Presse et revues
4 pages
Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-02-28
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 94503 Nombre total de vues : 94503
Description : 28 février 1891 28 février 1891
Description : 1891/02/28 (Numéro 3105). 1891/02/28 (Numéro 3105).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k527537n
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2008
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Samedi 28 Février ~89î #1
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~9~S~ttCE DB LA BOUBSE. 6
ARTHUR MEYER
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S,rceDromot 11
ABONNEMENTS
PMi< MpartemenM `
Cnmois. 6Cr. Unmoîs. 6&~
Trois mots. i8 60 Trois moia. 16 &
Sixmois. ZTff. SixmQia. 3Zû'.
Un M. S4tr. Un M. 646-.
Etranger
Troia mois (Union postai. ~T. 18 &.
SOMMAIRE
t
Bloc-Notes
Duel de maîtres d'armes.
~Nouvelles du Chili.
~foamaux do ce matin: L'opinion & l'é-
tranger.
]Le6 Mémoires de Talleyrand.
jt~
CHRONIQUES
y D'AUJOURD'HUI
.Le bruit court que Déroulède, qui est
~dejà poète, auteur dramatique, soldat,
.homme politique, orateur et chet de parti,
va se mettre à étudier la peinture, afin
~que rien de ce qui touche le patriotisme
tme lui reste dorénavant étranger. On ne
'songe pas sans épouvante à ce qui se se-
,rait passé cette semaine, si la Nature, par
}nn de ces jeux cruels où elle se complaît,
gavait tait de Déroulède un peintre mili-
taire. C'est évidemment un grand hasard
que cela ne soit pas arrivé, et dont il faut
~nous féliciter pendant qu'il en est temps
encore car, à voir ce que fait cet homme,
-qui ne dispose que de la plume et de la
parole, vous jugez de ce qui nous attend
~lorsqu'il y aura ajouté le pinceau, ce qui
ne saurait tarder.
Il est impossible d'avoir de meilleures
'intentions que M. Déroulede, plus de iou-
gue, de sincérité et d'abnégation. Seule-
ment, il e&t parmi nous comme Gulliver
chez les Lilliputiens il a de trop longs
bras et de trop longues jambes, et il ne
.peut pas faire un geste sans renverser
quelque chose. Certes, Gulliver était bien
gentil et il ne voulait aucun mal à ses hô-
tes mais les Lilliputiens étaient des gens
raisonnables et prudents, et, à tout hasard,
~ils le ficelèrent. Ils le ficelèrent avec pré-
.caùtion, de manière à né pas trop le bles-
~ser; mais enfin Gulliver, en se reveillant,
n'avait plus l'usage de.ses membres. C'est
~danscetteposture qu'il attendit les événe- `
ments.
On sera obligé, un jour ou l'autre, d'en
~agir ainsi avec Déroulede. Une nuit qu'il
dormira si toutefois Déroulede dort
.on lui attachera une corde au pied qui
l'empêchera d'aller manifester à l'impro-
viste.
Ilyauraît encore la ressource de le
iorcer à porter, pendue au cou, une son-
nette de forte taille, qui avertirait de sa
présence et permettrait aux passants inof-
tensifs de se garer.
Le conûit qui vient de mettre en pré-
tence Déroulède et la peinture française
montré nos artistes sous un aspect tout
à tait nouveau. Ce n'était déjà plus un se-
cret pour personne que les peintres ont
renoncé à cette tenue débraillée qui leur
faisait, jadis, tant de tort dans les famil-
les on n'ignore pas non plus que ce sont
des clubmen accomplis, que plusieurs font
courir et excellent à tous les sports élé-
'gants.Dans les salons, ils sont recherchés
pour leur correction et la coupe impec-
cable de leurs habits; et si l'on entend
quelque plaisanterie un peu risquée, on
peut être sûr qu'elle émane d'un homme
du monde, jamais d'un artiste. Les pein-
tres militaires, principalement, sont re-
'marquablesparla sévérité de leur atti-
tude, et dans les ateliers militaires, les
charges de Reichsofen et de Sedan sont
les seules tolérées. Il est vrai que de
celles-là on ne se prive guère et qu'elles
sont autrement lucratives.
Mais ce qu'on ne soupçonnait pas, ce
sont les merveilleuses qualités de diplo-
'mate que renferme l'âme des peintres mo-
'dernes. Certaines récentes conversations,
certaines déclarations écrites, figure-
ront parmi les modèles les plus parfaits
de la littérature diplomatique, et on n'en
.trouve pas de pareilles dans les Mémoires
de Talleyrand. Aussi, avec le coup d'oeil
qui le caractérise, l'empereur Guillaume
a. compris que les ambassadeurs de pro-
Tfe&sion n'étaient plus à la hauteur des
'circonstances, et il a eu l'idée ingénieuse
d'utiliser les peintres pour adoucir les
rapports entre la France et l'Allemagne,
qui sont empreints d'un peu de froi-
deut.
Comme, depuis Rubens, aucun artiste
.n'avait été ambassadeur, ces messieurs
ont voulu prouver qu'ils n'étaient pas in-
dignes de leur illustre confrère, et que la
race n'avait pas dégénéré. Ils ont organisé
d'imposantes réunions, dans le but d'étu-
dier les questions suivantes:
a Quelle est la superficie de toiles pein-
tes qu'il convient d'envoyer à Berlin pour
y effacer jusqu'au souvenir des dissen-
timents qui existent entre les deux pays?
N Quels sujets devront représenter ces
toiles? Seront-ce des sujets pacifiques ou
~des sujets belliqueux?
w Si ce sont des sujets belliqueux, quel
est le nombre, des soldats peints, capable
de bien indiquer aux Allemands que nous
sommes une nation puissamment ar-
mée? R
), a Les peintres doivent-ils se contenter
d'envoyer leur peinture & Berlin, ou doi-
vent-ils, au contraire, l'y accompagner,
pour en augmenter l'effet ? »
1, Tels sont les points essentiels sur les-
quels d'intéressantes discussions se. sont
engagées. Et c'est au moment où la vail-
lante cohorte de nos artistes allait passer
ia frontière que Déroulede, devinant dans
cette L~Me dey .P~t~W~es une concur-
rence redoutable à la sienne, a bondi, le
sourcil fronce Toute résistance était inu-
tile. Les peintrés n'ont pas encore :l'babi-
tude et ne sont pas de force avec Dêrou-
!ède. Màislorsque cëlui-'ci voudra se payer
nne petite toile de viagt-cinq centimètres
carrés, il'verra ce que §a lui mutera.
H estun~personnage, pourvut, dont on
ne peut s'empêcher d'admirer la réserve
dans toute cette déiicate anaire. Pendant
que chacun, se préoccupait du voy!tge de
rimperatnce,de s& visite aux ateliers,
de§ ~qnseg.Kenoes plus ou moins graves
qui en résumeraient, un seai h&mme se
desintéressait absolument de t& qoeation.
Ce philosophe ne s&vâit même pM que
t'impefatrice Ffédéric dût Mrs un voyage
à Paris, qu'H aUxit y avoir une Exposi-
tion à Bertm, que les peintres fr&nçsHs y
seraien.t ofË~sH~mea.HnviMs~ qu~ DM'on-
lède veillait! Heureux détachement des
choses de ce monde t
Le nom de ce sage est peu connu des Pa-
risiens. Il s'appelle Herbette et son prénom
est Jules, dit-on. Il a de cinquante-cinq à
soixante ans, jouit d'un caractère calme
garde pas. Autreiois, dans sa jeunesse, il
a été tenté par la politique. Mais il y a
vite renonce. Ses goûts sont simples.
Grâce à des relations, à son esprit ai-
mable et cultivé, il a nui par obtenir une
petite place d'ambassadeur qui le met à
l'abri du besoin. Il ne demande qu'à la
conserver sans trop se faire de bile, en
contemplant autour de lui les événements
d'un œu indifférent et philosophique.
Hélas il n'est pas de place, si modeste
qu'elle soit, qui ne vous attire des en-
vieux et qui ne soit guettée par quel-
qu'un. Aujourd'hui, toutes les carrières
sont encombrées, et voilà que de nom-
breux concurrents sont à Fanût du poste
de M. Herbette. Ilparaîtrait que M. Bon-
nat, de l'Institut M. de Vuillefoy, M.
Dubufe fils, font d'activés démarches
pour succéder au malheureux ambassa-
deur, qui n'a décidément pas de veine.
Si ce malheur arrivait, il est probable
que M. Herbette, pris d'un violent dé-
goût, renoncerait tout à fait aux ionctions
publiques et se retirerait dans le sein
d'un ministère en qualité de sous-cheî de
bureau, position qu'il a déjà brillamment
occupée et que sûrement il regrette, pour
le calme qu'elle donne à l'esprit et au
corps.
ALFREO CAPU9
Ce qui se passe
ECHOS POLITIQUES
II est certain que, quel que soit le vote
du Sénat, M. Tirman ne retournera pas
en Algérie.
Parmi tous ses successeurs présumés,
celui qui tient la corde est M. Poubelle,
notre préfet de la Seine, dont l'état de
santé demanderait un poste moins iati-
gant que celui qu'il occupe.
ËCHOS DE PARIS
L'impératrice Frédéric et sa fille la
princesse Marguerite de Prusse ont
quitté Paris, hier, à dix heures dix, par
le train de Boulogne, et non par celui de
onze heures trente pour Calais, comme
l'avait annoncé l'ambassade d'Allemagne.
Ce changement a été décidé par l'Impé-
ratrice elle-même, avant-hier soir, et com-
muniqué au mmistre.de l'intérieur à dix
heures.
