Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1894-10-18
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 octobre 1894 18 octobre 1894
Description : 1894/10/18 (Numéro 5320). 1894/10/18 (Numéro 5320).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k528899p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/02/2008
,UDI 18 OCTOBRE
P~RIS S S CENTIMES D~PAIRTEBERTS ET GAEES CB~tTEBHE~
28< Année 3'Série N'5320
ARTHUR MEYER
Il ~Mt-eeteMf
RÉDACTION
3,rue Dronot
SiBB~O ~ee boulevards Montmartre et des ttaNa
ABONNEMENTS
ABTHM MET M
Dt'fectcMf
ADMINISTRATION
RENSEIGNEMENTS
.ABONNEMENTS. PETITES ANNOMCSO
2,rueDrouot,S
~Angte des boutovsrd': Montmartre et des H.tUcn'~
ANNONCES
MAt. Cil. LAGRA~&B, GERF C.~
6) FLACK DE LA BOURSE, <'
Bt d <'a6!!MtKtï
Paris Départements
CNmo:3. 6fr. Un mois. 6&.
Trois mois. 13SO Trois mois. 16 fr.
Sixmois. 27 fr. Sixmois. 32~r.
Un an. 84 fr. Un an. 64fr.
° Etranger
Trois mots(UBiocpûsta!e). 18&
LES
A G T Ë §
II y a dans le monde politique et dans
la presse un certain nombre de gens qui
sont partisans de l'impôt sur le revenu.
11 y en a qui le complètent par le système
de la progression, lequel consiste, comme
chacun sait, à augmenter le taux de la
taxe à mesure qu'augmente le revenu
tmposé, de sorte que si on paie, je sup-
pose, 5 0/0 de son revenu avec 20,000
francs de rente, on en paie 10 0/0 avec
100,000 francs, et en allant toujours cres-
cendo jusqu'à une limite idéale où on
'paierait 100 0/0, c'est-à-dire où l'Etat
vous prendrait la totalité de vos ressour-
ces..
Sans aller aussi loin, probablement, M.
Cavaignac fait partie de cette école, vous
Savez bien, M. Cavaignac, celui qui passa
un instant pour un successeur possible
de M. Carnot, parce que, dans des cir-
constances mémorables au fait, étaient-
elles mémorables, ces circonstances,
puisqu'elles sont oubliées ? il avait dit
qu'il fallait que la république lût hon-
nête.
Idée neuve, idée audacieuse, idée dont
l'imprévu eti'étrangeté séduisirent telle-
ment la Chambre qu'elle vota l'impres-
sion du discours de ce hardi novateur.
Et pendant plus de quinze jours, on
parla d'un ministère Cavaignac, d'une
présidence Cavaignac. On disait « Vous
verrez, vous verrez, quand viendra Cavai-
gnac. En voilà un qui sera honnête. ))
Ce fut sa perte. On se ressaisit, et sans
le proclamer, on se dit, dans l'abri le
plus reculé des consciences: « Au fait,
pourquoi la république serait-elle hon-
nête ? Qu'est-ce qu'il nous veut encore,
celui-là? 11 va faire concurrence à Car-
not ? a
II n'y eut pas de ministère Gavaignac.
Mais il y eut un ministère Casimir-Perier
-et la suite.
L'enthousiasme général provoqué par
la sortie vertueuse de M. Cavaignac ion-
dit comme une gelée blanche et il arriva
ceci c'est que M. Cavaignac accentua son
austérité et glissa peu à peu surles bords
de la majorité jusqu'aux contins du radi-
calisme.
II parla de l'impôt progressif, une des
marottes radicales. Ce fut une très grande
faute, aggravée encore par le choix de l'en-
droit où elle fut commise Lyon, si je me
souviens bien, Lyon, où l'on ne « gobe ))
pas du tout ces idées-là.
Il faut convenir aussi que la tentation
était forte pour M. Cavaignac de se sépa-
rer d'amis oublieux et surtout d'imiter
un aïeul qui iut à la Convention et qui
iustemcnt était, lui aussi, partisan de
l'impôt progressif, de sorte que le dis-
cours de l'orateur actuel n'est que la pa-
raphrase, sinon la reproduction des dis-
cours du grand-père.
Le père n'eut pas le temps d'étudier ces
problèmes. Il eut le malheur d'être un gé-
néral républicain, et il lui arriva ce qui
arrive très souvent à ces êtres assez ra-
res. II fut obligé da mitrailler l'émeute.
Les hommes d'ordre ne lui pardonnèrent
naturellement pas le service qu'il leur
avait rendu, et sa carrière fut finie. C'est
la régie.
Quoi qu'il en soit. voilà le nls épris de
l'idée de rétablir dans nos finances l'or-
dre que son père rétablit dans nos rues et
préoccupé, à un point de vue plus philo-
sophique, d'une combinaison qui ferait
payer tout aux riches et rien aux pau-
vres.
Les pauvres n'auraient qu'à nommer
des députés qui dépenseraient l'argent
des riches, et tout le monde serait con-
tent, à l'exception des riches qui fini-
raient par ne plus être riches, à ce jeu-là.
Le ministre des finances, M. Poincaré,
est de son côté travaillé par une maladie
analogue, quoique moins aiguë. Il veut
introduire le système progressif, lui
aussi, mais seulement en matière de suc-
cession. Il part de ce principe que qui-
conque hérite doit être encore bien con-
tent que l'Etat ne lui prenne pas tout et
lui laisse quelque chose, car il aurait pu
ne pas hériter et, dans ce cas-là, il n'au-
rait rien eu.
Au fond, je crois que M. Poincaré est
avant tout préoccupe des loisirs que lais-
sent les maladies et qu'il veut iournir de
la distraction aux moribonds en les for-
çant à occuper leurs derniers jours à
la. recherche des moyens de frauder le
Trésor.
R.e système de M. Poincaré qui. je le
crois, pourrait lui coûte''son portefeuille,
constitue une nouveauté dans l'organisme
aujourd'hui séculaire de nos impôts. Il a
rallié les suffrages de M. Cavaignac, qui y
voit un coin destiné à faire éclater à bref
délai toute la vieille machine.
Pareillement, les socialistes lui feront
bon accueil, car l'impôt progressif, même
timide, même dissimulé sous les noires
tentures des Pompes funèbres, est une
concession, un levier que peut accepter
leur avant-garde.
Et enfin les bons jobards qui donnent
toujours raison à ceux qui crient le plus
fort, raisonnent et disent cela lait partie
des sacrifices nécessaires. L'impôt sur le
revenu, l'impôt progressif lui-même ne
sauraient être axssi mauvais que vous le
prétendez puisque des hommes aussi mo-
dérés que M. Cavaignac, que M. Poin-
caré, un ministre, songez donc, s'y rési-
gnent et le recommandent.
Nous ne sommes pas convaincus.
Nous estimons que nous payons déjà
l'impôt sur le revenu sous des noms dif-
férents et sous des formes spéciales. Nous
n'en voulons point parce qu'il entraîne
soit l'inquisition, soit le mensonge. Mais.
par dessus tout, nous repoussons, de
toutes nos forces, le système de la pro-
gression, parce qu'il nous apparaît com-
me la ruin~ certaine etdéSnitive du pays.
Ce n'est point l'amour des riches, le dé-
sir de leur être utiles ou agréables qui
nous l'ont parler ainsi. C'est, au contraire,
l'amour des petits, le souci du sort du
plus grand nombre, qui est une forme de
ce qu'on pourrait appsier le souci natio-
nal.
Ra'gstp&sitfSciIe d@ démontrer que
l'impôt sur !e revenu est, en définitive,
un impôt sur le travail quant à l'impôt
progressif, il ne serait pas difficile de dé-
montrer qu'it aura pour résultat iatal
l'accroissement de la masse des miséra-
bles par la diminution de la fortune des
fortunés.
Seulement je reconnais qu'il est plus
facile, plus agréable et plus rémunérateur
d'exciter ceux qui n'ont rien contre ceux
qui possèdent, que d'aller expliquer aux
premiers qu'il faut que des gens aient
trop d'argent pour que d'autres en aient
assez. Comme; il iaut qu'il y ait des vo-
lumes immenses d'eau inutile pour que
chaque feuille trouve la goutte sans la-
quelle elle mourrait.
Et je m'explique facilement pourquoi
tant de gens, socialistes ou non, s'amu-
sent à jouer avec le plus ancien vice, avec
le premier qui a paru sur cette terre,
avec l'Envie, l'Envie qui amena le pre-
mier meurtre, l'Envie qui apprit à l'hom-
me comment on tue son frère, l'Envie
qui arma Caïn contre Abel. Us espèrent
partager avec Garnies dépouilles d'Abel,
et ils prennent même des acomptes sous
la forme de mandats de députés.
Mais l'attitude de gens comme M, Ca-
vaignac et, dans une note plus douce, de
M. Poincaré, qui pour être quelque chose
n'ont pas besoin de natter Caïn, m'appa-
ralt comme tout à fait inexplicable, et on
ne peut guère y voir qu'un symptôme
inquiétant de la décomposition générale.
Quand ils auront réuni sur le terrain
financier les radicaux aux socialistes,
quand ils auront réussi à créer autour de
dangereux exsËdtSQt&~ne agitation qui
n'aboutira pas du premier coup, mais qui
peut avoir sa répercussion électorale et
iinir par arracher au suffrage universel
une majorité décidée à introduire dans
nos finances leurs principes destructeurs
de toutes finances, qu'arrivera-t-il ? 2.
Il arrivera que la vie ne sera pas plus
facile, ni la misère moins noire, ni le
Trésor mieux doté, ni nos budgets mieux
en équilibre, mais que les idées socia-
listes, en ce qu'elles ont de subversif et
d'insensé, auront accompli un progrès
considérable et que la révolte,ayant mûri
dans les âmes, unira par passer dans les
faits.
Il arrivera qu'on se cognera et que les
torrents d'encre et les ûots de salive se
tourneront en sang.
Quelques milliers de pauvres diables
paieront de leurs vies les joutes oratoires
auxquelles nous nous livrons,,absolu-
ment comme du temps du général. Ca-
vaignac, le père de l'orateur actuel, où
les efforts de Louis Blanc et autres parti-
sans de l'impôt progressiste aboutirent
aux journées de Juin.
