Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-11-29
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1894 29 novembre 1894
Description : 1894/11/29 (Numéro 5362). 1894/11/29 (Numéro 5362).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k528942m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/02/2008
PARIS :&S CENTIMES MpARTKMHK'M ET GtAMS OENTTMB3
38" Année 3* Série N' 5362
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~EUDI 29 NOVEMBRE 1894
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Et d ~'a~MJMtM~'C'ttOM ~M JOM)'«
.LA JUSTIFICATION
DB
t Mtff m)M~
Ht. MujB ultMuuU
Le Ge:MJo!~ a publié, l'autre jour, un
chapitre du premier volume de l'p:~
~Mra~, de M. Emile OUivier, qui sera
suivi, paraît-il, de six autres volumes, de
.'trois mois en trois mois. Cette publication
échelonnée est d'un homme qui entend ce
~qu'au « grand siècle a on appelait « sa
rgloire M et ce qu'aujourd'hui on appelle
sa réclame )). J'ai même lu, je ne sais
~lus dans quelle statistique que M. OIIi-
'viër « détient le record de l'interview», et
j'ai entendu raconter que lorsque l'Acadé-
~mieirançaise se met au travail du diction-
;naire, il arrive qnelquefoisàM. Alexandre
Dumas de dire: ((Messieurs, la langue se
fera mieux sans nous que par nous )), et à
M. Ollivier d'ajouter « Si nous parlions
d'autre chose 1 » M. Ollivier tiendrait
alors toute la séance, au grand plaisir
de ses confrères, mais en s'y échauf-
fant un peu, le dé de la conversation.
A mesure que s'éloignent les événe-
'ments de 1870, M. Ollivier reprend
donc langue et plume. Il y a une di-
zaine d'années, on annonçait déjà
r.E?MF~e M&er<~ et M. Ollivier me fai-
sait l'honneur de me confirmer ainsi
cette nouvelle < Lorsque vous con-
naîtrez mieux mon véritable rôle dans les
événements de 1870, vous penserez que
je ne mérite pas les sévérités de votre ju-
gement a ce sujet)). L'.E'M~ K~'c~
est la « justification )) de M. Ollivier dans
ces événements, qui nous ont fait perdre
l'Alsace et la Lorraine.
M. Ollivier est un homme politique
unique, et un écrivain unique aussi car
l'écrivain n'a écrit que pour défendre
l'homme politique, et l'homme politique
n'a pu faire un acte qu'il n'ait du le faire
défendre par l'écrivain. Dans Démocratie
citL~e~e et le ~9~er, comme dans
l'E'fee~M~MCoMc~e du t~Mc~M
et' l'E~!p<6 ~e/Yt~M.Oliivier est à la
fois le client .et l'avocat de M. Oïlivier.
M. Emile Zola a donné à ses romans un
titre général Z~~OM'6 ~'MMe /?n:~e
scMS le second ~M~pt're. M. Ollivier
pourrait aussi donner à ses écrits un titre
général: ~ro~o~o~ea.Je vois encore M.
Oïlivier,enavrill870,gravissantlatribune
du Sénat, pour soutenir le projet de séna-
tui;-consulte qui «. parlementarisait »
l'empire. Il portait, le frac à broderies d'or
de président du conseil, la taille était
cambrée, le visa gegrave,ha.ut,triomphant.
J'ai peine, aujourd'hui, a le reconnaî-
tre sous son chapeau brossé à rebrousse-
poil. Je ne sais qui, à côté de moi,
dit alors « II .a la cambrure de la
vamité' ~Mais je crois que le souci de
JUsHiûer ainsi sa conduite vient d'un sen-
tim.ent plus original.
tD
M. OUivier est ce que l'ancien régime
appelait un légiste un légiste qui ne
connaît pas seulement nos lois civiles
et chuTuncUes, le droit canonique et ce
qu'il i'aUait alors savoir de théologie,
mais qui connaît aussi les législations
étrangères, les constitutions politiques,
le mécanisme des sociétés, la philosophie
de l'histoire. Il est né dans cette Provence
que le& Retiens regardent comme un pro-
longcnteut de l'Italie. Proscrit, son père
s'est réfugié a Florence. Il s'est nourri des
légiste' canonistes, théologiens, politi-
ques, p~Hosophes et historiens d'Italie.
Il cite fra Paolo Sarpi, Machiavel, Gui-
chardin.,P:u'uta., comme d'autres Gruizot
et Royer-CoIlard.Alaséance du Sénat,
dont je pirlais tout à l'heure, il prononça
le nom d)' i'ra Paolo Sarpi, dans une pé-
riode si harmonieusement cadencée par
sa voix d'or, que l'auditoire qui, en tait de
fra, sentbiait ne connaître guère que fra
Angelicc ~'i FiBsple, dont le Louvre pos-
sède quelques œuvres, eut tout a coup
la vision de ces petits tableauxàla lumiè-
re sereine. :;n t'raiscoloris,a la grâce naïve.
J'ai depuis cet~e époque entendu deux
ou trois !bi'. M. Ollivier. Sa voix avait en-
core de beaox accents, maisellos'étaitvoi-
léeetunpotérailiée. Le voila septuagé-
naire, à r:')g'c qui n'est plus celui des
amours av.;c l'éloquence, bien que M.
Thiers o'it quatre ans de plus que lui,
lorsqu'avec sa petite voix de fausset il en-
jûiaceUe grande dinde d'Assemblée de
1871.. où il y avait pourtant tant de talents
*ët d'honneur, et lui fit la république.
Je viens de parler de la voix d'or de M.
OUivier. C'est une expression dont on
s'e~.t servi pour Mme Sarah Bernhardt et
qui est devenue « classique )) sur le bou-
levard. Mme Sarah Dernhardt a une voix
d'or.M.CiUvieraunevoix d'or. Je n'ai
jamais entendu même le son d'une cloche
ou d'u:! saxophone en or, et je n'ai au-
cune idée de ce que pe.ut être une voix
d'or [naisj'urtagine que l'or étant ce qui
résonne et raisonne le plus agréablement
& l'oreiiie de tout le monde ou de presque
tout le monde, parce que personne ou
presque pc.onnc ne peut se passer de ce
diable d or, une voix d'or est la plus belle
voix qni se puisse entendre. A l'époque
de ses grands succès d'orateur, M.
OUivier avait la voix la plus domina-
trice et !a plus enchanteresse. J'ai én-
~endn, depuis plus de trenteans, tous nos
orateurs célèbres je ne saurais comparer
M. Oïlivier à aucun d'eux. Il n'est pas
~e l'école des Thiers. Il n'est pas de l'é-
:o)e dos 1 !erryer. Il n'est pas de l'école
f!esGambe!.tn. Il n'est pas de l'école des
Jules Favre. Si le duc de Broglie, M. de
Frcycinet, M. JulcsSimon.M. Thiers,sont
les orateurs que je préfère, jedois àM. Oï-
livier mes plusdélicieusessensationsora-
toires. H y*a en lui quelque chose de plua
jeune, de p'us pur, de plus absolu, de
plus sincère, de plus candide, que sa vie
explique. Ce légiste, en effet, n'a pas en-
seigné le droit dans unechaire, il a été
répétiteur de droit, professeur en cham-
bre, isolé, libre. Il a peu plaidé, il a été
avocat consultant. Entre une leçon et une
consultation; il a médité ? Z~ce ou le
Tr~~f'~c~pcr/'cc~OM~e~s ~e po~M-
~Mc': il a rêvé, il s'est exalté en ce com-
merce spéculatif et, suivant un mot de
Thucydide, je crois, il a toujours tendu
ses filets trop haut.
Son visage ovale est fait tout d'une
ligne l'expression naïve, mystique, dis-
tfaite, un peu ahurie, n'en disparaît que
dans !a. virtuosité du discours. Après la.
,guerre,le maréchal Lebceuf s'est enseveli
dans le silence et l'oubli: et il y est
mort. Le général Troch.u a d'abord tenté
de soulever la pierre qui ferme son tom-
beau,mais il s'est bientôt recouché poury
attendre aussi sa fin. Certes, M. OUivier
n'est pas homme a méconnaître la gran-
deur de cette résignation, je ne veux pas
dire ce repentir. Mais, on lui, le légiste
l'emporte le légiste qui sait le droit et
qui hait quiconque conteste son droit,
s'indigne qu'on le puisse accuser de
n'avoir pas su se qu'il'faisait ou de n'a-
voir pas su le faire; le légiste se révolte,
le légiste: pendant vingt et un mois, nous
lancera trimestriellement un tome à la
tête, et il doit être convaincu que le sep-
tième y entrera et y restera.
Je ne puis pas juger des six volumes
qui n'ont pas encore paru et je ne puis
même pas en préjuger par celui que j'ai
lu et qui est une softe de préface « pré-
historique », comme un coup d'œil d' « ai-
gle ? sur le siècle, de la chute de Napo-
léon 1~ au ministère de M. Ollivier. Eh
bien) si vous voulez le savoir, la faute
en est aux traités de 1815 et comme les
traités de 1815 n'auraient pas eu lieu sans
la révolution de 1789 et que cette révolu-
tion elle-même est issue de la renaissance
italienne qui a bouleversé nos traditions
nationales et changé notre vieil état mo-
narchique, notre génie et notre être lui-
même, au point qu'à partir du troi-
sième Bourbon, nos rois prennent jus-
qu'au masque italien et césarien.c'està la
renaissance italienne qu'il faudrait faire
remonter les origines du ministère du 2
janvier 1870 et de la déclaration de guerre
du 15 juillet suivant.
Quels que soient les développements
que prendra cette thèse, posée en des pa-
ges savantes, variées, agréables, mais
qu'ontrouve un peuorgueilleuses.unpeu
«romantiques)) ou plutôt a. cause des dé-
veloppements qu'elle devrait prendre dans
un ouvrage de si longue baleine, je crains,
pour M. OUivier, qu'on cesse de voir en
lui l'auteur de l'empire libéral, qu'il
croit être. mais qu'il n'est pas, en enet, et
qu'on continue de voir en lui l'auteur de
la guerre de 1870, qu'il croit ne pus être,
mais qu'il est cependant.