M. Constans a donné immédiatement
des ordres en vue de ce départ.
Aussi hier, dès huit heures du matin,
de nombreux agents de police se trou-
vaient échelonnés dans les rues que de-
vait parcourir l'Impératrice, en se ren-
dant à la gare du Nord. En échange, peu
de curieux.
A neuf heures et demie, l'Impératrice
est montée dans un landau .terme, avec sa
ôlle, le comte dé Münster et la comtesse
de Munster.
Le cocher et le valet de pied ne por-
taient aucune livrée, le chapeau était orné
de la cocarde allemande.
Le landau, en quittant l'hôtel de l'am-
bassade, a rejoint la voiture où avaient
pris place la comtesse Perponcher, le gé-
néral du Plat, aide de camp du prince de
Galles, qui accompagne l'Impératrice jus-
qu'à Londres le comte de Seekendorif et
le comte d'Arco-VaMey.
Les voitures ont parcouru la rue de
Solferino, le quai des Tuileries et les rués
des Pyramides, de Choiseul, le boulevard
des Italiens, les rues Drouot, Lafayette
etMaubeuge, et sont arrivées à la gare
du Nord à dix heures moins cinq.
Les chevaux, menés d'un train ra-
pide, étaient écumants.
L'Impératrice, en entrant dans la gare,
a trouvé à sa rencontre le baron de
Rothschild, président du conseil d'admi-
nistration de la Compagnie des chemins
de 1er du Nord; M. Thouin, ingénieur en
chet M. Bouverat, chef du mouvement, et
M. Zimmermann, inspecteur chet des ser-
vices do la gare.
Etaient aussi venus à la rencontre de Sa
Majesté lord Lytton, le ministre des Pays-
Bas, et M. de Schoen, conseiller à l'ambas-
sade d'Allemagne à Paris; le colonel Tal-
bot et Mme Talbot, et une centaine de cu-
rieux, parmi lesquels quelques reporters,
qui tous se sont découverts à l'entrée de
l'Impératrice.
Sa Majesté, au bras du comte de Muns-
ter, et la princesse Marguerite, au bras de
lord Lytton, se sont rendues surle quai de
départ et ont fait cercle pendant cinq mi-
nutes.
A un moment, elle a dit a haute voix
cLs !'eKe ~OM?'Meg/ Espérons que le
temps restera au beau aussi bien chez
nousque~chezvous.M »
A dix heures sept minutes, âpres avoir
embrassé la comtesse Marie de Munster et
Mme Talbot, l'Impératrice et la princesse
sont montées dans le double coupé-lit-toi-
lette qu'on avait retenu la veille, et où ont
pris place également le comte de Munster,
le général du Plat. Le comte de Secken-
dorS et la comtesse Perponchersont mon-
tés dans le coupé attenant au wagon de
l'Impératrice.
A dix heures dix, le train s'est mis en
marche.
Toutes les personnes présentes ont salué
respectueusement l'Impératrice, qui est
restée longtemps à la portière.
Détail curieux l'Impératrice et sa. 611e
portaient les mêmes toilettes qu'à leur
arrivée à Paris.
L'Impératrice devant s'embarquer à
G&lais, la tcte du train de Boulogne,
composé du wagon de l'Impératrice et
de deux iourgons, a. été détachée à la bi-
iurcation d'Outrea.a, pour être rattachée
Quatrain spéci&l, organisé par M. Là-
garde, inspecteur de l'exploitation, parti,
lui-même, hier matin, à huit heures
trente.
Aucun inspecteur de police n'est parti
dans le train de l'Impératrice, qui est ar-
rivée à Calais à deux heures'trois quarts.
L'Impératrice et la princesse Margue-
rite, en descendant du wagon, ont été re-
çues par les consuls d'Allemagne et d'An-
gleterre, qui les ont conduites A bord du
paquebot C'a~DoMM*es.
Aucun moi dent ne s'est produit.
Le comte de Munster a repris, à Calais,
te
L'impératrice Frédéric et la princesse
Marguerite de Prusse sont arrivées à huit
heures du soir à Londres.
Une garde d'honneur du 2e bataillon des
gardes écossaises, drapeau et musique en
tête, leur ont rendu les honneurs, et les
membres de la Cour royale se trouvaient
réunis à la gare pour souhaiter la bienve-
nue aux augustes voyageuses.
Hier soir, par l'Orient-Express de six
heures vingt-emq, la reine Isabelle It
d'Espagne est partie pour Munich, accom-
pagnée du marquis deVillasegura et de
la duchesse de BHjar,
Le duc et là duchesse de Mandas, tous
les membres do l'ambassade espagnole et
un petit nombre de personnes que la
Reine honore de son amitié, étaient ve-
nus à la gare de l'Est pour la saluer à son
départ.
Sa Majesté, comme nous l'avons an-
noncé, restera un mois à Munich, où Elle
va assister à la délivrance de sa nlle,
l'infante Dona Maria de la Paz, iemme du
prince Louis-Ferdinand de Bavière.
Sa Majesté ne quittera Munich qu'après
la célébration du mariage du prince Al-
phonse de Bavière avec la princesse Mar-
guerite, fille du duc d'Alençon, qui aura
lieu après Pâques.
Dîner artistique, hier, dans une très ar-
tistique maison, chez Mme Hochon.
Convives: Mme Madeleine Lemaire,
MM. Bonnat, Jules Letebvre, Clairin, M.
et Mme Robert de Bonnières, Guy de
Maupassant.
En tête du .BM~e~ o/~C!~ du Conseil
municipal, nous lisona~n décret approu-
vant, sur la proposition du ministre de
l'intérieur, un arrêté de la commune de
Colombes (Seine), qui donne à une de ses
voies le nom de rue Philippe-de-Metz. Cet
hommage est rendu à la mémoire d'un
philanthrope décédé à Bois-de-Colombes, il
y~adix ans, après avoir comblé de ses bien-
faits la commune qu'il habitait.
Les fils de M. Philippe sont bien con-
nus à Paris l'aine est M. Léon Philippe,
ingénieur des ponts et chaussées (promo-
tion Carnot), qui occupe depuis longtemps
la haute fonction de directeur au minis-
tère de l'agriculture. Le second est notre
ami Edouard Philippe, un de nos plus ai-
mables confrères, auteur dramatique à ses
.moments perdus.
Carnet de deuil
Nous apprenons la mort de M. Reiset,
ancien directeur des musées nationaux,
qui s'est éteint hier matin.
Les longs services de M. Reiset, suc-
cessivement conservateur des dessins et
des peintures, puis directeur des musées,
sa compétence exceptionnelle comme con-
naisseur, avaient fait de lui une autorité
artistique européenne.
Il était le père de la comtesse de Ségur-
Lamoignon. 0
Ses obsèques seront célébrées a Saint-
Philippe du Roule, lundi prochain.
Notre distingué confrère M. Henri de
Bornier vient d'être cruellement frappé.
Son gendre, M. le capitaine d'artillerie
Fernand Magnan de Bornier, a pris
la fièvre scarlatine, ainsi que ses deux
petites Elles. L'aînée vient de mourir des
suites de cette maladie, compliquée d'an-
gine couenneuse et de croup.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui, à
quatre heures et demie, en l'église de Vin-
cennes (rue du Midi).
Les personnes qui n'auront pas reçu de
lettre de faire-part sont priées de consi-
dérer ce présent avis comme en tenant
lieu.
Les obsèques de M. de Thevenard, pré-
sident à la cour d'appel, dont nous avons
annoncé la mort subite, ont été célébrées
hier, à midi,à la Trinité, au milieu d'une
nombreuse assistance.
Le deuil était conduit par M. du Bodan,
son cousin, député.
A l'issue de la cérémonie funèbre le
corps a été déposé dans les caveaux de
l'église pour être transporté à Brive (Cor-
rèze), où aura lieu l'inhumation, dans un
caveau de tamille.
Nous ne résistons pas au plaisir de pu-
blier les jolis vers que voici et qui tente-
ront sans doute un musicien
LE PRINTEMPS SANS ROSES
L'hiver a trop pesé sur la terre et j'entends
Se lamenter bien haut les jardiniers moroses.
Ah décembre et janvier ont blesse le printemps t
Los rosiers n'auront pas de rosos t
Les rosiers n'auront pas de rosés Quelques jours
Ont mis en deuil les mois les plus beaux do l'année;
La terre jeune et blonde a perdu ses atours,
Et toute fête est condamnée.
La terre doit au ciel de mai, pour qu'il soit Mea,
Des soufSes embaumés et des sourires rosés
Peut-être, en mai, les cieux s'assombriront un peu,
Si les rosiers n'ont pas de rosés.
La terre doit encore des rosés aux amants.
Puisque nulle autre fleur n'est aussi parfumée,
Et qu'elle seule est digne, à l'heure des serments,
D'être oû'erto la Men-aimoe.
Et j'ai peur, car je sens qu'un invisible &1
Rassemble et lie entre eux les présages moroses.
Dïtns les coeurs, au printemps, l'amour Heurira-t-it
Si les rosiers n'ont pas de rosoa ?
J. GBMMiN-LMOUK.
FÈvrIer 1891.
Un simple petit souvenir à propos de
ce cliché & L'art n'a pas de patrie. que
les Allemands cornent aux oreiHes des ar-
tistes français, coupables de s'avoir pas
exposé à Berlin.
