon-
dateurs de son indépendance et il montre que
le prodigieux essor de ses forces industrielles
et de sa puissance économique et financière
n'a pas affaibli en lui ce besoin d'idéal sans
lequel il n'y a pas de grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement, c'est
que les Etats-Unis nous aient gardé l'amitié
qui a été ̃scellée autrefois de notre sang. Nous
constatons avec une joie reconnaissante que la
fidélité des sympathies entre les peuples est
une des vertus délicates qu'on peut cultiver au
sein d'une démocratie.
Le drapeau étoile va flotter à côté du dra-
peau tricolore, nos mains vont se joindre et
nos cœurs battre à l'unisson. Ce sera pour
nous, après tant de souffrances héroïquement
supportées, tant de deuils et tant de ruines, un
renouveau des sentiments qui nous ont ani-
més et soutenus pendant cette longue épreuve.
L'aide puissante, décisive, que nous apportent
les Etats-Unis ne sera pas seulement une aide
matérielle elle sera surtout une aide morale et
un. véritable réconfort.
En voyant s'éveiller partout dans le, monde
la conscience des peuples et s'élever une im-
mense protestation contre les atrocités dont
nous sommes victimes, nous sentions plus vive-
ment 'que nous ne combattons pas seulement
pour nous-mêmes et pour nos alliés, mais pour
quelque chose d'immortel, et que nous travail-
lons à fonder un ordre nouveau. Ainsi, nos
sacrifices n'auront pas été vains ainsi le sang
généreux versé par les fils de la France aura
été la semence féconde des idées de justice et
de liberté.-fondement nécessaire de la concorde
entre les nations.
Au nom du pays tout entier, le gouvernement
de la république française adresse au gouver-
nement et au peuple des Etats-Unis, avec l'ex-
pression de sa reconnaissance, ses vœux les
plus ardents.
discours
de' M. ftnfonm t)ubosf
Président du Sénat
Messieurs,
Le Sénat reçoit avec,une intense émotion,pa-
triotique et républicaine la communication par
laquelle le gouvernement lui annonce que les
Etats-llnis sont désormais en état de guerre et
solidairement avec nous. Ainsi, le crime initial
de l'Allemagne déroule l'une après l'autre tou-
tes ses fatalités. Il déchaîne la plus grand
insurrection des peuples libres, qui se soit
jamais vue contre la dernière tyrannie le
militarisme prussien.
Il les associe successivement dans une ma-
gnifique solidarité démocratique, et voici ,que
l'épée de Washington, répondant à l'épée de
La Fayette, est à son tour jetée dans la ba-
lance 1 ̃̃
La grande république avait déjà spontané-
ment assumé une mission sublime, celle d'em-
pêcher la Belgique et la Francs envahies le
mourir de faim. Au moment solennel où elle
cède à un appel plus impérieux, celui de l'hon-
neur outragé, le Sénat français lui adresse en
même temps sa reconnaissance et son salut fra-
ternéls.
Honneur aux nouveaux soldats clé la liberté
qui, connaissant toute l'affreuse puissance de
l'Allemagne pour le mal, l'affrontent résolu-
ment
Honneur au nouveau juge qui demain pren-
dra place à la haute cour de justice de l'huma- 1
nité et qui prononcera avec nous les peinés col-
lectives et individuelles que méritent la coali- i 1
tion germanique, ses chefs et ses complices U 1
discours
de M. Paul Deschanel
Président de la Chambre des députés
Messieurs,
La Chambre française salue avec enthou<
siasme le verdict du président de la république
des Etats-Unis, qui est la voix même de la jus-
tice, et l'énergique décision du Sénat fédéral ac-
ceptant la guerre. imposée par l'Allemagne.
Eschyle a dit, dans Les Perses a Laissez ger-
mer l'insolence ce qui pousse, c'est l'épi du
crime on récolte Une moisson de douleurs. »
Et nous pouvons dire, nous L'épi du crime
porte la vengeance après la moisson de. dou-
leurs, voici la moisson de justice »
Le cri des enfants et des femmes, du fond de
l'abîme où les précipita un hideux forfait, a re-
tenti d'un bout à l'autre de la terre. Les cendres
de Washington et de Lincoln ont tressailli leur
grande âme soulève l'Amérique.
Et s'agit-il seulement de venger des Améri-
cains ? S'agit-il seulement de punir la violation
des traités au bas desquels les Etats-Unis avaient
mis leur signature ? Non les vérités éternelles
proclamées dans la Déclaration de 1776, les
saintes causes que défendirent Lafayette et Ro-
chambeau, l'idéal des pures consciences d'où est
née la grande république honneur, morale,
liberté voilà les biens suprêmes qui brillent
dans les plis du drapeau étoile 1
Descendants des puritains de la Nouvelle-An-
gleterre, nourris des préceptes de l'Evangile, et
qui, sous le regard de Dieu, vont châtier les in-
fernales créations du génie du mal, mensonge,
parjure, assassinats, profanations, rapts, escla-
vage, martyres et cataclysmes de toutes sortes
catholiques, frappés en plein cœur par les aria-
thèmes contre leur.' religion,1 parlas outrages à
aux destructions de Louvain et- de Reims ? pro-
fesseurs d'Université, sûrs gardiens de la pensée
du droit industriels de du, Centre, fer-
miers et éleveurS de'l'Ouest, ouvriers et artisan-;
menacés dans leur travail par le torpillage des
navires, par l'arrêt des transactions, révoltes
par les insultes au pavillon national les voilà
tous dressés à'leur tour contre le fol orgueil qui
voudrait asservir la terre, la mer, le ciel, le:'
âmes
A l'heure où, comme aux temps héroïques dE
la guerre de l'Indépendance, les Américains
vont combattre avec nous, répétons-le une fois
encore nous ne voulons empêcher personne de
vivre, de travailler, de commercer librement
mais la tyrannie de la Prusse est devenue un'
péril pour le Nouveau-Monde comme pour l'an-
♦cien, pour l'Angleterre comme pour la Russie,
pour l'Italie comme pour l'Autriche et pour l'Al-
lemagne elle-même. Soustraire le monde, par
l'effort commun des peuples démocratiques, au
joug de sa caste militaire et féodale pour fonder
la paix sur'le droit est une œuvre d'affranchis-
sement humain et de salut universel..
En accomplissant, sous une présidence désor-
mais immortelle, le. plus grand acte dé ses an-
nales depuis l'abolition de l'esclavage, la glo-
rieuse nation dont toute l'histoire n'a été que le
développement de l'idée de liberté demeure fi-
dèle à ses hautes origines et se crée un titre de
plus à la reeonnaissance du genre humain.. La
république française, à travers les ruines de ses
villes et de ses monuments dévastés, sans motif
et sans excuse, par une sauvagerie honteuse, en-
voie sa. soeur aimée, la république américaine
les palmes de la; Marne, de l'Yser, de Verdun et
de la Somme, auxquelles vont' s'ajouter bientôt
Une Heure
émouvant
Nous avons vécu, hier, au Palais-Bourbon,
une heure émouvante, évocatrice de l'inoublia-
ble séance du 4 août 1914.
Aux premières paroles de M. Ribot, envoyant
à la. grande république des Etats-Unis. le salut
cordial du gouvernement de la France, la
Chambre, subitement dressée dans un magnifi-
que élan d'enthousiasme, se tourna, d'un mou-
vement unanime, vers la: tribune diplomatique
où se tenaient les ambassadeurs et ministres
de toutes les puissances alliées et ce fut, "à
l'adresse de M. Sharp, une ovation singulière-
ment impressionnante. Visiblement ému, l'am-
bassadeur des Etats-Unis se levait alors, sa-
kiànt et remerciant du geste mais voilà que,
brusquement aux applaudissements montant
de l'hémicycle, viennent se joindre ceux des
tribunes tribunes de la presse et tribunes du
public. A ce moment le spectacle est vraiment
de ceux auxquels on regretterait .de n'avoir pas
assisté, et j'imagine que M. Sharp en, gardera
longtemps le souvenir.
La même manifestation s'est renouvelée spon-
tanément; lorsque M. Ribot- est descendu de la
tribune. Il n'est pas, d'ailleurs, une phrase du
discours du président du conseil qui n'ait été
acclamée et, ma foi, ce M. justice. Il eût été
difficile de mieux dire, d'exprimer plus claire
ment, plus nettement et plus simplement à la
fois, que l'a fait M. Ribot, le sentiment d'ami-
cale gratitude de la France envers les; Etats-
Unis, en même temps que la profonde impres-
sion produite, dans le monde entier, par le
noble geste de la grande république américaine
venant prendre résolument sa place au rang des
défenseurs de la liberté et du droit outragés.
Cette constatation ne saurait, rien enlever,
bien entendu, au mérite de l'éloquent discours
do M. Paul Deschanel, associant au salut du
gouvernement celui de la Chambre, et dont le
succès n'a pas été moindre que celui de NI'.
Ribot. •.̃̃̃̃
La Chambre a ordonné Taf ichage des deux
discours elle a même décide, sur la proposi-
tion d'un de ses membres, qu'il en serait donné
lecture dans toutes les écoles de France. C'est
là une innovation heureuse. Sans doute,'il fau-
dra se garder, dans l'avenir, d'invoquer ce pré-
cédent pour introduire dans l'école la lecture
de telle ou telle harangue politique, mais le lan-
gage essentiellement patriotique des deux pré-
sidents mérite bien l'honneur d'être répété aux
oreilles de la jeunesse.
