Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1889-01-11
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 janvier 1889 11 janvier 1889
Description : 1889/01/11 (Numéro 2328). 1889/01/11 (Numéro 2328).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k526745k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2008
Vendredi 11 Janvier 1889
Paris :1S centimes– Départements et Gares Ss© intimes
23e Année. 3* Série N° 2328
ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
©, bonlevacd des Italiens, 0
ABONNEMENTS
Paris Départements
Un mois: 5 fr. Un mois. 8 fr.
Trois mois. 13 50 Trois mois. 16 fr,
six, mois 27 fr. Six 32 fr.
~tn an. 54 fr. -Un an. ~fr.
Etranger
Trois mois (Union postale) 18 fc, ..•
ARTHUR MEYER
Directeur'
ADMINISTRATION-.
P't Soulsïard des lt~aîicggà_î~-Âf'
ABONNEMENTS, PjETl'TKS* ANNONCES
ô, boulevard cfeà*" italiens, 9
& /̃annonces
J&Mi 6ir. lagbangë, cerf & o
̃ 6, PLACE DE LA. BOURSE, 6
.••̃ Et à l'administration <%u Journal
V /SOMMAIRE
L'unification des retraites.
Un appel aux catholiques.
Xj' c Armée >, poésie.
Journaux de ce matin.
.Nécrologie.•
VIE MONDAINE
Je viens de lire les Souvenirs de Mme
Càrètte sur la Cour des Tuileries au
temps du second Empire. Curieux petit
livre, incomplet, sans doute, et plein d'at-
ténuations, mais riche de menus faits
suggestifs, d'impressions familières, d'in-
dications qui donnent à penser. Il y a tou-
jours intérêt et plaisir à évoquer les âges
disparus, à réveiller, en leurs milieux
déjà presque effacés, les physionomies lé-
gendaires. Que ce mémorial attendri de
gaietés anciennes nous soit une occasion
de noter ici, en quelques traits, la diflé-
rence entre les salons d'avant et d'après
la Révolution. Les mœurs et les coutumes
de la bonne société se transforment in-
cessamment avec le caractère des épo-
ques. Plus nous allons, plus nous appa-
raissons différents de ce qu'étaient nos
pères, et leurs élégances mêmes, que nous
essayons de faire revivre, prennent, chez
nous, un tel tour, qu'ils ne les reconnaî-
traient pas.
Le siècle de Louis XV et de Louis XVI
avait été l'âge d'or de la vie de salon vie
facile et rayonnante, charmante, mais fac-
tice, possible seulement pour la classe
privilégiée, et faisant éclore et s'épanouir
pêle-mêle les raffinements, les "délicates-
ses, les subtilités, les grâces maniérées,
les préjugés agréables, les vertus accommo-
dantes et les vices accommodés. La grande
vie mondaine, à la façon des aïeux, sup-
pose l'absolu loisir, la fortune, une culture
d'esprit perfectionnée par la causerie in-
interrompue, l'absence de toute préoccu-
pation étrangère aux idées du monde. On
ne se représente pas des hommes de tra-
vail menant les longues et savantes cam-
pagnes amoureuses des personnages de
Marivaux et de Crébillon fils. C'est pour-
quoi, ce qu'on appelle un « salon » est
une institution d'essence monarchique,
un centre éminemment patricien, où la
noblesse donne le ton et fait la loi, et où
le bourgeois n'est admis que décrassé
par la renommée ou par l'argent, ou à ti-
tre d'amuseur, s'il a quelque talent d'ar-
tiste. Par suite, à mesure que la société
s'embourgeoise, l'éclat de la vie de sa-
lon s'amoindrit et, du jour où la Révolu-
tion a supprimé les privilèges, on peut
dire que la vieille organisation mondaine
&'est trouvée ruinée.
C'est fini du coquetage et du caquetage
par • principe, des galanteries par dé-
monstration et de la philosophie de para-
vent. On a des soucis graves il faut con-
quérir sa place au soleil les intelligences
s'assombrissent et s'inquiètent les fri-
volités ne suffisent plus à..remplir toute
l'existence. Sous le Directoire, la détente
de la Terreur amène bien des folies
mais, gardez de vous y tromper, les tra-
ditions de jadis ne sont nullement en
passe de se restaurer. Nos écervelés sont
plus vicieux que spirituels, plus curieux
que sincères, plus excentriques qu'épris
de fantaisie. Je vois que l'on prodigue les
fêtes en ce temps-là, que les violons n'ont
point de répit, que les femmes se parent
à outrance, que l'on chante, que l'on
danse, que l'on rit aux éclats, que tout
Paris est livré à ses nerfs; je ne vois
point du tout qu'il s'établisse un courant
régulier de vie élégante. Donner des têtes
n'est pas le moins du monde avoir un sa-
lon. Il y a une vie de plaisirs surexcitants
sous let)irectoire il n'y a pas, à propre-
ment parler, de vie de salon.
Voici, cependant, que Napoléon est
monté sur le trône. Son rêve s'élargit sans
cesse et s'étend à tout, démesurément.