H y a quelques amiëes, une- cantatrice
aUemande~Mlle Lesinger, n'ayant pas eu
de succès à l'Qpëi'a, la Ca~e~ ~He-
?Ma:~Me ~M 2Vo~ écrivait textaeUement
ceci
(c Mlle Lesiager n'a que ce qu'elle mé-
rite. Une vraie Allemande ne doit pas
charmer les oreilles françaises. »
Alors, pourquoi nos artistes charme-
raient-ils, avec leurs ouvres, des yeux
d'AHemands? 1
~CKOSDE~07MSE
DeCMn: y
Une rënnion conservatrice tMue sousia.
présidence de M. le aurqais deCaraK-
lier, députa assisté de ses deo.xcoHegties
MM. Paulmier et Cotirad de Witt, &
adopté la cMdid&tnre de M. ThomiKS-
Desmasurés~ma.tre de Mouen, secreta.îre
du syndicat agricole dti département,
pour l'élection se&a.tori&le qui doit aTOir
Heu da.ns le Calvados le 15 mMs~
M. OlUvier, përe de l'éloqae~t Bcmiai-
csna. Yi9Rt de moarir & t'asiie d~ Ch§a~
deParamé, ou ils'était retiré depuis qua-
treannées.
H était âgé de quatre-vingt-sept ans.
La cérémonie des obsèques de M. Cecil
Standish,*dant nous avons parlé hier, a eu
lieuâ Mouchy,dans laplusstricteintimité,
sur la demande expresse du défunt Seuls,
son frère M. Standish et le prince de Poix,
y assistaient.
~CHOSDEL'~
De Constantmople
Le Sultan a J~it savoir à Mgr le duc
d'Orléans qu'il mettait à sa. disposition
un de ses officiers d'ordonnance, Cheined-
Bey, pour l'accompagner dans son voyage
dans la Turquie d'Asie.
On sait que le jeune Prince se rend,
par voie de terre, par l'Asie mineure, en
Perse et en Turkestan.
De Rome:
Le prince Napoléon a eu une rechute
hiermatin. `
Une consultation a eu lieu entre son
médecin ordinaire et les docteurs Toussig
et Bacelli. r
Le bruit court que le prince aurait eu
une légère attaque d'apoplexie.
Dans la soirée, un mieux très sensible
s'est produit dans Fêtât du prince. Néan-
moins on parle d'appeler la princesse
Ciotiide.
Nous avons voulu avoir, hier soir, quel-
ques renseignements sur le séjour du gé-
nérât Boulanger à Bruxelles. Nous avons
téléphoné à l'hôtel BeHevue, et voici le
résultat de notre conversation. Il nous
faut dire, teut d'abord, que notre corres-
pondant est affligé d'un de ces accents
flamands qui font l'ornement du quartier
des « Marolles », ce qui a rendu notre en-
tretien des plus pénibles:
Allô allô t l'hôtel BeUevue ? R
Ouie vous désireie ? q
Le général Boulanger? j
Il est, pour une fois, à Bruxelles.
Je le sais, mais qu'a-t-il fait aujour-
d'hui? i.:
Il est resteie dans son quartier.
Ah A-t-il reçu des visites ? `~
–Non, savez-vous, il a consigneie sa
porte. Je ne l'ai pas encore vu.
Alors ? Q
–Depuis qu'il est ici, il n'est pas en-
core sorti. Je n'ai vu que son domestique.
Allô t
Allô t Vous~ désireie ? f
Et Mme Boulanger?
Elle est aussi, pour une fois, à
Bruxelles.
Allô a-t-elle reçu son mari?
Pour une fois, vous m'en demandeie
trop. Il est avec une dame en noir.
Croyez-vous que ce soit Mme Bou-
langer ?
Ça est, savez-vous, indiscret.
Ennn?
On l'appelle pour une fois Mme Ber-
tin.
Allô t c'est tout ce que vous savez?
C'est tout!
Merci, monsieur, bonsoir.
Bonsoir, monsieur.
D'autre part, on nous mande de Bruxel-
les
Le général Boulanger est-il, oui ou non, à
Bruxelles? Et jMme Boulanger s'y est-elle
rendue, comme on l'a dit? Les avis sont par-
tages. Des amis personnels du général se sont
présentés & l'hôtel, où le pseudo Jean Bertin
ne les a pas reçus.
On ne croit pas à la présence de Mme Bou-
langer. Cependant, j'apprends de source cer-
taine c[ue Mme de X. est très gravement
malade et en danger de mort.
M. Rochefort, dont on avait annoncé l'ar-
rivée à Bruxelles, n'y viendra certainement
pas.
S'il était vrai que Mme Boulanger eût
consenti à aller à Bruxelles, pour se ré-
concilier avec son mari, nous ne pour-
rions que téliciter celui-ci.
A travers les livres
Le chef-d'œuvre de Jean Richepin, la
C/ta~soM des teur une récompense de deux mois de
prison, paraît aujourd'hui en « nouvelle
édition dans la bibliothèque Char-
pentier.
NOUVELLES A LA MAIN
La belle Mme X. a été dernièrement
fort désolée. Son mari l'avait abandonnée
en lui laissant ce mot
« Adieu, chère Adélaïde, je quitte la
terre. »
Le surlendemain, l'épouse éplorée voit
revenir à elle son époux tout, réjoui.
Il était monté en ballon.
Las de lutter avec la pièce de 5 irancs
et d'avoir toujours le dessous, un bohème
s'est jeté à l'eau. Mais un de ses amis,
qui avait flairé la chose, l'a suivi, repê-
che et ramené à son domicile.
Ainsi, lui dit son sauveteur, tu par-
tais pour l'autre monde, sans un adieu,
sans dire un mot à personne ? `t
Pardon, j'avais dit à mon concierge.
que je ne rentrerais pas.
METtTE CMtMtaftQtJE
Pour éviter des erreurs nombreuses, nous
sommes pries de donner avis qu'il ne faut
pas faire confusion entre M. Marcel Fouquier,
chroniqueur théâtral, et M. Marcel Fouquier,
attaché & la première présidence de la cour
des comptes, habitant %0, rue La Boétie,
UN OOMtMO
REPRÉSAtLLES
On trouver plus loin une dépêche an-
nonçant que, sur l'ordre du général de
Caprivi, chancelier de l'empire, le gou-
verneur d'AIsaee-Lorraine vient de sup-
primer toutes les mesures d'atténuation
apportées à la. législation des passe-
ports.
Ainsi tes Ms&cïens-Lorrains et les
Français qui ont a.n'aire aux. Alsaciens-
Lorrains vont payer les frais de la cam-
pagne de presse menée contre les pein-
tres qui avaient accepté l'invitation alle-
mande.
Ilyalâquelquûchose de comîqueet de
navrant à la fois.
Nous espérions que ~empereur Guil-
laume II resterait impassible en .face des
journaux français; car, au tond de tout
cela, il n'y a que des journaux,
Nous espérions qu'il réfléchirait qae l'Im-
pératrice pu sejournerau milieu de nous
pendant douze tours sans trouver saP~on
passage d'autres manifestations que celles
du respect. Nous espérions surtout qu'il
ne terait pas supporter à des innocents le
poids de sa mauvaise humeur.
(Guillaume II a pris en lace de son peu-
ple et du monde une attitude tout à tait
particulière. H s'est posé en délégué de la
divinité. Et la ici religieuse qui éclate
dans ses moindres actes suffit à donner à
cette attitude une grandeur indiscutable.
Mais le rôle qu'il a assumé, s'il a des
avantages, a aussi des devoirs et des
charges.
L'attribut suprême de la Divinité, c~est
la Justice. Et quand on veut représenter
Dieu sur terre, il faut s'efforcer d'imiter
sa. justice. Est-ce bien l'imiter que de se
venger sur les Alsaciens-Lorrains des
allées et venues de ceux d'entre nous qui
se qualifient de patriotes? Non, assuré-
ment.
En somme, on ne saurait assez insister
sur ce point que rien d'officiel ne s'est
passé entre les deux gouvernements, et
que les'gouvernements ne sont engagés
que par leurs actes.
Nous nous refusons donc à admettre
l'aggravation d'un état de choses sur le-
quel il vaut mieux ne pas insister.
Et sans vouloir iaire à personne la le-
çon nous conjurons ceux d'entre nous
qui ont pris la tête de ce mouvement d'o-
pinion, de ne pas jouer avec le feu.
Personne ne veut la guerre, ni de ce
côté-ci du Rhin, ni de l'autre. Personne
ne doit donc commettre un acte ou dire
une parole qui rendent des complications
possibles.
J. CORMÉt-Y
EN ALLEMA&NE
CE QUE PENSE M. DE B!SMARCK
BerUn,37fëvrier.
Comme il fallait s'y attendre, on a ob-
tenu de M. de Bismarck qu'il donnât son
avis sur le voyage de l'impératrice Frédé-
ric et sur son issue. Tout en taisant re-
marquer que, quant à lui, il n'avait jamais
voulu envisager comme possible un voyage
en France, dans un but, caché ou non, d'y
négocier une entente sur quelque terrain
que ce tût, l'ex-chancelier ne blâme pas
M. de Caprivi, qui devait avoir ses raisons
pour conseiller 1~ visite à Paris de Sa Ma-
jesté.
« Lorsqu'il s'est agi d'envoyerreur Frédéric dans une des villes du Midi,
on avait naturellement songé à la France;
mais je dus m'y opposer, et, d'ailleurs,
l'auguste malade s'y opposa lui-même,
préférant souffrir plus longtemps il
crut toujours à sa guérison prochaine
que de mettre les Français dans les plus
pénibles alternatives.
» Et cependant il s'agissait non d'un
voyage d'agrément, mais d'un voyage in-
dispensable, et que les Français auraient
reconnu tel, dont ils eussent respecté tou-
tes les phases, personne n'en doutait.
Mais il eût suffi d'une exaltation sou-
daine pour que nos prévisions tombassent
d'elles-mêmes, et alors c'était risquer le
tout pour le tout.
