Quarante-Sixième Année* — N*
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Mardi 19 îiovemuro * cr
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DES BASSES-PYRÉNÉES
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DEUXIÈME ÉDITION ]
Bourse de Paris.
Cours du 18 Novembre.
FONDS D’KTAT j
11 JÏÏSLito.:.::::::::: 2.8
tSgSSSn g»
Autriche 4 % or 25
Brésil 4 % 1889 83 60
Brésil 5% 1903 •
Egypte unifiée îuu.^o
Espagne 4 % (Extérieure).... 91 60
Hongrois 4 % or 89 70
Italien 5 % 98.65
Portugais 3 % •*•••••• ,
Russe 4 % cons. lre et 2* série 92 10
Russe 5 % 1906 103.42
Russe 4 % 1909 100 60
Dette Ottemane unifiée à 4 % 84.10
Douanes Ottomanes 472 00
VALEUR DIVERSES
Actions Suez 6120
Actions Est 905
Actions Midi 1115
Actions Nord 1638
Actions Orléans 1310
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Actions Nerd-Espagne 457
Actions Wagens-Lits erd 440
Actions Sarag*sse 433
Actions Sesnowice 1470
Actions Rio-Tinto 1922
Banque Ottomane 634
Compagnie Transatl. 3 % act. 297
Métropolitain de Paris 645
DÉPÊCHES DE LA NUIT
““ 8 h. 50.
DANS LES BALKÀN8
Le oholéra.
CONSTANTINOPLE. — Les ambas-
sadeurs ne cessent de se préoccuper
des mesures sanitaires à prendre dans
l’intérêt de la population de Constan-
tinople. Sur leurs instances, le gou-
vernement ottoman a décidé la forma-
tion d’un camp d’isolement à San-Ste-
iano. Il envoie sur les lignes plusieurs
équipes de désinfection. M. Bompard a
dû insister pour que l'une d’elles fut
dirigé sur Derkôs, pour prévenir la
contamination des eaux d’alimentation
jde la ville.
Les troupes décimées par le fléau.
BERLIN. — Des correspondants par-
ticuliers annoncent de Constantino-
ple. que de l’avis des ôtficiers étran-
gers, qui ont visité les lignes de Tcha-
taldja ,1a situation des Turcs est dé-
sespérée par suite du choléra.
La plupart d’entre eux Bont incapa-
bles de fout effort. Dans les tranchées
veillent quelques soldats tandis que les
malades Innombrables expirent der-
rière et dans la campagne où retentis-
sent leurs gémissements.
A la gare de Hadenkeuï se tient l’état
major dans un wagon-salon sous les
h* - -
ordres de Hazim-Pacha. Dans la gare
même est le siège du commandement
du premier corps sous les ordres d’A-
liri-Pacha, lequel est atteint du cholé-
ra et condamné.
Sur le quai de la gare sont des mil-
liers de malades et des centaines de
morts. Il est impossible de lutter con-
tre le fléau. A Derkos, où prennent
les conduites qui amènent Veau à Cons-
tantinople, quinze hommes du poste
de garde sont tombés malades jeudi et
douze ont succombé.
Les officiers estiment qu’il est dé-
sormais impossible de livrer combat à
Tchataldja, et que d’ailleurs les Bulga-
res ne sauraient occuper cette posi-
tion sans exposer leur armée à être en
proie au choléra.
Manifestations serbophlles en Bosnie
et en Dalmatle.
SARAJEVO. — Des manifestations
serbopliiles ont eu lieu hier soir dans
la capitale de la Bosnie.
Une cinquantaine d’étudiants se
groupèrent vers six heures, dans la
rue principale de la ville, acclamant
le roi Pierre et chantant les hymmes
nationaux serbes et monténégrins.
Une nombreuse foule les entoura
immédiatement et fit chorus avec eux.
La police, qui était consignée, inter-
vint, gourdins levés et sabres au clair,
dispersa les manifestants et barra les
rues menant au palais du gouverne-
ment.
Le gouverneur de la Dalmatie a dis-
sous les Conseils municipaux de Spa-
lato et de Sebenico. Le motif de la dis-
solution prononcée, est que les maires
et conseillers municipaux de ces vil-
les ont pris une part directe aux mani-
festations récentes en faveur des Etats
balkaniques.
Le rôle oonoillateur de l'Italie.
ROME. — La « Tribuna » publie um
dépêche de Vienne assurant que U
?rouvernement austro-hongrois, sur lei
nstances de l’Italie, a promis non seu-
lement do laisser tomber ses ancien-
nes objections, mais aussi de favori
ser la construction du chemin de teJ
du Danube à l’Adriatique.
Un autre tait mettant en relief Tes
prit de conciliation et de modératioi
du gouvernement austro-hongrois es
que l’Autriche-Hongrie a abandonna
son projet d’union douanière avec L
Serbie et que ses demandes ayant ui
caractère commercial sont très modè
rées.
La Triple Entente prèotte la modératloi
à Belgrade.
ROME. — Une autre dépêche de Bel
grade à la « Tribuna » affirme que le
ministres de France, d’Angleterre e
de Russie ont renouvelé aujourd'hv
auprès de la Serbie leur conseil de ma
dération et de conciliation. La questio.
des Albanais n’a pas une importanc
si grande qu’on le croit, parce que le
catholiques albanais représentent seu
lement iO 0/0 de la population.
LM Pourparlers de paix.
PETERSBOURO. — La « Rossia
publie la note officieuse suivante :
> . - >•,® i
« En ce qui concerne l’attitude que I
la Russie estimera nécessaire d’assu- I
mer au sujet de la liquidation de la I
guerrne et des questiens diverses qui I
s’y rattachent, le gouvernement rus- I
8e, contrairement aux assertions de I
personnalités sans mandat, n’a aliéné
en quoi que ce soit sa liberté d’action, I
et est résolu à se laisser guider exclu-
sivement par les intérêts russes. »
PETERSBOURG. — Le « Retch «, la
« Gazette de Saint-Pétersbourg » et
d’autres journaux estiment, étant don-
née l’approche de la liquidation des
possessions européennes de la Turquie, I
qu’il faut que la Russie formule ses
prétentions. « La Gazette de Saint-Pé-
tersbourg » dit savoir que la Russie
se contenterait du désarmement du
Bosphore et des Dardanelles, et de la
concession d’une île turque pour y éta-
blir une station de charbon.
Lee ambassadeurs délibèrent sur la
situation.
CONSTANTINOPLE. — En présence
de la situation, les ambassadeurs se
sont réunis chez le doyen du corps di-
plomatique, marquis di Pallayicini,
pour délibérer sur les mesures à
prendre en vue de prévenir l’entrée
des Bulgares dans la ville. On dit que
non seulement le choléra, mais aussi
la peste sévissent dans l’armée bulga-
re, et Ton craint que l’entrée de celle-
i ci dans la ville ne constitue un danger
i pour la population.
L’ambassadeur de France secourt
les Ohrétlens de Galllpoli.
1 CONSTANTINOPLE. — L’ambassa-
deur de France a fait prier une Com-
pagnie de remorquage de mettre un
de ses bateaux à la disposition des ha-
’ bitants chrétiens de Gallipoli, qui se
montrent très émus des conséquences
possibles d’une défaite des troupes tur-
ques stationnées aans leur voisinage.
