Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-04-08
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 avril 1911 08 avril 1911
Description : 1911/04/08 (Numéro 12229). 1911/04/08 (Numéro 12229).
Description : Note : supplément littéraire pages 3 et 4. Note : supplément littéraire pages 3 et 4.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k535025p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/03/2008
Samedi 8 avril 1011
PARIS ET DÉPARTEMENTS 15 CENTIMES
46e année. 3e série.– N°12229
ARTHUR ME TER )
Directeur
ADMINISTRATION
A.BOKNEMENTS, PETITES ANXONCES
2, rue Drouot, 2
(Asgl* ie» boulevard! Montmmtii «t de» IUUtai)
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M&E. LA»aAN6£!, CERB" G*
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JK à V administration du Journal
Les manuscrits ne sont pas rendus
ARTHUR MEYER
Directeur
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DE QUATRE HEURES DU SOIR A UNE HEURE DU MATIN
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(Angle des boulevards Montmartre et de» Italien»)
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rarie et aeparr~emenr~s
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UB PLUS GRAND JQTTRÎnTAI/ BIT MATIN
Les Musardises
L'apparîtioffl 'd'un volume de vers, en partie rné-
Qits, de M. Edmond Rostand est un événement M-
téraira dont il est superflu de souligner Impor-
tance. On sait qu'avant d'aborder le théâtre le fu-
tur auteur de Cyrano avait débuté par un recueil
de poésies, Les Musardises, où de merveilleux don9
lyriques s'annonçaient déjà dans une délicieuse lio-
raison de jeunesse. Ce recueil, devenu introuvable
et qui n'avait jamais été réimprimé, va paraître
chez l'éditeur Fasquelle en une nouvelle .édition
augmentée d'un grand nombre de morceaux inédits,
mais tous de la même époque et antérieurs aux Ro-
manesques. L'illustre poète a réservé aux lecteurs
'du Gaulois la primeur de deux pièces exquises où
ils retrouveront la fraîcheur, la grâce spirituelle, la
rêverie tendre, la richesse d'invention verbale qui
donnent à toute l'œuvre de M. Edmond Rostand son
jpharme incomparable.
LA GLYCINE
'A mon balcon cette glycine
Tord ses bras fleuiris dans le soir,
Aveo le tendre désespoir
D'une princesse de Racine.
Elle en .a la fière langue,u,r
Et la mortelle nonchalance
Et lorsqu'un souffle la balance,
Et que le jour traîne en longueur,
Et tarde à partir, et recule
Le déchirement tant qu'il peut,
Elle exhale unie âme d'adieu,
Bérénice du crépuscule 1
Le livre glisse de mes mains. '̃
Le petit drame se termine.
« Cruel » dit au jour la glycine.
Les cieux blessés ont des carmins.
Par la haute porte-fenêtre,
Mystérieusement, alars,
Une des branches du dehors,
Comme un geste vivant, pénètre.
Du frémissant encadrement
̃ Ce bras jeun© et souple s'échappe
Et je sens sur mon front la grappe
Qu'il laisse pendre tendrement 1
Tout s'embaume. Et je remercie.
Et, pour lui dire mon amour
Je donne à la fleur, toiur à tour,
Le nom d'Esther et d'Aricie.
Et je compare, les yeux sur
Mon livre tombé sans secousse, N
L'odeur plus forte d'être douce
Au vieïs plus ardent d'être pur 1
Un divin poison m'assassine I..
Et je doute, en le chérissant,
Si de ma glycine il descend
Ou s'il monte de mon Racine 1
̃'• :̃ .-̃ y:' j
LE CARILLON DE SAINT=MAMET
Le Carillon de Saint-Mamet
Tinte quand d'or le ciel se teinte
Comme si le soir s'exprimait,
Le Carillon de Saint-Mamet
Mystérieusemenit se met
A tinter dans l'air oalme. Il tinte,
Le Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le ciel se teinte 1
Qui plaint-il, qu'est-ce qu'il promet,
Ce chant de promesse et de plainte ? 'l
Plaint-il les gens de Saint-Mamet
Ou bien nous ?. Est-ce qu'il promet
Le pardon du mal qu'on commet
Dans l'âpre course où l'on s'éreinte ?
Qui plaint-il ? Qu'est-ce qu'il promet,
Ce chant de promesse et de plainte ? 'l
Mon cœur, croyant qu'on lui parlait,
Frissonnait à ce chant qui tinte,
Quand j'étais un enfantelet 1
Mon cœur croyait qu'on lui parlait.
Ah je voudrais encor qu'il ait
Cette délicieuse crainte 1
Mon cœur, croyant qu'on lui parlait,
Frissonnait à ce chant qui tinte 1
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Disait bientôt l'automne atteinte.
Une chauve-souris volait.
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Venait jusqu'à notre chalet,
Et nous avions la go.rge étreinte.
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Disait bientôt l'automne atteinte.
Levant les yeux de son ourlet,
La servante disait « II tinte !» Il
Et regardait vers le volet,
Levant les yeux de son ourlet 1
Ce tintement la consolait
D'être à d'humbles choses astreinte.
Levant les yeux de son ..ourlet,
La servante disait « II tinte !» »
La femme qui nous vend du lait
Se signait mainte fois et mainte
Vite mettant son capulet,
La femme qui nous vend du lait
Vers la petite église allait
Et, des morts traversant l'enceinte,
La femme qui nous vend du lait
Se signait mainte fois et mainte
Le Carillon de Saint-Mamet
Ne tintait pas mieux qu'il ne tinte
Mais, alors, comme il nous charmait,
Le Carillon de Saint-Mamet 1
La mère de ma mère aimait
L'écouter, la bougie éteinte.
Le Carillon de Saint-Mamet
Ne tintait pas mieux qu'il ne tinte,
Mais notre vie, alors, coulait
Plus profonde d'être restreinte 1
Comme un ruisseau sur le galet,
Ah notre vie, alors, coulait 1
Nous n'avions qu'un petit valet,
Mais qui chantait une complainte.
Et notre vie, alors, coulait
Plus profonde d'être restreinte 1
Le* volubilis violet
Se mêlait à la coloquinte
L'humble barrière où s'enroulait
Le volubilis violet
N'était pas encor ce qu'elle est
Une belle grille bien peinte 1
Le volubilis violet
Se mêlait à la coloquinte 1
Toute aube sent le serpolet.
J'ignorais le mal et la feinte.
J'avais une âme d'oiselet.
Toute aube sent le serpolet.
Ah si j'avais su qu'il fallait
Devenir Alceste ou Philinte 1
Toute aube sent le serpolet.
J'ignorais le mal et la feinte.
Le Carillon tintait, fluet
Au salon de perse déteinte
Ma sœur jouait un menuet.
Mais, quand tintait le son fluet,
Le menuet diminuait
Pour écouter le son qui tinte.
Le son, alors, entrait, fluet,
Au salon de perse déteinte.
Dieu! pourraiton, si l'on voulait
Te ravoir, simplicité sainte ? 2
Reboire au premier gobelet ?
Le pourrait'On, si l'on voulait $
C'est pourtant d'un oignon bien laid
Qu'on revoit fleurir la jacinthe
Dieu pourrait-on, si l'on voulait,
Te ravoir,, simplicité sainte?
Une étoile se rallumait
Sur le val, obscur labyrinthe.
Au-dessus de chaque sommet
Une étoile se rallumait
Quand la cloche de Saint-Mamet
Tintait! Oh! si, lorsqu'elle tinte,
Une étoile se rallumait
Sur la vie, obscur labyrinthe 1
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le soir se teinte
Dans l'air bleu qui nous le transmet,
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte ce tintement qui met
Plus de calme en notre âme Tinte,
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le soir se teinte
Edmond Rostand
de 'l'Académie française
• ̃ ♦ •
Ce qui se passe
LA POLITIQUE
QUE PENSERA-T-ON DE NOUS DANS CINQUANTE ANS ? i-
La situation générale de notre pays serait
préoccupante, si nous étions gens à nous préoc-
cuper pour quelque cause que ce soit mais
nous avons un gouvernement ou tout au moins
une sorte de syndicat radical qui prend le
titre et exerce la fonction de gouvernement.
Ce syndicat répond de tout, ce qui nous per-
met de ne nous inquiéter de rien. Dans cin-
quante ans peut-être avant on s'étonnera
de notre passivité l'on ne comprendra pas que
nous assistions sans en témoigner la moin-
dre colère à des faits qui, s'ils ne déshono-
rent pas notre race, attestent tout au moins sa
rapide décadence.
Un conseiller municipal vole dans une église
une relique précieuse et la vend à un receleur
étranger. Pour un acte semblable, un simple
particulier, surtout un adversaire de nos ins-
titutions, passerait en police correctionnelle.
Le maire de la commune spoliatrice n'est oer
pendant pas inquiété.
Encouragé par ce premier succès, ce magis-
trat, ou ses complices, font exécuter une copie
sans valeur de la vénérée relique, et traite avec-
des Belges pour l'acquisition à très. haut prix
de cette informe contrefaçon.
Ce second méfait est encore plus grave que
le premier, car il se complique de ce que le Code
appelle « tromperie sur la marchandise ven-
due ».
Cependant ce double vol ne soulève aucune
indignation un député se yante de l'avoir
conseillé et du coup excite la jalousie de beau-
coup de ses collègues, qui louent son habileté
et regrettent de n'avoir pas l'occasion de l'imi-
ter.
A l'extrémité méridionale du territoire, à
Bayonne, les dockers en grève se heurtent à la
troupe, chargée de maintenir l'ordre de part
et d'autre il y a des blessés.
En remontant vers le Nord, nous rencontrons
le drapeau rouge victorieusement hissé sur les
monuments publics par les vignerons de
•l'Aube ruinés et exaspérés.
Le gouvernement ne peut pas les défendre,
car ils sont combattus par deux sénateurs assez
influents pour voir incliner devant eux le droit,
la justice et la loi d'autre part, il n'ose répri-
mer leurs manifestations révolutionnaires, car
ils sont nombreux, résolus, et ceux qui détien-
nent la France entre leurs mains sont sans force
et sans courage.
D'ailleurs, en ce moment, un aventurier bi-
game et quelque peu filou s'offre juste à point
pour détourner l'attention publique des événe-
ments de l'Aube. Pour le quart d'heure, il ab-
sorbe l'attention publique, qui aurait, d'ail-
leurs, de quoi s'occuper au Maroc.
Au Maroc, où nous avons des griefs particu-
liers à invoquer pour justifier d'énergiques me-
sures on fait des discours auxquels on oppose
d'éloquentes répliques, et le sultan Moulay-Ha-
fid, qui oscille désespérément sur son trône ché-
rifflen, se demande ce qu'il lui faut redouter le
plus rénerde de ceux qui le combattent ou
l'inertie de ceux qui le protègent.
La conclusion de cet exposé paradoxal, je la
trouve dans notre situation financière.
La France, on le sait, est le pays le plus riche
de l'Europe. Elle prête à tous venants et ses dé-
biteurs dans le monde entier ne se peuvent dé-
nombrer.
Or, au-dessus de ce peuple si fortuné, nous
voyons un gouvernemnet qui ne sait comment
aceew der ses dépenses et ses recettes on lui
donne cependant plus d'argent que n'en exi-
gent de leurs sujets les monarques étrangers,
mais il est mauvais ménager des sommes qu'on
lui confie et nous le voyons recourir, pour vi-
vre, à des expédients de fils de famille aux
abois.
En vérité, que penseront de nous nos petits-
enfants ? L. Desmoulins.