II est seulement regrettable qu'on ne puisse
en .même temps dérouler sous ses yeux quelque
film cinématographique lui permettant de se
rendre compte de la scandaleuse attitude des
pèlerins de Kienthal, fixés à leur banc, au mi-
lieu de l'enthousiasme général, dans une immo-.
bilité systématiquement silencieuse.
Evidemment, ces gens-là auraient préféré
que l'occasion leuir pût être donnée d'applaudir
quelque neutre se portant au secours des enne-
mis de la France.
Georges Foucher
Au Luxembourg j
L'hommage aux Etats-Unis. Superbes mani-
festations. M. Sharp acclamé
La journée ne fut pas moins belle au, Sénat
qu'à la: Chambre. Les membres de la Haute
Assemblée au complet des grandes séantes au
banc des ministres, MM. Ribot, Viviani, Des-
plas, Steeg, Violiette, Métin, Nail, Roden.
Dès la première phrase de la « communica-
tion », des applaudissements éclatent de toutes
parts. M. Ribot est visiblement heureux et ému
de l'ovation qui lui est :faite. L'Assemblée en-
tière se lève et acclame à la fois le président du
conseil et « la grande république des Etats-
Unis ». Chaque phrase d'un document histori-
que où la noblesse des paroles égale la noblesse
des pensées fut'couverte de braves où vibraient
l'enthousiasme et le. patriotisme.
Les acclamations redoublèrent à la fin de
cette lecture sensationnelle. M. Bonnelat, du
Cher, agita frénétiquement un drapeau améri-
cain pendant que le Sénat, debout, se tournait
vers la tribune diplomatique où l'on remarquait
la présence de M. et Mme Sharp et, longue-'
ment, 'acclamait l'ambassadeur des Etats-Unis.
Les mêmes phrases d'enthousiasme .et de.pa-
triotisme viennent .naturellement sous la plume
pour une seconde manifestation celle qui, ac-
cueillit, l'éloquente intervention de M. Antonin
De,toutes parts-s'élève un double cri
'̃ Vivent les Etats-Unis ,•:
-r,. L'affichage des deux discours
Unanimité. Puis la séance est suspendue et,
dans les couloirs, on commente avec joie Les
incidents de rune des plus belles journées que
nous. ayons vécues depuis le commencement
ds la guerre.
Le Livre d'Or de l'Armée
CITATIONS A L'ORDRE DE L'ARMEE
DE GANAY, chef d'escadrons au 401' rég. d'in-
fanterie (officier supérieur de cavalerie des plus
brillants. Détaché sur sa demande dans l'infante-
rie comme adjoint au chef de corps. Réunit les plus
belles qualités militaires, bravoure tranquille, in-
telligence, initiative, coup d'oeil, sang-froid, es-
prit de sacrifice. Le 2i octobre, d été pour son chef
'1 de corps le plus pi'écîeus auxiliaire,, ert vérifiant,
̃lis des tirs de barrage etspar un épais 'brouillard
«.m 'endait la; ̃directi'o»Arte difficile, si les bâtai]
j Jons t-taient bien à leur place et e.n liaison parfaite
entre eux et avec Jes unités voisines).
Mm« HARLEY-(eatherine-Mary), hôpital Scot-
tish (à su organiser et diriger avec maîtrise l'hô-
paal volontaire des Scottish Women, formation qui
a rendu, â X. les plus grands services, grâce à
son installation parfaite, à la science et au dévoue-
ment de son personnel). Mme Harley, sœur du ma-
réchal French, a été tuéa récemment à l'ennemi, à
Monastir.
AU SECOURS!
Sauvions deux millioas et demi
d'Enfants
Il y a pour le moment deux millions et demi de petiiïi
êtres qui souffrent de toutes les privations, que la maiadii'
guette, que la mort menace peut-être. Innocentes vie.
times des barbare% teutons, qui ne veulent pas lâche:
leur proie, ils attendent, dans la plus atroce misère phy-
sique, qu'une aide, qu'un réconfort, rendus plus urgent))
chaque jour, leur soient apportés.
Car ils sont réellement retenus captifs dans leur pays
natal, ces deux millions et-demi d'enfants belges, dont
près de la moitié n'ont pas encore atteint la douzième
année. L'envahisseur ne s'est pas contenté de semer les
mines autour de, lui, de razzier tous les produits du sol,
de voler ie matériel des usines, de réduire des milliers
d'ouvriers au chômage, de détruire tes familles, de briser
les foyers pur les déportations. Il a aussi conçu, et il est
en.train d'Exécuter, l'infernal dessein d'atteindre jusque
dans son avenir la noble race qui n'est coupable que
sauver son indépendance et défendre son
honneur. If veut fa frapper mortellement en frappant les
rejetons qui constituent son unique consolation, dans les-
quels, par lesquels elle a pu espérer revivre un jour.
Si nous voulons avoir et apporter des précisions sur la
situation lamentable de ces petits infortunés, nous n'avons
qu'à écouter et qu'à répéter l'appel que lançait, il y a
quelque temps, le lord maire de Londres dans un message
qu'il adressait à la presse anglaise:
ci Il y a,plus de 2,575,000 enfants belges retenus captifs
par les Allemands en Belgique. Pendant plus de deux
années, ils ont attendu avec constance leur délivrance,
et ils ont été alimentés grâce à l'intervention généreuse
de la commission neutre instituée pour venir en aide à
la Belgique.
n Les conséquences de ces deux années de captivité
intolérable commencent à se faire sentir cruellement.
La tuberculose fait des progrès rapides. Les nouveau-nés
sont d'un poids et d'une faiblesse qui font pitié. La mère
belge peut peine nourrir son enfant. »
Un tel appel ne pouvait pas ne pas trouver d'écho en
France. Dans ce pays qu'aucun désastre ne laissa jamais
indifférent, et qui secourut même, avec une générosité
bien mal récompensée, tes désastres que subirent cer-
tains peuples aujourd'hui rangés parmi lés pillards et tes
vandales, le désastre qui s'abat sur la Belgique sera
ressenti doublement, car nous savons tout ce que nous
devons à éét héroïque pays. Il n'est pas un Français qui
ne veuille, dans la mesure de ses moyens, apporter son
concours à la baronne de Gaiffier d'Estroy, femme de
S. Exc. le ministre de Belgique, et à S. A. la princesse
de Ligne, présidente d'un comité de dames auquel s'est
associée l'Alliance franco-belge.
Il s'agit-d 'organiser au Trocadéro, pour le dimanche'
29 avril, une grande fête de bienfaisance dont le pro-
gramme sera superbe.' Que chacun, soit par sa personne,
soit par ses dons, soit par-sa propagande, contribue
donner cette fête l'éclat le plus somptueux et, surtout,
le plus fructueux.
Pour/cette représentation solennelle, les loges seront
3 ?S traces la place, les fauteuils d'orchestre à 20 francs,
les fauteuils de balcon francs et les autres places
à 5 et à 3 francs. Quant aux dons, ils peuvent être
adressés à, la légation de Belgique, 20, rue de Berri.
La correspondance sera reçue par M. E. Ramoisy, secré-
taire, 58, rue de la Victoire.
Remplissons donc tous notre devoir à l'égard des
enfants belges; nous aurons, en même temps, la satis-
faction de'le remplir à l'égard de milliers de nos enfants
à nous, restés en Belgique envahie, et qui n'ont pu,
depuis bientôt trois ans, revoir la France.
Communiques
officiels
Communiqué du 5 avril, 14 heures
De la Somme à l'Cise, l'ennemi n'a tenté au.
cune réaction sur le nouveau front conquis par
nous. hier. Pendant la nuit, nos reconnais-
sances ont poussé au nord de Gauchy et au
nord de Moy, jusqu'aux lignes ennemies,
qu'elles ont trouvées fortement occupées. Ca.
nonnade intermittente à l'est et à l'ouest de là
Hier, en fin de journée, les tirs de nos batte-
ries ont arrêté. net une contre-attaque alle-
mande qui s'apprêtait à déboucher sur le front
Laffaux-Margival. La lutte d'artillerie continue
dans ce secteur.
Au nord-ouest dé Reims, les Allemands ont
attaqué sans succès nos lignes entre Sapigneul
et tà ferme du Godat. Quelques fractions en-
nemies qui avaient pris pied dans un élément
avancé en, ont été rejetés aussitôt par notre
contre-attaque.
En Alsace, nous avons pris sous nos feux et
dispersé un groupe ennemi dans la région
d'Ammerzwiller. 1
Nuit calme partout ailleurs.
Communiqué du 5 avril, 23 heures'
Entre Somme et Oise, l'artillerie allemande
a violemment bombardé nos positions au nord
diJrviHers. Une vigoureuse riposte de nos bat.
teries a fait cesser le tir de l'ennemi. Action
intermittente d'artillerie sur la rive ouest de
l'Oise et au sud de l'Ailette. Pas d'action d'in.
fanterie.
Aux lisières ouest de l'Argonne, après un vif
bombardement, les Allemands ont exécuté un
coup de main sur uns de nos tranchées au nord
de Vienne-le-Château. L'ennemi, qui a fait
usage de liquides enflammés, a été repoussé
par nos barrages et a laissé des morts et des
prisonniers entre nos mains.
