Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-04-12
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1914 12 avril 1914
Description : 1914/04/12 (Numéro 13329). 1914/04/12 (Numéro 13329).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2008
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JLE GAULOIS' DIMANCHE AVRIL 1914
mière visite au Salon me sont agréables ïnfi-
miment.
VI
Portraits
La fête de Pâques n'est guère un jour pro-
pice à l'ouverture d'une exposition. On vient
me dire à l'instant que les colonnes du Gau-
lois, requises par deis nécessités nombreuses,
ne sauraient plus recevoir de notes de critique
d'art. Je finirai donc par le plus 'bref, puis-
qu'il le faut. Le lecteur aura la bonté d'excuser
l'insuffisance et la sécheresse des nomencla-
tures. Au demeurant, ce ne sera qu'une liste
à méditer, la méditation viendra plus tard, si
elle peut.
Quatre très beaux portraits dre femmes cons-
̃'̃ tituent l'apport de M. Beshard, directeur de
notre Académie de Rome. Les deux plus frap-
pants représentent une jeune femme en robe
de satin bleu damassé de blanc. librement assise
et d'une vive élégance, et une jeune femme
debout, en robe blanche avec un manteau cra-
moisi. M. Dagnian-Bouveret expose une
jeune Parisienne aux cheveux noirs, en rohe
de satin blanc décorée d'une lumineuse cein-
ture verte, debout près d'une table où s'épa-
nouît un triomphant bouquet d'anémones rou-
g'es et violettes. Ce portrait s'escorte de deux
études extrêmement graves et d'une sévère
beauté une Bretonne recueillie sous ses vête-
ments noirs et son bonnet de linge aux deux
brides relevées, et une vieille femme de Pro-
vence tenant une corbeille de citrons.
Un buste d'homme à la barbe grise, enlevé
d'un pinceau qui court à son fait sans s'attarder
aux menue détails un buste 'de femme bril-
lant et plein d'élégance, telle est la contribu-
lion de M. Carolus Duran. Il nous agréerait
de nous étendre sur le petit portrait en pied,
blanc et noir, si curieux et si piquant, d'une
jeune femme toute « moderne » peinte par M.
Boldini, les jambes croisées en X. M. Aman-
Jean nous donne un distingué portrait de jeune
fille au teint bistré, en robe verte mouchetée de
blanc, un collier d'ambre au col et sur fond vert.
Des portraits d'enfants de M. Guiguet un
portrait de jeune homme, debout près d'une
cheminée ornée d'une pendule, de M. Prinet
un buste de jeune homme à monocle touché
prestement et en spirituelles touches grises par
M. Eugène Morand un portrait de femme
d'une silhouette heureuse et d'une facture.
nourrie de M. Gervex un portrait de jeune
fille dextre'ment enlevé par M. Henri de
Nolhac un autre par M. Rondel un autre
par M. Jean Bertrand (rose sur rosé)
̃ A la série des virtuoses appartient M.
Raymond Woog, auteur du savoureux portrait
de la Grand'mère entre ses deux petites-filles.
M. de Beaumont nous offre, d'un chanoine en
1 camail, assis dans son cabinet au papier fleuri,
une effigie de beaucoup de caractère. Enfin,
le groupe d'une Mère et son enfant, de Mlle
Breslau, nous reste comme un des plus tou-
chants et des plus remarquables ouvrages que
cette artistes ait jamais produits.
Il faudrait faire ici le compte des études de
nu. Ce serait le lieu de signaler, en cet ordre
d'idées, les deux tableaux d'un dessin magis-
tral et d'un prestigieux modelé de M. Friant
• Devant la psyché et Dans râtelier. Mais M.
t Priant est aussi l'auteur d'un petit portrait
(t nomme, de proportions quasi-miniaturales,
et qu'on peut tenir pour un morceau parfait.
D'autres études de nu se réclament des si-
gnatures de MM. Robert Besnard et Jacques
Baugnies. A M. Dinet nous devons une
jeune Arabe bronzée sous son voile de gaie
groseille et de la plus ferme exécution. M.
Fourié mène toujours le branle des beaux
corps de nymphes au soleil et dans les roses.
M. Louis Picard raffine deux études de jeu-
nes femmes aux formes fines, au modelé plein,
ingénieusement présentées.
A son tour se déroulerait la suite des, pay-
sages les originales visions de Venise de M.
Raffaelli le Soir doré sur un canal de M. Le
Sidaner les poétiques crépuscules de M.
Meslé les arbres presque en relief de M.
Claus les sites d'un charme mélancolique de
M. Billotte les saines rusticités de M. Barau
les robustes impressions d'un pays de monta-
̃- gne de M. Robert Lemonnier les marines de
M. Courant, où souffle la brise. Et nous trou-
verions, par surcroît, sur notre route, tout le
prévu et tout l'imprévu, les délicieuses Tulipes
de M. Karbowski, et la Fête che; la marquise
de M. Truchet, et les Danseuses de M. Carrier-
Belleuse. N'y pensons plus.
Quelle œuvre vaine nous aurions à faire
Mieux vaut pour l'instant nous taire tout à fait.
Aussi bien, il nous faut quitter la lace.
L'heure s'est écoulée. La mesure est comble.
Ce n'est même pas une ébauche que, cette fois,
il nous a été possible d'achever. Les cloches de
Pâques ne sont point pour la critique des Sa-
lons. Que d'autres carillons puissent l'appeler
à continuer sa tâche.
Chronique
électorale
Le manifeste de la Fédération des Gauches
La Fédération des gauches adresse au pays,
û la veille des élections, le manifeste suivant,
que nous reproduisons à titre de document
Citoyens,
La parole est au pays.
C'est aux républicains, laïques et démocrates,
appartenant à toutes les fractions de notre grand
parti, que la Fédération, des gauches fait appel.
Elle leur demandé d'assurer, le 26 avril, par un
vote réfléchi et non équivoque, le triomphe du pro-
gramme d'éducation populaire, de démocratie so-
ciale, de prospérité économique, d'ordre financier
et de concorde nationale autour duquel se sont
groupés, dans un intérêt supérieur, des hommes
qui n'ont en vue que le bien de leur pays -et le salut
de la république.
L'ÉDUCATION
En tête de ee programme, nous plaçons l'éduca-
tion, sans laquelle l'exercice de la souveraineté po-
pulaire ne pourrait être confié qu'à des mains inha-
biles et faibles.
Ceux qui ne sont pas décidés à défendre l'école,
à en prolonger l'action si nécessaire par des œuvres
post-scolaires, ceux qui ne sont pas résolus à sau-
vegarder toutes les conouêtes laïaues de la rénu-
blique, ne sont pas des républicains. Mais la laï-
cité, c'est la liberté. L'école laïque, c'est l'école na-
tionale. Il faut donc que notre enseignement pu-
blic, dégagé de toutes les passions, respectueux de
toutes les convictions individuelle, s'attache à for-
mer des citoyens indépendants et forts, dont l'idéal
et la volonté soient constamment orientés vers la
grandeur de la patrie.
LA LOI DE TROIS ANS
La démocratie n'a pas de deroir plus impérieux
que celui de défendre la nation.
La loi de trois ans a. été reconnue indispensable
par trois gouvernements successifs, y compris le
gouvernement actuel. Le ministre et le sous-secré-
taire d'Etat de la guerre d'aujourd'hui l'ont pro-
clamé comme leurs prédécesseurs. C'est une ques-
tion de vie ou de mort pour notre pays.
Sans doute ne devons-nous négliger ni la prépa-
ration militaire de la jeunesse, préparation que
nous voudrions obligatoire, ni. un entraînement
intensif de nos réserves:
D'autre part, notre collaboration loyale est ac-
quise à toute politique internationale qui pourrait
avoir pour résultat l'allégement des charges mili-
taires qui pèsent sur les peuples:
Mais nous affirmons qu'en l'état actuel des, cho-
ses, l'application loyale et intégrale de la: loi de
trois ans s'impose à notre pays. Cette loi, le suf-
frage universel ne la laissera ni compromettre ni
affaiblir. Il ne tolérera pas qu'on subordonne aux
surenchères politiques la sécurité et la dignité' de
la France. Il dira au contraire qu'il entend que
notre armés et notre- marine, toujours plus forte-
ment organisées, pérmettent à la nation de parler
haut et ferme .chaque fois que ses intérêts seront
engagés et de contribuer avec ses alliés et ses amis
au maintien de la paix du monde.
t.1!:S' 'QUESTIONS SOCIALES
'Au milieu de, la crise de dépopulation que nous
traversons, les questinos sociales sont, elles aussi,
des questions de défense nationale: II faut sauve-
garder l'individu et la race, L'extension des lois
du 17 juin et. du SO juillet 1913 à toutes les mères
privées de ressources, une protection plus efficace
de l'enfance du premier âge, l'hygiène des locaux
scolaires, des ateliers et des casernes; l'organisa-
tien pratique de l'habitation saine et à bon mar-
çhé la lutte contre la tuberculose, l'organisation
de L'assurance-invalidité constituent des problèmes
primordiaux qtti nous préoccupent au plus haut de-
11 ne. faut pas moins déf^adre l'radivida dans son
Fourcaud
milieu de travail que dans son milieu social. La
loi doit être ici adaptée aux conditions économi-
ques modernes.
L'extension de la capacité des syndicats profes-
sionnels, dont la responsabilité doit s'accroître en
même temps que leurs droits, l'institution du cré-
dit au travail, la possibilité pour le travail et le
capital de se pénétrer au lieu de se combattre par
l'organisation de .sociétés à participation ouvrière,
tels sont quelques-uns des moyens que nous envi-
sageons pour donner aux personnes morales nou-
velles un aliment utile et pour permettre aux tra-
vailleurs de collaborer plus intimement à la gestion
des entreprises.
La prospérité du pays est la condition de tou-
tes les réformes sociales.
L'outillage des ports, le développement des voies
de communication, un encouragement intensif de
l'agriculture, de l'industrie et du commerce n'au-
raient pas seulement pour résultat d'raugmenter
le bien-être des citoyens. La nation, en voyant
grossir sa richesse générale, y trouverait une
source nouvelle de revenus publics.
Nous voulons travailler de toutes nos forces à
ce progrès économique. Nous n'ignorons pas qu'il
est essentiellement subordonné au maintien de
l'ordre et de la discipline dans toutes les parties
de la nation. Les citoyens n'engagent leur fortune
et leur responsabilité dans les entreprises que s'ils
ont confiance çians la sécurité du lendemain. Seule
une politique de stabilité et de fermeté, résolue à
résister à l'esprit de surenchère et à faire respecter
la loi, peut atteindre ce résultat.
LE PROBLÈME BUDGÉTAIRE
De tous les problèmes de l'heure présente, le
plus grave et le plus pressant est le problème bud-
gétaire. Il faut liquider la situation financière ac-
tuelle, dont nous avons signalé à de nombreuses,
reprises le caractère précaire et anormal.
Les dépenses extraordinaires engagées ou re-
connues nécessaires doivent être couvertes par un j
emprunt immédiat. Il faut ensuite assurer, par
la création de ressources normales et permanentes,
l'équilibre du budget.
On tromperait les citoyens et on leur ferait in-
jure si on leur dissimulait que chacun devra sup-
porter sa part des charges inévitables. On man-
querait à un devoir d'équité élémentaire si on ne
demandait à la richesse acquise une contribution
en rapport avec les facultés de ceux qui la pos-
sèdent. Epris de justice fiscale, nous sommes par-
tisans de l'impôt sur le revenu. Nous voulons d'ail-'
leurs qu'il soit réalisé sans inquisition, que soit
sauvegardé le secret des affaires et que soient res-
pectés les engagements de l'Etat, base de son cré-
dit et gage de sa force.
Vouloir- une réforme fiscale prudente et l'accom-
plir par étapes, ce n'est point ajourner les réali-
sations, c'est au contraire les faciliter..Si, ces
derniers jours, la péréquation de l'impôt non bâti,
qui va se traduire par un dégrèvement de cin-
quante millions au profit de nos cultivateurs a pu
être assurée, c'est à notre méthode et à notre
action qu'on le doit.
Les dernières propositions faites par le gouver-
nement relativement à l'impôt sur le revenu ne
marquent-elles point, elles aussi, une tendance vers
l'abandon des procédés vexatoires contre lesquels
nous nous étions justement élevés ?
Nous persistons à croire que la réforme électo-
nale par l'établissement du scrutin de liste, avec
représentation des minorités, peut seule permet-
tre au Parlement de s'élever au-dessus des com-
pétitions locales et à la souveraineté populaire
d'atteindre son plein développement. C'est aux ré-
publicains que nous demandons d'appuyer cette
réforme elle ne peut être réalisée qu'avec leur
concours. La réforme électorale entraînera, par
voie de conséquence, une réforme administrative
depuis trop longtemps attendue et qui doit consis-
ter dans une décentralisation et dans une simpli-
fication des services publics.
LA CONCORDE DES CITOYENS
A de nombreuses reprises, ces dernières années,
lorsqu'il s'est agi de l'intérêt national, les que-
relles ont cessé et tous les bons Français ont fait
confiance au gouvernement de 1a. république pour
parler et agir en leur nom, au nom de la France.
Les hommes qui ont la redoutable charge des
affaires doivent sauvegarder avec un soin scru-
puleux cette concorde des citoyens, expression
d'une conscience commune et garantie indispen-
sable de l'unité de la patrie.