] Tout le monde à bord.
! CONSTANTINOPLE. — Les corn-
. mandants des navires de la flotte in-
* ternationale ont donné à leurs équipa-
ges Tordre de regagner leur bord cette
après-midi, à 2 heures.
y L’exode des musulmans.
I CONSTANTINOPLE. — De nombreu-
1 ses familles de paysans musulmans dei
_ villages situés entre Tchataldja e\
. Constantinople sont arrivés hier. Envi-
r ron 500 chariots, suivis d’un grant
nombre de bestiaux, ont traversé la rui
_ Chichli, près de Pera, descendant d<
n Bechikach, pour passer en Asie,
t
è Lamentables épaves.
n CONSTANTINOPLE. — Depuis um
_ semaine, on voit passer à Stamboul e
à Péra, par groupes de vingt à que
rante, des soldats malades qu’on éva
„ eue ici, et qui gagnent à pied les hôpi
taux, car les moyens de transport son
insuffisants. Ces hommes ont à peim
la force de mettre un pied l’un devan
“ l'autre. Ils passent en silence, avec um
.# lenteur incroyable, le visage terreux
,j les yeux éteints, le corps décharné pa
i_ les privations et la maladie,
n
■e Lee Bulgares attaquent sur toute la II
;s gne. — Lee marine internationaux dé
barquent.
CONSTANTINOPLE. — A Tchatald
ja, les Bulgares ont attaqué sur tout
^ la ligne à 3 heures du matin. On assur
que les troupes turques, aidées par 1
flotte, ont repoussé l'aile gauche bul-
gare.
Il a été décidé de débarquer les déta-
chements de matelots qui sont à bord
i des navires de guerre, pour protéger
les routes qui conduisent à Pera.
Le stationnaire « Lorelly » se rend
à Haïdar-Pacha pour protéger la gare
du chemin de fer d’Anatolie et la colo-
nie étrangère qui se trouve de ce côté.
La ville est absolument calme.
Lee Bulgares seraient repoussée.
CONSTANTINOPLE. — Nazim-Pa-
I cha télégraphie qu’à la suite de la mar-
I ùhe en avant de l’infanterie bulgare,
I hier matin, une bataille entre l’artille-
I rie et l’infanterie a duré hier soir, et
I n’a cessé qu’une heure après le coucher
I du soleil.
I Le feu efficace de l’artillerie turque
I a repoussé l’infanterie bulgare, qui
I tentait d’avancer entre le centre et
I l'aile droite de l'armée turque. Les
I Turcs auraient anéanti trois bataillons
I ennemis.
CONSTANTINOPLE. — On assure,
I du côté turc, que les Bulgares, qui
I s’étaient avancés pendant toute la nuit,
I auraient, dans le combat qui durait de-
I puis le matin sur la ligne Tchataldja-
I Derkos, été battus sur toute la ligne.
1 Ils se retireraient sous le feu de l’artil-
I lerie.
I Passage d'aviateurs.
S PH ILIP PO POLI. - Trois des avia-
I teurs russes au service de la Bulgarie,
I se dirigeant vers le sud, ont passé au-
I dessus de la ville.
Les alliés forment un bloc.
I BELGRADE. — Le docteur Danef,
I lors de son séjour à Budapest, où il
, I était venu en mission au nom de Tal-
, I liance balkanique, a déclaré à Tempe-
[ I reur François-Joseph, à l’archiduc hé-
I ritier, au comte Berchtold et à l’am-
I bassadeur d’Allemagne, que « tous lei
I Etats chrétiens des Balkans se tienneni
I fortement liés et qu’ils soutiendront
, I résolument les demandes de chacui
. I d’eux, de sorte qu’aucun conflit d’Etat
. I étranger avec un quelconque des alliéi
, I ne peut être traité à part. Ces déclara-
| tions de l’homme d’Etat bulgare furent
I faites sans réserve aucune.
I Lee 8yriene craignent une ocoupatlon
• I anglaise.
II
I BEYROUTH. - La population de Sy-
-1 rie est unanime à espérer sa séparattoi
II de la Turquie. Tous les catholiques e
? J la grande majorité des musulmans ex-
î | priment certaine inquiétude résultan 1
I du fait qu'un appel a été adressé direc
I terne nt à l’Angleterre par un g r ou pi
I de musulmans.
Le même état d’inquiétude existe ei
? I Egypte. Certains journaux disent ou
11 vertement que l'Angleterre songerait <
-1 occuper bientôt la Syrie,
-1 On annonce un prochain voyage dan
- I cette région d’un représentant de l’An
11 gleterre en Egypte. La presse et de
01 informations particulières contirmen
11 cette dernière nouvelle. Ce représen
e | tant parcourrait, dit-on, la Syrie, re
’, I cevrait des délégations et serait mêm*
r i en mesure de parler de la possibilité
I d’une intervention de la Grande-Breta
gne.
1.1 Un grand malaise résulte de cett
I agitation,
Manifestation hostile à la Russie.
-I CYERNOWITZ. - Environ trent
e I étudiants de l’Ukraine ont brisé hie
e I soir, à coups de pierres, les fenêtre
a du consulat de Russie. L’écusson d
consulat est resté intact. La police, in-
tervenue aussitôt, n’a pas pu empêcher
l’incident. Les mesures les plus rigou-
reuses ont été prises. La plus grande
partie des coupables ont déjà été arrê-
tés.
Le comte Meran. président du pays,
s’est rendu immédiatement chez le
consul de Russie pour lui exprimer
les regrets du gouvernement provin-
cial au sujet de l’incident.
DÉPÊCHES DU MATIN
11 h. 50.
CHEZ LES INSTITUTEURS
LE HAVRE. — Au cours d’une réu-
nion, le groupe havrais de l'Amicale
laïque des instituteurs et institutrices
a voté Tordre du jour suivant :
« Le Groupe havrais repousse le pro-
jet Guist’hau, relativement aux traite-
ments : 1. parce qu’il ne réalise pas
l’égalité des traitements envers les ins-
titutrices et les instituteurs ; 2. parce
qu’il ne prévoit pas le reclassement du
personnel en tenant compte des années
de service et des situations acquises ;
3. parce qu’il ne supprime pas le choix.
Le Groupe demande le vote intégral
du projet des Amicales.
MEETING8 CONTRE LA QUERRE
Dans Iss départements.
LYON. — Hier après-midi, un cor-
tège organisé par les groupements so-
cialistes de Lyon, pour protester con-
tre la guerre, a parcouru les princi-
pales rues de la ville en chantant T« In-
I ternationale ». Place de la République,
' un groupe d’étudiants ayant crié : Vive
l’armée, une légère bagarre s’est pro-
duite, mais a été rapidement disper-
sée par la police. A l’issue de la mani-
■ festation, un meeting en plein air a été
f tenu.
!
5 T ROY ES. — L’Union des Syndicats
■ et des sections du parti socialiste ont
' donné cette après-midi un meeting con-
f tre la guerre, à la Bourse du travail.
■ 2.000 manifestants ont ensuite par-
‘ couru les rues en chantant T « Inter-
nationale ».
