Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-05-13
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 mai 1897 13 mai 1897
Description : 1897/05/13 (Numéro 5668). 1897/05/13 (Numéro 5668).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k529889m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/03/2008
PAàis-ËT'
JEUDt t3 MAJ 1M7
31< A~B~ë. S~sërie. N' §666.
ARTHUR MEYER
Dtfc'Mem'
ADM!NiSTRAT~ON
RE~fSEIGKE~~ES~'S
ABOSKEMESIS, PETITES A.tfMomsg
3, rua Dronot, 3
(&n6tt -Ite boutevtrde Montmartre et dM M'iiiST),
ANNONCES
I~&t. CH. LAGRANGrE, CEH-P & f?*
6, PI.K:E DE t.t. BOUP.SB, 6
B<
Let manuscrits ne sont pas rendue
ARTHUR MEY~R
DtrectCMf
MÉOACTtON
BE QUATRE HEURES DU SOtB ;A.DNE -HEPRE DU M&TDt
8, rue broaot,8 2
(Angte des bou)ey-ards Montmttrtre et dea. ttalien*
ABONNEMENTS
l'avis et départements
Un mois. 5fr. Six mois. 27 fr~
Trois mois~ 13 50) Un an. 64 fr.
Etramger
Trois mois (Union postale). 16 &.
Les manuscrits ne sont pas randut
LE PLUS GRANB JOURNAL DU MATIN
CONHENDRA 12 SITRPMSES
~rll&t terrible~ eH'on ne songe pas à s'enéton-
~Ojer. Les coups soudaiâs, les coups immérités,
~lescoups'moralement inexplicables mettent les
esprits dans un: état de désordre profond, et une:
çorte de déséquilibre mental s'empare de tous.
Je ne sais rien de plus comparable à la semaine
dernière que telle ou telle semaine de l'Année
temble.' Gette bataille perdue de la rue Jean-
Goujon a'été une sorte de Sedan de la charité.
~Bataille perdue par des femmes, par des enfants,
par dès êtres frêles et charmants dont plusieurs
furent des héros' dé dévouement, d'abnégation,
de stoïcisme; disons tout simplement de christia-
nisme par conséquent,prenant et tordant le cœur
d'une, étreinte plus rude, .d'une, crispation plus
torturante. Ije tremblemen~d~f.erré de Lisbonne
.produisit un .ejSf~-semËIabTe jsumps pères, et il
ét~unévénëmentloihta.in, plus'iointain é; cette
Bpp~uéqu'il n~ le sëraità là.nôtrë.; ma~~
'.Nemént de.t~rre'~u'4'ma~ ëtaitjno~ était .cHezj
~nous, anoire/port~~en.:nous,;pour~aj
n'y ayant~~e~ëa~~ntTe~ous~ùi'Tï'ëu~s~
'SQnnequi~fûtyictime. i,
~L'impression a été d'une angoisse morne et
~sombre, a yeux fixes et à dents serrées. Les
étrangers n'en ont peut-être pas j ugé ainsi, à
c&use.de nos journaux. La douleur des journaux
'èst~u fond la même que celle des simples parti-:
culiers, qu'on en soit sûr; mais elle Me peM~~ax
'M~to~~ i'a~cMM, avoir les mêmes signes
extérieurs. Les grandes douleurs sont muettes;,
celle des journaux ne peut pas l'être. D'aucuns~
Font trouvée bien abondante en paroles et bien
-diserte. C'est une nécessité. Le public s'étonne-
rait qu'il en fût autrement. Lui a. la douleur
muette et concentrée. Il dit a Quel malheur ) a et
se.tait.Même~il,nedit pas: «Quel malheur!~ »,:
J'ai~vu dés gens s'aborder en disant simplement:
e.Vous savez ) et une réponse muette de la phy-
"sionomie désolée et dés'pas faits en silence, cote
a cote, longuement, le regard à terre..
Mais ce même public, qui a la vraie douleur et
dont la douleur a .les vrais signes, veut, en ou-
-vrant le journal, qu'une voix lui parle, qu'à côté~
,ûes détails, des renseignements, des informations
~multiples, quelqu'un soit, là, l'écho de son émo-
iion intime et lui dise, même avec une certaine~
-expansion, ce que lui, .public, aurait quelque pu-
'~eur a, exprimer. II trouverait sécheresse de
cœur à ce que le journal eut le même silence ac-
?. câblé qu'il a lui-même.
De la un contraste qui ne fut qu'apparent..Au
'fond, 'tant ceux qui avaient la gorge trop serrée
'pour rien dire que ceux dont le devoir était de
dire quelque chose pensaient de même et-se di-
''saient T~ute parole est impuissante, comme
~Butile. ? »'
Et puis ç'&ieté le second Bioment.~qui est-tou-
i luelue-chez les meilleurs, celiii:de-la
I~a douleur se change en colère comme mécani-
quement, comme chimiquement. C'est inévitable.~
L'homme esttelleme)itné pom'\êtr,ë~heureux, ou~
se croittellementné pour cela que-s'il souKre il~
Jfa.ut ,qu'il s'en prenne à quelqu'un. K Ïl'faut bien,~
.après tout, qu'il y ait quelqu'un dont ce soit, la.' i
J faute'? Et l'on s'en prenait un peuatoutle'monde,
?à la mauvaise organisation, à la mauvaise prati-:
~qùe, à la.'ma.uvaise surveillance. H faut bien se'
'.jdire et que; ces récriminations étaient justes, et
qu'elles dépassaient toute mesure et que tous ceux
qui, les, ont faites sentaient vaguement cux-mê-
~mes -quelles étaient Surtout ~eur douleur s'exhà-
;~ant en colère et~he. pouvant pas s'empêcher de
s'exhaler .ainsi et dé trouver dans ce dérivatif une
-.maniere'de']~~rable.consolation. r
~Le <( a.u moins fa.ut-il'que cela ne puisse pas,se
fMnouveler.jamâis lésera, foui ours ditpàr l'iiu-~
'manit6 iiprés'tout désastre, doit'se dire, du reste,
~sept~a; quelque chose,' n'empêche pas que les
.~Tia.iheu'rs -sétehou'. èllent,,en diminue peut-être le
Nombre, surtout est en soi ~une manière de secouer,
assez virilement du reste~ sinon la douleur, du,'
moins: ce qu'il y a de plus accablant dans la. flou-'
leur. Empêcher que la douleur glisse au déses-
poir et s'y écrase, c'est à quoi sert la colère; c'est
f.~ quoi ser vent les'récriminations.
Hors.cela, la récrimination n'est pas seulement
"stérile. Elle est absurde. Il n'y a pas de foule qui~
nësoit en grand danger; iln'y pas de réunion:
qui ne se constitue a elle-même un grand péril.
,Nous sommes dans une grande ville, en perpé-
tuel état d'imprudence. On s'en aperçoit seule-
ment quand la permanente imprudence a produit
un jour son effet. Elle existait la veille, et per-
sonne ne la signalait, ne s'en inquiétait, ne la,
voyait. De tous ceux qui ont crié ~i fort le len-
demain, que le Bazar de la Charité était un
danger public, y en avait-il un seul qui eût, la
veille du massacre~ dénoncé comme danger public
le Bazar de la Charité? Alors, que l'on réfléchisse,
j'en suis; mais que l'on récrimine, on n'y est pas
autorisé.
.La vérité est que nous marchons sur le danger
à toute minute de notre vie, dans une ville comme
Paris, sans compter que pendant que nousmar-
"chohs surlui il plane au-dessus de notre tête.
'Qu'y faire? Eh (beaucoup de choses, autant de
choses qu'on .pourra. jamais des choses qui
soient d'infaillibles remèdes. Et, dono~ne nous
montrons pas les dents après le naufrage.
~?
Ceux qui voudraient une sécurité ~absolue dans
nos grandes cités, qu'ils y réfléchissent, ils ver-
ront qu'au fond c'est le procès de la civilisation
qu'ils institueïit.-On ne courrait pas risque d'être
brûlés vifs par les cinématographes, foudroyés
parles plaques de tramways électriques, in&en-
oies par des fils insidieux d'éclairage également
électrique,, si l'on vivait bonnement «à la façon
.de nos pères B.Eht mon Dieu, c'est certain; et
ce n'est pas moi qui suis tout à fait fâché que ce
fameux ~ro~~ dont tant font les ûers soit dé-
~montré de temps en temps une chose dont il n'y
'à pas lieu d'être fanatique. Mais encore nous
n'avons pas le choix.
La vie urbaine telle que la civilisation l'a faite
':est extrêmement dangereuse'; elle est un péril
permanent. Il faut d'abord le savoir, en être par-
faitement convaincu, ne pas se croire tenu de
l'oublier j)our n'avoir pas l'air d'une vieille fem-
me peureuse; car oublier le danger le redouble;
'il faut ensuite y remédier a.utant que possible,
.d'une attention quotidienne, persévérante, opi-
niâtre; et il faut enfin. s'y résigner, en défini-
tive, quand on a fait tout. pour le conjurer et ne
paa se fâcher les uns contre les autres quand le
péri! permanent et l'imprudence à peu près im-
"manente à chacun de nos actes de civilisés, et à
peu près inévitable, a produit, hélas un de ses
effets.
A ce propos une des paroles les plus sensées
qui aient été dites dans cette semaine fatale, pa-
role contestable pourtant et à laquelle je ne sau-
rais pas, tout compte fait,-me rallier, a été celle-
ci a Après tout, et tout en s'inclinant devant les
martyres'lesplus nobles et lés plus touchantes,
peut-être cette manière brillante et bruyante de
;fan'e la charité n'èst-elle point là meilleure. Elle
'peut avoir, elle a les mêmes effets àSt'eux qui
jusqu'à présent s'étaient produits seulement dans
~es' lieux consacrés au plaisir. La bonne vieille
chanté de main a. main, de personne àjaersonnë ~i
et sans organisation fastueuse et imprudente,
~.a~j)eat-être encore la meineure. c
~eptaiaement, et personne ~ne le sait mieux que
les personnes mêmes qui ont risqué la'mort rue
Jean-Goujon personne ne le savait mieux que
celles qui y ont péri; et personne n'a ~plus et
mieux exercé la vieille charité domestique et in-
time que ie~ unes et lès autres.
Mais que voulez-vous? Est-ce la faute des
charitables si la matière de la charité est énorme
et si les moyens de la charité sont restreints et
s'ils sont immédiatement décuplés par ces procé-
dés mondains, fastueux et imprudents que vous
condamnez. Avouez que c'est bien tentant! Et
quand je dis décuplés, je suis sur d'être au-des-
sous de la vérité. C'est un axiome parmi les
K Bienfaiteurs B. Ou une souscription rapporte
un/une sollicitation organisée à domicile rap-
porte dix, et. une fête de charité rapporte qua-
rante. Est-ce assez tentant? Quand M.Brieux
faisait représenter sa comédie des .B~/tM'~M!
il ne songeait certes pas que le carnage de la rue
Jean-Goujon réfuterait, d'une façon tragique ses
railleries, du reste innocentes et qu'un jour pro"
chain l'on dirait :«EhHès bienfaiteurs! D ar-
rive tout de même qu'ils meurent à l'oeuvre s
mais se rappelle-t-il ~jue le public, même ;popu-
laire, et pour mieux .dire le public, surtout à par-
tir du moment où il est devenu populaire, a visi-
blement résiste à cëtt.e tendance qui consistait à
moquer les travers des «Bienfaiteurs s. Il sem-
blait dire c Eh oui, ils onfdes manies; ils ont
aussi des procédés fastueux de faire le bien;
mais c'est qu'ils s'ingénient, c'est qu'ils c se re-i
-tournent~coinme ils peuvent,c'~st qu'ils essaient.
de toutes les méthodes pour faire/passer un peu
.de l'argent desjiehes~dans~Ia main ~du pauvre.
c~OM; ~.v.
.~G'estprëGisement;"cëla? Les organisâtes étiësr
officiers de ces batailles de" charité, qui ressem-
blent quelquefois à des redoutes, qui sont sou-
vent des victoires et qui, parfois, se tournent en
désastres, sont peut-être, parfois, des fastueux
l'immense majorité sont des gens qui emploient
tousies.m~yens.honnêtes de faire leur métier,
qui est vénérable. Est-ce leur 'faute si Fun des
meilleurs de ces moyens soit la lête de charité ? q
Eh ) non ) Us n'y vont pas comme au plus agré&-
Ne, ils y vont comme au meilleur. Ici encore, ne
récriminons pas.