Au nord-ouest de Reims, l'attaque allemande
annoncée dans le précédent communiqué sur
rias positions entre Sapigneul et la ferme du
Godât s'est développée sur une front de deux
mille cinq cents mètres. L'ennemi avait réuni
de nombreuses troupes spéciales d'assaut pour
nous rejeter de la rive gauche du canal de
l'Aisne, ainsi qu'en témoignent les ordres trou.
vés sur les officiers tués ou prisonniers. L'at-
taque a complètement échoué sur la plus
grande partie du front, où nous avons réoccupé
presque immédiatement toutes nos tranchées
de première ligne. Des contre-attaques sont en
cours pour reprendre les quelques éléments
que l'ennemi tenait encore dans l'après-midi.
Sur la rive gauche de la Meuse, nos pièces
ont pris sous leur feu, au nord de la cote 304,
trw troupe allemande qui a subi de fortes
pertes.
En Lorraine, dans la région de Gremecey,
nous avons exécuté un tir sur, un train dont
plusieurs wagons ont été incendiés.
Rien à signaler sur le reste du front,
(A suivre.)
Paul Roche
Communiqué t
britannique
Communiqué britannique du 5 avril, 13 heures
A la suite d'un violent combat, nos troques
ont enlevé les villages de Renssoy et Basse-
Boulogne, faisant vingt deux prisonniers et
prenant trois mitrailleuses. L'ennemi, en se re-
tirant, a été gêné par ses propres réseaux de-
défense et a été pris sous nos feux de mitrail-
'lauses, subissant de lourdes pertes.
A l'est et au nord-est de Metz-en-Couture,
malgré la résistance acharnée de l'ennemi, nos
troupes continuent à progresser et ont atteint
les lisières ouest et sud-ouest du bois de Gou-
zeaucourt et du bois d'Havrincourt. Dans ce
secteur, soixante prisonniers nouveaux, deux
mortiers de tranchées et cinq mitrailleuses sont
tombés entre nos mains.
La ville est débordée au sud par no3 troupes.
Une attaque allemande est brisée en
Champagne*, Les Austro-Alleemanda
attaquent les Russes sur le Stockod.
Le froid, la neige, la pluie, les bourrasques
intempéries prolongées de la période des
équinoxes n'ont pas cependant suspendu
l'élan des troupes anglo-françaises dans la di-
rection de Cambrai comme aux abords due
Saint-Quentin.
L'ennemi lui-même semble en avoir éprouvé
quelque surprise et quelques mécomptes, ayant
abandonné, dans son mouvement de retraite
précipité et parfois même désordonné, un butin
important de matériel d'artillerie (trois obu-
siers de 15 cm.), de convois de parcs d'aviation,
de munitions en abondance.
C'est entre Somme et Oise, sur un soldé-
trempé, au milieu de fréquentes tourmentes
de neige, que notre vaillante infanterie' a atta-
qué l'adversaire sur un front de dix kilomètres
environ..
En avant de nos positions, au matin du 4,
l'ennemi occupait une ligne de bataille établie
sur les hauteurs situées surtout à l'ouest de la
route nationale n° 44 de Saint-Quentin à Laon,
entre les villages de Gnugies et de Moy, chef-
lieu de caneton situé sur les bords de l'Oise, à,
l'est de cette route nationale.
Notre front d'attaque était donc orienté, à
cheval sur .cette route, dans la direction nord-
est, direction suivant Laquelle est elle-même
orientée cette trouée de Saint-Quentin limitée
comme l'on sait, pair les vallées de la Somme
et de l'Oise coulant parallèlement de Guise à
Samt-Simon.
Dans cette journée du mercredi 4, nos
troupes, précédemment établies, dès la journée
du 3, de Giffécourt à Cérizy -.leurs éléments
avancées étant aux abords mêmes du villages
d'Urvillers se lancèrent à l'assaut des posi-
tions allemandes.
Le choc fut rapide, violent, impétueux les
villages due Grugies, Urvillers, Moy furent em-
portés de haute lutte. En certains points la
panique se mit dans les rangs ennemis. Entre
Urvillers et Moy, se trouve cette ferme de La
Folie dont nous parlions hier. Plantée à la,
cote 117 sur la route nationale n» 44, elle fut-
le théâtre de combats acharnés, à cause de sa
position dominante. A un moment même de
l'action, l'ardeur de nos soldats fut tellement
manifeste, la poussée exercée par eux telle-
ment irrésistible que trois lignes de retranche-
ments furent abandonnées dans le plus grand
désordre par les fantassins allemands. Ceux-ci
s'enfuirent en laissant sur le terrain matériel
abondant, blessés nombreux.
Au soir du 4, l'ennemi était donc rejeté vers
la voie ferrée de Saint-Quentin à Laon (oar
Ribemont), aux confins des villages de Gau-
chy mètres des faubourgs do Saint-
Quentin), Itancourt, Berthénicourt et Alain-
court (rive droite de l'Oise.). Les troupes fran-
çaises débordent donc maintenant Saint-Quen-
tin par le sud, tandis qu'à l'ouest leurs avant-
gardes sa maintiennent dans les faubourgs mê-
mes de la ville, et qu'au nord-ouest, les trou-
pes britanniques, installées au bois de Savy,
ne sont plus qu'à 1,500 mètres de la cité.
Saint-Quentin dont on voit, dans la nuit
sinistre, les lueurs d'incendie peut tomber
au pouvoir des alliés d'un instant à l'autre.
L'ennemi se résoudra sans doute à l'évacuer,
lorsqu'il y aura accompli son œuvre systéinar
tique de dévastation et de mort, prodrome
certain des retraites définitives.
La lutte pour Saint-Quentin s'achève celle
pour Cambrai commence. Elle est menée mé-
thodiquement par nos vaillants alliés, qui sont
d'ores et déjà aux prises avec la position fox-'
tement organisée du bois d'Havrincourt.
Ce mamelon boisé continue, en effet, la dé-
fense avancée de Marcoing et de Cambrai, en-
tre les deux voies ferrées reliant Bapaume et
Péronne à Cambrai. Les troupes britanniques
ont entamé l'attaque du bois d'Havrincourt,'
dont la corne nord-est se trouve distante de
Cambrai d'environ 12 kilomètres.
Après avoir occupé, le 30 mars, Ruyaulcourt,
villa;e situé à l'ouest de ce bois, ils ont enlevé,
au sud, le. 4 avril, le village de Metz-en-Cou-
ture.
L'engagement fut des plus vifs dans ce vil-
lage même. L'ennemi en fut rejeté prestement
et refoulé sur les lisières du bois d'Havrin-
court, où la lutte continue.
Cette manœuvre exécutée par nos alliés tend
à déborder ce bois simultanément par le sud-
est (direction de Villçrs-Plouich), et nar le
nord-est, en venant de Doignies. L'Allemand
s'est rendu compte du danger de cette manœu-
vre convergente, puisqu'il ne contre-attaqua
pas moins d0 sept fois le village de Doignies
dans la seule journée du 3, sans pouvoir toute-
fois le reprendre aux Anglais. ̃;
En Champagne, au nord-ouest de Reims, les
Allemands ont déclenché, dans la journée du
4, une puissante attaque contre nos positions
établies du canal de l'Aisne à la Marne, entre
le hameau de Sapigneul et la fermé de Godat.
Cette attaque, menée par des troupes d'élite
sur un front de 2,500 mètres, a été rapidement
enrayée par nos feux. Des contre-attaques
immédiates nous ont rendu la majeure partie
des éléments de tranchées momentanément
occupés par l'ennemi.
Sur le front de Russie, l'activité allemande
paraît se réveiller. Une violente action offen-
sive a été, en effet, déclenchée par l'ennemi,
dans la nuit et la journée du 3 avril, en Volhy-
nie, près de Borovno, sur lés rives du Stoe-
.kod. Les troupes austro-allemande?, dans utf
choc brutal, préparé efficacement par leur ar-
̃h«llàn©f obligèrent -nos- alliés à reporter leur,
i avant-gardes de la -rive gauche s'ur la rive
droite du Stockod. Quelques fractions enne-
mies s'établirent même sur cette rive droite.
Cette brusque offensive, promptement et ef-
ficacement préparée au moyen d'artillerie
lourde à obus explosifs et asphyxiants, et à
l'aide de nombreuses et copieuses émissions de
gaz toxiques, paraît avoir surpris nuelque peu
les Russes. Ceux-ci avouent sans détours l'éva-
cuation de la rive gauche du Stockod et leur,
«refoulement » sur la rive droite. Cette action
simplement locale, bien que présentant -un
certain développement dans l'attaque, ne sau-
rait cependant compromettre la solidité du
front russe devant Loutsk et Rovno.
Colonel X.
a
.^f.™1' que la.' crise, du charbon était
enfin conjurée? Je viens d'en faire la décou.
verte et je me hâte de propager la bonne n'ou'!
II était. temps.
Le retour offensif du, froid nous avait tcou-
vés désemparés devant nos cheminées sans
feu et au moment où s'éteignent les calorifères
expirants. En vain j'avais fait le tous des
chantiers et bougnats voisins. Le cardiff se dé-
robait partout mes avances et ni pour un
sourire, ni pour argent je n'avais pu obtenu
bûche, marg-ohn ni résiné.
Autre épreuve. La blanchisseuse avait de-
puis un mois interrompu sa visite hebdoma-
daire. Les armoires et tiroirs s'étaient progrès
sivement vidés au profit du coffre à linge sale
et je venais de mettre mélancoliquement ma
dernière chemise quand, ce matin, Les jour-
naux m'arrivent et dissipent mes inquiétudes
grandissantes.