L'impartialité dans l'administration de la chose
publique, le respect de la séparation des pouvoirs,
l'exclusion de toute ingérence financière dans l'ac-
tion gouvernementale nous apparaissent comme
les éléments d'une politique vraiment démocra-
tique et nationale.
Il appartient au suffrage universel républicain
de dire, le 26 avril, si ces idées sont les siennes
et de proclamer assez haut sa volonté pour qu'elle
soit obéie.
C'est à une politique de franchise et d'impec-
cable probité, c'est à une politique de patriotisme,
de solidarité sociale et de concorde républicaine
que nous le convions.
En nous groupant pour en assurer le triomphe,
nous croyons avoir fait notre devoir. Nous deman-
dons au pays de faire le sien.
Vive la République
Aristide Briand, député, président de la Fédé-
ration des gauches Louis Barthou, Alexandre Mil-
lerand!, Louis-Lucien Klotz, députés Poirrier,
Lourties, Maujan, sénateurs, vice-présidents
Henry Chéron, sénateur, secrétaire général Char-
les Chaumet, député, secrétaire adjoint Antony
Ratier, sénateur, trésorier Albert Peyronnet, sé-
nateur, trésorier-adjoint Léon Barbier, Pierre
Baudin, Henry Bérenger, Eugène Guérin, Jean
Morel, sénateurs Bênazet, Paul Bignon, Bourély,
Delaroche-Vernet, Delpierre, Etienne Marc, Frays-
sinet, Guist'hau, Honnorat, Landry, Leboucq,
Muteau, Joseph Reinach, Rode], Siegfreid, dépu-
tés Forestier, conseiller du commerce extérieur de
la France Deffès, préfet honoraire Henri Lillaz,
industriel, membres du comité directeur.
Paris, le 11 avril 1914.
Pour déboulonner Thalamas
Dans la seconde circonscription de Versailles,
M. Gustave Téry renonce à la candidature pour
ne pas diviser les voix contre le député sortant
M. Thalamas. Il prie ses partisans de voter pour
M. Prat, qui avait posé sa candidature-libérale
avant lui.
Là Débâcle
La Fédération du Bâtiment traverse une crise
grave
La Confédération générale du travail est en
pleine débâcle. Après avoir pendant de longues
années apeuré les « bourgeois » par ses mena-
ces incessantes et ses grèves révolutionnaires,
elL> n'ést rlus maintenant qu'un épouvantail à
moineaux, bien déchu, bien insignifiant. Ses
chefs de file ont tour à tour disparu et ses effec-
tifs ont diminué dans des proportions telles que
ses troupes sont réduites à leur plus simple ex-
pression.
La constatation officielle de cette déchéance
des partis révolutionnaires s'affirmera aujour-
d'hui dimanche au cinquième congrès de la
Fédération des travailleurs du bâtiment .On sait t
que jadis il n'y avait pas de manifestation cégé-
tiste, pas de grève de solidarité, pas de meeting
de protestation, pas de le, mai sans la participa-
tion effective de ces travailleurs toujours prêts
à chômer et que les dirigeants de la C. G. T. con-
sidéraient comme formant l'avant-garde du
« prolétariat conscient et organisé ». Or, les
grands manitous de la rue Grange-aux-Belles
nbusèrent beaucoup de la bonne volonté des ter-
rassiers et autres maçons ceux-ci, finalement,
se sont lassés de ces mobilisations fréquentes et
inutiles, et, protestant à leur tour, ils ont quit-
té purement et simplement la Maison des fédé-
rations et ses agitateurs de profession.
Voilà pourquoi le rapport du citoyen Mouli-
nier, qui sera lu au congrès d'aujourd'hui, dira
que depuis deux ans, c'est-à-dire depuis le con-
grès de Bordeaux, le nombre des syndiqués de
la Fédération des travailleurs du bâtiment a di-
minué d'une façon considérable, notamment
dans la région parisienne, où les phrases ron-
flantes des leaders cégétistes ne sont plus prises
au sérieux.
Ainsi, au janvier 1911, la Fédération était
forte de 72,000 membres actuellement, elle
n'est plus que de 52,000. Cette diminution est
appréciable. Le citoyen Moulinier croit devoir
l'expliquer en l'attribuant au tassement iné-
vitable qui s'est produit dans les effectifs des
organisations, tassement prévu à la suite des
mouvements revendicatifs nombreux qui se sont
produits pendant ces deux années ».
L'ancien secrétaire fédéral, le citoyen Ranty,
a fait lui aussi un tableau de la situation il
constante qu'au mois de mai 1910 la Fédération
comptait près de 90,000 adhérents. Mais plu-
sieurs grands mouvements se succédèrent lock
Oui de la maçonnerie et de la pierre, grève de
solidarité avec les cheminots, fin 1910 grève
générale du bâtiment, en juillet 1911. A la suite
de ees divers mouvements, une baisse impor-
tante s'ensuivit les effectifs fédéraux tom-
baient progressivement à 45,000 en décembre
1913.
Cette diminution affectait surtout, nous ve-
nons de le dire, la région parisienne, où l'action
néfaste de la C. G. T. s'était surtout manifestée,
tandis que les organisations de province, plus
éloignées du pouvoir central »,- étaient moins
touchées.
Et., cependant, le nombre des syndicats est
resté le même on a eu à ervegistrer des dispa-
ritions, mais, par contre, de nouveaux groupes
ont été admis ou créés, ce qui- a rétabli la ba-
lance.
La situation financière est piteuse elle dé-
montre mieux que toutes les phrases la débâcle
cégétiste les recettes du dernier exercice furent
de 413,740 fr. 75, alors que les dépenses attei-
gnirent 450,040 fr. 87. Pour payer le déficit, il
fallut puiser dans la réserve, et, à l'heure ac-
tuelle, l'encaisse de la Fédération est de
fr. 73 Le voilà bien le désastre
Toutefois, les leaders de la Fédération du bâ-
timent ne perdent pas tout espoir ils font con-
tre mauvaise fortune bon cœur et ils assurent
que l'ère des grosses difficultés, va toucher à sa
fin. Cela paraît peu probable, car les anciens
syndiqués n'auront qu'à se rappeler les mau-
vais jours passés sous le joug cégétiste pour
n'avoir nulle envie de s'enrôler de nouveau
dans les rangs de ces bluffeurs révolutionnai-
res. La C. G. T. ne se relèvera pas des coups de
pioche formidables que lui ont donnés les terras-
siers. Il y a deux ans encore, elle avait un sem-
blant d'autorité aujourd'hui, cette autorité
n'existe plus et la débâcle complète va s'accen-
tuer rapidement sous le pontificat du citoyen
Jouhaux^
̃• Armand Vfllette
La Revue de Printemps
Ce que sera la prise d'armes du 22 avril Les
troupes qui y prendront part
La revue de printemps, qui aura lieu à Vin-
cennes le 22 avril, aura, cette année, on le sait,
un éclat particulier en raison de la présence du
roi George et de la reine Mary d'Angleterre.
Peur l'occasion, le ministre de la guerre a dé-
cide que toutes les troupes disponibles de lia
garnison de Paris et des garnisons voisines
prendront part à cette prise d'armes. Voici, du
reste, la liste des corps qui seront présents sur
le champ de courses de Vincennes
Le bataillon de l'Ecole polytechnique et le ba-
taillon de Saint-Cyr (généraux Cornille et Bigot)
Le 1er bataillon du zouaves
La 6e division d'infanterie (général X), compre-
nant la lle brigade (général Hollender) 24° et 28e
d'infanterie,. et la 12e brigade (général- Lavisse) &̃
et 119e d'infanterie
La 7e division d'infanterie (général Roques), com-
prenant la 13e brigade (général X) 10le et 102e d'in-
fanterie, et la H" brigade (général Félineau) 103e
et 1040 d'infanterie
La 10e division (général Auger), comprenant la
196 brigade (général Gossart) 46e et 89° d'infanterie
et la 50° brigade (colonel Blondin) 31e et 76e d'in-
fanterie)
La 5° brigade d'infanterie coloniale (général
Goullet) 21" et 231 régiments d'infanterie coloniale
Le 13° d'artillerie, de Vincennes, et le 22e, de
Versailles
La lre division de cavalerie (général Buisson),
comprenant la 2" brigade de cuirassiers (général
Louvat) 1er et 2e régiments, et la 5e brigade de dra-
gons (général Silvestre) 23" et 27" dragons.
Toutes ces troupes, formant un effectif d'en-
viron 15,000 hommes, seront sous le comman-
dement du général Michel, gouverneur mili-
taire de Paris, assisté du 'général Bolgert, ad-
joint au gouverneur militaire.
La revue commencera à trois heures de
l'après-midi, aussitôt après l'arrivée des souve-
rains anglais et du président de la république,
et sera, sauf incidents, terminée vers quatre
heures et demie. Les troupes seront passées en
revue par M. Poincaré, accompagné du roi
George. Aussitôt après, aura lieu l'imposante
cérémonie que nous avons annoncée, la remise
de la croix de la Légion d'honneur au drapeau
de l'Ecole polytechnique et au drapeau de
l'Ecole de Saint-Cyr. La cérémonie se terminera
par un défilé des troupes, au cours duquel un
dirigeable et plusieurs escadrilles d'aéroplanes
évolueront au-dessus du champ de courses, et
par la traditionnelle charge de cavalerie.
Fasse le ciel que le soleil veuille bien se mettre
de la partie et ajouter à l'éclat que cette céré-
monie militaire, ne peut manquer d'avoir
Lucien Nicot
Dans l'armée
Le haut commandement Promotion dans
la Légion d'honneur
Le Journal officiel publie, ce matin, le décret
par lequel le général de brigade de Villaret,
commandant la 79e brigade d'infanterie, à
Commercy, est nommé chef de la mission mili-
taire française en Grèce, en remplacement du
général Eydoux, nommé commandant du
li° corps d'armée, à Nantes. En annonçant
cette nouvelle, il y a quelques jours, nous avons
fappelé les beaux états de services du général
de Villaret.
D'autre part, le général de division Vautier,
commandant le corps d'armée des troupes colo-
niales, passe aujourd'hui au cadre de réserve
il est remplacé dans son commandement par
le général Lefèvre.
Le général Vautier compte de beaux états de
services sous-lieutenant, après un an passé à
Saint-Cyr, en août 1870, il a pris part à la
guerre contre l'Allemagne, à l'armée du Nord,
et a combattu à Villers-Bretonneux, à Han, à
Pont-Noyelles, à Bapaume et à Saint-Quentin
puis il a assisté au second siège de Paris contre
la Commune. Pendant cette période, le jeune.
officier fut nommé lieutenant, puis capitaine.
Chef de bataillon en 1887, colonel en 1898, il
fut longtemps sous-directeur de l'infanterie au
ministère de la guerre, puis commanda le
d'infanterie, à Nancy. Général de brigade
en et divisionnaire en mars 1909, il avait
succédé au général Archinard, il y a trois ans,
à la tête du corps d'armée des troupes colo-
niales.
Le Journal officiel publie également, ce ma-
tin, une promotion dans'la Légion d'honneur.
Le général de Préval, qui commandait ré-
cemment la 3e brigade d'infanterie, à Arras, et
qui a été mis, il y a quelques jours, dans la
position de disponibilité, est nommé comman-
deur de la Légion d'honneur. Cet officier géné-
ra! compte 44 ans de services et 9 campagnes.
Sont nommés officiers le colonel Maudejt,
de la gendarmerie, récemment retraité le lieu-
tenant-colonel Martin-Panescorse, du 8e d'in-
fanterie coloniale le chef de bataillon Hitar,
du 4° d'infanterie coloniale le lieufenant-colo-
nel Zobel, du génie le lieutenant-colonel Flo-
rentin, de la gendarmerie.
Sont nommés chevaliers le lieutenant Ver-
nier, du T d'infanterie coloniale l'adjudant
Cnuderlier, du 25° bataillon de chasseurs à
pied l'adjudant Brunswick, de la section d'in-
firmiers militaires des troupes coloniales, à
Marseille.
A travers la resse
Une Lettre de M. de Mun
L'Autorité publie la lettre suivante de M. le
comte Albert de Mun à M. Jules Delahaye
Roscoff (Finistère).
Mon cher ami,
Appelé ici par des réunions que je 'ne pouvais
différer, je n'ai pu assister aux séances de jeudi et
de vendredi. Je le regrette vivement, à cause du
plaisir que j'aurais eu à vous applaudir, à vous
serrer les mains et à vous féliciter de votre cou-
rage.
Je le fais de loin très cordialement, espérant que
les difficultés, au courant desquelles je ne suis pas
et qui, m'a-t-on dit, s'opposeraient à votre réélec-
tion, sont entièrement dissipées.
Votre bien dévoué,
On pouvait croire que les difficultés auxquel-
les il est fait allusion dans cette lettre étaient
aplanies mais voici qu'au dernier moment,
l'Action libérale de Çholet oppose un concur-
rent à M. Jules Delahaye. Nous voulons espé-
rcr que ce n'est là au'us malentendu, gui §era
vite dissipé.
L. N.
A. DE Mun.
M. Doumergue parlera
NI. Doumergue s'est ravisé. ou plutôt il
défère à l'injonction de M. Clemenceau le met-
tant en demeure da prononcer son grrrand dis-
cturs politique. M. Doumergue parlera au pays.