Mais, désormais, soyons prudents. Réduisons
cette imprudence nécessaire de l'état civilisé où
nous sommes a son minimum strict, à son strict
minimum aussi le danger permanent que notre
brillant état de civilisation comporte. Tâchons,
autant qu'il sera possible, si pareil désastre se
-produisait encore, dé n'avoir de récriminations à
adresser à personne. J'ai dit que cela soulage d'a-
bord, et c'est vrai, mais cela aigrit ensuite, et,
somme toute, ne sert pas à grand/chose.
Douleur d'abord, colère ensuite, cela est dans
J'prdre mais il y a quelque chose de mieux à
étirer de la douleur que la colère, c'est le senti-
ment profond de notre profonde faiblesse, du peu
que nous pouvons contre les brusques explosions
'des forces naturelles et de notre petitesse dans la
main.du sort. De ce sentiment-là on peut tirer
"une sombre désespérance quand on est un peu:
gâté, mais une singulière ardeur de solidarité,
passion de chanté et fougue de concorde pourpeu
qu'on ait le coeur-ferme et l'esprit droit..
Emile Faguet
.< :J
C s p à s s~
GAULptS-GUIDE
A'MJOMrd'tMt
Courses à Longchamps..
Diner-concert, saïïe des fêtes du Grand-Hôte), fr.
vin co:noris*(petites tables).
LA POL!T1QUE
SOCIALISME CHRÉTIEN
=. Lorsque M. le comte de Mun quitta la cuirasse
pour se consacrer à;la question sociale, il avait
un système de pacification auquel il se consacra
c'était le système'des syndicats mixtes. Le syn-
dicat mixte est un syndicat où les patrons et les
ouvriers, le capital, et le travail se trouvent as-
sociés. C'était, croyait M. de Mun et croyaient:
avec lui ses dévoués collaborateurs, le meilleure
moyen de faire cesser tous les malentendus et de
ramener iei-bas'ie règne de la paix, l'âge d'or.
M. de Mun mit au service de cette idée une élo-
quence admirable, une foi ardente, une vigueur
phyaicme.incontestable. En même temps que les
syndicats mixtea, il créa les cercles ouvriers, qui
coûtèrent fort cher aux âmes charitables, éprises
d'un généreux idéal. L'éloquence française leur
dut quelques-unes de ses plus belles tirades, et
l'âme française leur doit quelques-unes de ces
idées qui sont l'honneur de l'humanité.
Ceux qui ont suivi cette campagne, ceux qui y
prirent part même de loin, ceux que les liens
d'une discipline bien douce ont attachés même
momentanément au comte de Mun conservent
comme une relique le souvenir de jeurnées pas-
sées au milieu de l'exaltation des rêves les plus
nobles.
Puis, le temps marcha. Les républicains en
possession d'état adoptèrent les mœurs qu'ils =
avaient tant reprochées aux gouvernements dis-
parus. Les républicains non encore nantis se
mirent à jouer d'un instrument qui servait déjà.
du temps de Platon, et une nouvelle poussée de
la vieille utopie socialiste se manifesta.
Les amis chrétiens des ouvriers eurent peur
d'être devancés et le socialisme chrétien apparut,
avec la démocratie chrétienne, avec tous les
vieux vocables révolutionnaires affublés de l'épi-
thètë chrétienne.
Mais le substantif l'a emporté sur l'adjectif, et
au dernier congrès tenu à Reims il a été décidé
que le comité directeur du parti démocrate chré-
tien ne contiendrait que des salariés.
Que deviennent le système pacificateur, le rêve
conciliateur, le syndicat mixte, la fusion des tra-
vailleur avec les classes élevées ? R
Tout cela est à terre, tout cela est en mor-
ceaux.
M. de Mun le déplore, M. de Mun menace ses
adhérents de jadis de les abandonner.
Et son émoi se comprend, car il doit être bien
dur pour un fondateur d'oeuvres, pour un paladin
parti à la conquête de la paix sociale, de se re-
trouver au bout de vingt-cinq ans, après tant
d'eHbrts et tant d'espoirs, dans la nécessité ,de
s'avouer que toute cette activité, tout cet argent,
ont abouti au néant, ou à peu près, et qu'on a dé-
pensé des millions pourfourniràdes ouvriers le
moyen de jouer au billard. –J. Con~ÉLY.
ËCHOS J~ PARIS
Ayant été les premiers à encourager le grand
mouvement de générosité dont le F'~aro re-
cueille en ce moment le résultat, nous sommes
aussi les premiers à nous réjouir du succès de la
souscription organisée par notre confrère.
Nous nous serions fait scrupule d'apporter le
moindre ralentissement à cet élan charitable en
détournant, au pront d'une idée quelconque, l'es-
prit public du but auquel son attention concou-
rait si utilement.
Le moment approche cependant où nous croi-
rons pouvoir rappeler que nous avons été, dès
le lendemain de la catastrophe du Bazar de la
Charité, les promoteurs'd'une idée à laquelle
nous n'avons pas renoncé.: celle d'une loterie.
Le Bazar de la Charité est une œuvre perma-
nente, dont il ne s'agit pas seulement d'assurer
le présent, mais encore l'avenir, et cela dans des
conditions qui lui garantissent désormais, à
tous les points de vue, la sécurité dont elle a be-
soin.
Nos lecteurs nous approuveront sans nul doute
d'avoir eu. ce souci dès la première heure, et d~ 1
ne -l'avoir point abandonne, comme nous î~ur- er~~
donnerons la preuve incessamment.
Le président de la. république a reçu dans l'a-
près-midi d'hier S.Exc. M. le baron de Moh-
renhëim, ambassadeur de Russie, chargé de lui
remettre une: lettre autographe de S. M. l'Empe-
reur. Voici le texte de cette.lettrë:
TsarsRoe-Selp, 35 a.vril/7 mai.
Monsieur le Président, très cher
et grajid ami,
L'Impératrice se joint à moi pour vous exprimer la.
vivcL émotion que nous a. flit éprouver la catastrophe
effroyable du Bazar de bienfaisance à Paris.
Vous connaissez trop nos sentiments à l'égard de J
la France pour ne pas être assuré de la part profonde
et sincère que nous prenons au malheur qui vient de
répandre tant de deuils navrants et de criielles dou-
leurs dans Paris.
Nous associant de tout cœur à ce que voua devez
personnellemëùt ressentir en présence d'une pareille
épreuve, nous tenons à vous faire parvenir l'écho de
toute notre sympathie, ainsi que celle delà Russie
entière.
Laissez-moi vous renouveler en même temps. Mon-
sieur le Président.'très cher etgrand ami, l'assurance
de mon invariable et sincère amitié.
NICOLAS.
Un grand mouvement se fait parmi les familles
des victimes de l'incendie du Bazar de la Charité
en vue d'élever un monument commémoratif à
ces no Mes victimes.
On s'est .arrêté à l'idée d'une église surle lieu,
même du sinistre, où les familles pourraient se
reunir pour pleurer leurs morts là où elles les ont
-perdus..
Cette église, ne répondrait pas. seulement à
~tte~eusë~eliseë~Dàns ce "vaste qua~tier',41 ?a'~
a que la chapelle des Pères de la C~o&c,qui rein~ `
de grands services mais une église entre Saint-
Pierre de Chaillot et Saint-Philippe du Roule, a
sa place tout indiquée.
Le les mesures qui seront prises pour la réalisation.
de ce projet.
Au cours d'une promenade dans Paris, il nous
a sauté aux yeux. que les bâtons des sergents
de ville commencent à s'user ) I
Entendons-nous, c'est de la jolie laque blanche
dont ils sont recouverts qu'il s'agit. S'être
dressé si souvent devant des nacres et des omni-
bus menaçants, avoir tant de fois protégé la veuve
et l'orphelin, avoir frayé, nouveau bâton de
Moïse, despassages hospitaliers dans une merde
véhicules furieux, c'est assez pour que le bois na-
turel commence à apparaître.
Bientôt, si l'on n'y remédiej'autorité semblera
brandir de vulgaires bâtons de chaise, ce qui
nuira considérablement à son prestige.
Il va donc falloir,,un de ces jours, étaler une
nouvelle. couche'Iaqùée et y rafraîchir les armes
municipales.
A qui incombe ce soin? Va-t-il en résulter une
nouvelle profession bpquillonnesque peintre de
bâtons de sergent de ville? 9
On a annoncé que, le jour delaVachalcaflë~;
une dernière cérémonie serait célébrée-dans Ta
vieille église de Saint-Pierre de Montmartre pour
bénir la jeune et méritante ouvrière, Mlle Mar-
'guefite.StumpD, _qur DersouniSera:IaMuse-.des y
artS"dsms~a' Tété montmaFtroiseaussi quelle Père. Olivier devait prononcer :un dis-
cours a. cette occasion.
De ces deux nouvelles, l'une est prématurée,
le comité n'ayant pas encore l'autorisation ad-
ministrative nécessaire l'autre est fausse et à eu
pour effet de Memunuser le Père OUiviër, qui.s'il
insiste parfois sur le sévère, comprend aussi le
plaisant.
Un colis d'un nouveau genre.
C'est une gigantesque bille de bois qui a
quatorze pieds de diamètre, trois pieds d'épais-
seur et qui pèse neuf mille kilos.
Un navire est chargé d'apporter de Sàn-Fran-
cisco à Londres, pour le compte d'un richissime
Américain, cet énorme morceau de bois, qui est
la pièce a conviction d'un pari.
M. William Waldorf Astor, l'Américain en
question, avait parié de montrer une section ho-
rizontale du trône d'un arbre de Californie d'un
'diamètre assez grand pour qu'elle pût servir de
table a. un banquefde quarante couverts.
` iraient parole et voila pourquoi ce colis inusité
qui vient prouver qu'il est du bois dont on fait
des nùtes de Champagne ) I
BILLET DU SOIR
Des cas d&consciencese soulèvent au sujet des si-
tuations faites aux œuvres par la souscription organisée
pourtour venir en aide.
On sait que te Bazar n'étant ouvert que depuis deux
jours, nombre de quêtes n'avaient pas encore envoyé
leuroBrande.Là question dé. savoir s'ils doivent ta
'faire parvenir à ta dame quêteuse-s'est déjà .posée.
Nous îtvons tu une lettre circulaire où une dame ex-
prime t'espoir qu'ette recevra la souscription sollicitée
par elte absolument commB s'it n'y avait pas eu d'in-
cendie.
H nous semble qu'i) y a ta une méconnaissance de
la situation. La charité privée ayant donné à chacune
des œuvres la somme intégrale dentelles ont besoin
pour 1897, it n'y a pas tieù, pour tes dames patronnes-
ses, d'insister auprès des quêtes, d'autant ptus que ces
derniers ayant certainement souscrit de leur côté, it
y aurait ta double emploi.
Du reste, en thèse générale, te zèle des quêteuses en
ce moment aurait tort de trop se manifester. Un grand
effort ayant été accompli par ta générosité parisienne,
it faut laisser reposer ce mouvement si t'oc veut éviter
que l'année prochaine les quêtes ne se déctarent hors
d'état de faire quoi que ce soit.
Quant aux ventes dans un tocat ctos et couvert, ce
printemps.du moins, it n'y iaut pas songer. L'échec qui
leur serait réservé rejaillirait même sur tes ventes de
bienfaisance quelles qu'eHés soient. Je ne jurerais même
pas qu'aujourd'hui, même dans un jardin, au cas où le
temps se remettrait au beau, des comptoirs seraient
assurés d'un achalandage. Mesdames tes quêteuses,
vous avez tout intérêt à attendre l'an prochain. Ecou-
tez votre intérêt, qui est cetui des pauvres.
L'Exposition internationale de Bruxelles a en-
6n été ofnciellement ouverte lundi, en pré-
sence des ministres, du corps diplomatique, des
corps constitués et de nombreux invités.
Comme presque toutes les grandes premières,
savez-vous, celle-ci a eu du mal à commencer,
mais à présent que le rideau est levé, souhaitons
lui, pour une fois, un grand succès.
Au seuil de la section française des beaux-arts
se tenait M. Roujon, directeur des beaux-art~,
délégué par M. Rambaud, ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, à, qui le~Rqià*
adressé quelques mots aimables, s'excusant de
ne pas examiner cette fois les œuvres des at-tistes,
français qui méritent entre toutes une visite ap-
profondie.
Grands saluts et petits sourires: l'Exposition~
de Belgique est le dernier salon où l'on cause.
Af~6fùtMLondres en ce moment, et l'acteur anglais sir
Henry Irving, y joue, dit-on, l'Empereur.
comme un roi
M. Sardou n'a pas cru pouvoir mieux lui ex-
primer sa reconnaissance qu'en lui faisant cadeau
de l'encrier qui lui a servi à écrire son amu-
sante comédie.