ÉCHOS POLITIQUES
LA POLITIQUE EXTÉRIEURE AU SÉNAT
Au Sénat, l'interpellation sur la politique
extérieure a été close par l'inévitable ordre du
jour de confiance. Au point de vue parlemen-
taire, l'intérêt de cette journée fut le duel ora-
toire rencontre courtoise, les armes du talent
étant égales entre MM. de Lamarzelle et
Ribot.
Le discours du nouveau ministre, qui est
aussi un ministre uni peu neuf en ce qui con-
cerne les affaires étrangères et qui en convient
avec une louable franchise, ,ne jette pas grande
lumière sur les obscurs problèmes d'une situa-
tion inquiétante. Nous devons reconnaître ce-
pendant qu'il nous a paru montrer un peu plus
de dignité que certains de ses prédécesseurs.
Enfin il faut lui savoir gré de nous avoir épar-
gné l'éternel couplet sur « la Paix». Ainsi qu'il
était facile de le prévoir, M.Cruppi prend « leur
suite » au quai d'Orsay. Il affirme que
l'entrevue de Potsdam n'a rien changé à l'al-
liance franco-russe « qui reste intacte et domine
toujours nos relations avec l'Etat allié ». Le
patriotisme nous ordonne de le croire.
De Berlin à Fiez, la distance diplomatique est
courte. Il n'y .eut naguère, entre ces deux termi-
nus d'importance tellement inégale, qu'un ar-
rêt celui d'Algésiras. Quand on parle du Ma-
roc, les yeux se tournent vers Berlin.
Or, M. Cruppi a parlé du Maroc, où sévissent
l'anarchie et la guerre civile « Si, a-t-il dé-
claré, la sécurité des étrangers et des colonies
européennes à Fez était menacée, notre devoir
serait de leur porter secours et de prendre, dans
les limites de l'acte d'Algésiras, toutes les mesu-
res nécessaires. Je n'en dirai pas davantage. »
M. Ribot (estime que le ministre en avait trop
dit « Cela, dit-il, équivaudrait éventuellement
à entreprendre la conquête c'est une politique
que le Parlement ne peut vous conseiller. »
II ne s'agit pas, si nous avons bien compris
les paroles de M. Cruppi, que M. Ribot nous
permette de le lui dire, de prévoir ou de dis-
cuter les conseils que le Parlement pourrait
donner aux ministres d'aujourd'hui ou à ceux
de demain.
Nous n'avons jamais été, ici, partisans de la
pol'iti'q'Uie qui nous a entraînés dans le « guêpier
marocain. ». Il valait mieux me pas aller au Ma-
roc mais nous y sommes, nous y avons assumé
des charges et des devoirs.
Nptrg deyoïir étroit, devoir, d'humanité et de
patriotisme, est d'assurer, te cas échéant, la vie
et les biens de la colonie française et des diffé-v
rentes colonies européennes de Fez.
Il y va de' notre intérêt, de notre prestige, de ;•
notre honnieur. Il ne fallait pas les engager au
Maroc ils le sont il faut les soutenir. Noua
ferons nos comptes plus tard.
ÉCHOS DE_PARTQïïT
MM. Aucoc, Adrien Oudin, Eugène Billard et
Bellan ont déposé hier soir, au conseil munici-
pal, une pétition signée de nombreux commer-
çants des environs de l'Opéra, qui protestent
contre toute occupation de la voie publique pour
la construction d'un passage souterrain.
Les signataires demandent que le projet éla-
boré par l'administration soit ajourné jusqu'à
l'époque de l'exécution de la ligne circulaire
métropolitaine des Invalides aux Invalides par
la place de l'Opéra, qui permettra d'évacuer les
déblais sans aucune gêne pour les riverains.
D'autre part, .M. Aucoc s'est plaint que des
travaux de réfection du pavage des boulevards
de la Madeleine et des Capucines soient proje-
tés pour les environs du 15 mai, époque de la
plus grande affluence des étrangers à Paris. M.
Adrien Oudin, lui aussi, tremble pour son
quartier. Pourquoi veut-on procéder dès main-,
tenant à la réfection des rues Lafayette et Saint-
Lazare, alors que la Compagnie des Omnibus
devra, un peu plus tard, bouleverser les mêmes
voies pour l'installation des caniveaux ?
Cette intervention de MM. Aucoc et Adrien
Oudin a eu un heureux résultat, en amenant le
directeur administratif des travaux à déclarer
que le projet concernant les rues Lafayette et
Saint-Lazare sera retardé et que la réfection dij
pavase des grands boulevards sera reportée au
14 juillet.
Pour une fois, nous ne verrons pas nos boule-
vards transformés en steeple chase au moment
de la belle saison et du Grand Prix. Enregis-
irons cette bonne nouvelle.
L'armée française va changer d'uniforme. Ce
n'est pas la première fois qu'on l'annonce, maisJ
il paraît que cette fois est la bonne.
La nouvelle tenue a pour objet de diminuer
autant que possible la visibilité sur le champ
de bataille. Pour les troupes à pied, elle com-
prendra un casque en carton-liège recouvert de
drap gris-vert une capote semblable à la ca-
pote actuelle, mais avec une seule rangée de
boutons et avec col rabattu, une vareuse comme
celle des chasseurs alpins le tout, y compris le
pantalon et les bandes molletières, en drap gris-
vert. Quant aux boutons, ils seront en cuivre
mat et granité.
Pour la cavalerie, cuirassiers et dragons con-
serveront le casque actuel, on en donnera un
autre à la légère. Le vêtement comprendra la
vareuse de l'infanterie, la culotte actuelle et un
manteau plus léger que celui d'aujourd'hui.
Rien de changé à l'artillerie, sinon l'adoption
du, casque actuellement en essai à Paris.
Transformés également les insignes du grade.
Une étoile d'argent sur les manches du sous-
lieutenant, deux sur celles du lieutenant, trois
en triangle sur celles du capitaine des étoiles
d'or pour les officiers supérieurs et un ou deux
galons de feuilles de chêne pour les officiers gé-
néraux, avec, en plus, pour le commandement
de corps d'armée, un galon soutache argents
Tel est le projet- élaboré au ministère de la
guerre. Hâtons-nous d'ajouter qu'il y a loin de
la coupe aux lèvres et que la révolution annon-
cée n'est pas près d'être accomplie.
Un télégramme de New-Yark nious apprend
nous le reproduisons sous toutes réserves
que le célèbre ténor Garuso ne chantera plus de
toute la saison. Il paraît qu'il n'est pas tout à
fait remis de sa dernière laryngite et les méde-
cins lui ont conseillé un repos complet jusqu'à
ce qu'il soit tout à Sait remis.
On ajoute qu'il a annulé tous ses engage-
ments, aussi bien pour les représentations qu'il
devait dominer à Rome que ppur sa grande tour-
Espérons, avec tous les (admirateurs du grand
ténor, qu'il sera bientôt rétabli.
On lit dans le Figaro `
La remise du cadeau offert par les Dames
Françaises à S. A. I. et R. Madame la Prin-
cesse Napoléon, à l'occasion de son mariage,
a eu lieu à Bruxelles, aujourd'hui jeudi 6 avril,
à trois heures.
C'est Madame la duchesse d'Albuféra, qui
avait été chargée de remettre ce beau souvenir
à la Princesse, et qui s'est acquittée de cette
mission d'honneur avec son tact et sa grâce
accoutumés.
Le présent des Dames Françaises consiste
en une superbe toilette de style empire, en
̃acajou, aux cuivres artistiquement ciselés, sur
laquelle sont posées les diverses pièces d'un
magnifique nécessaire en vermeil, également
du style empire1 le plus pur.
Pour mener à bonne fin cette belle œuvre
artistique, MM. Falize se sont habilement ins-
pires de plusieurs modèles célèbres de l'art du
premier Empire, et ils ont admirablement at-
teint le but qu'ils s'étaient proposé.
LL. AA. II. le Prince et la Princesse Napo-
léon, profondément touchés du témoignage- de
fidélité qui leur est ainsi donné par les Dames
Françaises, ont, à plusieurs reprises, et de la
façon la jplus chaleureuse, exprimé leur admi-
ration et leur reconnaissance à Madame la
Duchesse d'Albuféra.
Leurs Altesses Impériales ont aussi vivement
félicité M André Falize, qui avait tenu à pré-
sider lui-même au transport de ce précieux
objet.
Les tribunes du Concours hippique, où cha-
toient les toilettes luxueuses, sont la grande
réunion mondaine du moment. Et cependant
que se disputent les épreuves, un triomphateur
déjà paraît, victorieux à toutes les manifesta-
tions d'élégance c'est le parfum de la Dame
en Noir qui rendait si charmante l'exquise et
troublante héroïne de Gaston Leroux et dont
on respire les délicieux effluves dans le sillage
de toutes les Parisiennes aristocratiques.
Une découverte du plus haut intérêt histori-
que et archéologique à la fois vient d'être faite
en procédant aux travaux d'aménagement du
Musée d'art provençal, qui doit être installé au
palais des Papes, à Avignon.
Dans la grande cour du palais existait, jadis,
un puits monumental qui avait été creusé dans
le roc, sous le pontificat d'Urbain V.
L'orifice de ce puits avait été muré vers 1820,
à l'époque, croit-on, où le génie reçut l'ordre
de convertir en caserne l'ancien palais ponti-
fical.
Depuis lors, l'existence du puits était oubliée.
Et ce n'est que depuis les nouveaux travaux
exécutés au palais que l'on s'est aperçu de sa
présence. Ce puits ne mesure pas moins de sept
mètres de diamètre et cinquante mètres de pro-
fondeur. Relié à des galeries «souterraines, il
avait pour objet d'alimenter d'eau le palais. Le
cardinal della Rovère l'avait complété par une
margelle merveilleusement sculptée et ornée
des armoiries du Pape Sixte IV.
Mais ce qui constitue l'intérêt de cette décou-
verte, c'est la légende populaire notée par Mis-
tral dans le Poème du Rhône, qui affirme que
c'est dans ce puits que le dernier Pape, avignon-
nais jeta quantité d'objets précieux, notamment
douze statues en or massif représentant les
douze apôtres, pour les soustraire à la rapacité
des envahisseurs du palais.
Des recherches vont être entreprises pour sa-
voir si la légende est exacte..•
•Quelïe ravissante exposition présente Pihan,
cette année, et, qu'elle est digne des magasins
réputés du faubourg Sain t-Horioré C'est Pâ-
quesv fleuries avec tout son charme. Rien de
plus frais que ces mignonnes corbeilles autour
desquelles s'enroulent les aubépines, les bluets
et les rosés, ornées de jolis rubans crème, azur,
aurore. Comme l'a dit à peu près Victor
Hugo
Nous admirerons de foien belles choses
En nous promenant au droit du faubourg;
Les bluets sont bleus, les rosés sont roses.
Et les cadeaux de Pâques sont, chez Pihan,
icomme toujours, admirables.
Se renouvelant, au jour le jour, .suivant de:
• près les grand? événements de l'actualité, évo-
quant avec un art subtil les hauts faits de
1 Histoire, mise en scène avec une prodigalité
fastueuse, interprétée par des vedettes incom-
parables, émaillée de scènes joyeuses qu'égaient
encore la fantaisie et l'humour du célèbre ar-
̃ tiste américain Tom Hearn, telle nous apparaît
̃l'éblouissante « Revue des «FoMes-Bergère »
qui nous a révélé, en outre, cet enfant génial,
i& petit chef d'orchestre Willy Ferreros.