Ces jours derniers, le président du conseil décla-
rait à un de nos confrères de Bordeaux que
« tout était dit » et qu'il lui semblait inutile
de rien ajouter. Mais la sommation de M. Cle-
menceau a produit son effet, et M. Doumergue,
qui n'en est pas à une contradiction près, estime
maintenant qu'il a quelque chose à dire. Ce
quelque chose, M. Doumergue n'ira pas le.faire
entendre, et pour cause, aux électeurs de
Mamers, pays de M. Caillaux. Il fait savoir par
un communiqué officiel qu'il se rendra diman-
che 19 avril, à Souillac, que représente, on le
sait, M. Malvy, ministre de l'intérieur, Ity pro-
noncera le discours qui doit éclairer le" pays
sur l'oeuvre singulière de l'actuel cabinet, y
compris les actes de MM. Caillaux et Monis.
Le Journal des Débats analyse finement les
incertitudes de M. Doumergue. M. Doumergue,
d:t notre confrère, aurait bien voulu ne pas
rarler. Il parlera tout de même, car M. Cle-
menceau lui a dit impérieusement « Lève-toi
fi parle. »
M. Doumergue a entendu cette voix qui ne souf-
fre pas de réplique. Voici qu'il annonce docilement
qu'il parlera. Le dimanche qui précède les élec-
tions, il prononcera dans la circonscription de M.
Malvy un grand discours politique. A vrai dire,
aucun de ses amis, à part M. Clemenceau, dont les.
voies sont souvent mystérieuses, n'en éprouvait le
besoin. Les interventions oratoires de M. le prési-
dent du conseil ne sont pas toujours très rassuran-
tes, et, comme le dit la Lanterne C'est moins
des discours qu'il faut à la démocratie que des ac-
tes. » Les amis de M. Doumergue indiquaient donc
dès ce matin toutes les bonnes raisons que le pré-
sident du conseil avait de se taire. Ils ne savaient
pas combien M. Clemenceau est un maître sévère
et combien M. Doumergue est obéissant. Pour no-
tre part, si nous souffrons pour ses vacances trou-
blées, il ne nous déplaît pas de voir M. Doumergue
rompre son silence peut-être prudent. Il aura quel-
que mal, étant chef du ministère qui a compté MM.
Caillaux et Monis, à défendre devant le pays les
« actes du gouvernement » que la Chambre a ré-
prouvés. Nous attendons avec curiosité le pensum
de M. le président du conseil.
Nous aussi, et le pays également.
M. Doumergue dément
Hier, nous faisions prévoir, bien qu'ils fus-
sent tout à fait dans sa manière de parler, que
les étonnants propos tenus par M. Doumergue
au correspondant de l'Etoile belge seraient l'ob-
jet d'un démenti. C'est chose faite. Le président
du conseil communique aux agences une note
dans laquelle il déclare n'avoir pas eu d'entre-
tien avec le rédacteur du journal belge et n'a-
voir pas, conséquemment, tenu contre Paris et
la presse parisienne le langage qu'on lui prête'.
La Liberté publie à ce sujet la note suivante
Nous croyons pouvoir ajouter que le rédacteur
du journal belge maintient l'exactitude de son in-
formation. Il aurait été reçu par M. Doumergue,
mais n'aurait pas décliné sa qualité de correspon-
dant du journal belge.
Les chefs d'Etat et la Loi de Trois Ans
Dans le Matin, M. Stéphane Lauzanne, reve-
nant sur l'entretien que le roi de Roumanie
daigna lui accorder ces jours derniers et dont
nous avons reproduit plusieurs passages, nota
cette réflexion du souverain sur notre loi de
trois ans « C'est un sacrifice important que la
France a consenti là. Il donnera à votre armée
des cadres d'une solidité éprauvée. »
Mais, ajoute notre distingué confrères, il n'y
a pas que ce Roi observateur et averti qui, de
son belvédère lointain, regarde et questionne.
Tous les souverains d'Etat, à cette heure où la
nation va avoir à ratifier la. décision de ses lé-
gislateurs, se penchent vers la France.
C'est le roi d'Espagne qui, lorsqu'il voit M. l'am-
bassadeur Geoffray ou lorsqu'il se rencontre avec
le général Lyautey, ne parle pas d'autre chose.
Si vous saviez, disait-il récemment, comme
vos,amis admirent l'effort patriotique de la Fran-
ce Et quelle déception ce serait pour eux s'il
était impossible de le soutenir
C'est le président Wilson, là-bas, aux Etats-Unis,
qui déclare à ses intimes
La démocratie française a donné le plus rare
des exemples elle est, dans un intérêt national,
revendue sur un avantagé accordé au peuple.
C'est le tsar Nicolas qui reçoit M. de Gdntaut-Bi-
rbn, fils de notre ancien ambassadeur à Berlin,
et qui énumère l'effort militaire sans précédent
que l'empire russe va accomplir pour répondre à
l'effort militaire de 1a république, mais qui ajoute
Si, par hasard, la France devait revenir sur
le sacrifice qu'elle a accompli, ce serait le coup le
plus rude que l'on pourrait porter à l'alliance.
Ce sont enfin tous les ambassadeurs, dans toutes
les capitales et dans dans toutes les Cours, qui,
dans leurs rapports au quai d'Orsay, dans leurs
visites à l'Elysée, déclarent qu'il y va du pres-
tige, de l'influence, de l'honneur même de la
France, tandis qu'un de nos attachés militaires,
dans une capitale de la Triple-Alliance, déclare
Le retour à la loi de deux ans, au point de
vue de l'effet produit, équivaudrait à une défaite
sur le champ de bataille.
Ces réflexions sont des plus intéressantes à
enregistrer. Car elles reflètent le sentiment des
souverains et des diplomates étrangers sur la
haute portée de l'acte patriotique accompli par
le Parlement.
A l'Extérieur
Les Conséquences de l'Accord franco-turc
Si l'accord qui a été définitivement conclu,
avant-hier, entre la France et la Turquie, est
encore loin de répondre aux espérances que
nous avions été autorisés à concevoir avant
qu'une impardonnable erreur de notre diplo-
matie nous ait exclus de la concession du Bag-
dad, du moins est-il en tenant compte des
conditions actuelles moins désastreux que
nous ne pouvions le craindre.
Il est malheureusement entendu, certes, que
la grande voie qui reliera l'Europe à l'Asie
nous échappe totalement au profit de l'Allema-
gne et que nous ne sommes plus traités, dansi
ce partage d'un gâteau d'inestimable valeur
politique et économique, qu'à la manière d'une
sorte de parent pauvre. Néanmoins, dans la
mesure au possime, ie aesastre dont nous
étions menacés a été finalement évité. Nous
avons arraché à l'appétit allemand et à la pru-
dence ottomane tout ce que nous pouvions leur
arracher. Nous nous sommes assurés de pou-
voir exploiter en toute sécurité les concessions
qui nous ont été accordées.
Quelles sont ces concessions ?
L'accord du 9 avril concède aux sociétés fran-
çaises 1° dans la région syrienne, sur le ver-
sant méditerranéen, une ligne partant de Rayak
pour aboutir à Ramleh, localité située à mi-
chemin de la ligne de Jaffa à Jérusalem. C'est
un embranchement de 300 kilomètres environ.
Le gouvernement ottoman prend en outre des
engagements pour éviter que le tronçon Caïffa-
Derak, de la ligne du Hedjaz, ne fasse pas une
concurrence ruineuse à la voie française de Da-
mas-Kamah. La France a aussi obtenu la con-
cession d'une ligne de Smyrne aux Dardanelles
avec embranchements, soit environ 400 kilo-
mètres, et une ligne Hodeïda-Sana, de 185 kilo-
mètres en tout, près de 900 kilomètres.
2° Dans la région arménienne, sur le versant
de la mer Noire, les lignes Samsoun-Sivas, Si-
vas-Karfont-Àrghana, Arghana-Bitlis-Van et
Samsoun-Boulou, soit environ un total de 2,000
kilomètres.
De plus, il nous est accordé l'aménagement
des ports d'Héraclée et d'Inébalé, dans la mer
Noire de Jaffa, de Caïffa et de Tripoli-de-Sy-
rie, dans la Méditerrranée. Enfin, le traité fait
entrer en vigueur les conventions qui visent les
établissements scolaires français, la situation
des Tunisiens et des Marocains, qui seront dé-
sormais, au point de vue ottoman, assimilés
aux Algériens, et enfin l'application des capitu-
lations en matière pénale. En outre, un certain
nombre de litiges seront réglés par compromis
d'arbitrage.
En échange des concessions de la Turquie,
la France accorde à celle-ci des avantages d'or-
dre économique sous la forme d'un emprunt
d'une valeur nominale de 800 millions et de fa-
cilités financières d'après lesquelles la France
apporte un concours amical à la réorganisation
financière de la Turquie. Elle donne son con-
sentement à l'augmentation de 4 0/0 sur les
Ch. DemaiUy
douanes, sous la réserve, naturellement, du
consentement des autres puissances. Elle ac-
cepte aussi la création de monopoles pour l'al-
cool, les allumettes, les cartes à jouer, etc.,
ainsi que des droits d'accise sur les denrées co-
loniales et l'extension du droit de patente et des
impôts mobiliers aux étrangers. Des fonction-
naires français collaboreront, en outre, avec
les autorités turques aux réformes financières.
Je puis ajouter .que nous avons également
obtenu des précisions relativement aux com-
mandes industrielles que la Turquie devra faire
1 en France,
L'accord n'est donc pas, je le répète, regret-
table dans son ensemble il marque un pro-
grès sensible sur le premier projet qui avait été
élaboré et approuvé à la fin de l'année dernière.
'La vigueur et l'habileté avec lesquelles NI. de
Margerie, le très distingué directeur politique
au quai d'Orsay, a défendu nos intérêts, l'esprit
de conciliation que le gouvernement ottoman a
témoigné au cours des récents pourparlers, ont
été pour une grande part dans cet heureux ré-
sujtat.
Nous en augurons, pour l'avenir des relations
franco-turques, les meilleures garanties. Il est
indéniable, en effet, que la Turquie, consciente
de son véritable intérêt, désireuse de procéder
à une sérieuse réorganisation administrative,
entend inaugurer une politique. plus indépen-
dante vis-à-vis de l'Allemagne. Nous en voyons
la preuve dans l'empressement avec lequel elle
a fait droit à quelques-unes de nos demandes,
à l'acceptation desquelles nous subordonnions
la conclusion de l'accord.
Sachons maintenant profiter de ces bonnes
dispositions pour fortifier notre séculaire ami-
tié avec l'Empire ottoman et notre influence en
Asie-Mineuxe. Nous avons à lutter contre forte
partie un effort sérieux et patient s'impose
donc à notre diplomatie.
La situation dp l'Europe jugée par NI, Pichon
IL NE CROIT PAS A LA GUERRE
La Nouvelle Presse Libre de Vienne publie ce
matin un remarquable article de M. Stephen Pi-
chon, intitulé Pour la paix de VEurope, dans
lequel il examine s'il y a lieu de se laisser gagner-
par les craintes qu'inspire la situation en Europe
et qui entravent la prospérité dans les différents
pays.
L'ancien ministre des affaires étrangères ne le
pense pas. Il considère, que l'Autriche-Hongrie,
comme la France, saura prévenir dans l'avenir
des conflits grâce à la sagesse de l'empereur Fran-
çois-Joseph et de ses ministres, qui n'ont cessé de
travailler avec la France à conjurer les périls qui
pouvaient naître de la crise balkanique.
« Rien n'est insoluble au fond, ajoute M. Pichon,
ni dans les questions albanaises, ni dans les ques-
tions monténégrines, roumaines ou serbes, ni dans
tout ce qui affecte la situation des Allemands et
des Slaves, ceci dans ce qui tauche à l'existence
de l'Empire turc. Il peut en sortir des embarras
plus ou moins graves pour l'Europe, mais je reste
convaincu qu'au fond personne en Europe (j'en-
tends parmi ceux qui ont la responsabilité du pou-
voir à la tête des grandes puissances), ne veut aller
au-devant d'une guerre, qui prendrait inévitable
ment un caractère général et qui serait aussi rui-
neuse pour les vainqueurs que désastreuse pour les
vaincus. L'essentiel, c'est de maintenir l'intégrité
de l'Empire turc.
Ni. ricnon rappelle qu'en engageant ses négo-
ciations avec Constantinople et avec Berlin, il n'a
pas eu d'autre but. Le but aujourd'hui est atteint,
puisque les pourparlers ont abouti.
L'ancien ministre conclut ainsi
« C'est de l'Orient -.et de là seulement, je crois
que peuvent actuellement venir les menaces de
guerre. L'Autriche-Hongrie est aussi pacifique que
la France. La Russie l'est incontestablement (sa
conduite dans le réglement des affaires arménien-
nes en est une nouvelle preuve). L'empereur Guil-
laume a souvent manifesté d'une façon pratique
son attachement à la paix. Aucune puissance ne
rêve le démembrement de l'Empire turc. Toutes se
sont concertées pour éviter de s'entrechoquer s'il
surgissait de ce côté des complications imprévues.
Autant de raisons de confiance dans la conserva-
tion de la paix. »
L'Italie et les îles du Dodécanèse
Rome, 11 avril.