Pourquoi ne reconstituerait-il pas la
grande société, telle qu'elle pouvait être
aux plus magnifiques jours du passé ? q
Pourquoi, surtout, n'aurait-il pas une cour
digne des cours anciennes ? Tout un plan
s'élabore, dans sa pensée, pour la pleine
reconstitution du patriciat et des hautes
élégances. Justement, une jeune beauté
met les têtes à l'envers, et le grand César
lui-même en a subi le charme. C'est Mme
Récamier. Nulle part, on ne la voit sans
un cortège d'admirateurs et d'adorateurs.
Personne ne s'entend comme elle à prési-
der une réunion choisie, à diriger galam-
ment la conversation. Y a-t-il une femme
mieux désignée pour être attachée au pa-
lais ?. Mais quoi 1 Mme Récamier n'a
point de goût pour la Cour. Le souverain
s'obstine auprès d'elle avec cette brutalité
de parvenu dont il n'a jamais pu se dé-
faire, et, finalement, il envoie la belle des
belles en exil. Quedis-je ? dans l'exil même
il s'ingénie à la persécuter, la rendant
comme responsable de la médiocrité des
salons sous son règne. Mais la persécution
n'a jamais avancé à rien.
Sur ces entrefaites, un fracas d'écrou-
lement formidable a tout ébranlé l'Em-
pire est tombé dans le tumulte des batail-
les Que devient Mme Récamier ? Elle
rentre à Paris tout de suite et s'y voit ac-
cueillie en reine. Ses ressources sont pe-
tites. Eh! que fait cela? Ce n'est pas le
faste qu'on vient chercher dans son sa-
lon c'est de l'éclat de ses yeux qu'on
veut se ravir, et de son beau sourire qu'on
se veut enivrer. Rendons-lui visite, sur le
soir de sa vie, à l'Abbaye-au-Bois. Etroit
salon carrelé, aux meubles lourds et pres-
que laids, mais plein de visiteurs subju-
gués. Quel est ce grand*vieillard, dans ce
fauteuil, à droite de la cheminée, un chat
sur les genoux, ou tourmentant le cordon
de la sonnette ? C'est Chateaubriand.
Ballanche est devant lui, sur un siège
bas, et, plus loin, tout près d'une table, je e
reconnais Lenormand, lecteur habile, qui
va lire à haute voix quelques pages
des fameux Mémoires d'outre-tombe.
Mme Récamier se détache, fine et parfois
lieuse, telle qu'une claire figure sur un
fond noir, sur la solennité de cet ennui.
Le jour, les volets sont demi-clos le soir,
les lampes versent une lumière tamisée
par des globes dépolis on se croirait dans
un sanctuaire. Pour tout divertissement
on cause de littérature et de politique, on
juge les ouvrages nouveaux, on est tout
oreille aux paroles hautaines, éloquentes,
souvent amères, de Chateaubriand. Voilà
vraiment une forme de salon que nos pè-
res n'avaient pas prévue. Qu'elles sont
loin, bon Dieu les causeries étincelan-
tes et légères, les coquetteries toujours
en haleine et les grandes affaires des peti-
tes amours! Ce n'est ici que réunions
d'hommes préoccupés, occupés, qui n'o-
sent même plus se divertir..
Je laisse de côte le monde brillant et
bruyant, mais assurément paradoxal
d'allures et dépourvu de calme, que nous
.retrace Mme Carette. Il est évident qu'un
homme d'autrefois n'eût point trouvé d'un
goût sans 'reproche le caprice du comte
laynald de Choiseul, venant au bal mas-
qué des Tuileries travesti en femme ou
celui du marquis de G. s'enfermant
dans un mirliton gigantesque. Seule-
ment, à quoi bçtn récriminer? Les salons
du second Empire avaient bien des quali-
tés, au fond. On y conservait encore le
sens de la mondanité. Franchement, c'est
bien quelque chose. Voyez plutôt, pour la
comparaison, les spectacles que nous
avons sous les yeux. @
Nous avons, aujourd'hui, mille et un
salons salons aristocratiques? salons poli-
tiques, salons académiques, salons exoti-
ques, salons artistiques, sillons littéraires,
salons panachés, salons d'affaires, salons
bohèmes. Mais combien de vrais salons
compterions-nous, dans ce nombre, au sens
classique du mot ? Notre démocratie as-
pire aux élégances, et, dans les élégances
mêmes, elle cherche son utilité. La fleur
éclatante et capiteuse de la sociabilité ar-
rive difficilement à s'épanouir en l'état
social où jious sommes. Songez que la
lutte pour l'existence nous partage, non
pas en catégories, mais en petits groupes
opposés d'intérêts et, par conséquent, de
visées. Entre gens d'éducation, d'objectif,
de convenances et de désirs contradictoi-
res, les syllabes ont beau sonner pa-
reillement, le sens des mots n'est pas le
même. Point de sous-entendu possible
sans malentendu; donc, nulle agréable
causerie à espérer.