Pendant que des giboulées s'abattent sur Pa-
ris et que le calendrier seul nous permet de
1 constater le retour dti printemps, le soleil dore
les terrasses du « Riviera-Palace » de Monte-
1 Carlo.
Mais, qu'importe une nuit passée dans une
confortable couchette du « Méditerranée-Ex-
press », et nous nous réveillerons sur les rives
bénies de la Côte d'Azur.
Relevés sur la dernière page du registre du
« Riviera-Paiace » de Monte-Carlo
S. Exe, comte Osten-Sacken, ambassadeur de
Russie à Berlin; général Rocà, ancien prési-
dent de la République Argentine baron Mau-
.rice de Rothschildl, prince Wolkousky, lord
[ Cecil Manners, colonel Hatch, baron et baronne
Heyl Zu Herrnsheim, comte de Wedel, comte
• E. Podjukl, Mme T. de Bedo, M. et Mme de
Lanczy, comte et comtese de Chandon, etc.
A TRAVERS LES LIVRES ET LES ILLUSTRES
Vient d& paraître
Le Métier de Roi. Il y a, en effet, un métier
̃ de roi qui n'est pas sans grandeur. C'est ce que
nous montre Colette Yvfer, en un admi-
rable roman mouvementé, que. domine une très
originale f-igune de femme.
III
A
Alerte et fantaisiste, paillant de manière ini-
mitable choses et gens du monde politique et
théâtral d'aujourd'hui, tel est le nouveau roman
de Gyp L'Affaire Débrouillar-Delatamize.
Le Monde illustré publie en supplément dans
son numéro de cette semaine Le Marchand de
Passions, l'exquise comédie en vers de M. Mau-
rioe Magre~. Des illustrations de ce supplément
ont été faites par M. Delaw, l'auteur des décors
qui obtinrent le succès que l'on sait. Le nu-
méro soixante-quinze centimes.
NOUVELLES A LA MAIN
A l'école communale. Le professeur inter*-
roge
D'où tire-ton le sucre ?
y tiQ jeune Galino, vivement t
''• Du sucrier. I
D.u sucrier l. Un Domino
NES MIS
MES PjtTS D'flIER
M. Eugène Dufeuille
II y a cinq à six jours, M. Eugène Dufeuille
m'envoyait un volume qu'il venait de publier,
U Anticléricalisme avant et pendant notre Répu-
blique. J'en avais terminé la lecture hier matin
et, dans l'après-midi, je faisais porter chez lui
un mpt pour le remercier et ppur- lui dire quel
intérêt j'y avais'pris, malgré nos divergences
politiques. Il était mort. Il avait soixante-sept
ans.
En lisant ce livre, d'une haute tenue et d'un©
haute portée, j'avais été frappé de ses préoccu-
pations religieuses, qui nie lui étaient pas habi-
tuelles, et j'avais été heureux de la fermeté avec
laquelle il combattait l'anticléricalisme comme
un danger national. Le Gaulois et moi, nous
nous sommes souvent rencontrés avec M. Du-
fetole, mais nous nous sommes souvent aussi
séparés de lui, surtout en ces dernières années.
Je suis donc d'autant plus libre. Lui-même
avait son franc-parler, familier et sonore, tout
en étant très Normand, avec toute la finesse et
toute la diplomatie que l'on prête à ses compa-
triotes. Son style n'avait rien de ses manières
mi de son aspect, il s'était formé à l'école des
Saint-Marc Girardin, dès Prévost-Pa>radol, des
Silvestre de Saci, des Edouard Hervé, des John
Lemoinne, des J.-J. Weiss.
Après avoir écrit au Journal des Débals, au
lowfrtal de Paris, au Français, au Correspon-
dant, à la Revue de Paris, M. Dufeuille, peu
après la mort du Comte de Chambord, aban-
donnait sa carrière pour faire partie du bureau
politique du Comte de Paris, qui avait pour lui
la plus grande estime et le plus profond atta-
chement. Il devenait ensuite chef du bureau
politique de Monseigneur le Duc d'Orléans,
puis après quelques années, il s'était retiré de
la politique.
Il tenait pourtant à dire, de temps à autre,
son mot sur les affaires de son pays et, avant
l'ouvrage dont je parlais en commençant, il en
avait publié six autres, volumes ou brochures,
dont la plupart s'éloignent sensiblement de nos
idées, soit sur la forme du gouvernement, soit
sur sa substance Réfleoàons d'un Monarchiste,
Trente-cinq ans après, Du souverain dans no-
tre République, Que peut-on craindre de notre
République ? Des lois et des mœurs dans notre
République, Sur la pente du Collectivisme. Il
faut lui rendre la justice qu'il ne se faisait guère
plus d'illusions. que nous-mêmes sur la répu-
blique et qu'il ne lui ménageait pas ses vérités,
tout en n'en combattant plus le principe. L'es-
prit, comme le cœur, a aussi des raisons que la
raison ne comprend pas toujours.
M. Eugène Dufeuille était peut-être l'homme
de ce temps-ci le plus répandu dans tous les
cercles politiques et le plus versé dans l'histoire
du dernier demi-siècle. S'il laisse dès mémoires,
ils feront la fortune de leur éditeur et ils feront
vivre son nom. 1
Ses obsèques auront lieu lundi à dix heures
et demie à Saint-Augustin.
he comte I. de Camondo
Le comte I. de Camondo, le célèbre financier
et philanthrope, dont rien ne pouvait laisser
prévoir la fin si soudaine, a succombé, hier
matin, à une embolie. Son valet de chambre l'a
trouvé mort dans son lit.
Parisien, le comte de Camondo l'était devenu1
par droit de conquête il était né à Constanti-
nople. De ce pays d'intense coloration, il avait
gardé une imagination ardente, vive, qu'il avait
appliquée à la culture artistique. Il vint à Pa-
ris tout jeune et, tout en faisant sqn apprentis-
sage d'administrateur de banque, après la mort
de son père, il se vouait à l'étude de la peinture,
dans laquelle il devint bientôt un connaisseur
des plus sûrs, et à l'étude de la musique, où,
sous la direction de Gaston Salvayre, il devint
rapidement un compositeur aux idées très ori-
ginales, très personnelles.
Le comte I. de Camondo était administrateur
.de la banque de Paris et des Pays-Bas, p,rési-
dent de la Compagmegénérale dû Gaz pouf la
France et pour l'étranger, président de .la Com-
pagnie des Chemins de fer Andalous, président
de la Compagnie nouvelle des Ciments Port-
land du Boulonnais, président et administra-
teur de nombreuses sociétés financières et in-
dustrielles.
Quand mourut, Je mois dernier, M. Maciet,
on fut unanime à offrir à M. de Camondo la
présidence des Amis du Louvre. Mais ici des
difficultés avaient surgi, qui étaient d'une es-
pèce singulière. Lui-même s'en expliquait en
ces termes à un de nos amis
Le président de la Société des Amis du
Louvre fait partie, 3e droit, du conseil des Mu-
sées nationaux. Or, en ma qualité d'étranger,
je ne puis, paraît-il, entrer dans ledit conseil.
Je ne veux pas diminuer la fonction de prési-
dent des Amis du Louvre je n'accepterai cel-
le-ci que si le gouvernement trouve le moyen de
me donner accès au conseil des Musées natio-
naux.
» Pas Français ? Je ne suis pas Français, au
sens juridique du mot, c'est entendu. Je le de-
viendrai, dans ce sens-là même, à mon heure.
Mais est-ce que je puis mieux faire acte de
Français qu'en donnant toutes mes collections
toutes à la France, pour le Musée du '̃
Louvre ?
» Mes intentions sont connues de tous les
intéressés. Que dis-je, mes intentions ? Les
actes sont formels qui assurent ainsi les des-
tinées des oeuvres d'art qui parent ma demeure.
Tout est pour la France, là dedans, tout. Dans
ces conditions, j'entends ne prendre0 la prési-
dence des Amis du Louvre, que si on lui con-
serve, intégralement, tous les pouvoirs dont
bénéficièrent les présidences de Georges Ber-
ger et de Maciet. »
M. de Camondo savait, au surplus, que M.
Djujardin-Beaumetz avait saisi d'éminents ju-
ristes de ce cas spécial on souhaitait ardem-
ment que la solution du problème s'accordât
avec les vœux du grand collectionneur. La
mort, hélas I rend désormais inutile toute con-
troverse.
A
M. Durand-Ruel, le grand marchand de ta-
bleaux de la rue Laffitte, a connu tout enfant le
comte de Camondo, dont il est resté jusqu'à la
dernière heure l'ami et le conseiller. Personne
ne pouvait mieux nous renseigner sur la valeur
des œuvres d'art composant la collection du dé-
funt et sur leur destination.
M. de Camondo, nous dit-il, était en art
d'un éclectisme éclairé. Il possédait un choix
fort judicieux d'œuvres du dix-huitième siècle,
des tapisseries dont plusieurs de Boucher, des
sculptures, des bronzes et des tableaux parmi
ces derniers, le plus remarquable est un Latour
unique, dont il était aussi fier que de sa fameuse
pendule de Falconnet.
» De l'école 1830, je lui connais deux super-
bes Delacroix, deux Corot et une collection re-
marquable d'aquarelles de Jongkind. Toutes ces
œuvres sont destinées au Louvre, M. de Ca-
mondo me l'a souvent répété.
» Parmi les peintres plus modernes,- il a su
faire un choix judicieux et de haut goût. Il pos-
sédait une série merveilleuse de Degas, la seule
qui soit aussi complète quinze ou vingt Claude
Monet de tout premier ordre, de très beaux
Sîsley. quelques Pissaro, quelques jolis Manet,
•̃ comme Le Fifre et Le Port de Boulogne, Ré-
cemment, il s'était épris de Renoir et se dispo-
sait à en acquérir une belle série la mort l'a
brutalement arrêté. dans ses projets, mais on
peut affirmer sans exagération qu'il a su réunir
u>ne admirable collection. »
Et, à travers l'admiration de M. Durand-Ruel
pour l'amateur éclairé, perce un regret très vif
pour l'ami si subitement enlevé et qui, il y a
trois jours, était encore venu passer de longues
heures devant les toiles préférées qu'il souhai-
tait d'acquérir.
A •' •'̃ '•"̃
Une autre passion du comte I. de Camondo
fut la musique il savait mener de front les
vastes affaires financières et l'étude de la compo-
sition.Comme musicien,il avait d'abord écrit des
valses qu'exécutait l'orchestre de Waldteuffel
aux soirées officielles de la présidence puis le
goût de la grande musique lui était venu en
allant à Bayreuth. Il écrivit des œuvres sym-
phoniques d'une conception tout à fait mo-
derne. M. Camille Chevillard joua de lui une
évocation orientale très curieuse, Bosphores-
cence, puis un taibleau musical d'une vie fré-
missante, Vers la Montagne. Enfin, en 1906, il
fit représenter avec succès au Nouveau-Théâ-
tre, un drame musical, le Clown, dont M. Vic-
tor Capoul avait écrit le livret le Clown fut en-
suite joué à l'Opéra-Comique, en province et à
l'étranger.
M. I. de Camondo était un fervent abonné
de l'Opéra il avait fondé la Société des Ar-
tistes et Amis de l'Opéra, une société de bien-
faisance pour le petit personnel, et dont il était
le président il donnait une grande partie
de son temps à cette œuvre et la comblait de
ses bienfaits. Sa charité était large et discrète
jamais on n'y faisait appel en vain. C'est un
bon cœur et un cerveau d'une belle organisa-
tion qui disparaissent en la personne du comte
de Camondo.
Le comte I. de Camondo était commandeur
de la Légion d'honneur, grand-officier de la
Couronne d'Italie et décoré de plusieurs ordres
étrangers.