Nous sommes sauvés, vous dis-je. Nous al-
lons avoir du charbon à ne savoir qu'en faire.
Nos usines de guerre vont avoir leur plein ren-
dément. On va pouvoir à grande eau chaude
couler la lessive. Les enfants' vont prendre
leurs bains et changer de linge.
C'est la rubrique des théâtres qui nous l'an,
prend.
cachez en effet, 0 peuple de Paris et de pro-
vince, que par suite d'une entente entre M: la
ministre de l'intérieur et M. le préfet de pa-
lice, les théâtres, concerts et cinémas, dont on
avait réduit les représentations, se voient con-
firmés dans la liberté de jouer tous les jours
Mieux. La semaine étant trop courte avec les
sept jours qui lui ont été chichement comptés,
on y ajoute la rallonge de deux matinées da
telle sorte qu'avec ce supplément le nombre
des représentations, est fixé à neuf.
Et vous dites qu'il n'y a pas de charbon n Et
vous vous plaignez d'avoir froid chez vous J
Allez au théâtre. Et vous vous plaignez de la
fermeture des lavoirs Allez au cinéma il est
ouvert. Allez-y matin et soir. Mettez un chan-
daU, si vous n'avez plus dé chemise. On peut
bien se passer de linge blanc pour aller voir
« Judex vers qui se tendent des mains sup-
pliantes, sans doute pour demander du char-
bon. i
Et si le soir, pour vous tenir dans les limites
de votre rationnement d'éclairage, vous êtes
obligé de fermer les campeurs à gaz et éloctri.
cité et d'interrompre votre lecture ou votre traf
vail, allez au café-concert. Vous y aurez de la
lumière et vous échapperiez à l'obsession des
communiqués, en voyant des petites femmes
peu frileuses et court vêtues se trémousser
dans quelque Revue sans ehichi ».
Eh'.bien j'ose en faire, du chichi.
C'est une gageure, un défi au bon sens, 9
1 hygiène physique et morale de la population
que cette inégalité de traitement dans le- ré-
gime des privations nécessaires.
Sans doute il y a, à côté de ceux qui vont au
théâtre et au café-concert et qui ne sauraient
m intéresser, quelques milliers de braves gens
qui en vivent et à quai je ne veux aucun mal.
Mais quand la main-d'oeuvre fait partout dé-
faut, quand le travail s'offre de tous côtés,
quand les besoins sont impérieux et pressants,
le chômage n'est à craindre pour personne.
Puis n'est-ce pas à notre armée qu'on nous
recommande de penser sans cesse ? Nous vou-
lons bien nous priver pour elle, et nous sup-
porterons allègrement tous les sacrifices qui
contribueront à sa sécurité et à ses succès.
ilMàis quand on calcule que, pour accorder à la
vie théâtrale ses neuf représentations par se-
maine, il nous en coûte quelques canons, des
centaines d'obus et des milliers -de grenades,
on cesse de s'apitoyer sur le sort des specta-
teurs qui ont l'ennui de ne pas trouver de mé-
tro ou de nord-sud pour les ramener chez eux.
Prenons garde aussi de ne pas abuser de la
résignation et de la tenue de la population
civile, à laquelle on ne marchande pas les
louanges, mais qui préférerait une viande
moins creuse. Je voudrais qu'un de ceux qui
tiennent en mains nos destinés eût entendu
comme moi les réflexions d'une brave femme
qui, dans une rue populeuse, était arrêtée de-
vant les volets clos d'une blanchisserie, à deux
pas des guichets ouverts et assiégés du cinéma.
aurait recueilli quelques rudes et instructif
ves vérités.
D'autres doléances sont Venues1 à mer oreil-'
les, qui ne monteraient pas sans doute jus-
qu'aux cimes gouvernementales, si on ne leup'i
prêtait assistance. Il y a quantité de petits mé-'i
nages auxquels la vie ee fait dure et chère.
On se tare d'affaire et même on a tant et si'.
bien, rogné sur toutes choses qu'on a pu ali;
menter la tirelire des projets d'été. On a cal-<
culé qu'il serait possible de faire cette année
encore un séjour aux bains de. mer, de brunin
et de cuire dans le bon sable chaud les mollets
des petits et de mettre un pav de sang à leurs
'1 joues que l'hiver a pâlies. Mais ce sera bien
juste, c'est un budget qui ne se bouclera qu'à!
quelques francs près. On y comptait du mains
il va falloir y renoncer.
Ces humbles, qui ne font pas de bruit, qui;
n'ont ni syndicats, ni comités, ni délégués
pour parler aux ministres, ont appris avec dé-
sespoir q ue les difficultés du ravitaillement
entraîneraient la suppression des billets de
bains de mer et de famille. Adieu, les pro-
jets adieu pour les gosses les baisers du so-:
i leil et le coup de fouet de la brise de mer Ce
serait trop cher avec le plein tarif. On restera
à Paris et on ira jouer sur les talus pelés des
fortifications.
C'est la guerre. Et si l'on dit à ces petifs que
c'est pour aider leurs papas à battre les Bo-
ches, ils comprendront. Mais quand on ajou-
tera que, s'ils sont privés des paatës dans le
sable et du pataugeage dans T'eau salée, c'est
•luss-i parce qu'il a fallu au cours d'un rude
hiver chauffer et éclairer les salles de specîa-
cle neuf fois par semaine, ils ne comprendront
plus.
On devrait en toutes circonstances s'appli-t
quer à être cdmpris des enfants. Il n'y a pas
de meilleurs juges.
Charges Chenu
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'JSt .et l'administration au Journal
Les manuscrits ne sont pas rendu!
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UNE JOURNÉE HISTORIQUE
Une dépêche de Washington, en date du 4
avril, annonce ainsi le résultat du vote du Sénat
Le Sénat, par 82 voix contre 6,
a voté la résolution de guerre.
La Réponse
.DU, DU
Sénat américain
Le Sénat américain a répondu à l'appel de
M. par le vote d'approbation quasi-
unanime que l'on pouvait attendre de son pa-
triotisme éclairé et de sa haute conception, j
de l'honneur et des généreuses traditions de
la grande république fédérale.'
;L.a piteuse résistance du petit groupe d'irré-
ductibles pacifistes, dont le sénateur Laiollette
s'était fait.l'interprète, n'a eu d'autre effet que
celui de démontrer la vanité de son effort, la
faiblesse de ses. arguments et je ne pense
.pas que ses associés de la Chambre des rue-
présentants obtiennent plus de succès. L'élan
magnifique qui dresse le pays tout entier en
face de l'ennemi de la sociétés humaine est à
la fois trop ardent et trop réfléchi pour que
ces quelques voix dissonantes et perdues
soient capables de le détourner do son but.
Aussi combien M. Wilson doit aujourd'hui
se féliciter d'avoir refusé d'écouter ceux qui,
trop imiSàtients, lui conseillaient naguère de
brusquer les événements et d'user plus libre-
ment des prérogatives que lui attribue la
Constitution. Il lui eût été loisible, en effet,
de prescrire l'état de guerre sans consulter le
Congrès.
La nation américaine, dans sa grande ma-
jorité, l'eut approuvé sans doute, mais elle
n'aurait peut être point apporté dans l'accom-
plissement de cet acte considérable de sa vie
nationale l'enthousiasme et. la conviction
qu'elle y met dès l'instant qu'elle sait que sa
volonté n'a point été brusquée et qu'on l'a lais-
sée.maîtresse absolue de sa décision.
̃On n'eût point, enfin, assisté au spectacle d'un
si haut enseignement politique et moral qu'of-
frent en ce moment le Parlement et le peuple
déa Etats-Unis, décrétant eux-mêmes la néce.s-
sité d'abattre l'impérialisme allemand, parce
qu'il n'a réussi, selon la juste expression de M.
Poincaré dans son télégramme à M. Wilson,
qu'à révolter la conscience de l'humanité.
>, L'Allemagne s'efforce de sourire avec dédain
de ce verdict, elle cherche à crâner devant ee-
Il se peut. qu'elle donne pour quelque temps en-
core l'illusion de la. résistance il se peut que
l'intervention américaine. n'écourte pas autant
qu'on serait enclin à le supposer la durée, de la
guerre mais on ne saurait douter, par contre,
qu'elle rend plus certaine encore la défaite to-
tale et définitive de l'ennemi commun, parce
que c'est là le seul but que s'est assigné notre
nouvel allié en prenant les armes et parce qu'il
n'y a pas d'exemple qu'une nation mise au ban
de l'humanité, combattue par une coalition de
douze puissances qui représentent les deux
tiers des peuples civilisés, ne finisse par suc-
comber.
Et la liste des justiciers n'est point close :si
l'on s'en rapporte, en effet, aux termes de l'aver-
tissement que le Brésil'adressait récemment à
l'Allemagne, il est, à prévoir que le torpillage
d'hier, qui a coulé un de ses navires, fo déter-
minera à se joindre à la croisade des peuples
qui_v6uîent.êire libres et respectés.
L'HOMMAGE
;Le Président de la république a fait parvenir le
télégramme suivant à M. Wilson. président des
tsun
Au moment où sous la généreuse inspiration
de Voire Excellence, la grande république
américaine, fidèle à' son idéal et à ses tradi-
tions, s'apprête à défendre par les armes la
s cause de la justice et de la liberté, le peuple
français tressaille d'une émotion fraternelle.