Et le pays se remettra à travailler,
d'après îe vieux système, pour réparer
les pertes qu'il aura subies du fait de
messieurs les socialistes, ~de messieurs
les politiciens et de messieurs les jo-
bards.
Et l'humanité comptera, une comédie
sanglante de plus. Voilà tout.
J. CORNËLY
Ce qui se passe
GAULOIS-GUIDE
AKjfot<)'d!tMt
CoursesàChanuUy.
Dîner-concert au Grand-Hôtet.
Au théâtre de la Gaîté, première représenta-
tion, à ce théâtre,de A~.
ÉCHOS POLITIQUES
L'expédition de Madagascar sera orga-
nisée et dirigée par le ministre de la
guerre.
Lps forces envoyées seront constituées
en une division de dix mille hommes avec
une réserve du tiers, soit quinze mille
hommes en tout.
C'est pour éviter les tiraillements en-
tre la marine et les colonies que le gou-
vernement a attribué, en principe, au
ministre de la guerre, la formation éven-
tuelle de ce corps expéditionnaire.
Ajoutons que le ministre de la marine
a engage des pourparlers avec les diverses
compagnies maritimes de nos diiïérents
ports pour s'assurer le concours, le cas
échéant, de leurs paquebots, pour trans-
porter des troupes et du matériel; on
parle de quarante steamers qui seraient
ainsi aurétés.
ÉCHOS DE PARIS
M. Casimir-Perier, accompagné du gé-
néral Berruyer, est allé, hier, à cinq heu-
res, à l'hôtel Continental, pour rendre
visite a S. A. I. le grand-duc Vladimir.
Le président de la république, en arri-
vant par la porte de la rue Rouget-de-
l'Isle, a été reçu par le général prince
Platon Obolenski, qui l'a introduit chez
Son Altesse Impériale.
L'entretien a duré quarante-cinq minu-'
tes.
Le grand-duc Alexis et le duc et la du-
chesse de Leuchtenberg ont retardé leur
départ de Biarritz et n'arriveront que de-
main à Paris.
Le grand-duc Alexis partira, dans trois
jours, pour rejoindre son frère l'empe-
reur de Russie à Livadia; il l'accompa-
gfiera ensuite a Corfou.
M. Moret, ministre des nuances à Ma-
drid, est arrivé hier matin à Paris, où il
'vient voir une de ses Elles qui y suit. une
cure.
M. Moret, pendant son court séjour,
verra le président du conseil et les mi-
nistres pour appuyer les négociations en-
tamées par l'ambassadeur d'Espagne en
vue du renouvellement du wo~M~ t'e~e~
commercial franco-espagnol qui prend nn
le dernier jour de cette année.
Voici de nouveaux détails sur les fûtes
de la saison d'hiver qui seront données
au Cercle national de l'avenue de l'Opéra
et dont nous avons déjà parlé.
Les matinées-concerts auront lieu,
comme précédemment, le mardi, à qua-
tre heures et demie de l'après-midi. La
première sera donnée le mardi 6 novem-
bre prochain.
Les dîners-concerto du dimanche re-
prendront le 11 novembre.
Après le repas, les convives pourront <
compléter le concert par les auditions du
théâtrophone dont on a augmenté le nom-
bre des appareils.
H y aura probablement trois bats,
comme l'année dernière. Le premier bal
n'aurait pas lieu avant le mois de février.
M. Dufeuille part ce matin pour Stowe,
où il doit passer trois jours auprès de
Monsieur le duc d'Orléans.
Disons, pour répondre à de nombreu-
ses demandes de nos abonnés, qu'ils
pourront se procurer chez Valéry, rue de
Londres, des photographies de Monsieur
le duc d'Orléans.
On nous iait observer que, dans la der-
nière promotion de généraux, le ministre
de la guerre a créé six places de généraux
de brigade, en vertu de la nouvelle loi
sur les cadres.
Sur ces six places, trois ont été don-
nées à la cavalerie, dena? à l'artillerie et
M~e seulement à l'infanterie. Et encore a-
t-on repris d'une main a l'infanterie ce
qu'on lui donnait de l'autre, en rempla-
çant un général de division d'infanterie
par un général d'une autre arme.
On a causé, de la sorte, un préjudice
considérable, non seulement aux colonels
qui se trouvaient en situation de recevoir
les deux étoiles, mais encore à tous ceux
qui viennent derrière eux.
« C'est l'inianterie sacrifiée une fois de
plus aux armes spéciales ?,nous écrit-on
de divers côtés.
Le député qui, aux élections générales
de dimanche, en Belgique, a obtenu le
plus de voix dans tout le royaume, est
M. le comte de Mérode, ministre des af-
faires étrangères. Il a réuni 93,630 voix,
et cela dans la ville même de Bruxelles.
On sait que le grand-père du premier
e'~M de la Belgique a reiusé, après la révo-
lution de 1830, la couronne que lui avait
ollerte le Congrès belge, au nom de la
vaillante nation qui venait de proclamer
son indépendance.
SILHOUETTES DE NOUVEAUX GENERAUX
ZaMreMS de Waru. Un joli type d'offi-
cier, comme en ont croqua au passage, dans
leurs souvenirs, Marbeau et le général du
Barail, alerte et rempli d'entrain, gai comme
l'alouette gauloise, prêt à se battre et prêt a
rire, aimant la charge et les charges, un*
revue de Longchamps et une revue de fin
d'année.
N'a, jusqu'à présent, qu'un défaut. On peut
le dire maintenant qu'il a quitté le 5e dra-
gons, qui a si bien encadré te 45< dragons de
réserve admiré hier a Amiens. Il passe pour
trop bienveillant à l'égard de ses inférieurs
hiérarchiques.
Mais est-ce bien un défaut pour un colonel
de se faire aimer? N'est-ce pas souvent le
meilleur moyen d'avoir un régiment dans sa
main que d'avoir la main douce?
Ancien attaché militaire à Londres, le gé-
néral de Waru a représenté dignement la
France chez nos anciens alliés de Crimée. A
P-~ris, il est membre de plusieurs cercles élé-
gants, où il est également très populaire.
Pour cette heureuse nature, péquins et mili-
taires c'est kif-kif.
L'Assistance publique et les sociétés
féministes:
Les récents drames de la misère don-
nent un intérêt particulier à la réunion
qu'ont tenue hier les déléguées des socié-
tés féministes chex Mme Ferrès-De-
raisme,73,rueCardinet.Il s'agissait de
prendre des mesures en vue de l'hiver.
Dans l'assistance, très nombreuse, on
remarquait les membres de toutes les so-
ciétés féministes Mme Ferres-Deraisme
et Mme Wiggishon'; Mme Vincent, du
groupe l'Egalité; Mme Pognon, de la Li-
gue des femmes; Mlle Bonnevial, de la
Ligue de l'enseignement; Mlio-Louise
Koppe, Mme Maria Martin.
Dans cette première réunion on s'est
surtout occupé du nouveau règlement
d'assistance publique, qui rend faculta-
tive la présence des femmes dans les con-
seils d administration des bureaux de
bienfaisance. On a décidé qu'une com-
mission irait prochainement voir le direc-
teur de l'Assistance publique et le prési-
dent du conseil municipal, afin que cette
réforme, à laquelle ils se refusaient jus-
qu'ici, soit immédiatement appliquée.
Mme Wiggishoff, femme du maire du
dix-huitième arrondissement, a proposé,
afin d'éviter le gaspillage des fonds des
pauvres, rétablissement de cantines mu-
nicipales qui délivreraient des aliments
sur des bons distribués à domicile par
des enquêteuses de bonne volonté.
Cette idée a été adoptée et, sous forme
de vœu, sera transmise à qui de droit.
Voit~t pour l'amélioration immédiate à
apporter à l'exercice de la charité ofu-
cielle.
On s'occupera prochainement de relier
entre elles les diflérentes œuvres de bien-
faisance privée, a6n d'obtenir une meil-
leure répartition des secours aux indi-
gents et de les rendre par suite plus effi-
caces.
PARADOXES ET VÉRITÉS
Une femme est franche quacd elle ne fait
pas de mensonges inutiles.
Anatole FRANCE.
Tout grand homme :t un pied dans le passé
et un pied dans l'avenir.
Arsène HoussAYE.
Dans un important travail, que vient
de publier la jHecMe de jP<ïWs, M. G. Lar-
roumet se plaint, avec quelque amer-
tume, de l'abandon ouest laissée la tombe
de Victor Hugo « Allez un jour au Pan-
théon. dit-il, et entrez dans la crypte. En
face du cénotaphe de Voltaire, vous ver-
rez le cercueil de Victor Hugo, atten-
dant, sur les tréteaux provisoires où il
fut déposé, il y aura bientôt dix ans, que
l'on s'avise de Itti ouvrir un caveau, »
Nous avons fait au Panthéon la visite
conseillée par M. Larroumetet.à cela
près que le sarcophage qui fait vis-à-vis
au cénotaphe de Victor Hugo est celui de
Jean-Jacqaes Rousseau, « mort un
mois après Voltaire )), nous dit le gar-
dien nous devons reconnaître que la.
constatation est exacte.
Le « provisoires de 1885 dure toujours,
mais sans doute pas pour très longtemps
encore, l'administration des bâtiments
civils se préoccupant en ce moment mê-
me de donner au grand poète sa sépul-
ture déûnitive. A moins que la. mesure
budgétaire qui supprime l'emploi de M.
Comte ne fasse renvoyer le projet aux
calendes grecques ? f
En attendant que satisfaction soit don-
née aux admirateurs d'Hugo, on pourrait
peut-être enlever quelques-unes des cou-
ronnes poussiéreuses qui sont encore ac-
crochées sur le cercueil du poète.
A travers les journaux et les livres
[/jE'u<~e~e~ publiera, incessamment,
une curieuse primeur qui fera sensation
dans le Tout-Paris. Titre jH~O!'rCe~e~c, par Aurélien Scho!
DM MM~, de la ~o~Mp le volume nouveau de Maurice Barrès,
qui vient de paraître chez Charpentier et
Fasquelle, est un livre d'art pur.
Les tableaux d'Espagne et d'Italie qui
y sont tracés avec une grande passion oi-
frent un intérêt puissant aux délicats et
aux lettrés.