Les obsèques auront lieu demain dimanche,
9 courant, à dix heures du matin. On se réunira
à la maison mortuaire, où des prières seront
dites.
L'inhumation1 aura1 lieu au cimetière Mont-
martre. Ni fleurs, ni couronnes. La famille n'a-
dressant pas de lettres de faire-part, prie de
considérer le présent avist comme en tenant
lieu..
B/oG'Motes Parisien
DENTELLES ET DENTELLIÈRES
Le musée des Arts décoratifs inaugure aujourd'hui atie
nouvelle exposition, celle des travaux de la femme, que
toutes les Parisiennes voudront visiter pour admirer de
i si beaux ouvrages et aussi pour concourir par leur pié-
sence à une œuvre sociale des plus utiles, celle du tia-
ivail des femmes darfs la spécialité qui est le mieux faite
pour leurs mains agiles et délicates, la dentelle.
Il s'agit de propager en France cette industrie toute
personnelle qui peut s'exercer à domicile, par les jeunes
filles et les femmes, sans négliger les soins du ménage.
i 11 faut deux ans d'apprentissage, il est vrai, pour ?aire
i une bonne dentellière, quelquefois plus pour les dentelles
très fines, à l'aiguille; mais plus l'apprentissage est dif-
ficile, plus le travail est ensuite rétribué, et des atelisrs
sont établis partout, par les soins des dames patronnesses
de l'œuvre, pour former les jeunes ouvrières et les ren-
voyer ensuite à leur foyer.
C'est Mlle de Marmier qui a pris cette généreuse ini-
tiative, il y a bien des années, avec M. Lefébure, et de-
puis lors le bon grain a fructifié; deux cent mille ou-
vrières vivent aujourd'hui en France de la dentelle ou y
trouvent une aide aux travaux plus rudes de leur mari.
Pour donner un stimulant à notre industrie nationale,
le comité a décidé d'inviter à cette exposition l'œuvre si-
milaire qui existe en Italie, la patrie de la dentelle, et
rien n'est mieux fait pour montrer, d'une part, l'habileté
de main des Italiennes, et, d'autre part, l'originalité sans
cesse renouvelée de nos dessins.
S. M. Mettmann a mis gracieusement à la disposition
du comité les salles des Arts décoratifs et son concours
personnel, il faut rendre justice au zèle et au dévoue-
ment des organisatrices de cette exposition la marquise
de Ganay, présidente; la comtesse de Néverlée, la ba-
ronne d'Eichtal, Mme Gaston Lecreux, vice-présidentes,
et Mme de Barbarin, membre du ̃comité. Toute l'expo-
sition italienne devra son succès à Mme Tittoni, femme
de l'ambassadeur d'Italie; à la duchesse de Camastra, qui
l'a puissamment aidée, à la comtesse Taverna et à d'au-
tres.1
• '̃̃ A
La politesse jVOudrajt £ue .nous commencions par l'in-
Paul Rocha
~J
viféé, l'Italie; mais nous suivrons, pour le lecteur, I'or3r»
de la mise en place des vitrines, et c'est la France.
Nombreux sont les ouvrages autres -que la dentelle' ff
reliures en cuir repoussé ou travaillé, broderies de tou-
tes sortes, comme un éclatant costume de Minerve, de
Mlle Marie Alix; des travaux sur corne ou écaille; la
dentelle l'emporte cependant sur tout.
Voici l'école de Bayeux et celle d'Argentan, fondées
par M. Lefébure; elles occupent plus de deux mille ou-
vrières. A Argentan, on a ressuscité, en 1874, l'ancien
point de France, et c'est merveille que de voir cette
longue bande de dentelle à petits personnages d'une fi-
nesse incomparable.
L'école de la Haute-Saône fait divers travaux et oc-*
cupe vingt mille ouvrières.
La comtesse de Néverlée expose dans les bas côtés
une chambre d'enfant, complète, avec son berceau, tfl
paravent et tous les petits meubles exécutés sur ses
dessins. C'est une nursery exquise.
L'Œuvre de l'aiguille à la campagne, fondée par Mlle
de Marmier, expose, entre autres choses, un superbe
couvre-lit en dentelle au fuseau, exécuté pour Mme Gi-
rod de l'Ain, membre du comité. Mlle du Puygoudîau
expose une guipure au crochet polychrôme; Mme Ory-
Robin, un curieux paravent d'un dessin très original, fao
derie de ficelle sur fond toile, enrichie d'or, soie et
perles.
On sait ce qu'est l'Adelphi, une œuvre discrète et
admirable, qui commande ou achète et revend des tra-
vaux de femmes qui, dans un état de gêne, veulent ga-
gner leur vie sans se faire connaître. On ne leur de-
mande pas leur nom, si elles veulent le taire. Tout dans
cette vitrine est d'un goût très sûr et très moderne, dans
les genres les plus variés.
ï¥ ••-̃
Le macramé est une grosse dentelle arabe, très résls^
tante, dont l'industrie est récente en France. En voici
un délicieux abat-jour, orné de perles, exécuté par la
générale Derécagaix, membre du comité. Il faut citer
encore les travaux de Mme Poudyser, de Mlle Tirard, de
Mlle Bressac, qui a introduit de Tunisie à Aubenas {Ar-
dèche) l'industrie de la dentelle Gema, et fait exécuter
aussi des tentures et étoffes dont le tissage, la soie tt la
broderie sont faits sur place.
L'école d'arts décoratifs, fondée à Paris par le co-
mité, produit d'excellents dessins pour dentelles et bro-
deries, dont les travaux sont confiés à l'Adelphi. Une
vitrine montre ces très beaux résultats. La comtesse
d'Adhémar expose des guipures qu'elle a faites d'après
ses propres dessins.
La comtesse de Las Cases a créé dans la Lozère, en
1904, avec des professeurs, dans plusieurs villages, la
dentelle au fuseau, dentelle de Cluny, et des broderies
d'après l'ancien.
L'Union des femmes artistes de Bordeaux, dont la ba-
ronne d'Eichtal est la présidente d'honneur, et Mme Sa-
mazeuilh la présidente, expose des broderies sur mousse-
line et des travaux à l'aiguille d'un dessin inédit et très
gracieux; le comité de Bretagne favorise l'industrie des
femmes bretonnes et expose des travaux traditionnels
d'un dessin nouveau et très heureux.
Enfin l'école d'Issoire, fondée par M. Lescure, expose
du point de Venise et du point d'Argentan sur des des-
sins nouveaux.
Impossible de tout dire. Il faudrait un catalogue bro-'
Séries de point coupé, de Mme Bossard, de Rennes;
guipures fleuries de France, genre irlande, par Mme Al-
fred Seringe, qui copie dans son jardin, avec son aiguille,
les fleurs et les dessins de la nature; dentelles de file!
de soie, inaugurées dans le Gard par Mme Roche; gui-
pures d'Irlande, admirablement exécutées en Bretagne
sous le patronage de la marquise de La Ferronnays.
« L'Industrie féminine italienne » a pour présidente!
la comtesse Taverna, et pour vice-présidente S. Exc. Mme
Tittoni. Elle occupe environ cinq mille ouvrières.
Il y a peu de dessins nouveaux dans cette industrie,
mais les anciens sont si beaux qu'on peut les copier
souvent, et les genres varient à l'infini.
Il y a de tout ici, de la dentelle de Palerme, au fil tiré,
du filet de Sardaigne du point écrit, en rouge, sur toile,
point d'Assise, qui copie les dessins de Giotto et rap*
pelle la vie du grand saint; point de Trasimène ou d'Om-
brie, ficelle sur toile, dont le patronage appartient à la
marquise di Sorbello; point de Toscane, filet serré sur
métier point des Abruzzes, dentelle au fuseau, techni-
que unique et dessins anciens, aigles et ornements de la
Renaissance; dentelle au fuseau du Frioul, créée par la
comtesse de Brazza, belle-sœur de notre explorateur du
Congo; point d'Emilie, qui est du point de Venise, pa-
tronné par la comtesse Gavazza; point des Pouilles, sem-
blable au précédent, patronné par la marquise de Vit!
di Marco; tulle brodé de Vérone et de Vicence.
Le comité de Florence, présidé par Mlles Corsini et
Ricasoli, expose un très beau point à l'aiguille, et voici
les admirables points de Venise et de Burano, travaux
patronnés par la comtesse Marcelli.
Le comité de Rome, présidé par 'Mme Tittoni, expose
de très beaux ouvrages de différents genres; l'école de
la comtesse Suardi nous montre des broderies de soie
avec de belles couleurs, et l'école de la comtesse Taverna
du filet brodé de soie d'un très bel effet.
L'école de Toscane est patronnée par la comtesse Cor-
sini, la comtesse Pandolfini, Mme Finali et Mme Ryar-
son. Elle montre de très belles œuvres.
La Scuola Bandera piemontese expose de curieux et
beaux travaux, des toiles blanches brodées en couleur
avec des laines de Saint-Etienne. Les dessins sont
Louis XIV et Louis XV, très heureusement distribués.
Il y a là une tente de jardin brodée par la princesse La>
titia, avec un goût parfait, et une nappe imitant le vieux
Strasbourg.
En Calabre, où le dialecte se ressent de l'albanais, ori
fait encore des broderies albanaises. Il faudrait encore
citer la raffia de Sicile, travail fait avec des filaments
d'arbres; les broderies des Ciociarre, des environs de
Rome, et encore les travaux de Pérouse, d'Arezzo, de
.Forli; mais nous avons hâte d'arriver aux tissus impri-
més sur toile, coton, soie ou tulle, de M. Mariano For-
tuny, fils du grand artiste, neveu de M. de Madrazo,
d'après les dessins vénitiens de la Renaissance ou d'après
des dessins modernes de sa composition. C'est l'imita-
tion parfaite du velours, des tissus lamés d'or ou d'ar-
gent, des soies les plus riches, et le procédé, inventé
par M. Fortuny et exécuté par lui, au palais Orfei, à Ve-
nise, obtient les plus beaux effets jusque dans la toilette
féminine moderne. Tout le fond de la grande salle est
réservé à cette curieuse et intéressante exposition.
̃
On le voit, il y a beaucoup à examiner, et les femmes
expertes en dentelles nous trouveront bien novices en
la matière. Que serait-ce si nous n'avions pas eu l'aide
la plus précieuse et la plus aimable? Tout-Paria
Ites Doeameûts
dérobés
aa Quai d'Omy
RÉALITÉS, HYPOTHÈSES ET INVRAISEMBLANCES
PAR M. RENÉ D'ARAL ]
II est de plus en plus malaisé de se faire une
opinion soir l'impoïtanioe qu'il convient d'attri-
buer à cette ténébreuse affaire. Qu'il y ait ep
détourniement de pièces confidentielles, le fait
est malheureusemeot établi aujourd'hui que
la divulgation de ces documents ait pu causer
ain préjudice à notre diplomatie, ce n'est pas
douteux. Mais sur la nature des papiers déro-
bés, sur l'étendue du préjudice causé, il est im-
possible d'être pour l'instant exactement fixé
parce que d'une part ces pièces ont toutes été
replacées par Rouet, qui se contentait de les
communiquer à Maimon pour qu'il en prenne
copie et qu'on n'a pas tracé dès lors des pièces
divulguées que d'autre part le préjudice causé
ne oeut être évalué tant qu'une tenquête minu-
tieuse, délicate et fort difficile, n'a pas fixé le
juge d'instruction sur l'usage qui a été fait de
ces papiers.