Sir Henry Irving fera bien de surveiller avec
soin le précieux bibelot s'il ne veut pas que ses
compatriotes, au cours de leur visite, n'en cas-
sent chacun un petit morceau dès qu'il aura le
dos tourné.
L'exposition de la « Vie de Jésus-Christ a, de
Tissot, s'est ouverte silencieusement à la galerie
~etit, en raison de la catastrophe du Bazar de la.
Charité.
Néanmoins, chaque jour e!!e reçoit la visite de
ceux qui s'intéressent aux choses de l'art et qui
soja~t desirBux4~dmif~r~uarellésd~ )
et les reproductions si étonnantes de vérité.
"et les p ét~nna~~esde r1t
On est souvent embarrassé pour onrir un ca-
deau de mariage vraiment agréable et ne se ré-
pétant pas. En visitant les créations de petits
meubles artistiques tels que bureau de daine,
casier à musique, table à jeu et à thé, meubles
étageres, sièges de fan-taisie, jardinières, etc.,
édités par Perrët-Vibert, 33, rue du 4-Septembre,
le choix devient facile. Cette~ maison possède
aussi le plus beau choix de bronzes, porcelaines
et curiosités anciennes de tout Paris.
C'est aujourd'hui qu'a lieu à la galerie Georges
Petit, rue de Sèze, la vente de tableaux moder-
nes comprenant la collection de M. X. Les pein-
tres vivants les plus appréciés y figurent avec
des œuvres charmantes, à côté des maîtres de
l'école de 1830, et il faut s'attendre à des enchères
très animées, si l'on en juge par le succès des
deux jours d'exposition.
Le mouvement continue plus que jamais d'être
au Casino de Paris. Et il faut convenir que, par r
les soirées plutôt froides qu'en ce moment nous
subissons, le hall de la rue Blanche est encore,
après le dîner, le plus agréable des refuges. Joi-
gnez a cela l'agrément d'un très joli spectacle.
On peut dire certainement queMM.Borneyet
Desprez sont des managers heureux.
Le programme complet des fêtes de la saison
de Spa vient de paraître. Le Cercle du Casmoa
encore fait royalement les choses en effet, plus
d'un demi-million est an'eçté aux amusements
divers destinés à l'aristocratie cosmopolite qui.
tient, chaque année "SM assises .à Spa. J
Evian-Ies-Bains:
C'est le 15 mai que l'établissement de la source
Cachât ouvrira ses portes à ses ndèles'visiteurs.
La coquette station de la rive française du lac
Léman s'est rajeunie par une toilette qui sera le
clou de la saison 1897.
A. travers les livres
Sous ce titre: ~t~~n~~we, M. Anatole
Leroy-Beaulieu publie la conférence qu'il a pro-
noncée à l'Institut catholique. La question est
traitée avec une grande élévation d'idée et la plus
haute impartialité.
L'exquis et vigoureux poète des matelots, Yann
Nibor, publie chez .Ernest Flammarion un nou-
veau volume de poésies à dire C~M <se retrouvent, sous un autre jour, toute la maî-
trise et toutes les qualités qui caractérisent ses
précédents livres JVo~ Ma~~o~ et C/KMMo?M e~
jRect~ ~e couronnés par l'Académie fran-
çaise. L'ouvrage est très arlistement illustré par
le peintre de marine Jobert. ·
NOUVELLES A LA MA!N
L'omnibus est au complet.
Un gros~monsieur se présente à la portière,
cherchaht-dës yeux une place.
Ne cherchez pas, monsieur, lui ditobli-
~geamment une dame assise près-de-1'entrée, vous
-n~yezpas.de-quoi vous asseoir..
'cardon, j% Bien de quoi m'asseoir, seule-
ment recherche où le mettre.
Un Domino
LA VOSX OU FEU
Or, les pauvres, le corps a demi nu, mâchant
Leur faim, tremblants de froid ou de fièvre, et marchant
A travers l'épaisseur des ténèbres hostiles,
S'en allaient vers les ponts pourdormirsous tes,pites,
Vers ies remparts, vers les gremers et les taudis,
Louches, se sentant seuts, abandonnes, maudits,
révoquant leur naissance et détestant leur race
Sournoisement, la mort les suivait a la trace,
Sachant à qui ces corps allaient appartenir,
Et les pauvres tendaient leurs poings vers t'avenir
<: Jours futurs t Jours prochains qui guettez votre proie,
J'attends tVitle de la misère et de ta joie,
Cité des riches, & Paris,
N'entcnds-tu pas ma voix et ce que je reclame,
Et faudra-t-il toujours du sang et de !a namme
Pour que l'on discerne mes cris?
Yitte-de fête, ovitte énorme et triomphante,
Regarde vers la nuit que ta lumière enfante,
Je suis l'ombre de ta clarté l~
Je suis ton Sis, ta chair pantelante, et qu'on foule,
Jë~suis ta chair qui sonnre, et lorsque mon sang coûte
C'est d'une plaie à ton cûtët I
a Quand j'ai trop froid, je vais me blettir sous une arche,
Quand j'ai trop faim, je mets~ mon desespoir en marche
Et je mets ma honte a genoux
Les plus riches d'ici dorment dans ta mansarde,
Et par les trous du mur ta tune tes regarde
'De ses rayons blancs comme nous.
Ma nevre a tes yeui secs et les lèvres amëres
Mes enfants, anamesdës te ventre des mères,
Sont morts avant que d'être nés
Et s'ils naissent, c'est pour rater sur un sein vide
Et pour tendre vers moi ta prière livide
De leurs petits bras décharnés.
On m'a fermé le ciel en m'ouvrant la géhenne t
Les dieux que j'oubliais ont oublie ma peine
Et se détournent de mes maux.
Ni fleurs ni dieux t Je suis l'éternel solitaire
J'ai semé ma douleur et rien ne sort de terre
Que des formules et des mots
? La mort n'est même p!us la Cn de ma souffrance
« Vous qui pénétrez là, laissez toute espérance a
Et voila tout ce qu'on m'a dit.
Mon cœur fane n'a p!us l'amour d'aucune aurore
J'ai doute trop longtemps pour oser croire encore
Et je suis tas d'être un maudit
a Et je ne veux plus vivre et c'est trop de torture
C'est trop long d'être un homme, et t'attente est trop dure
De ta justice ou du trépas) J
H faut unir Et toi, marâtre humanitaire,
Ne dis plus que tu tiens te (lambeau de la terre,
Si tu ne me regardes pas t
Ators, te vent chassa des galops de fumées,
Et dans un tourbitton de feu, des voix aimées,
Voix lointaines, des voix blondes, pâtes, des voix
De femmes et des voix d'enfants, voix d'autrefois,
Des voix mortes que f'on n'entendra plus sur terre
Et qui disent aux voix vivantes de se taire,
Des voix montaient en choeur dans un ciet de printemps,
Eites montaient comme un cantique, hors des temps,
Vers t'aube, s'envolant à la lueur, des cierges
Donthdamme était fajte avec la chair des vierges,
Et tes voix proferaient en s'éloignant vers Dieu
<- 0 Pauvre, c'est un chant d'amour qui sort du feu t
Pauvre, tu n'es passent a saigner par ta vie!
Nul n'est assez béni du sort pour qu'on l'envie,
Et si tu regardais dans l'âme des heureux,
0 paria, c'est toi qui gémirais sur eux ) I
suffit d'être ne pour valoir qu'on vous ptaignc! l
Chaque être qui s'agite est un rêve qui saigne*)
Quiconque vit, l'angoisse a ptoyé s&s genoux
Ayez pitié les uns des autres, aidez-vous
Voici le Dieu qui vient vers ta détresse humaine
Parmi tes rosés et les patmes qu'it ramène,
H s'avance au milieu des peuples apaisés
Son pas chante comme un murmure de baisers;
Voici te dieu bénin des époques prochaines,
Dieu de fraternité qui va briser les chaines,
Messie, et disperser tes ctaméurs du courroux,
Et broyer tes canons avec son geste doux
L'Amour, qui ne veut plus des guerres, et qui passe,
Les yeux pleins de pardons, tes mains pleines de grâce,
Pour accomplir par nous les œuvres de demain ) l
L'Amour qui veut qu'on s'aide et qu'on s'offre la main,
Et qui descend vers vous en marchant sur nos têtes,
Pour mettre un coin du ciel sur la terre où vous. êtes t <
Edmond Har&ucourt
P~MmMmrajmsr
LE NOM DU DONATEUR
On a beaucoup cherché le nom du généreux
donateur qui d'un coup a voulu compenser la.
perte que représente pour les œuvres la catastro-
phe du Bazar de la Chanté.
Peine.perdue. On s'est égaré sur différents
noms. On ne saura rien parce que l'âme chré-
tienne qui a si largement ouvert sa bourse n'a
songé qu'à faire le bien et ne veut pas être con-
nue. Elle a demandé le secret, que connaissent
seuls le baron de Mackau et M. Dufaure, et le se-
cret est bien gardé.
Ce que nous pouvons dire d'après des informa-
tions certaines, c'est comment les faits se sont
passés.
Le lendemain même de la catastrophe, mer-
credi soir, le baron de Mackau recevait une lettre
dans laquelle une personne qui signait de son
nom, mais qui était totalement inconnue de celui
à qui elle écrivait, annonçait au président du co-
mité du Bazar son intention de donner aux œu-
vres une somme égale à celle qu'on avait recueil-
lie l'année dernière, aûn que~es pauvres ne souf-
frissent pas de ce désastre.
Au premier moment, M. de Mackau fut trop
surpris pour ajouter foi à cette promesse. C'était
presque un million à donner. Un million c'était
trop beau. On ne pouvait annoncer la nouvelle
sans savoir ce qu'iL en était.
Le baron de Mackau avait beau relire la lettre,
il ne connaissait .ni l'écriture ni la signature.
.N'était-ce pas une mystification, et une mystin-
cation des plus cruelles? 9
Par prudence, M. de Mackau ne parla a per-
sonne de cette lettre, et chercha discrètement des
informations sur te signataire de la lettre.
Il en était la de ses recherches nécessairement
lentes quand, le vendredi, il reçut la visite d'un
intermédiaire connu de lui, venant chercher la
réponse et demander le chinre de la somme à
verser.
La réponse mais c'est donc vrai ? 4
Tout ce qu'il y a de plus vrai.
Mais c'est presque un million à donner
On le donnera.
Sans conditions ?
Une seule le secret le plus absolu sur le
nom du donateur.
H fallut se rendre à l'évidence. M. de Mackau
exprima ses sentiments de reconnaissance et con-
voqua lé comité pour le lendemain samedi. Jus-
que-là il ne pouvait prendre aucune décision et
il pensait que le mieux était de ne pas arrêter à
son début la souscription ouverte par le -P~sro.
Le comité était réuni samedi quand on an-
nonça la visite du cardinal-archevêque de Paris.
Peut-être savait-il?. Le cardinal ne savait
rien et sa surprise fut une consolation dans de si
tristes circonstances. H bénit la Providence qui
inspire de tels sacrinces, mais le secret fut gardé
pour lui comme pour les membres du comité.
On se décida cependant à publier le fait et le
public en eut connaissance lundi matin.
Et, maintenant, sait-on quand M. de Mackau a
vu pour la première fois de sa vie la personne
qui a donné le million?
Hier soir, ~as plus tôt .qu'hier soir, cette per-
sderniers détails de' la question.. On sait que la
somme promise sera donnée,par versements suc-
cessifs, dans l'espace de quatre mois.
Il faut donc en prendre' son parti, on ne saura
jamais rien de plus.
Jean Régjuer
~c-M P~/s/e~
UN mM)ME PR)NC!ER
H eut )ieu sur cette terre d'Italie où ie duc d'Aumate
est venu mourir. Souvenir d'une grâce mélancolique,
touchant à rappeler en ce moment où les dépouiiies
mortelles de i'titustre défunt traversent te doux pays
de Virgile, en route pour Ja France. C'est à Naples que
te mariage eut lieu, en grande pompe, dans ta chapelle
du palais royal.
Un des rêves de la reine Marie-Amène avait été de
marier ses enfants à des membres de cette maison des
Bourbons de Naples dont ette était issue. Deux ou
trois projets caresses par ta Reine dans cet ordre d'idées
avaient échoué par suite de circonstances imprévues. II
était donné au duc d'Aumate de réaliser le voeu ardent
de son auguste mère.