ROCHEFORT. — Hier a eu lieu, à la
Bourse du commerce, un grand mee-
ting organisé par l’Internationale ou-
. rrière. Plusieurs discours ont été pro-
i noncés. Quelques groupes de manifes-
t ] tants ont parcouru la ville en cons-
. : puant la guerre et en chantant T « In-
II ternationale ».
9 BOURGES. — Hier a été tenu le mee-
tin organisé par la Fédération socia-
i liste du Cher.
Un arrêté municipal a interdit Ûi dé-
fi filé que les manifestants devaient ef-
fectuer pour se rendre au champ de
S foire. Plusieurs milliers de personnes
- s’y sont rendues individuellement et
s ont entendu divers discours. A l’issue
t du meeting, un ordre du jour contre
- la guerre a été voté sans incident.
B A l’étranger.
è
WILAN, — Une importante manifes-
tation contre la guerre a eu lieu à Mi-
B lan. Plusieurs milliers d’auditeurs ont
açclamé les orateurs italiens, allemand,
français et autrichien.
LONDRES, r- Un grand meeting or-
e ganisé par la section anglaise du Bu-
r reau international socialiste travail-
s liste a eu lieu ce soit, pour protester
u contre l’intervention éventuelle des
jraiïdes puissances dans les affaires
1balkaniques.
M. Hervé reconduit à la frontière
italienne.
ROME. — M. Gustave Hervé est pai ti
hier après-midi pour la France, accom-
pagné )usqu’à Modane par un fonction-
naire de la police.
MORT D’UN GENERAL
BOURGES. — Une nouvelle mort
vient de jeter le deuil dans l’armée
française.
Le général Tournié est décédé subi-
tement hier à Bourges.
Ce décès a produit en ville une dou-
loureuse et très pénible impression.
y
DEPECHES DU SOIS
S fi. 15.
CHAMBRE DES DEPUTES
Présidence de K. DESCHANEL.
La séance est ouverte à 2 h. 15.
On adopte le projet modifiant l’arti-
cle 10 du traité d(extradition franco-
belge du 15 août 1874.
L’ordre du jour appelle la suite de
la discussion du budget de l’agricul-
ture.
M. MISTRAL appuie les projets de
résolution présentés par M. Mètin, l’un
relatif au contrôle de l’Etat et à sa part
de contribution dans les prises d'eau
industrielles, l’autre concernant la pro-
tection des sites.
La séance continue.
LA GUERRE DANS LE8 BALKANS
Autour d’Andrlnople.
SOFIA. — La garnison d’Andrhiople
a tenté plusieurs nouvelles sorties.
Au cours de la première, les Turcs
ont eu 270 tués et blessés. Dans la se-
conde, ils ont eu 230 morts et bles-
sés.
Dans la seconde, ils ont eu 230 morts
et blessés.
De leur côté, les Serbes ont eu dans
la première affaire 2 morts et 22 bles-
sés et dans la deuxième 1 mort et 11
blessés.
Débarquement dee troupes Internationales
à Constantinople.
CONSTANTINOPLE. — Conformé-
ment à une décision prise par les com-
mandants des navires étrangers, dns
détachements ont été débarqués et ont
pris des postes à proximité des ambas-
sades.
Grecs et Bulgares.
I et ATHENES. — Des informations de
| Salonique annoncent que le drapeau
grec a été hissé sur les bateaux récem-
ment pris aux Turcs.
On apprend d’autre part qu’un corps
de volontaires bulgares a occupé com-
me mandataire des pays alliés le port
de Ravala.
L ASANTE D’EMMA CALVE
LONDRES. — Une agence annonce
que la grande cantatrice Emma Calvé
est actuellement atteinte d’une affec-
tion de gorge qui cause à ses amis de
grandes inquiétudes.
(Voir Dei-nière Heure 3e Page.)"
N» i. Feuilleton de 1TNDEPENDA.NT.
Les"trois Petites-Fûtes
DE LA MARQUISE
Pierre SALES
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I
Us Trois Petites-Fllïes de la Marquise
de la Mésange.
Vraiment, à voir la marquise de la Mé-
sange, soit dans ses grands salons d’appa-
rat de la rue de Babylone, sous les beaux
portraits historiques rapportés du Dau-
phiné, soit dans le boudoir et le petit sa- \
}on _ si délicieusement ornés de peintu- ;
rcs de miniatures — qui étaient lapana-
120 plus particulier de ses trois bijoux de
petites-fUles, personne n’aurait voulu
croire que, sous oe lourd bandeau de che-
veux blancs, derrière ce grand front ivoi-
rin, que les ans n’avaient pu rider, bien
«des pensées cruelles s’agiuiient et que,
sur ces épaules, à peine voûtéee, les p us
cruelles désillusions, le chagrin le plus
•douloureux, pesaient depuis bien des an-
nées déjà : car il y avait dix ans, mainte-
nant, que son unique fille était morte, et
jto» quatre ou cinq années qui avaient pré-
dWM cette p^rt© irrépanabte . avaieru ^té
cela s’était compliqué d’une ruine à peu
près complète, avec la ruine même de la-
mour de sa fille, qui, n’ayant pu suppor-
ter les trop innombrables caprices du
marquis de Coudrais, son époux, s était
^parée de lui, pour vivre avec sa mère
"fVu ‘-ois fille» — vivre des très maigres
rentes viagère de la marquise de Mésan-
ge, demeurées alors î.?ur unique ressour-
Et pourtant, il était là, tout à 1 heure,
ce marquis du Coudrais, adulé, Pr^du
autant par la marquise que par
petit es-i 11 les : car il était extrêmement
brillant, séduisant ; et jamais, même lors-
qu’elle avait tant de reproches a adresse!
à son gendre, la marquise de la Mésange
n’avait pu s'empêcher de l’accueillir oar
un de ces sourires, un peu douloureux,
mais si exquis J qui, semblaient en faire
un être à part du monde actuel.
Orana mère, lui disaient trois-pe-
tites-filles, depuis qu’elles «valent p^ié-
tré un peu sa mentalité.» granu me re,
voua ne vivez pas absolument au milieu
Voyez-vous, le» ingrates *•.. sécrtâH
la marquise, en les dévif-àgoant à travers
son face-à-main ; je ne les aime donc pas
assez, ces trois petites, qui ont été toute
.— Oh ! si, grand'mèrc lf répondaient-el-
les le plus tendrement du ipondp, en ve-
nant la cqjoler — c’est-à-dire que 1 aînée,
Hélène, se plaçait derrière son épaule et
mettait sa tête le long du vieux visage en
l’embrassant, cependant que, des deux ca-
dettes, Mathilde, qui avait dix-huit, se pe-
lotonnait sur un tabouret à ses pieds, et
que la dernière, Antoinette, quoique déjà
grande fille, s’installait sur les genoux de
I Kbelles pouvaient bien lui dire, quoique
respectueusement, que c’était elle, 1 ingra-
te, de douter de l’amour de ses trois-peti-
tes-fiilles, qui savaient bien à quel point
elje leur avait servi et de maman et de
papa | Mais leur remarque était juste,
aussi : car la marquise do la Mésange
n’aimait qu’elles au monde, un peu << son
chenapan » de gendre, et quelques vagues
cousins de province, Elle ne parvenait pas
à vivre complètement dans notre époque.