On en est donc réduit aux conjectures, sauf
sur un seul point où la certitude paraît désor^
mais acquise c'est la communication à V'Eve-
ning Times, journal de Londres dont Maimoni
était le' collabctfateur occasionnel, du projet'
d'accord russo-allemand, dont la conclusion fut,
à la suite de cette divulgation, suspendue.
On se souvient de l'incident au moment otf
l'on annonçait que les négociations étaient'
virtuellement terminées entre Berlin et Péter»
bourg, VEvening Times publia, le texte du pro«
jet dflufc il garaftjigiaij! l'a,mm%çM*. Cette Uft
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Les Musardises
L'apparîtioffl 'd'un volume de vers, en partie rné-
Qits, de M. Edmond Rostand est un événement M-
téraira dont il est superflu de souligner Impor-
tance. On sait qu'avant d'aborder le théâtre le fu-
tur auteur de Cyrano avait débuté par un recueil
de poésies, Les Musardises, où de merveilleux don9
lyriques s'annonçaient déjà dans une délicieuse lio-
raison de jeunesse. Ce recueil, devenu introuvable
et qui n'avait jamais été réimprimé, va paraître
chez l'éditeur Fasquelle en une nouvelle .édition
augmentée d'un grand nombre de morceaux inédits,
mais tous de la même époque et antérieurs aux Ro-
manesques. L'illustre poète a réservé aux lecteurs
'du Gaulois la primeur de deux pièces exquises où
ils retrouveront la fraîcheur, la grâce spirituelle, la
rêverie tendre, la richesse d'invention verbale qui
donnent à toute l'œuvre de M. Edmond Rostand son
jpharme incomparable.
LA GLYCINE
'A mon balcon cette glycine
Tord ses bras fleuiris dans le soir,
Aveo le tendre désespoir
D'une princesse de Racine.
Elle en .a la fière langue,u,r
Et la mortelle nonchalance
Et lorsqu'un souffle la balance,
Et que le jour traîne en longueur,
Et tarde à partir, et recule
Le déchirement tant qu'il peut,
Elle exhale unie âme d'adieu,
Bérénice du crépuscule 1
Le livre glisse de mes mains. '̃
Le petit drame se termine.
« Cruel » dit au jour la glycine.
Les cieux blessés ont des carmins.
Par la haute porte-fenêtre,
Mystérieusement, alars,
Une des branches du dehors,
Comme un geste vivant, pénètre.
Du frémissant encadrement
̃ Ce bras jeun© et souple s'échappe
Et je sens sur mon front la grappe
Qu'il laisse pendre tendrement 1
Tout s'embaume. Et je remercie.
Et, pour lui dire mon amour
Je donne à la fleur, toiur à tour,
Le nom d'Esther et d'Aricie.
Et je compare, les yeux sur
Mon livre tombé sans secousse, N
L'odeur plus forte d'être douce
Au vieïs plus ardent d'être pur 1
Un divin poison m'assassine I..
Et je doute, en le chérissant,
Si de ma glycine il descend
Ou s'il monte de mon Racine 1
̃'• :̃ .-̃ y:' j
LE CARILLON DE SAINT=MAMET
Le Carillon de Saint-Mamet
Tinte quand d'or le ciel se teinte
Comme si le soir s'exprimait,
Le Carillon de Saint-Mamet
Mystérieusemenit se met
A tinter dans l'air oalme. Il tinte,
Le Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le ciel se teinte 1
Qui plaint-il, qu'est-ce qu'il promet,
Ce chant de promesse et de plainte ? 'l
Plaint-il les gens de Saint-Mamet
Ou bien nous ?. Est-ce qu'il promet
Le pardon du mal qu'on commet
Dans l'âpre course où l'on s'éreinte ?
Qui plaint-il ? Qu'est-ce qu'il promet,
Ce chant de promesse et de plainte ? 'l
Mon cœur, croyant qu'on lui parlait,
Frissonnait à ce chant qui tinte,
Quand j'étais un enfantelet 1
Mon cœur croyait qu'on lui parlait.
Ah je voudrais encor qu'il ait
Cette délicieuse crainte 1
Mon cœur, croyant qu'on lui parlait,
Frissonnait à ce chant qui tinte 1
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Disait bientôt l'automne atteinte.
Une chauve-souris volait.
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Venait jusqu'à notre chalet,
Et nous avions la go.rge étreinte.
L'odeur des herbes qu'on brûlait
Disait bientôt l'automne atteinte.
Levant les yeux de son ourlet,
La servante disait « II tinte !» Il
Et regardait vers le volet,
Levant les yeux de son ourlet 1
Ce tintement la consolait
D'être à d'humbles choses astreinte.
Levant les yeux de son ..ourlet,
La servante disait « II tinte !» »
La femme qui nous vend du lait
Se signait mainte fois et mainte
Vite mettant son capulet,
La femme qui nous vend du lait
Vers la petite église allait
Et, des morts traversant l'enceinte,
La femme qui nous vend du lait
Se signait mainte fois et mainte
Le Carillon de Saint-Mamet
Ne tintait pas mieux qu'il ne tinte
Mais, alors, comme il nous charmait,
Le Carillon de Saint-Mamet 1
La mère de ma mère aimait
L'écouter, la bougie éteinte.
Le Carillon de Saint-Mamet
Ne tintait pas mieux qu'il ne tinte,
Mais notre vie, alors, coulait
Plus profonde d'être restreinte 1
Comme un ruisseau sur le galet,
Ah notre vie, alors, coulait 1
Nous n'avions qu'un petit valet,
Mais qui chantait une complainte.
Et notre vie, alors, coulait
Plus profonde d'être restreinte 1
Le* volubilis violet
Se mêlait à la coloquinte
L'humble barrière où s'enroulait
Le volubilis violet
N'était pas encor ce qu'elle est
Une belle grille bien peinte 1
Le volubilis violet
Se mêlait à la coloquinte 1
Toute aube sent le serpolet.
J'ignorais le mal et la feinte.
J'avais une âme d'oiselet.
Toute aube sent le serpolet.
Ah si j'avais su qu'il fallait
Devenir Alceste ou Philinte 1
Toute aube sent le serpolet.
J'ignorais le mal et la feinte.
Le Carillon tintait, fluet
Au salon de perse déteinte
Ma sœur jouait un menuet.
Mais, quand tintait le son fluet,
Le menuet diminuait
Pour écouter le son qui tinte.
Le son, alors, entrait, fluet,
Au salon de perse déteinte.
Dieu! pourraiton, si l'on voulait
Te ravoir, simplicité sainte ? 2
Reboire au premier gobelet ?
Le pourrait'On, si l'on voulait $
C'est pourtant d'un oignon bien laid
Qu'on revoit fleurir la jacinthe
Dieu pourrait-on, si l'on voulait,
Te ravoir,, simplicité sainte?
Une étoile se rallumait
Sur le val, obscur labyrinthe.
Au-dessus de chaque sommet
Une étoile se rallumait
Quand la cloche de Saint-Mamet
Tintait! Oh! si, lorsqu'elle tinte,
Une étoile se rallumait
Sur la vie, obscur labyrinthe 1
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le soir se teinte
Dans l'air bleu qui nous le transmet,
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte ce tintement qui met
Plus de calme en notre âme Tinte,
0 Carillon de Saint-Mamet,
Tinte, quand d'or le soir se teinte
Edmond Rostand
de 'l'Académie française
• ̃ ♦ •
Ce qui se passe
LA POLITIQUE
QUE PENSERA-T-ON DE NOUS DANS CINQUANTE ANS ? i-
La situation générale de notre pays serait
préoccupante, si nous étions gens à nous préoc-
cuper pour quelque cause que ce soit mais
nous avons un gouvernement ou tout au moins
une sorte de syndicat radical qui prend le
titre et exerce la fonction de gouvernement.
Ce syndicat répond de tout, ce qui nous per-
met de ne nous inquiéter de rien. Dans cin-
quante ans peut-être avant on s'étonnera
de notre passivité l'on ne comprendra pas que
nous assistions sans en témoigner la moin-
dre colère à des faits qui, s'ils ne déshono-
rent pas notre race, attestent tout au moins sa
rapide décadence.
Un conseiller municipal vole dans une église
une relique précieuse et la vend à un receleur
étranger. Pour un acte semblable, un simple
particulier, surtout un adversaire de nos ins-
titutions, passerait en police correctionnelle.
Le maire de la commune spoliatrice n'est oer
pendant pas inquiété.
Encouragé par ce premier succès, ce magis-
trat, ou ses complices, font exécuter une copie
sans valeur de la vénérée relique, et traite avec-
des Belges pour l'acquisition à très. haut prix
de cette informe contrefaçon.
Ce second méfait est encore plus grave que
le premier, car il se complique de ce que le Code
appelle « tromperie sur la marchandise ven-
due ».
Cependant ce double vol ne soulève aucune
indignation un député se yante de l'avoir
conseillé et du coup excite la jalousie de beau-
coup de ses collègues, qui louent son habileté
et regrettent de n'avoir pas l'occasion de l'imi-
ter.
A l'extrémité méridionale du territoire, à
Bayonne, les dockers en grève se heurtent à la
troupe, chargée de maintenir l'ordre de part
et d'autre il y a des blessés.
En remontant vers le Nord, nous rencontrons
le drapeau rouge victorieusement hissé sur les
monuments publics par les vignerons de
•l'Aube ruinés et exaspérés.
Le gouvernement ne peut pas les défendre,
car ils sont combattus par deux sénateurs assez
influents pour voir incliner devant eux le droit,
la justice et la loi d'autre part, il n'ose répri-
mer leurs manifestations révolutionnaires, car
ils sont nombreux, résolus, et ceux qui détien-
nent la France entre leurs mains sont sans force
et sans courage.
D'ailleurs, en ce moment, un aventurier bi-
game et quelque peu filou s'offre juste à point
pour détourner l'attention publique des événe-
ments de l'Aube. Pour le quart d'heure, il ab-
sorbe l'attention publique, qui aurait, d'ail-
leurs, de quoi s'occuper au Maroc.
Au Maroc, où nous avons des griefs particu-
liers à invoquer pour justifier d'énergiques me-
sures on fait des discours auxquels on oppose
d'éloquentes répliques, et le sultan Moulay-Ha-
fid, qui oscille désespérément sur son trône ché-
rifflen, se demande ce qu'il lui faut redouter le
plus rénerde de ceux qui le combattent ou
l'inertie de ceux qui le protègent.
La conclusion de cet exposé paradoxal, je la
trouve dans notre situation financière.
La France, on le sait, est le pays le plus riche
de l'Europe. Elle prête à tous venants et ses dé-
biteurs dans le monde entier ne se peuvent dé-
nombrer.
Or, au-dessus de ce peuple si fortuné, nous
voyons un gouvernemnet qui ne sait comment
aceew der ses dépenses et ses recettes on lui
donne cependant plus d'argent que n'en exi-
gent de leurs sujets les monarques étrangers,
mais il est mauvais ménager des sommes qu'on
lui confie et nous le voyons recourir, pour vi-
vre, à des expédients de fils de famille aux
abois.
En vérité, que penseront de nous nos petits-
enfants ? L. Desmoulins.
ÉCHOS POLITIQUES
LA POLITIQUE EXTÉRIEURE AU SÉNAT
Au Sénat, l'interpellation sur la politique
extérieure a été close par l'inévitable ordre du
jour de confiance. Au point de vue parlemen-
taire, l'intérêt de cette journée fut le duel ora-
toire rencontre courtoise, les armes du talent
étant égales entre MM. de Lamarzelle et
Ribot.