La constitution de 1852 a eu pour but
d'abord,d'abolir la seconde rèpublique.qui
effrayait le pays rien qu'en lui rappelant
la première, dont des témoins et des vic-
times vivaient encore; ensuite, de donner
à un dictateur, à un empereur la tutelle
et l'éducation du suffrage universel, dont
le pays avait peur aussi, tout en ayant
conscience que si c'est là une ins-
titution qu'on peut ne pas se don-
ner, iorce est de s'en accommoder, une
fois qu'on l'a. Mais Napoléon III savait si
bien que cette constitution ne durerait
que le temps de s'habituer au suffrage
universel, qu'il y avait introduit ce qui la
devait tempérer d'abord et remplacer en-
suite,c'est-à-dire un sénat et uncorpsiégis-
latii.qui délibéraient.qui votaient le bud-
get sans spécialité, mais qui le votaient,
qui n'amendaient pas les lois, mais qui
les votaient aussi; et qu'il répétait dans
ses manifestes que cette constitution était
qui anranchissait l'Italie de la domination
autrichienne, donna de l'essor aux idées
libérales qui s'étaient déjà réveillées par
le décret du 34 no vembrei860. Napoléon III
desserrait la constitution de 1853. L'em-
pire libéral commençait. Enfin, lorsque
h vie politique déborda. Napoléon III
appela à lui donner les organes qu'elle a
partout dans la société contemporaine, le
plus brillant théoricien libéral, qui lui
avait prêté hommage M. Oïlivier.
Si le principe des nationalités est né
des traités de 1815 et si Napoléon III a
fait l'unité italienne par amour de ce
principe, je ne m'explique pas que, par
amour du même principe, il n'ait pas,
au moins, laissé faire l'unité allemande.
Tout le monde a entendu ce «racontara que
Napoléon III n'était pas, comme on dit,
« le ûls de son père )). Napoléon 1°~ est
Italien par sa race, son type, son génie
et son œuvre.NapoléonIIIestaussiItalien
que son oncle.Il aconspiré à main armée
enItalie.L'attentat d'Orsini estde 1858.
Sa politique intérieure avait fait dire à
celui qui devait lui succéder, à M. Thiers:
« J'aime assez cette, cuisine, mais je
n'aime pas le cuisinier. ? Sa politique ex-
térieure, au contraire, réunit partisans et
adversaires dans un concert de réproba-
tion. Je ne puis pas me figurer un tel
déséquilibre un souverain à un pôle
pour la politique extérieure, et à l'autre
pôle pour la politique intérieure. Je cher-
che ailleurs les raisons et les causes.
N'est-il pas plus vraisemblable que Na-
poléon III a coloré du principe des na-
tionalités la nécessité de tenir des enga-
gements de carbonarisme, sous peine de
laisser un trône incertain à son fils à
peine sorti du berceau ? 2
Il semble si bien que c'est cela., qu'af-
faibli par l'âge et la maladie, sachant par
le général Ducrot, M. Rothan, le colonel
StoSel et d'autres encore, que la Prusse
cherchait la guerre, assailli de pressenti-
ments funestes, Napoléon III a cependant
déclaré la guerre que M. de Bismarck
voulait lui faire déclarer, et il l'a dé-
clarée, en de patriotiques alarmes, pour
empêcher, eniin. la Prusse de faire en
Allemagne ce que lui-même avait aidé
le Piémont à faire en Italie, et protéger
son trône et la France contre le principe
des nationalités. Mais, avec la constitu-
tion de 1870, dont M. Oïlivior avait, en si
beau frac, doté le gouvernement impé-
rial, le président du conseil a la respon-
sabilité de cette déclaration autant et
plus que le souverain lui-même, puis-
qu'il pouvait donner sa démission, pour
avertir ainsi et Napoléon III et la France
du péril où ils couraient.
Ni en sept volumes, ni en septante, M.
Ollivier ne pourra réfuter cette logique
des faits. Si la guerre avait été heureuse,
on ne lui en aurait pas refusé la gloire,
et je ne pense pas que lui-même eût re-
fusé cette gloire. J'admets qu'il a été
« victime a de ce que les Italiens appel-
lenl la « force irrésistible ». Mais un
homme d'Etat doit savoir aussi porter le
poids des fautes qu'il n'a pu éviter. Aussi
bien, M. Ollivier n'a pas trop à se plain-
dre. On parle maintenant de lui avec
sérénité. Les « reporters o lui deman-
dent des consultations politiques, théo-
logiques et autres. Il brille aux « huis-
clos )) de l'Académie. H trace ses limites
au pouvoir du Pap&. Il m& semble que
M. OUi vMf peut feadre, gr&<;& &ux~ dieux.
-U<
Ce qui se passe
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ques.
ËGHOS DE PARIS
M. Decrais s'est rendu, hier, au châ-
teau de Windsor pour présenter ses
lettres de rappel à la reine d'Angleterre.
Le comte de Kimberley, ministre des af-
faires étrangères, était auprès de la
Reine.
M. Decrais a diné avec la reine Victoria
et la famille royale.
Le baron de Gourcel, nouvel ambassa-
deur de Franco, est attendu à Londres
dans une quinzaine de jours.
Le général de BoisdeSre rentrera, à Pa-
ris demain. Il n'a pu, par conséquent, as-
sister hier soir, au diner ouert par le gou-
verneur de Paris à la commission supé-
rieure de classament.
Le général Berruyer s'est également
excusé.
C'est jeudi prochain que les Immortels
se réuniront pour procéder à l'élection du
successeur de M. Leconte de Lisle. Mais
le résultat de la journée est connu d'a-
vance, M. Henri Houssaye étant seul can-
didat au fauteuil avec le candidat perpé-
tuel, M. Zola.
Un instant M. Deschanel avait pensé
à poser sa candidature, mais des per-
sonnes au courant des choses académi-
ques lui ont fait remarquer que c'était
s'exposer à un échno à peu près certain et
qu'il se trouverait alors en lâcheuse pos-
ture. D'autres lui ont rappelé que régu-
lièrement M. Henri Houssaye devrait
faire partie de l'Académie française de-
puis le 23 février dernier. Ce jour-la, on
s'en souvient, MM. A. Leroy-Beaulieu,
Emile Montégut, Zola et Houssaye se
disputaient le iauteuil de M.Taine. M.
Houssaye devait être élu, mais Mme
Taine ayant fait des démarches pour
faire ajourner l'élection, afin que M. So-
rel succédât à son mari et, historien, fit
l'éloge de cet historien, ces démarches
furent couronnées de succès.
Personne n'ayant obtenu le nombre de
voix nécessaire, l'élection fut ajournée
mais cette manoeuvre constituait envers
M. Houssaye une sorte d'engagement que
l'Académie française se prépare a tenir.
M. Arsène Houssaye peut donc prépa-
rer son encre et ses plumes pour écrire
l'histoire du neuvième fauteuil, ce fau-
teuil illustré par Victor Hugo et P. Cor-
neille. Ce sera le fauteuil de son nls.
Le président de la république a reçu,
hier. les sénateurs et députés du Puy-
de-Dôme, le préiet du Puy-de-Dôme, le
maire de Clermont-Ferrand et une délé-
gation du conseil municipal de cette
ville, qui l'ont prié de venir assister, en
juin 1895, à la distribution des récom-
penses du concours agricole régional de
Clermont-Ferrand.
M. Ga.simir-Perier a répondu que, sol-
licité de divers côtés, il ne pouvait pren-
dre, dès aujourd'hui, une décision irrévo-
cable.
La délégation, en quittant l'Elysée, a
été reçue par le président du conseil, à
qui le maire de Clermont a tait la même
invitation.
M. Charles Dupuy a répondu que c'é-
tait une date bien éloignée pour prendre
un engagement et que ce serait de sa part
montrer quelque prétention, mais qu'il
serait très heureux de s'y rendre, soit
comme président du conseil, soit comme
simple citoyen.
Les délégués ont fait une démarche ana-
logue auprès de MM. Viger, ministre de
l'agriculture, et Leygues, ministre de
l'instruction publique et des beaux-
arts.
tXTERVIEW-EXPRESS
Rencontré, hier, M. Victorien Sardou,
place de la Madeleine
Un mot, cher maître ? Il semble ré-
sulter d'une interview publiée, ce matin,
par un de nos plus aimables contrëres, le
.M~t'M, que vousn'auriezpas promis à Mme
Jane Hading d'écrire un rôle pour elle à
l'occasion de sa rentrée au Gymnase,
ainsi que nous l'avons nous-mêmes an-
noncé?
Je me serai sans doute mal expli-
qué, nous répond l'éminent dramaturge.
J'ai partaitement promis un rôle à Mtne
Hading dans la prochaine pièce que je
donnerai au Gymnase. Quand ferai-je
jouer cette pièce? Je n'en sais rien, et
nous avons tout le temps d'y penser. Mais
pour avoir promis un rôle à Mme Hading,
rien de plus exact.
» D'ailleurs, voici comment les choses
se sont passées, comme l'a très bien dit
le Afa< M. Albert Carré ayant prooosé
à Mme Jane Hading un engagement pour
le Gymnase, la charmante comédienne
est venue me demander conseil. Je lui ai
dit que, avant de quitter la Comédie-
Française.eMe devait s'assurer si elle n'a-
vait pas une création importante à faire
dans la pièce d'un de mes confrères, dans
la nouvelle comédie de Meilhac, par
exemple.
» Mme Jane Hading s'étant assurée, en
eBet, qu'elle n'avait à espérer aucune
création intéressante dans les pièces nou-
velles du Théâtre-Français, je lui ai con-
seillé d'accepter les onres qui lui étaient
laites.
» Et comme elle me demandait si, an
cas où elle entrerait au Gymnase, elle au-
rait l'occasion de créer un rôle nouveau
dans une pièce de moi, je lui ai répondu
q~to c'était bien dans cette intention que
je l'invitais à accepter les propositions
de MM. Pore! et Albert Carré. Voilà, ce
n'est pas plus compliqué que ça. »
Pépinières de souverains.
Il y a eu, en ce siècle, des familles qui
ont eu le privilège d'être une pépinière
de souverains.
Nous ne parlerons pas de Napoléon I"'
qui a eu le pouvoir de placer, pour un
temps, ses frères et sœurs sur les trônes
d'Espagne, de Naples, d'Etrurie, de
Parme, de Hollaade et de Westphalie,
mais nous rappellerons ia famiue de
Beaaharnais dont !e& descendants p~r les
~mmes ont été Napoléon III,ia grand~-
duchesse Stéphanie de Bade, une reine
de S aède, un roi de Portugal, et actuelle-
ment la reine de Saxe et le roi de R&uma-
me.