Elle s’efforçait bien de la comprendre,
l’analysait même d’une façon aiguë, mais
en voyageur qui s’aventure presque en
payé étï\™ger : si elle n’était pas née du-
rant' rEmtgraJ4pn, ses parents s'étaient
mariés à la petite cour'de Mltj.au, où >
futur Eouis XVIII maintenait, malgré
'Ogre de Corse, f j malgré la désapproba
tion de toute r Europe moparchique, le
principe de te royauté légitime. Et o’e^t
bien dans ces choses d’antan que se eom-
! faisaient essentiellement les pensées de
a marquise. D'ailleurs, elle se jugeait el-
e-même très anachronique, en face do ses
petites-filles, extrêmement jnodornes — ot
d’Uh gendre qui, pour lés relever de leur
ruine7 estait fougueusement lancé dans
cette activité'industrielle yt financière qui,
chez les membres éclairés de I amtopra-
cL© n remplacé 1 antique et désuète beso-
gné de l’épée. « Je me fais un peu l’effet,
avouait-elle, d’un livre de Mémoires, au
milieu des publications, des pomans der-
nier cri » Et lorsque parurent les « $ou-
venirs » de la comtesse de Roigne, il lui
sembla que ce fusant des potins auxquels
elle avait presque participé la veille. Elle
se reprochait, elle-même, de ne pas avoir
su vtviv* avec son temp8-
Mais son gendre ne pouvait s en plain-
dre • car il avait bien fallu, à la marquise
dTla Mésange, toute Indulgence du
temps* jadis, pouf cju’elle lui eût presque
pardonné l’abominable chagrin qu’elle
avait eu par lui, et surtout pour qu’elle
sût le taire devant ses petites-filles — afin
qu’elles aimassent leur père sans arrière-
pensée,
Il méritait, il est vrai, cette indulgence,
par la générosité qu’il leur montrait, les
.soins dont il les entourait, dont il entou-
rait tout autant sa belle-mère, et par l'ha-
bile énergie avec laquelle il avait sur-
monté sa ruine travaillant aux affaires
comme ceux de ses aïeux que les mis ap-
pelaient dans leurs conseils : seulement,
ses aïeux se donnaient aux affaires publi-
ques ; lui, sans être un adversaire intran-
giscant du régime açtuel, ne pouvait le
servir'; il se contentait de servir le pays,
et lui-même par la même occasion.
Par ce moyen, il avait pu créer à ses
trois filles, et à la grand’mère qui les éle-
vait, une situation de grand confort, puis
de luxe, qui, à défaut des nobles demeures
du Dauphiné, vendues lors de U débâcle,
formait le somptueux ensemble d’un ap-
norterrimt de sept mille francs, de séjours
à Ôeauville, à Rrlght'on, ou en Suisse, ou
d'élégants voyages en Italie, en Allema-
gne, par lesquels se complétait l'éducation
ha ces demoiselles... deûx voitures autre-
fois... une automobile maintenant, sans
compter La limousine personnelle du mar-
quis... une demi-douzaine de serviteurs :
en résumé, un train de maison correspon-
dant à une belle fortune de millionnaire,
dont le marquis n’aVaff saris doute pas lé
premier sou du Capital, mais dont les re-
venus arrivaient avec assez de régularité
pour qu# la marqujsp crût teur ancienne
situation à peu près reconstituée. — Et il
fallait bien que cette opinion eût un cer-
tain fondement, puisque le hafqn Rossm
lano, financier des plus aviséïr, avait de-
mandé lâ main de Mlle Hélène du Cou-
drai», qu’il épousait demain matin, à la
mairie du septième arrondissement —
simple formalité, à laquelle la marquise et
ses petites-filles p’attaehaient pa? plus
d’importance que n’en mérite une inscrip-
tion sur un registre, Indispensable avant
la grande cérémonie de Sainte-Clotilde,
où ce serait, jeudi, le plus éblouissant *-
filé mondain, financier, boulevardier m
aristocratique.
Le marquis venait justement de reviser,
avec sa belle-mère ses enfants, la liste
de leurs invités dé jeudi, Et, comme cha-
que fois où il passait la soirée chez elles,
ses trois enfants le retenait longuement,
dans l'antichambre, ne pouvant ,se déci-
der à le laisser partir : car c’était un inti-
me chagrin, pour elles trois, que leur pè-
re véoftt en dehors d’elles et eût son ins-
tallation personnelle à Passy, où plies sen-
taient, confusément des influences fémi-
nines, qui leur volaient... pas moins d’un
bon tiers de leur papa ! Mais ceci avait
été imposé par leur mère même, puisque,
au lendemain do leur ïujnç, et à la suite
de scandales vraiment trop éclatants, elle
avait exigé une séparation de corps — puis
refusé toute réconciliation lorsque le mar-
quis avait commencé de réablir leurs fi-
nances.
Donc, bien avant la mort de la rparqui-
so du Coudrais, l’habitude était prise : le
marquis habitait déjà, seul, son petit hô
tel de Passy. Le marquis, du reste, verrait
dîher, chez ses filles, deux ou trots fois
par semaine : et il avait la. galanterie,
biep qu’il défrayât presque entièrement
le budget de la maison, d’affecter de s'y
trouver « chez » sa belle-mère. Il savait,
vraiment racheter ses torts envers elle et
envers ses enfants.
’ — Coricou, grand’fnère I
— Hélène !... est-ce bien toiv ma gV^de, |
1
qui. fais ainsi la folle ?... dans un. tel mo-
ment... où jo suis à la veille de te perdre !
— C’est justement pour dissiper un pou
votre mélancolie !... comme lorsque te n é-
tais qu’une toute petite fille... lorsque moi
aussi, je me mettais sur vos genoux !
En murmurant ces mots, de aa voix 'si
chaude, si tendre, la jeune filJe s’appesan-
tissait avec un long baiser sur les cheveux
blancs de sa grand mère ; puis ses mains
un peu diaphanes, cessaient d'emprison-
ner le vieux regard toujours clair, descen-
daient sur les joues que tant de douleurs
n avaient pu rider ; puis elles envelop-
paient le buste, encore presque droit, élé-
gant... ’ -
— Vous aurez donc toujours ’^ne taille
de jeune fille, grand’mère l
Puis Hélène glissait jusqu'aux pieds de
a marquise de la Mésange, s’asseyait sur
Ifnifrf,1S’ P.?sai* ,^a tête brune sur ses
genoux. Et un long, long moment, ses
grands yeux, d un vert doré, très sombre,
caressèrent la chère créature, presque sa
maman, dont il était bien vrai qu’elle al-
lait se séparer domain à jamais : car ello
connaissait trop la vie, déjà, pour ima-
glner, ainsi que tant de jeunes filles, que
1 intimité familiale pouvait continuer
comme par le passé : la femme est à
1 homme, et iJ faut qu’elle souffre, qu'elle
^_it malheureuse pour retourner à la fa-
mille. Or, a défaut d’un très crrond
hfnluq’ Couver le bonheur
KSUUM dans <*tte union, dès long-
temps et habilement préparée par son ijè-
re : et elle en avait un peu voulu à grand--
mère de manifester quelque opposition
2®S[e Co ^irc>n Possolano... si séduisant
si élégant l ’
— V'Tâs n’avez plus aucune prévention.
Contre mon fiancé, grand mère ?