» Moi-même, dans l'état où je suis, je
n'irais pas en France. A plus iorte raison
me serais-je opposé au voyage de l'impé-
ratrice Frédéric. Ce qui devait arriver est
srrivé. Dans un premier élan de sympa-
thie pour la démarche impériale, les ar-
tistes trançais, généreux et orgueilleux,
ont promis tout ce qu'on a voulu leur de-
mander de promettre. Mais il a suffi
d'un « frisson a pour que la mobilité
du caractère français prit le de ssus, et
pour que tout fût à recommencer. »
Consulté sur les conséquences que pou-
vait avoir l'état d'esprit actuel, et qui est
une surexcitation commune aux deux
peuples, M. de Bismarck a dit que son
sentiment était que cela n'aurait pas d'im-
portance, et il en a donné cette raison
c que Guillaume II ne savait pas garder
le ressentiment contre qui lui tait du
mal)).
A ce compte, l'ex-chancelier pourrait se
Satter d'être parmi les meilleurs amis de
l'Empereur, ce qui est douteux.
Enfin M. de Bismarck déclarait qu'il
était toujours prêt à donner, jusqu'à la
fin, toute son expérience pour « son pays
et pour son Roi que jamais il n'avait
dicté contre celui-ci le moindre mot d'a-
mertume ou de reproche, et que son inter-
vention dans les affaires publiques se
bornerait, dans sa retraite, à une neutra-
lité des plus bienveillantes.
Les journaux du prince vont, à ce qu'on
télégraphie de Hambourg et de Munich,
accentuer cette note.
CEQU'OND!TABERL!M
Berlin, 27 février.
Les nouvelles les plus invraisemblables
sont colportées avec un sérieux étonnant.
C'est ainsi que d'après l'une d'elles, dans
le cas où le voyage à Paris de l'Impéra-
trice aurait, jusqu'au bout, été accueilli
avec la faveur des premiers jours, il en
serait résulté une telle détente que la
neutralité de 1'A.lsace-Lorraine eût pu
être examinée par l'empereur Guillau-
me H.
Au contraire, aujourd'hui, devant l'at-
titude de la presse française et des per-
sonnages publics qui ont donné leur sen-
timent sur l'incident, les mesures les plus
rigoureuses devraient être prises dans les
provinces annexées, afin de bien montrer
qu'on entend y rester maîtres de la situa-
tion.
Voilàcequevoudraientcertainshommes
politiques qui approchent M. de Caprivi.
Du reste, la majeure partie de ceux-ci
pensent que le chancelier est menacé dans
sa position, l'Empereur n'ayant pas dis-
simulé, dans ses conversations, tout le
dépit qu'il avait de l'impasse où l'impré-
voyance de M. Herbette, d'une part, et de
M. de Caprivi, d'autre part, l'avaient mis.
On fait cette remarque que M. Miquel
grandit d'autant .plus dans l'estime de
l'Empereur que M. de Caprivi commet
plus de fautes, et que, selon toutes proba-
bilités, le jour n'est pas loin où il prendra
le titre de chancelier. M. Miquel s'est, pa-
rait-il, tenu à l'écart de toutes les combi-
naisons derrières, ce qui le met très en
relief dans l'esprit, public au moment où
se produisent ces gras incidents.
Qu'on le veuille ou non, tout cela aurt
pour eCet de détruire' les intentions, ex-
cellentes en s&L qu'on prêtait à Guil-
laume ït et à M. de Caprivi, dont on sou-
ligne le vif désir qu'il avait d'éviter tout
ma.lcntend'.t~ntre les deux pays..
Le bruit ayant cpuru en Bourse qat
l'Empereur avait retusé de recevoir M.
Herbette dans la matinée d'aujourd'hui~
je me suis rendu à la Chancellerie. Là, on
dit ne rien savoir ou ne rien vouloir dire;
mais des sous-entendus il résulterait
que notre' ambassadeur, vraiment trë$
affecté, aurait tenu à exprimer à Gui!'
laume II tous ses regrets pour la conclu*
sion inattendue du voyage de l'impératrice
Frédéric.
De son côté, l'Empereur Tl'aurait point
voulu d'un entretien sujr ce sujet, au
moins pénible, et aurait''fait dire à M.
Herbétte qu'il n'eût pas. à se déranger.
Ainsi présenté, le fait n'a pas la gravita
qu'on Im prëtait à la~~ourse, où l'on di-
qu'on lui prétait à la Bourse, où l'on di-
sait assez haut que .l'Empereur ne tarde-
rait pas à donner son avis sur la situation
iaite au parti delà paix par ces diverses?
manifestations, contraires à ses vues op*
timistes.
L'ALSACE-LORRA!NE
Strasbourg, 27 février, 2 heures.
En Alsace, on suit avec une vive émo<
tion ce qui se passe, mais on est obligé d<
garder une grande réserve.
On est convaincu, ici, que les inci'
dents du séjour à Paris del'impératrica
Frédéric auront leur contre-coup chez
nous.
Le voyage de l'Empereur en Lorraine
est pour le moment devenu très probléma*
tique.
Strasbourg, 27 février, 10 h. soir.
Le général de Caprivi, chancelier de
l'empire, a télégraphié austatthalter d'Aï'
sace-Lorraine de suspendre toute mesure
d'adoucissement apportée jusqu'ici au
régime des passeports. Il prescrit le re-
tour au régime de rigueur. La population
est désolée.
Dep~c~ts c!e « ~'A~eMce Havas ))
Berlin, 27 février.
Le .MbMtteMr de !mj:)tt'e annonce que 14
chancelier a. chargé le statthalter d'Aisace-
Lorraine de n'accorder, jusqu'à nouvel or-
dre, aucun adoucissement au système des
passeports appliqué actuellement, et dena
pas étendre les facilités de communications
dont jouissent, conformément & la réglemen.
tation en vigueur, les communes françaises
situées prés de la frontière.
('Dc Mo~re co'~spOK~Mt pa)'<:CM!t'e~
BerUn, 37 février, 6 h. 95 soir.
C'est par ordre iormel de l'Empereur
que le chancelier de Caprivi a. télégraphi'
au prince de Hohenlohe d'en revenir au
régime de rigueur en ce qui concerne
l'Alsace-Lorraine.
A présent que l'impératrice Frédéric a
quitté le territoire français, Guillaume H
paraît vouloir dissimuler peu ses senti<
ments.
Depuis vingt-quatre heures on est en<
tré dans une phase nouvelle, en ce qui
concerne les relations entre la France et
l'Allemagne. Je ne peux pas vous télégra-
phier tous les bruits qui courent, mais je
puis vous déclarer que l'impression, dans
les cercles diplomatiques et politiques,
est fâcheuse.
B.
i'Hf? ï !i' MTMf
utiM LM fMuMM
Hier, ~.pres midi, quelques artistes se
sont réunis chez M. Détaille, où ils ont
échangé assez longuement leurs impres-
sions.
Le comité primitivement désigné s'é-
tant trouvé virtuellement dissous à la
suite des désistements signiâés, ces jours
derniers, aucune décision ne pouvait etra
prise et la liberté de chacun a été réser-
vée.
Toutefois, nous pouvons citer M. Bou-
guereau, M. Robert-Fleury, M. de Vuille-
froy parmi les peintres présents chez M.
Detaille, comme ayant insisté sur la né-
cessité de reconnaître ce principe de la
liberté laissée à chacun. Ce qui, a été con<
venu.
**t
Nous avions mentionne hier, en der-
nière heure, le bruit d'après lequel Mme
Madeleine Lemaire conformerait son atti-
tude à celle que prendraient MM. Bonnat.
Bouguereau, etc.
Il était de notre devoir strict d'aller
demander à l'éminente et aimable artiste
son sentiment.
M~ MADELEINE LEMA!RE
Au moment où nous rencontrons la
charmante artiste, elle surveillait l'em<
hallage de deux grandes aquarelles qu'elle
envoyait à l'exposition de Moscou. L'une
est un panier plein de branches de cerisier
avec des. cerises mûres l'autre, une
femme en robe de velours rouge bordée
de fourrure, qui interrompt sa lecture
pour suivre un rêve.
Nous interrompons son travail pour lui
demander ce qu'elle avait décidé relative*
ment à l'exposition de Berlin.
Tout me semble 6ai, nous a-t-ella
dit, et je le regrette vivement. On se retire
de droite et de gauche, et, moi: je dois bien
faire comme les autres, car je n'ai pas,
certes, l'intention de représenter seule la
peinture française à Berlin.
Cette exposition ne devait être qu'une
grande manifestation de l'art français
dans toutes ses branches.
J'avais consenti à y prendre part
comme les autres. Les autres se retirent,
et je ne puis que les suivre, ne voulant
pas me singulariser.
a Mais, croyez-le bien, je regrette vive"
ment de manquer à mon engagement,
d'autant plus que je garderai toujours
parmi mes meilleurs souvenirs la visite
que l'impératrice Frédéric a bienvouim
iaire à mon atelier. Elle m'a comblé d'at<
tentions délicates et m'a dit de ces choset
qui ne s'oublient jamais. <
? Malheureusement, la politique s'est
fourrée là où elle ne devait pas entrer. On
avait cru, et avec raison, jusqu'à présent
que l'art devait vivre dans les régions su<
perleures. H parant qu'il ne doit pas en
être ainsi.
M Voici le tableau que je destinais 1
l'exposition de Berlin et qui, probable-
ment, paraîtra au Salon de Stuttgart, ot
j'ai une place qui l'attend.