La reine Victoria apparaît, aujourd'hui
déjà~comme la mère ou l'aïeule vénéra-
ble d'une foule de souverains le prince.
de Galles, futur roi d'Angleterre et em-
pereur des Indes le duc d'Edimbourg,
duc régnant de Saxe'Cobourg-Gotha;
Guillaume II et sa sœur, la duchesse de
Sparte, future reine de Grèce le grand-
duc régnant de Messe et sa &oeur, la jeune
impératrice de Russie.
Le roi de Danemark est père du roi de
Grèce, grand-père de l'empereur de Rus-
sie et père de la princesse de Galles.
La iajnille de Saxe-Gobourg-Gotha a
pour descendants la reine d'Angleterre,
par sa mère, le roi des Belges, le roi de
Portugal, le prince de Bulgarie, le duc de
Saxe-Cobourg-Gotha, et par la reine d'An-
gleterre tous ceux que nous avons déjà
nommés à son sujet.
La famille de Bourbon, autrefois alliée
à toutes les familles régnantes de religion
catholique, n'a plus de descendants cou-
ronnés qu'Alphonse XIII, la reine de Por-
tugal, François II, qui a perdu la cou-
ronne des Deux-Siciles, et, par les fem-
mes, le roi d'Italie.
La maison d'Autriche a perdu les du-
chés de Toscane et de Modène, mais d'elle'
descendent la reine des Belges et, par les
femmes, le roi d'Espagne, le roi d'Italie,
le roi de Saxe et le futur roi de B a-
vière.
L'empereur de Russie, la reine de Hol-
lande. le roi de Bavière et plusieurs prin-.
ces allemands descendent des Hohenzol-
lern,dont la branche aînée a donné un
roi à la Roumanie.
Paul I", empereur de Russie, a pour
descendants la reine'de Hollande, la
grande-duchessedeMecklembourg-Schwe-
rin, le grand-duc de Saxe-Weimar.
Mais sait-on que presque tous les prin-
ces protestants descendent de Coligny et
également des Bourbons, mais avant
Henri IV, par la famille d'Orange-
Nassau.
Il est intéressant de rappeler en ce mo-
ment qu'un certain nombre de Malgaches
ont été, depuis plusieurs années, reçus
dans nos écoles et dans nos régiments.
Dès 1888, trois jeunes sujets, destinés
à commander, furent placés en subsis-
tance au 133° de ligne, avec l'autorisation
du général Ferron. Ils apprirent rapide-
ment la langue française, entrèrent en-
suite à l'école de Saint-Maixent et servi-
rent au 83° de ligne comme sous-lieute-
nants au titre étranger. Ils rentrèrent en
1890 dans leur pays.
Trois autres ont fait un stage dans des
régiments d'artillerie et du génie; ils ont
suivi les cours de l'école de Versailles en
1890-91. Un huitième sujet malgache fut
admis à l'école de santé militaire de Lyon
et reçu docteur en médecine.
Mgr Grégoire Youssef, patriarche grec
catholique d'Antioche, est arrivé avant-
hier matin de Rome, accompagné de son
grand-chancelier, Mgr Chereim, et de M.
l'abbé Mallouk, son vicaire général de
Jérusalem.
Mgr Grégoire, qui. est descendu, 40,
avenue Henri-Martin, chez le chevalier
Mac Swiney, camérier de S. S. Léon
XIII, a déjeuné hier à la Nonciature.
Sa Béatitude a demandé une audience
à M. Casimir-Perier.
On sait que la direction de la Revue de
Paris était partagée entre MM. James
Darmesteter et Louis Ganderax. Aujour-
d'hui, M. Louis Ganderax conserve ses
fonctions et M. Ernest Lavisse, de l'Aca-
démie française, succède à M. James Dar-
mestater. Nul doute que, sous leur direc-
tion, la Revuede Paris ne continue à jus-
tifier la laveur toujour croissantes du
public.
L'âge des académiciens.
Le regretté M.VictorDuruy était le troi-
sième, par rang d'âge, des membres de
l'Académie française.
Le doyen de la docte compagnie reste
toujours M. Legouvé, avec ses quatre-
vingt-neuf ans.
Viennent ensuite MM. de Lesscps, Ca-
mille Doucet, Jules Simon et Rousse,
pour ne citer que les octogénaires.
Les trois plus jeunes sont MM. le vi-
comte de Vogué, Pierre Loti et Paul Bour-
get, le dernier élu.
Le vin de quinquina Dubonnet est, par
excellence, l'apéritif des familles. Sa cou-
leur superbe, sa limpidité, sa composi-
tion, la modicité de son prix lui assurent
le plus vit succès.
Le vin de quinquina Dubonnet doit être
employé par tous ceux qui se livrent aux
exercices en usage aujourd'hui, comme
la bicyclette et le cheval. C'est l'apéritif
obligé de nos jolies patineuses.
On signale un genre nouveau, intéres-
sant la mode féminine, dans la fabrica-
tion toujours ingénieuse des tissus fran-
çais.
Il s'agit d'un drap perforé sur transpa-
rent de couleur, innovation de nos manu-
factures du Nord.
Ces découpages forment des dessins
symétriques qui entourent le bas de jupe e
et se retrouvent sur les manches et sur le
corsage. Toutes sortes de teintes peu vent
être employées sous les draps ajourés à
la condition d'éviter l'assemMage de deux
nuances choquantes.
Mais ce qui est d'apparence charmante
et de haut goût, c'est un transparent en
satin du même ton que le drap.
Le syndicat général des associations
vinicolos est en possession des apprécia-
tions parvenues de toutes les sources au-
torisées sur la récolte de 1894.
Il y a unanimité dans l'affirmation qne
la qualité est sensiblement supérieure à
celle des années précédentes, bien que
certains crus de 1893 aient une finesse
remarquable.
Les vins de 1894, entre autres qualités
premières, ont le « fruité a et le corps,
qui leur assurent une bonne conserva-
tion et les classent comme vins d'avenir.
En outre, leur couleur, très franche,
prouve une excellente maturité et d'op-
portunes vendanges. là-,
Mais la Seur du raisin ayant générale-
ment «rmalpMsé M, surtout en Bourgo-
gne, le rendement s'est trouvé inférieur
Sist BMyenn.e d6s cinq dcccuLer~ anneas,
A travers les livres
Les dessins originaux de J. Le Blant,
ayant servi à illustrer l'Enfant pe~M, de
Toudouze, et le '~tS/MOt~, de Walter
Scott, seront vendus, jeudi~prochain, 6
octobre, à l'hôtel Dtouot, en même temps
t{ue deux aquarelles du même auteur.
MOUVELLES A LA MA9N
Deux domestiques se rencontrent chez
le marchand de vins
Tiens c'est toi, Jean t que fais-tu ? q
Je verse.
Ah tu t'es fait sommelier ? '1
Non, cocher de nacre.
Entre amis.
Il est bien fâcheux que ta femme ait
lu la dernière lettre que je t'ai écrite. Tu
m'avais toujours dit pourtant qu'elle n'ou-
vraitpas tes lettres.
Certainement. seulement pourquoi
as-tu commis l'imprudence de mettre sur
l'enveloppe co~/Me~te~e.
UN OOM'NO
ÛËMEMU ~CESSME
Un de nos plus aimables confrères, et
aussi un de nos plus grands journaux,
dont. les informations ont toujours du
poids, !e .Pt~aro, a publié une interview
du général Mercier, ministre de la guerre,
au sujet du capitaine Dreyfus.
Le 2e?Kps a timidement démenti cette
interview, nous avons vainement at-
tendu un démenti officiel de l'agence Ha-
vas, et nous savons que le ~t~a~o main-
tient l'exactitude de son interview, qui
aurait même duré une heure et demie.
Plusieurs de mes collaborateurs ont dit
ce qu'il fallait penser du crime de trahi-
son, et je ce saurais m'associer en termes
assez énergiques a. leurs paroles indi-
gnées. Celui qui trahit sa patrie commet
plus qu'un parricide il commet un pa-
tricide, et les supplices qu'on infligeait
autrefois au parricide ne pourraient pas
expier son forfait.
Je ne viens donc pas défendre le capi-
taine Dreyfus. S'il est coupable, le con-
seil de guerre devra le frapper selon toute
la rigueur des lois, et je souscrirai des
deux mains a sa condamnation.
Mais le capitaine Dreyfus n'est encore
qu'un prévenu. Il est depuis plus de qua-
rante jours au secret. Il n'a pas encore été
autorisé à voir son avocat, ni même sa
femme et ses enfants.
Un ofûcier ne peut, même pour défen-
dre son honneur, publier une ligne sans
l'autorisation du ministre de la guerre.
Or, le général Mercier fait ou laisse pu-
blier une longue interview sur le capi-
taine Dreyfus qui est plus qu'un réquisi-
toire, qui est une véritable condamnation,
un arrêt de mort. Nous félicitons le jp<
T'0 de la bonne fortune d'une interview
de cette importance, mais nous n'en féli-
citons pas le général Mercier.
Si le ministre de la guerre prononce un
tel arrêt contre le capitaine Dreyfus,
quelle liberté reste-t-il au conseil de
guerre qui va être appelé à juger ce pré-
venu ? P
La famille du capitaine Dreyfus a le
devoir de croire a son innocence. Par res-
pect pour ce sentiment si légitime, le mi-
nistre de la guerre aurait dû garder le si-
lence.
L'autre famille du capitaine Dreyfus,
l'armée, adroit, elle aussi, ace que jus-
tice soit faite en toute indépendance sur
l'un de ses membres. Par respect pour ce
sentiment non moins légitime, le ministre
de la guerre aurait dû garder le silence.
Ennn, la troisième famille du capitaine
Dreyfus, la communauté juive, qui
compte cent quarante mille personnes en
France, et qui ne veut certes point se so-
lidariser avec les traîtres et applaudira à
leur condamnation, avait aussi le droit
de voir l'appareil ordinaire d'un procès
criminel protéger un de ses membres. Le
ministre de la guerre met ainsi hors la
loi le capitaine Dreyfus.
Si le général Mercier ne donne pas, au-
jourd'hui, au conseil des ministres, les
explications les plus catégoriques, on
aura le droit de dire qu'il peut être un
honnête homme et un brave soldat, mais
qu'en cette occasion il a manqué à tous
les devoirs de l'humanité et que le cœur
d'un homme n'a pas battu sous son uni-
forme de soldat.