. . .. . (A suivre)*
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Mardi 19 îiovemuro * cr
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DEUXIÈME ÉDITION ]
Bourse de Paris.
Cours du 18 Novembre.
FONDS D’KTAT j
11 JÏÏSLito.:.::::::::: 2.8
tSgSSSn g»
Autriche 4 % or 25
Brésil 4 % 1889 83 60
Brésil 5% 1903 •
Egypte unifiée îuu.^o
Espagne 4 % (Extérieure).... 91 60
Hongrois 4 % or 89 70
Italien 5 % 98.65
Portugais 3 % •*•••••• ,
Russe 4 % cons. lre et 2* série 92 10
Russe 5 % 1906 103.42
Russe 4 % 1909 100 60
Dette Ottemane unifiée à 4 % 84.10
Douanes Ottomanes 472 00
VALEUR DIVERSES
Actions Suez 6120
Actions Est 905
Actions Midi 1115
Actions Nord 1638
Actions Orléans 1310
Actions P. L. M U50
Actions Nerd-Espagne 457
Actions Wagens-Lits erd 440
Actions Sarag*sse 433
Actions Sesnowice 1470
Actions Rio-Tinto 1922
Banque Ottomane 634
Compagnie Transatl. 3 % act. 297
Métropolitain de Paris 645
DÉPÊCHES DE LA NUIT
““ 8 h. 50.
DANS LES BALKÀN8
Le oholéra.
CONSTANTINOPLE. — Les ambas-
sadeurs ne cessent de se préoccuper
des mesures sanitaires à prendre dans
l’intérêt de la population de Constan-
tinople. Sur leurs instances, le gou-
vernement ottoman a décidé la forma-
tion d’un camp d’isolement à San-Ste-
iano. Il envoie sur les lignes plusieurs
équipes de désinfection. M. Bompard a
dû insister pour que l'une d’elles fut
dirigé sur Derkôs, pour prévenir la
contamination des eaux d’alimentation
jde la ville.
Les troupes décimées par le fléau.
BERLIN. — Des correspondants par-
ticuliers annoncent de Constantino-
ple. que de l’avis des ôtficiers étran-
gers, qui ont visité les lignes de Tcha-
taldja ,1a situation des Turcs est dé-
sespérée par suite du choléra.
La plupart d’entre eux Bont incapa-
bles de fout effort. Dans les tranchées
veillent quelques soldats tandis que les
malades Innombrables expirent der-
rière et dans la campagne où retentis-
sent leurs gémissements.
A la gare de Hadenkeuï se tient l’état
major dans un wagon-salon sous les
h* - -
ordres de Hazim-Pacha. Dans la gare
même est le siège du commandement
du premier corps sous les ordres d’A-
liri-Pacha, lequel est atteint du cholé-
ra et condamné.
Sur le quai de la gare sont des mil-
liers de malades et des centaines de
morts. Il est impossible de lutter con-
tre le fléau. A Derkos, où prennent
les conduites qui amènent Veau à Cons-
tantinople, quinze hommes du poste
de garde sont tombés malades jeudi et
douze ont succombé.
Les officiers estiment qu’il est dé-
sormais impossible de livrer combat à
Tchataldja, et que d’ailleurs les Bulga-
res ne sauraient occuper cette posi-
tion sans exposer leur armée à être en
proie au choléra.
Manifestations serbophlles en Bosnie
et en Dalmatle.
SARAJEVO. — Des manifestations
serbopliiles ont eu lieu hier soir dans
la capitale de la Bosnie.
Une cinquantaine d’étudiants se
groupèrent vers six heures, dans la
rue principale de la ville, acclamant
le roi Pierre et chantant les hymmes
nationaux serbes et monténégrins.
Une nombreuse foule les entoura
immédiatement et fit chorus avec eux.
La police, qui était consignée, inter-
vint, gourdins levés et sabres au clair,
dispersa les manifestants et barra les
rues menant au palais du gouverne-
ment.
Le gouverneur de la Dalmatie a dis-
sous les Conseils municipaux de Spa-
lato et de Sebenico. Le motif de la dis-
solution prononcée, est que les maires
et conseillers municipaux de ces vil-
les ont pris une part directe aux mani-
festations récentes en faveur des Etats
balkaniques.
Le rôle oonoillateur de l'Italie.
ROME. — La « Tribuna » publie um
dépêche de Vienne assurant que U
?rouvernement austro-hongrois, sur lei
nstances de l’Italie, a promis non seu-
lement do laisser tomber ses ancien-
nes objections, mais aussi de favori
ser la construction du chemin de teJ
du Danube à l’Adriatique.
Un autre tait mettant en relief Tes
prit de conciliation et de modératioi
du gouvernement austro-hongrois es
que l’Autriche-Hongrie a abandonna
son projet d’union douanière avec L
Serbie et que ses demandes ayant ui
caractère commercial sont très modè
rées.
La Triple Entente prèotte la modératloi
à Belgrade.
ROME. — Une autre dépêche de Bel
grade à la « Tribuna » affirme que le
ministres de France, d’Angleterre e
de Russie ont renouvelé aujourd'hv
auprès de la Serbie leur conseil de ma
dération et de conciliation. La questio.
des Albanais n’a pas une importanc
si grande qu’on le croit, parce que le
catholiques albanais représentent seu
lement iO 0/0 de la population.
LM Pourparlers de paix.
PETERSBOURO. — La « Rossia
publie la note officieuse suivante :
> . - >•,® i
« En ce qui concerne l’attitude que I
la Russie estimera nécessaire d’assu- I
mer au sujet de la liquidation de la I
guerrne et des questiens diverses qui I
s’y rattachent, le gouvernement rus- I
8e, contrairement aux assertions de I
personnalités sans mandat, n’a aliéné
en quoi que ce soit sa liberté d’action, I
et est résolu à se laisser guider exclu-
sivement par les intérêts russes. »
PETERSBOURG. — Le « Retch «, la
« Gazette de Saint-Pétersbourg » et
d’autres journaux estiment, étant don-
née l’approche de la liquidation des
possessions européennes de la Turquie, I
qu’il faut que la Russie formule ses
prétentions. « La Gazette de Saint-Pé-
tersbourg » dit savoir que la Russie
se contenterait du désarmement du
Bosphore et des Dardanelles, et de la
concession d’une île turque pour y éta-
blir une station de charbon.
Lee ambassadeurs délibèrent sur la
situation.
CONSTANTINOPLE. — En présence
de la situation, les ambassadeurs se
sont réunis chez le doyen du corps di-
plomatique, marquis di Pallayicini,
pour délibérer sur les mesures à
prendre en vue de prévenir l’entrée
des Bulgares dans la ville. On dit que
non seulement le choléra, mais aussi
la peste sévissent dans l’armée bulga-
re, et Ton craint que l’entrée de celle-
i ci dans la ville ne constitue un danger
i pour la population.
L’ambassadeur de France secourt
les Ohrétlens de Galllpoli.
1 CONSTANTINOPLE. — L’ambassa-
deur de France a fait prier une Com-
pagnie de remorquage de mettre un
de ses bateaux à la disposition des ha-
’ bitants chrétiens de Gallipoli, qui se
montrent très émus des conséquences
possibles d’une défaite des troupes tur-
ques stationnées aans leur voisinage.