? Voilà encore une curieu&e histoi'
t H X aum BMïseavu'on, le baron Wo.'S,
fANS US CBMMnBB– ï~AM'BMSMS M GAMS CENTÏMES
Samedi 28 Février ~89î #1
ARTHUR )~E~
'M~e«
°?-. ~&
,îs§~ 't~
'E~lTE~~j~~t~'
~y~~ .t.~S'~
~9~S~ttCE DB LA BOUBSE. 6
ARTHUR MEYER
JMreeteM~
.> RÉDACTION
S,rceDromot 11
ABONNEMENTS
PMi< MpartemenM `
Cnmois. 6Cr. Unmoîs. 6&~
Trois mots. i8 60 Trois moia. 16 &
Sixmois. ZTff. SixmQia. 3Zû'.
Un M. S4tr. Un M. 646-.
Etranger
Troia mois (Union postai. ~T. 18 &.
SOMMAIRE
t
Bloc-Notes
Duel de maîtres d'armes.
~Nouvelles du Chili.
~foamaux do ce matin: L'opinion & l'é-
tranger.
]Le6 Mémoires de Talleyrand.
jt~
CHRONIQUES
y D'AUJOURD'HUI
.Le bruit court que Déroulède, qui est
~dejà poète, auteur dramatique, soldat,
.homme politique, orateur et chet de parti,
va se mettre à étudier la peinture, afin
~que rien de ce qui touche le patriotisme
tme lui reste dorénavant étranger. On ne
'songe pas sans épouvante à ce qui se se-
,rait passé cette semaine, si la Nature, par
}nn de ces jeux cruels où elle se complaît,
gavait tait de Déroulède un peintre mili-
taire. C'est évidemment un grand hasard
que cela ne soit pas arrivé, et dont il faut
~nous féliciter pendant qu'il en est temps
encore car, à voir ce que fait cet homme,
-qui ne dispose que de la plume et de la
parole, vous jugez de ce qui nous attend
~lorsqu'il y aura ajouté le pinceau, ce qui
ne saurait tarder.
Il est impossible d'avoir de meilleures
'intentions que M. Déroulede, plus de iou-
gue, de sincérité et d'abnégation. Seule-
ment, il e&t parmi nous comme Gulliver
chez les Lilliputiens il a de trop longs
bras et de trop longues jambes, et il ne
.peut pas faire un geste sans renverser
quelque chose. Certes, Gulliver était bien
gentil et il ne voulait aucun mal à ses hô-
tes mais les Lilliputiens étaient des gens
raisonnables et prudents, et, à tout hasard,
~ils le ficelèrent. Ils le ficelèrent avec pré-
.caùtion, de manière à né pas trop le bles-
~ser; mais enfin Gulliver, en se reveillant,
n'avait plus l'usage de.ses membres. C'est
~danscetteposture qu'il attendit les événe- `
ments.
On sera obligé, un jour ou l'autre, d'en
~agir ainsi avec Déroulede. Une nuit qu'il
dormira si toutefois Déroulede dort
.on lui attachera une corde au pied qui
l'empêchera d'aller manifester à l'impro-
viste.
Ilyauraît encore la ressource de le
iorcer à porter, pendue au cou, une son-
nette de forte taille, qui avertirait de sa
présence et permettrait aux passants inof-
tensifs de se garer.
Le conûit qui vient de mettre en pré-
tence Déroulède et la peinture française
montré nos artistes sous un aspect tout
à tait nouveau. Ce n'était déjà plus un se-
cret pour personne que les peintres ont
renoncé à cette tenue débraillée qui leur
faisait, jadis, tant de tort dans les famil-
les on n'ignore pas non plus que ce sont
des clubmen accomplis, que plusieurs font
courir et excellent à tous les sports élé-
'gants.Dans les salons, ils sont recherchés
pour leur correction et la coupe impec-
cable de leurs habits; et si l'on entend
quelque plaisanterie un peu risquée, on
peut être sûr qu'elle émane d'un homme
du monde, jamais d'un artiste. Les pein-
tres militaires, principalement, sont re-
'marquablesparla sévérité de leur atti-
tude, et dans les ateliers militaires, les
charges de Reichsofen et de Sedan sont
les seules tolérées. Il est vrai que de
celles-là on ne se prive guère et qu'elles
sont autrement lucratives.
Mais ce qu'on ne soupçonnait pas, ce
sont les merveilleuses qualités de diplo-
'mate que renferme l'âme des peintres mo-
'dernes. Certaines récentes conversations,
certaines déclarations écrites, figure-
ront parmi les modèles les plus parfaits
de la littérature diplomatique, et on n'en
.trouve pas de pareilles dans les Mémoires
de Talleyrand. Aussi, avec le coup d'oeil
qui le caractérise, l'empereur Guillaume
a. compris que les ambassadeurs de pro-
Tfe&sion n'étaient plus à la hauteur des
'circonstances, et il a eu l'idée ingénieuse
d'utiliser les peintres pour adoucir les
rapports entre la France et l'Allemagne,
qui sont empreints d'un peu de froi-
deut.
Comme, depuis Rubens, aucun artiste
.n'avait été ambassadeur, ces messieurs
ont voulu prouver qu'ils n'étaient pas in-
dignes de leur illustre confrère, et que la
race n'avait pas dégénéré. Ils ont organisé
d'imposantes réunions, dans le but d'étu-
dier les questions suivantes:
a Quelle est la superficie de toiles pein-
tes qu'il convient d'envoyer à Berlin pour
y effacer jusqu'au souvenir des dissen-
timents qui existent entre les deux pays?
N Quels sujets devront représenter ces
toiles? Seront-ce des sujets pacifiques ou
~des sujets belliqueux?
w Si ce sont des sujets belliqueux, quel
est le nombre, des soldats peints, capable
de bien indiquer aux Allemands que nous
sommes une nation puissamment ar-
mée? R
), a Les peintres doivent-ils se contenter
d'envoyer leur peinture & Berlin, ou doi-
vent-ils, au contraire, l'y accompagner,
pour en augmenter l'effet ? »
1, Tels sont les points essentiels sur les-
quels d'intéressantes discussions se. sont
engagées. Et c'est au moment où la vail-
lante cohorte de nos artistes allait passer
ia frontière que Déroulede, devinant dans
cette L~Me dey .P~t~W~es une concur-
rence redoutable à la sienne, a bondi, le
sourcil fronce Toute résistance était inu-
tile. Les peintrés n'ont pas encore :l'babi-
tude et ne sont pas de force avec Dêrou-
!ède. Màislorsque cëlui-'ci voudra se payer
nne petite toile de viagt-cinq centimètres
carrés, il'verra ce que §a lui mutera.
H estun~personnage, pourvut, dont on
ne peut s'empêcher d'admirer la réserve
dans toute cette déiicate anaire. Pendant
que chacun, se préoccupait du voy!tge de
rimperatnce,de s& visite aux ateliers,
de§ ~qnseg.Kenoes plus ou moins graves
qui en résumeraient, un seai h&mme se
desintéressait absolument de t& qoeation.
Ce philosophe ne s&vâit même pM que
t'impefatrice Ffédéric dût Mrs un voyage
à Paris, qu'H aUxit y avoir une Exposi-
tion à Bertm, que les peintres fr&nçsHs y
seraien.t ofË~sH~mea.HnviMs~ qu~ DM'on-
lède veillait! Heureux détachement des
choses de ce monde t
Le nom de ce sage est peu connu des Pa-
risiens. Il s'appelle Herbette et son prénom
est Jules, dit-on. Il a de cinquante-cinq à
soixante ans, jouit d'un caractère calme
garde pas. Autreiois, dans sa jeunesse, il
a été tenté par la politique. Mais il y a
vite renonce. Ses goûts sont simples.
Grâce à des relations, à son esprit ai-
mable et cultivé, il a nui par obtenir une
petite place d'ambassadeur qui le met à
l'abri du besoin. Il ne demande qu'à la
conserver sans trop se faire de bile, en
contemplant autour de lui les événements
d'un œu indifférent et philosophique.
Hélas il n'est pas de place, si modeste
qu'elle soit, qui ne vous attire des en-
vieux et qui ne soit guettée par quel-
qu'un. Aujourd'hui, toutes les carrières
sont encombrées, et voilà que de nom-
breux concurrents sont à Fanût du poste
de M. Herbette. Ilparaîtrait que M. Bon-
nat, de l'Institut M. de Vuillefoy, M.
Dubufe fils, font d'activés démarches
pour succéder au malheureux ambassa-
deur, qui n'a décidément pas de veine.
Si ce malheur arrivait, il est probable
que M. Herbette, pris d'un violent dé-
goût, renoncerait tout à fait aux ionctions
publiques et se retirerait dans le sein
d'un ministère en qualité de sous-cheî de
bureau, position qu'il a déjà brillamment
occupée et que sûrement il regrette, pour
le calme qu'elle donne à l'esprit et au
corps.
ALFREO CAPU9
Ce qui se passe
ECHOS POLITIQUES
II est certain que, quel que soit le vote
du Sénat, M. Tirman ne retournera pas
en Algérie.
Parmi tous ses successeurs présumés,
celui qui tient la corde est M. Poubelle,
notre préfet de la Seine, dont l'état de
santé demanderait un poste moins iati-
gant que celui qu'il occupe.
ËCHOS DE PARIS
L'impératrice Frédéric et sa fille la
princesse Marguerite de Prusse ont
quitté Paris, hier, à dix heures dix, par
le train de Boulogne, et non par celui de
onze heures trente pour Calais, comme
l'avait annoncé l'ambassade d'Allemagne.
Ce changement a été décidé par l'Impé-
ratrice elle-même, avant-hier soir, et com-
muniqué au mmistre.de l'intérieur à dix
heures.