ARTHUR MEYER
Bloc-Notes Parisien
Lew &dtNtïni8tF~temps dm Thê&tre-
Fr&nç~!s
M. Edouard Thierry, qu! vient de mourir à
l'âge de quatre-vingt-un ans, fut le huitième
administrateur du Théâtre-Français. I[ avait
eu pour prédécesseur M. Empis, l'académicien,
et il eut pour successeur M. Emile Perrin, que
remplace aujourd'hui M. Jules Claretie. C'était
un lettré doublé d'un érudit en art dramati-
que, car il laisse des études d'un très curieux
intérêt sur certains côtés de l'histoire du théâ-
tre en France. Mais son ouvrage le plus docu-
menté et le plus utile à consutter est peut-être
le dernier livre qui a paru de lui de son vivant,
et qu'il a modestement intitulé yottfHa/ de la
CoM~t'e-Fra~caMe ~en~faMt les deux ~t~-M.
Ces historiens de t'avenir y trouveront assuré-
ment à glaner, car le volume fourmille en ren-
seignements des plus précieux sur cette pé-
riode mouvementée que traversa la maison de
Mwtière.
Mais cet ouvrage ne serait-U pas ptutôt un
chapitre des mémoires inédits de M. Edouard
Thierry, dont ta publication avait été réservée
par ['ancien administrateur du Théâtre-Fran-
çais pour ne paraître qu'après sa mort r Ce)a
se pourrait bien. Car it est assez improbable
qu un esprit aussi curieux d'histoire dramati-
que que l'était M. Edouard Thierry n'ait pas
retenu pour la postérité les faits nombreux et
piquants dont it fut te témoin pendant les
treize années qu'it a dirigé les destinées de la
Comédie-Française.
Pensez donc que M. Edouard Thierry avait
recueilli une succession qui lui offrait comme
artistes Régnier, Samson, Provost, Bressant,
Monrose, Got, Detaunay, Mmes Arnould-Ples-
sy, Favart, Augùstine et Madeleine Brohan
N'est-ce pas sous son administration que dé-
buta Coquelin a!né ? Et que de brittants succès
n'eut-it pas -à enregistrer le Duc Job, de Léon
Laya; tes E~roKt~ et le Fils de G~oyer,
d'Ëmite Augier; Of! ne 6de Musset; te Lt'OM amotDalila, d'Octave Feuittet t
C'est sous cette même administration de M.
Edouard Thierry, le 5 décembre t865, qu'eut
tieu ta fameuse fepfésentatiotLd'.BeMrteKe Maf-
~c& des frères de Goncouft~ qui est restée
dans tes Mnm!es dnnnàt!Ques comme uae des
~M tumattueuMS MÙ~es qui se scient pro-
duites au théâtre. Co'incidence curieuse: Jt
prédécesseur de M. Edouard Thierry, M. Em*
pis, avait connu les émotions d'une pareille re.
présentation le jour même où il était entré en
fonctions, le'for février :856, avec le Gto/~ery
d'Edmond About, sifné à la première et sup-
primé des le lendemain, à ta seconde représea'
tation, qui n'alla même pas jusqu'à ta fin.
!p
On sait que c'est en t833 que les artistes dt
la Comédie-Française, renonçant à s'adminis.
trer eux-mêmes, par suite des dettes de t<
maison de Motière, qui s'élevaient à pr.ès d<
six cent mille francs, demandèrent un direc-
teur. C'était développer et affirmer les fonc*
tions du parlé dans le décret de Moscou et qui était
chargé de transmettre aux comédiens les ordres
du surintendant des spectactjES et de surveiller
toutes tes parties de l'administration.
Le premier directeur fut M. Jouslin de La
Salle, qui fut assez heureux dans son adminis.
tration, ayant réussi à obtenir une moyenne de
deux mille francs par jour, ce qui était superbe
à cette époque.
H fut remplacé en t83y par M. Vedel, la
caissier du théâtre, qui eut l'honneur d'enga-
ger Rachel et de la faire débuter dans le rote
de Camille d'Horace. Un historien du Théâtre-
Français nous donne la recette de cette pre-
mière soirée: ~53 francs Les dix-huit premiè-
res représentations ne produisirent d'ailleurs
qu'un peu ptus de treize mitte francs, ta.
moyenne actuelle de deux bonnes~représenta-
tions au Théâtre-Français. It est vrai que seize
ans après, sous l'administration de M. Arsène
Houssaye, la moyenne des représentations de
Rachel dépassait six mille francs.
La direction de M. Vedel ne dura que trois
ans à peine. Les comédiens revinrent alors à
t'ancien mode et s'administrèrent eux-mêmes,
sous la surveillance d'un commissaire royat
nommé à cet effet et qui n'était autre que M.
Buloz, directeur de la ~M': C~et interrègne devait continuer jusqu'à ta révo~
lution de 48, époque à laquelle M. Lockroy
fut nommé directeur. Mais t'époque était trop
troublée pour qu'une administration, ayant à
faire face à des nécessités aussi multiples, mar-
chât régulièrement, et M. Edmond Seveste suc-
céda quelques mois après à M. Loctcroy dan?
la direction du Théâtre-Français. Le nouveau
directeur dut céder la place presque aussitôt,
d'ailleurs, à M. Arsène Houssaye qui, nommé
directeur provisoire en a.vril [8~.0, fut maintenu
définitivement à ce poste en mai <85o.
Les prédécesseurs de M.Arsène Houssaye n'en
avaient pas moins eu à leur actif des repré-
sentations éclatantes M. Joustin de La Satie,
avec le C~a Hugo et la CaMaraafer~e de Scribe; M. Vedel
avec.M//e<~Be//e-e de Dumas; M.Bulox
avec le VerreDfMO!'M//M~<' ~a/Mf-Cyr de Dumas, leCa~rt'ce
de Musset et A~r:e~e ~.eeouM'eur de Scribe
et Legouvé. La Ga~r d'être jouée lorsque M. Arsène Houssaye prit
l'administration du Théâtre-Français.
Le nouvel administrateur continua ia sérit
briffante inaugurée par ses prédécesseurs.
En effet, it n'était pas plus tôt installé qu'il
faisait reprendre le C/:andc/et' de Musset,
['œuvre exquise du poète représentée pour la
première fois au Théâtre-Historique de Du-
mas, et M. Arsène Houssaye donnait, comme
suite à ce petit chef-d'œuvre, M//e de la Set-
~'ére de Jules Sandeau et le BoM~omMe Jadis
de Murger.
Le nouvel administrateur, qui avait déjà été
confirmé à son poste par le Prince-Président,
fut confirmé de nouveau par l'Empereur, en
décembre f852. Deux mois après, M. Arsène
Houssaye faisait représenter Lady Tarft~f, de
Mme Emile de Girardin. A cette occasion,
t'impératrice Eugénie, dont le mariage avee
Napotéon Ht venait de s'accomplir, se montra
pour ta première fois au Théâtre-Français.
Mais l'Empereur, lui, s'y était déjà montré
et notamment dans une circonstance singu-
lière, à l'occasion de la reprise de Marron De-
/orMe, la pièce célèbre de fauteur de Napoléon
le Petit et des C~homme d'esprit, avait tui-même donné le si-
gnât des applaudissements. Et comme à la no
du spectacle M. Arsène Houssaye demandait
à l'Empereur s'il était vrai qu'il allait être
révoqué pour avoir eu la hardiesse d'afficher
cette pièce, Napoléon I!! lui répondit
Vous t'êtes si peu que je vais donner ordre
à Persigny de vous élever au grade d'officier de
la Légion d'honneur.
A quelques années de là, en t856, ce fut le
poète tui-même qui demanda à l'Empereur de
le relever de ses fonctions. Il le Ht par la spiri-
tuelle lettre suivante
« Napoléon 1er disait qu'il est plus facile de
gouverner une armée de cent mille hommes
qu'une troupe de comédiens. L'Empereur ne
connaissait pas les auteurs dramatiques. Ce
qui est certain, c'est que j'ai eu le courage de
me faire tant d'ennemis qu'il ne me reste plus
aujourd'hui qu'un ami cet ami, c'est moi.
Et encore je n'en suis pas bien sûr. Pour ne
pas perdre celui-là, je viens supplier Votre Ma-
jesté de vouloir bien agréer ma démission.
Aussi bien, ce que j'avais à faire au Théâtre-
Français, je l'ai fait.
» Arsène HousaAYE. »
*'è
A M. Arsène Houssaye succéda M. Empis,
de l'Académie française, qui fit jouer, entre
autres pièces, la jf';aMM et à qut succéda, au bout de deux ans, M.
Edouard Thierry. Celui-ci devait rester,
comme nous t'avons dit, treize ans au Théâtre-
Français. Nommé administrateur en )858, it
fut remplacé, en <87t, par M. Emite Perrin,
sous l'administration duquel ta Comédie-Fran-
çaise eut une ère de prospérité tout à fait re-
marquable. La carrière de M. Perrin est trop
présente à la mémoire de tous pour que nous
ayons à en parler ici.
Rappelons que c'est sous son administration
que furent donnés te Sp/Mx de Feuillet, les
foKrc~am&aM/f d'Augier. le Da))!c/ .Roc/M' de
Sardou, l'Etrangère, ta Prt'~ceMe <~e B~~t!~
et la Dcnt'M de Dumas, le MoH~* o:t.o;! .<'f);-
ntt/e de Pail)eron, t'.Am<'F; d'Erckmanri-
Chatrian et tant de reprises de premier o:dfs
dont ita a transmis l'héritage à M. Jules Clare-
tie qui, après avoir brillamment inauguré sa
direction avec la Femme de ~oc)-f! vitte le poète charmant que la Comédie fê-
tait avant-hier à Moutins –a poursuivi la série
des succès de son prédécesseur avec F)'a)!o'o~
et Ca&ort'n~ entre autres, et hier encore avec
la reprise du ~*<7ï de Gt&o~'fr.
TOUT-PARtS
-r.
LA FRAMCE
LES VICTOIRES JAPONAISES
Les victoires nombreuses et décisivea
remportées sur les Chinois par les Japo.
nais ont montré combien excellente est
l'organisation militaire de l'empire du
Mikado.
Le Japon a montré sa supériorité écra-
sante et cette supériorité, il la tient de la
France. Le JtieMO~er o/TtCte~ de l'empire
russe le déclarait, il y a quelques jours.
dans un article très commenté, ou il af-
firme que les Japonais doivent, sana
conteste, leurs victoires ~l'armée fran-
çaise.