M. Ernest d'Hauterive, lieutenant au
10~ chasseurs, qui est, on le sait, le gen-
dre de M. Alexandre Dumas, vient de
faire paraître chez OMendorfF, sous ce
titre <4rM~e sous la Révolution, un
volume qui soulèvera de vives curiosités.
Dans .H'M~t~e a~MOMr, le nouveau vo-
lume de René Bazin, on retrouvera ce
morceau exquis DoMa~tCMKe, dont la pu-
blication fut si remarquée dans la .Rë~Me
des jDeM~-Mo~des.
Le reste du volume esta l'avenant, c'est-
à-dire à la fois touchant, ému et dramati-
que.
NOUVELLES A LA MAtN
Un provincial est piloté par un Pari-
sien.,
Sur le boulevard, à l'heure de l'apéri-
tif, le premier demande, désignant un
café dont la terrasse est garnis de nom-
breux consommateurs:
C'est un caié littéraire, n'est-ce pas ? R
On le dit.
Alors, tous ces messieurs sont des
écrivains? Q
Hum). Ils s'occupent plus ou
moins de &eya
UN OOM'NO
A LA FOREST
Le service &mniveMtHre dm m&fé-
ch&i
(fMontcresson, 6 heures seir, mercredi.
Le service anniversaire de la mort du
maréchal de Mac-Mahon, a été célébré,
aujourd'hui, dans la jolie église gothique
de Montcresson, avec une simplicité et
une grandeur toutes patriarcales. Mme
la duchesse de Magenta avait tenu ex-
pressément à ce que la cérémonie gardât
un strict caractère d'intimité.
C'est seulement dimanche dernier que
M. l'abbé Auvray, curé de la paroisse,
annonça au prône par des paroles émues
que, respectueux des ordres reçus, il ne
convoquait au bout de l'an de la mort de
l'illustre maréchal que les seuls parois-
siens
Vous viendrez tous ici, disait-il, pauvres et
riches, vieillards et enfants, prier pour le re-
pos de l'âme de l'héroïque soldat qui, si long-
temps et si vaillamment, lutta pour ]a gloire
de la France. La France entière s'associera.
a nos prières et Dieu les exaucera. En vous
réunissant tous ici, vous prouverez que le
souvenir du Bayard moderne est toujours vi-'
vant chez vous et que vous n'oublierez ja-
mais les exemples de foi et de patriotisme que
le maréchal vous a donnés jusqu'à son der-
nier soupir.
Un paysan breton disait, en parlant d'un
grand homme du temps passé « Ah il nous
a fait bien de l'honneur. H Cette parole, que
toute la France répétera toujours en se sou-
venant du maréchal, vous la répéterez ici
mercredi, à dix heures et demie.
La nef était tendue de draperies noires.
Mme la maréchaledeMac-Mahon est ar-
rivée à l'église avec tous ses enfants: le
marquis Patrice, le comte Eugène, le
comte ena comtesse Emmanuel de Mac-
Mahon, le comte et la comtesse de Pien-
nes.
Les châtelains des environs, quoique
non invités, avaient tenu à assister à la
cérémonie. Puis, tous les habitants de
Montcresson, hommes, femmes, enfants,
se pressaient dans l'église. Cette simpli-
cité touchante de Montcresson était bien,
autant que les magnifiques funérailles de
Paris il y a un ~n, dignes de l'héroïque
soldat, au cœur simple et loyal.
Au milieu du chœur s'élevait un cata-
falque, entouré de centaines de cierges.
Au-dessus ûottait le drapeau tricolore.
Ces trois couleurs, éployées par-dessus
les draperies noires, nous rappelaient le
premier triomphe de Maurice de Mac-
Mahon a Mouzaïa, triomphe qui lui valut
à vingt-deux ans la croix de la Légion
d'honneur.
Rapportons, à ce sujet, une anecdote
inédite.
Celui qui annonça le premier la nou-
velle de la décoration au comte de Mac-
Mahon, père du iutur maréchal de Fran-
ce, lui dit
C'est égal, comte, un regret vous
reste. c'est que le drapeau planté par
votre fils sur l'Atlas ne soit pas le dra-
peau blanc.
N'importe, monsieur, s'écria le
comte de Mac-Mahon, si le drapeau planté
là-haut était le drapeau de la France.
L'office et la messe de ~e~M:M, accom-
pagnés des chants de la maîtrise, ont été
célébrés par M. le curé doyen de Ghàtil-
lon-sur-Loing, assisté des prêtres du can-
ton, seulement convoqués pour le service,
auquel, comme nous l'avons dit, on avait
voulu donner un caractère exclusivement
familial.
F–
Bioc-Nctes ParisîeR
LamtfSOMDELAREtNEMARSOT
Dans quelques jours seront inaugurés les
superbes bâtiments nouveaux élevés par les
Sulpiciens sur i'emptacementqu'occupait, l'an-
nee dernière encore, à Issy, l'antique maison
de campagne de la reine Marguerite de Vaiois,
première femme d'Henri IV.
Cette maison, dont l'histoire est bien cu-
rieuse à cause des souvenirs qu'elle rappelait
et des personnages de marque politiques ou
retigieux qui t'ont traversée, était devenue
en dernier Heu le grand séminaire de philoso-
phie de Saint-Suipice, où les anciens élèves
montraient encore aux nouveaux, il y a quel-
ques mois à peine, tescettutes historiques dans
tesqueties ont travaiite et prié Lacordaire et
"tan.
i La maison d'Issy appartenait, vers le milieu
du seizième siècle, à un marchand changeur de
Paris, du nom de Michel Marteau, qui la ven-
dit un peu plus tard àJean de La~Haie, orfèvre
du Roi.
Au commencement du dix-septième siècle,
elle devint la propriété de la reine Marguerite.
Celle-ci s'y était retirée pendant quelque teraps
pour fuir une épidémie qui désolait la capitale.
Elle fut si contente du séjour qu'elle y fit,
qu'elle n'hésita pas à t'acheter et la paya33,ooo
Hvres.
On vit alors, à l'appel de la Reine, accourir à
Issy une foute de gens de lettres, qui y reçu-
rent une magnifique hospitalité et témoignèrent
de leur reconnaissance en célébrant, en prose
et en vers, la munificence de Marguerite de Va-
lois et son goût pour les arts. a
L'un des poètes qui furent, à cette époque,
les hôtes habituels de la Reine, Michel Boute-
roue, publia, en )6oQ, sous ce titre le Petit
0/~M~c ~My, une description très détaillée
et non sans mérite de ce charmant séjour
Par ce double escalier de pierre
On descend dans un lieu voûté,
Qui traverse par-dessous terre
Au verger de l'autre côté
Sortant de cette grotte ronde
Par un degré plus spacieux,
On pense voir un autre monde,
D'autres terres et d'autres cieux.
Pendant )e séjour que Marguerite de Valois
fit à Issy, elle donna son nom à la rue de la
.Renie ou Réginale, qui existe encore aujour-
d'hui. i.
A sa mort, Louis X! hérita de tous ses
biens et, par conséquent, de la maison d'Issy.
Mais il ne l'habita pas. Cette propriété fut ven-
due a Michel Sarrus, conseiller au parlement
de Paris, qui demanda et obtint, le premier,
l'autorisation d'y faire célébrer le saint sacri-
fice de la messe.
La seconde femme de Michel Sarrus, Antoi-
nette Le Prêtre, la vendit plus tard à un aumô-
nier du Roi, Antoine de Sève, abbé de Notre-
Dame de l'Isle-en-Barrois, prieur d'Ulnon et de
Champdieu, savant ecclésiastique, qui l'habita
avecson neveu, Louis Tronson.
Ces deux hommes avaient une vénération
profonde pour M. Olier, fondateur de la Com-
pagnie des prêtres de Saint-Sulpice, dont ils
recherchaient avec empressement la conversa-
tion et les consei!s. Aussi, M. Olier venait-il
fréquemment surtout pendant les dernières
années de sa vie dans cette maison, où il re-
cevait toujours un accueil si cordiaL
Le 17 novembre <655, l'abbé de Sève vendit
cette propriété à très bon compte à M. de
Bretonvittiers, mais avec cette clause qu'à la
mort de ce dernier elle passerait à la commu-
nauté de Saint-Sutpice, à laquelle l'abbé de
Sève avait déjà fait don de sa bibliothèque,
l'une des plus riches du temps.
C'est ainsi que l'ancienne maison de campa-
gne de ia reine Margot est devenue la propriété
des fils spirituels de M. Olier.
A Saint-Sulpice, plus peut-être que partout
ai))eu''s, on a le culte de la tradition et du sou-
venir. Aussi n'est-ce pas sans un douloureux
serrement de cœur que le vénérable supérieur
général s'est décidé à jeter bas ces construc-
tions que l'injure du temps avait malheureuse-
ment rendues tout à fait inhabitables.
Mais on s'est bien gardé de livrer à la pioche
des démolisseurs la chapelle de Lorette, qui
touche presque le cimetière sutpicien et dont
i'histoire mérite aussi de fixer i'attention.
Cette chapelle fut construite par M. Tron-
son, t'heritier de M. deBretonviltiers, sur le
modèle exact de la maison de Lorette en Italie.
Le plan en avai tété tracé par un savant et pieux
ecclésiastique, M. Bourbon, qui avait fait plu-
sieurs fois le pèierinage de Lorette et que Féne-
lon cite souvent, avec de grands éloges, dans
sa Co)'rM,uo)!fYa)!ce.
Le sanctuaire d'Issy devint bientôt l'un des
plus vénérés de toute la région. Un grand nom-
bre de pèlerins témoignèrent de grâces particu-
lières qu'ils y avaient obtenues.
A la requête de plusieurs membres très in-
fluents du c)ergé,i'archevêque de Paris permit,
le 28 novembre f6o5, d'y conserver le Saint-Sa-
crement.
Un des plus assidus pèlerins du nouveau
sanctuaire n'était autre que le grand Bossuet,
qu' allait volontiers y prier pendant les confé-
rences d'Issy sur le Quiétisme, comme le rap-
porte M. Tronson.