M. Constans a donné immédiatement
des ordres en vue de ce départ.
Aussi hier, dès huit heures du matin,
de nombreux agents de police se trou-
vaient échelonnés dans les rues que de-
vait parcourir l'Impératrice, en se ren-
dant à la gare du Nord. En échange, peu
de curieux.
A neuf heures et demie, l'Impératrice
est montée dans un landau .terme, avec sa
ôlle, le comte dé Münster et la comtesse
de Munster.
Le cocher et le valet de pied ne por-
taient aucune livrée, le chapeau était orné
de la cocarde allemande.
Le landau, en quittant l'hôtel de l'am-
bassade, a rejoint la voiture où avaient
pris place la comtesse Perponcher, le gé-
néral du Plat, aide de camp du prince de
Galles, qui accompagne l'Impératrice jus-
qu'à Londres le comte de Seekendorif et
le comte d'Arco-VaMey.
Les voitures ont parcouru la rue de
Solferino, le quai des Tuileries et les rués
des Pyramides, de Choiseul, le boulevard
des Italiens, les rues Drouot, Lafayette
etMaubeuge, et sont arrivées à la gare
du Nord à dix heures moins cinq.
Les chevaux, menés d'un train ra-
pide, étaient écumants.
L'Impératrice, en entrant dans la gare,
a trouvé à sa rencontre le baron de
Rothschild, président du conseil d'admi-
nistration de la Compagnie des chemins
de 1er du Nord; M. Thouin, ingénieur en
chet M. Bouverat, chef du mouvement, et
M. Zimmermann, inspecteur chet des ser-
vices do la gare.
Etaient aussi venus à la rencontre de Sa
Majesté lord Lytton, le ministre des Pays-
Bas, et M. de Schoen, conseiller à l'ambas-
sade d'Allemagne à Paris; le colonel Tal-
bot et Mme Talbot, et une centaine de cu-
rieux, parmi lesquels quelques reporters,
qui tous se sont découverts à l'entrée de
l'Impératrice.
Sa Majesté, au bras du comte de Muns-
ter, et la princesse Marguerite, au bras de
lord Lytton, se sont rendues surle quai de
départ et ont fait cercle pendant cinq mi-
nutes.
A un moment, elle a dit a haute voix
cLs !'eKe ~OM?'Meg/ Espérons que le
temps restera au beau aussi bien chez
nousque~chezvous.M »
A dix heures sept minutes, âpres avoir
embrassé la comtesse Marie de Munster et
Mme Talbot, l'Impératrice et la princesse
sont montées dans le double coupé-lit-toi-
lette qu'on avait retenu la veille, et où ont
pris place également le comte de Munster,
le général du Plat. Le comte de Secken-
dorS et la comtesse Perponchersont mon-
tés dans le coupé attenant au wagon de
l'Impératrice.
A dix heures dix, le train s'est mis en
marche.
Toutes les personnes présentes ont salué
respectueusement l'Impératrice, qui est
restée longtemps à la portière.
Détail curieux l'Impératrice et sa. 611e
portaient les mêmes toilettes qu'à leur
arrivée à Paris.
L'Impératrice devant s'embarquer à
G&lais, la tcte du train de Boulogne,
composé du wagon de l'Impératrice et
de deux iourgons, a. été détachée à la bi-
iurcation d'Outrea.a, pour être rattachée
Quatrain spéci&l, organisé par M. Là-
garde, inspecteur de l'exploitation, parti,
lui-même, hier matin, à huit heures
trente.
Aucun inspecteur de police n'est parti
dans le train de l'Impératrice, qui est ar-
rivée à Calais à deux heures'trois quarts.
L'Impératrice et la princesse Margue-
rite, en descendant du wagon, ont été re-
çues par les consuls d'Allemagne et d'An-
gleterre, qui les ont conduites A bord du
paquebot C'a~DoMM*es.
Aucun moi dent ne s'est produit.
Le comte de Munster a repris, à Calais,
te
L'impératrice Frédéric et la princesse
Marguerite de Prusse sont arrivées à huit
heures du soir à Londres.
Une garde d'honneur du 2e bataillon des
gardes écossaises, drapeau et musique en
tête, leur ont rendu les honneurs, et les
membres de la Cour royale se trouvaient
réunis à la gare pour souhaiter la bienve-
nue aux augustes voyageuses.
Hier soir, par l'Orient-Express de six
heures vingt-emq, la reine Isabelle It
d'Espagne est partie pour Munich, accom-
pagnée du marquis deVillasegura et de
la duchesse de BHjar,
Le duc et là duchesse de Mandas, tous
les membres do l'ambassade espagnole et
un petit nombre de personnes que la
Reine honore de son amitié, étaient ve-
nus à la gare de l'Est pour la saluer à son
départ.
Sa Majesté, comme nous l'avons an-
noncé, restera un mois à Munich, où Elle
va assister à la délivrance de sa nlle,
l'infante Dona Maria de la Paz, iemme du
prince Louis-Ferdinand de Bavière.
Sa Majesté ne quittera Munich qu'après
la célébration du mariage du prince Al-
phonse de Bavière avec la princesse Mar-
guerite, fille du duc d'Alençon, qui aura
lieu après Pâques.
Dîner artistique, hier, dans une très ar-
tistique maison, chez Mme Hochon.
Convives: Mme Madeleine Lemaire,
MM. Bonnat, Jules Letebvre, Clairin, M.
et Mme Robert de Bonnières, Guy de
Maupassant.
En tête du .BM~e~ o/~C!~ du Conseil
municipal, nous lisona~n décret approu-
vant, sur la proposition du ministre de
l'intérieur, un arrêté de la commune de
Colombes (Seine), qui donne à une de ses
voies le nom de rue Philippe-de-Metz. Cet
hommage est rendu à la mémoire d'un
philanthrope décédé à Bois-de-Colombes, il
y~adix ans, après avoir comblé de ses bien-
faits la commune qu'il habitait.
Les fils de M. Philippe sont bien con-
nus à Paris l'aine est M. Léon Philippe,
ingénieur des ponts et chaussées (promo-
tion Carnot), qui occupe depuis longtemps
la haute fonction de directeur au minis-
tère de l'agriculture. Le second est notre
ami Edouard Philippe, un de nos plus ai-
mables confrères, auteur dramatique à ses
.moments perdus.
Carnet de deuil
Nous apprenons la mort de M. Reiset,
ancien directeur des musées nationaux,
qui s'est éteint hier matin.
Les longs services de M. Reiset, suc-
cessivement conservateur des dessins et
des peintures, puis directeur des musées,
sa compétence exceptionnelle comme con-
naisseur, avaient fait de lui une autorité
artistique européenne.
Il était le père de la comtesse de Ségur-
Lamoignon. 0
Ses obsèques seront célébrées a Saint-
Philippe du Roule, lundi prochain.
Notre distingué confrère M. Henri de
Bornier vient d'être cruellement frappé.
Son gendre, M. le capitaine d'artillerie
Fernand Magnan de Bornier, a pris
la fièvre scarlatine, ainsi que ses deux
petites Elles. L'aînée vient de mourir des
suites de cette maladie, compliquée d'an-
gine couenneuse et de croup.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui, à
quatre heures et demie, en l'église de Vin-
cennes (rue du Midi).
Les personnes qui n'auront pas reçu de
lettre de faire-part sont priées de consi-
dérer ce présent avis comme en tenant
lieu.
Les obsèques de M. de Thevenard, pré-
sident à la cour d'appel, dont nous avons
annoncé la mort subite, ont été célébrées
hier, à midi,à la Trinité, au milieu d'une
nombreuse assistance.
Le deuil était conduit par M. du Bodan,
son cousin, député.
A l'issue de la cérémonie funèbre le
corps a été déposé dans les caveaux de
l'église pour être transporté à Brive (Cor-
rèze), où aura lieu l'inhumation, dans un
caveau de tamille.
Nous ne résistons pas au plaisir de pu-
blier les jolis vers que voici et qui tente-
ront sans doute un musicien
LE PRINTEMPS SANS ROSES
L'hiver a trop pesé sur la terre et j'entends
Se lamenter bien haut les jardiniers moroses.
Ah décembre et janvier ont blesse le printemps t
Los rosiers n'auront pas de rosos t
Les rosiers n'auront pas de rosés Quelques jours
Ont mis en deuil les mois les plus beaux do l'année;
La terre jeune et blonde a perdu ses atours,
Et toute fête est condamnée.
La terre doit au ciel de mai, pour qu'il soit Mea,
Des soufSes embaumés et des sourires rosés
Peut-être, en mai, les cieux s'assombriront un peu,
Si les rosiers n'ont pas de rosés.
La terre doit encore des rosés aux amants.
Puisque nulle autre fleur n'est aussi parfumée,
Et qu'elle seule est digne, à l'heure des serments,
D'être oû'erto la Men-aimoe.
Et j'ai peur, car je sens qu'un invisible &1
Rassemble et lie entre eux les présages moroses.
Dïtns les coeurs, au printemps, l'amour Heurira-t-it
Si les rosiers n'ont pas de rosoa ?
J. GBMMiN-LMOUK.
FÈvrIer 1891.
Un simple petit souvenir à propos de
ce cliché & L'art n'a pas de patrie. que
les Allemands cornent aux oreiHes des ar-
tistes français, coupables de s'avoir pas
exposé à Berlin.