Laissez-moi vous renouveler, monsieur le Pré-
sident, en cette heure grave et solennelle, Cas-
surance des sentiments dont je vous ai récern-
ment adressé le témoignage et qui trouvent
dans les circonstances présentes un accroisse-
ment de force et d'ardeur. Je suis sûr d'expri-
mer la pensé«de la, France tout entière en
venus- disant, à vous et ai la nation américaine,
la joie et la fierté que nous éprouvons sentir
nos coeurs battre; une fois encore, à l'unisson
avec les vôtres.
Cette guerre n 'aurait pas eu sa signification
totale si les Etats-Unis n'avaient pas été ame-
nés, par l'ennemi lui-même à y prendre, part.
dorénavant, il apparaît plus que jamais à tout
esprit impartial que l'impérialisme allemand,
qui avmiht, préparé et déclaré la guerre, avait
sur le monde. Il n'a réussi quà révolter là
conscience de l'humanité. Vous vous êtes fait,
devant l'univers, en un langage inoubliable,
léloquent interprète du droit outragé et de la
civilisation menacée. Honneur à vous, mon-
sieur le Président, et à votre noble pays.
le vous prie de croire mon amitié dévouée.
Raymond Poixcaré.
Voici le texte des discours qui ont été prononcés
hier, à la Chambre et au Sénat, par MM. Ribot,
Antonin Dubost et Paul Deschanel
"Discours
Président du^ conseil
Avant que' la Chambre se sépare, le gouver-
nement 1 demande d'adresser un salut cor-
dial à la grande république des Etats-Unis.
Vous avez lu l'admirable message. du prési-
dent Wilson.
'Nous avons tous le sentiment que quel
chose de grand et qui dépasse les proportions
d'un événement politique vient de s'accomplir.
C'est, un fait historique d'une importance
sans égale que l'entrée en guerre, avec nous et
nos alliés, de la démocratie la plus pacifique
qu'il y ait au monde. Après avoir tout fait pour
affirmer son attachement à la paix, la grande
nation américaine déclare solennellement
René d'Aral
qu'elle ne peut rester neutre dans cet immense
conflit entre le droit et la violence, entre la
civilisation et la barbarie. Elle considère qu'il
est de son honneur de relever les défis portés à
toutes les règles du droit international si labo-
rieusement édifiées par l'effort commun des
nations civilisées.
Elle déclare en même temps qu'elle né com-
battra pas pour des intérêts, qu'elle ne veut ni
conquête, ni compensation, qu'elle entend seu-
lement aider à- la victoire de Ja cause du droit
et. de la liberté.
Ce qu'il y a de grandeur, de noblesse dans
cette action est encore rehaussé par la simpli-
cité et la sérénité dm langage du chef illustre de
cette grande démocratie.
Si le monde avait pu garder le moindre
doute sur le sens profond de la guerre où nous
sommes engagés, le message du président des
Etats-Unis dissiperait toute obscurité. Il fait
apparaître à tous que la lutté est véritablement
une lutte entre l'esprit de liberté des sociétés
modernes et l'esprit de domination des sociétés
encore asservies à' un despotisme militaire.
C'est ce qui fait, que ce message retentira jus-
qu'au fond de tous les ccetars comme un. mes-
sage de délivrance,
Le peuple qui a fa,it au dix-huitième siècle
la Déclaration des droits sous l'inspiration des
écrits de nos philosophes, le peuple qui.a mis
au premier rang de ses héros Washington et
Lincoln, le peuple qui, au siècle dernier, s'est
déchiré lui-même pour abolir l'esclavage, était
bien digne de donner au monde-un tel exem-
ple. Il reste ainsi fidèle aux traditions des fon-
dateurs de son indépendance et il montre que
le prodigieux essor de ses forces industrielles
et de sa puissance économique et financière
n'a pas affaibli en lui ce besoin d'idéal sans
lequel il n'y a pas de grande nation.
Ce qui nous touche particulièrement, c'est
que les Etats-Unis nous aient gardé l'amitié
qui a été ̃scellée autrefois de notre sang. Nous
constatons avec une joie reconnaissante que la
fidélité des sympathies entre les peuples est
une des vertus délicates qu'on peut cultiver au
sein d'une démocratie.
Le drapeau étoile va flotter à côté du dra-
peau tricolore, nos mains vont se joindre et
nos cœurs battre à l'unisson. Ce sera pour
nous, après tant de souffrances héroïquement
supportées, tant de deuils et tant de ruines, un
renouveau des sentiments qui nous ont ani-
més et soutenus pendant cette longue épreuve.
L'aide puissante, décisive, que nous apportent
les Etats-Unis ne sera pas seulement une aide
matérielle elle sera surtout une aide morale et
un. véritable réconfort.
En voyant s'éveiller partout dans le, monde
la conscience des peuples et s'élever une im-
mense protestation contre les atrocités dont
nous sommes victimes, nous sentions plus vive-
ment 'que nous ne combattons pas seulement
pour nous-mêmes et pour nos alliés, mais pour
quelque chose d'immortel, et que nous travail-
lons à fonder un ordre nouveau. Ainsi, nos
sacrifices n'auront pas été vains ainsi le sang
généreux versé par les fils de la France aura
été la semence féconde des idées de justice et
de liberté.-fondement nécessaire de la concorde
entre les nations.
Au nom du pays tout entier, le gouvernement
de la république française adresse au gouver-
nement et au peuple des Etats-Unis, avec l'ex-
pression de sa reconnaissance, ses vœux les
plus ardents.
discours
de' M. ftnfonm t)ubosf
Président du Sénat
Messieurs,
Le Sénat reçoit avec,une intense émotion,pa-
triotique et républicaine la communication par
laquelle le gouvernement lui annonce que les
Etats-llnis sont désormais en état de guerre et
solidairement avec nous. Ainsi, le crime initial
de l'Allemagne déroule l'une après l'autre tou-
tes ses fatalités. Il déchaîne la plus grand
insurrection des peuples libres, qui se soit
jamais vue contre la dernière tyrannie le
militarisme prussien.
Il les associe successivement dans une ma-
gnifique solidarité démocratique, et voici ,que
l'épée de Washington, répondant à l'épée de
La Fayette, est à son tour jetée dans la ba-
lance 1 ̃̃
La grande république avait déjà spontané-
ment assumé une mission sublime, celle d'em-
pêcher la Belgique et la Francs envahies le
mourir de faim. Au moment solennel où elle
cède à un appel plus impérieux, celui de l'hon-
neur outragé, le Sénat français lui adresse en
même temps sa reconnaissance et son salut fra-
ternéls.
Honneur aux nouveaux soldats clé la liberté
qui, connaissant toute l'affreuse puissance de
l'Allemagne pour le mal, l'affrontent résolu-
ment
Honneur au nouveau juge qui demain pren-
dra place à la haute cour de justice de l'huma- 1
nité et qui prononcera avec nous les peinés col-
lectives et individuelles que méritent la coali- i 1
tion germanique, ses chefs et ses complices U 1
discours
de M. Paul Deschanel
Président de la Chambre des députés
Messieurs,
La Chambre française salue avec enthou<
siasme le verdict du président de la république
des Etats-Unis, qui est la voix même de la jus-
tice, et l'énergique décision du Sénat fédéral ac-
ceptant la guerre. imposée par l'Allemagne.
Eschyle a dit, dans Les Perses a Laissez ger-
mer l'insolence ce qui pousse, c'est l'épi du
crime on récolte Une moisson de douleurs. »
Et nous pouvons dire, nous L'épi du crime
porte la vengeance après la moisson de. dou-
leurs, voici la moisson de justice »
Le cri des enfants et des femmes, du fond de
l'abîme où les précipita un hideux forfait, a re-
tenti d'un bout à l'autre de la terre. Les cendres
de Washington et de Lincoln ont tressailli leur
grande âme soulève l'Amérique.
Et s'agit-il seulement de venger des Améri-
cains ? S'agit-il seulement de punir la violation
des traités au bas desquels les Etats-Unis avaient
mis leur signature ? Non les vérités éternelles
proclamées dans la Déclaration de 1776, les
saintes causes que défendirent Lafayette et Ro-
chambeau, l'idéal des pures consciences d'où est
née la grande république honneur, morale,
liberté voilà les biens suprêmes qui brillent
dans les plis du drapeau étoile 1
Descendants des puritains de la Nouvelle-An-
gleterre, nourris des préceptes de l'Evangile, et
qui, sous le regard de Dieu, vont châtier les in-
fernales créations du génie du mal, mensonge,
parjure, assassinats, profanations, rapts, escla-
vage, martyres et cataclysmes de toutes sortes
catholiques, frappés en plein cœur par les aria-
thèmes contre leur.' religion,1 parlas outrages à
aux destructions de Louvain et- de Reims ? pro-
fesseurs d'Université, sûrs gardiens de la pensée
du droit industriels de du, Centre, fer-
miers et éleveurS de'l'Ouest, ouvriers et artisan-;
menacés dans leur travail par le torpillage des
navires, par l'arrêt des transactions, révoltes
par les insultes au pavillon national les voilà
tous dressés à'leur tour contre le fol orgueil qui
voudrait asservir la terre, la mer, le ciel, le:'
âmes
A l'heure où, comme aux temps héroïques dE
la guerre de l'Indépendance, les Américains
vont combattre avec nous, répétons-le une fois
encore nous ne voulons empêcher personne de
vivre, de travailler, de commercer librement
mais la tyrannie de la Prusse est devenue un'
péril pour le Nouveau-Monde comme pour l'an-
♦cien, pour l'Angleterre comme pour la Russie,
pour l'Italie comme pour l'Autriche et pour l'Al-
lemagne elle-même. Soustraire le monde, par
l'effort commun des peuples démocratiques, au
joug de sa caste militaire et féodale pour fonder
la paix sur'le droit est une œuvre d'affranchis-
sement humain et de salut universel..