Entre autres marques de la piété des fidèles,
on voyaft' dans la chapelle de Lorette un im-
mense cœur, qui avait été envoyé par les Ca-
nadiens de Montréal, et se composait de peti-
tes pierres taiHées en forme de cœurs de cou-
leurs différentes, en nombre égal à celui des
néophytes qui se trouvaient parmi eux.
On y voyait encore les clefs d'or qu'un cham-
betlan'du roi de Pologne y avait suspendues,
et un nombre considérable de cœurs en argent
doré, dont quatre-vingt-seize, d'après )a Décla-
ra~oMa!eAf..EtMefy~t< /.z nofem&re ~7~,
furent portés à la Monnaie pendant la Révolu-
tion.
La Dauphine, mère de Louis XVI, y vint, en
t/58, en pèlerinage, avec le Dauphin, et y
laissa de riches présents.
Dans cette chapelle se trouve le tombeau de
Avarie Olier, la sœur du fondateur de Saint-
Sulpice, et des reliques du cardinal de Bérulle,
fondateur de l'Oratoire en France.
Les communards de fSyi respectèrent moins
la chapelle de Lorette que ne l'avaient fait les
révolutionnaires. Ils la brûtèrent pendant la
nuit du )2 au )3.mai. Le sanctuaire tout entier
fut la proie des Qammes.
Parmi les souvenirs les plus précieux qu'il
renfermait se trouvait une statue de la sainte
Vierge qui avait été exposée pendant plusieurs
années à la piété des fidèles, à Lorette, et
transportée à Issy en i85f. Cette statue
ne fut pas détruite dans l'incendie, car on
avait eu soin de la cacher avant l'arrivée des
communards. Mais on ne la retrouva pas après
la Commune il est probable qu'elle fut mise
en pièces pendant le pillage du séminaire
d'Issy.
La chapelle de Notre-Dame-de-Lorette a été
rebâtie par l'abbé Icard, le prédécesseur du P.
Captier comme supérieur général de Saint-Sul-
pice. La première pierre de la construction
nouvelle absolument conforme, comme
l'ancienne, au sanctuaire d'Italie a été bénie
le 17 avril 1872 par Mgr Guibert, archevêque de
Paris.
La maison d'Issy a d'autres souvenirs dont
les sulpiciens ont le droit d'être fiers. A côté
du nouveau grand séminaire, on voit encore
une sorte de pavillon dans lequel l'illustre
évëque de Meaux et le doux Fénelon avaient
coutume de se réunir avec MM. Tronson et de
Noatlles. C'est là qu'eurent lieu les fameuses
conférences sur le Quiétisme qui durèrent près
d'une année et d'où sortirent les trente-quatre
articles ~My.
Plus tard, le cardinal de Fleury, premier
ministre de Louis XV, séja~rna dans cette
maison pendant une assez longue et grave ma-
ladie. Il y présida nombre de conseils de mi-
nistres, reçut trois fois la visite du Roi, deux
fois celle de la Reine et du Dauphin.
C'est là qu'il mourut, le 20 janvier )743,à à
l'âge de quatre-vingt-dix ans, muni des sacre-
ments de l'Eglise et de la bénédiction apostoli-
que que lui avait apportée en personne te car-
dinal Crescenzi, léga* du Pape.
Telle est l'histoire abrégée de la maison
d'Issy. Bien d'autres hôtes Ulustres y séjourné-
rent plus ou moins longtemps, de Marguerite
de Valois au cardinal Fleury.
Les jeunes séminaristes qui s'y préparent
maintenant au sacerdoce foutent vraiment un
sol historique, d'où montent sans doute jus-
qu'à eux, aux heures de solitude et de recueil-
lement, quetques-ua! des souvenirs glorieux
du pMM. oma~Rrs
OUT-PARta
S.~VEN!RS
DE
Yerti et i'AmMse-Thm'; sur CsMo!
Cenvera~tion a~ec tes demx tn&itrea
Hier, au service du bout de l'an célébré
en l'église de la Madeleine, pour le repos
de l'âme de Gounod, il était touchant de
voir l'auteur d'O~eMo et l'auteur de
-M~MOM assis l'un à côté de l'autre et ren-
dant hommage, dans une commune pen-
sée, à l'auteur de ~PaMS~, leur ancien com-
pagnon de gloire. Aussitôt que le maitr<
italien eût appris la date fixée pour la cé-
rémonie, il fut convenu entre lui" et M.
Ambroise Thomas qu'ils se rendraient
tous deux ensemble au service. Aussi,.
quand Verdi reçut, dimanche matin, l'in.
vitation du président de la république le
priant à déjeuner pour le jour même oa
la cérémonie avait lieu, l'illustre compo-
siteur se trouva-t-il embarrassé.
Il confia son embarras à M. Ambroise
Thomas, dans l'après-midi, au cours du
concert du Châtelet. Celui-ci M répondit
que, pour sa part, il éprouvait un très vif
chagrin de cette coïncidence, car il se trou-
vait dans la cruelle nécessité de décliner
l'invitation du chef de l'Etat, étant non
seulement retenu, ce jour-la, par la céré-
monie de Gounod à laquelle il tenait ab-
solument à assister, mais aussi par les
examens d'admission au Conservatoire.
En effet, M. Ambroise Thomas nt savoir
par lettre, au président de la république,
l'empêchement qui le privait de l'hon-
neur d'accepter son invitation. C'est a la
suite de cette lettre que M. Casimir-Pe-
rier fit remettre le déjeuner au lende-
main.
Ce changement de date a pprmis, d'ail-
leurs, au ministre de l'instruction publi-
que et au directeur des beaux-arts, invi-
tés également au déjeuner on l'-hanneur
de Verdi, d'assister au service célébré à
la mémoire de Gounod.
Hier donc, à midi, M. Ambroise Tho-
mas se présentait au Grand-Hôte), ou
l'attendait Verdi, qui monta aussitôt dans
la voiture de son illustre ami, et se rendit. t
avec lui a l'église de la. Madeleine. A la
suite dela~eérémonie, où les deux maîtres
ont écouté avec une religieuse attention
lebeauRe~M:e~ de Gounod, M. Am-
broise Thomas a présenté Verdi à Mme
veuve Gounod, qui a été on ne peut plus
touchée des paroles anectueuses que lui
a adressées, à cette occasion, le maître
italien.
Nous avons eu l'honneur de voir l'illus-
tre compositeur d'0près-midi, et comme nous lui parlions de
Gounod, il nous a répondu
–Je tenais d'une façon toute particu-
lière à assister à la cérémonie de ce ma-
tin, car j'ai eu des relations très cordiales
avec Gounod pour le talent duquel je pro-
fesse la plus haute estime. C'est un grand
musicien, un musicien dont vous devez
être trèsûers.Pour ma part, son œuvre en-
tière m'a charmé à maintes reprises et
j'éprouve pour son œuvre capitale, .Pune sincère admiration. Il était plus
jeune que moi de cinq ou six ans, ce qui
ne nous a pas empêchés de nous consi-
dérer comme de vieux amis, car je l'ai
connu, autant qu'il m'en souvient, en 1855,
à l'époque où j'écrivis, en France, à la
campagne, ma partition des Fëpre~ ~ct-
liennes.
? C'était mon troisième voyage en Fran-
ce, car j'y étais venu pour la première fois,
en 1847, époque à laquelle l'Opéra repré-
senta T~e~MM/ew. Je restai à Paris quel-
que temps et j'assistai même à la révo-
lution de Février. Retournant à Milan en
pleine révolution, je revins à Paris dé--
tail vraiment curieux pour assister
aux journées de Juin, qui furent très
chaudes, je vous en réponds. Quelques
années plus tard je revins de nouveau
en France, comme je vous l'ai dit, et c'est
là que je lis la connaissance de Gounod,
qui était à ses débuts.
–C'est donc à Paris que vous avez en-
tendu la musique du maître français
pour la première fois? demandâmes-
nous au maître italien, encouragé par sa
bienveillance.
Oui, à Paris, et c'est aussi à Paris,
au Théâtre-Lyrique de Carvalho, que je
crois avoir entendu .Pat~ pour la pre-
mière fois. Je devais l'entendre, plus
d'une fois, dans la suite,-non seulement
dans mon pays, mais à l'étranger. Quant
à Gounod, je ne l'ai vu qu'a une seule oc~
casion, je crois, en Italie, a Milan, a la
Scala, au cours d'une représentation.
Mais en France, je l'ai vu fort souvent,
aux époques successives où je suis venu
faire exécuter mes œuvres. C'était un
causeur charmant, et sa conversation m'a
laissé de bien agréables souvenirs. ))
Et comme nous demandions a Verdi
s'il était vrai qu'il avait l'intention d'é-
crire une nouvelle partition et qu'il hési-
tait entre le sujet d'C~o~etcetutdo.
.Ro~o et Juliette, il nous répo'idit
D'abord, il n'y a pas de pièce a faire
avec U<70J:H. Pour ce qui est du drame
de Shakespeare, c'est autre chose. Mais
n'allez pas croire par laque je songe à
m'inspirer du sujet pour écrire un nouvel
opérai Non, la partie matérielle m'olïri-
rait trop de difficultés à mon âge. C'est
fini et bien uni j'ai dit mon dernier mot
avec Fa~y et je ne ferai plus rien. Je
suis trop vieux; il ne me reste plus qu'à
me reposer.