Le gouvernement italien est absolument décidé à
ne pas évacuer les îles du Dodécanèse avant d'avoir
obtenu les concessions déjà indiquées en Asie-Mi-.
neure on ajoute que le gouvernement ottoman
sait très bien que, sans l'exécution de cette condi-
tion préalable, il ne recouvrera pas les îles. On
croit donc que l'article en question n'a pas été
inspiré par le gouvernement ottoman.
Les événements du Mexique
LA SITUATION CRITIQUE DES EXPULSÉS ESPAGNOLS
Madrid, 11 avril.
Les nouvelles officielles reçues d'El Paso par le
cabinet de Madrid annoncent qu'environ mille su-
jets espagnols expulsés de Torreon se trouvent dans
une situation critique.
Le ministre des affaires étrangères a, demandé
ce matin à l'ambassadeur des Etats-Unis une in-
tervention en leur faveur, indépendamment des
mesures que le gouvernement compte prendre pour
leur rapatriement.
En Allemagne
LE NOUVEAU YACHT DU KAISER
0n télégraphie de Berlin les détails suivants sur
le Hohenzollern Il, le nouveau yacht de l'empereur
Guillaume.
Il coûtera douze millions cinq cent mille francs.
Il sera le plus beau et le plus grand yacht royal
dans le monde entier. Il jaugera 7,300 tonnes et
aura un équipage de 455 officiers et matelots. Sa
longueur est de 524 pieds et il aura toutes les ap-
parences d'un luxueux bateau transatlantique. Il
sera prêt vers la fin de cette année. Toutes les dis-
positions sont prises dans sa construction pour le
rendre insubmersible. Il est pourvu d'une double
quille sur toute sa longueur et de'nombreuses éloi-
sons étanches. Il aura des appareils signalant la
présence des sous-marins et qui seront, attachés à
la télégraphie sans fil. Comme le Hohcnzollern Il
est inscrit sur la liste de la marine allemande, ainsi
que le yacht impérial, il sera armé comme un
croiseur auxiliaire et il est construit pour por-
ter des canons, mais pour le moment, il ne portera
que des canons pour rendre des saluts. Ses ma-
chines seront à turbines et sa vitesse de trente
nœuds. Tous les plans de sa construction ont été
soumis à l'examen de l'Empereur qui, comme on
sait, se pique d'être très versé dans les construc-
tions navales. Bref, ce yacht sera un palais flot-
tant et si les constructeurs réussissent à lui assu-
rer la vitesse de trente nœuds stipulée dans le
contrat, le Hohenzollern Il sera certainement le
yacht de plaisance le plus rapide qui ait été jus-
qu'à présent construit.
Mes Correspondances
DE L'ÉTRANGER
LETTRE DE BERLIN
6.a trêve de Pâques. La mort de Heyse. Le
« Joseph » de Richard Strauss
Berlin, 9 avril.
Voici les fêtes de Pâques. Aussi bien,
est-ce une occasion d'abandonner quelques
jours la politique, qui nous abandonne elle-
même. En ce moment, tout est calme et tran--
quille dans les sphères gouvernementales et
parlementaires, et l'écho même des dernières
tempêtes causées par les affaires de Saverne
ne se fait plus entendre. L'Empereur se repose
dans son beau château de Corfou, le Reichstag
et la Diète prussienne sont aux champs et les
ministres annoncent eux aussi qu'ils vont bien-
tôt faire. leur valise et aller respirer un peu
d'air pur en Italie, en Suisse ou plus simple-
ment à Paris. Car Paris est devenu ici un cen-
tre d'excursions pascales alors qu'autrefois on
n'allait visiter la grande ville qu'en été.
Le vide de la vie publique en ce moment a
permis aux journaux de rendre, Paul Heyse,
qui vient de mourir à Munich il. l'âge de qua-
tre-vingt-quatre ans, les honneurs qui lui
étaient dus. Et, par là, cet écrivain considé-
rable, qui fut constamment heureux durant sa
vie, aura eu encore après sa mort la joie
relative d'une bonne presse. Heyse, pour-
tant, était un peu oublié. Son âge d'abord en
était la cause, mais sa tournure d'esprit et son
hostilité à toute nouveauté littéraire ou philo-
sophique encore bien davantage.. Né à l'époque
où le romantisme fleurissait avec la surabon-
dançe que le romantisme mettait dans toutes
ses manifestations, aussi bien %n Allemagne
René d'Aral
L'Informé
qu'en France, il restait fidèle à l'idéal de sa'
jeunesse lointaine. Le naturalisme et le réa-
îisme^furent ses ennemis personnels, et il s'op-
posa tant qu'il put à leur succès. Il était pro-
fondément traditionaliste, et d'une façon un
peu étroite, un peu mesquine. Par là, précisé-
ment, il manqua singulièrement de grandeur
et d'ampleur.
Mais il avait des dons charmants. Et préci-
Sèment, il avait une vertu littéraire qui le dis-
tinguait nettement et délicieusement de la plu-
part de ses confrères allemands. Il avait, lui
ce Berlinois exilé à Munich, il avait cette vertu
magique, indéfinissable et suprême: le charme.
C'était là sa force, et cette force était pleine de
grâce. Il avait touché à presque tous les genres
et avait réussi dans presque tous. Mais ce sont
ses contes et ses nouvelles qui lui assureront
une renommée durable parmi le public alle-
mand. Il était né conteur. Il avait pour ce
genre la finesse du trait, l'ampleur dans la des-
cription, la netteté dans la vision et la poésie
dans lie style. Tout ce qui est sorti de cette
veine de Heyse était coloré, allant, rapide et
charmant. On était emporté et ébloui. C'était,
et c'est encore un délice que de lire ses nou-
velles. Et c'est cette partie :de son œuvre que
le temps respectera -,sans nul doute le plus
longtemps.
Il était romancier aussi et auteur drama-
tique, et journaliste et polémiste. Il était tout
et il réussissait presque dans tout. On voyait
en lui le descendant direct de Goethe, bien
qu'il y ait dans cette filiation plus de flatterie
excessive que de vérité, mais, tout de même,
il ne laissait pas de rappeler par certaine côtés
le grand homme de Weimar. Cpmme lui, il
avait le culte de la tradition classique et des
humanités comme lui, il adorait l'Italie et
s'inclinait devant les exemples augustes que
nous ont laissés .les Grecs et les Romains. Mais
Heyse, par ailleurs, n'était qu'un petit homme
au regard de Gœthe, et ne sut que bien rare-
ment s'élever au-dessus de sa fonction de poète
lauréat, alors qu'on oublia toujours chez
Gœthe qu'il fut lui aussi un « officiel ». Mais
un parallèle entre Heyse et Gœthe nous mène-
rait trop loin, et c'est déjà très beau qu'on'
songe en Allemagne, où Gœthe est adoré à
l'égal d'un dieu, à rapprocher le nom de Heyse
de celui; de l'auteur de Faust,
Les milieux artistiques allemands commen-
cent à s'occuper due, la nouvelle œuvre que
M. Richard Strauss vient d'achever et qui doit
être créée au mois de mai à l'Opéra de Paris.
Il s'agit cette fois non d'un opéra, mais d'un
ballet, et d'un ballet qui finit tragiquement,
puisque l'héroïne se tue au baisser du rideau.
Le célèbre compositeur allemand avait de-
puis longtemps exprimé l'intention de « faire
quelque chose pour les ballets russes », et c'est
lorsqu'il vit et applaudit Nijinski et ses dan-
seurs l'an dernier, à Berlin, qu'il se décida.
Un de ses amis, le comte Kessler, improvisé
auteur dramatique, lui bâtit en quelques jours
le sc.énario d'une adaptation de la légende de
Joseph et de Mme Putiphar et le musicien se
mit aussitôt au travail. L'idée de composer
pour des danseurs et de n'être plus lié par les
exigences, ou plutôt par les possibilités, de la
voix humaine, donna à Richard Strauss, dans
la composition de son ballet, un plaisir ex-
trême. Et l'oeuvre aujourd'hui est achevée. Les
répétitions ont lieu dans le plus grand secret
à Berlin, sous la direction -même de l'auteur,
et le rôle principal, écrit pour Nijinski, serai
probablement. créé par un autre danseur, moins
connu mais de grand avenir, et nommé Mia-
sine.
Richard Strauss a surtout essayé de tirer de
l'aventure du jeune Joseph tout ce qu'elle com-
portait de tragique et d'humain. Il a réhabilité
ce vertueux jeune homme, accablé depuis des
centaines d'années sous d'injustes quolibets
il a vu dans l'amour qu'il inspirait à la belle
païenne que fut la femme de Putiphar quelque
chose de plus grand et de plus haut au'une
vulgaire histoire de séduction, et, en élargis-
sant ainsi son sujet, il a montré en traits de
flamme l'impression tonifiante et purifica-
trice du jeune Joseph (cousin de Parsifal !)
sur le monde pourri et païen où vivent les
Putiphar. Cette idée, on en conviendra, ne
manque pas de noblesse. Ceux qui ont entendu
la partition disent qu'elle sera digne d'une
conception aussi humaine et aussi originale,
et Berlin ne laisse pas d'envier à Paris la joie
et l'honneur de révéler au public une oeuvre
de cette importance.
René Feibelman
Le Printemps à Londres
Londres, 10 avril.-
Nous jouissons, depuis quelques jours, du
plus joli temps qu'on puisse souhaiter et les
brises printanières semblent avoir balayé les
nuées sombres qui, hier encore, barraient l'ho-
rizon politique. L'hydre de la guerre civile est
certes toujours là, mais le soleil, en se jouant
sur ses écailles, lui donne l'aspect familier d'un
animal domestique. La métamorphose même de
M. Asquith, bouclant sa cuirasse et ceignant
le glaive de ministre de la guerre, a cessé d'ap-
paraître tragique et l'on sourit maintenant de
voir l'excellent homme il est de ceux dont
on aime le caractère sans partager leurs opi-
nions assis dans le temple de Bellone, je veux
dire le War Office, gourmander maréchaux, gué-
néraux et colonels avec ce clignement d'œil du
grand-père du Secret de Polichinelle. La crise
irlandaise est naturellement loin encore d'être
arrangée, mais elle est du meilleur aurure, cette
voracité avec laquelle libéraux et unionistes ont
accueilli les allusions de sir Edward Grey à l'é-
tablissement, dans un avenir imprécis, d'un sys-
tème fédératif rendant une mesure d'autonomie
aux diverses provinces du Royaume-Uni.
̃Oui, Avril a mis au cœur des parlementaires
une indulgence, un oubli inaccoutumé des inju-
res. Ce matin encore, dans le jardin aux arbres
centenaires, qui devant ma fenêtre étalent en
pleine Cité le souvenir d'un âge où l'on avait en-
core le temps de regarder par les fenêtres, se
promenait un homme politique connu qui pro-
nonce, à l'heure où j'écris ces lignes, un grand
discours sur la question irlandaise. Eh bien, je
vous assure que ce matin, tandis que de long en
large il se promenait dans les allées, il ma
donné de façon curieusement forte l'impression
d'un homme dont le plus cher désir serait de
gagner les champs au lieu de dérouler des pé-
riodes sonores dans une atmosphère chargée
d'ennui. Il s'en allait à petits pas, humant l'air
tiède et le soleil. Ses regards s'arrêtaient com-
plaisamment tantôt sur ses guêtres mastic, dont
il paraisait admirer la coupe et la nuance, tan-
tôt sur les pigeons pattus, qui eux aussi ambu-
laient de droite et- de gauche, avec des effets de
torse, tout en surveillant du coin de l'œil sous
leur air dégagé, un gros chat noir qui, une fa-
veur écarlate au cou, faisait la sieste, paupières
mi-closes, Ces pigeons, éminemment conserva-
teurs, la Cité ne leur donne-t-elle pas officielle-
ment droit d'asile de temps immémorial, se mô-
fient infiniment du matou radical, en dépit des
son allure toute ronde et débonnaire.
Il est délicieux, ce vieux jardin, avec les vieil-
les maisons qui l'encadrent. Et comme je com-
prends que vous autres Parisiens tentiez de pré-t
server ces demeures de l'Ile de Paris qui unis-
sent à leur parfum d'archaïsme le charme d'ar-
chitectures délicates et nobles. Cette dernière
verfcu manque à la plupart des vieux logis res-
tés assez nombreux à Londres. Il en est toute
une agglomération, par exemple, entre les cours
de Justice Fleet Street débordant de vie et de
mouvement, et la Tamise. Mais grâce à un ri-
deau protecteur de hautes maisons modernes,
il règne, tant dans le Temple que dans les
« Inns » voisines, Clifford's Inn, Lincoln's Inn,
Gray's Inn, une quiétude plus que provinciale
que trouble, à peine de temps à autre la note un
peu trop aiguë d'une trompe d'automobile ou la
sirène d'un remorqueur. Certes, les maisons n'y
sont pas belles au sens architectural, mais cela
ne diminue pas leur charme. Celle, par exem-
ple, où j'écris ces lignes, porte encastrée dans
sa façade un écusson de pierre où l'ouvrier
grava en caractères inégaux un monogramme
compliqué et une date « 1616 », l'année de la
mort du grand Shakespeare.
Le mode de construction même est curieux.