En accomplissant, sous une présidence désor-
mais immortelle, le. plus grand acte dé ses an-
nales depuis l'abolition de l'esclavage, la glo-
rieuse nation dont toute l'histoire n'a été que le
développement de l'idée de liberté demeure fi-
dèle à ses hautes origines et se crée un titre de
plus à la reeonnaissance du genre humain.. La
république française, à travers les ruines de ses
villes et de ses monuments dévastés, sans motif
et sans excuse, par une sauvagerie honteuse, en-
voie sa. soeur aimée, la république américaine
les palmes de la; Marne, de l'Yser, de Verdun et
de la Somme, auxquelles vont' s'ajouter bientôt
Une Heure
émouvant
Nous avons vécu, hier, au Palais-Bourbon,
une heure émouvante, évocatrice de l'inoublia-
ble séance du 4 août 1914.
Aux premières paroles de M. Ribot, envoyant
à la. grande république des Etats-Unis. le salut
cordial du gouvernement de la France, la
Chambre, subitement dressée dans un magnifi-
que élan d'enthousiasme, se tourna, d'un mou-
vement unanime, vers la: tribune diplomatique
où se tenaient les ambassadeurs et ministres
de toutes les puissances alliées et ce fut, "à
l'adresse de M. Sharp, une ovation singulière-
ment impressionnante. Visiblement ému, l'am-
bassadeur des Etats-Unis se levait alors, sa-
kiànt et remerciant du geste mais voilà que,
brusquement aux applaudissements montant
de l'hémicycle, viennent se joindre ceux des
tribunes tribunes de la presse et tribunes du
public. A ce moment le spectacle est vraiment
de ceux auxquels on regretterait .de n'avoir pas
assisté, et j'imagine que M. Sharp en, gardera
longtemps le souvenir.
La même manifestation s'est renouvelée spon-
tanément; lorsque M. Ribot- est descendu de la
tribune. Il n'est pas, d'ailleurs, une phrase du
discours du président du conseil qui n'ait été
acclamée et, ma foi, ce M. justice. Il eût été
difficile de mieux dire, d'exprimer plus claire
ment, plus nettement et plus simplement à la
fois, que l'a fait M. Ribot, le sentiment d'ami-
cale gratitude de la France envers les; Etats-
Unis, en même temps que la profonde impres-
sion produite, dans le monde entier, par le
noble geste de la grande république américaine
venant prendre résolument sa place au rang des
défenseurs de la liberté et du droit outragés.
Cette constatation ne saurait, rien enlever,
bien entendu, au mérite de l'éloquent discours
do M. Paul Deschanel, associant au salut du
gouvernement celui de la Chambre, et dont le
succès n'a pas été moindre que celui de NI'.
Ribot. •.̃̃̃̃
La Chambre a ordonné Taf ichage des deux
discours elle a même décide, sur la proposi-
tion d'un de ses membres, qu'il en serait donné
lecture dans toutes les écoles de France. C'est
là une innovation heureuse. Sans doute,'il fau-
dra se garder, dans l'avenir, d'invoquer ce pré-
cédent pour introduire dans l'école la lecture
de telle ou telle harangue politique, mais le lan-
gage essentiellement patriotique des deux pré-
sidents mérite bien l'honneur d'être répété aux
oreilles de la jeunesse.
II est seulement regrettable qu'on ne puisse
en .même temps dérouler sous ses yeux quelque
film cinématographique lui permettant de se
rendre compte de la scandaleuse attitude des
pèlerins de Kienthal, fixés à leur banc, au mi-
lieu de l'enthousiasme général, dans une immo-.
bilité systématiquement silencieuse.
Evidemment, ces gens-là auraient préféré
que l'occasion leuir pût être donnée d'applaudir
quelque neutre se portant au secours des enne-
mis de la France.
Georges Foucher
Au Luxembourg j
L'hommage aux Etats-Unis. Superbes mani-
festations. M. Sharp acclamé
La journée ne fut pas moins belle au, Sénat
qu'à la: Chambre. Les membres de la Haute
Assemblée au complet des grandes séantes au
banc des ministres, MM. Ribot, Viviani, Des-
plas, Steeg, Violiette, Métin, Nail, Roden.
Dès la première phrase de la « communica-
tion », des applaudissements éclatent de toutes
parts. M. Ribot est visiblement heureux et ému
de l'ovation qui lui est :faite. L'Assemblée en-
tière se lève et acclame à la fois le président du
conseil et « la grande république des Etats-
Unis ». Chaque phrase d'un document histori-
que où la noblesse des paroles égale la noblesse
des pensées fut'couverte de braves où vibraient
l'enthousiasme et le. patriotisme.
Les acclamations redoublèrent à la fin de
cette lecture sensationnelle. M. Bonnelat, du
Cher, agita frénétiquement un drapeau améri-
cain pendant que le Sénat, debout, se tournait
vers la tribune diplomatique où l'on remarquait
la présence de M. et Mme Sharp et, longue-'
ment, 'acclamait l'ambassadeur des Etats-Unis.
Les mêmes phrases d'enthousiasme .et de.pa-
triotisme viennent .naturellement sous la plume
pour une seconde manifestation celle qui, ac-
cueillit, l'éloquente intervention de M. Antonin
De,toutes parts-s'élève un double cri
'̃ Vivent les Etats-Unis ,•:
-r,. L'affichage des deux discours
Unanimité. Puis la séance est suspendue et,
dans les couloirs, on commente avec joie Les
incidents de rune des plus belles journées que
nous. ayons vécues depuis le commencement
ds la guerre.
Le Livre d'Or de l'Armée
CITATIONS A L'ORDRE DE L'ARMEE
DE GANAY, chef d'escadrons au 401' rég. d'in-
fanterie (officier supérieur de cavalerie des plus
brillants. Détaché sur sa demande dans l'infante-
rie comme adjoint au chef de corps. Réunit les plus
belles qualités militaires, bravoure tranquille, in-
telligence, initiative, coup d'oeil, sang-froid, es-
prit de sacrifice. Le 2i octobre, d été pour son chef
'1 de corps le plus pi'écîeus auxiliaire,, ert vérifiant,
̃lis des tirs de barrage etspar un épais 'brouillard
«.m 'endait la; ̃directi'o»Arte difficile, si les bâtai]
j Jons t-taient bien à leur place et e.n liaison parfaite
entre eux et avec Jes unités voisines).
Mm« HARLEY-(eatherine-Mary), hôpital Scot-
tish (à su organiser et diriger avec maîtrise l'hô-
paal volontaire des Scottish Women, formation qui
a rendu, â X. les plus grands services, grâce à
son installation parfaite, à la science et au dévoue-
ment de son personnel). Mme Harley, sœur du ma-
réchal French, a été tuéa récemment à l'ennemi, à
Monastir.
AU SECOURS!
Sauvions deux millioas et demi
d'Enfants
Il y a pour le moment deux millions et demi de petiiïi
êtres qui souffrent de toutes les privations, que la maiadii'
guette, que la mort menace peut-être. Innocentes vie.
times des barbare% teutons, qui ne veulent pas lâche:
leur proie, ils attendent, dans la plus atroce misère phy-
sique, qu'une aide, qu'un réconfort, rendus plus urgent))
chaque jour, leur soient apportés.
Car ils sont réellement retenus captifs dans leur pays
natal, ces deux millions et-demi d'enfants belges, dont
près de la moitié n'ont pas encore atteint la douzième
année. L'envahisseur ne s'est pas contenté de semer les
mines autour de, lui, de razzier tous les produits du sol,
de voler ie matériel des usines, de réduire des milliers
d'ouvriers au chômage, de détruire tes familles, de briser
les foyers pur les déportations. Il a aussi conçu, et il est
en.train d'Exécuter, l'infernal dessein d'atteindre jusque
dans son avenir la noble race qui n'est coupable que
sauver son indépendance et défendre son
honneur. If veut fa frapper mortellement en frappant les
rejetons qui constituent son unique consolation, dans les-
quels, par lesquels elle a pu espérer revivre un jour.
Si nous voulons avoir et apporter des précisions sur la
situation lamentable de ces petits infortunés, nous n'avons
qu'à écouter et qu'à répéter l'appel que lançait, il y a
quelque temps, le lord maire de Londres dans un message
qu'il adressait à la presse anglaise:
ci Il y a,plus de 2,575,000 enfants belges retenus captifs
par les Allemands en Belgique. Pendant plus de deux
années, ils ont attendu avec constance leur délivrance,
et ils ont été alimentés grâce à l'intervention généreuse
de la commission neutre instituée pour venir en aide à
la Belgique.
n Les conséquences de ces deux années de captivité
intolérable commencent à se faire sentir cruellement.