Je partirai pour Gênes à la fia de 1~
semaine, lundi au plus tard, car mes af-
faires m'appellent en Italie.Quand revien-
drai-je à Paris? Je l'ignore. Y revien-
drai-je jamais? Je n'ai plus rien de pré-
cis qui m'y appelle, et, à mon âge, on M
fait plus de projets. Mais croyez bien qua
je garderai de votre belle ville et de l'ac-
cueil que j'y ai reçu un souvenir ineHa"
câble. ')
En quittant l'auteur d'0/Tie~o, nous
avons voulu voir M. Ambroise Thomas
et lui demander, à lui aussi, quelques
souvenirs sur Gounod. Le maître, qui
nous reçoit au sortir des examens du
Conservatoire, nous dit en souriant:
Des souvenirs sur Gounod ? J'en ai
tant et si peu en même temps t L'amitié,
c'est comme le bonheur, cela ne se ra-
conte pas. Tout ce que je puis vous dire,
c'est que j'ai été toute ma vie tendrement
uni à Gounod. Je l'ai connu tout jeuset
avant qu'il partît pour Rome, d'où je re*
tenais, car j'étais son aîné de sept o~
P~RIS S S CENTIMES D~PAIRTEBERTS ET GAEES CB~tTEBHE~
28< Année 3'Série N'5320
ARTHUR MEYER
Il ~Mt-eeteMf
RÉDACTION
3,rue Dronot
SiBB~O ~ee boulevards Montmartre et des ttaNa
ABONNEMENTS
ABTHM MET M
Dt'fectcMf
ADMINISTRATION
RENSEIGNEMENTS
.ABONNEMENTS. PETITES ANNOMCSO
2,rueDrouot,S
~Angte des boutovsrd': Montmartre et des H.tUcn'~
ANNONCES
MAt. Cil. LAGRA~&B, GERF C.~
6) FLACK DE LA BOURSE, <'
Bt d <'a6!!MtKtï
Paris Départements
CNmo:3. 6fr. Un mois. 6&.
Trois mois. 13SO Trois mois. 16 fr.
Sixmois. 27 fr. Sixmois. 32~r.
Un an. 84 fr. Un an. 64fr.
° Etranger
Trois mots(UBiocpûsta!e). 18&
LES
A G T Ë §
II y a dans le monde politique et dans
la presse un certain nombre de gens qui
sont partisans de l'impôt sur le revenu.
11 y en a qui le complètent par le système
de la progression, lequel consiste, comme
chacun sait, à augmenter le taux de la
taxe à mesure qu'augmente le revenu
tmposé, de sorte que si on paie, je sup-
pose, 5 0/0 de son revenu avec 20,000
francs de rente, on en paie 10 0/0 avec
100,000 francs, et en allant toujours cres-
cendo jusqu'à une limite idéale où on
'paierait 100 0/0, c'est-à-dire où l'Etat
vous prendrait la totalité de vos ressour-
ces..
Sans aller aussi loin, probablement, M.
Cavaignac fait partie de cette école, vous
Savez bien, M. Cavaignac, celui qui passa
un instant pour un successeur possible
de M. Carnot, parce que, dans des cir-
constances mémorables au fait, étaient-
elles mémorables, ces circonstances,
puisqu'elles sont oubliées ? il avait dit
qu'il fallait que la république lût hon-
nête.
Idée neuve, idée audacieuse, idée dont
l'imprévu eti'étrangeté séduisirent telle-
ment la Chambre qu'elle vota l'impres-
sion du discours de ce hardi novateur.
Et pendant plus de quinze jours, on
parla d'un ministère Cavaignac, d'une
présidence Cavaignac. On disait « Vous
verrez, vous verrez, quand viendra Cavai-
gnac. En voilà un qui sera honnête. ))
Ce fut sa perte. On se ressaisit, et sans
le proclamer, on se dit, dans l'abri le
plus reculé des consciences: « Au fait,
pourquoi la république serait-elle hon-
nête ? Qu'est-ce qu'il nous veut encore,
celui-là? 11 va faire concurrence à Car-
not ? a
II n'y eut pas de ministère Gavaignac.
Mais il y eut un ministère Casimir-Perier
-et la suite.
L'enthousiasme général provoqué par
la sortie vertueuse de M. Cavaignac ion-
dit comme une gelée blanche et il arriva
ceci c'est que M. Cavaignac accentua son
austérité et glissa peu à peu surles bords
de la majorité jusqu'aux contins du radi-
calisme.
II parla de l'impôt progressif, une des
marottes radicales. Ce fut une très grande
faute, aggravée encore par le choix de l'en-
droit où elle fut commise Lyon, si je me
souviens bien, Lyon, où l'on ne « gobe ))
pas du tout ces idées-là.
Il faut convenir aussi que la tentation
était forte pour M. Cavaignac de se sépa-
rer d'amis oublieux et surtout d'imiter
un aïeul qui iut à la Convention et qui
iustemcnt était, lui aussi, partisan de
l'impôt progressif, de sorte que le dis-
cours de l'orateur actuel n'est que la pa-
raphrase, sinon la reproduction des dis-
cours du grand-père.
Le père n'eut pas le temps d'étudier ces
problèmes. Il eut le malheur d'être un gé-
néral républicain, et il lui arriva ce qui
arrive très souvent à ces êtres assez ra-
res. II fut obligé da mitrailler l'émeute.
Les hommes d'ordre ne lui pardonnèrent
naturellement pas le service qu'il leur
avait rendu, et sa carrière fut finie. C'est
la régie.
Quoi qu'il en soit. voilà le nls épris de
l'idée de rétablir dans nos finances l'or-
dre que son père rétablit dans nos rues et
préoccupé, à un point de vue plus philo-
sophique, d'une combinaison qui ferait
payer tout aux riches et rien aux pau-
vres.
Les pauvres n'auraient qu'à nommer
des députés qui dépenseraient l'argent
des riches, et tout le monde serait con-
tent, à l'exception des riches qui fini-
raient par ne plus être riches, à ce jeu-là.
Le ministre des finances, M. Poincaré,
est de son côté travaillé par une maladie
analogue, quoique moins aiguë. Il veut
introduire le système progressif, lui
aussi, mais seulement en matière de suc-
cession. Il part de ce principe que qui-
conque hérite doit être encore bien con-
tent que l'Etat ne lui prenne pas tout et
lui laisse quelque chose, car il aurait pu
ne pas hériter et, dans ce cas-là, il n'au-
rait rien eu.
Au fond, je crois que M. Poincaré est
avant tout préoccupe des loisirs que lais-
sent les maladies et qu'il veut iournir de
la distraction aux moribonds en les for-
çant à occuper leurs derniers jours à
la. recherche des moyens de frauder le
Trésor.
R.e système de M. Poincaré qui. je le
crois, pourrait lui coûte''son portefeuille,
constitue une nouveauté dans l'organisme
aujourd'hui séculaire de nos impôts. Il a
rallié les suffrages de M. Cavaignac, qui y
voit un coin destiné à faire éclater à bref
délai toute la vieille machine.
Pareillement, les socialistes lui feront
bon accueil, car l'impôt progressif, même
timide, même dissimulé sous les noires
tentures des Pompes funèbres, est une
concession, un levier que peut accepter
leur avant-garde.
Et enfin les bons jobards qui donnent
toujours raison à ceux qui crient le plus
fort, raisonnent et disent cela lait partie
des sacrifices nécessaires. L'impôt sur le
revenu, l'impôt progressif lui-même ne
sauraient être axssi mauvais que vous le
prétendez puisque des hommes aussi mo-
dérés que M. Cavaignac, que M. Poin-
caré, un ministre, songez donc, s'y rési-
gnent et le recommandent.
Nous ne sommes pas convaincus.
Nous estimons que nous payons déjà
l'impôt sur le revenu sous des noms dif-
férents et sous des formes spéciales. Nous
n'en voulons point parce qu'il entraîne
soit l'inquisition, soit le mensonge. Mais.
par dessus tout, nous repoussons, de
toutes nos forces, le système de la pro-
gression, parce qu'il nous apparaît com-
me la ruin~ certaine etdéSnitive du pays.
Ce n'est point l'amour des riches, le dé-
sir de leur être utiles ou agréables qui
nous l'ont parler ainsi. C'est, au contraire,
l'amour des petits, le souci du sort du
plus grand nombre, qui est une forme de
ce qu'on pourrait appsier le souci natio-
nal.
Ra'gstp&sitfSciIe d@ démontrer que
l'impôt sur !e revenu est, en définitive,
un impôt sur le travail quant à l'impôt
progressif, il ne serait pas difficile de dé-
montrer qu'it aura pour résultat iatal
l'accroissement de la masse des miséra-
bles par la diminution de la fortune des
fortunés.
Seulement je reconnais qu'il est plus
facile, plus agréable et plus rémunérateur
d'exciter ceux qui n'ont rien contre ceux
qui possèdent, que d'aller expliquer aux
premiers qu'il faut que des gens aient
trop d'argent pour que d'autres en aient
assez. Comme; il iaut qu'il y ait des vo-
lumes immenses d'eau inutile pour que
chaque feuille trouve la goutte sans la-
quelle elle mourrait.
Et je m'explique facilement pourquoi
tant de gens, socialistes ou non, s'amu-
sent à jouer avec le plus ancien vice, avec
le premier qui a paru sur cette terre,
avec l'Envie, l'Envie qui amena le pre-
mier meurtre, l'Envie qui apprit à l'hom-
me comment on tue son frère, l'Envie
qui arma Caïn contre Abel. Us espèrent
partager avec Garnies dépouilles d'Abel,
et ils prennent même des acomptes sous
la forme de mandats de députés.
Mais l'attitude de gens comme M, Ca-
vaignac et, dans une note plus douce, de
M. Poincaré, qui pour être quelque chose
n'ont pas besoin de natter Caïn, m'appa-
ralt comme tout à fait inexplicable, et on
ne peut guère y voir qu'un symptôme
inquiétant de la décomposition générale.
Quand ils auront réuni sur le terrain
financier les radicaux aux socialistes,
quand ils auront réussi à créer autour de
dangereux exsËdtSQt&~ne agitation qui
n'aboutira pas du premier coup, mais qui
peut avoir sa répercussion électorale et
iinir par arracher au suffrage universel
une majorité décidée à introduire dans
nos finances leurs principes destructeurs
de toutes finances, qu'arrivera-t-il ? 2.
Il arrivera que la vie ne sera pas plus
facile, ni la misère moins noire, ni le
Trésor mieux doté, ni nos budgets mieux
en équilibre, mais que les idées socia-
listes, en ce qu'elles ont de subversif et
d'insensé, auront accompli un progrès
considérable et que la révolte,ayant mûri
dans les âmes, unira par passer dans les
faits.
Il arrivera qu'on se cognera et que les
torrents d'encre et les ûots de salive se
tourneront en sang.
Quelques milliers de pauvres diables
paieront de leurs vies les joutes oratoires
auxquelles nous nous livrons,,absolu-
ment comme du temps du général. Ca-
vaignac, le père de l'orateur actuel, où
les efforts de Louis Blanc et autres parti-
sans de l'impôt progressiste aboutirent
aux journées de Juin.