NoQS av qa~Ued~te t eMMMace cette introdtMr
38" Année 3* Série N' 5362
1 Il
ARTHUR t~EVER
JMrectcMf
RÉDACTION
2, rue Drouot
~)g!e dos boulevards Montmartre et des ItaUent~
ABONNEMENTS
Paris Départements
Tnmois. Sfr. Un mois. 6 a*.
'Rois mois. 13 SO Trois moia. 16 fr.
Sixmms. 27 fr. Sixmois. SZfr.
Un an. S4fr. Un an. 64&.
Etranger
Trois, mois (Umom postale). 18 fr.
~EUDI 29 NOVEMBRE 1894
Ap~UB MEYER
Dtfectettr a
ADMINISTRATION
RENSEIGNEMENTS
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
2,ruoDrouot,3 2
(Acj;te des boutevard': ~ont!HM':r& et des K~tie!
ANNONCES
&~M:. CH. il.A.&B.ANGE, GJERF
6. PLACE DE LA. HOOSSE, 6
Et d ~'a~MJMtM~'C'ttOM ~M JOM)'«
.LA JUSTIFICATION
DB
t Mtff m)M~
Ht. MujB ultMuuU
Le Ge:MJo!~ a publié, l'autre jour, un
chapitre du premier volume de l'p:~
~Mra~, de M. Emile OUivier, qui sera
suivi, paraît-il, de six autres volumes, de
.'trois mois en trois mois. Cette publication
échelonnée est d'un homme qui entend ce
~qu'au « grand siècle a on appelait « sa
rgloire M et ce qu'aujourd'hui on appelle
sa réclame )). J'ai même lu, je ne sais
~lus dans quelle statistique que M. OIIi-
'viër « détient le record de l'interview», et
j'ai entendu raconter que lorsque l'Acadé-
~mieirançaise se met au travail du diction-
;naire, il arrive qnelquefoisàM. Alexandre
Dumas de dire: ((Messieurs, la langue se
fera mieux sans nous que par nous )), et à
M. Ollivier d'ajouter « Si nous parlions
d'autre chose 1 » M. Ollivier tiendrait
alors toute la séance, au grand plaisir
de ses confrères, mais en s'y échauf-
fant un peu, le dé de la conversation.
A mesure que s'éloignent les événe-
'ments de 1870, M. Ollivier reprend
donc langue et plume. Il y a une di-
zaine d'années, on annonçait déjà
r.E?MF~e M&er<~ et M. Ollivier me fai-
sait l'honneur de me confirmer ainsi
cette nouvelle < Lorsque vous con-
naîtrez mieux mon véritable rôle dans les
événements de 1870, vous penserez que
je ne mérite pas les sévérités de votre ju-
gement a ce sujet)). L'.E'M~ K~'c~
est la « justification )) de M. Ollivier dans
ces événements, qui nous ont fait perdre
l'Alsace et la Lorraine.
M. Ollivier est un homme politique
unique, et un écrivain unique aussi car
l'écrivain n'a écrit que pour défendre
l'homme politique, et l'homme politique
n'a pu faire un acte qu'il n'ait du le faire
défendre par l'écrivain. Dans Démocratie
citL~e~e et le ~9~er, comme dans
l'E'fee~M~MCoMc~e du t~Mc~M
et' l'E~!p<6 ~e/Yt~M.Oliivier est à la
fois le client .et l'avocat de M. Oïlivier.
M. Emile Zola a donné à ses romans un
titre général Z~~OM'6 ~'MMe /?n:~e
scMS le second ~M~pt're. M. Ollivier
pourrait aussi donner à ses écrits un titre
général: ~ro~o~o~ea.Je vois encore M.
Oïlivier,enavrill870,gravissantlatribune
du Sénat, pour soutenir le projet de séna-
tui;-consulte qui «. parlementarisait »
l'empire. Il portait, le frac à broderies d'or
de président du conseil, la taille était
cambrée, le visa gegrave,ha.ut,triomphant.
J'ai peine, aujourd'hui, a le reconnaî-
tre sous son chapeau brossé à rebrousse-
poil. Je ne sais qui, à côté de moi,
dit alors « II .a la cambrure de la
vamité' ~Mais je crois que le souci de
JUsHiûer ainsi sa conduite vient d'un sen-
tim.ent plus original.
tD
M. OUivier est ce que l'ancien régime
appelait un légiste un légiste qui ne
connaît pas seulement nos lois civiles
et chuTuncUes, le droit canonique et ce
qu'il i'aUait alors savoir de théologie,
mais qui connaît aussi les législations
étrangères, les constitutions politiques,
le mécanisme des sociétés, la philosophie
de l'histoire. Il est né dans cette Provence
que le& Retiens regardent comme un pro-
longcnteut de l'Italie. Proscrit, son père
s'est réfugié a Florence. Il s'est nourri des
légiste' canonistes, théologiens, politi-
ques, p~Hosophes et historiens d'Italie.
Il cite fra Paolo Sarpi, Machiavel, Gui-
chardin.,P:u'uta., comme d'autres Gruizot
et Royer-CoIlard.Alaséance du Sénat,
dont je pirlais tout à l'heure, il prononça
le nom d)' i'ra Paolo Sarpi, dans une pé-
riode si harmonieusement cadencée par
sa voix d'or, que l'auditoire qui, en tait de
fra, sentbiait ne connaître guère que fra
Angelicc ~'i FiBsple, dont le Louvre pos-
sède quelques œuvres, eut tout a coup
la vision de ces petits tableauxàla lumiè-
re sereine. :;n t'raiscoloris,a la grâce naïve.
J'ai depuis cet~e époque entendu deux
ou trois !bi'. M. Ollivier. Sa voix avait en-
core de beaox accents, maisellos'étaitvoi-
léeetunpotérailiée. Le voila septuagé-
naire, à r:')g'c qui n'est plus celui des
amours av.;c l'éloquence, bien que M.
Thiers o'it quatre ans de plus que lui,
lorsqu'avec sa petite voix de fausset il en-
jûiaceUe grande dinde d'Assemblée de
1871.. où il y avait pourtant tant de talents
*ët d'honneur, et lui fit la république.
Je viens de parler de la voix d'or de M.
OUivier. C'est une expression dont on
s'e~.t servi pour Mme Sarah Bernhardt et
qui est devenue « classique )) sur le bou-
levard. Mme Sarah Dernhardt a une voix
d'or.M.CiUvieraunevoix d'or. Je n'ai
jamais entendu même le son d'une cloche
ou d'u:! saxophone en or, et je n'ai au-
cune idée de ce que pe.ut être une voix
d'or [naisj'urtagine que l'or étant ce qui
résonne et raisonne le plus agréablement
& l'oreiiie de tout le monde ou de presque
tout le monde, parce que personne ou
presque pc.onnc ne peut se passer de ce
diable d or, une voix d'or est la plus belle
voix qni se puisse entendre. A l'époque
de ses grands succès d'orateur, M.
OUivier avait la voix la plus domina-
trice et !a plus enchanteresse. J'ai én-
~endn, depuis plus de trenteans, tous nos
orateurs célèbres je ne saurais comparer
M. Oïlivier à aucun d'eux. Il n'est pas
~e l'école des Thiers. Il n'est pas de l'é-
:o)e dos 1 !erryer. Il n'est pas de l'école
f!esGambe!.tn. Il n'est pas de l'école des
Jules Favre. Si le duc de Broglie, M. de
Frcycinet, M. JulcsSimon.M. Thiers,sont
les orateurs que je préfère, jedois àM. Oï-
livier mes plusdélicieusessensationsora-
toires. H y*a en lui quelque chose de plua
jeune, de p'us pur, de plus absolu, de
plus sincère, de plus candide, que sa vie
explique. Ce légiste, en effet, n'a pas en-
seigné le droit dans unechaire, il a été
répétiteur de droit, professeur en cham-
bre, isolé, libre. Il a peu plaidé, il a été
avocat consultant. Entre une leçon et une
consultation; il a médité ? Z~ce ou le
Tr~~f'~c~pcr/'cc~OM~e~s ~e po~M-
~Mc': il a rêvé, il s'est exalté en ce com-
merce spéculatif et, suivant un mot de
Thucydide, je crois, il a toujours tendu
ses filets trop haut.
Son visage ovale est fait tout d'une
ligne l'expression naïve, mystique, dis-
tfaite, un peu ahurie, n'en disparaît que
dans !a. virtuosité du discours. Après la.
,guerre,le maréchal Lebceuf s'est enseveli
dans le silence et l'oubli: et il y est
mort. Le général Troch.u a d'abord tenté
de soulever la pierre qui ferme son tom-
beau,mais il s'est bientôt recouché poury
attendre aussi sa fin. Certes, M. OUivier
n'est pas homme a méconnaître la gran-
deur de cette résignation, je ne veux pas
dire ce repentir. Mais, on lui, le légiste
l'emporte le légiste qui sait le droit et
qui hait quiconque conteste son droit,
s'indigne qu'on le puisse accuser de
n'avoir pas su se qu'il'faisait ou de n'a-
voir pas su le faire; le légiste se révolte,
le légiste: pendant vingt et un mois, nous
lancera trimestriellement un tome à la
tête, et il doit être convaincu que le sep-
tième y entrera et y restera.
Je ne puis pas juger des six volumes
qui n'ont pas encore paru et je ne puis
même pas en préjuger par celui que j'ai
lu et qui est une softe de préface « pré-
historique », comme un coup d'œil d' « ai-
gle ? sur le siècle, de la chute de Napo-
léon 1~ au ministère de M. Ollivier. Eh
bien) si vous voulez le savoir, la faute
en est aux traités de 1815 et comme les
traités de 1815 n'auraient pas eu lieu sans
la révolution de 1789 et que cette révolu-
tion elle-même est issue de la renaissance
italienne qui a bouleversé nos traditions
nationales et changé notre vieil état mo-
narchique, notre génie et notre être lui-
même, au point qu'à partir du troi-
sième Bourbon, nos rois prennent jus-
qu'au masque italien et césarien.c'està la
renaissance italienne qu'il faudrait faire
remonter les origines du ministère du 2
janvier 1870 et de la déclaration de guerre
du 15 juillet suivant.
Quels que soient les développements
que prendra cette thèse, posée en des pa-
ges savantes, variées, agréables, mais
qu'ontrouve un peuorgueilleuses.unpeu
«romantiques)) ou plutôt a. cause des dé-
veloppements qu'elle devrait prendre dans
un ouvrage de si longue baleine, je crains,
pour M. OUivier, qu'on cesse de voir en
lui l'auteur de l'empire libéral, qu'il
croit être. mais qu'il n'est pas, en enet, et
qu'on continue de voir en lui l'auteur de
la guerre de 1870, qu'il croit ne pus être,
mais qu'il est cependant.