C'était en i8~3. Le jeune prince, irrésistiblement attiré
vers cette Italie dont, plus que tout autre, il allait sen-
tir et comprendre les beautés, résolut de se rendre à
Naples auprès de son cousin germain, te roi Ferdi-
nand A Turin, il fut reçu de la façon la plus cordiale
par Chartes-Albert, qui, appréciant grandement ,les ta-
tents militaires du jeune prince, avait ordonné que des
manœuvres eussent lieu en son honneur. A Savone,
même accueil de sa tante la reine Christine. A Rome,
te Pape tui accorda plusieurs audiences et se sépara de
fui en tui oSrant une précieuse mosaïque. C'est dans
ces conditions qu'il arriva à Naptes, où ie roi Ferdi-
nand H mita sa disposition te palais de Chiatamonte.
Leducd'Aumale n'eut qu'a,paraître pour ptàire. Sa
bonne grâce, son esprit, son enjouement, son tact firent
merveille à la Cour.
Ce fut une séduction. Parmi tes princesses, une sur-
tout demeura sous le charme du jeune conquérant. Sa
cousine, la fille du prince et de la princesse de Salerne,
ta princesse Marie-Carotine-Auguste desbeux-Sicites.
Elte avait particulièrement-ptu au duc d'Aumalë, séduit
de prime abord par ta grâce et tes hautes qualités mora-
tes de la jeune princesse. !t désira l'union ardemment
sans se douter que c'était également le vœu de la fa-
mi)le royale. Mais i.'accuei) qu'il reçut fut têt qu'au
bout d'un séjour d'une semaine, it comprit qu'it n'avait
plus qu'à faire sa demande. Si le bonheur est vraiment
de ce monde, le due d'Aumalë connut ta te bonheur.
Mais ie mariage ne devait avoir lieu que l'année sui-
vante.
C'est à cette époque que te duc deMontebetto,S!s
aîné du maréehat Lannes et ambassadeur de France à
Naptes, écrivit à M. Guizot Mgr le duc d'Aumate, tes sentiments du roi de Naptes
et ceux de toute sa famitte, loin de se démentir, se sont
montrés chaque jour d'une manière ptus satisfaisante, et
t'aft'ection que le prince a su inspirer au Roi et à ta fa-
mitte royate a donné à l'accuett qui tui avait été pré-
paré un caractère tout particulier. En résumé, lèse-
jour du prince a été depuis le premier moment jusqu'au
dernier tout ce qu'i) était possible de désirer. Le
Roi lui a fait un accuei) tout à fait sans exempte,
et jamais aucun prince des fami!!es régnantes en Eu-
rope n'a été reçu comme vient de t'être Mgr teduc d'Au-
mate. Cet accueit a été au deià même de ce que Sa Ma-
jesté sicilienne s'était proposé. EHe avait voutu nous té-
moigner combien ette attache de prix à ses relations de
famitte. EHe avait voulu prouveraussi au gouvernement
du Roi sa reconnaissance et son désir de marcher étroi-
tementavectui;toutcet~ était arrêté à t'avance dans
sa pensM, mais ce qui ne t'était pas, c'est cet abandon,
cette cordialité expansive que Mgr te duc d'Aumate a su
provoquer par son naturel aimable.~
Mais te duc d'Aumate voûtait gagner de nouveaux
gâtons avant de conduire sa jeune fiancée à l'autel. Et
il se rendit en Algérie, où it fit de nouvelles prouesses.
Aux derniers mois de l'année suivante, it quittait Cons-
tantinc pour alter embrasserie Roi et ta Reine au château
d'Eu, et it se dirigeait ensuite vers Naples pour épou-
ser ta jeune princesse des Deux-Sicites. Il était accom-
pagné du prince de Joinvitte et d'une suite où t'on re-
marquait Al. Cuvittier-Fteury, la comtesse' de Saint-
Mauris et ta comtesse de Coit6er d'Effiat, nommées,
l'une dame de compagnie, et l'autre lectrice delafu-
ture duchesse d'Aumate.
M. le baron tmbert de Saint-Amand, l'historien à ta
documentation si précise et si riche, qui a racoité tes
joies et tes tristesses de ta famille royale avec taat d'élo-
quence et à qui nous devons ces intéressants détails,
nous a. fait suivre presque jour par jour tes manifesta-
tions de sympathie et tes réjouissances auxquelles le
mariage du duc d'Aumaie donna lieu. Le soir de
l'arrivée des deux jeunes princes français à Naptes, à
bord du Gosier et du jLa<'ro~or, te roi Ferdinand.averti
au théâtre Sas-Carto de leur arrivée, quitta te spectacle
et se rendit au palais de Chiatamonte pour recevoir ses
botes. Pl
A quelques jours de ta, te mariage du duc d'Aumate
était célébré dans ta chapette du patais royat, au mitieù J
de ta joie universelle. La ville, pavoisée et Seurie, sou-
n&it comme en ùa grand jour de fête; Les témoins (tu ]
~duC~A~mat.e,Durôshel et l'amiral Parseval-DëschMaes..
M. le baron imbert de Saint-Amand nou;te rappelle,
.au moment où l'archevêque de Leucosia donnait ta bé-
nédiction nuptiale, tousies vaisseaux en rade de Naples,
et'notamment tes vaisseaux anglais envoyés de Malte
par l'amiral sir'Robert Owen, joignirent teurs salves
d'artillerie aux satuts de l'escadr.e.française. Le soif, ta
ville fut illuminée. Le théâtre de San-Carlo donna une
représentation de gâta. Deux jours après, Le Roi et ta
famille royale étaient reçus à déjeunera bord du Gomer
par le prince de Joinvi[[e et le duc et ta duchesse d'Au-
mate. Le soir, il y eut au patais royal un grand bat ou-
vert par le Roi avec ta duchesse d'Aumate, par te prince
de Joinvitte avec ta Reine, par te duc d'Aumate avec tt
princesse Caroline.
Le surlendemain, it y eut chasse au sanglier à Ca-
serte et te soir bat offert au duc et à ta duchesse d'Au-
mate par ta noblesse napolitaine. Le lendemain, le duc
de Montebetto donnait un grand bat à l'ambassade de
France. Deux jours après, te duc et ta duchesse d'Au-.
mate et te prince de Joinvilte faisaient leurs adieux au
Roi, à la famille royale et à ta société de Naples, et
s'embarquaient à bord du Gomc?', en route ponr la
France.
Le steamer n'était pas plutôt parti que te duc de
Montebetto écrivait à M. Guizot: < Le mariage de M. te
duc d'Aumate a produit te plus heureux eSet, et te&
personnes-tes moins empressées à te reconnaître n'ont
pu s'empêcher d'être frappées à ta vue de l'union chaque
jour plus intime des deux familles royales et des deux
nations. Ces sentiments se sont manifestés d'une ma-
nière évidente dans tes fêtes qui ont suivi te ma-
riage
Ces fêtes allaient se poursuivre en France. Marseille
se pavoisa et prépara des illuminations pour-rëcevoir
te jeune couple princier. Ce ne furent qu'arcs de: triom-
phe, décorations de toute sorte, aux.coule.urs.françaises
et napolitaines, guirtand.e.s et bouquets. Hélas ) notre
plume tremble et s~arrête. Un de ces fêtes. Le duc d'Aumate va rentrer encore une
fois en France venant du beau pays ensoleillé, mais
pour toujours cette fois, enseveli dans te sommeil du
juste. Dieu seul est grand.
Tpnt-P&ris
LES FUNERAILLES
DU
~98~ F~'i~BNM~B S*
UUC BMU~~LE
Palerme, 13 mai.
Pendant tout le temps que le cercueil est resta
exposé au palais, dans la chapelle ardente, la
foule n'a pas cessé de dénier.
La famille royale, très touchée de ces démons-
trations, a remis à la municipalité, pour les pau-
vres de la ville, la somme de dix mille francs, au
nom du duc d'Aumale.
Ce matin, à huit heures et demie, le clergé est
arrivé au palais pour procéder à la levée du corps.
Les troupes sont sous les armes elles forment
la baie le long des rues Victor-Emmanuel et Mac-
queda, que doit traverser le cortège. Des déta-
chements prennent position devant le palais pour
escorter le convoi.
La foule se presse dans les rues et aux balcons
des maisons. Toutes les écoles sont en congé en
signe de deuil. La plupart des magasins sont: fer-
més.
A neuf heures vingt-cinq, le cercueil quitte le
palais et le convoi se dirige vers l'église Saint-Jo-
seph, dans l'ordre suivant:
Un escadron de cavalerie, la musique du 62~ de
ligne, le général de division Boscati, comman-
dant les troupes, ancien camarade d'école et d'ar-
mes du duc de Chartres deux bataillons d'infan-
terie avec le drapeau, la musique municipale, lea
sergents de ville, des laquais portant le gdnfalon
de Palerme, les corporations religieuses, le clergé
de la chapelle palatine, les évêques Mgr di Gio-
vanni et Mgr Daddi, et les instituts dont le duo
d'Aumale était le bienfaiteur.
Vient ensuite le cercueil placé sur unan'ût de
canon orné de velours noir et traîné par six che-
vaux conduits par des artilleurs. Le cercueil est
re.couvert~du drapeau français sur lequel on a
placé des palmes et des branches de chêne.
Autour du cercueil, les employés du palais et
ceux de Zucco, et deux pelotons de carabiniers à
droite et à gauche.
Les cordons du poêle étaient tenus par le comte
Godronchi, ministre, commissaire civil extraor-
dinaire pour la Sicile le général Dal, comman-
dant le 13" corps d'armée le président de la cour
de cassation, le procureur général, le baron Rous-
seau, consul de France un sénateur, un député
et le syndic de Palerme.
Derrière le cercueil, Monsieur le duc d'Orléans
s'avance seul, suivi du duc de Chartres et du
prince Pierre d'Orléans-Bragance et ensuite, la
duc de Luynes, le duc Decazes, le marquis de
Beauvoir, le vicomte de Bourqueney, M. Bucan
et le docteur Toupet.
Puis les autorités de Pal erme, l'aristocratie, la
colonie française qui a offert une ma,gninque cou-
ronne.
Un colonel italien représente le ministre de la
guerre il accompagnera le corps jusqu'à Mo-
dane.
Derrière le corps consulaire en grand unifor*
me, marchent tous les ofûciers de la garnison.
Deux prolonges d'artillerie sont chargées de
couronnes données par le marquis di Rudini.pré--
sident du conseil; par le municipe de Palerme,
par la princesse Torrenuzza-Fioho, par le prince
Scolea, la princesse Trabia et d'autres personnes.
Dans des voitures fermées, les princesses et
leur suite.
Le cortège est fermé par deux pelotons de-ca*
rabiniers, un bataillon du 62" de ligne, une batte-
rie d'artillerie et trois pelotons de cavalerie.
Le spectacle est imposant.
A dix heures cinquante, le convoi arrive à
l'église Saint-Joseph, et le cercueil est porté è
l'intérieur de l'église.
L'église.Saint-Joseph était drapée dans le styla
italien. La nef centrale était tapissée de tentures
noires avec des bandes blanches sur lesquelles
se détachaient l~s armoiries de la Maison de
France elles étaient ornées de festons aux cou-
leurs françaises.
Devant le grand autel s'élevait le catafalque,
haut de quinze mètres, large de dix, et surmonté
de Sgures allégoriques représentant la Foi, l'Es-
pérance et la Charité.
Le devant du catafalque était décoré de colon*
nés corinthiennes avec fronton grec.
Le cercueil a été placé dans un sarcophage re'
couvert de velours rouge à franges d'or.
Le cardinal' Celesia, archevêque de Palerme,
âgé de quatre-vingt-trois ans, n'a pu assister à là
cérémonie il a été remplacé par Mgr Lanua di
Brolo, archevêque de Monreale, qui, avec Mgf
di Giovanni et Mgr Daddi, a donné les ab'
soutes.
Dans le chœur, soixante-dix prétrt's avaient
pris place.
La cérémonie religieuse a été très courte.
A onze heures quinze, le cortège se mettait en
route pour la gare, dans le même ordre, et le cer-
cueil était transporté dans le wagon-cbapelle du
train spécial dans lequel les princes et princesses
et leur suite ont pris place.
Le train est parti à midi vingt, au milieu de
l'émotion générale, les troupes présentant les ar-
mes.
EeggM, 13 mai.
Jamais nous n'oublierons cette journée si
pleine d'émotions, les hommages rendus à la mé-
moire du duc d'Aumale par toute une population,
par l'armée, par les représentants du gouverne-
ment italien qui a dépassé tout ce que nous pou-
vions attendre de sa courtoisie et de son affec-
tueux hommage.
Le train spécial a été salué au passage, de Pa-
ïenne à Messine, par les populations massées la
long de la voie et par les petites garnisons, qui
présentaient les armes.