Jusqu'au second étage les pierres disparaissent
sous une sorte de rechampi bistré comme on ep
f-n- •̃ >lïi ̃'<̃.«'̃̃. ̃•)̃̃̃̃̃̃̃̃
JLE GAULOIS' DIMANCHE AVRIL 1914
mière visite au Salon me sont agréables ïnfi-
miment.
VI
Portraits
La fête de Pâques n'est guère un jour pro-
pice à l'ouverture d'une exposition. On vient
me dire à l'instant que les colonnes du Gau-
lois, requises par deis nécessités nombreuses,
ne sauraient plus recevoir de notes de critique
d'art. Je finirai donc par le plus 'bref, puis-
qu'il le faut. Le lecteur aura la bonté d'excuser
l'insuffisance et la sécheresse des nomencla-
tures. Au demeurant, ce ne sera qu'une liste
à méditer, la méditation viendra plus tard, si
elle peut.
Quatre très beaux portraits dre femmes cons-
̃'̃ tituent l'apport de M. Beshard, directeur de
notre Académie de Rome. Les deux plus frap-
pants représentent une jeune femme en robe
de satin bleu damassé de blanc. librement assise
et d'une vive élégance, et une jeune femme
debout, en robe blanche avec un manteau cra-
moisi. M. Dagnian-Bouveret expose une
jeune Parisienne aux cheveux noirs, en rohe
de satin blanc décorée d'une lumineuse cein-
ture verte, debout près d'une table où s'épa-
nouît un triomphant bouquet d'anémones rou-
g'es et violettes. Ce portrait s'escorte de deux
études extrêmement graves et d'une sévère
beauté une Bretonne recueillie sous ses vête-
ments noirs et son bonnet de linge aux deux
brides relevées, et une vieille femme de Pro-
vence tenant une corbeille de citrons.
Un buste d'homme à la barbe grise, enlevé
d'un pinceau qui court à son fait sans s'attarder
aux menue détails un buste 'de femme bril-
lant et plein d'élégance, telle est la contribu-
lion de M. Carolus Duran. Il nous agréerait
de nous étendre sur le petit portrait en pied,
blanc et noir, si curieux et si piquant, d'une
jeune femme toute « moderne » peinte par M.
Boldini, les jambes croisées en X. M. Aman-
Jean nous donne un distingué portrait de jeune
fille au teint bistré, en robe verte mouchetée de
blanc, un collier d'ambre au col et sur fond vert.
Des portraits d'enfants de M. Guiguet un
portrait de jeune homme, debout près d'une
cheminée ornée d'une pendule, de M. Prinet
un buste de jeune homme à monocle touché
prestement et en spirituelles touches grises par
M. Eugène Morand un portrait de femme
d'une silhouette heureuse et d'une facture.
nourrie de M. Gervex un portrait de jeune
fille dextre'ment enlevé par M. Henri de
Nolhac un autre par M. Rondel un autre
par M. Jean Bertrand (rose sur rosé)
̃ A la série des virtuoses appartient M.
Raymond Woog, auteur du savoureux portrait
de la Grand'mère entre ses deux petites-filles.
M. de Beaumont nous offre, d'un chanoine en
1 camail, assis dans son cabinet au papier fleuri,
une effigie de beaucoup de caractère. Enfin,
le groupe d'une Mère et son enfant, de Mlle
Breslau, nous reste comme un des plus tou-
chants et des plus remarquables ouvrages que
cette artistes ait jamais produits.
Il faudrait faire ici le compte des études de
nu. Ce serait le lieu de signaler, en cet ordre
d'idées, les deux tableaux d'un dessin magis-
tral et d'un prestigieux modelé de M. Friant
• Devant la psyché et Dans râtelier. Mais M.
t Priant est aussi l'auteur d'un petit portrait
(t nomme, de proportions quasi-miniaturales,
et qu'on peut tenir pour un morceau parfait.
D'autres études de nu se réclament des si-
gnatures de MM. Robert Besnard et Jacques
Baugnies. A M. Dinet nous devons une
jeune Arabe bronzée sous son voile de gaie
groseille et de la plus ferme exécution. M.
Fourié mène toujours le branle des beaux
corps de nymphes au soleil et dans les roses.
M. Louis Picard raffine deux études de jeu-
nes femmes aux formes fines, au modelé plein,
ingénieusement présentées.
A son tour se déroulerait la suite des, pay-
sages les originales visions de Venise de M.
Raffaelli le Soir doré sur un canal de M. Le
Sidaner les poétiques crépuscules de M.
Meslé les arbres presque en relief de M.
Claus les sites d'un charme mélancolique de
M. Billotte les saines rusticités de M. Barau
les robustes impressions d'un pays de monta-
̃- gne de M. Robert Lemonnier les marines de
M. Courant, où souffle la brise. Et nous trou-
verions, par surcroît, sur notre route, tout le
prévu et tout l'imprévu, les délicieuses Tulipes
de M. Karbowski, et la Fête che; la marquise
de M. Truchet, et les Danseuses de M. Carrier-
Belleuse. N'y pensons plus.
Quelle œuvre vaine nous aurions à faire
Mieux vaut pour l'instant nous taire tout à fait.
Aussi bien, il nous faut quitter la lace.
L'heure s'est écoulée. La mesure est comble.
Ce n'est même pas une ébauche que, cette fois,
il nous a été possible d'achever. Les cloches de
Pâques ne sont point pour la critique des Sa-
lons. Que d'autres carillons puissent l'appeler
à continuer sa tâche.
Chronique
électorale
Le manifeste de la Fédération des Gauches
La Fédération des gauches adresse au pays,
û la veille des élections, le manifeste suivant,
que nous reproduisons à titre de document
Citoyens,
La parole est au pays.
C'est aux républicains, laïques et démocrates,
appartenant à toutes les fractions de notre grand
parti, que la Fédération, des gauches fait appel.
Elle leur demandé d'assurer, le 26 avril, par un
vote réfléchi et non équivoque, le triomphe du pro-
gramme d'éducation populaire, de démocratie so-
ciale, de prospérité économique, d'ordre financier
et de concorde nationale autour duquel se sont
groupés, dans un intérêt supérieur, des hommes
qui n'ont en vue que le bien de leur pays -et le salut
de la république.
L'ÉDUCATION
En tête de ee programme, nous plaçons l'éduca-
tion, sans laquelle l'exercice de la souveraineté po-
pulaire ne pourrait être confié qu'à des mains inha-
biles et faibles.
Ceux qui ne sont pas décidés à défendre l'école,
à en prolonger l'action si nécessaire par des œuvres
post-scolaires, ceux qui ne sont pas résolus à sau-
vegarder toutes les conouêtes laïaues de la rénu-
blique, ne sont pas des républicains. Mais la laï-
cité, c'est la liberté. L'école laïque, c'est l'école na-
tionale. Il faut donc que notre enseignement pu-
blic, dégagé de toutes les passions, respectueux de
toutes les convictions individuelle, s'attache à for-
mer des citoyens indépendants et forts, dont l'idéal
et la volonté soient constamment orientés vers la
grandeur de la patrie.
LA LOI DE TROIS ANS
La démocratie n'a pas de deroir plus impérieux
que celui de défendre la nation.
La loi de trois ans a. été reconnue indispensable
par trois gouvernements successifs, y compris le
gouvernement actuel. Le ministre et le sous-secré-
taire d'Etat de la guerre d'aujourd'hui l'ont pro-
clamé comme leurs prédécesseurs. C'est une ques-
tion de vie ou de mort pour notre pays.
Sans doute ne devons-nous négliger ni la prépa-
ration militaire de la jeunesse, préparation que
nous voudrions obligatoire, ni. un entraînement
intensif de nos réserves:
D'autre part, notre collaboration loyale est ac-
quise à toute politique internationale qui pourrait
avoir pour résultat l'allégement des charges mili-
taires qui pèsent sur les peuples:
Mais nous affirmons qu'en l'état actuel des, cho-
ses, l'application loyale et intégrale de la: loi de
trois ans s'impose à notre pays. Cette loi, le suf-
frage universel ne la laissera ni compromettre ni
affaiblir. Il ne tolérera pas qu'on subordonne aux
surenchères politiques la sécurité et la dignité' de
la France. Il dira au contraire qu'il entend que
notre armés et notre- marine, toujours plus forte-
ment organisées, pérmettent à la nation de parler
haut et ferme .chaque fois que ses intérêts seront
engagés et de contribuer avec ses alliés et ses amis
au maintien de la paix du monde.
t.1!:S' 'QUESTIONS SOCIALES
'Au milieu de, la crise de dépopulation que nous
traversons, les questinos sociales sont, elles aussi,
des questions de défense nationale: II faut sauve-
garder l'individu et la race, L'extension des lois
du 17 juin et. du SO juillet 1913 à toutes les mères
privées de ressources, une protection plus efficace
de l'enfance du premier âge, l'hygiène des locaux
scolaires, des ateliers et des casernes; l'organisa-
tien pratique de l'habitation saine et à bon mar-
çhé la lutte contre la tuberculose, l'organisation
de L'assurance-invalidité constituent des problèmes
primordiaux qtti nous préoccupent au plus haut de-
11 ne. faut pas moins déf^adre l'radivida dans son
Fourcaud
milieu de travail que dans son milieu social. La
loi doit être ici adaptée aux conditions économi-
ques modernes.
L'extension de la capacité des syndicats profes-
sionnels, dont la responsabilité doit s'accroître en
même temps que leurs droits, l'institution du cré-
dit au travail, la possibilité pour le travail et le
capital de se pénétrer au lieu de se combattre par
l'organisation de .sociétés à participation ouvrière,
tels sont quelques-uns des moyens que nous envi-
sageons pour donner aux personnes morales nou-
velles un aliment utile et pour permettre aux tra-
vailleurs de collaborer plus intimement à la gestion
des entreprises.
La prospérité du pays est la condition de tou-
tes les réformes sociales.
L'outillage des ports, le développement des voies
de communication, un encouragement intensif de
l'agriculture, de l'industrie et du commerce n'au-
raient pas seulement pour résultat d'raugmenter
le bien-être des citoyens. La nation, en voyant
grossir sa richesse générale, y trouverait une
source nouvelle de revenus publics.
Nous voulons travailler de toutes nos forces à
ce progrès économique. Nous n'ignorons pas qu'il
est essentiellement subordonné au maintien de
l'ordre et de la discipline dans toutes les parties
de la nation. Les citoyens n'engagent leur fortune
et leur responsabilité dans les entreprises que s'ils
ont confiance çians la sécurité du lendemain. Seule
une politique de stabilité et de fermeté, résolue à
résister à l'esprit de surenchère et à faire respecter
la loi, peut atteindre ce résultat.
LE PROBLÈME BUDGÉTAIRE
De tous les problèmes de l'heure présente, le
plus grave et le plus pressant est le problème bud-
gétaire. Il faut liquider la situation financière ac-
tuelle, dont nous avons signalé à de nombreuses,
reprises le caractère précaire et anormal.
Les dépenses extraordinaires engagées ou re-
connues nécessaires doivent être couvertes par un j
emprunt immédiat. Il faut ensuite assurer, par
la création de ressources normales et permanentes,
l'équilibre du budget.
On tromperait les citoyens et on leur ferait in-
jure si on leur dissimulait que chacun devra sup-
porter sa part des charges inévitables. On man-
querait à un devoir d'équité élémentaire si on ne
demandait à la richesse acquise une contribution
en rapport avec les facultés de ceux qui la pos-
sèdent. Epris de justice fiscale, nous sommes par-
tisans de l'impôt sur le revenu. Nous voulons d'ail-'
leurs qu'il soit réalisé sans inquisition, que soit
sauvegardé le secret des affaires et que soient res-
pectés les engagements de l'Etat, base de son cré-
dit et gage de sa force.
Vouloir- une réforme fiscale prudente et l'accom-
plir par étapes, ce n'est point ajourner les réali-
sations, c'est au contraire les faciliter..Si, ces
derniers jours, la péréquation de l'impôt non bâti,
qui va se traduire par un dégrèvement de cin-
quante millions au profit de nos cultivateurs a pu
être assurée, c'est à notre méthode et à notre
action qu'on le doit.
Les dernières propositions faites par le gouver-
nement relativement à l'impôt sur le revenu ne
marquent-elles point, elles aussi, une tendance vers
l'abandon des procédés vexatoires contre lesquels
nous nous étions justement élevés ?
Nous persistons à croire que la réforme électo-
nale par l'établissement du scrutin de liste, avec
représentation des minorités, peut seule permet-
tre au Parlement de s'élever au-dessus des com-
pétitions locales et à la souveraineté populaire
d'atteindre son plein développement. C'est aux ré-
publicains que nous demandons d'appuyer cette
réforme elle ne peut être réalisée qu'avec leur
concours. La réforme électorale entraînera, par
voie de conséquence, une réforme administrative
depuis trop longtemps attendue et qui doit consis-
ter dans une décentralisation et dans une simpli-
fication des services publics.
LA CONCORDE DES CITOYENS
A de nombreuses reprises, ces dernières années,
lorsqu'il s'est agi de l'intérêt national, les que-
relles ont cessé et tous les bons Français ont fait
confiance au gouvernement de 1a. république pour
parler et agir en leur nom, au nom de la France.
Les hommes qui ont la redoutable charge des
affaires doivent sauvegarder avec un soin scru-
puleux cette concorde des citoyens, expression
d'une conscience commune et garantie indispen-
sable de l'unité de la patrie.