H y a quelques amiëes, une- cantatrice
aUemande~Mlle Lesinger, n'ayant pas eu
de succès à l'Qpëi'a, la Ca~e~ ~He-
?Ma:~Me ~M 2Vo~ écrivait textaeUement
ceci
(c Mlle Lesiager n'a que ce qu'elle mé-
rite. Une vraie Allemande ne doit pas
charmer les oreilles françaises. »
Alors, pourquoi nos artistes charme-
raient-ils, avec leurs ouvres, des yeux
d'AHemands? 1
~CKOSDE~07MSE
DeCMn: y
Une rënnion conservatrice tMue sousia.
présidence de M. le aurqais deCaraK-
lier, députa assisté de ses deo.xcoHegties
MM. Paulmier et Cotirad de Witt, &
adopté la cMdid&tnre de M. ThomiKS-
Desmasurés~ma.tre de Mouen, secreta.îre
du syndicat agricole dti département,
pour l'élection se&a.tori&le qui doit aTOir
Heu da.ns le Calvados le 15 mMs~
M. OlUvier, përe de l'éloqae~t Bcmiai-
csna. Yi9Rt de moarir & t'asiie d~ Ch§a~
deParamé, ou ils'était retiré depuis qua-
treannées.
H était âgé de quatre-vingt-sept ans.
La cérémonie des obsèques de M. Cecil
Standish,*dant nous avons parlé hier, a eu
lieuâ Mouchy,dans laplusstricteintimité,
sur la demande expresse du défunt Seuls,
son frère M. Standish et le prince de Poix,
y assistaient.
~CHOSDEL'~
De Constantmople
Le Sultan a J~it savoir à Mgr le duc
d'Orléans qu'il mettait à sa. disposition
un de ses officiers d'ordonnance, Cheined-
Bey, pour l'accompagner dans son voyage
dans la Turquie d'Asie.
On sait que le jeune Prince se rend,
par voie de terre, par l'Asie mineure, en
Perse et en Turkestan.
De Rome:
Le prince Napoléon a eu une rechute
hiermatin. `
Une consultation a eu lieu entre son
médecin ordinaire et les docteurs Toussig
et Bacelli. r
Le bruit court que le prince aurait eu
une légère attaque d'apoplexie.
Dans la soirée, un mieux très sensible
s'est produit dans Fêtât du prince. Néan-
moins on parle d'appeler la princesse
Ciotiide.
Nous avons voulu avoir, hier soir, quel-
ques renseignements sur le séjour du gé-
nérât Boulanger à Bruxelles. Nous avons
téléphoné à l'hôtel BeHevue, et voici le
résultat de notre conversation. Il nous
faut dire, teut d'abord, que notre corres-
pondant est affligé d'un de ces accents
flamands qui font l'ornement du quartier
des « Marolles », ce qui a rendu notre en-
tretien des plus pénibles:
Allô allô t l'hôtel BeUevue ? R
Ouie vous désireie ? q
Le général Boulanger? j
Il est, pour une fois, à Bruxelles.
Je le sais, mais qu'a-t-il fait aujour-
d'hui? i.:
Il est resteie dans son quartier.
Ah A-t-il reçu des visites ? `~
–Non, savez-vous, il a consigneie sa
porte. Je ne l'ai pas encore vu.
Alors ? Q
–Depuis qu'il est ici, il n'est pas en-
core sorti. Je n'ai vu que son domestique.
Allô t
Allô t Vous~ désireie ? f
Et Mme Boulanger?
Elle est aussi, pour une fois, à
Bruxelles.
Allô a-t-elle reçu son mari?
Pour une fois, vous m'en demandeie
trop. Il est avec une dame en noir.
Croyez-vous que ce soit Mme Bou-
langer ?
Ça est, savez-vous, indiscret.
Ennn?
On l'appelle pour une fois Mme Ber-
tin.
Allô t c'est tout ce que vous savez?
C'est tout!
Merci, monsieur, bonsoir.
Bonsoir, monsieur.
D'autre part, on nous mande de Bruxel-
les
Le général Boulanger est-il, oui ou non, à
Bruxelles? Et jMme Boulanger s'y est-elle
rendue, comme on l'a dit? Les avis sont par-
tages. Des amis personnels du général se sont
présentés & l'hôtel, où le pseudo Jean Bertin
ne les a pas reçus.
On ne croit pas à la présence de Mme Bou-
langer. Cependant, j'apprends de source cer-
taine c[ue Mme de X. est très gravement
malade et en danger de mort.
M. Rochefort, dont on avait annoncé l'ar-
rivée à Bruxelles, n'y viendra certainement
pas.
S'il était vrai que Mme Boulanger eût
consenti à aller à Bruxelles, pour se ré-
concilier avec son mari, nous ne pour-
rions que téliciter celui-ci.
A travers les livres
Le chef-d'œuvre de Jean Richepin, la
C/ta~soM des teur une récompense de deux mois de
prison, paraît aujourd'hui en « nouvelle
édition dans la bibliothèque Char-
pentier.
NOUVELLES A LA MAIN
La belle Mme X. a été dernièrement
fort désolée. Son mari l'avait abandonnée
en lui laissant ce mot
« Adieu, chère Adélaïde, je quitte la
terre. »
Le surlendemain, l'épouse éplorée voit
revenir à elle son époux tout, réjoui.
Il était monté en ballon.
Las de lutter avec la pièce de 5 irancs
et d'avoir toujours le dessous, un bohème
s'est jeté à l'eau. Mais un de ses amis,
qui avait flairé la chose, l'a suivi, repê-
che et ramené à son domicile.
Ainsi, lui dit son sauveteur, tu par-
tais pour l'autre monde, sans un adieu,
sans dire un mot à personne ? `t
Pardon, j'avais dit à mon concierge.
que je ne rentrerais pas.
METtTE CMtMtaftQtJE
Pour éviter des erreurs nombreuses, nous
sommes pries de donner avis qu'il ne faut
pas faire confusion entre M. Marcel Fouquier,
chroniqueur théâtral, et M. Marcel Fouquier,
attaché & la première présidence de la cour
des comptes, habitant %0, rue La Boétie,
UN OOMtMO
REPRÉSAtLLES
On trouver plus loin une dépêche an-
nonçant que, sur l'ordre du général de
Caprivi, chancelier de l'empire, le gou-
verneur d'AIsaee-Lorraine vient de sup-
primer toutes les mesures d'atténuation
apportées à la. législation des passe-
ports.
Ainsi tes Ms&cïens-Lorrains et les
Français qui ont a.n'aire aux. Alsaciens-
Lorrains vont payer les frais de la cam-
pagne de presse menée contre les pein-
tres qui avaient accepté l'invitation alle-
mande.
Ilyalâquelquûchose de comîqueet de
navrant à la fois.
Nous espérions que ~empereur Guil-
laume II resterait impassible en .face des
journaux français; car, au tond de tout
cela, il n'y a que des journaux,
Nous espérions qu'il réfléchirait qae l'Im-
pératrice pu sejournerau milieu de nous
pendant douze tours sans trouver saP~on
passage d'autres manifestations que celles
du respect. Nous espérions surtout qu'il
ne terait pas supporter à des innocents le
poids de sa mauvaise humeur.
(Guillaume II a pris en lace de son peu-
ple et du monde une attitude tout à tait
particulière. H s'est posé en délégué de la
divinité. Et la ici religieuse qui éclate
dans ses moindres actes suffit à donner à
cette attitude une grandeur indiscutable.
Mais le rôle qu'il a assumé, s'il a des
avantages, a aussi des devoirs et des
charges.
L'attribut suprême de la Divinité, c~est
la Justice. Et quand on veut représenter
Dieu sur terre, il faut s'efforcer d'imiter
sa. justice. Est-ce bien l'imiter que de se
venger sur les Alsaciens-Lorrains des
allées et venues de ceux d'entre nous qui
se qualifient de patriotes? Non, assuré-
ment.
En somme, on ne saurait assez insister
sur ce point que rien d'officiel ne s'est
passé entre les deux gouvernements, et
que les'gouvernements ne sont engagés
que par leurs actes.
Nous nous refusons donc à admettre
l'aggravation d'un état de choses sur le-
quel il vaut mieux ne pas insister.
Et sans vouloir iaire à personne la le-
çon nous conjurons ceux d'entre nous
qui ont pris la tête de ce mouvement d'o-
pinion, de ne pas jouer avec le feu.
Personne ne veut la guerre, ni de ce
côté-ci du Rhin, ni de l'autre. Personne
ne doit donc commettre un acte ou dire
une parole qui rendent des complications
possibles.
J. CORMÉt-Y
EN ALLEMA&NE
CE QUE PENSE M. DE B!SMARCK
BerUn,37fëvrier.
Comme il fallait s'y attendre, on a ob-
tenu de M. de Bismarck qu'il donnât son
avis sur le voyage de l'impératrice Frédé-
ric et sur son issue. Tout en taisant re-
marquer que, quant à lui, il n'avait jamais
voulu envisager comme possible un voyage
en France, dans un but, caché ou non, d'y
négocier une entente sur quelque terrain
que ce tût, l'ex-chancelier ne blâme pas
M. de Caprivi, qui devait avoir ses raisons
pour conseiller 1~ visite à Paris de Sa Ma-
jesté.
« Lorsqu'il s'est agi d'envoyer
on avait naturellement songé à la France;
mais je dus m'y opposer, et, d'ailleurs,
l'auguste malade s'y opposa lui-même,
préférant souffrir plus longtemps il
crut toujours à sa guérison prochaine
que de mettre les Français dans les plus
pénibles alternatives.
» Et cependant il s'agissait non d'un
voyage d'agrément, mais d'un voyage in-
dispensable, et que les Français auraient
reconnu tel, dont ils eussent respecté tou-
tes les phases, personne n'en doutait.
Mais il eût suffi d'une exaltation sou-
daine pour que nos prévisions tombassent
d'elles-mêmes, et alors c'était risquer le
tout pour le tout.