A Messine, le corps a été:transporté du tram &u
bateau spécial qui devait nous conduire à. Rég~lo.
JEUDt t3 MAJ 1M7
31< A~B~ë. S~sërie. N' §666.
ARTHUR MEYER
Dtfc'Mem'
ADM!NiSTRAT~ON
RE~fSEIGKE~~ES~'S
ABOSKEMESIS, PETITES A.tfMomsg
3, rua Dronot, 3
(&n6tt -Ite boutevtrde Montmartre et dM M'iiiST),
ANNONCES
I~&t. CH. LAGRANGrE, CEH-P & f?*
6, PI.K:E DE t.t. BOUP.SB, 6
B<
Let manuscrits ne sont pas rendue
ARTHUR MEY~R
DtrectCMf
MÉOACTtON
BE QUATRE HEURES DU SOtB ;A.DNE -HEPRE DU M&TDt
8, rue broaot,8 2
(Angte des bou)ey-ards Montmttrtre et dea. ttalien*
ABONNEMENTS
l'avis et départements
Un mois. 5fr. Six mois. 27 fr~
Trois mois~ 13 50) Un an. 64 fr.
Etramger
Trois mois (Union postale). 16 &.
Les manuscrits ne sont pas randut
LE PLUS GRANB JOURNAL DU MATIN
CONHENDRA 12 SITRPMSES
~rll&t terrible~ eH'on ne songe pas à s'enéton-
~Ojer. Les coups soudaiâs, les coups immérités,
~lescoups'moralement inexplicables mettent les
esprits dans un: état de désordre profond, et une:
çorte de déséquilibre mental s'empare de tous.
Je ne sais rien de plus comparable à la semaine
dernière que telle ou telle semaine de l'Année
temble.' Gette bataille perdue de la rue Jean-
Goujon a'été une sorte de Sedan de la charité.
~Bataille perdue par des femmes, par des enfants,
par dès êtres frêles et charmants dont plusieurs
furent des héros' dé dévouement, d'abnégation,
de stoïcisme; disons tout simplement de christia-
nisme par conséquent,prenant et tordant le cœur
d'une, étreinte plus rude, .d'une, crispation plus
torturante. Ije tremblemen~d~f.erré de Lisbonne
.produisit un .ejSf~-semËIabTe jsumps pères, et il
ét~unévénëmentloihta.in, plus'iointain é; cette
Bpp~uéqu'il n~ le sëraità là.nôtrë.; ma~~
'.Nemént de.t~rre'~u'4'ma~ ëtaitjno~ était .cHezj
~nous, anoire/port~~en.:nous,;pour~aj
n'y ayant~~e~ëa~~ntTe~ous~ùi'Tï'ëu~s~
'SQnnequi~fûtyictime. i,
~L'impression a été d'une angoisse morne et
~sombre, a yeux fixes et à dents serrées. Les
étrangers n'en ont peut-être pas j ugé ainsi, à
c&use.de nos journaux. La douleur des journaux
'èst~u fond la même que celle des simples parti-:
culiers, qu'on en soit sûr; mais elle Me peM~~ax
'M~to~~ i'a~cMM, avoir les mêmes signes
extérieurs. Les grandes douleurs sont muettes;,
celle des journaux ne peut pas l'être. D'aucuns~
Font trouvée bien abondante en paroles et bien
-diserte. C'est une nécessité. Le public s'étonne-
rait qu'il en fût autrement. Lui a. la douleur
muette et concentrée. Il dit a Quel malheur ) a et
se.tait.Même~il,nedit pas: «Quel malheur!~ »,:
J'ai~vu dés gens s'aborder en disant simplement:
e.Vous savez ) et une réponse muette de la phy-
"sionomie désolée et dés'pas faits en silence, cote
a cote, longuement, le regard à terre..
Mais ce même public, qui a la vraie douleur et
dont la douleur a .les vrais signes, veut, en ou-
-vrant le journal, qu'une voix lui parle, qu'à côté~
,ûes détails, des renseignements, des informations
~multiples, quelqu'un soit, là, l'écho de son émo-
iion intime et lui dise, même avec une certaine~
-expansion, ce que lui, .public, aurait quelque pu-
'~eur a, exprimer. II trouverait sécheresse de
cœur à ce que le journal eut le même silence ac-
?. câblé qu'il a lui-même.
De la un contraste qui ne fut qu'apparent..Au
'fond, 'tant ceux qui avaient la gorge trop serrée
'pour rien dire que ceux dont le devoir était de
dire quelque chose pensaient de même et-se di-
''saient T~ute parole est impuissante, comme
~Butile. ? »'
Et puis ç'&ieté le second Bioment.~qui est-tou-
i luelue-chez les meilleurs, celiii:de-la
I~a douleur se change en colère comme mécani-
quement, comme chimiquement. C'est inévitable.~
L'homme esttelleme)itné pom'\êtr,ë~heureux, ou~
se croittellementné pour cela que-s'il souKre il~
Jfa.ut ,qu'il s'en prenne à quelqu'un. K Ïl'faut bien,~
.après tout, qu'il y ait quelqu'un dont ce soit, la.' i
J faute'? Et l'on s'en prenait un peuatoutle'monde,
?à la mauvaise organisation, à la mauvaise prati-:
~qùe, à la.'ma.uvaise surveillance. H faut bien se'
'.jdire et que; ces récriminations étaient justes, et
qu'elles dépassaient toute mesure et que tous ceux
qui, les, ont faites sentaient vaguement cux-mê-
~mes -quelles étaient Surtout ~eur douleur s'exhà-
;~ant en colère et~he. pouvant pas s'empêcher de
s'exhaler .ainsi et dé trouver dans ce dérivatif une
-.maniere'de']~~rable.consolation. r
~Le <( a.u moins fa.ut-il'que cela ne puisse pas,se
fMnouveler.jamâis lésera, foui ours ditpàr l'iiu-~
'manit6 iiprés'tout désastre, doit'se dire, du reste,
~sept~a; quelque chose,' n'empêche pas que les
.~Tia.iheu'rs -sétehou'. èllent,,en diminue peut-être le
Nombre, surtout est en soi ~une manière de secouer,
assez virilement du reste~ sinon la douleur, du,'
moins: ce qu'il y a de plus accablant dans la. flou-'
leur. Empêcher que la douleur glisse au déses-
poir et s'y écrase, c'est à quoi sert la colère; c'est
f.~ quoi ser vent les'récriminations.
Hors.cela, la récrimination n'est pas seulement
"stérile. Elle est absurde. Il n'y a pas de foule qui~
nësoit en grand danger; iln'y pas de réunion:
qui ne se constitue a elle-même un grand péril.
,Nous sommes dans une grande ville, en perpé-
tuel état d'imprudence. On s'en aperçoit seule-
ment quand la permanente imprudence a produit
un jour son effet. Elle existait la veille, et per-
sonne ne la signalait, ne s'en inquiétait, ne la,
voyait. De tous ceux qui ont crié ~i fort le len-
demain, que le Bazar de la Charité était un
danger public, y en avait-il un seul qui eût, la
veille du massacre~ dénoncé comme danger public
le Bazar de la Charité? Alors, que l'on réfléchisse,
j'en suis; mais que l'on récrimine, on n'y est pas
autorisé.
.La vérité est que nous marchons sur le danger
à toute minute de notre vie, dans une ville comme
Paris, sans compter que pendant que nousmar-
"chohs surlui il plane au-dessus de notre tête.
'Qu'y faire? Eh (beaucoup de choses, autant de
choses qu'on .pourra. jamais des choses qui
soient d'infaillibles remèdes. Et, dono~ne nous
montrons pas les dents après le naufrage.
~?
Ceux qui voudraient une sécurité ~absolue dans
nos grandes cités, qu'ils y réfléchissent, ils ver-
ront qu'au fond c'est le procès de la civilisation
qu'ils institueïit.-On ne courrait pas risque d'être
brûlés vifs par les cinématographes, foudroyés
parles plaques de tramways électriques, in&en-
oies par des fils insidieux d'éclairage également
électrique,, si l'on vivait bonnement «à la façon
.de nos pères B.Eht mon Dieu, c'est certain; et
ce n'est pas moi qui suis tout à fait fâché que ce
fameux ~ro~~ dont tant font les ûers soit dé-
~montré de temps en temps une chose dont il n'y
'à pas lieu d'être fanatique. Mais encore nous
n'avons pas le choix.
La vie urbaine telle que la civilisation l'a faite
':est extrêmement dangereuse'; elle est un péril
permanent. Il faut d'abord le savoir, en être par-
faitement convaincu, ne pas se croire tenu de
l'oublier j)our n'avoir pas l'air d'une vieille fem-
me peureuse; car oublier le danger le redouble;
'il faut ensuite y remédier a.utant que possible,
.d'une attention quotidienne, persévérante, opi-
niâtre; et il faut enfin. s'y résigner, en défini-
tive, quand on a fait tout. pour le conjurer et ne
paa se fâcher les uns contre les autres quand le
péri! permanent et l'imprudence à peu près im-
"manente à chacun de nos actes de civilisés, et à
peu près inévitable, a produit, hélas un de ses
effets.
A ce propos une des paroles les plus sensées
qui aient été dites dans cette semaine fatale, pa-
role contestable pourtant et à laquelle je ne sau-
rais pas, tout compte fait,-me rallier, a été celle-
ci a Après tout, et tout en s'inclinant devant les
martyres'lesplus nobles et lés plus touchantes,
peut-être cette manière brillante et bruyante de
;fan'e la charité n'èst-elle point là meilleure. Elle
'peut avoir, elle a les mêmes effets àSt'eux qui
jusqu'à présent s'étaient produits seulement dans
~es' lieux consacrés au plaisir. La bonne vieille
chanté de main a. main, de personne àjaersonnë ~i
et sans organisation fastueuse et imprudente,
~.a~j)eat-être encore la meineure. c
~eptaiaement, et personne ~ne le sait mieux que
les personnes mêmes qui ont risqué la'mort rue
Jean-Goujon personne ne le savait mieux que
celles qui y ont péri; et personne n'a ~plus et
mieux exercé la vieille charité domestique et in-
time que ie~ unes et lès autres.
Mais que voulez-vous? Est-ce la faute des
charitables si la matière de la charité est énorme
et si les moyens de la charité sont restreints et
s'ils sont immédiatement décuplés par ces procé-
dés mondains, fastueux et imprudents que vous
condamnez. Avouez que c'est bien tentant! Et
quand je dis décuplés, je suis sur d'être au-des-
sous de la vérité. C'est un axiome parmi les
K Bienfaiteurs B. Ou une souscription rapporte
un/une sollicitation organisée à domicile rap-
porte dix, et. une fête de charité rapporte qua-
rante. Est-ce assez tentant? Quand M.Brieux
faisait représenter sa comédie des .B~/tM'~M!
il ne songeait certes pas que le carnage de la rue
Jean-Goujon réfuterait, d'une façon tragique ses
railleries, du reste innocentes et qu'un jour pro"
chain l'on dirait :«EhHès bienfaiteurs! D ar-
rive tout de même qu'ils meurent à l'oeuvre s
mais se rappelle-t-il ~jue le public, même ;popu-
laire, et pour mieux .dire le public, surtout à par-
tir du moment où il est devenu populaire, a visi-
blement résiste à cëtt.e tendance qui consistait à
moquer les travers des «Bienfaiteurs s. Il sem-
blait dire c Eh oui, ils onfdes manies; ils ont
aussi des procédés fastueux de faire le bien;
mais c'est qu'ils s'ingénient, c'est qu'ils c se re-i
-tournent~coinme ils peuvent,c'~st qu'ils essaient.
de toutes les méthodes pour faire/passer un peu
.de l'argent desjiehes~dans~Ia main ~du pauvre.
c~OM; ~.v.
.~G'estprëGisement;"cëla? Les organisâtes étiësr
officiers de ces batailles de" charité, qui ressem-
blent quelquefois à des redoutes, qui sont sou-
vent des victoires et qui, parfois, se tournent en
désastres, sont peut-être, parfois, des fastueux
l'immense majorité sont des gens qui emploient
tousies.m~yens.honnêtes de faire leur métier,
qui est vénérable. Est-ce leur 'faute si Fun des
meilleurs de ces moyens soit la lête de charité ? q
Eh ) non ) Us n'y vont pas comme au plus agré&-
Ne, ils y vont comme au meilleur. Ici encore, ne
récriminons pas.