L'impartialité dans l'administration de la chose
publique, le respect de la séparation des pouvoirs,
l'exclusion de toute ingérence financière dans l'ac-
tion gouvernementale nous apparaissent comme
les éléments d'une politique vraiment démocra-
tique et nationale.
Il appartient au suffrage universel républicain
de dire, le 26 avril, si ces idées sont les siennes
et de proclamer assez haut sa volonté pour qu'elle
soit obéie.
C'est à une politique de franchise et d'impec-
cable probité, c'est à une politique de patriotisme,
de solidarité sociale et de concorde républicaine
que nous le convions.
En nous groupant pour en assurer le triomphe,
nous croyons avoir fait notre devoir. Nous deman-
dons au pays de faire le sien.
Vive la République
Aristide Briand, député, président de la Fédé-
ration des gauches Louis Barthou, Alexandre Mil-
lerand!, Louis-Lucien Klotz, députés Poirrier,
Lourties, Maujan, sénateurs, vice-présidents
Henry Chéron, sénateur, secrétaire général Char-
les Chaumet, député, secrétaire adjoint Antony
Ratier, sénateur, trésorier Albert Peyronnet, sé-
nateur, trésorier-adjoint Léon Barbier, Pierre
Baudin, Henry Bérenger, Eugène Guérin, Jean
Morel, sénateurs Bênazet, Paul Bignon, Bourély,
Delaroche-Vernet, Delpierre, Etienne Marc, Frays-
sinet, Guist'hau, Honnorat, Landry, Leboucq,
Muteau, Joseph Reinach, Rode], Siegfreid, dépu-
tés Forestier, conseiller du commerce extérieur de
la France Deffès, préfet honoraire Henri Lillaz,
industriel, membres du comité directeur.
Paris, le 11 avril 1914.
Pour déboulonner Thalamas
Dans la seconde circonscription de Versailles,
M. Gustave Téry renonce à la candidature pour
ne pas diviser les voix contre le député sortant
M. Thalamas. Il prie ses partisans de voter pour
M. Prat, qui avait posé sa candidature-libérale
avant lui.
Là Débâcle
La Fédération du Bâtiment traverse une crise
grave
La Confédération générale du travail est en
pleine débâcle. Après avoir pendant de longues
années apeuré les « bourgeois » par ses mena-
ces incessantes et ses grèves révolutionnaires,
elL> n'ést rlus maintenant qu'un épouvantail à
moineaux, bien déchu, bien insignifiant. Ses
chefs de file ont tour à tour disparu et ses effec-
tifs ont diminué dans des proportions telles que
ses troupes sont réduites à leur plus simple ex-
pression.
La constatation officielle de cette déchéance
des partis révolutionnaires s'affirmera aujour-
d'hui dimanche au cinquième congrès de la
Fédération des travailleurs du bâtiment .On sait t
que jadis il n'y avait pas de manifestation cégé-
tiste, pas de grève de solidarité, pas de meeting
de protestation, pas de le, mai sans la participa-
tion effective de ces travailleurs toujours prêts
à chômer et que les dirigeants de la C. G. T. con-
sidéraient comme formant l'avant-garde du
« prolétariat conscient et organisé ». Or, les
grands manitous de la rue Grange-aux-Belles
nbusèrent beaucoup de la bonne volonté des ter-
rassiers et autres maçons ceux-ci, finalement,
se sont lassés de ces mobilisations fréquentes et
inutiles, et, protestant à leur tour, ils ont quit-
té purement et simplement la Maison des fédé-
rations et ses agitateurs de profession.
Voilà pourquoi le rapport du citoyen Mouli-
nier, qui sera lu au congrès d'aujourd'hui, dira
que depuis deux ans, c'est-à-dire depuis le con-
grès de Bordeaux, le nombre des syndiqués de
la Fédération des travailleurs du bâtiment a di-
minué d'une façon considérable, notamment
dans la région parisienne, où les phrases ron-
flantes des leaders cégétistes ne sont plus prises
au sérieux.
Ainsi, au janvier 1911, la Fédération était
forte de 72,000 membres actuellement, elle
n'est plus que de 52,000. Cette diminution est
appréciable. Le citoyen Moulinier croit devoir
l'expliquer en l'attribuant au tassement iné-
vitable qui s'est produit dans les effectifs des
organisations, tassement prévu à la suite des
mouvements revendicatifs nombreux qui se sont
produits pendant ces deux années ».
L'ancien secrétaire fédéral, le citoyen Ranty,
a fait lui aussi un tableau de la situation il
constante qu'au mois de mai 1910 la Fédération
comptait près de 90,000 adhérents. Mais plu-
sieurs grands mouvements se succédèrent lock
Oui de la maçonnerie et de la pierre, grève de
solidarité avec les cheminots, fin 1910 grève
générale du bâtiment, en juillet 1911. A la suite
de ees divers mouvements, une baisse impor-
tante s'ensuivit les effectifs fédéraux tom-
baient progressivement à 45,000 en décembre
1913.
Cette diminution affectait surtout, nous ve-
nons de le dire, la région parisienne, où l'action
néfaste de la C. G. T. s'était surtout manifestée,
tandis que les organisations de province, plus
éloignées du pouvoir central »,- étaient moins
touchées.
Et., cependant, le nombre des syndicats est
resté le même on a eu à ervegistrer des dispa-
ritions, mais, par contre, de nouveaux groupes
ont été admis ou créés, ce qui- a rétabli la ba-
lance.
La situation financière est piteuse elle dé-
montre mieux que toutes les phrases la débâcle
cégétiste les recettes du dernier exercice furent
de 413,740 fr. 75, alors que les dépenses attei-
gnirent 450,040 fr. 87. Pour payer le déficit, il
fallut puiser dans la réserve, et, à l'heure ac-
tuelle, l'encaisse de la Fédération est de
fr. 73 Le voilà bien le désastre
Toutefois, les leaders de la Fédération du bâ-
timent ne perdent pas tout espoir ils font con-
tre mauvaise fortune bon cœur et ils assurent
que l'ère des grosses difficultés, va toucher à sa
fin. Cela paraît peu probable, car les anciens
syndiqués n'auront qu'à se rappeler les mau-
vais jours passés sous le joug cégétiste pour
n'avoir nulle envie de s'enrôler de nouveau
dans les rangs de ces bluffeurs révolutionnai-
res. La C. G. T. ne se relèvera pas des coups de
pioche formidables que lui ont donnés les terras-
siers. Il y a deux ans encore, elle avait un sem-
blant d'autorité aujourd'hui, cette autorité
n'existe plus et la débâcle complète va s'accen-
tuer rapidement sous le pontificat du citoyen
Jouhaux^
̃• Armand Vfllette
La Revue de Printemps
Ce que sera la prise d'armes du 22 avril Les
troupes qui y prendront part
La revue de printemps, qui aura lieu à Vin-
cennes le 22 avril, aura, cette année, on le sait,
un éclat particulier en raison de la présence du
roi George et de la reine Mary d'Angleterre.
Peur l'occasion, le ministre de la guerre a dé-
cide que toutes les troupes disponibles de lia
garnison de Paris et des garnisons voisines
prendront part à cette prise d'armes. Voici, du
reste, la liste des corps qui seront présents sur
le champ de courses de Vincennes
Le bataillon de l'Ecole polytechnique et le ba-
taillon de Saint-Cyr (généraux Cornille et Bigot)
Le 1er bataillon du zouaves
La 6e division d'infanterie (général X), compre-
nant la lle brigade (général Hollender) 24° et 28e
d'infanterie,. et la 12e brigade (général- Lavisse) &̃
et 119e d'infanterie
La 7e division d'infanterie (général Roques), com-
prenant la 13e brigade (général X) 10le et 102e d'in-
fanterie, et la H" brigade (général Félineau) 103e
et 1040 d'infanterie
La 10e division (général Auger), comprenant la
196 brigade (général Gossart) 46e et 89° d'infanterie
et la 50° brigade (colonel Blondin) 31e et 76e d'in-
fanterie)
La 5° brigade d'infanterie coloniale (général
Goullet) 21" et 231 régiments d'infanterie coloniale
Le 13° d'artillerie, de Vincennes, et le 22e, de
Versailles
La lre division de cavalerie (général Buisson),
comprenant la 2" brigade de cuirassiers (général
Louvat) 1er et 2e régiments, et la 5e brigade de dra-
gons (général Silvestre) 23" et 27" dragons.
Toutes ces troupes, formant un effectif d'en-
viron 15,000 hommes, seront sous le comman-
dement du général Michel, gouverneur mili-
taire de Paris, assisté du 'général Bolgert, ad-
joint au gouverneur militaire.
La revue commencera à trois heures de
l'après-midi, aussitôt après l'arrivée des souve-
rains anglais et du président de la république,
et sera, sauf incidents, terminée vers quatre
heures et demie. Les troupes seront passées en
revue par M. Poincaré, accompagné du roi
George. Aussitôt après, aura lieu l'imposante
cérémonie que nous avons annoncée, la remise
de la croix de la Légion d'honneur au drapeau
de l'Ecole polytechnique et au drapeau de
l'Ecole de Saint-Cyr. La cérémonie se terminera
par un défilé des troupes, au cours duquel un
dirigeable et plusieurs escadrilles d'aéroplanes
évolueront au-dessus du champ de courses, et
par la traditionnelle charge de cavalerie.
Fasse le ciel que le soleil veuille bien se mettre
de la partie et ajouter à l'éclat que cette céré-
monie militaire, ne peut manquer d'avoir
Lucien Nicot
Dans l'armée
Le haut commandement Promotion dans
la Légion d'honneur
Le Journal officiel publie, ce matin, le décret
par lequel le général de brigade de Villaret,
commandant la 79e brigade d'infanterie, à
Commercy, est nommé chef de la mission mili-
taire française en Grèce, en remplacement du
général Eydoux, nommé commandant du
li° corps d'armée, à Nantes. En annonçant
cette nouvelle, il y a quelques jours, nous avons
fappelé les beaux états de services du général
de Villaret.
D'autre part, le général de division Vautier,
commandant le corps d'armée des troupes colo-
niales, passe aujourd'hui au cadre de réserve
il est remplacé dans son commandement par
le général Lefèvre.
Le général Vautier compte de beaux états de
services sous-lieutenant, après un an passé à
Saint-Cyr, en août 1870, il a pris part à la
guerre contre l'Allemagne, à l'armée du Nord,
et a combattu à Villers-Bretonneux, à Han, à
Pont-Noyelles, à Bapaume et à Saint-Quentin
puis il a assisté au second siège de Paris contre
la Commune. Pendant cette période, le jeune.
officier fut nommé lieutenant, puis capitaine.
Chef de bataillon en 1887, colonel en 1898, il
fut longtemps sous-directeur de l'infanterie au
ministère de la guerre, puis commanda le
d'infanterie, à Nancy. Général de brigade
en et divisionnaire en mars 1909, il avait
succédé au général Archinard, il y a trois ans,
à la tête du corps d'armée des troupes colo-
niales.
Le Journal officiel publie également, ce ma-
tin, une promotion dans'la Légion d'honneur.
Le général de Préval, qui commandait ré-
cemment la 3e brigade d'infanterie, à Arras, et
qui a été mis, il y a quelques jours, dans la
position de disponibilité, est nommé comman-
deur de la Légion d'honneur. Cet officier géné-
ra! compte 44 ans de services et 9 campagnes.
Sont nommés officiers le colonel Maudejt,
de la gendarmerie, récemment retraité le lieu-
tenant-colonel Martin-Panescorse, du 8e d'in-
fanterie coloniale le chef de bataillon Hitar,
du 4° d'infanterie coloniale le lieufenant-colo-
nel Zobel, du génie le lieutenant-colonel Flo-
rentin, de la gendarmerie.
Sont nommés chevaliers le lieutenant Ver-
nier, du T d'infanterie coloniale l'adjudant
Cnuderlier, du 25° bataillon de chasseurs à
pied l'adjudant Brunswick, de la section d'in-
firmiers militaires des troupes coloniales, à
Marseille.
A travers la resse
Une Lettre de M. de Mun
L'Autorité publie la lettre suivante de M. le
comte Albert de Mun à M. Jules Delahaye
Roscoff (Finistère).
Mon cher ami,
Appelé ici par des réunions que je 'ne pouvais
différer, je n'ai pu assister aux séances de jeudi et
de vendredi. Je le regrette vivement, à cause du
plaisir que j'aurais eu à vous applaudir, à vous
serrer les mains et à vous féliciter de votre cou-
rage.
Je le fais de loin très cordialement, espérant que
les difficultés, au courant desquelles je ne suis pas
et qui, m'a-t-on dit, s'opposeraient à votre réélec-
tion, sont entièrement dissipées.
Votre bien dévoué,
On pouvait croire que les difficultés auxquel-
les il est fait allusion dans cette lettre étaient
aplanies mais voici qu'au dernier moment,
l'Action libérale de Çholet oppose un concur-
rent à M. Jules Delahaye. Nous voulons espé-
rcr que ce n'est là au'us malentendu, gui §era
vite dissipé.
L. N.
A. DE Mun.
M. Doumergue parlera
NI. Doumergue s'est ravisé. ou plutôt il
défère à l'injonction de M. Clemenceau le met-
tant en demeure da prononcer son grrrand dis-
cturs politique. M. Doumergue parlera au pays.