] Tout le monde à bord.
! CONSTANTINOPLE. — Les corn-
. mandants des navires de la flotte in-
* ternationale ont donné à leurs équipa-
ges Tordre de regagner leur bord cette
après-midi, à 2 heures.
y L’exode des musulmans.
I CONSTANTINOPLE. — De nombreu-
1 ses familles de paysans musulmans dei
_ villages situés entre Tchataldja e\
. Constantinople sont arrivés hier. Envi-
r ron 500 chariots, suivis d’un grant
nombre de bestiaux, ont traversé la rui
_ Chichli, près de Pera, descendant d<
n Bechikach, pour passer en Asie,
t
è Lamentables épaves.
n CONSTANTINOPLE. — Depuis um
_ semaine, on voit passer à Stamboul e
à Péra, par groupes de vingt à que
rante, des soldats malades qu’on éva
„ eue ici, et qui gagnent à pied les hôpi
taux, car les moyens de transport son
insuffisants. Ces hommes ont à peim
la force de mettre un pied l’un devan
“ l'autre. Ils passent en silence, avec um
.# lenteur incroyable, le visage terreux
,j les yeux éteints, le corps décharné pa
i_ les privations et la maladie,
n
■e Lee Bulgares attaquent sur toute la II
;s gne. — Lee marine internationaux dé
barquent.
CONSTANTINOPLE. — A Tchatald
ja, les Bulgares ont attaqué sur tout
^ la ligne à 3 heures du matin. On assur
que les troupes turques, aidées par 1
flotte, ont repoussé l'aile gauche bul-
gare.
Il a été décidé de débarquer les déta-
chements de matelots qui sont à bord
i des navires de guerre, pour protéger
les routes qui conduisent à Pera.
Le stationnaire « Lorelly » se rend
à Haïdar-Pacha pour protéger la gare
du chemin de fer d’Anatolie et la colo-
nie étrangère qui se trouve de ce côté.
La ville est absolument calme.
Lee Bulgares seraient repoussée.
CONSTANTINOPLE. — Nazim-Pa-
I cha télégraphie qu’à la suite de la mar-
I ùhe en avant de l’infanterie bulgare,
I hier matin, une bataille entre l’artille-
I rie et l’infanterie a duré hier soir, et
I n’a cessé qu’une heure après le coucher
I du soleil.
I Le feu efficace de l’artillerie turque
I a repoussé l’infanterie bulgare, qui
I tentait d’avancer entre le centre et
I l'aile droite de l'armée turque. Les
I Turcs auraient anéanti trois bataillons
I ennemis.
CONSTANTINOPLE. — On assure,
I du côté turc, que les Bulgares, qui
I s’étaient avancés pendant toute la nuit,
I auraient, dans le combat qui durait de-
I puis le matin sur la ligne Tchataldja-
I Derkos, été battus sur toute la ligne.
1 Ils se retireraient sous le feu de l’artil-
I lerie.
I Passage d'aviateurs.
S PH ILIP PO POLI. - Trois des avia-
I teurs russes au service de la Bulgarie,
I se dirigeant vers le sud, ont passé au-
I dessus de la ville.
Les alliés forment un bloc.
I BELGRADE. — Le docteur Danef,
I lors de son séjour à Budapest, où il
, I était venu en mission au nom de Tal-
, I liance balkanique, a déclaré à Tempe-
[ I reur François-Joseph, à l’archiduc hé-
I ritier, au comte Berchtold et à l’am-
I bassadeur d’Allemagne, que « tous lei
I Etats chrétiens des Balkans se tienneni
I fortement liés et qu’ils soutiendront
, I résolument les demandes de chacui
. I d’eux, de sorte qu’aucun conflit d’Etat
. I étranger avec un quelconque des alliéi
, I ne peut être traité à part. Ces déclara-
| tions de l’homme d’Etat bulgare furent
I faites sans réserve aucune.
I Lee 8yriene craignent une ocoupatlon
• I anglaise.
II
I BEYROUTH. - La population de Sy-
-1 rie est unanime à espérer sa séparattoi
II de la Turquie. Tous les catholiques e
? J la grande majorité des musulmans ex-
î | priment certaine inquiétude résultan 1
I du fait qu'un appel a été adressé direc
I terne nt à l’Angleterre par un g r ou pi
I de musulmans.
Le même état d’inquiétude existe ei
? I Egypte. Certains journaux disent ou
11 vertement que l'Angleterre songerait <
-1 occuper bientôt la Syrie,
-1 On annonce un prochain voyage dan
- I cette région d’un représentant de l’An
11 gleterre en Egypte. La presse et de
01 informations particulières contirmen
11 cette dernière nouvelle. Ce représen
e | tant parcourrait, dit-on, la Syrie, re
’, I cevrait des délégations et serait mêm*
r i en mesure de parler de la possibilité
I d’une intervention de la Grande-Breta
gne.
1.1 Un grand malaise résulte de cett
I agitation,
Manifestation hostile à la Russie.
-I CYERNOWITZ. - Environ trent
e I étudiants de l’Ukraine ont brisé hie
e I soir, à coups de pierres, les fenêtre
a du consulat de Russie. L’écusson d
consulat est resté intact. La police, in-
tervenue aussitôt, n’a pas pu empêcher
l’incident. Les mesures les plus rigou-
reuses ont été prises. La plus grande
partie des coupables ont déjà été arrê-
tés.
Le comte Meran. président du pays,
s’est rendu immédiatement chez le
consul de Russie pour lui exprimer
les regrets du gouvernement provin-
cial au sujet de l’incident.
DÉPÊCHES DU MATIN
11 h. 50.
CHEZ LES INSTITUTEURS
LE HAVRE. — Au cours d’une réu-
nion, le groupe havrais de l'Amicale
laïque des instituteurs et institutrices
a voté Tordre du jour suivant :
« Le Groupe havrais repousse le pro-
jet Guist’hau, relativement aux traite-
ments : 1. parce qu’il ne réalise pas
l’égalité des traitements envers les ins-
titutrices et les instituteurs ; 2. parce
qu’il ne prévoit pas le reclassement du
personnel en tenant compte des années
de service et des situations acquises ;
3. parce qu’il ne supprime pas le choix.
Le Groupe demande le vote intégral
du projet des Amicales.
MEETING8 CONTRE LA QUERRE
Dans Iss départements.
LYON. — Hier après-midi, un cor-
tège organisé par les groupements so-
cialistes de Lyon, pour protester con-
tre la guerre, a parcouru les princi-
pales rues de la ville en chantant T« In-
I ternationale ». Place de la République,
' un groupe d’étudiants ayant crié : Vive
l’armée, une légère bagarre s’est pro-
duite, mais a été rapidement disper-
sée par la police. A l’issue de la mani-
■ festation, un meeting en plein air a été
f tenu.
!
5 T ROY ES. — L’Union des Syndicats
■ et des sections du parti socialiste ont
' donné cette après-midi un meeting con-
f tre la guerre, à la Bourse du travail.
■ 2.000 manifestants ont ensuite par-
‘ couru les rues en chantant T « Inter-
nationale ».