Mais, désormais, soyons prudents. Réduisons
cette imprudence nécessaire de l'état civilisé où
nous sommes a son minimum strict, à son strict
minimum aussi le danger permanent que notre
brillant état de civilisation comporte. Tâchons,
autant qu'il sera possible, si pareil désastre se
-produisait encore, dé n'avoir de récriminations à
adresser à personne. J'ai dit que cela soulage d'a-
bord, et c'est vrai, mais cela aigrit ensuite, et,
somme toute, ne sert pas à grand/chose.
Douleur d'abord, colère ensuite, cela est dans
J'prdre mais il y a quelque chose de mieux à
étirer de la douleur que la colère, c'est le senti-
ment profond de notre profonde faiblesse, du peu
que nous pouvons contre les brusques explosions
'des forces naturelles et de notre petitesse dans la
main.du sort. De ce sentiment-là on peut tirer
"une sombre désespérance quand on est un peu:
gâté, mais une singulière ardeur de solidarité,
passion de chanté et fougue de concorde pourpeu
qu'on ait le coeur-ferme et l'esprit droit..
Emile Faguet
.< :J
C s p à s s~
GAULptS-GUIDE
A'MJOMrd'tMt
Courses à Longchamps..
Diner-concert, saïïe des fêtes du Grand-Hôte), fr.
vin co:noris*(petites tables).
LA POL!T1QUE
SOCIALISME CHRÉTIEN
=. Lorsque M. le comte de Mun quitta la cuirasse
pour se consacrer à;la question sociale, il avait
un système de pacification auquel il se consacra
c'était le système'des syndicats mixtes. Le syn-
dicat mixte est un syndicat où les patrons et les
ouvriers, le capital, et le travail se trouvent as-
sociés. C'était, croyait M. de Mun et croyaient:
avec lui ses dévoués collaborateurs, le meilleure
moyen de faire cesser tous les malentendus et de
ramener iei-bas'ie règne de la paix, l'âge d'or.
M. de Mun mit au service de cette idée une élo-
quence admirable, une foi ardente, une vigueur
phyaicme.incontestable. En même temps que les
syndicats mixtea, il créa les cercles ouvriers, qui
coûtèrent fort cher aux âmes charitables, éprises
d'un généreux idéal. L'éloquence française leur
dut quelques-unes de ses plus belles tirades, et
l'âme française leur doit quelques-unes de ces
idées qui sont l'honneur de l'humanité.
Ceux qui ont suivi cette campagne, ceux qui y
prirent part même de loin, ceux que les liens
d'une discipline bien douce ont attachés même
momentanément au comte de Mun conservent
comme une relique le souvenir de jeurnées pas-
sées au milieu de l'exaltation des rêves les plus
nobles.
Puis, le temps marcha. Les républicains en
possession d'état adoptèrent les mœurs qu'ils =
avaient tant reprochées aux gouvernements dis-
parus. Les républicains non encore nantis se
mirent à jouer d'un instrument qui servait déjà.
du temps de Platon, et une nouvelle poussée de
la vieille utopie socialiste se manifesta.
Les amis chrétiens des ouvriers eurent peur
d'être devancés et le socialisme chrétien apparut,
avec la démocratie chrétienne, avec tous les
vieux vocables révolutionnaires affublés de l'épi-
thètë chrétienne.
Mais le substantif l'a emporté sur l'adjectif, et
au dernier congrès tenu à Reims il a été décidé
que le comité directeur du parti démocrate chré-
tien ne contiendrait que des salariés.
Que deviennent le système pacificateur, le rêve
conciliateur, le syndicat mixte, la fusion des tra-
vailleur avec les classes élevées ? R
Tout cela est à terre, tout cela est en mor-
ceaux.
M. de Mun le déplore, M. de Mun menace ses
adhérents de jadis de les abandonner.
Et son émoi se comprend, car il doit être bien
dur pour un fondateur d'oeuvres, pour un paladin
parti à la conquête de la paix sociale, de se re-
trouver au bout de vingt-cinq ans, après tant
d'eHbrts et tant d'espoirs, dans la nécessité ,de
s'avouer que toute cette activité, tout cet argent,
ont abouti au néant, ou à peu près, et qu'on a dé-
pensé des millions pourfourniràdes ouvriers le
moyen de jouer au billard. –J. Con~ÉLY.
ËCHOS J~ PARIS
Ayant été les premiers à encourager le grand
mouvement de générosité dont le F'~aro re-
cueille en ce moment le résultat, nous sommes
aussi les premiers à nous réjouir du succès de la
souscription organisée par notre confrère.
Nous nous serions fait scrupule d'apporter le
moindre ralentissement à cet élan charitable en
détournant, au pront d'une idée quelconque, l'es-
prit public du but auquel son attention concou-
rait si utilement.
Le moment approche cependant où nous croi-
rons pouvoir rappeler que nous avons été, dès
le lendemain de la catastrophe du Bazar de la
Charité, les promoteurs'd'une idée à laquelle
nous n'avons pas renoncé.: celle d'une loterie.
Le Bazar de la Charité est une œuvre perma-
nente, dont il ne s'agit pas seulement d'assurer
le présent, mais encore l'avenir, et cela dans des
conditions qui lui garantissent désormais, à
tous les points de vue, la sécurité dont elle a be-
soin.
Nos lecteurs nous approuveront sans nul doute
d'avoir eu. ce souci dès la première heure, et d~ 1
ne -l'avoir point abandonne, comme nous î~ur- er~~
donnerons la preuve incessamment.
Le président de la. république a reçu dans l'a-
près-midi d'hier S.Exc. M. le baron de Moh-
renhëim, ambassadeur de Russie, chargé de lui
remettre une: lettre autographe de S. M. l'Empe-
reur. Voici le texte de cette.lettrë:
TsarsRoe-Selp, 35 a.vril/7 mai.
Monsieur le Président, très cher
et grajid ami,
L'Impératrice se joint à moi pour vous exprimer la.
vivcL émotion que nous a. flit éprouver la catastrophe
effroyable du Bazar de bienfaisance à Paris.
Vous connaissez trop nos sentiments à l'égard de J
la France pour ne pas être assuré de la part profonde
et sincère que nous prenons au malheur qui vient de
répandre tant de deuils navrants et de criielles dou-
leurs dans Paris.
Nous associant de tout cœur à ce que voua devez
personnellemëùt ressentir en présence d'une pareille
épreuve, nous tenons à vous faire parvenir l'écho de
toute notre sympathie, ainsi que celle delà Russie
entière.
Laissez-moi vous renouveler en même temps. Mon-
sieur le Président.'très cher etgrand ami, l'assurance
de mon invariable et sincère amitié.
NICOLAS.
Un grand mouvement se fait parmi les familles
des victimes de l'incendie du Bazar de la Charité
en vue d'élever un monument commémoratif à
ces no Mes victimes.
On s'est .arrêté à l'idée d'une église surle lieu,
même du sinistre, où les familles pourraient se
reunir pour pleurer leurs morts là où elles les ont
-perdus..
Cette église, ne répondrait pas. seulement à
~tte~eusë~eliseë~Dàns ce "vaste qua~tier',41 ?a'~
a que la chapelle des Pères de la C~o&c,qui rein~ `
de grands services mais une église entre Saint-
Pierre de Chaillot et Saint-Philippe du Roule, a
sa place tout indiquée.
Le les mesures qui seront prises pour la réalisation.
de ce projet.
Au cours d'une promenade dans Paris, il nous
a sauté aux yeux. que les bâtons des sergents
de ville commencent à s'user ) I
Entendons-nous, c'est de la jolie laque blanche
dont ils sont recouverts qu'il s'agit. S'être
dressé si souvent devant des nacres et des omni-
bus menaçants, avoir tant de fois protégé la veuve
et l'orphelin, avoir frayé, nouveau bâton de
Moïse, despassages hospitaliers dans une merde
véhicules furieux, c'est assez pour que le bois na-
turel commence à apparaître.
Bientôt, si l'on n'y remédiej'autorité semblera
brandir de vulgaires bâtons de chaise, ce qui
nuira considérablement à son prestige.
Il va donc falloir,,un de ces jours, étaler une
nouvelle. couche'Iaqùée et y rafraîchir les armes
municipales.
A qui incombe ce soin? Va-t-il en résulter une
nouvelle profession bpquillonnesque peintre de
bâtons de sergent de ville? 9
On a annoncé que, le jour delaVachalcaflë~;
une dernière cérémonie serait célébrée-dans Ta
vieille église de Saint-Pierre de Montmartre pour
bénir la jeune et méritante ouvrière, Mlle Mar-
'guefite.StumpD, _qur DersouniSera:IaMuse-.des y
artS"dsms~a' Tété montmaFtroise
cours a. cette occasion.
De ces deux nouvelles, l'une est prématurée,
le comité n'ayant pas encore l'autorisation ad-
ministrative nécessaire l'autre est fausse et à eu
pour effet de Memunuser le Père OUiviër, qui.s'il
insiste parfois sur le sévère, comprend aussi le
plaisant.
Un colis d'un nouveau genre.
C'est une gigantesque bille de bois qui a
quatorze pieds de diamètre, trois pieds d'épais-
seur et qui pèse neuf mille kilos.
Un navire est chargé d'apporter de Sàn-Fran-
cisco à Londres, pour le compte d'un richissime
Américain, cet énorme morceau de bois, qui est
la pièce a conviction d'un pari.
M. William Waldorf Astor, l'Américain en
question, avait parié de montrer une section ho-
rizontale du trône d'un arbre de Californie d'un
'diamètre assez grand pour qu'elle pût servir de
table a. un banquefde quarante couverts.
` iraient parole et voila pourquoi ce colis inusité
qui vient prouver qu'il est du bois dont on fait
des nùtes de Champagne ) I
BILLET DU SOIR
Des cas d&consciencese soulèvent au sujet des si-
tuations faites aux œuvres par la souscription organisée
pourtour venir en aide.
On sait que te Bazar n'étant ouvert que depuis deux
jours, nombre de quêtes n'avaient pas encore envoyé
leuroBrande.Là question dé. savoir s'ils doivent ta
'faire parvenir à ta dame quêteuse-s'est déjà .posée.
Nous îtvons tu une lettre circulaire où une dame ex-
prime t'espoir qu'ette recevra la souscription sollicitée
par elte absolument commB s'it n'y avait pas eu d'in-
cendie.
H nous semble qu'i) y a ta une méconnaissance de
la situation. La charité privée ayant donné à chacune
des œuvres la somme intégrale dentelles ont besoin
pour 1897, it n'y a pas tieù, pour tes dames patronnes-
ses, d'insister auprès des quêtes, d'autant ptus que ces
derniers ayant certainement souscrit de leur côté, it
y aurait ta double emploi.
Du reste, en thèse générale, te zèle des quêteuses en
ce moment aurait tort de trop se manifester. Un grand
effort ayant été accompli par ta générosité parisienne,
it faut laisser reposer ce mouvement si t'oc veut éviter
que l'année prochaine les quêtes ne se déctarent hors
d'état de faire quoi que ce soit.
Quant aux ventes dans un tocat ctos et couvert, ce
printemps.du moins, it n'y iaut pas songer. L'échec qui
leur serait réservé rejaillirait même sur tes ventes de
bienfaisance quelles qu'eHés soient. Je ne jurerais même
pas qu'aujourd'hui, même dans un jardin, au cas où le
temps se remettrait au beau, des comptoirs seraient
assurés d'un achalandage. Mesdames tes quêteuses,
vous avez tout intérêt à attendre l'an prochain. Ecou-
tez votre intérêt, qui est cetui des pauvres.
L'Exposition internationale de Bruxelles a en-
6n été ofnciellement ouverte lundi, en pré-
sence des ministres, du corps diplomatique, des
corps constitués et de nombreux invités.
Comme presque toutes les grandes premières,
savez-vous, celle-ci a eu du mal à commencer,
mais à présent que le rideau est levé, souhaitons
lui, pour une fois, un grand succès.
Au seuil de la section française des beaux-arts
se tenait M. Roujon, directeur des beaux-art~,
délégué par M. Rambaud, ministre de l'instruc-
tion publique et des beaux-arts, à, qui le~Rqià*
adressé quelques mots aimables, s'excusant de
ne pas examiner cette fois les œuvres des at-tistes,
français qui méritent entre toutes une visite ap-
profondie.
Grands saluts et petits sourires: l'Exposition~
de Belgique est le dernier salon où l'on cause.
Af~6fùtMLondres en ce moment, et l'acteur anglais sir
Henry Irving, y joue, dit-on, l'Empereur.
comme un roi
M. Sardou n'a pas cru pouvoir mieux lui ex-
primer sa reconnaissance qu'en lui faisant cadeau
de l'encrier qui lui a servi à écrire son amu-
sante comédie.