La constitution de 1852 a eu pour but
d'abord,d'abolir la seconde rèpublique.qui
effrayait le pays rien qu'en lui rappelant
la première, dont des témoins et des vic-
times vivaient encore; ensuite, de donner
à un dictateur, à un empereur la tutelle
et l'éducation du suffrage universel, dont
le pays avait peur aussi, tout en ayant
conscience que si c'est là une ins-
titution qu'on peut ne pas se don-
ner, iorce est de s'en accommoder, une
fois qu'on l'a. Mais Napoléon III savait si
bien que cette constitution ne durerait
que le temps de s'habituer au suffrage
universel, qu'il y avait introduit ce qui la
devait tempérer d'abord et remplacer en-
suite,c'est-à-dire un sénat et uncorpsiégis-
latii.qui délibéraient.qui votaient le bud-
get sans spécialité, mais qui le votaient,
qui n'amendaient pas les lois, mais qui
les votaient aussi; et qu'il répétait dans
ses manifestes que cette constitution était
autrichienne, donna de l'essor aux idées
libérales qui s'étaient déjà réveillées par
le décret du 34 no vembrei860. Napoléon III
desserrait la constitution de 1853. L'em-
pire libéral commençait. Enfin, lorsque
h vie politique déborda. Napoléon III
appela à lui donner les organes qu'elle a
partout dans la société contemporaine, le
plus brillant théoricien libéral, qui lui
avait prêté hommage M. Oïlivier.
Si le principe des nationalités est né
des traités de 1815 et si Napoléon III a
fait l'unité italienne par amour de ce
principe, je ne m'explique pas que, par
amour du même principe, il n'ait pas,
au moins, laissé faire l'unité allemande.
Tout le monde a entendu ce «racontara que
Napoléon III n'était pas, comme on dit,
« le ûls de son père )). Napoléon 1°~ est
Italien par sa race, son type, son génie
et son œuvre.NapoléonIIIestaussiItalien
que son oncle.Il aconspiré à main armée
enItalie.L'attentat d'Orsini estde 1858.
Sa politique intérieure avait fait dire à
celui qui devait lui succéder, à M. Thiers:
« J'aime assez cette, cuisine, mais je
n'aime pas le cuisinier. ? Sa politique ex-
térieure, au contraire, réunit partisans et
adversaires dans un concert de réproba-
tion. Je ne puis pas me figurer un tel
déséquilibre un souverain à un pôle
pour la politique extérieure, et à l'autre
pôle pour la politique intérieure. Je cher-
che ailleurs les raisons et les causes.
N'est-il pas plus vraisemblable que Na-
poléon III a coloré du principe des na-
tionalités la nécessité de tenir des enga-
gements de carbonarisme, sous peine de
laisser un trône incertain à son fils à
peine sorti du berceau ? 2
Il semble si bien que c'est cela., qu'af-
faibli par l'âge et la maladie, sachant par
le général Ducrot, M. Rothan, le colonel
StoSel et d'autres encore, que la Prusse
cherchait la guerre, assailli de pressenti-
ments funestes, Napoléon III a cependant
déclaré la guerre que M. de Bismarck
voulait lui faire déclarer, et il l'a dé-
clarée, en de patriotiques alarmes, pour
empêcher, eniin. la Prusse de faire en
Allemagne ce que lui-même avait aidé
le Piémont à faire en Italie, et protéger
son trône et la France contre le principe
des nationalités. Mais, avec la constitu-
tion de 1870, dont M. Oïlivior avait, en si
beau frac, doté le gouvernement impé-
rial, le président du conseil a la respon-
sabilité de cette déclaration autant et
plus que le souverain lui-même, puis-
qu'il pouvait donner sa démission, pour
avertir ainsi et Napoléon III et la France
du péril où ils couraient.
Ni en sept volumes, ni en septante, M.
Ollivier ne pourra réfuter cette logique
des faits. Si la guerre avait été heureuse,
on ne lui en aurait pas refusé la gloire,
et je ne pense pas que lui-même eût re-
fusé cette gloire. J'admets qu'il a été
« victime a de ce que les Italiens appel-
lenl la « force irrésistible ». Mais un
homme d'Etat doit savoir aussi porter le
poids des fautes qu'il n'a pu éviter. Aussi
bien, M. Ollivier n'a pas trop à se plain-
dre. On parle maintenant de lui avec
sérénité. Les « reporters o lui deman-
dent des consultations politiques, théo-
logiques et autres. Il brille aux « huis-
clos )) de l'Académie. H trace ses limites
au pouvoir du Pap&. Il m& semble que
M. OUi vMf peut feadre, gr&<;& &ux~ dieux.
-U<
Ce qui se passe
GAULO!S-S~OE
AM'OM)'d!n<<
Coursesà.AuteuiL
Ahuitheuresetdemie.àtasaHe'desAgricut-
teurs de France, 8, rue d'Athènes, conférence
de M. Emiie Michelet sur i3 dessins symboli-
ques.
ËGHOS DE PARIS
M. Decrais s'est rendu, hier, au châ-
teau de Windsor pour présenter ses
lettres de rappel à la reine d'Angleterre.
Le comte de Kimberley, ministre des af-
faires étrangères, était auprès de la
Reine.
M. Decrais a diné avec la reine Victoria
et la famille royale.
Le baron de Gourcel, nouvel ambassa-
deur de Franco, est attendu à Londres
dans une quinzaine de jours.
Le général de BoisdeSre rentrera, à Pa-
ris demain. Il n'a pu, par conséquent, as-
sister hier soir, au diner ouert par le gou-
verneur de Paris à la commission supé-
rieure de classament.
Le général Berruyer s'est également
excusé.
C'est jeudi prochain que les Immortels
se réuniront pour procéder à l'élection du
successeur de M. Leconte de Lisle. Mais
le résultat de la journée est connu d'a-
vance, M. Henri Houssaye étant seul can-
didat au fauteuil avec le candidat perpé-
tuel, M. Zola.
Un instant M. Deschanel avait pensé
à poser sa candidature, mais des per-
sonnes au courant des choses académi-
ques lui ont fait remarquer que c'était
s'exposer à un échno à peu près certain et
qu'il se trouverait alors en lâcheuse pos-
ture. D'autres lui ont rappelé que régu-
lièrement M. Henri Houssaye devrait
faire partie de l'Académie française de-
puis le 23 février dernier. Ce jour-la, on
s'en souvient, MM. A. Leroy-Beaulieu,
Emile Montégut, Zola et Houssaye se
disputaient le iauteuil de M.Taine. M.
Houssaye devait être élu, mais Mme
Taine ayant fait des démarches pour
faire ajourner l'élection, afin que M. So-
rel succédât à son mari et, historien, fit
l'éloge de cet historien, ces démarches
furent couronnées de succès.
Personne n'ayant obtenu le nombre de
voix nécessaire, l'élection fut ajournée
mais cette manoeuvre constituait envers
M. Houssaye une sorte d'engagement que
l'Académie française se prépare a tenir.
M. Arsène Houssaye peut donc prépa-
rer son encre et ses plumes pour écrire
l'histoire du neuvième fauteuil, ce fau-
teuil illustré par Victor Hugo et P. Cor-
neille. Ce sera le fauteuil de son nls.
Le président de la république a reçu,
hier. les sénateurs et députés du Puy-
de-Dôme, le préiet du Puy-de-Dôme, le
maire de Clermont-Ferrand et une délé-
gation du conseil municipal de cette
ville, qui l'ont prié de venir assister, en
juin 1895, à la distribution des récom-
penses du concours agricole régional de
Clermont-Ferrand.
M. Ga.simir-Perier a répondu que, sol-
licité de divers côtés, il ne pouvait pren-
dre, dès aujourd'hui, une décision irrévo-
cable.
La délégation, en quittant l'Elysée, a
été reçue par le président du conseil, à
qui le maire de Clermont a tait la même
invitation.
M. Charles Dupuy a répondu que c'é-
tait une date bien éloignée pour prendre
un engagement et que ce serait de sa part
montrer quelque prétention, mais qu'il
serait très heureux de s'y rendre, soit
comme président du conseil, soit comme
simple citoyen.
Les délégués ont fait une démarche ana-
logue auprès de MM. Viger, ministre de
l'agriculture, et Leygues, ministre de
l'instruction publique et des beaux-
arts.
tXTERVIEW-EXPRESS
Rencontré, hier, M. Victorien Sardou,
place de la Madeleine
Un mot, cher maître ? Il semble ré-
sulter d'une interview publiée, ce matin,
par un de nos plus aimables contrëres, le
.M~t'M, que vousn'auriezpas promis à Mme
Jane Hading d'écrire un rôle pour elle à
l'occasion de sa rentrée au Gymnase,
ainsi que nous l'avons nous-mêmes an-
noncé?
Je me serai sans doute mal expli-
qué, nous répond l'éminent dramaturge.
J'ai partaitement promis un rôle à Mtne
Hading dans la prochaine pièce que je
donnerai au Gymnase. Quand ferai-je
jouer cette pièce? Je n'en sais rien, et
nous avons tout le temps d'y penser. Mais
pour avoir promis un rôle à Mme Hading,
rien de plus exact.
» D'ailleurs, voici comment les choses
se sont passées, comme l'a très bien dit
le Afa< M. Albert Carré ayant prooosé
à Mme Jane Hading un engagement pour
le Gymnase, la charmante comédienne
est venue me demander conseil. Je lui ai
dit que, avant de quitter la Comédie-
Française.eMe devait s'assurer si elle n'a-
vait pas une création importante à faire
dans la pièce d'un de mes confrères, dans
la nouvelle comédie de Meilhac, par
exemple.
» Mme Jane Hading s'étant assurée, en
eBet, qu'elle n'avait à espérer aucune
création intéressante dans les pièces nou-
velles du Théâtre-Français, je lui ai con-
seillé d'accepter les onres qui lui étaient
laites.
» Et comme elle me demandait si, an
cas où elle entrerait au Gymnase, elle au-
rait l'occasion de créer un rôle nouveau
dans une pièce de moi, je lui ai répondu
q~to c'était bien dans cette intention que
je l'invitais à accepter les propositions
de MM. Pore! et Albert Carré. Voilà, ce
n'est pas plus compliqué que ça. »
Pépinières de souverains.
Il y a eu, en ce siècle, des familles qui
ont eu le privilège d'être une pépinière
de souverains.