Ces jours derniers, le président du conseil décla-
rait à un de nos confrères de Bordeaux que
« tout était dit » et qu'il lui semblait inutile
de rien ajouter. Mais la sommation de M. Cle-
menceau a produit son effet, et M. Doumergue,
qui n'en est pas à une contradiction près, estime
maintenant qu'il a quelque chose à dire. Ce
quelque chose, M. Doumergue n'ira pas le.faire
entendre, et pour cause, aux électeurs de
Mamers, pays de M. Caillaux. Il fait savoir par
un communiqué officiel qu'il se rendra diman-
che 19 avril, à Souillac, que représente, on le
sait, M. Malvy, ministre de l'intérieur, Ity pro-
noncera le discours qui doit éclairer le" pays
sur l'oeuvre singulière de l'actuel cabinet, y
compris les actes de MM. Caillaux et Monis.
Le Journal des Débats analyse finement les
incertitudes de M. Doumergue. M. Doumergue,
d:t notre confrère, aurait bien voulu ne pas
rarler. Il parlera tout de même, car M. Cle-
menceau lui a dit impérieusement « Lève-toi
fi parle. »
M. Doumergue a entendu cette voix qui ne souf-
fre pas de réplique. Voici qu'il annonce docilement
qu'il parlera. Le dimanche qui précède les élec-
tions, il prononcera dans la circonscription de M.
Malvy un grand discours politique. A vrai dire,
aucun de ses amis, à part M. Clemenceau, dont les.
voies sont souvent mystérieuses, n'en éprouvait le
besoin. Les interventions oratoires de M. le prési-
dent du conseil ne sont pas toujours très rassuran-
tes, et, comme le dit la Lanterne C'est moins
des discours qu'il faut à la démocratie que des ac-
tes. » Les amis de M. Doumergue indiquaient donc
dès ce matin toutes les bonnes raisons que le pré-
sident du conseil avait de se taire. Ils ne savaient
pas combien M. Clemenceau est un maître sévère
et combien M. Doumergue est obéissant. Pour no-
tre part, si nous souffrons pour ses vacances trou-
blées, il ne nous déplaît pas de voir M. Doumergue
rompre son silence peut-être prudent. Il aura quel-
que mal, étant chef du ministère qui a compté MM.
Caillaux et Monis, à défendre devant le pays les
« actes du gouvernement » que la Chambre a ré-
prouvés. Nous attendons avec curiosité le pensum
de M. le président du conseil.
Nous aussi, et le pays également.
M. Doumergue dément
Hier, nous faisions prévoir, bien qu'ils fus-
sent tout à fait dans sa manière de parler, que
les étonnants propos tenus par M. Doumergue
au correspondant de l'Etoile belge seraient l'ob-
jet d'un démenti. C'est chose faite. Le président
du conseil communique aux agences une note
dans laquelle il déclare n'avoir pas eu d'entre-
tien avec le rédacteur du journal belge et n'a-
voir pas, conséquemment, tenu contre Paris et
la presse parisienne le langage qu'on lui prête'.
La Liberté publie à ce sujet la note suivante
Nous croyons pouvoir ajouter que le rédacteur
du journal belge maintient l'exactitude de son in-
formation. Il aurait été reçu par M. Doumergue,
mais n'aurait pas décliné sa qualité de correspon-
dant du journal belge.
Les chefs d'Etat et la Loi de Trois Ans
Dans le Matin, M. Stéphane Lauzanne, reve-
nant sur l'entretien que le roi de Roumanie
daigna lui accorder ces jours derniers et dont
nous avons reproduit plusieurs passages, nota
cette réflexion du souverain sur notre loi de
trois ans « C'est un sacrifice important que la
France a consenti là. Il donnera à votre armée
des cadres d'une solidité éprauvée. »
Mais, ajoute notre distingué confrères, il n'y
a pas que ce Roi observateur et averti qui, de
son belvédère lointain, regarde et questionne.
Tous les souverains d'Etat, à cette heure où la
nation va avoir à ratifier la. décision de ses lé-
gislateurs, se penchent vers la France.
C'est le roi d'Espagne qui, lorsqu'il voit M. l'am-
bassadeur Geoffray ou lorsqu'il se rencontre avec
le général Lyautey, ne parle pas d'autre chose.
Si vous saviez, disait-il récemment, comme
vos,amis admirent l'effort patriotique de la Fran-
ce Et quelle déception ce serait pour eux s'il
était impossible de le soutenir
C'est le président Wilson, là-bas, aux Etats-Unis,
qui déclare à ses intimes
La démocratie française a donné le plus rare
des exemples elle est, dans un intérêt national,
revendue sur un avantagé accordé au peuple.
C'est le tsar Nicolas qui reçoit M. de Gdntaut-Bi-
rbn, fils de notre ancien ambassadeur à Berlin,
et qui énumère l'effort militaire sans précédent
que l'empire russe va accomplir pour répondre à
l'effort militaire de 1a république, mais qui ajoute
Si, par hasard, la France devait revenir sur
le sacrifice qu'elle a accompli, ce serait le coup le
plus rude que l'on pourrait porter à l'alliance.
Ce sont enfin tous les ambassadeurs, dans toutes
les capitales et dans dans toutes les Cours, qui,
dans leurs rapports au quai d'Orsay, dans leurs
visites à l'Elysée, déclarent qu'il y va du pres-
tige, de l'influence, de l'honneur même de la
France, tandis qu'un de nos attachés militaires,
dans une capitale de la Triple-Alliance, déclare
Le retour à la loi de deux ans, au point de
vue de l'effet produit, équivaudrait à une défaite
sur le champ de bataille.
Ces réflexions sont des plus intéressantes à
enregistrer. Car elles reflètent le sentiment des
souverains et des diplomates étrangers sur la
haute portée de l'acte patriotique accompli par
le Parlement.
A l'Extérieur
Les Conséquences de l'Accord franco-turc
Si l'accord qui a été définitivement conclu,
avant-hier, entre la France et la Turquie, est
encore loin de répondre aux espérances que
nous avions été autorisés à concevoir avant
qu'une impardonnable erreur de notre diplo-
matie nous ait exclus de la concession du Bag-
dad, du moins est-il en tenant compte des
conditions actuelles moins désastreux que
nous ne pouvions le craindre.
Il est malheureusement entendu, certes, que
la grande voie qui reliera l'Europe à l'Asie
nous échappe totalement au profit de l'Allema-
gne et que nous ne sommes plus traités, dansi
ce partage d'un gâteau d'inestimable valeur
politique et économique, qu'à la manière d'une
sorte de parent pauvre. Néanmoins, dans la
mesure au possime, ie aesastre dont nous
étions menacés a été finalement évité. Nous
avons arraché à l'appétit allemand et à la pru-
dence ottomane tout ce que nous pouvions leur
arracher. Nous nous sommes assurés de pou-
voir exploiter en toute sécurité les concessions
qui nous ont été accordées.
Quelles sont ces concessions ?
L'accord du 9 avril concède aux sociétés fran-
çaises 1° dans la région syrienne, sur le ver-
sant méditerranéen, une ligne partant de Rayak
pour aboutir à Ramleh, localité située à mi-
chemin de la ligne de Jaffa à Jérusalem. C'est
un embranchement de 300 kilomètres environ.
Le gouvernement ottoman prend en outre des
engagements pour éviter que le tronçon Caïffa-
Derak, de la ligne du Hedjaz, ne fasse pas une
concurrence ruineuse à la voie française de Da-
mas-Kamah. La France a aussi obtenu la con-
cession d'une ligne de Smyrne aux Dardanelles
avec embranchements, soit environ 400 kilo-
mètres, et une ligne Hodeïda-Sana, de 185 kilo-
mètres en tout, près de 900 kilomètres.
2° Dans la région arménienne, sur le versant
de la mer Noire, les lignes Samsoun-Sivas, Si-
vas-Karfont-Àrghana, Arghana-Bitlis-Van et
Samsoun-Boulou, soit environ un total de 2,000
kilomètres.
De plus, il nous est accordé l'aménagement
des ports d'Héraclée et d'Inébalé, dans la mer
Noire de Jaffa, de Caïffa et de Tripoli-de-Sy-
rie, dans la Méditerrranée. Enfin, le traité fait
entrer en vigueur les conventions qui visent les
établissements scolaires français, la situation
des Tunisiens et des Marocains, qui seront dé-
sormais, au point de vue ottoman, assimilés
aux Algériens, et enfin l'application des capitu-
lations en matière pénale. En outre, un certain
nombre de litiges seront réglés par compromis
d'arbitrage.
En échange des concessions de la Turquie,
la France accorde à celle-ci des avantages d'or-
dre économique sous la forme d'un emprunt
d'une valeur nominale de 800 millions et de fa-
cilités financières d'après lesquelles la France
apporte un concours amical à la réorganisation
financière de la Turquie. Elle donne son con-
sentement à l'augmentation de 4 0/0 sur les
Ch. DemaiUy
douanes, sous la réserve, naturellement, du
consentement des autres puissances. Elle ac-
cepte aussi la création de monopoles pour l'al-
cool, les allumettes, les cartes à jouer, etc.,
ainsi que des droits d'accise sur les denrées co-
loniales et l'extension du droit de patente et des
impôts mobiliers aux étrangers. Des fonction-
naires français collaboreront, en outre, avec
les autorités turques aux réformes financières.
Je puis ajouter .que nous avons également
obtenu des précisions relativement aux com-
mandes industrielles que la Turquie devra faire
1 en France,
L'accord n'est donc pas, je le répète, regret-
table dans son ensemble il marque un pro-
grès sensible sur le premier projet qui avait été
élaboré et approuvé à la fin de l'année dernière.
'La vigueur et l'habileté avec lesquelles NI. de
Margerie, le très distingué directeur politique
au quai d'Orsay, a défendu nos intérêts, l'esprit
de conciliation que le gouvernement ottoman a
témoigné au cours des récents pourparlers, ont
été pour une grande part dans cet heureux ré-
sujtat.
Nous en augurons, pour l'avenir des relations
franco-turques, les meilleures garanties. Il est
indéniable, en effet, que la Turquie, consciente
de son véritable intérêt, désireuse de procéder
à une sérieuse réorganisation administrative,
entend inaugurer une politique. plus indépen-
dante vis-à-vis de l'Allemagne. Nous en voyons
la preuve dans l'empressement avec lequel elle
a fait droit à quelques-unes de nos demandes,
à l'acceptation desquelles nous subordonnions
la conclusion de l'accord.
Sachons maintenant profiter de ces bonnes
dispositions pour fortifier notre séculaire ami-
tié avec l'Empire ottoman et notre influence en
Asie-Mineuxe. Nous avons à lutter contre forte
partie un effort sérieux et patient s'impose
donc à notre diplomatie.
La situation dp l'Europe jugée par NI, Pichon
IL NE CROIT PAS A LA GUERRE
La Nouvelle Presse Libre de Vienne publie ce
matin un remarquable article de M. Stephen Pi-
chon, intitulé Pour la paix de VEurope, dans
lequel il examine s'il y a lieu de se laisser gagner-
par les craintes qu'inspire la situation en Europe
et qui entravent la prospérité dans les différents
pays.
L'ancien ministre des affaires étrangères ne le
pense pas. Il considère, que l'Autriche-Hongrie,
comme la France, saura prévenir dans l'avenir
des conflits grâce à la sagesse de l'empereur Fran-
çois-Joseph et de ses ministres, qui n'ont cessé de
travailler avec la France à conjurer les périls qui
pouvaient naître de la crise balkanique.
« Rien n'est insoluble au fond, ajoute M. Pichon,
ni dans les questions albanaises, ni dans les ques-
tions monténégrines, roumaines ou serbes, ni dans
tout ce qui affecte la situation des Allemands et
des Slaves, ceci dans ce qui tauche à l'existence
de l'Empire turc. Il peut en sortir des embarras
plus ou moins graves pour l'Europe, mais je reste
convaincu qu'au fond personne en Europe (j'en-
tends parmi ceux qui ont la responsabilité du pou-
voir à la tête des grandes puissances), ne veut aller
au-devant d'une guerre, qui prendrait inévitable
ment un caractère général et qui serait aussi rui-
neuse pour les vainqueurs que désastreuse pour les
vaincus. L'essentiel, c'est de maintenir l'intégrité
de l'Empire turc.
Ni. ricnon rappelle qu'en engageant ses négo-
ciations avec Constantinople et avec Berlin, il n'a
pas eu d'autre but. Le but aujourd'hui est atteint,
puisque les pourparlers ont abouti.
L'ancien ministre conclut ainsi
« C'est de l'Orient -.et de là seulement, je crois
que peuvent actuellement venir les menaces de
guerre. L'Autriche-Hongrie est aussi pacifique que
la France. La Russie l'est incontestablement (sa
conduite dans le réglement des affaires arménien-
nes en est une nouvelle preuve). L'empereur Guil-
laume a souvent manifesté d'une façon pratique
son attachement à la paix. Aucune puissance ne
rêve le démembrement de l'Empire turc. Toutes se
sont concertées pour éviter de s'entrechoquer s'il
surgissait de ce côté des complications imprévues.
Autant de raisons de confiance dans la conserva-
tion de la paix. »
L'Italie et les îles du Dodécanèse
Rome, 11 avril.