Et le pays se remettra à travailler,
d'après îe vieux système, pour réparer
les pertes qu'il aura subies du fait de
messieurs les socialistes, ~de messieurs
les politiciens et de messieurs les jo-
bards.
Et l'humanité comptera, une comédie
sanglante de plus. Voilà tout.
J. CORNËLY
Ce qui se passe
GAULOIS-GUIDE
AKjfot<)'d!tMt
CoursesàChanuUy.
Dîner-concert au Grand-Hôtet.
Au théâtre de la Gaîté, première représenta-
tion, à ce théâtre,de A~.
ÉCHOS POLITIQUES
L'expédition de Madagascar sera orga-
nisée et dirigée par le ministre de la
guerre.
Lps forces envoyées seront constituées
en une division de dix mille hommes avec
une réserve du tiers, soit quinze mille
hommes en tout.
C'est pour éviter les tiraillements en-
tre la marine et les colonies que le gou-
vernement a attribué, en principe, au
ministre de la guerre, la formation éven-
tuelle de ce corps expéditionnaire.
Ajoutons que le ministre de la marine
a engage des pourparlers avec les diverses
compagnies maritimes de nos diiïérents
ports pour s'assurer le concours, le cas
échéant, de leurs paquebots, pour trans-
porter des troupes et du matériel; on
parle de quarante steamers qui seraient
ainsi aurétés.
ÉCHOS DE PARIS
M. Casimir-Perier, accompagné du gé-
néral Berruyer, est allé, hier, à cinq heu-
res, à l'hôtel Continental, pour rendre
visite a S. A. I. le grand-duc Vladimir.
Le président de la république, en arri-
vant par la porte de la rue Rouget-de-
l'Isle, a été reçu par le général prince
Platon Obolenski, qui l'a introduit chez
Son Altesse Impériale.
L'entretien a duré quarante-cinq minu-'
tes.
Le grand-duc Alexis et le duc et la du-
chesse de Leuchtenberg ont retardé leur
départ de Biarritz et n'arriveront que de-
main à Paris.
Le grand-duc Alexis partira, dans trois
jours, pour rejoindre son frère l'empe-
reur de Russie à Livadia; il l'accompa-
gfiera ensuite a Corfou.
M. Moret, ministre des nuances à Ma-
drid, est arrivé hier matin à Paris, où il
'vient voir une de ses Elles qui y suit. une
cure.
M. Moret, pendant son court séjour,
verra le président du conseil et les mi-
nistres pour appuyer les négociations en-
tamées par l'ambassadeur d'Espagne en
vue du renouvellement du wo~M~ t'e~e~
commercial franco-espagnol qui prend nn
le dernier jour de cette année.
Voici de nouveaux détails sur les fûtes
de la saison d'hiver qui seront données
au Cercle national de l'avenue de l'Opéra
et dont nous avons déjà parlé.
Les matinées-concerts auront lieu,
comme précédemment, le mardi, à qua-
tre heures et demie de l'après-midi. La
première sera donnée le mardi 6 novem-
bre prochain.
Les dîners-concerto du dimanche re-
prendront le 11 novembre.
Après le repas, les convives pourront <
compléter le concert par les auditions du
théâtrophone dont on a augmenté le nom-
bre des appareils.
H y aura probablement trois bats,
comme l'année dernière. Le premier bal
n'aurait pas lieu avant le mois de février.
M. Dufeuille part ce matin pour Stowe,
où il doit passer trois jours auprès de
Monsieur le duc d'Orléans.
Disons, pour répondre à de nombreu-
ses demandes de nos abonnés, qu'ils
pourront se procurer chez Valéry, rue de
Londres, des photographies de Monsieur
le duc d'Orléans.
On nous iait observer que, dans la der-
nière promotion de généraux, le ministre
de la guerre a créé six places de généraux
de brigade, en vertu de la nouvelle loi
sur les cadres.
Sur ces six places, trois ont été don-
nées à la cavalerie, dena? à l'artillerie et
M~e seulement à l'infanterie. Et encore a-
t-on repris d'une main a l'infanterie ce
qu'on lui donnait de l'autre, en rempla-
çant un général de division d'infanterie
par un général d'une autre arme.
On a causé, de la sorte, un préjudice
considérable, non seulement aux colonels
qui se trouvaient en situation de recevoir
les deux étoiles, mais encore à tous ceux
qui viennent derrière eux.
« C'est l'inianterie sacrifiée une fois de
plus aux armes spéciales ?,nous écrit-on
de divers côtés.
Le député qui, aux élections générales
de dimanche, en Belgique, a obtenu le
plus de voix dans tout le royaume, est
M. le comte de Mérode, ministre des af-
faires étrangères. Il a réuni 93,630 voix,
et cela dans la ville même de Bruxelles.
On sait que le grand-père du premier
e'~M de la Belgique a reiusé, après la révo-
lution de 1830, la couronne que lui avait
ollerte le Congrès belge, au nom de la
vaillante nation qui venait de proclamer
son indépendance.
SILHOUETTES DE NOUVEAUX GENERAUX
ZaMreMS de Waru. Un joli type d'offi-
cier, comme en ont croqua au passage, dans
leurs souvenirs, Marbeau et le général du
Barail, alerte et rempli d'entrain, gai comme
l'alouette gauloise, prêt à se battre et prêt a
rire, aimant la charge et les charges, un*
revue de Longchamps et une revue de fin
d'année.
N'a, jusqu'à présent, qu'un défaut. On peut
le dire maintenant qu'il a quitté le 5e dra-
gons, qui a si bien encadré te 45< dragons de
réserve admiré hier a Amiens. Il passe pour
trop bienveillant à l'égard de ses inférieurs
hiérarchiques.
Mais est-ce bien un défaut pour un colonel
de se faire aimer? N'est-ce pas souvent le
meilleur moyen d'avoir un régiment dans sa
main que d'avoir la main douce?
Ancien attaché militaire à Londres, le gé-
néral de Waru a représenté dignement la
France chez nos anciens alliés de Crimée. A
P-~ris, il est membre de plusieurs cercles élé-
gants, où il est également très populaire.
Pour cette heureuse nature, péquins et mili-
taires c'est kif-kif.
L'Assistance publique et les sociétés
féministes:
Les récents drames de la misère don-
nent un intérêt particulier à la réunion
qu'ont tenue hier les déléguées des socié-
tés féministes chex Mme Ferrès-De-
raisme,73,rueCardinet.Il s'agissait de
prendre des mesures en vue de l'hiver.
Dans l'assistance, très nombreuse, on
remarquait les membres de toutes les so-
ciétés féministes Mme Ferres-Deraisme
et Mme Wiggishon'; Mme Vincent, du
groupe l'Egalité; Mme Pognon, de la Li-
gue des femmes; Mlle Bonnevial, de la
Ligue de l'enseignement; Mlio-Louise
Koppe, Mme Maria Martin.
Dans cette première réunion on s'est
surtout occupé du nouveau règlement
d'assistance publique, qui rend faculta-
tive la présence des femmes dans les con-
seils d administration des bureaux de
bienfaisance. On a décidé qu'une com-
mission irait prochainement voir le direc-
teur de l'Assistance publique et le prési-
dent du conseil municipal, afin que cette
réforme, à laquelle ils se refusaient jus-
qu'ici, soit immédiatement appliquée.
Mme Wiggishoff, femme du maire du
dix-huitième arrondissement, a proposé,
afin d'éviter le gaspillage des fonds des
pauvres, rétablissement de cantines mu-
nicipales qui délivreraient des aliments
sur des bons distribués à domicile par
des enquêteuses de bonne volonté.
Cette idée a été adoptée et, sous forme
de vœu, sera transmise à qui de droit.
Voit~t pour l'amélioration immédiate à
apporter à l'exercice de la charité ofu-
cielle.
On s'occupera prochainement de relier
entre elles les diflérentes œuvres de bien-
faisance privée, a6n d'obtenir une meil-
leure répartition des secours aux indi-
gents et de les rendre par suite plus effi-
caces.
PARADOXES ET VÉRITÉS
Une femme est franche quacd elle ne fait
pas de mensonges inutiles.
Anatole FRANCE.
Tout grand homme :t un pied dans le passé
et un pied dans l'avenir.
Arsène HoussAYE.
Dans un important travail, que vient
de publier la jHecMe de jP<ïWs, M. G. Lar-
roumet se plaint, avec quelque amer-
tume, de l'abandon ouest laissée la tombe
de Victor Hugo « Allez un jour au Pan-
théon. dit-il, et entrez dans la crypte. En
face du cénotaphe de Voltaire, vous ver-
rez le cercueil de Victor Hugo, atten-
dant, sur les tréteaux provisoires où il
fut déposé, il y aura bientôt dix ans, que
l'on s'avise de Itti ouvrir un caveau, »
Nous avons fait au Panthéon la visite
conseillée par M. Larroumetet.à cela
près que le sarcophage qui fait vis-à-vis
au cénotaphe de Victor Hugo est celui de
Jean-Jacqaes Rousseau, « mort un
mois après Voltaire )), nous dit le gar-
dien nous devons reconnaître que la.
constatation est exacte.
Le « provisoires de 1885 dure toujours,
mais sans doute pas pour très longtemps
encore, l'administration des bâtiments
civils se préoccupant en ce moment mê-
me de donner au grand poète sa sépul-
ture déûnitive. A moins que la. mesure
budgétaire qui supprime l'emploi de M.
Comte ne fasse renvoyer le projet aux
calendes grecques ? f
En attendant que satisfaction soit don-
née aux admirateurs d'Hugo, on pourrait
peut-être enlever quelques-unes des cou-
ronnes poussiéreuses qui sont encore ac-
crochées sur le cercueil du poète.
A travers les journaux et les livres
[/jE'u<~e~e~ publiera, incessamment,
une curieuse primeur qui fera sensation
dans le Tout-Paris. Titre jH~O!'rCe~e~c, par Aurélien Scho!
DM MM~, de la ~o~Mp
qui vient de paraître chez Charpentier et
Fasquelle, est un livre d'art pur.
Les tableaux d'Espagne et d'Italie qui
y sont tracés avec une grande passion oi-
frent un intérêt puissant aux délicats et
aux lettrés.