ROCHEFORT. — Hier a eu lieu, à la
Bourse du commerce, un grand mee-
ting organisé par l’Internationale ou-
. rrière. Plusieurs discours ont été pro-
i noncés. Quelques groupes de manifes-
t ] tants ont parcouru la ville en cons-
. : puant la guerre et en chantant T « In-
II ternationale ».
9 BOURGES. — Hier a été tenu le mee-
tin organisé par la Fédération socia-
i liste du Cher.
Un arrêté municipal a interdit Ûi dé-
fi filé que les manifestants devaient ef-
fectuer pour se rendre au champ de
S foire. Plusieurs milliers de personnes
- s’y sont rendues individuellement et
s ont entendu divers discours. A l’issue
t du meeting, un ordre du jour contre
- la guerre a été voté sans incident.
B A l’étranger.
è
WILAN, — Une importante manifes-
tation contre la guerre a eu lieu à Mi-
B lan. Plusieurs milliers d’auditeurs ont
açclamé les orateurs italiens, allemand,
français et autrichien.
LONDRES, r- Un grand meeting or-
e ganisé par la section anglaise du Bu-
r reau international socialiste travail-
s liste a eu lieu ce soit, pour protester
u contre l’intervention éventuelle des
jraiïdes puissances dans les affaires
1balkaniques.
M. Hervé reconduit à la frontière
italienne.
ROME. — M. Gustave Hervé est pai ti
hier après-midi pour la France, accom-
pagné )usqu’à Modane par un fonction-
naire de la police.
MORT D’UN GENERAL
BOURGES. — Une nouvelle mort
vient de jeter le deuil dans l’armée
française.
Le général Tournié est décédé subi-
tement hier à Bourges.
Ce décès a produit en ville une dou-
loureuse et très pénible impression.
y
DEPECHES DU SOIS
S fi. 15.
CHAMBRE DES DEPUTES
Présidence de K. DESCHANEL.
La séance est ouverte à 2 h. 15.
On adopte le projet modifiant l’arti-
cle 10 du traité d(extradition franco-
belge du 15 août 1874.
L’ordre du jour appelle la suite de
la discussion du budget de l’agricul-
ture.
M. MISTRAL appuie les projets de
résolution présentés par M. Mètin, l’un
relatif au contrôle de l’Etat et à sa part
de contribution dans les prises d'eau
industrielles, l’autre concernant la pro-
tection des sites.
La séance continue.
LA GUERRE DANS LE8 BALKANS
Autour d’Andrlnople.
SOFIA. — La garnison d’Andrhiople
a tenté plusieurs nouvelles sorties.
Au cours de la première, les Turcs
ont eu 270 tués et blessés. Dans la se-
conde, ils ont eu 230 morts et bles-
sés.
Dans la seconde, ils ont eu 230 morts
et blessés.
De leur côté, les Serbes ont eu dans
la première affaire 2 morts et 22 bles-
sés et dans la deuxième 1 mort et 11
blessés.
Débarquement dee troupes Internationales
à Constantinople.
CONSTANTINOPLE. — Conformé-
ment à une décision prise par les com-
mandants des navires étrangers, dns
détachements ont été débarqués et ont
pris des postes à proximité des ambas-
sades.
Grecs et Bulgares.
I et ATHENES. — Des informations de
| Salonique annoncent que le drapeau
grec a été hissé sur les bateaux récem-
ment pris aux Turcs.
On apprend d’autre part qu’un corps
de volontaires bulgares a occupé com-
me mandataire des pays alliés le port
de Ravala.
L ASANTE D’EMMA CALVE
LONDRES. — Une agence annonce
que la grande cantatrice Emma Calvé
est actuellement atteinte d’une affec-
tion de gorge qui cause à ses amis de
grandes inquiétudes.
(Voir Dei-nière Heure 3e Page.)"
N» i. Feuilleton de 1TNDEPENDA.NT.
Les"trois Petites-Fûtes
DE LA MARQUISE
Pierre SALES
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I
Us Trois Petites-Fllïes de la Marquise
de la Mésange.
Vraiment, à voir la marquise de la Mé-
sange, soit dans ses grands salons d’appa-
rat de la rue de Babylone, sous les beaux
portraits historiques rapportés du Dau-
phiné, soit dans le boudoir et le petit sa- \
}on _ si délicieusement ornés de peintu- ;
rcs de miniatures — qui étaient lapana-
120 plus particulier de ses trois bijoux de
petites-fUles, personne n’aurait voulu
croire que, sous oe lourd bandeau de che-
veux blancs, derrière ce grand front ivoi-
rin, que les ans n’avaient pu rider, bien
«des pensées cruelles s’agiuiient et que,
sur ces épaules, à peine voûtéee, les p us
cruelles désillusions, le chagrin le plus
•douloureux, pesaient depuis bien des an-
nées déjà : car il y avait dix ans, mainte-
nant, que son unique fille était morte, et
jto» quatre ou cinq années qui avaient pré-
dWM cette p^rt© irrépanabte . avaieru ^té
cela s’était compliqué d’une ruine à peu
près complète, avec la ruine même de la-
mour de sa fille, qui, n’ayant pu suppor-
ter les trop innombrables caprices du
marquis de Coudrais, son époux, s était
^parée de lui, pour vivre avec sa mère
"fVu ‘-ois fille» — vivre des très maigres
rentes viagère de la marquise de Mésan-
ge, demeurées alors î.?ur unique ressour-
Et pourtant, il était là, tout à 1 heure,
ce marquis du Coudrais, adulé, Pr^du
autant par la marquise que par
petit es-i 11 les : car il était extrêmement
brillant, séduisant ; et jamais, même lors-
qu’elle avait tant de reproches a adresse!
à son gendre, la marquise de la Mésange
n’avait pu s'empêcher de l’accueillir oar
un de ces sourires, un peu douloureux,
mais si exquis J qui, semblaient en faire
un être à part du monde actuel.
Orana mère, lui disaient trois-pe-
tites-filles, depuis qu’elles «valent p^ié-
tré un peu sa mentalité.» granu me re,
voua ne vivez pas absolument au milieu
Voyez-vous, le» ingrates *•.. sécrtâH
la marquise, en les dévif-àgoant à travers
son face-à-main ; je ne les aime donc pas
assez, ces trois petites, qui ont été toute
.— Oh ! si, grand'mèrc lf répondaient-el-
les le plus tendrement du ipondp, en ve-
nant la cqjoler — c’est-à-dire que 1 aînée,
Hélène, se plaçait derrière son épaule et
mettait sa tête le long du vieux visage en
l’embrassant, cependant que, des deux ca-
dettes, Mathilde, qui avait dix-huit, se pe-
lotonnait sur un tabouret à ses pieds, et
que la dernière, Antoinette, quoique déjà
grande fille, s’installait sur les genoux de
I Kbelles pouvaient bien lui dire, quoique
respectueusement, que c’était elle, 1 ingra-
te, de douter de l’amour de ses trois-peti-
tes-fiilles, qui savaient bien à quel point
elje leur avait servi et de maman et de
papa | Mais leur remarque était juste,
aussi : car la marquise do la Mésange
n’aimait qu’elles au monde, un peu << son
chenapan » de gendre, et quelques vagues
cousins de province, Elle ne parvenait pas
à vivre complètement dans notre époque.