Le gouvernement italien est absolument décidé à
ne pas évacuer les îles du Dodécanèse avant d'avoir
obtenu les concessions déjà indiquées en Asie-Mi-.
neure on ajoute que le gouvernement ottoman
sait très bien que, sans l'exécution de cette condi-
tion préalable, il ne recouvrera pas les îles. On
croit donc que l'article en question n'a pas été
inspiré par le gouvernement ottoman.
Les événements du Mexique
LA SITUATION CRITIQUE DES EXPULSÉS ESPAGNOLS
Madrid, 11 avril.
Les nouvelles officielles reçues d'El Paso par le
cabinet de Madrid annoncent qu'environ mille su-
jets espagnols expulsés de Torreon se trouvent dans
une situation critique.
Le ministre des affaires étrangères a, demandé
ce matin à l'ambassadeur des Etats-Unis une in-
tervention en leur faveur, indépendamment des
mesures que le gouvernement compte prendre pour
leur rapatriement.
En Allemagne
LE NOUVEAU YACHT DU KAISER
0n télégraphie de Berlin les détails suivants sur
le Hohenzollern Il, le nouveau yacht de l'empereur
Guillaume.
Il coûtera douze millions cinq cent mille francs.
Il sera le plus beau et le plus grand yacht royal
dans le monde entier. Il jaugera 7,300 tonnes et
aura un équipage de 455 officiers et matelots. Sa
longueur est de 524 pieds et il aura toutes les ap-
parences d'un luxueux bateau transatlantique. Il
sera prêt vers la fin de cette année. Toutes les dis-
positions sont prises dans sa construction pour le
rendre insubmersible. Il est pourvu d'une double
quille sur toute sa longueur et de'nombreuses éloi-
sons étanches. Il aura des appareils signalant la
présence des sous-marins et qui seront, attachés à
la télégraphie sans fil. Comme le Hohcnzollern Il
est inscrit sur la liste de la marine allemande, ainsi
que le yacht impérial, il sera armé comme un
croiseur auxiliaire et il est construit pour por-
ter des canons, mais pour le moment, il ne portera
que des canons pour rendre des saluts. Ses ma-
chines seront à turbines et sa vitesse de trente
nœuds. Tous les plans de sa construction ont été
soumis à l'examen de l'Empereur qui, comme on
sait, se pique d'être très versé dans les construc-
tions navales. Bref, ce yacht sera un palais flot-
tant et si les constructeurs réussissent à lui assu-
rer la vitesse de trente nœuds stipulée dans le
contrat, le Hohenzollern Il sera certainement le
yacht de plaisance le plus rapide qui ait été jus-
qu'à présent construit.
Mes Correspondances
DE L'ÉTRANGER
LETTRE DE BERLIN
6.a trêve de Pâques. La mort de Heyse. Le
« Joseph » de Richard Strauss
Berlin, 9 avril.
Voici les fêtes de Pâques. Aussi bien,
est-ce une occasion d'abandonner quelques
jours la politique, qui nous abandonne elle-
même. En ce moment, tout est calme et tran--
quille dans les sphères gouvernementales et
parlementaires, et l'écho même des dernières
tempêtes causées par les affaires de Saverne
ne se fait plus entendre. L'Empereur se repose
dans son beau château de Corfou, le Reichstag
et la Diète prussienne sont aux champs et les
ministres annoncent eux aussi qu'ils vont bien-
tôt faire. leur valise et aller respirer un peu
d'air pur en Italie, en Suisse ou plus simple-
ment à Paris. Car Paris est devenu ici un cen-
tre d'excursions pascales alors qu'autrefois on
n'allait visiter la grande ville qu'en été.
Le vide de la vie publique en ce moment a
permis aux journaux de rendre, Paul Heyse,
qui vient de mourir à Munich il. l'âge de qua-
tre-vingt-quatre ans, les honneurs qui lui
étaient dus. Et, par là, cet écrivain considé-
rable, qui fut constamment heureux durant sa
vie, aura eu encore après sa mort la joie
relative d'une bonne presse. Heyse, pour-
tant, était un peu oublié. Son âge d'abord en
était la cause, mais sa tournure d'esprit et son
hostilité à toute nouveauté littéraire ou philo-
sophique encore bien davantage.. Né à l'époque
où le romantisme fleurissait avec la surabon-
dançe que le romantisme mettait dans toutes
ses manifestations, aussi bien %n Allemagne
René d'Aral
L'Informé
qu'en France, il restait fidèle à l'idéal de sa'
jeunesse lointaine. Le naturalisme et le réa-
îisme^furent ses ennemis personnels, et il s'op-
posa tant qu'il put à leur succès. Il était pro-
fondément traditionaliste, et d'une façon un
peu étroite, un peu mesquine. Par là, précisé-
ment, il manqua singulièrement de grandeur
et d'ampleur.
Mais il avait des dons charmants. Et préci-
Sèment, il avait une vertu littéraire qui le dis-
tinguait nettement et délicieusement de la plu-
part de ses confrères allemands. Il avait, lui
ce Berlinois exilé à Munich, il avait cette vertu
magique, indéfinissable et suprême: le charme.
C'était là sa force, et cette force était pleine de
grâce. Il avait touché à presque tous les genres
et avait réussi dans presque tous. Mais ce sont
ses contes et ses nouvelles qui lui assureront
une renommée durable parmi le public alle-
mand. Il était né conteur. Il avait pour ce
genre la finesse du trait, l'ampleur dans la des-
cription, la netteté dans la vision et la poésie
dans lie style. Tout ce qui est sorti de cette
veine de Heyse était coloré, allant, rapide et
charmant. On était emporté et ébloui. C'était,
et c'est encore un délice que de lire ses nou-
velles. Et c'est cette partie :de son œuvre que
le temps respectera -,sans nul doute le plus
longtemps.
Il était romancier aussi et auteur drama-
tique, et journaliste et polémiste. Il était tout
et il réussissait presque dans tout. On voyait
en lui le descendant direct de Goethe, bien
qu'il y ait dans cette filiation plus de flatterie
excessive que de vérité, mais, tout de même,
il ne laissait pas de rappeler par certaine côtés
le grand homme de Weimar. Cpmme lui, il
avait le culte de la tradition classique et des
humanités comme lui, il adorait l'Italie et
s'inclinait devant les exemples augustes que
nous ont laissés .les Grecs et les Romains. Mais
Heyse, par ailleurs, n'était qu'un petit homme
au regard de Gœthe, et ne sut que bien rare-
ment s'élever au-dessus de sa fonction de poète
lauréat, alors qu'on oublia toujours chez
Gœthe qu'il fut lui aussi un « officiel ». Mais
un parallèle entre Heyse et Gœthe nous mène-
rait trop loin, et c'est déjà très beau qu'on'
songe en Allemagne, où Gœthe est adoré à
l'égal d'un dieu, à rapprocher le nom de Heyse
de celui; de l'auteur de Faust,
Les milieux artistiques allemands commen-
cent à s'occuper due, la nouvelle œuvre que
M. Richard Strauss vient d'achever et qui doit
être créée au mois de mai à l'Opéra de Paris.
Il s'agit cette fois non d'un opéra, mais d'un
ballet, et d'un ballet qui finit tragiquement,
puisque l'héroïne se tue au baisser du rideau.
Le célèbre compositeur allemand avait de-
puis longtemps exprimé l'intention de « faire
quelque chose pour les ballets russes », et c'est
lorsqu'il vit et applaudit Nijinski et ses dan-
seurs l'an dernier, à Berlin, qu'il se décida.
Un de ses amis, le comte Kessler, improvisé
auteur dramatique, lui bâtit en quelques jours
le sc.énario d'une adaptation de la légende de
Joseph et de Mme Putiphar et le musicien se
mit aussitôt au travail. L'idée de composer
pour des danseurs et de n'être plus lié par les
exigences, ou plutôt par les possibilités, de la
voix humaine, donna à Richard Strauss, dans
la composition de son ballet, un plaisir ex-
trême. Et l'oeuvre aujourd'hui est achevée. Les
répétitions ont lieu dans le plus grand secret
à Berlin, sous la direction -même de l'auteur,
et le rôle principal, écrit pour Nijinski, serai
probablement. créé par un autre danseur, moins
connu mais de grand avenir, et nommé Mia-
sine.
Richard Strauss a surtout essayé de tirer de
l'aventure du jeune Joseph tout ce qu'elle com-
portait de tragique et d'humain. Il a réhabilité
ce vertueux jeune homme, accablé depuis des
centaines d'années sous d'injustes quolibets
il a vu dans l'amour qu'il inspirait à la belle
païenne que fut la femme de Putiphar quelque
chose de plus grand et de plus haut au'une
vulgaire histoire de séduction, et, en élargis-
sant ainsi son sujet, il a montré en traits de
flamme l'impression tonifiante et purifica-
trice du jeune Joseph (cousin de Parsifal !)
sur le monde pourri et païen où vivent les
Putiphar. Cette idée, on en conviendra, ne
manque pas de noblesse. Ceux qui ont entendu
la partition disent qu'elle sera digne d'une
conception aussi humaine et aussi originale,
et Berlin ne laisse pas d'envier à Paris la joie
et l'honneur de révéler au public une oeuvre
de cette importance.
René Feibelman
Le Printemps à Londres
Londres, 10 avril.-
Nous jouissons, depuis quelques jours, du
plus joli temps qu'on puisse souhaiter et les
brises printanières semblent avoir balayé les
nuées sombres qui, hier encore, barraient l'ho-
rizon politique. L'hydre de la guerre civile est
certes toujours là, mais le soleil, en se jouant
sur ses écailles, lui donne l'aspect familier d'un
animal domestique. La métamorphose même de
M. Asquith, bouclant sa cuirasse et ceignant
le glaive de ministre de la guerre, a cessé d'ap-
paraître tragique et l'on sourit maintenant de
voir l'excellent homme il est de ceux dont
on aime le caractère sans partager leurs opi-
nions assis dans le temple de Bellone, je veux
dire le War Office, gourmander maréchaux, gué-
néraux et colonels avec ce clignement d'œil du
grand-père du Secret de Polichinelle. La crise
irlandaise est naturellement loin encore d'être
arrangée, mais elle est du meilleur aurure, cette
voracité avec laquelle libéraux et unionistes ont
accueilli les allusions de sir Edward Grey à l'é-
tablissement, dans un avenir imprécis, d'un sys-
tème fédératif rendant une mesure d'autonomie
aux diverses provinces du Royaume-Uni.
̃Oui, Avril a mis au cœur des parlementaires
une indulgence, un oubli inaccoutumé des inju-
res. Ce matin encore, dans le jardin aux arbres
centenaires, qui devant ma fenêtre étalent en
pleine Cité le souvenir d'un âge où l'on avait en-
core le temps de regarder par les fenêtres, se
promenait un homme politique connu qui pro-
nonce, à l'heure où j'écris ces lignes, un grand
discours sur la question irlandaise. Eh bien, je
vous assure que ce matin, tandis que de long en
large il se promenait dans les allées, il ma
donné de façon curieusement forte l'impression
d'un homme dont le plus cher désir serait de
gagner les champs au lieu de dérouler des pé-
riodes sonores dans une atmosphère chargée
d'ennui. Il s'en allait à petits pas, humant l'air
tiède et le soleil. Ses regards s'arrêtaient com-
plaisamment tantôt sur ses guêtres mastic, dont
il paraisait admirer la coupe et la nuance, tan-
tôt sur les pigeons pattus, qui eux aussi ambu-
laient de droite et- de gauche, avec des effets de
torse, tout en surveillant du coin de l'œil sous
leur air dégagé, un gros chat noir qui, une fa-
veur écarlate au cou, faisait la sieste, paupières
mi-closes, Ces pigeons, éminemment conserva-
teurs, la Cité ne leur donne-t-elle pas officielle-
ment droit d'asile de temps immémorial, se mô-
fient infiniment du matou radical, en dépit des
son allure toute ronde et débonnaire.
Il est délicieux, ce vieux jardin, avec les vieil-
les maisons qui l'encadrent. Et comme je com-
prends que vous autres Parisiens tentiez de pré-t
server ces demeures de l'Ile de Paris qui unis-
sent à leur parfum d'archaïsme le charme d'ar-
chitectures délicates et nobles. Cette dernière
verfcu manque à la plupart des vieux logis res-
tés assez nombreux à Londres. Il en est toute
une agglomération, par exemple, entre les cours
de Justice Fleet Street débordant de vie et de
mouvement, et la Tamise. Mais grâce à un ri-
deau protecteur de hautes maisons modernes,
il règne, tant dans le Temple que dans les
« Inns » voisines, Clifford's Inn, Lincoln's Inn,
Gray's Inn, une quiétude plus que provinciale
que trouble, à peine de temps à autre la note un
peu trop aiguë d'une trompe d'automobile ou la
sirène d'un remorqueur. Certes, les maisons n'y
sont pas belles au sens architectural, mais cela
ne diminue pas leur charme. Celle, par exem-
ple, où j'écris ces lignes, porte encastrée dans
sa façade un écusson de pierre où l'ouvrier
grava en caractères inégaux un monogramme
compliqué et une date « 1616 », l'année de la
mort du grand Shakespeare.
Le mode de construction même est curieux.
Jusqu'au second étage les pierres disparaissent
sous une sorte de rechampi bistré comme on ep
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