La tuberculose fait des progrès rapides. Les nouveau-nés
sont d'un poids et d'une faiblesse qui font pitié. La mère
belge peut peine nourrir son enfant. »
Un tel appel ne pouvait pas ne pas trouver d'écho en
France. Dans ce pays qu'aucun désastre ne laissa jamais
indifférent, et qui secourut même, avec une générosité
bien mal récompensée, tes désastres que subirent cer-
tains peuples aujourd'hui rangés parmi lés pillards et tes
vandales, le désastre qui s'abat sur la Belgique sera
ressenti doublement, car nous savons tout ce que nous
devons à éét héroïque pays. Il n'est pas un Français qui
ne veuille, dans la mesure de ses moyens, apporter son
concours à la baronne de Gaiffier d'Estroy, femme de
S. Exc. le ministre de Belgique, et à S. A. la princesse
de Ligne, présidente d'un comité de dames auquel s'est
associée l'Alliance franco-belge.
Il s'agit-d 'organiser au Trocadéro, pour le dimanche'
29 avril, une grande fête de bienfaisance dont le pro-
gramme sera superbe.' Que chacun, soit par sa personne,
soit par ses dons, soit par-sa propagande, contribue
donner cette fête l'éclat le plus somptueux et, surtout,
le plus fructueux.
Pour/cette représentation solennelle, les loges seront
3 ?S traces la place, les fauteuils d'orchestre à 20 francs,
les fauteuils de balcon francs et les autres places
à 5 et à 3 francs. Quant aux dons, ils peuvent être
adressés à, la légation de Belgique, 20, rue de Berri.
La correspondance sera reçue par M. E. Ramoisy, secré-
taire, 58, rue de la Victoire.
Remplissons donc tous notre devoir à l'égard des
enfants belges; nous aurons, en même temps, la satis-
faction de'le remplir à l'égard de milliers de nos enfants
à nous, restés en Belgique envahie, et qui n'ont pu,
depuis bientôt trois ans, revoir la France.
Communiques
officiels
Communiqué du 5 avril, 14 heures
De la Somme à l'Cise, l'ennemi n'a tenté au.
cune réaction sur le nouveau front conquis par
nous. hier. Pendant la nuit, nos reconnais-
sances ont poussé au nord de Gauchy et au
nord de Moy, jusqu'aux lignes ennemies,
qu'elles ont trouvées fortement occupées. Ca.
nonnade intermittente à l'est et à l'ouest de là
Hier, en fin de journée, les tirs de nos batte-
ries ont arrêté. net une contre-attaque alle-
mande qui s'apprêtait à déboucher sur le front
Laffaux-Margival. La lutte d'artillerie continue
dans ce secteur.
Au nord-ouest dé Reims, les Allemands ont
attaqué sans succès nos lignes entre Sapigneul
et tà ferme du Godat. Quelques fractions en-
nemies qui avaient pris pied dans un élément
avancé en, ont été rejetés aussitôt par notre
contre-attaque.
En Alsace, nous avons pris sous nos feux et
dispersé un groupe ennemi dans la région
d'Ammerzwiller. 1
Nuit calme partout ailleurs.
Communiqué du 5 avril, 23 heures'
Entre Somme et Oise, l'artillerie allemande
a violemment bombardé nos positions au nord
diJrviHers. Une vigoureuse riposte de nos bat.
teries a fait cesser le tir de l'ennemi. Action
intermittente d'artillerie sur la rive ouest de
l'Oise et au sud de l'Ailette. Pas d'action d'in.
fanterie.
Aux lisières ouest de l'Argonne, après un vif
bombardement, les Allemands ont exécuté un
coup de main sur uns de nos tranchées au nord
de Vienne-le-Château. L'ennemi, qui a fait
usage de liquides enflammés, a été repoussé
par nos barrages et a laissé des morts et des
prisonniers entre nos mains.
Au nord-ouest de Reims, l'attaque allemande
annoncée dans le précédent communiqué sur
rias positions entre Sapigneul et la ferme du
Godât s'est développée sur une front de deux
mille cinq cents mètres. L'ennemi avait réuni
de nombreuses troupes spéciales d'assaut pour
nous rejeter de la rive gauche du canal de
l'Aisne, ainsi qu'en témoignent les ordres trou.
vés sur les officiers tués ou prisonniers. L'at-
taque a complètement échoué sur la plus
grande partie du front, où nous avons réoccupé
presque immédiatement toutes nos tranchées
de première ligne. Des contre-attaques sont en
cours pour reprendre les quelques éléments
que l'ennemi tenait encore dans l'après-midi.
Sur la rive gauche de la Meuse, nos pièces
ont pris sous leur feu, au nord de la cote 304,
trw troupe allemande qui a subi de fortes
pertes.
En Lorraine, dans la région de Gremecey,
nous avons exécuté un tir sur, un train dont
plusieurs wagons ont été incendiés.
Rien à signaler sur le reste du front,
(A suivre.)
Paul Roche
Communiqué t
britannique
Communiqué britannique du 5 avril, 13 heures
A la suite d'un violent combat, nos troques
ont enlevé les villages de Renssoy et Basse-
Boulogne, faisant vingt deux prisonniers et
prenant trois mitrailleuses. L'ennemi, en se re-
tirant, a été gêné par ses propres réseaux de-
défense et a été pris sous nos feux de mitrail-
'lauses, subissant de lourdes pertes.
A l'est et au nord-est de Metz-en-Couture,
malgré la résistance acharnée de l'ennemi, nos
troupes continuent à progresser et ont atteint
les lisières ouest et sud-ouest du bois de Gou-
zeaucourt et du bois d'Havrincourt. Dans ce
secteur, soixante prisonniers nouveaux, deux
mortiers de tranchées et cinq mitrailleuses sont
tombés entre nos mains.
La ville est débordée au sud par no3 troupes.
Une attaque allemande est brisée en
Champagne*, Les Austro-Alleemanda
attaquent les Russes sur le Stockod.
Le froid, la neige, la pluie, les bourrasques
intempéries prolongées de la période des
équinoxes n'ont pas cependant suspendu
l'élan des troupes anglo-françaises dans la di-
rection de Cambrai comme aux abords due
Saint-Quentin.
L'ennemi lui-même semble en avoir éprouvé
quelque surprise et quelques mécomptes, ayant
abandonné, dans son mouvement de retraite
précipité et parfois même désordonné, un butin
important de matériel d'artillerie (trois obu-
siers de 15 cm.), de convois de parcs d'aviation,
de munitions en abondance.
C'est entre Somme et Oise, sur un soldé-
trempé, au milieu de fréquentes tourmentes
de neige, que notre vaillante infanterie' a atta-
qué l'adversaire sur un front de dix kilomètres
environ..
En avant de nos positions, au matin du 4,
l'ennemi occupait une ligne de bataille établie
sur les hauteurs situées surtout à l'ouest de la
route nationale n° 44 de Saint-Quentin à Laon,
entre les villages de Gnugies et de Moy, chef-
lieu de caneton situé sur les bords de l'Oise, à,
l'est de cette route nationale.
Notre front d'attaque était donc orienté, à
cheval sur .cette route, dans la direction nord-
est, direction suivant Laquelle est elle-même
orientée cette trouée de Saint-Quentin limitée
comme l'on sait, pair les vallées de la Somme
et de l'Oise coulant parallèlement de Guise à
Samt-Simon.
Dans cette journée du mercredi 4, nos
troupes, précédemment établies, dès la journée
du 3, de Giffécourt à Cérizy -.leurs éléments
avancées étant aux abords mêmes du villages
d'Urvillers se lancèrent à l'assaut des posi-
tions allemandes.
Le choc fut rapide, violent, impétueux les
villages due Grugies, Urvillers, Moy furent em-
portés de haute lutte. En certains points la
panique se mit dans les rangs ennemis. Entre
Urvillers et Moy, se trouve cette ferme de La
Folie dont nous parlions hier. Plantée à la,
cote 117 sur la route nationale n» 44, elle fut-
le théâtre de combats acharnés, à cause de sa
position dominante. A un moment même de
l'action, l'ardeur de nos soldats fut tellement
manifeste, la poussée exercée par eux telle-
ment irrésistible que trois lignes de retranche-
ments furent abandonnées dans le plus grand
désordre par les fantassins allemands. Ceux-ci
s'enfuirent en laissant sur le terrain matériel
abondant, blessés nombreux.
Au soir du 4, l'ennemi était donc rejeté vers
la voie ferrée de Saint-Quentin à Laon (oar
Ribemont), aux confins des villages de Gau-
chy mètres des faubourgs do Saint-
Quentin), Itancourt, Berthénicourt et Alain-
court (rive droite de l'Oise.). Les troupes fran-
çaises débordent donc maintenant Saint-Quen-
tin par le sud, tandis qu'à l'ouest leurs avant-
gardes sa maintiennent dans les faubourgs mê-
mes de la ville, et qu'au nord-ouest, les trou-
pes britanniques, installées au bois de Savy,
ne sont plus qu'à 1,500 mètres de la cité.
Saint-Quentin dont on voit, dans la nuit
sinistre, les lueurs d'incendie peut tomber
au pouvoir des alliés d'un instant à l'autre.
L'ennemi se résoudra sans doute à l'évacuer,
lorsqu'il y aura accompli son œuvre systéinar
tique de dévastation et de mort, prodrome
certain des retraites définitives.