Elle s’efforçait bien de la comprendre,
l’analysait même d’une façon aiguë, mais
en voyageur qui s’aventure presque en
payé étï\™ger : si elle n’était pas née du-
rant' rEmtgraJ4pn, ses parents s'étaient
mariés à la petite cour'de Mltj.au, où >
futur Eouis XVIII maintenait, malgré
'Ogre de Corse, f j malgré la désapproba
tion de toute r Europe moparchique, le
principe de te royauté légitime. Et o’e^t
bien dans ces choses d’antan que se eom-
! faisaient essentiellement les pensées de
a marquise. D'ailleurs, elle se jugeait el-
e-même très anachronique, en face do ses
petites-filles, extrêmement jnodornes — ot
d’Uh gendre qui, pour lés relever de leur
ruine7 estait fougueusement lancé dans
cette activité'industrielle yt financière qui,
chez les membres éclairés de I amtopra-
cL© n remplacé 1 antique et désuète beso-
gné de l’épée. « Je me fais un peu l’effet,
avouait-elle, d’un livre de Mémoires, au
milieu des publications, des pomans der-
nier cri » Et lorsque parurent les « $ou-
venirs » de la comtesse de Roigne, il lui
sembla que ce fusant des potins auxquels
elle avait presque participé la veille. Elle
se reprochait, elle-même, de ne pas avoir
su vtviv* avec son temp8-
Mais son gendre ne pouvait s en plain-
dre • car il avait bien fallu, à la marquise
dTla Mésange, toute Indulgence du
temps* jadis, pouf cju’elle lui eût presque
pardonné l’abominable chagrin qu’elle
avait eu par lui, et surtout pour qu’elle
sût le taire devant ses petites-filles — afin
qu’elles aimassent leur père sans arrière-
pensée,
Il méritait, il est vrai, cette indulgence,
par la générosité qu’il leur montrait, les
.soins dont il les entourait, dont il entou-
rait tout autant sa belle-mère, et par l'ha-
bile énergie avec laquelle il avait sur-
monté sa ruine travaillant aux affaires
comme ceux de ses aïeux que les mis ap-
pelaient dans leurs conseils : seulement,
ses aïeux se donnaient aux affaires publi-
ques ; lui, sans être un adversaire intran-
giscant du régime açtuel, ne pouvait le
servir'; il se contentait de servir le pays,
et lui-même par la même occasion.
Par ce moyen, il avait pu créer à ses
trois filles, et à la grand’mère qui les éle-
vait, une situation de grand confort, puis
de luxe, qui, à défaut des nobles demeures
du Dauphiné, vendues lors de U débâcle,
formait le somptueux ensemble d’un ap-
norterrimt de sept mille francs, de séjours
à Ôeauville, à Rrlght'on, ou en Suisse, ou
d'élégants voyages en Italie, en Allema-
gne, par lesquels se complétait l'éducation
ha ces demoiselles... deûx voitures autre-
fois... une automobile maintenant, sans
compter La limousine personnelle du mar-
quis... une demi-douzaine de serviteurs :
en résumé, un train de maison correspon-
dant à une belle fortune de millionnaire,
dont le marquis n’aVaff saris doute pas lé
premier sou du Capital, mais dont les re-
venus arrivaient avec assez de régularité
pour qu# la marqujsp crût teur ancienne
situation à peu près reconstituée. — Et il
fallait bien que cette opinion eût un cer-
tain fondement, puisque le hafqn Rossm
lano, financier des plus aviséïr, avait de-
mandé lâ main de Mlle Hélène du Cou-
drai», qu’il épousait demain matin, à la
mairie du septième arrondissement —
simple formalité, à laquelle la marquise et
ses petites-filles p’attaehaient pa? plus
d’importance que n’en mérite une inscrip-
tion sur un registre, Indispensable avant
la grande cérémonie de Sainte-Clotilde,
où ce serait, jeudi, le plus éblouissant *-
filé mondain, financier, boulevardier m
aristocratique.
Le marquis venait justement de reviser,
avec sa belle-mère ses enfants, la liste
de leurs invités dé jeudi, Et, comme cha-
que fois où il passait la soirée chez elles,
ses trois enfants le retenait longuement,
dans l'antichambre, ne pouvant ,se déci-
der à le laisser partir : car c’était un inti-
me chagrin, pour elles trois, que leur pè-
re véoftt en dehors d’elles et eût son ins-
tallation personnelle à Passy, où plies sen-
taient, confusément des influences fémi-
nines, qui leur volaient... pas moins d’un
bon tiers de leur papa ! Mais ceci avait
été imposé par leur mère même, puisque,
au lendemain do leur ïujnç, et à la suite
de scandales vraiment trop éclatants, elle
avait exigé une séparation de corps — puis
refusé toute réconciliation lorsque le mar-
quis avait commencé de réablir leurs fi-
nances.
Donc, bien avant la mort de la rparqui-
so du Coudrais, l’habitude était prise : le
marquis habitait déjà, seul, son petit hô
tel de Passy. Le marquis, du reste, verrait
dîher, chez ses filles, deux ou trots fois
par semaine : et il avait la. galanterie,
biep qu’il défrayât presque entièrement
le budget de la maison, d’affecter de s'y
trouver « chez » sa belle-mère. Il savait,
vraiment racheter ses torts envers elle et
envers ses enfants.
’ — Coricou, grand’fnère I
— Hélène !... est-ce bien toiv ma gV^de, |
1
qui. fais ainsi la folle ?... dans un. tel mo-
ment... où jo suis à la veille de te perdre !
— C’est justement pour dissiper un pou
votre mélancolie !... comme lorsque te n é-
tais qu’une toute petite fille... lorsque moi
aussi, je me mettais sur vos genoux !
En murmurant ces mots, de aa voix 'si
chaude, si tendre, la jeune filJe s’appesan-
tissait avec un long baiser sur les cheveux
blancs de sa grand mère ; puis ses mains
un peu diaphanes, cessaient d'emprison-
ner le vieux regard toujours clair, descen-
daient sur les joues que tant de douleurs
n avaient pu rider ; puis elles envelop-
paient le buste, encore presque droit, élé-
gant... ’ -
— Vous aurez donc toujours ’^ne taille
de jeune fille, grand’mère l
Puis Hélène glissait jusqu'aux pieds de
a marquise de la Mésange, s’asseyait sur
Ifnifrf,1S’ P.?sai* ,^a tête brune sur ses
genoux. Et un long, long moment, ses
grands yeux, d un vert doré, très sombre,
caressèrent la chère créature, presque sa
maman, dont il était bien vrai qu’elle al-
lait se séparer domain à jamais : car ello
connaissait trop la vie, déjà, pour ima-
glner, ainsi que tant de jeunes filles, que
1 intimité familiale pouvait continuer
comme par le passé : la femme est à
1 homme, et iJ faut qu’elle souffre, qu'elle
^_it malheureuse pour retourner à la fa-
mille. Or, a défaut d’un très crrond
hfnluq’ Couver le bonheur
KSUUM dans <*tte union, dès long-
temps et habilement préparée par son ijè-
re : et elle en avait un peu voulu à grand--
mère de manifester quelque opposition
2®S[e Co ^irc>n Possolano... si séduisant
si élégant l ’
— V'Tâs n’avez plus aucune prévention.
Contre mon fiancé, grand mère ?
. . .. . (A suivre)*
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