Sir Henry Irving fera bien de surveiller avec
soin le précieux bibelot s'il ne veut pas que ses
compatriotes, au cours de leur visite, n'en cas-
sent chacun un petit morceau dès qu'il aura le
dos tourné.
L'exposition de la « Vie de Jésus-Christ a, de
Tissot, s'est ouverte silencieusement à la galerie
~etit, en raison de la catastrophe du Bazar de la.
Charité.
Néanmoins, chaque jour e!!e reçoit la visite de
ceux qui s'intéressent aux choses de l'art et qui
soja~t desirBux4~dmif~r~uarellésd~ )
et les reproductions si étonnantes de vérité.
"et les p ét~nna~~esde r1t
On est souvent embarrassé pour onrir un ca-
deau de mariage vraiment agréable et ne se ré-
pétant pas. En visitant les créations de petits
meubles artistiques tels que bureau de daine,
casier à musique, table à jeu et à thé, meubles
étageres, sièges de fan-taisie, jardinières, etc.,
édités par Perrët-Vibert, 33, rue du 4-Septembre,
le choix devient facile. Cette~ maison possède
aussi le plus beau choix de bronzes, porcelaines
et curiosités anciennes de tout Paris.
C'est aujourd'hui qu'a lieu à la galerie Georges
Petit, rue de Sèze, la vente de tableaux moder-
nes comprenant la collection de M. X. Les pein-
tres vivants les plus appréciés y figurent avec
des œuvres charmantes, à côté des maîtres de
l'école de 1830, et il faut s'attendre à des enchères
très animées, si l'on en juge par le succès des
deux jours d'exposition.
Le mouvement continue plus que jamais d'être
au Casino de Paris. Et il faut convenir que, par r
les soirées plutôt froides qu'en ce moment nous
subissons, le hall de la rue Blanche est encore,
après le dîner, le plus agréable des refuges. Joi-
gnez a cela l'agrément d'un très joli spectacle.
On peut dire certainement queMM.Borneyet
Desprez sont des managers heureux.
Le programme complet des fêtes de la saison
de Spa vient de paraître. Le Cercle du Casmoa
encore fait royalement les choses en effet, plus
d'un demi-million est an'eçté aux amusements
divers destinés à l'aristocratie cosmopolite qui.
tient, chaque année "SM assises .à Spa. J
Evian-Ies-Bains:
C'est le 15 mai que l'établissement de la source
Cachât ouvrira ses portes à ses ndèles'visiteurs.
La coquette station de la rive française du lac
Léman s'est rajeunie par une toilette qui sera le
clou de la saison 1897.
A. travers les livres
Sous ce titre: ~t~~n~~we, M. Anatole
Leroy-Beaulieu publie la conférence qu'il a pro-
noncée à l'Institut catholique. La question est
traitée avec une grande élévation d'idée et la plus
haute impartialité.
L'exquis et vigoureux poète des matelots, Yann
Nibor, publie chez .Ernest Flammarion un nou-
veau volume de poésies à dire C~M <se retrouvent, sous un autre jour, toute la maî-
trise et toutes les qualités qui caractérisent ses
précédents livres JVo~ Ma~~o~ et C/KMMo?M e~
jRect~ ~e couronnés par l'Académie fran-
çaise. L'ouvrage est très arlistement illustré par
le peintre de marine Jobert. ·
NOUVELLES A LA MA!N
L'omnibus est au complet.
Un gros~monsieur se présente à la portière,
cherchaht-dës yeux une place.
Ne cherchez pas, monsieur, lui ditobli-
~geamment une dame assise près-de-1'entrée, vous
-n~yezpas.de-quoi vous asseoir..
'cardon, j% Bien de quoi m'asseoir, seule-
ment recherche où le mettre.
Un Domino
LA VOSX OU FEU
Or, les pauvres, le corps a demi nu, mâchant
Leur faim, tremblants de froid ou de fièvre, et marchant
A travers l'épaisseur des ténèbres hostiles,
S'en allaient vers les ponts pourdormirsous tes,pites,
Vers ies remparts, vers les gremers et les taudis,
Louches, se sentant seuts, abandonnes, maudits,
révoquant leur naissance et détestant leur race
Sournoisement, la mort les suivait a la trace,
Sachant à qui ces corps allaient appartenir,
Et les pauvres tendaient leurs poings vers t'avenir
<: Jours futurs t Jours prochains qui guettez votre proie,
J'attends tVitle de la misère et de ta joie,
Cité des riches, & Paris,
N'entcnds-tu pas ma voix et ce que je reclame,
Et faudra-t-il toujours du sang et de !a namme
Pour que l'on discerne mes cris?
Yitte-de fête, ovitte énorme et triomphante,
Regarde vers la nuit que ta lumière enfante,
Je suis l'ombre de ta clarté l~
Je suis ton Sis, ta chair pantelante, et qu'on foule,
Jë~suis ta chair qui sonnre, et lorsque mon sang coûte
C'est d'une plaie à ton cûtët I
a Quand j'ai trop froid, je vais me blettir sous une arche,
Quand j'ai trop faim, je mets~ mon desespoir en marche
Et je mets ma honte a genoux
Les plus riches d'ici dorment dans ta mansarde,
Et par les trous du mur ta tune tes regarde
'De ses rayons blancs comme nous.
Ma nevre a tes yeui secs et les lèvres amëres
Mes enfants, anamesdës te ventre des mères,
Sont morts avant que d'être nés
Et s'ils naissent, c'est pour rater sur un sein vide
Et pour tendre vers moi ta prière livide
De leurs petits bras décharnés.
On m'a fermé le ciel en m'ouvrant la géhenne t
Les dieux que j'oubliais ont oublie ma peine
Et se détournent de mes maux.
Ni fleurs ni dieux t Je suis l'éternel solitaire
J'ai semé ma douleur et rien ne sort de terre
Que des formules et des mots
? La mort n'est même p!us la Cn de ma souffrance
« Vous qui pénétrez là, laissez toute espérance a
Et voila tout ce qu'on m'a dit.
Mon cœur fane n'a p!us l'amour d'aucune aurore
J'ai doute trop longtemps pour oser croire encore
Et je suis tas d'être un maudit
a Et je ne veux plus vivre et c'est trop de torture
C'est trop long d'être un homme, et t'attente est trop dure
De ta justice ou du trépas) J
H faut unir Et toi, marâtre humanitaire,
Ne dis plus que tu tiens te (lambeau de la terre,
Si tu ne me regardes pas t
Ators, te vent chassa des galops de fumées,
Et dans un tourbitton de feu, des voix aimées,
Voix lointaines, des voix blondes, pâtes, des voix
De femmes et des voix d'enfants, voix d'autrefois,
Des voix mortes que f'on n'entendra plus sur terre
Et qui disent aux voix vivantes de se taire,
Des voix montaient en choeur dans un ciet de printemps,
Eites montaient comme un cantique, hors des temps,
Vers t'aube, s'envolant à la lueur, des cierges
Donthdamme était fajte avec la chair des vierges,
Et tes voix proferaient en s'éloignant vers Dieu
<- 0 Pauvre, c'est un chant d'amour qui sort du feu t
Pauvre, tu n'es passent a saigner par ta vie!
Nul n'est assez béni du sort pour qu'on l'envie,
Et si tu regardais dans l'âme des heureux,
0 paria, c'est toi qui gémirais sur eux ) I
suffit d'être ne pour valoir qu'on vous ptaignc! l
Chaque être qui s'agite est un rêve qui saigne*)
Quiconque vit, l'angoisse a ptoyé s&s genoux
Ayez pitié les uns des autres, aidez-vous
Voici le Dieu qui vient vers ta détresse humaine
Parmi tes rosés et les patmes qu'it ramène,
H s'avance au milieu des peuples apaisés
Son pas chante comme un murmure de baisers;
Voici te dieu bénin des époques prochaines,
Dieu de fraternité qui va briser les chaines,
Messie, et disperser tes ctaméurs du courroux,
Et broyer tes canons avec son geste doux
L'Amour, qui ne veut plus des guerres, et qui passe,
Les yeux pleins de pardons, tes mains pleines de grâce,
Pour accomplir par nous les œuvres de demain ) l
L'Amour qui veut qu'on s'aide et qu'on s'offre la main,
Et qui descend vers vous en marchant sur nos têtes,
Pour mettre un coin du ciel sur la terre où vous. êtes t <
Edmond Har&ucourt
P~MmMmrajmsr
LE NOM DU DONATEUR
On a beaucoup cherché le nom du généreux
donateur qui d'un coup a voulu compenser la.
perte que représente pour les œuvres la catastro-
phe du Bazar de la Chanté.
Peine.perdue. On s'est égaré sur différents
noms. On ne saura rien parce que l'âme chré-
tienne qui a si largement ouvert sa bourse n'a
songé qu'à faire le bien et ne veut pas être con-
nue. Elle a demandé le secret, que connaissent
seuls le baron de Mackau et M. Dufaure, et le se-
cret est bien gardé.
Ce que nous pouvons dire d'après des informa-
tions certaines, c'est comment les faits se sont
passés.
Le lendemain même de la catastrophe, mer-
credi soir, le baron de Mackau recevait une lettre
dans laquelle une personne qui signait de son
nom, mais qui était totalement inconnue de celui
à qui elle écrivait, annonçait au président du co-
mité du Bazar son intention de donner aux œu-
vres une somme égale à celle qu'on avait recueil-
lie l'année dernière, aûn que~es pauvres ne souf-
frissent pas de ce désastre.
Au premier moment, M. de Mackau fut trop
surpris pour ajouter foi à cette promesse. C'était
presque un million à donner. Un million c'était
trop beau. On ne pouvait annoncer la nouvelle
sans savoir ce qu'iL en était.
Le baron de Mackau avait beau relire la lettre,
il ne connaissait .ni l'écriture ni la signature.
.N'était-ce pas une mystification, et une mystin-
cation des plus cruelles? 9
Par prudence, M. de Mackau ne parla a per-
sonne de cette lettre, et chercha discrètement des
informations sur te signataire de la lettre.
Il en était la de ses recherches nécessairement
lentes quand, le vendredi, il reçut la visite d'un
intermédiaire connu de lui, venant chercher la
réponse et demander le chinre de la somme à
verser.
La réponse mais c'est donc vrai ? 4
Tout ce qu'il y a de plus vrai.
Mais c'est presque un million à donner
On le donnera.
Sans conditions ?
Une seule le secret le plus absolu sur le
nom du donateur.
H fallut se rendre à l'évidence. M. de Mackau
exprima ses sentiments de reconnaissance et con-
voqua lé comité pour le lendemain samedi. Jus-
que-là il ne pouvait prendre aucune décision et
il pensait que le mieux était de ne pas arrêter à
son début la souscription ouverte par le -P~sro.
Le comité était réuni samedi quand on an-
nonça la visite du cardinal-archevêque de Paris.
Peut-être savait-il?. Le cardinal ne savait
rien et sa surprise fut une consolation dans de si
tristes circonstances. H bénit la Providence qui
inspire de tels sacrinces, mais le secret fut gardé
pour lui comme pour les membres du comité.
On se décida cependant à publier le fait et le
public en eut connaissance lundi matin.
Et, maintenant, sait-on quand M. de Mackau a
vu pour la première fois de sa vie la personne
qui a donné le million?
Hier soir, ~as plus tôt .qu'hier soir, cette per-
s
somme promise sera donnée,par versements suc-
cessifs, dans l'espace de quatre mois.
Il faut donc en prendre' son parti, on ne saura
jamais rien de plus.
Jean Régjuer
~c-M P~/s/e~
UN mM)ME PR)NC!ER
H eut )ieu sur cette terre d'Italie où ie duc d'Aumate
est venu mourir. Souvenir d'une grâce mélancolique,
touchant à rappeler en ce moment où les dépouiiies
mortelles de i'titustre défunt traversent te doux pays
de Virgile, en route pour Ja France. C'est à Naples que
te mariage eut lieu, en grande pompe, dans ta chapelle
du palais royal.
Un des rêves de la reine Marie-Amène avait été de
marier ses enfants à des membres de cette maison des
Bourbons de Naples dont ette était issue. Deux ou
trois projets caresses par ta Reine dans cet ordre d'idées
avaient échoué par suite de circonstances imprévues. II
était donné au duc d'Aumate de réaliser le voeu ardent
de son auguste mère.