Le discours du nouveau ministre, qui est
aussi un ministre uni peu neuf en ce qui con-
cerne les affaires étrangères et qui en convient
avec une louable franchise, ,ne jette pas grande
lumière sur les obscurs problèmes d'une situa-
tion inquiétante. Nous devons reconnaître ce-
pendant qu'il nous a paru montrer un peu plus
de dignité que certains de ses prédécesseurs.
Enfin il faut lui savoir gré de nous avoir épar-
gné l'éternel couplet sur « la Paix». Ainsi qu'il
était facile de le prévoir, M.Cruppi prend « leur
suite » au quai d'Orsay. Il affirme que
l'entrevue de Potsdam n'a rien changé à l'al-
liance franco-russe « qui reste intacte et domine
toujours nos relations avec l'Etat allié ». Le
patriotisme nous ordonne de le croire.
De Berlin à Fiez, la distance diplomatique est
courte. Il n'y .eut naguère, entre ces deux termi-
nus d'importance tellement inégale, qu'un ar-
rêt celui d'Algésiras. Quand on parle du Ma-
roc, les yeux se tournent vers Berlin.
Or, M. Cruppi a parlé du Maroc, où sévissent
l'anarchie et la guerre civile « Si, a-t-il dé-
claré, la sécurité des étrangers et des colonies
européennes à Fez était menacée, notre devoir
serait de leur porter secours et de prendre, dans
les limites de l'acte d'Algésiras, toutes les mesu-
res nécessaires. Je n'en dirai pas davantage. »
M. Ribot (estime que le ministre en avait trop
dit « Cela, dit-il, équivaudrait éventuellement
à entreprendre la conquête c'est une politique
que le Parlement ne peut vous conseiller. »
II ne s'agit pas, si nous avons bien compris
les paroles de M. Cruppi, que M. Ribot nous
permette de le lui dire, de prévoir ou de dis-
cuter les conseils que le Parlement pourrait
donner aux ministres d'aujourd'hui ou à ceux
de demain.
Nous n'avons jamais été, ici, partisans de la
pol'iti'q'Uie qui nous a entraînés dans le « guêpier
marocain. ». Il valait mieux me pas aller au Ma-
roc mais nous y sommes, nous y avons assumé
des charges et des devoirs.
Nptrg deyoïir étroit, devoir, d'humanité et de
patriotisme, est d'assurer, te cas échéant, la vie
et les biens de la colonie française et des diffé-v
rentes colonies européennes de Fez.
Il y va de' notre intérêt, de notre prestige, de ;•
notre honnieur. Il ne fallait pas les engager au
Maroc ils le sont il faut les soutenir. Noua
ferons nos comptes plus tard.
ÉCHOS DE_PARTQïïT
MM. Aucoc, Adrien Oudin, Eugène Billard et
Bellan ont déposé hier soir, au conseil munici-
pal, une pétition signée de nombreux commer-
çants des environs de l'Opéra, qui protestent
contre toute occupation de la voie publique pour
la construction d'un passage souterrain.
Les signataires demandent que le projet éla-
boré par l'administration soit ajourné jusqu'à
l'époque de l'exécution de la ligne circulaire
métropolitaine des Invalides aux Invalides par
la place de l'Opéra, qui permettra d'évacuer les
déblais sans aucune gêne pour les riverains.
D'autre part, .M. Aucoc s'est plaint que des
travaux de réfection du pavage des boulevards
de la Madeleine et des Capucines soient proje-
tés pour les environs du 15 mai, époque de la
plus grande affluence des étrangers à Paris. M.
Adrien Oudin, lui aussi, tremble pour son
quartier. Pourquoi veut-on procéder dès main-,
tenant à la réfection des rues Lafayette et Saint-
Lazare, alors que la Compagnie des Omnibus
devra, un peu plus tard, bouleverser les mêmes
voies pour l'installation des caniveaux ?
Cette intervention de MM. Aucoc et Adrien
Oudin a eu un heureux résultat, en amenant le
directeur administratif des travaux à déclarer
que le projet concernant les rues Lafayette et
Saint-Lazare sera retardé et que la réfection dij
pavase des grands boulevards sera reportée au
14 juillet.
Pour une fois, nous ne verrons pas nos boule-
vards transformés en steeple chase au moment
de la belle saison et du Grand Prix. Enregis-
irons cette bonne nouvelle.
L'armée française va changer d'uniforme. Ce
n'est pas la première fois qu'on l'annonce, maisJ
il paraît que cette fois est la bonne.
La nouvelle tenue a pour objet de diminuer
autant que possible la visibilité sur le champ
de bataille. Pour les troupes à pied, elle com-
prendra un casque en carton-liège recouvert de
drap gris-vert une capote semblable à la ca-
pote actuelle, mais avec une seule rangée de
boutons et avec col rabattu, une vareuse comme
celle des chasseurs alpins le tout, y compris le
pantalon et les bandes molletières, en drap gris-
vert. Quant aux boutons, ils seront en cuivre
mat et granité.
Pour la cavalerie, cuirassiers et dragons con-
serveront le casque actuel, on en donnera un
autre à la légère. Le vêtement comprendra la
vareuse de l'infanterie, la culotte actuelle et un
manteau plus léger que celui d'aujourd'hui.
Rien de changé à l'artillerie, sinon l'adoption
du, casque actuellement en essai à Paris.
Transformés également les insignes du grade.
Une étoile d'argent sur les manches du sous-
lieutenant, deux sur celles du lieutenant, trois
en triangle sur celles du capitaine des étoiles
d'or pour les officiers supérieurs et un ou deux
galons de feuilles de chêne pour les officiers gé-
néraux, avec, en plus, pour le commandement
de corps d'armée, un galon soutache argents
Tel est le projet- élaboré au ministère de la
guerre. Hâtons-nous d'ajouter qu'il y a loin de
la coupe aux lèvres et que la révolution annon-
cée n'est pas près d'être accomplie.
Un télégramme de New-Yark nious apprend
nous le reproduisons sous toutes réserves
que le célèbre ténor Garuso ne chantera plus de
toute la saison. Il paraît qu'il n'est pas tout à
fait remis de sa dernière laryngite et les méde-
cins lui ont conseillé un repos complet jusqu'à
ce qu'il soit tout à Sait remis.
On ajoute qu'il a annulé tous ses engage-
ments, aussi bien pour les représentations qu'il
devait dominer à Rome que ppur sa grande tour-
Espérons, avec tous les (admirateurs du grand
ténor, qu'il sera bientôt rétabli.
On lit dans le Figaro `
La remise du cadeau offert par les Dames
Françaises à S. A. I. et R. Madame la Prin-
cesse Napoléon, à l'occasion de son mariage,
a eu lieu à Bruxelles, aujourd'hui jeudi 6 avril,
à trois heures.
C'est Madame la duchesse d'Albuféra, qui
avait été chargée de remettre ce beau souvenir
à la Princesse, et qui s'est acquittée de cette
mission d'honneur avec son tact et sa grâce
accoutumés.
Le présent des Dames Françaises consiste
en une superbe toilette de style empire, en
̃acajou, aux cuivres artistiquement ciselés, sur
laquelle sont posées les diverses pièces d'un
magnifique nécessaire en vermeil, également
du style empire1 le plus pur.
Pour mener à bonne fin cette belle œuvre
artistique, MM. Falize se sont habilement ins-
pires de plusieurs modèles célèbres de l'art du
premier Empire, et ils ont admirablement at-
teint le but qu'ils s'étaient proposé.
LL. AA. II. le Prince et la Princesse Napo-
léon, profondément touchés du témoignage- de
fidélité qui leur est ainsi donné par les Dames
Françaises, ont, à plusieurs reprises, et de la
façon la jplus chaleureuse, exprimé leur admi-
ration et leur reconnaissance à Madame la
Duchesse d'Albuféra.
Leurs Altesses Impériales ont aussi vivement
félicité M André Falize, qui avait tenu à pré-
sider lui-même au transport de ce précieux
objet.
Les tribunes du Concours hippique, où cha-
toient les toilettes luxueuses, sont la grande
réunion mondaine du moment. Et cependant
que se disputent les épreuves, un triomphateur
déjà paraît, victorieux à toutes les manifesta-
tions d'élégance c'est le parfum de la Dame
en Noir qui rendait si charmante l'exquise et
troublante héroïne de Gaston Leroux et dont
on respire les délicieux effluves dans le sillage
de toutes les Parisiennes aristocratiques.
Une découverte du plus haut intérêt histori-
que et archéologique à la fois vient d'être faite
en procédant aux travaux d'aménagement du
Musée d'art provençal, qui doit être installé au
palais des Papes, à Avignon.
Dans la grande cour du palais existait, jadis,
un puits monumental qui avait été creusé dans
le roc, sous le pontificat d'Urbain V.
L'orifice de ce puits avait été muré vers 1820,
à l'époque, croit-on, où le génie reçut l'ordre
de convertir en caserne l'ancien palais ponti-
fical.
Depuis lors, l'existence du puits était oubliée.
Et ce n'est que depuis les nouveaux travaux
exécutés au palais que l'on s'est aperçu de sa
présence. Ce puits ne mesure pas moins de sept
mètres de diamètre et cinquante mètres de pro-
fondeur. Relié à des galeries «souterraines, il
avait pour objet d'alimenter d'eau le palais. Le
cardinal della Rovère l'avait complété par une
margelle merveilleusement sculptée et ornée
des armoiries du Pape Sixte IV.
Mais ce qui constitue l'intérêt de cette décou-
verte, c'est la légende populaire notée par Mis-
tral dans le Poème du Rhône, qui affirme que
c'est dans ce puits que le dernier Pape, avignon-
nais jeta quantité d'objets précieux, notamment
douze statues en or massif représentant les
douze apôtres, pour les soustraire à la rapacité
des envahisseurs du palais.
Des recherches vont être entreprises pour sa-
voir si la légende est exacte..•
•Quelïe ravissante exposition présente Pihan,
cette année, et, qu'elle est digne des magasins
réputés du faubourg Sain t-Horioré C'est Pâ-
quesv fleuries avec tout son charme. Rien de
plus frais que ces mignonnes corbeilles autour
desquelles s'enroulent les aubépines, les bluets
et les rosés, ornées de jolis rubans crème, azur,
aurore. Comme l'a dit à peu près Victor
Hugo
Nous admirerons de foien belles choses
En nous promenant au droit du faubourg;
Les bluets sont bleus, les rosés sont roses.
Et les cadeaux de Pâques sont, chez Pihan,
icomme toujours, admirables.
Se renouvelant, au jour le jour, .suivant de:
• près les grand? événements de l'actualité, évo-
quant avec un art subtil les hauts faits de
1 Histoire, mise en scène avec une prodigalité
fastueuse, interprétée par des vedettes incom-
parables, émaillée de scènes joyeuses qu'égaient
encore la fantaisie et l'humour du célèbre ar-
̃ tiste américain Tom Hearn, telle nous apparaît
̃l'éblouissante « Revue des «FoMes-Bergère »
qui nous a révélé, en outre, cet enfant génial,
i& petit chef d'orchestre Willy Ferreros.
Pendant que des giboulées s'abattent sur Pa-
ris et que le calendrier seul nous permet de
1 constater le retour dti printemps, le soleil dore
les terrasses du « Riviera-Palace » de Monte-
1 Carlo.
Mais, qu'importe une nuit passée dans une
confortable couchette du « Méditerranée-Ex-
press », et nous nous réveillerons sur les rives
bénies de la Côte d'Azur.