Nous ne parlerons pas de Napoléon I"'
qui a eu le pouvoir de placer, pour un
temps, ses frères et sœurs sur les trônes
d'Espagne, de Naples, d'Etrurie, de
Parme, de Hollaade et de Westphalie,
mais nous rappellerons ia famiue de
Beaaharnais dont !e& descendants p~r les
~mmes ont été Napoléon III,ia grand~-
duchesse Stéphanie de Bade, une reine
de S aède, un roi de Portugal, et actuelle-
ment la reine de Saxe et le roi de R&uma-
me.
La reine Victoria apparaît, aujourd'hui
déjà~comme la mère ou l'aïeule vénéra-
ble d'une foule de souverains le prince.
de Galles, futur roi d'Angleterre et em-
pereur des Indes le duc d'Edimbourg,
duc régnant de Saxe'Cobourg-Gotha;
Guillaume II et sa sœur, la duchesse de
Sparte, future reine de Grèce le grand-
duc régnant de Messe et sa &oeur, la jeune
impératrice de Russie.
Le roi de Danemark est père du roi de
Grèce, grand-père de l'empereur de Rus-
sie et père de la princesse de Galles.
La iajnille de Saxe-Gobourg-Gotha a
pour descendants la reine d'Angleterre,
par sa mère, le roi des Belges, le roi de
Portugal, le prince de Bulgarie, le duc de
Saxe-Cobourg-Gotha, et par la reine d'An-
gleterre tous ceux que nous avons déjà
nommés à son sujet.
La famille de Bourbon, autrefois alliée
à toutes les familles régnantes de religion
catholique, n'a plus de descendants cou-
ronnés qu'Alphonse XIII, la reine de Por-
tugal, François II, qui a perdu la cou-
ronne des Deux-Siciles, et, par les fem-
mes, le roi d'Italie.
La maison d'Autriche a perdu les du-
chés de Toscane et de Modène, mais d'elle'
descendent la reine des Belges et, par les
femmes, le roi d'Espagne, le roi d'Italie,
le roi de Saxe et le futur roi de B a-
vière.
L'empereur de Russie, la reine de Hol-
lande. le roi de Bavière et plusieurs prin-.
ces allemands descendent des Hohenzol-
lern,dont la branche aînée a donné un
roi à la Roumanie.
Paul I", empereur de Russie, a pour
descendants la reine'de Hollande, la
grande-duchessedeMecklembourg-Schwe-
rin, le grand-duc de Saxe-Weimar.
Mais sait-on que presque tous les prin-
ces protestants descendent de Coligny et
également des Bourbons, mais avant
Henri IV, par la famille d'Orange-
Nassau.
Il est intéressant de rappeler en ce mo-
ment qu'un certain nombre de Malgaches
ont été, depuis plusieurs années, reçus
dans nos écoles et dans nos régiments.
Dès 1888, trois jeunes sujets, destinés
à commander, furent placés en subsis-
tance au 133° de ligne, avec l'autorisation
du général Ferron. Ils apprirent rapide-
ment la langue française, entrèrent en-
suite à l'école de Saint-Maixent et servi-
rent au 83° de ligne comme sous-lieute-
nants au titre étranger. Ils rentrèrent en
1890 dans leur pays.
Trois autres ont fait un stage dans des
régiments d'artillerie et du génie; ils ont
suivi les cours de l'école de Versailles en
1890-91. Un huitième sujet malgache fut
admis à l'école de santé militaire de Lyon
et reçu docteur en médecine.
Mgr Grégoire Youssef, patriarche grec
catholique d'Antioche, est arrivé avant-
hier matin de Rome, accompagné de son
grand-chancelier, Mgr Chereim, et de M.
l'abbé Mallouk, son vicaire général de
Jérusalem.
Mgr Grégoire, qui. est descendu, 40,
avenue Henri-Martin, chez le chevalier
Mac Swiney, camérier de S. S. Léon
XIII, a déjeuné hier à la Nonciature.
Sa Béatitude a demandé une audience
à M. Casimir-Perier.
On sait que la direction de la Revue de
Paris était partagée entre MM. James
Darmesteter et Louis Ganderax. Aujour-
d'hui, M. Louis Ganderax conserve ses
fonctions et M. Ernest Lavisse, de l'Aca-
démie française, succède à M. James Dar-
mestater. Nul doute que, sous leur direc-
tion, la Revuede Paris ne continue à jus-
tifier la laveur toujour croissantes du
public.
L'âge des académiciens.
Le regretté M.VictorDuruy était le troi-
sième, par rang d'âge, des membres de
l'Académie française.
Le doyen de la docte compagnie reste
toujours M. Legouvé, avec ses quatre-
vingt-neuf ans.
Viennent ensuite MM. de Lesscps, Ca-
mille Doucet, Jules Simon et Rousse,
pour ne citer que les octogénaires.
Les trois plus jeunes sont MM. le vi-
comte de Vogué, Pierre Loti et Paul Bour-
get, le dernier élu.
Le vin de quinquina Dubonnet est, par
excellence, l'apéritif des familles. Sa cou-
leur superbe, sa limpidité, sa composi-
tion, la modicité de son prix lui assurent
le plus vit succès.
Le vin de quinquina Dubonnet doit être
employé par tous ceux qui se livrent aux
exercices en usage aujourd'hui, comme
la bicyclette et le cheval. C'est l'apéritif
obligé de nos jolies patineuses.
On signale un genre nouveau, intéres-
sant la mode féminine, dans la fabrica-
tion toujours ingénieuse des tissus fran-
çais.
Il s'agit d'un drap perforé sur transpa-
rent de couleur, innovation de nos manu-
factures du Nord.
Ces découpages forment des dessins
symétriques qui entourent le bas de jupe e
et se retrouvent sur les manches et sur le
corsage. Toutes sortes de teintes peu vent
être employées sous les draps ajourés à
la condition d'éviter l'assemMage de deux
nuances choquantes.
Mais ce qui est d'apparence charmante
et de haut goût, c'est un transparent en
satin du même ton que le drap.
Le syndicat général des associations
vinicolos est en possession des apprécia-
tions parvenues de toutes les sources au-
torisées sur la récolte de 1894.
Il y a unanimité dans l'affirmation qne
la qualité est sensiblement supérieure à
celle des années précédentes, bien que
certains crus de 1893 aient une finesse
remarquable.
Les vins de 1894, entre autres qualités
premières, ont le « fruité a et le corps,
qui leur assurent une bonne conserva-
tion et les classent comme vins d'avenir.
En outre, leur couleur, très franche,
prouve une excellente maturité et d'op-
portunes vendanges. là-,
Mais la Seur du raisin ayant générale-
ment «rmalpMsé M, surtout en Bourgo-
gne, le rendement s'est trouvé inférieur
Sist BMyenn.e d6s cinq dcccuLer~ anneas,
A travers les livres
Les dessins originaux de J. Le Blant,
ayant servi à illustrer l'Enfant pe~M, de
Toudouze, et le '~tS/MOt~, de Walter
Scott, seront vendus, jeudi~prochain, 6
octobre, à l'hôtel Dtouot, en même temps
t{ue deux aquarelles du même auteur.
MOUVELLES A LA MA9N
Deux domestiques se rencontrent chez
le marchand de vins
Tiens c'est toi, Jean t que fais-tu ? q
Je verse.
Ah tu t'es fait sommelier ? '1
Non, cocher de nacre.
Entre amis.
Il est bien fâcheux que ta femme ait
lu la dernière lettre que je t'ai écrite. Tu
m'avais toujours dit pourtant qu'elle n'ou-
vraitpas tes lettres.
Certainement. seulement pourquoi
as-tu commis l'imprudence de mettre sur
l'enveloppe co~/Me~te~e.
UN OOM'NO
ÛËMEMU ~CESSME
Un de nos plus aimables confrères, et
aussi un de nos plus grands journaux,
dont. les informations ont toujours du
poids, !e .Pt~aro, a publié une interview
du général Mercier, ministre de la guerre,
au sujet du capitaine Dreyfus.
Le 2e?Kps a timidement démenti cette
interview, nous avons vainement at-
tendu un démenti officiel de l'agence Ha-
vas, et nous savons que le ~t~a~o main-
tient l'exactitude de son interview, qui
aurait même duré une heure et demie.
Plusieurs de mes collaborateurs ont dit
ce qu'il fallait penser du crime de trahi-
son, et je ce saurais m'associer en termes
assez énergiques a. leurs paroles indi-
gnées. Celui qui trahit sa patrie commet
plus qu'un parricide il commet un pa-
tricide, et les supplices qu'on infligeait
autrefois au parricide ne pourraient pas
expier son forfait.
Je ne viens donc pas défendre le capi-
taine Dreyfus. S'il est coupable, le con-
seil de guerre devra le frapper selon toute
la rigueur des lois, et je souscrirai des
deux mains a sa condamnation.
Mais le capitaine Dreyfus n'est encore
qu'un prévenu. Il est depuis plus de qua-
rante jours au secret. Il n'a pas encore été
autorisé à voir son avocat, ni même sa
femme et ses enfants.
Un ofûcier ne peut, même pour défen-
dre son honneur, publier une ligne sans
l'autorisation du ministre de la guerre.
Or, le général Mercier fait ou laisse pu-
blier une longue interview sur le capi-
taine Dreyfus qui est plus qu'un réquisi-
toire, qui est une véritable condamnation,
un arrêt de mort. Nous félicitons le jp<
T'0 de la bonne fortune d'une interview
de cette importance, mais nous n'en féli-
citons pas le général Mercier.
Si le ministre de la guerre prononce un
tel arrêt contre le capitaine Dreyfus,
quelle liberté reste-t-il au conseil de
guerre qui va être appelé à juger ce pré-
venu ? P
La famille du capitaine Dreyfus a le
devoir de croire a son innocence. Par res-
pect pour ce sentiment si légitime, le mi-
nistre de la guerre aurait dû garder le si-
lence.
L'autre famille du capitaine Dreyfus,
l'armée, adroit, elle aussi, ace que jus-
tice soit faite en toute indépendance sur
l'un de ses membres. Par respect pour ce
sentiment non moins légitime, le ministre
de la guerre aurait dû garder le silence.
Ennn, la troisième famille du capitaine
Dreyfus, la communauté juive, qui
compte cent quarante mille personnes en
France, et qui ne veut certes point se so-
lidariser avec les traîtres et applaudira à
leur condamnation, avait aussi le droit
de voir l'appareil ordinaire d'un procès
criminel protéger un de ses membres. Le
ministre de la guerre met ainsi hors la
loi le capitaine Dreyfus.