M. Ernest d'Hauterive, lieutenant au
10~ chasseurs, qui est, on le sait, le gen-
dre de M. Alexandre Dumas, vient de
faire paraître chez OMendorfF, sous ce
titre <4rM~e sous la Révolution, un
volume qui soulèvera de vives curiosités.
Dans .H'M~t~e a~MOMr, le nouveau vo-
lume de René Bazin, on retrouvera ce
morceau exquis DoMa~tCMKe, dont la pu-
blication fut si remarquée dans la .Rë~Me
des jDeM~-Mo~des.
Le reste du volume esta l'avenant, c'est-
à-dire à la fois touchant, ému et dramati-
que.
NOUVELLES A LA MAtN
Un provincial est piloté par un Pari-
sien.,
Sur le boulevard, à l'heure de l'apéri-
tif, le premier demande, désignant un
café dont la terrasse est garnis de nom-
breux consommateurs:
C'est un caié littéraire, n'est-ce pas ? R
On le dit.
Alors, tous ces messieurs sont des
écrivains? Q
Hum). Ils s'occupent plus ou
moins de &eya
UN OOM'NO
A LA FOREST
Le service &mniveMtHre dm m&fé-
ch&i
(f
Le service anniversaire de la mort du
maréchal de Mac-Mahon, a été célébré,
aujourd'hui, dans la jolie église gothique
de Montcresson, avec une simplicité et
une grandeur toutes patriarcales. Mme
la duchesse de Magenta avait tenu ex-
pressément à ce que la cérémonie gardât
un strict caractère d'intimité.
C'est seulement dimanche dernier que
M. l'abbé Auvray, curé de la paroisse,
annonça au prône par des paroles émues
que, respectueux des ordres reçus, il ne
convoquait au bout de l'an de la mort de
l'illustre maréchal que les seuls parois-
siens
Vous viendrez tous ici, disait-il, pauvres et
riches, vieillards et enfants, prier pour le re-
pos de l'âme de l'héroïque soldat qui, si long-
temps et si vaillamment, lutta pour ]a gloire
de la France. La France entière s'associera.
a nos prières et Dieu les exaucera. En vous
réunissant tous ici, vous prouverez que le
souvenir du Bayard moderne est toujours vi-'
vant chez vous et que vous n'oublierez ja-
mais les exemples de foi et de patriotisme que
le maréchal vous a donnés jusqu'à son der-
nier soupir.
Un paysan breton disait, en parlant d'un
grand homme du temps passé « Ah il nous
a fait bien de l'honneur. H Cette parole, que
toute la France répétera toujours en se sou-
venant du maréchal, vous la répéterez ici
mercredi, à dix heures et demie.
La nef était tendue de draperies noires.
Mme la maréchaledeMac-Mahon est ar-
rivée à l'église avec tous ses enfants: le
marquis Patrice, le comte Eugène, le
comte ena comtesse Emmanuel de Mac-
Mahon, le comte et la comtesse de Pien-
nes.
Les châtelains des environs, quoique
non invités, avaient tenu à assister à la
cérémonie. Puis, tous les habitants de
Montcresson, hommes, femmes, enfants,
se pressaient dans l'église. Cette simpli-
cité touchante de Montcresson était bien,
autant que les magnifiques funérailles de
Paris il y a un ~n, dignes de l'héroïque
soldat, au cœur simple et loyal.
Au milieu du chœur s'élevait un cata-
falque, entouré de centaines de cierges.
Au-dessus ûottait le drapeau tricolore.
Ces trois couleurs, éployées par-dessus
les draperies noires, nous rappelaient le
premier triomphe de Maurice de Mac-
Mahon a Mouzaïa, triomphe qui lui valut
à vingt-deux ans la croix de la Légion
d'honneur.
Rapportons, à ce sujet, une anecdote
inédite.
Celui qui annonça le premier la nou-
velle de la décoration au comte de Mac-
Mahon, père du iutur maréchal de Fran-
ce, lui dit
C'est égal, comte, un regret vous
reste. c'est que le drapeau planté par
votre fils sur l'Atlas ne soit pas le dra-
peau blanc.
N'importe, monsieur, s'écria le
comte de Mac-Mahon, si le drapeau planté
là-haut était le drapeau de la France.
L'office et la messe de ~e~M:M, accom-
pagnés des chants de la maîtrise, ont été
célébrés par M. le curé doyen de Ghàtil-
lon-sur-Loing, assisté des prêtres du can-
ton, seulement convoqués pour le service,
auquel, comme nous l'avons dit, on avait
voulu donner un caractère exclusivement
familial.
F–
Bioc-Nctes ParisîeR
LamtfSOMDELAREtNEMARSOT
Dans quelques jours seront inaugurés les
superbes bâtiments nouveaux élevés par les
Sulpiciens sur i'emptacementqu'occupait, l'an-
nee dernière encore, à Issy, l'antique maison
de campagne de la reine Marguerite de Vaiois,
première femme d'Henri IV.
Cette maison, dont l'histoire est bien cu-
rieuse à cause des souvenirs qu'elle rappelait
et des personnages de marque politiques ou
retigieux qui t'ont traversée, était devenue
en dernier Heu le grand séminaire de philoso-
phie de Saint-Suipice, où les anciens élèves
montraient encore aux nouveaux, il y a quel-
ques mois à peine, tescettutes historiques dans
tesqueties ont travaiite et prié Lacordaire et
"tan.
i La maison d'Issy appartenait, vers le milieu
du seizième siècle, à un marchand changeur de
Paris, du nom de Michel Marteau, qui la ven-
dit un peu plus tard àJean de La~Haie, orfèvre
du Roi.
Au commencement du dix-septième siècle,
elle devint la propriété de la reine Marguerite.
Celle-ci s'y était retirée pendant quelque teraps
pour fuir une épidémie qui désolait la capitale.
Elle fut si contente du séjour qu'elle y fit,
qu'elle n'hésita pas à t'acheter et la paya33,ooo
Hvres.
On vit alors, à l'appel de la Reine, accourir à
Issy une foute de gens de lettres, qui y reçu-
rent une magnifique hospitalité et témoignèrent
de leur reconnaissance en célébrant, en prose
et en vers, la munificence de Marguerite de Va-
lois et son goût pour les arts. a
L'un des poètes qui furent, à cette époque,
les hôtes habituels de la Reine, Michel Boute-
roue, publia, en )6oQ, sous ce titre le Petit
0/~M~c ~My, une description très détaillée
et non sans mérite de ce charmant séjour
Par ce double escalier de pierre
On descend dans un lieu voûté,
Qui traverse par-dessous terre
Au verger de l'autre côté
Sortant de cette grotte ronde
Par un degré plus spacieux,
On pense voir un autre monde,
D'autres terres et d'autres cieux.
Pendant )e séjour que Marguerite de Valois
fit à Issy, elle donna son nom à la rue de la
.Renie ou Réginale, qui existe encore aujour-
d'hui. i.
A sa mort, Louis X! hérita de tous ses
biens et, par conséquent, de la maison d'Issy.
Mais il ne l'habita pas. Cette propriété fut ven-
due a Michel Sarrus, conseiller au parlement
de Paris, qui demanda et obtint, le premier,
l'autorisation d'y faire célébrer le saint sacri-
fice de la messe.
La seconde femme de Michel Sarrus, Antoi-
nette Le Prêtre, la vendit plus tard à un aumô-
nier du Roi, Antoine de Sève, abbé de Notre-
Dame de l'Isle-en-Barrois, prieur d'Ulnon et de
Champdieu, savant ecclésiastique, qui l'habita
avecson neveu, Louis Tronson.
Ces deux hommes avaient une vénération
profonde pour M. Olier, fondateur de la Com-
pagnie des prêtres de Saint-Sulpice, dont ils
recherchaient avec empressement la conversa-
tion et les consei!s. Aussi, M. Olier venait-il
fréquemment surtout pendant les dernières
années de sa vie dans cette maison, où il re-
cevait toujours un accueil si cordiaL
Le 17 novembre <655, l'abbé de Sève vendit
cette propriété à très bon compte à M. de
Bretonvittiers, mais avec cette clause qu'à la
mort de ce dernier elle passerait à la commu-
nauté de Saint-Sutpice, à laquelle l'abbé de
Sève avait déjà fait don de sa bibliothèque,
l'une des plus riches du temps.
C'est ainsi que l'ancienne maison de campa-
gne de ia reine Margot est devenue la propriété
des fils spirituels de M. Olier.
A Saint-Sulpice, plus peut-être que partout
ai))eu''s, on a le culte de la tradition et du sou-
venir. Aussi n'est-ce pas sans un douloureux
serrement de cœur que le vénérable supérieur
général s'est décidé à jeter bas ces construc-
tions que l'injure du temps avait malheureuse-
ment rendues tout à fait inhabitables.
Mais on s'est bien gardé de livrer à la pioche
des démolisseurs la chapelle de Lorette, qui
touche presque le cimetière sutpicien et dont
i'histoire mérite aussi de fixer i'attention.
Cette chapelle fut construite par M. Tron-
son, t'heritier de M. deBretonviltiers, sur le
modèle exact de la maison de Lorette en Italie.
Le plan en avai tété tracé par un savant et pieux
ecclésiastique, M. Bourbon, qui avait fait plu-
sieurs fois le pèierinage de Lorette et que Féne-
lon cite souvent, avec de grands éloges, dans
sa Co)'rM,uo)!fYa)!ce.
Le sanctuaire d'Issy devint bientôt l'un des
plus vénérés de toute la région. Un grand nom-
bre de pèlerins témoignèrent de grâces particu-
lières qu'ils y avaient obtenues.
A la requête de plusieurs membres très in-
fluents du c)ergé,i'archevêque de Paris permit,
le 28 novembre f6o5, d'y conserver le Saint-Sa-
crement.
Un des plus assidus pèlerins du nouveau
sanctuaire n'était autre que le grand Bossuet,
qu' allait volontiers y prier pendant les confé-
rences d'Issy sur le Quiétisme, comme le rap-
porte M. Tronson.
Entre autres marques de la piété des fidèles,
on voyaft' dans la chapelle de Lorette un im-
mense cœur, qui avait été envoyé par les Ca-
nadiens de Montréal, et se composait de peti-
tes pierres taiHées en forme de cœurs de cou-
leurs différentes, en nombre égal à celui des
néophytes qui se trouvaient parmi eux.