Relevés sur la dernière page du registre du
« Riviera-Paiace » de Monte-Carlo
S. Exe, comte Osten-Sacken, ambassadeur de
Russie à Berlin; général Rocà, ancien prési-
dent de la République Argentine baron Mau-
.rice de Rothschildl, prince Wolkousky, lord
[ Cecil Manners, colonel Hatch, baron et baronne
Heyl Zu Herrnsheim, comte de Wedel, comte
• E. Podjukl, Mme T. de Bedo, M. et Mme de
Lanczy, comte et comtese de Chandon, etc.
A TRAVERS LES LIVRES ET LES ILLUSTRES
Vient d& paraître
Le Métier de Roi. Il y a, en effet, un métier
̃ de roi qui n'est pas sans grandeur. C'est ce que
nous montre Colette Yvfer, en un admi-
rable roman mouvementé, que. domine une très
originale f-igune de femme.
III
A
Alerte et fantaisiste, paillant de manière ini-
mitable choses et gens du monde politique et
théâtral d'aujourd'hui, tel est le nouveau roman
de Gyp L'Affaire Débrouillar-Delatamize.
Le Monde illustré publie en supplément dans
son numéro de cette semaine Le Marchand de
Passions, l'exquise comédie en vers de M. Mau-
rioe Magre~. Des illustrations de ce supplément
ont été faites par M. Delaw, l'auteur des décors
qui obtinrent le succès que l'on sait. Le nu-
méro soixante-quinze centimes.
NOUVELLES A LA MAIN
A l'école communale. Le professeur inter*-
roge
D'où tire-ton le sucre ?
y tiQ jeune Galino, vivement t
''• Du sucrier. I
D.u sucrier l. Un Domino
NES MIS
MES PjtTS D'flIER
M. Eugène Dufeuille
II y a cinq à six jours, M. Eugène Dufeuille
m'envoyait un volume qu'il venait de publier,
U Anticléricalisme avant et pendant notre Répu-
blique. J'en avais terminé la lecture hier matin
et, dans l'après-midi, je faisais porter chez lui
un mpt pour le remercier et ppur- lui dire quel
intérêt j'y avais'pris, malgré nos divergences
politiques. Il était mort. Il avait soixante-sept
ans.
En lisant ce livre, d'une haute tenue et d'un©
haute portée, j'avais été frappé de ses préoccu-
pations religieuses, qui nie lui étaient pas habi-
tuelles, et j'avais été heureux de la fermeté avec
laquelle il combattait l'anticléricalisme comme
un danger national. Le Gaulois et moi, nous
nous sommes souvent rencontrés avec M. Du-
fetole, mais nous nous sommes souvent aussi
séparés de lui, surtout en ces dernières années.
Je suis donc d'autant plus libre. Lui-même
avait son franc-parler, familier et sonore, tout
en étant très Normand, avec toute la finesse et
toute la diplomatie que l'on prête à ses compa-
triotes. Son style n'avait rien de ses manières
mi de son aspect, il s'était formé à l'école des
Saint-Marc Girardin, dès Prévost-Pa>radol, des
Silvestre de Saci, des Edouard Hervé, des John
Lemoinne, des J.-J. Weiss.
Après avoir écrit au Journal des Débals, au
lowfrtal de Paris, au Français, au Correspon-
dant, à la Revue de Paris, M. Dufeuille, peu
après la mort du Comte de Chambord, aban-
donnait sa carrière pour faire partie du bureau
politique du Comte de Paris, qui avait pour lui
la plus grande estime et le plus profond atta-
chement. Il devenait ensuite chef du bureau
politique de Monseigneur le Duc d'Orléans,
puis après quelques années, il s'était retiré de
la politique.
Il tenait pourtant à dire, de temps à autre,
son mot sur les affaires de son pays et, avant
l'ouvrage dont je parlais en commençant, il en
avait publié six autres, volumes ou brochures,
dont la plupart s'éloignent sensiblement de nos
idées, soit sur la forme du gouvernement, soit
sur sa substance Réfleoàons d'un Monarchiste,
Trente-cinq ans après, Du souverain dans no-
tre République, Que peut-on craindre de notre
République ? Des lois et des mœurs dans notre
République, Sur la pente du Collectivisme. Il
faut lui rendre la justice qu'il ne se faisait guère
plus d'illusions. que nous-mêmes sur la répu-
blique et qu'il ne lui ménageait pas ses vérités,
tout en n'en combattant plus le principe. L'es-
prit, comme le cœur, a aussi des raisons que la
raison ne comprend pas toujours.
M. Eugène Dufeuille était peut-être l'homme
de ce temps-ci le plus répandu dans tous les
cercles politiques et le plus versé dans l'histoire
du dernier demi-siècle. S'il laisse dès mémoires,
ils feront la fortune de leur éditeur et ils feront
vivre son nom. 1
Ses obsèques auront lieu lundi à dix heures
et demie à Saint-Augustin.
he comte I. de Camondo
Le comte I. de Camondo, le célèbre financier
et philanthrope, dont rien ne pouvait laisser
prévoir la fin si soudaine, a succombé, hier
matin, à une embolie. Son valet de chambre l'a
trouvé mort dans son lit.
Parisien, le comte de Camondo l'était devenu1
par droit de conquête il était né à Constanti-
nople. De ce pays d'intense coloration, il avait
gardé une imagination ardente, vive, qu'il avait
appliquée à la culture artistique. Il vint à Pa-
ris tout jeune et, tout en faisant sqn apprentis-
sage d'administrateur de banque, après la mort
de son père, il se vouait à l'étude de la peinture,
dans laquelle il devint bientôt un connaisseur
des plus sûrs, et à l'étude de la musique, où,
sous la direction de Gaston Salvayre, il devint
rapidement un compositeur aux idées très ori-
ginales, très personnelles.
Le comte I. de Camondo était administrateur
.de la banque de Paris et des Pays-Bas, p,rési-
dent de la Compagmegénérale dû Gaz pouf la
France et pour l'étranger, président de .la Com-
pagnie des Chemins de fer Andalous, président
de la Compagnie nouvelle des Ciments Port-
land du Boulonnais, président et administra-
teur de nombreuses sociétés financières et in-
dustrielles.
Quand mourut, Je mois dernier, M. Maciet,
on fut unanime à offrir à M. de Camondo la
présidence des Amis du Louvre. Mais ici des
difficultés avaient surgi, qui étaient d'une es-
pèce singulière. Lui-même s'en expliquait en
ces termes à un de nos amis
Le président de la Société des Amis du
Louvre fait partie, 3e droit, du conseil des Mu-
sées nationaux. Or, en ma qualité d'étranger,
je ne puis, paraît-il, entrer dans ledit conseil.
Je ne veux pas diminuer la fonction de prési-
dent des Amis du Louvre je n'accepterai cel-
le-ci que si le gouvernement trouve le moyen de
me donner accès au conseil des Musées natio-
naux.
» Pas Français ? Je ne suis pas Français, au
sens juridique du mot, c'est entendu. Je le de-
viendrai, dans ce sens-là même, à mon heure.
Mais est-ce que je puis mieux faire acte de
Français qu'en donnant toutes mes collections
toutes à la France, pour le Musée du '̃
Louvre ?
» Mes intentions sont connues de tous les
intéressés. Que dis-je, mes intentions ? Les
actes sont formels qui assurent ainsi les des-
tinées des oeuvres d'art qui parent ma demeure.
Tout est pour la France, là dedans, tout. Dans
ces conditions, j'entends ne prendre0 la prési-
dence des Amis du Louvre, que si on lui con-
serve, intégralement, tous les pouvoirs dont
bénéficièrent les présidences de Georges Ber-
ger et de Maciet. »
M. de Camondo savait, au surplus, que M.
Djujardin-Beaumetz avait saisi d'éminents ju-
ristes de ce cas spécial on souhaitait ardem-
ment que la solution du problème s'accordât
avec les vœux du grand collectionneur. La
mort, hélas I rend désormais inutile toute con-
troverse.
A
M. Durand-Ruel, le grand marchand de ta-
bleaux de la rue Laffitte, a connu tout enfant le
comte de Camondo, dont il est resté jusqu'à la
dernière heure l'ami et le conseiller. Personne
ne pouvait mieux nous renseigner sur la valeur
des œuvres d'art composant la collection du dé-
funt et sur leur destination.
M. de Camondo, nous dit-il, était en art
d'un éclectisme éclairé. Il possédait un choix
fort judicieux d'œuvres du dix-huitième siècle,
des tapisseries dont plusieurs de Boucher, des
sculptures, des bronzes et des tableaux parmi
ces derniers, le plus remarquable est un Latour
unique, dont il était aussi fier que de sa fameuse
pendule de Falconnet.
» De l'école 1830, je lui connais deux super-
bes Delacroix, deux Corot et une collection re-
marquable d'aquarelles de Jongkind. Toutes ces
œuvres sont destinées au Louvre, M. de Ca-
mondo me l'a souvent répété.
» Parmi les peintres plus modernes,- il a su
faire un choix judicieux et de haut goût. Il pos-
sédait une série merveilleuse de Degas, la seule
qui soit aussi complète quinze ou vingt Claude
Monet de tout premier ordre, de très beaux
Sîsley. quelques Pissaro, quelques jolis Manet,
•̃ comme Le Fifre et Le Port de Boulogne, Ré-
cemment, il s'était épris de Renoir et se dispo-
sait à en acquérir une belle série la mort l'a
brutalement arrêté. dans ses projets, mais on
peut affirmer sans exagération qu'il a su réunir
u>ne admirable collection. »
Et, à travers l'admiration de M. Durand-Ruel
pour l'amateur éclairé, perce un regret très vif
pour l'ami si subitement enlevé et qui, il y a
trois jours, était encore venu passer de longues
heures devant les toiles préférées qu'il souhai-
tait d'acquérir.
A •' •'̃ '•"̃
Une autre passion du comte I. de Camondo
fut la musique il savait mener de front les
vastes affaires financières et l'étude de la compo-
sition.Comme musicien,il avait d'abord écrit des
valses qu'exécutait l'orchestre de Waldteuffel
aux soirées officielles de la présidence puis le
goût de la grande musique lui était venu en
allant à Bayreuth. Il écrivit des œuvres sym-
phoniques d'une conception tout à fait mo-
derne. M. Camille Chevillard joua de lui une
évocation orientale très curieuse, Bosphores-
cence, puis un taibleau musical d'une vie fré-
missante, Vers la Montagne. Enfin, en 1906, il
fit représenter avec succès au Nouveau-Théâ-
tre, un drame musical, le Clown, dont M. Vic-
tor Capoul avait écrit le livret le Clown fut en-
suite joué à l'Opéra-Comique, en province et à
l'étranger.
M. I. de Camondo était un fervent abonné
de l'Opéra il avait fondé la Société des Ar-
tistes et Amis de l'Opéra, une société de bien-
faisance pour le petit personnel, et dont il était
le président il donnait une grande partie
de son temps à cette œuvre et la comblait de
ses bienfaits. Sa charité était large et discrète
jamais on n'y faisait appel en vain. C'est un
bon cœur et un cerveau d'une belle organisa-
tion qui disparaissent en la personne du comte
de Camondo.
Le comte I. de Camondo était commandeur
de la Légion d'honneur, grand-officier de la
Couronne d'Italie et décoré de plusieurs ordres
étrangers.
Les obsèques auront lieu demain dimanche,
9 courant, à dix heures du matin. On se réunira
à la maison mortuaire, où des prières seront
dites.
L'inhumation1 aura1 lieu au cimetière Mont-
martre. Ni fleurs, ni couronnes. La famille n'a-
dressant pas de lettres de faire-part, prie de
considérer le présent avist comme en tenant
lieu..