Si le général Mercier ne donne pas, au-
jourd'hui, au conseil des ministres, les
explications les plus catégoriques, on
aura le droit de dire qu'il peut être un
honnête homme et un brave soldat, mais
qu'en cette occasion il a manqué à tous
les devoirs de l'humanité et que le cœur
d'un homme n'a pas battu sous son uni-
forme de soldat.
ARTHUR MEYER
Bloc-Notes Parisien
Lew &dtNtïni8tF~temps dm Thê&tre-
Fr&nç~!s
M. Edouard Thierry, qu! vient de mourir à
l'âge de quatre-vingt-un ans, fut le huitième
administrateur du Théâtre-Français. I[ avait
eu pour prédécesseur M. Empis, l'académicien,
et il eut pour successeur M. Emile Perrin, que
remplace aujourd'hui M. Jules Claretie. C'était
un lettré doublé d'un érudit en art dramati-
que, car il laisse des études d'un très curieux
intérêt sur certains côtés de l'histoire du théâ-
tre en France. Mais son ouvrage le plus docu-
menté et le plus utile à consutter est peut-être
le dernier livre qui a paru de lui de son vivant,
et qu'il a modestement intitulé yottfHa/ de la
CoM~t'e-Fra~caMe ~en~faMt les deux ~t~-M.
Ces historiens de t'avenir y trouveront assuré-
ment à glaner, car le volume fourmille en ren-
seignements des plus précieux sur cette pé-
riode mouvementée que traversa la maison de
Mwtière.
Mais cet ouvrage ne serait-U pas ptutôt un
chapitre des mémoires inédits de M. Edouard
Thierry, dont ta publication avait été réservée
par ['ancien administrateur du Théâtre-Fran-
çais pour ne paraître qu'après sa mort r Ce)a
se pourrait bien. Car it est assez improbable
qu un esprit aussi curieux d'histoire dramati-
que que l'était M. Edouard Thierry n'ait pas
retenu pour la postérité les faits nombreux et
piquants dont it fut te témoin pendant les
treize années qu'it a dirigé les destinées de la
Comédie-Française.
Pensez donc que M. Edouard Thierry avait
recueilli une succession qui lui offrait comme
artistes Régnier, Samson, Provost, Bressant,
Monrose, Got, Detaunay, Mmes Arnould-Ples-
sy, Favart, Augùstine et Madeleine Brohan
N'est-ce pas sous son administration que dé-
buta Coquelin a!né ? Et que de brittants succès
n'eut-it pas -à enregistrer le Duc Job, de Léon
Laya; tes E~roKt~ et le Fils de G~oyer,
d'Ëmite Augier; Of! ne 6
C'est sous cette même administration de M.
Edouard Thierry, le 5 décembre t865, qu'eut
tieu ta fameuse fepfésentatiotLd'.BeMrteKe Maf-
~c& des frères de Goncouft~ qui est restée
dans tes Mnm!es dnnnàt!Ques comme uae des
~M tumattueuMS MÙ~es qui se scient pro-
duites au théâtre. Co'incidence curieuse: Jt
prédécesseur de M. Edouard Thierry, M. Em*
pis, avait connu les émotions d'une pareille re.
présentation le jour même où il était entré en
fonctions, le'for février :856, avec le Gto/~ery
d'Edmond About, sifné à la première et sup-
primé des le lendemain, à ta seconde représea'
tation, qui n'alla même pas jusqu'à ta fin.
!p
On sait que c'est en t833 que les artistes dt
la Comédie-Française, renonçant à s'adminis.
trer eux-mêmes, par suite des dettes de t<
maison de Motière, qui s'élevaient à pr.ès d<
six cent mille francs, demandèrent un direc-
teur. C'était développer et affirmer les fonc*
tions du
chargé de transmettre aux comédiens les ordres
du surintendant des spectactjES et de surveiller
toutes tes parties de l'administration.
Le premier directeur fut M. Jouslin de La
Salle, qui fut assez heureux dans son adminis.
tration, ayant réussi à obtenir une moyenne de
deux mille francs par jour, ce qui était superbe
à cette époque.
H fut remplacé en t83y par M. Vedel, la
caissier du théâtre, qui eut l'honneur d'enga-
ger Rachel et de la faire débuter dans le rote
de Camille d'Horace. Un historien du Théâtre-
Français nous donne la recette de cette pre-
mière soirée: ~53 francs Les dix-huit premiè-
res représentations ne produisirent d'ailleurs
qu'un peu ptus de treize mitte francs, ta.
moyenne actuelle de deux bonnes~représenta-
tions au Théâtre-Français. It est vrai que seize
ans après, sous l'administration de M. Arsène
Houssaye, la moyenne des représentations de
Rachel dépassait six mille francs.
La direction de M. Vedel ne dura que trois
ans à peine. Les comédiens revinrent alors à
t'ancien mode et s'administrèrent eux-mêmes,
sous la surveillance d'un commissaire royat
nommé à cet effet et qui n'était autre que M.
Buloz, directeur de la ~M':
lution de 48, époque à laquelle M. Lockroy
fut nommé directeur. Mais t'époque était trop
troublée pour qu'une administration, ayant à
faire face à des nécessités aussi multiples, mar-
chât régulièrement, et M. Edmond Seveste suc-
céda quelques mois après à M. Loctcroy dan?
la direction du Théâtre-Français. Le nouveau
directeur dut céder la place presque aussitôt,
d'ailleurs, à M. Arsène Houssaye qui, nommé
directeur provisoire en a.vril [8~.0, fut maintenu
définitivement à ce poste en mai <85o.
Les prédécesseurs de M.Arsène Houssaye n'en
avaient pas moins eu à leur actif des repré-
sentations éclatantes M. Joustin de La Satie,
avec le C~a
avec.M//e<~Be//e-e de Dumas; M.Bulox
avec le Verre
de Musset et A~r:e~e ~.eeouM'eur de Scribe
et Legouvé. La Ga~r
l'administration du Théâtre-Français.
Le nouvel administrateur continua ia sérit
briffante inaugurée par ses prédécesseurs.
En effet, it n'était pas plus tôt installé qu'il
faisait reprendre le C/:andc/et' de Musset,
['œuvre exquise du poète représentée pour la
première fois au Théâtre-Historique de Du-
mas, et M. Arsène Houssaye donnait, comme
suite à ce petit chef-d'œuvre, M//e de la Set-
~'ére de Jules Sandeau et le BoM~omMe Jadis
de Murger.
Le nouvel administrateur, qui avait déjà été
confirmé à son poste par le Prince-Président,
fut confirmé de nouveau par l'Empereur, en
décembre f852. Deux mois après, M. Arsène
Houssaye faisait représenter Lady Tarft~f, de
Mme Emile de Girardin. A cette occasion,
t'impératrice Eugénie, dont le mariage avee
Napotéon Ht venait de s'accomplir, se montra
pour ta première fois au Théâtre-Français.
Mais l'Empereur, lui, s'y était déjà montré
et notamment dans une circonstance singu-
lière, à l'occasion de la reprise de Marron De-
/orMe, la pièce célèbre de fauteur de Napoléon
le Petit et des C~
gnât des applaudissements. Et comme à la no
du spectacle M. Arsène Houssaye demandait
à l'Empereur s'il était vrai qu'il allait être
révoqué pour avoir eu la hardiesse d'afficher
cette pièce, Napoléon I!! lui répondit
Vous t'êtes si peu que je vais donner ordre
à Persigny de vous élever au grade d'officier de
la Légion d'honneur.
A quelques années de là, en t856, ce fut le
poète tui-même qui demanda à l'Empereur de
le relever de ses fonctions. Il le Ht par la spiri-
tuelle lettre suivante
« Napoléon 1er disait qu'il est plus facile de
gouverner une armée de cent mille hommes
qu'une troupe de comédiens. L'Empereur ne
connaissait pas les auteurs dramatiques. Ce
qui est certain, c'est que j'ai eu le courage de
me faire tant d'ennemis qu'il ne me reste plus
aujourd'hui qu'un ami cet ami, c'est moi.
Et encore je n'en suis pas bien sûr. Pour ne
pas perdre celui-là, je viens supplier Votre Ma-
jesté de vouloir bien agréer ma démission.
Aussi bien, ce que j'avais à faire au Théâtre-
Français, je l'ai fait.
» Arsène HousaAYE. »
*'è
A M. Arsène Houssaye succéda M. Empis,
de l'Académie française, qui fit jouer, entre
autres pièces, la jf';aMM
Edouard Thierry. Celui-ci devait rester,
comme nous t'avons dit, treize ans au Théâtre-
Français. Nommé administrateur en )858, it
fut remplacé, en <87t, par M. Emite Perrin,
sous l'administration duquel ta Comédie-Fran-
çaise eut une ère de prospérité tout à fait re-
marquable. La carrière de M. Perrin est trop
présente à la mémoire de tous pour que nous
ayons à en parler ici.
Rappelons que c'est sous son administration
que furent donnés te Sp/Mx de Feuillet, les
foKrc~am&aM/f d'Augier. le Da))!c/ .Roc/M' de
Sardou, l'Etrangère, ta Prt'~ceMe <~e B~~t!~
et la Dcnt'M de Dumas, le MoH~* o:t.o;! .<'f);-
ntt/e de Pail)eron, t'.Am<'F; d'Erckmanri-
Chatrian et tant de reprises de premier o:dfs
dont ita a transmis l'héritage à M. Jules Clare-
tie qui, après avoir brillamment inauguré sa
direction avec la Femme de ~oc)-f!
tait avant-hier à Moutins –a poursuivi la série
des succès de son prédécesseur avec F)'a)!o'o~
et Ca&ort'n~ entre autres, et hier encore avec
la reprise du ~*<7ï de Gt&o~'fr.
TOUT-PARtS
-r.
LA FRAMCE
LES VICTOIRES JAPONAISES
Les victoires nombreuses et décisivea
remportées sur les Chinois par les Japo.
nais ont montré combien excellente est
l'organisation militaire de l'empire du
Mikado.
Le Japon a montré sa supériorité écra-
sante et cette supériorité, il la tient de la
France. Le JtieMO~er o/TtCte~ de l'empire
russe le déclarait, il y a quelques jours.
dans un article très commenté, ou il af-
firme que les Japonais doivent, sana
conteste, leurs victoires ~l'armée fran-
çaise.
NoQS av
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