On y voyait encore les clefs d'or qu'un cham-
betlan'du roi de Pologne y avait suspendues,
et un nombre considérable de cœurs en argent
doré, dont quatre-vingt-seize, d'après )a Décla-
ra~oMa!eAf..EtMefy~t< /.z nofem&re ~7~,
furent portés à la Monnaie pendant la Révolu-
tion.
La Dauphine, mère de Louis XVI, y vint, en
t/58, en pèlerinage, avec le Dauphin, et y
laissa de riches présents.
Dans cette chapelle se trouve le tombeau de
Avarie Olier, la sœur du fondateur de Saint-
Sulpice, et des reliques du cardinal de Bérulle,
fondateur de l'Oratoire en France.
Les communards de fSyi respectèrent moins
la chapelle de Lorette que ne l'avaient fait les
révolutionnaires. Ils la brûtèrent pendant la
nuit du )2 au )3.mai. Le sanctuaire tout entier
fut la proie des Qammes.
Parmi les souvenirs les plus précieux qu'il
renfermait se trouvait une statue de la sainte
Vierge qui avait été exposée pendant plusieurs
années à la piété des fidèles, à Lorette, et
transportée à Issy en i85f. Cette statue
ne fut pas détruite dans l'incendie, car on
avait eu soin de la cacher avant l'arrivée des
communards. Mais on ne la retrouva pas après
la Commune il est probable qu'elle fut mise
en pièces pendant le pillage du séminaire
d'Issy.
La chapelle de Notre-Dame-de-Lorette a été
rebâtie par l'abbé Icard, le prédécesseur du P.
Captier comme supérieur général de Saint-Sul-
pice. La première pierre de la construction
nouvelle absolument conforme, comme
l'ancienne, au sanctuaire d'Italie a été bénie
le 17 avril 1872 par Mgr Guibert, archevêque de
Paris.
La maison d'Issy a d'autres souvenirs dont
les sulpiciens ont le droit d'être fiers. A côté
du nouveau grand séminaire, on voit encore
une sorte de pavillon dans lequel l'illustre
évëque de Meaux et le doux Fénelon avaient
coutume de se réunir avec MM. Tronson et de
Noatlles. C'est là qu'eurent lieu les fameuses
conférences sur le Quiétisme qui durèrent près
d'une année et d'où sortirent les trente-quatre
articles ~My.
Plus tard, le cardinal de Fleury, premier
ministre de Louis XV, séja~rna dans cette
maison pendant une assez longue et grave ma-
ladie. Il y présida nombre de conseils de mi-
nistres, reçut trois fois la visite du Roi, deux
fois celle de la Reine et du Dauphin.
C'est là qu'il mourut, le 20 janvier )743,à à
l'âge de quatre-vingt-dix ans, muni des sacre-
ments de l'Eglise et de la bénédiction apostoli-
que que lui avait apportée en personne te car-
dinal Crescenzi, léga* du Pape.
Telle est l'histoire abrégée de la maison
d'Issy. Bien d'autres hôtes Ulustres y séjourné-
rent plus ou moins longtemps, de Marguerite
de Valois au cardinal Fleury.
Les jeunes séminaristes qui s'y préparent
maintenant au sacerdoce foutent vraiment un
sol historique, d'où montent sans doute jus-
qu'à eux, aux heures de solitude et de recueil-
lement, quetques-ua! des souvenirs glorieux
du pMM. oma~Rrs
OUT-PARta
S.~VEN!RS
DE
Yerti et i'AmMse-Thm'; sur CsMo!
Cenvera~tion a~ec tes demx tn&itrea
Hier, au service du bout de l'an célébré
en l'église de la Madeleine, pour le repos
de l'âme de Gounod, il était touchant de
voir l'auteur d'O~eMo et l'auteur de
-M~MOM assis l'un à côté de l'autre et ren-
dant hommage, dans une commune pen-
sée, à l'auteur de ~PaMS~, leur ancien com-
pagnon de gloire. Aussitôt que le maitr<
italien eût appris la date fixée pour la cé-
rémonie, il fut convenu entre lui" et M.
Ambroise Thomas qu'ils se rendraient
tous deux ensemble au service. Aussi,.
quand Verdi reçut, dimanche matin, l'in.
vitation du président de la république le
priant à déjeuner pour le jour même oa
la cérémonie avait lieu, l'illustre compo-
siteur se trouva-t-il embarrassé.
Il confia son embarras à M. Ambroise
Thomas, dans l'après-midi, au cours du
concert du Châtelet. Celui-ci M répondit
que, pour sa part, il éprouvait un très vif
chagrin de cette coïncidence, car il se trou-
vait dans la cruelle nécessité de décliner
l'invitation du chef de l'Etat, étant non
seulement retenu, ce jour-la, par la céré-
monie de Gounod à laquelle il tenait ab-
solument à assister, mais aussi par les
examens d'admission au Conservatoire.
En effet, M. Ambroise Thomas nt savoir
par lettre, au président de la république,
l'empêchement qui le privait de l'hon-
neur d'accepter son invitation. C'est a la
suite de cette lettre que M. Casimir-Pe-
rier fit remettre le déjeuner au lende-
main.
Ce changement de date a pprmis, d'ail-
leurs, au ministre de l'instruction publi-
que et au directeur des beaux-arts, invi-
tés également au déjeuner on l'-hanneur
de Verdi, d'assister au service célébré à
la mémoire de Gounod.
Hier donc, à midi, M. Ambroise Tho-
mas se présentait au Grand-Hôte), ou
l'attendait Verdi, qui monta aussitôt dans
la voiture de son illustre ami, et se rendit. t
avec lui a l'église de la. Madeleine. A la
suite dela~eérémonie, où les deux maîtres
ont écouté avec une religieuse attention
lebeauRe~M:e~ de Gounod, M. Am-
broise Thomas a présenté Verdi à Mme
veuve Gounod, qui a été on ne peut plus
touchée des paroles anectueuses que lui
a adressées, à cette occasion, le maître
italien.
Nous avons eu l'honneur de voir l'illus-
tre compositeur d'0près-midi, et comme nous lui parlions de
Gounod, il nous a répondu
–Je tenais d'une façon toute particu-
lière à assister à la cérémonie de ce ma-
tin, car j'ai eu des relations très cordiales
avec Gounod pour le talent duquel je pro-
fesse la plus haute estime. C'est un grand
musicien, un musicien dont vous devez
être trèsûers.Pour ma part, son œuvre en-
tière m'a charmé à maintes reprises et
j'éprouve pour son œuvre capitale, .P
jeune que moi de cinq ou six ans, ce qui
ne nous a pas empêchés de nous consi-
dérer comme de vieux amis, car je l'ai
connu, autant qu'il m'en souvient, en 1855,
à l'époque où j'écrivis, en France, à la
campagne, ma partition des Fëpre~ ~ct-
liennes.
? C'était mon troisième voyage en Fran-
ce, car j'y étais venu pour la première fois,
en 1847, époque à laquelle l'Opéra repré-
senta T~e~MM/ew. Je restai à Paris quel-
que temps et j'assistai même à la révo-
lution de Février. Retournant à Milan en
pleine révolution, je revins à Paris dé--
tail vraiment curieux pour assister
aux journées de Juin, qui furent très
chaudes, je vous en réponds. Quelques
années plus tard je revins de nouveau
en France, comme je vous l'ai dit, et c'est
là que je lis la connaissance de Gounod,
qui était à ses débuts.
–C'est donc à Paris que vous avez en-
tendu la musique du maître français
pour la première fois? demandâmes-
nous au maître italien, encouragé par sa
bienveillance.
Oui, à Paris, et c'est aussi à Paris,
au Théâtre-Lyrique de Carvalho, que je
crois avoir entendu .Pat~ pour la pre-
mière fois. Je devais l'entendre, plus
d'une fois, dans la suite,-non seulement
dans mon pays, mais à l'étranger. Quant
à Gounod, je ne l'ai vu qu'a une seule oc~
casion, je crois, en Italie, a Milan, a la
Scala, au cours d'une représentation.
Mais en France, je l'ai vu fort souvent,
aux époques successives où je suis venu
faire exécuter mes œuvres. C'était un
causeur charmant, et sa conversation m'a
laissé de bien agréables souvenirs. ))
Et comme nous demandions a Verdi
s'il était vrai qu'il avait l'intention d'é-
crire une nouvelle partition et qu'il hési-
tait entre le sujet d'C~o~etcetutdo.
.Ro~o et Juliette, il nous répo'idit
D'abord, il n'y a pas de pièce a faire
avec U<70J:H. Pour ce qui est du drame
de Shakespeare, c'est autre chose. Mais
n'allez pas croire par laque je songe à
m'inspirer du sujet pour écrire un nouvel
opérai Non, la partie matérielle m'olïri-
rait trop de difficultés à mon âge. C'est
fini et bien uni j'ai dit mon dernier mot
avec Fa~y et je ne ferai plus rien. Je
suis trop vieux; il ne me reste plus qu'à
me reposer.
Je partirai pour Gênes à la fia de 1~
semaine, lundi au plus tard, car mes af-
faires m'appellent en Italie.Quand revien-
drai-je à Paris? Je l'ignore. Y revien-
drai-je jamais? Je n'ai plus rien de pré-
cis qui m'y appelle, et, à mon âge, on M
fait plus de projets. Mais croyez bien qua
je garderai de votre belle ville et de l'ac-
cueil que j'y ai reçu un souvenir ineHa"
câble. ')
En quittant l'auteur d'0/Tie~o, nous
avons voulu voir M. Ambroise Thomas
et lui demander, à lui aussi, quelques
souvenirs sur Gounod. Le maître, qui
nous reçoit au sortir des examens du
Conservatoire, nous dit en souriant:
Des souvenirs sur Gounod ? J'en ai
tant et si peu en même temps t L'amitié,
c'est comme le bonheur, cela ne se ra-
conte pas. Tout ce que je puis vous dire,
c'est que j'ai été toute ma vie tendrement
uni à Gounod. Je l'ai connu tout jeuset
avant qu'il partît pour Rome, d'où je re*
tenais, car j'étais son aîné de sept o~
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