C'était en i8~3. Le jeune prince, irrésistiblement attiré
vers cette Italie dont, plus que tout autre, il allait sen-
tir et comprendre les beautés, résolut de se rendre à
Naples auprès de son cousin germain, te roi Ferdi-
nand A Turin, il fut reçu de la façon la plus cordiale
par Chartes-Albert, qui, appréciant grandement ,les ta-
tents militaires du jeune prince, avait ordonné que des
manœuvres eussent lieu en son honneur. A Savone,
même accueil de sa tante la reine Christine. A Rome,
te Pape tui accorda plusieurs audiences et se sépara de
fui en tui oSrant une précieuse mosaïque. C'est dans
ces conditions qu'il arriva à Naptes, où ie roi Ferdi-
nand H mita sa disposition te palais de Chiatamonte.
Leducd'Aumale n'eut qu'a,paraître pour ptàire. Sa
bonne grâce, son esprit, son enjouement, son tact firent
merveille à la Cour.
Ce fut une séduction. Parmi tes princesses, une sur-
tout demeura sous le charme du jeune conquérant. Sa
cousine, la fille du prince et de la princesse de Salerne,
ta princesse Marie-Carotine-Auguste desbeux-Sicites.
Elte avait particulièrement-ptu au duc d'Aumalë, séduit
de prime abord par ta grâce et tes hautes qualités mora-
tes de la jeune princesse. !t désira l'union ardemment
sans se douter que c'était également le vœu de la fa-
mi)le royale. Mais i.'accuei) qu'il reçut fut têt qu'au
bout d'un séjour d'une semaine, it comprit qu'it n'avait
plus qu'à faire sa demande. Si le bonheur est vraiment
de ce monde, le due d'Aumalë connut ta te bonheur.
Mais ie mariage ne devait avoir lieu que l'année sui-
vante.
C'est à cette époque que te duc deMontebetto,S!s
aîné du maréehat Lannes et ambassadeur de France à
Naptes, écrivit à M. Guizot
et ceux de toute sa famitte, loin de se démentir, se sont
montrés chaque jour d'une manière ptus satisfaisante, et
t'aft'ection que le prince a su inspirer au Roi et à ta fa-
mitte royate a donné à l'accuett qui tui avait été pré-
paré un caractère tout particulier. En résumé, lèse-
jour du prince a été depuis le premier moment jusqu'au
dernier tout ce qu'i) était possible de désirer. Le
Roi lui a fait un accuei) tout à fait sans exempte,
et jamais aucun prince des fami!!es régnantes en Eu-
rope n'a été reçu comme vient de t'être Mgr teduc d'Au-
mate. Cet accueit a été au deià même de ce que Sa Ma-
jesté sicilienne s'était proposé. EHe avait voutu nous té-
moigner combien ette attache de prix à ses relations de
famitte. EHe avait voulu prouveraussi au gouvernement
du Roi sa reconnaissance et son désir de marcher étroi-
tementavectui;toutcet~ était arrêté à t'avance dans
sa pensM, mais ce qui ne t'était pas, c'est cet abandon,
cette cordialité expansive que Mgr te duc d'Aumate a su
provoquer par son naturel aimable.~
Mais te duc d'Aumate voûtait gagner de nouveaux
gâtons avant de conduire sa jeune fiancée à l'autel. Et
il se rendit en Algérie, où it fit de nouvelles prouesses.
Aux derniers mois de l'année suivante, it quittait Cons-
tantinc pour alter embrasserie Roi et ta Reine au château
d'Eu, et it se dirigeait ensuite vers Naples pour épou-
ser ta jeune princesse des Deux-Sicites. Il était accom-
pagné du prince de Joinvitte et d'une suite où t'on re-
marquait Al. Cuvittier-Fteury, la comtesse' de Saint-
Mauris et ta comtesse de Coit6er d'Effiat, nommées,
l'une dame de compagnie, et l'autre lectrice delafu-
ture duchesse d'Aumate.
M. le baron tmbert de Saint-Amand, l'historien à ta
documentation si précise et si riche, qui a racoité tes
joies et tes tristesses de ta famille royale avec taat d'élo-
quence et à qui nous devons ces intéressants détails,
nous a. fait suivre presque jour par jour tes manifesta-
tions de sympathie et tes réjouissances auxquelles le
mariage du duc d'Aumaie donna lieu. Le soir de
l'arrivée des deux jeunes princes français à Naptes, à
bord du Gosier et du jLa<'ro~or, te roi Ferdinand.averti
au théâtre Sas-Carto de leur arrivée, quitta te spectacle
et se rendit au palais de Chiatamonte pour recevoir ses
botes. Pl
A quelques jours de ta, te mariage du duc d'Aumate
était célébré dans ta chapette du patais royat, au mitieù J
de ta joie universelle. La ville, pavoisée et Seurie, sou-
n&it comme en ùa grand jour de fête; Les témoins (tu ]
~duC~A~mat.e,
M. le baron imbert de Saint-Amand nou;te rappelle,
.au moment où l'archevêque de Leucosia donnait ta bé-
nédiction nuptiale, tousies vaisseaux en rade de Naples,
et'notamment tes vaisseaux anglais envoyés de Malte
par l'amiral sir'Robert Owen, joignirent teurs salves
d'artillerie aux satuts de l'escadr.e.française. Le soif, ta
ville fut illuminée. Le théâtre de San-Carlo donna une
représentation de gâta. Deux jours après, Le Roi et ta
famille royale étaient reçus à déjeunera bord du Gomer
par le prince de Joinvi[[e et le duc et ta duchesse d'Au-
mate. Le soir, il y eut au patais royal un grand bat ou-
vert par le Roi avec ta duchesse d'Aumate, par te prince
de Joinvitte avec ta Reine, par te duc d'Aumate avec tt
princesse Caroline.
Le surlendemain, it y eut chasse au sanglier à Ca-
serte et te soir bat offert au duc et à ta duchesse d'Au-
mate par ta noblesse napolitaine. Le lendemain, le duc
de Montebetto donnait un grand bat à l'ambassade de
France. Deux jours après, te duc et ta duchesse d'Au-.
mate et te prince de Joinvilte faisaient leurs adieux au
Roi, à la famille royale et à ta société de Naples, et
s'embarquaient à bord du Gomc?', en route ponr la
France.
Le steamer n'était pas plutôt parti que te duc de
Montebetto écrivait à M. Guizot: < Le mariage de M. te
duc d'Aumate a produit te plus heureux eSet, et te&
personnes-tes moins empressées à te reconnaître n'ont
pu s'empêcher d'être frappées à ta vue de l'union chaque
jour plus intime des deux familles royales et des deux
nations. Ces sentiments se sont manifestés d'une ma-
nière évidente dans tes fêtes qui ont suivi te ma-
riage
Ces fêtes allaient se poursuivre en France. Marseille
se pavoisa et prépara des illuminations pour-rëcevoir
te jeune couple princier. Ce ne furent qu'arcs de: triom-
phe, décorations de toute sorte, aux.coule.urs.françaises
et napolitaines, guirtand.e.s et bouquets. Hélas ) notre
plume tremble et s~arrête. Un de ces fêtes. Le duc d'Aumate va rentrer encore une
fois en France venant du beau pays ensoleillé, mais
pour toujours cette fois, enseveli dans te sommeil du
juste. Dieu seul est grand.
Tpnt-P&ris
LES FUNERAILLES
DU
~98~ F~'i~BNM~B S*
UUC BMU~~LE
Palerme, 13 mai.
Pendant tout le temps que le cercueil est resta
exposé au palais, dans la chapelle ardente, la
foule n'a pas cessé de dénier.
La famille royale, très touchée de ces démons-
trations, a remis à la municipalité, pour les pau-
vres de la ville, la somme de dix mille francs, au
nom du duc d'Aumale.
Ce matin, à huit heures et demie, le clergé est
arrivé au palais pour procéder à la levée du corps.
Les troupes sont sous les armes elles forment
la baie le long des rues Victor-Emmanuel et Mac-
queda, que doit traverser le cortège. Des déta-
chements prennent position devant le palais pour
escorter le convoi.
La foule se presse dans les rues et aux balcons
des maisons. Toutes les écoles sont en congé en
signe de deuil. La plupart des magasins sont: fer-
més.
A neuf heures vingt-cinq, le cercueil quitte le
palais et le convoi se dirige vers l'église Saint-Jo-
seph, dans l'ordre suivant:
Un escadron de cavalerie, la musique du 62~ de
ligne, le général de division Boscati, comman-
dant les troupes, ancien camarade d'école et d'ar-
mes du duc de Chartres deux bataillons d'infan-
terie avec le drapeau, la musique municipale, lea
sergents de ville, des laquais portant le gdnfalon
de Palerme, les corporations religieuses, le clergé
de la chapelle palatine, les évêques Mgr di Gio-
vanni et Mgr Daddi, et les instituts dont le duo
d'Aumale était le bienfaiteur.
Vient ensuite le cercueil placé sur unan'ût de
canon orné de velours noir et traîné par six che-
vaux conduits par des artilleurs. Le cercueil est
re.couvert~du drapeau français sur lequel on a
placé des palmes et des branches de chêne.
Autour du cercueil, les employés du palais et
ceux de Zucco, et deux pelotons de carabiniers à
droite et à gauche.
Les cordons du poêle étaient tenus par le comte
Godronchi, ministre, commissaire civil extraor-
dinaire pour la Sicile le général Dal, comman-
dant le 13" corps d'armée le président de la cour
de cassation, le procureur général, le baron Rous-
seau, consul de France un sénateur, un député
et le syndic de Palerme.
Derrière le cercueil, Monsieur le duc d'Orléans
s'avance seul, suivi du duc de Chartres et du
prince Pierre d'Orléans-Bragance et ensuite, la
duc de Luynes, le duc Decazes, le marquis de
Beauvoir, le vicomte de Bourqueney, M. Bucan
et le docteur Toupet.
Puis les autorités de Pal erme, l'aristocratie, la
colonie française qui a offert une ma,gninque cou-
ronne.
Un colonel italien représente le ministre de la
guerre il accompagnera le corps jusqu'à Mo-
dane.
Derrière le corps consulaire en grand unifor*
me, marchent tous les ofûciers de la garnison.
Deux prolonges d'artillerie sont chargées de
couronnes données par le marquis di Rudini.pré--
sident du conseil; par le municipe de Palerme,
par la princesse Torrenuzza-Fioho, par le prince
Scolea, la princesse Trabia et d'autres personnes.
Dans des voitures fermées, les princesses et
leur suite.
Le cortège est fermé par deux pelotons de-ca*
rabiniers, un bataillon du 62" de ligne, une batte-
rie d'artillerie et trois pelotons de cavalerie.
Le spectacle est imposant.
A dix heures cinquante, le convoi arrive à
l'église Saint-Joseph, et le cercueil est porté è
l'intérieur de l'église.
L'église.Saint-Joseph était drapée dans le styla
italien. La nef centrale était tapissée de tentures
noires avec des bandes blanches sur lesquelles
se détachaient l~s armoiries de la Maison de
France elles étaient ornées de festons aux cou-
leurs françaises.
Devant le grand autel s'élevait le catafalque,
haut de quinze mètres, large de dix, et surmonté
de Sgures allégoriques représentant la Foi, l'Es-
pérance et la Charité.
Le devant du catafalque était décoré de colon*
nés corinthiennes avec fronton grec.
Le cercueil a été placé dans un sarcophage re'
couvert de velours rouge à franges d'or.
Le cardinal' Celesia, archevêque de Palerme,
âgé de quatre-vingt-trois ans, n'a pu assister à là
cérémonie il a été remplacé par Mgr Lanua di
Brolo, archevêque de Monreale, qui, avec Mgf
di Giovanni et Mgr Daddi, a donné les ab'
soutes.
Dans le chœur, soixante-dix prétrt's avaient
pris place.
La cérémonie religieuse a été très courte.
A onze heures quinze, le cortège se mettait en
route pour la gare, dans le même ordre, et le cer-
cueil était transporté dans le wagon-cbapelle du
train spécial dans lequel les princes et princesses
et leur suite ont pris place.
Le train est parti à midi vingt, au milieu de
l'émotion générale, les troupes présentant les ar-
mes.
EeggM, 13 mai.
Jamais nous n'oublierons cette journée si
pleine d'émotions, les hommages rendus à la mé-
moire du duc d'Aumale par toute une population,
par l'armée, par les représentants du gouverne-
ment italien qui a dépassé tout ce que nous pou-
vions attendre de sa courtoisie et de son affec-
tueux hommage.
Le train spécial a été salué au passage, de Pa-
ïenne à Messine, par les populations massées la
long de la voie et par les petites garnisons, qui
présentaient les armes.
A Messine, le corps a été:transporté du tram &u
bateau spécial qui devait nous conduire à. Rég~lo.
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