B/oG'Motes Parisien
DENTELLES ET DENTELLIÈRES
Le musée des Arts décoratifs inaugure aujourd'hui atie
nouvelle exposition, celle des travaux de la femme, que
toutes les Parisiennes voudront visiter pour admirer de
i si beaux ouvrages et aussi pour concourir par leur pié-
sence à une œuvre sociale des plus utiles, celle du tia-
ivail des femmes darfs la spécialité qui est le mieux faite
pour leurs mains agiles et délicates, la dentelle.
Il s'agit de propager en France cette industrie toute
personnelle qui peut s'exercer à domicile, par les jeunes
filles et les femmes, sans négliger les soins du ménage.
i 11 faut deux ans d'apprentissage, il est vrai, pour ?aire
i une bonne dentellière, quelquefois plus pour les dentelles
très fines, à l'aiguille; mais plus l'apprentissage est dif-
ficile, plus le travail est ensuite rétribué, et des atelisrs
sont établis partout, par les soins des dames patronnesses
de l'œuvre, pour former les jeunes ouvrières et les ren-
voyer ensuite à leur foyer.
C'est Mlle de Marmier qui a pris cette généreuse ini-
tiative, il y a bien des années, avec M. Lefébure, et de-
puis lors le bon grain a fructifié; deux cent mille ou-
vrières vivent aujourd'hui en France de la dentelle ou y
trouvent une aide aux travaux plus rudes de leur mari.
Pour donner un stimulant à notre industrie nationale,
le comité a décidé d'inviter à cette exposition l'œuvre si-
milaire qui existe en Italie, la patrie de la dentelle, et
rien n'est mieux fait pour montrer, d'une part, l'habileté
de main des Italiennes, et, d'autre part, l'originalité sans
cesse renouvelée de nos dessins.
S. M. Mettmann a mis gracieusement à la disposition
du comité les salles des Arts décoratifs et son concours
personnel, il faut rendre justice au zèle et au dévoue-
ment des organisatrices de cette exposition la marquise
de Ganay, présidente; la comtesse de Néverlée, la ba-
ronne d'Eichtal, Mme Gaston Lecreux, vice-présidentes,
et Mme de Barbarin, membre du ̃comité. Toute l'expo-
sition italienne devra son succès à Mme Tittoni, femme
de l'ambassadeur d'Italie; à la duchesse de Camastra, qui
l'a puissamment aidée, à la comtesse Taverna et à d'au-
tres.1
• '̃̃ A
La politesse jVOudrajt £ue .nous commencions par l'in-
Paul Rocha
~J
viféé, l'Italie; mais nous suivrons, pour le lecteur, I'or3r»
de la mise en place des vitrines, et c'est la France.
Nombreux sont les ouvrages autres -que la dentelle' ff
reliures en cuir repoussé ou travaillé, broderies de tou-
tes sortes, comme un éclatant costume de Minerve, de
Mlle Marie Alix; des travaux sur corne ou écaille; la
dentelle l'emporte cependant sur tout.
Voici l'école de Bayeux et celle d'Argentan, fondées
par M. Lefébure; elles occupent plus de deux mille ou-
vrières. A Argentan, on a ressuscité, en 1874, l'ancien
point de France, et c'est merveille que de voir cette
longue bande de dentelle à petits personnages d'une fi-
nesse incomparable.
L'école de la Haute-Saône fait divers travaux et oc-*
cupe vingt mille ouvrières.
La comtesse de Néverlée expose dans les bas côtés
une chambre d'enfant, complète, avec son berceau, tfl
paravent et tous les petits meubles exécutés sur ses
dessins. C'est une nursery exquise.
L'Œuvre de l'aiguille à la campagne, fondée par Mlle
de Marmier, expose, entre autres choses, un superbe
couvre-lit en dentelle au fuseau, exécuté pour Mme Gi-
rod de l'Ain, membre du comité. Mlle du Puygoudîau
expose une guipure au crochet polychrôme; Mme Ory-
Robin, un curieux paravent d'un dessin très original, fao
derie de ficelle sur fond toile, enrichie d'or, soie et
perles.
On sait ce qu'est l'Adelphi, une œuvre discrète et
admirable, qui commande ou achète et revend des tra-
vaux de femmes qui, dans un état de gêne, veulent ga-
gner leur vie sans se faire connaître. On ne leur de-
mande pas leur nom, si elles veulent le taire. Tout dans
cette vitrine est d'un goût très sûr et très moderne, dans
les genres les plus variés.
ï¥ ••-̃
Le macramé est une grosse dentelle arabe, très résls^
tante, dont l'industrie est récente en France. En voici
un délicieux abat-jour, orné de perles, exécuté par la
générale Derécagaix, membre du comité. Il faut citer
encore les travaux de Mme Poudyser, de Mlle Tirard, de
Mlle Bressac, qui a introduit de Tunisie à Aubenas {Ar-
dèche) l'industrie de la dentelle Gema, et fait exécuter
aussi des tentures et étoffes dont le tissage, la soie tt la
broderie sont faits sur place.
L'école d'arts décoratifs, fondée à Paris par le co-
mité, produit d'excellents dessins pour dentelles et bro-
deries, dont les travaux sont confiés à l'Adelphi. Une
vitrine montre ces très beaux résultats. La comtesse
d'Adhémar expose des guipures qu'elle a faites d'après
ses propres dessins.
La comtesse de Las Cases a créé dans la Lozère, en
1904, avec des professeurs, dans plusieurs villages, la
dentelle au fuseau, dentelle de Cluny, et des broderies
d'après l'ancien.
L'Union des femmes artistes de Bordeaux, dont la ba-
ronne d'Eichtal est la présidente d'honneur, et Mme Sa-
mazeuilh la présidente, expose des broderies sur mousse-
line et des travaux à l'aiguille d'un dessin inédit et très
gracieux; le comité de Bretagne favorise l'industrie des
femmes bretonnes et expose des travaux traditionnels
d'un dessin nouveau et très heureux.
Enfin l'école d'Issoire, fondée par M. Lescure, expose
du point de Venise et du point d'Argentan sur des des-
sins nouveaux.
Impossible de tout dire. Il faudrait un catalogue bro-'
Séries de point coupé, de Mme Bossard, de Rennes;
guipures fleuries de France, genre irlande, par Mme Al-
fred Seringe, qui copie dans son jardin, avec son aiguille,
les fleurs et les dessins de la nature; dentelles de file!
de soie, inaugurées dans le Gard par Mme Roche; gui-
pures d'Irlande, admirablement exécutées en Bretagne
sous le patronage de la marquise de La Ferronnays.
« L'Industrie féminine italienne » a pour présidente!
la comtesse Taverna, et pour vice-présidente S. Exc. Mme
Tittoni. Elle occupe environ cinq mille ouvrières.
Il y a peu de dessins nouveaux dans cette industrie,
mais les anciens sont si beaux qu'on peut les copier
souvent, et les genres varient à l'infini.
Il y a de tout ici, de la dentelle de Palerme, au fil tiré,
du filet de Sardaigne du point écrit, en rouge, sur toile,
point d'Assise, qui copie les dessins de Giotto et rap*
pelle la vie du grand saint; point de Trasimène ou d'Om-
brie, ficelle sur toile, dont le patronage appartient à la
marquise di Sorbello; point de Toscane, filet serré sur
métier point des Abruzzes, dentelle au fuseau, techni-
que unique et dessins anciens, aigles et ornements de la
Renaissance; dentelle au fuseau du Frioul, créée par la
comtesse de Brazza, belle-sœur de notre explorateur du
Congo; point d'Emilie, qui est du point de Venise, pa-
tronné par la comtesse Gavazza; point des Pouilles, sem-
blable au précédent, patronné par la marquise de Vit!
di Marco; tulle brodé de Vérone et de Vicence.
Le comité de Florence, présidé par Mlles Corsini et
Ricasoli, expose un très beau point à l'aiguille, et voici
les admirables points de Venise et de Burano, travaux
patronnés par la comtesse Marcelli.
Le comité de Rome, présidé par 'Mme Tittoni, expose
de très beaux ouvrages de différents genres; l'école de
la comtesse Suardi nous montre des broderies de soie
avec de belles couleurs, et l'école de la comtesse Taverna
du filet brodé de soie d'un très bel effet.
L'école de Toscane est patronnée par la comtesse Cor-
sini, la comtesse Pandolfini, Mme Finali et Mme Ryar-
son. Elle montre de très belles œuvres.
La Scuola Bandera piemontese expose de curieux et
beaux travaux, des toiles blanches brodées en couleur
avec des laines de Saint-Etienne. Les dessins sont
Louis XIV et Louis XV, très heureusement distribués.
Il y a là une tente de jardin brodée par la princesse La>
titia, avec un goût parfait, et une nappe imitant le vieux
Strasbourg.
En Calabre, où le dialecte se ressent de l'albanais, ori
fait encore des broderies albanaises. Il faudrait encore
citer la raffia de Sicile, travail fait avec des filaments
d'arbres; les broderies des Ciociarre, des environs de
Rome, et encore les travaux de Pérouse, d'Arezzo, de
.Forli; mais nous avons hâte d'arriver aux tissus impri-
més sur toile, coton, soie ou tulle, de M. Mariano For-
tuny, fils du grand artiste, neveu de M. de Madrazo,
d'après les dessins vénitiens de la Renaissance ou d'après
des dessins modernes de sa composition. C'est l'imita-
tion parfaite du velours, des tissus lamés d'or ou d'ar-
gent, des soies les plus riches, et le procédé, inventé
par M. Fortuny et exécuté par lui, au palais Orfei, à Ve-
nise, obtient les plus beaux effets jusque dans la toilette
féminine moderne. Tout le fond de la grande salle est
réservé à cette curieuse et intéressante exposition.
̃
On le voit, il y a beaucoup à examiner, et les femmes
expertes en dentelles nous trouveront bien novices en
la matière. Que serait-ce si nous n'avions pas eu l'aide
la plus précieuse et la plus aimable? Tout-Paria
Ites Doeameûts
dérobés
aa Quai d'Omy
RÉALITÉS, HYPOTHÈSES ET INVRAISEMBLANCES
PAR M. RENÉ D'ARAL ]
II est de plus en plus malaisé de se faire une
opinion soir l'impoïtanioe qu'il convient d'attri-
buer à cette ténébreuse affaire. Qu'il y ait ep
détourniement de pièces confidentielles, le fait
est malheureusemeot établi aujourd'hui que
la divulgation de ces documents ait pu causer
ain préjudice à notre diplomatie, ce n'est pas
douteux. Mais sur la nature des papiers déro-
bés, sur l'étendue du préjudice causé, il est im-
possible d'être pour l'instant exactement fixé
parce que d'une part ces pièces ont toutes été
replacées par Rouet, qui se contentait de les
communiquer à Maimon pour qu'il en prenne
copie et qu'on n'a pas tracé dès lors des pièces
divulguées que d'autre part le préjudice causé
ne oeut être évalué tant qu'une tenquête minu-
tieuse, délicate et fort difficile, n'a pas fixé le
juge d'instruction sur l'usage qui a été fait de
ces papiers.
On en est donc réduit aux conjectures, sauf
sur un seul point où la certitude paraît désor^
mais acquise c'est la communication à V'Eve-
ning Times, journal de Londres dont Maimoni
était le' collabctfateur occasionnel, du projet'
d'accord russo-allemand, dont la conclusion fut,
à la suite de cette divulgation, suspendue.
On se souvient de l'incident au moment otf
l'on annonçait que les négociations étaient'
virtuellement terminées entre Berlin et Péter»
bourg, VEvening Times publia, le texte du pro«
jet dflufc il garaftjigiaij! l'a,mm%çM*. Cette Uft
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