La lutte pour Saint-Quentin s'achève celle
pour Cambrai commence. Elle est menée mé-
thodiquement par nos vaillants alliés, qui sont
d'ores et déjà aux prises avec la position fox-'
tement organisée du bois d'Havrincourt.
Ce mamelon boisé continue, en effet, la dé-
fense avancée de Marcoing et de Cambrai, en-
tre les deux voies ferrées reliant Bapaume et
Péronne à Cambrai. Les troupes britanniques
ont entamé l'attaque du bois d'Havrincourt,'
dont la corne nord-est se trouve distante de
Cambrai d'environ 12 kilomètres.
Après avoir occupé, le 30 mars, Ruyaulcourt,
villa;e situé à l'ouest de ce bois, ils ont enlevé,
au sud, le. 4 avril, le village de Metz-en-Cou-
ture.
L'engagement fut des plus vifs dans ce vil-
lage même. L'ennemi en fut rejeté prestement
et refoulé sur les lisières du bois d'Havrin-
court, où la lutte continue.
Cette manœuvre exécutée par nos alliés tend
à déborder ce bois simultanément par le sud-
est (direction de Villçrs-Plouich), et nar le
nord-est, en venant de Doignies. L'Allemand
s'est rendu compte du danger de cette manœu-
vre convergente, puisqu'il ne contre-attaqua
pas moins d0 sept fois le village de Doignies
dans la seule journée du 3, sans pouvoir toute-
fois le reprendre aux Anglais. ̃;
En Champagne, au nord-ouest de Reims, les
Allemands ont déclenché, dans la journée du
4, une puissante attaque contre nos positions
établies du canal de l'Aisne à la Marne, entre
le hameau de Sapigneul et la fermé de Godat.
Cette attaque, menée par des troupes d'élite
sur un front de 2,500 mètres, a été rapidement
enrayée par nos feux. Des contre-attaques
immédiates nous ont rendu la majeure partie
des éléments de tranchées momentanément
occupés par l'ennemi.
Sur le front de Russie, l'activité allemande
paraît se réveiller. Une violente action offen-
sive a été, en effet, déclenchée par l'ennemi,
dans la nuit et la journée du 3 avril, en Volhy-
nie, près de Borovno, sur lés rives du Stoe-
.kod. Les troupes austro-allemande?, dans utf
choc brutal, préparé efficacement par leur ar-
̃h«llàn©f obligèrent -nos- alliés à reporter leur,
i avant-gardes de la -rive gauche s'ur la rive
droite du Stockod. Quelques fractions enne-
mies s'établirent même sur cette rive droite.
Cette brusque offensive, promptement et ef-
ficacement préparée au moyen d'artillerie
lourde à obus explosifs et asphyxiants, et à
l'aide de nombreuses et copieuses émissions de
gaz toxiques, paraît avoir surpris nuelque peu
les Russes. Ceux-ci avouent sans détours l'éva-
cuation de la rive gauche du Stockod et leur,
«refoulement » sur la rive droite. Cette action
simplement locale, bien que présentant -un
certain développement dans l'attaque, ne sau-
rait cependant compromettre la solidité du
front russe devant Loutsk et Rovno.
Colonel X.
a
.^f.™1' que la.' crise, du charbon était
enfin conjurée? Je viens d'en faire la décou.
verte et je me hâte de propager la bonne n'ou'!
II était. temps.
Le retour offensif du, froid nous avait tcou-
vés désemparés devant nos cheminées sans
feu et au moment où s'éteignent les calorifères
expirants. En vain j'avais fait le tous des
chantiers et bougnats voisins. Le cardiff se dé-
robait partout mes avances et ni pour un
sourire, ni pour argent je n'avais pu obtenu
bûche, marg-ohn ni résiné.
Autre épreuve. La blanchisseuse avait de-
puis un mois interrompu sa visite hebdoma-
daire. Les armoires et tiroirs s'étaient progrès
sivement vidés au profit du coffre à linge sale
et je venais de mettre mélancoliquement ma
dernière chemise quand, ce matin, Les jour-
naux m'arrivent et dissipent mes inquiétudes
grandissantes.
Nous sommes sauvés, vous dis-je. Nous al-
lons avoir du charbon à ne savoir qu'en faire.
Nos usines de guerre vont avoir leur plein ren-
dément. On va pouvoir à grande eau chaude
couler la lessive. Les enfants' vont prendre
leurs bains et changer de linge.
C'est la rubrique des théâtres qui nous l'an,
prend.
cachez en effet, 0 peuple de Paris et de pro-
vince, que par suite d'une entente entre M: la
ministre de l'intérieur et M. le préfet de pa-
lice, les théâtres, concerts et cinémas, dont on
avait réduit les représentations, se voient con-
firmés dans la liberté de jouer tous les jours
Mieux. La semaine étant trop courte avec les
sept jours qui lui ont été chichement comptés,
on y ajoute la rallonge de deux matinées da
telle sorte qu'avec ce supplément le nombre
des représentations, est fixé à neuf.
Et vous dites qu'il n'y a pas de charbon n Et
vous vous plaignez d'avoir froid chez vous J
Allez au théâtre. Et vous vous plaignez de la
fermeture des lavoirs Allez au cinéma il est
ouvert. Allez-y matin et soir. Mettez un chan-
daU, si vous n'avez plus dé chemise. On peut
bien se passer de linge blanc pour aller voir
« Judex vers qui se tendent des mains sup-
pliantes, sans doute pour demander du char-
bon. i
Et si le soir, pour vous tenir dans les limites
de votre rationnement d'éclairage, vous êtes
obligé de fermer les campeurs à gaz et éloctri.
cité et d'interrompre votre lecture ou votre traf
vail, allez au café-concert. Vous y aurez de la
lumière et vous échapperiez à l'obsession des
communiqués, en voyant des petites femmes
peu frileuses et court vêtues se trémousser
dans quelque Revue sans ehichi ».
Eh'.bien j'ose en faire, du chichi.
C'est une gageure, un défi au bon sens, 9
1 hygiène physique et morale de la population
que cette inégalité de traitement dans le- ré-
gime des privations nécessaires.
Sans doute il y a, à côté de ceux qui vont au
théâtre et au café-concert et qui ne sauraient
m intéresser, quelques milliers de braves gens
qui en vivent et à quai je ne veux aucun mal.
Mais quand la main-d'oeuvre fait partout dé-
faut, quand le travail s'offre de tous côtés,
quand les besoins sont impérieux et pressants,
le chômage n'est à craindre pour personne.
Puis n'est-ce pas à notre armée qu'on nous
recommande de penser sans cesse ? Nous vou-
lons bien nous priver pour elle, et nous sup-
porterons allègrement tous les sacrifices qui
contribueront à sa sécurité et à ses succès.
ilMàis quand on calcule que, pour accorder à la
vie théâtrale ses neuf représentations par se-
maine, il nous en coûte quelques canons, des
centaines d'obus et des milliers -de grenades,
on cesse de s'apitoyer sur le sort des specta-
teurs qui ont l'ennui de ne pas trouver de mé-
tro ou de nord-sud pour les ramener chez eux.
Prenons garde aussi de ne pas abuser de la
résignation et de la tenue de la population
civile, à laquelle on ne marchande pas les
louanges, mais qui préférerait une viande
moins creuse. Je voudrais qu'un de ceux qui
tiennent en mains nos destinés eût entendu
comme moi les réflexions d'une brave femme
qui, dans une rue populeuse, était arrêtée de-
vant les volets clos d'une blanchisserie, à deux
pas des guichets ouverts et assiégés du cinéma.
aurait recueilli quelques rudes et instructif
ves vérités.
D'autres doléances sont Venues1 à mer oreil-'
les, qui ne monteraient pas sans doute jus-
qu'aux cimes gouvernementales, si on ne leup'i
prêtait assistance. Il y a quantité de petits mé-'i
nages auxquels la vie ee fait dure et chère.
On se tare d'affaire et même on a tant et si'.
bien, rogné sur toutes choses qu'on a pu ali;
menter la tirelire des projets d'été. On a cal-<
culé qu'il serait possible de faire cette année
encore un séjour aux bains de. mer, de brunin
et de cuire dans le bon sable chaud les mollets
des petits et de mettre un pav de sang à leurs
'1 joues que l'hiver a pâlies. Mais ce sera bien
juste, c'est un budget qui ne se bouclera qu'à!
quelques francs près. On y comptait du mains
il va falloir y renoncer.
Ces humbles, qui ne font pas de bruit, qui;
n'ont ni syndicats, ni comités, ni délégués
pour parler aux ministres, ont appris avec dé-
sespoir q ue les difficultés du ravitaillement
entraîneraient la suppression des billets de
bains de mer et de famille. Adieu, les pro-
jets adieu pour les gosses les baisers du so-:
i leil et le coup de fouet de la brise de mer Ce
serait trop cher avec le plein tarif. On restera
à Paris et on ira jouer sur les talus pelés des
fortifications.
C'est la guerre. Et si l'on dit à ces petifs que
c'est pour aider leurs papas à battre les Bo-
ches, ils comprendront. Mais quand on ajou-
tera que, s'ils sont privés des paatës dans le
sable et du pataugeage dans T'eau salée, c'est
•luss-i parce qu'il a fallu au cours d'un rude
hiver chauffer et éclairer les salles de specîa-
cle neuf fois par semaine, ils ne comprendront
plus.
On devrait en toutes circonstances s'appli-t
quer à être cdmpris des enfants. Il n'y a pas
de meilleurs juges.
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