» Moi-même, dans l'état où je suis, je
n'irais pas en France. A plus iorte raison
me serais-je opposé au voyage de l'impé-
ratrice Frédéric. Ce qui devait arriver est
srrivé. Dans un premier élan de sympa-
thie pour la démarche impériale, les ar-
tistes trançais, généreux et orgueilleux,
ont promis tout ce qu'on a voulu leur de-
mander de promettre. Mais il a suffi
d'un « frisson a pour que la mobilité
du caractère français prit le de ssus, et
pour que tout fût à recommencer. »
Consulté sur les conséquences que pou-
vait avoir l'état d'esprit actuel, et qui est
une surexcitation commune aux deux
peuples, M. de Bismarck a dit que son
sentiment était que cela n'aurait pas d'im-
portance, et il en a donné cette raison
c que Guillaume II ne savait pas garder
le ressentiment contre qui lui tait du
mal)).
A ce compte, l'ex-chancelier pourrait se
Satter d'être parmi les meilleurs amis de
l'Empereur, ce qui est douteux.
Enfin M. de Bismarck déclarait qu'il
était toujours prêt à donner, jusqu'à la
fin, toute son expérience pour « son pays
et pour son Roi que jamais il n'avait
dicté contre celui-ci le moindre mot d'a-
mertume ou de reproche, et que son inter-
vention dans les affaires publiques se
bornerait, dans sa retraite, à une neutra-
lité des plus bienveillantes.
Les journaux du prince vont, à ce qu'on
télégraphie de Hambourg et de Munich,
accentuer cette note.
CEQU'OND!TABERL!M
Berlin, 27 février.
Les nouvelles les plus invraisemblables
sont colportées avec un sérieux étonnant.
C'est ainsi que d'après l'une d'elles, dans
le cas où le voyage à Paris de l'Impéra-
trice aurait, jusqu'au bout, été accueilli
avec la faveur des premiers jours, il en
serait résulté une telle détente que la
neutralité de 1'A.lsace-Lorraine eût pu
être examinée par l'empereur Guillau-
me H.
Au contraire, aujourd'hui, devant l'at-
titude de la presse française et des per-
sonnages publics qui ont donné leur sen-
timent sur l'incident, les mesures les plus
rigoureuses devraient être prises dans les
provinces annexées, afin de bien montrer
qu'on entend y rester maîtres de la situa-
tion.
Voilàcequevoudraientcertainshommes
politiques qui approchent M. de Caprivi.
Du reste, la majeure partie de ceux-ci
pensent que le chancelier est menacé dans
sa position, l'Empereur n'ayant pas dis-
simulé, dans ses conversations, tout le
dépit qu'il avait de l'impasse où l'impré-
voyance de M. Herbette, d'une part, et de
M. de Caprivi, d'autre part, l'avaient mis.
On fait cette remarque que M. Miquel
grandit d'autant .plus dans l'estime de
l'Empereur que M. de Caprivi commet
plus de fautes, et que, selon toutes proba-
bilités, le jour n'est pas loin où il prendra
le titre de chancelier. M. Miquel s'est, pa-
rait-il, tenu à l'écart de toutes les combi-
naisons derrières, ce qui le met très en
relief dans l'esprit, public au moment où
se produisent ces gras incidents.
Qu'on le veuille ou non, tout cela aurt
pour eCet de détruire' les intentions, ex-
cellentes en s&L qu'on prêtait à Guil-
laume ït et à M. de Caprivi, dont on sou-
ligne le vif désir qu'il avait d'éviter tout
ma.lcntend'.t~ntre les deux pays..
Le bruit ayant cpuru en Bourse qat
l'Empereur avait retusé de recevoir M.
Herbette dans la matinée d'aujourd'hui~
je me suis rendu à la Chancellerie. Là, on
dit ne rien savoir ou ne rien vouloir dire;
mais des sous-entendus il résulterait
que notre' ambassadeur, vraiment trë$
affecté, aurait tenu à exprimer à Gui!'
laume II tous ses regrets pour la conclu*
sion inattendue du voyage de l'impératrice
Frédéric.
De son côté, l'Empereur Tl'aurait point
voulu d'un entretien sujr ce sujet, au
moins pénible, et aurait''fait dire à M.
Herbétte qu'il n'eût pas. à se déranger.
Ainsi présenté, le fait n'a pas la gravita
qu'on Im prëtait à la~~ourse, où l'on di-
qu'on lui prétait à la Bourse, où l'on di-
sait assez haut que .l'Empereur ne tarde-
rait pas à donner son avis sur la situation
iaite au parti delà paix par ces diverses?
manifestations, contraires à ses vues op*
timistes.
L'ALSACE-LORRA!NE
Strasbourg, 27 février, 2 heures.
En Alsace, on suit avec une vive émo<
tion ce qui se passe, mais on est obligé d<
garder une grande réserve.
On est convaincu, ici, que les inci'
dents du séjour à Paris del'impératrica
Frédéric auront leur contre-coup chez
nous.
Le voyage de l'Empereur en Lorraine
est pour le moment devenu très probléma*
tique.
Strasbourg, 27 février, 10 h. soir.
Le général de Caprivi, chancelier de
l'empire, a télégraphié austatthalter d'Aï'
sace-Lorraine de suspendre toute mesure
d'adoucissement apportée jusqu'ici au
régime des passeports. Il prescrit le re-
tour au régime de rigueur. La population
est désolée.
Dep~c~ts c!e « ~'A~eMce Havas ))
Berlin, 27 février.
Le .MbMtteMr de !mj:)tt'e annonce que 14
chancelier a. chargé le statthalter d'Aisace-
Lorraine de n'accorder, jusqu'à nouvel or-
dre, aucun adoucissement au système des
passeports appliqué actuellement, et dena
pas étendre les facilités de communications
dont jouissent, conformément & la réglemen.
tation en vigueur, les communes françaises
situées prés de la frontière.
('Dc Mo~re co'~spOK~Mt pa)'<:CM!t'e~
BerUn, 37 février, 6 h. 95 soir.
C'est par ordre iormel de l'Empereur
que le chancelier de Caprivi a. télégraphi'
au prince de Hohenlohe d'en revenir au
régime de rigueur en ce qui concerne
l'Alsace-Lorraine.
A présent que l'impératrice Frédéric a
quitté le territoire français, Guillaume H
paraît vouloir dissimuler peu ses senti<
ments.
Depuis vingt-quatre heures on est en<
tré dans une phase nouvelle, en ce qui
concerne les relations entre la France et
l'Allemagne. Je ne peux pas vous télégra-
phier tous les bruits qui courent, mais je
puis vous déclarer que l'impression, dans
les cercles diplomatiques et politiques,
est fâcheuse.
B.
i'Hf? ï !i' MTMf
utiM LM fMuMM
Hier, ~.pres midi, quelques artistes se
sont réunis chez M. Détaille, où ils ont
échangé assez longuement leurs impres-
sions.
Le comité primitivement désigné s'é-
tant trouvé virtuellement dissous à la
suite des désistements signiâés, ces jours
derniers, aucune décision ne pouvait etra
prise et la liberté de chacun a été réser-
vée.
Toutefois, nous pouvons citer M. Bou-
guereau, M. Robert-Fleury, M. de Vuille-
froy parmi les peintres présents chez M.
Detaille, comme ayant insisté sur la né-
cessité de reconnaître ce principe de la
liberté laissée à chacun. Ce qui, a été con<
venu.
**t
Nous avions mentionne hier, en der-
nière heure, le bruit d'après lequel Mme
Madeleine Lemaire conformerait son atti-
tude à celle que prendraient MM. Bonnat.
Bouguereau, etc.
Il était de notre devoir strict d'aller
demander à l'éminente et aimable artiste
son sentiment.
M~ MADELEINE LEMA!RE
Au moment où nous rencontrons la
charmante artiste, elle surveillait l'em<
hallage de deux grandes aquarelles qu'elle
envoyait à l'exposition de Moscou. L'une
est un panier plein de branches de cerisier
avec des. cerises mûres l'autre, une
femme en robe de velours rouge bordée
de fourrure, qui interrompt sa lecture
pour suivre un rêve.
Nous interrompons son travail pour lui
demander ce qu'elle avait décidé relative*
ment à l'exposition de Berlin.
Tout me semble 6ai, nous a-t-ella
dit, et je le regrette vivement. On se retire
de droite et de gauche, et, moi: je dois bien
faire comme les autres, car je n'ai pas,
certes, l'intention de représenter seule la
peinture française à Berlin.
Cette exposition ne devait être qu'une
grande manifestation de l'art français
dans toutes ses branches.
J'avais consenti à y prendre part
comme les autres. Les autres se retirent,
et je ne puis que les suivre, ne voulant
pas me singulariser.
a Mais, croyez-le bien, je regrette vive"
ment de manquer à mon engagement,
d'autant plus que je garderai toujours
parmi mes meilleurs souvenirs la visite
que l'impératrice Frédéric a bienvouim
iaire à mon atelier. Elle m'a comblé d'at<
tentions délicates et m'a dit de ces choset
qui ne s'oublient jamais. <
? Malheureusement, la politique s'est
fourrée là où elle ne devait pas entrer. On
avait cru, et avec raison, jusqu'à présent
que l'art devait vivre dans les régions su<
perleures. H parant qu'il ne doit pas en
être ainsi.
M Voici le tableau que je destinais 1
l'exposition de Berlin et qui, probable-
ment, paraîtra au Salon de Stuttgart, ot
j'ai une place qui l'attend.
? Voilà encore une curieu&e histoi'
t H X aum BMïseavu'on, le baron Wo.'S,
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