Quoique l'impulsion de l'argent ait rai-
son de bien des choses, si riche qu'on
soit, on ne s'improvise pas à commande-
ment un centre de relations enviables. Il
faut du temps et du tact à se les choisir,
et, à se les attacher, de l'affectuosité et de
la grâce. Jadis on tenait son salon de sa
naissance, on l'avait reçu dans son patri-
moine, on le léguait à ses enfants. De nos
jours, le parvenu se trompe aisément aux
apparences. Une chandelle s'allume vingt
papillons accourent. «J'ai un salon, » se dit
le naïf millionnaire. Eh non, vous n'a-
vez qu'un vol de papillons autour d'une
lampe électrique.
Tout d'abord, écartons les salons du
faubourg Saint-Germain. Des salons des
artistes et des écrivains en renom, ren-
dez-vous hebdomadaire de camarades, de
disciples et d'amis, nous n'avons pas non
plus grand'chose à dire. L'hospitalité y
est cordiale, somme toute, et relativement
intime; mais ces réunions n'ont rien à
démêler avec ce qu'on nomme le monde.
Il y a aussi des libraires, des marchands
de statuettes, des éditeurs d'estampes, des
spéculateurs en peinture, qui reçoivent
afin d'éblouir leur clientèle et d'arrondir
leur mince personnalité.
Milieux flottants où se coudoient des
collectionneurs, des curieux, des ingénus,
des bourgeois frottés d'art, et la tourbe
des courtisans du succès, des quéman-
deurs de miettes, des évaporées françai-
ses ou étrangères à la poursuite d'un
mari, des inclassés et des inclassables de
belle tenue. C'est, du reste, le personnel
ordinaire de Tentre-monde exotico-artiste
parisien et aussi des salons improvisés
par les enrichis d'hier. On observe, en
ces maisons, des façons exquises. J'en
sais une où, l'autre hiver, on imagina de
faire souper séparément les jeunes gens
et les gens mariés. Les jeunes gens se
battirent au dessert, à coups de petits-
tours. 0 chers Parisiens, comme nous
avons le droit d'être fiers
-Mais le vrai salon du dix-neuvième
siècle, le salon typique, le salon des ap-
pétits vivants et des vanités débridées, le
salon qui mérite de nous amuser par
excellence, c'est le salon politique et lit-
téraire, tel que le parlementarisme l'a
constitué. Lorsque M; Pailleron en risqua
le tableau dans sa comédie railleuse le
Monde où l'on s'ennuie, les moins avi-
sés se mirent en joie. Cependant, l'auteur
n'avait pas tout dit.
Il existe à Paris une demi-douzaine, au
moins, de ces officines de tripotage, sous le
patronage de groupes plus ou moins aca-
démiques ou parlementaires. Qui les gou-
verne ? Des femmes. Il n'y a pas de sa-
lon sans femme. On se dénombre, on
s'agrée, on règle, en grand ou petit comité,
les choses publiques. Sommes-nous d'ac-
cord ? En avant les brigues Poussons nos
protégés! Etablissons notre crédit. C'est
admirable. Ce le serait davantage encore
si toute coterie ne se démodait vite. Une
coterie chasse l'autre.
Et, pendant ce temps, le véritable grand
monde tend à vivre à l'écart.
Ce qui sô passe
LA POLITIQUE
On voit sur tous les murs de Paris une
affiche ainsi conçue
JACQUES
Pas de Sedan? t
Malgré tout notre désir de ne pas nous
départir de la courtoisie à l'égard de nos
adversaires, nous ne pouvons pourtant
pas garder le silence sur cette manœuvre
elle est inqualifiable.
Si nous entrons dans cette voie, quand
un bonapartiste se présentera aux élec-
tions, on lui jettera à la figure Waterloo
à un monarchiste, Rosbach à un répu-
blicain, la capitulation de Paris. Que pen-
seriez-vous si le général Boulanger met-
tait demain sur une affiche Pas de Ton-
Un
Il y a quelque temps, comme nous fai-
sions remarquer que M. Floquet n'était
pas en .« bonne posture » pour conclure
des alliances, M. Charles Laurent, notre
distingué confrère de Paris, nous cria:
« Ne faites pas intervenir l'étranger dans
nos affaires !» »
En rappelant cette date douloureuse de
Sedan, enpoussantlespartfsdanscette voie
d'injures historiques, M. Jacques donne
un exemple déplorable. Si nous le sui-
vions sur1 ce terrain, nos enfants appren-
draient à lire en épelant sur nos murs
nos défaillances et nos défaites de la pa-
trie française, ils ne sauraient que les
douleurs et les hontes, Respectons notre
patrie, respectons-la même, en combat-
tant nos adversaires. A. M.
FOURCAUD
ÉCHOS POLITIQUES
C'est seulement demain, dans une ré-
union des groupes de la droite, que sera
fixé le jour et le moment du dépôt d'un
projet de résolution préparé par M. Gelli-
bert des Seguins et plusieurs de ses co.l-
lègues, et qui est ainsi conçu
« Le gouvernement est invité à deman-
der à M. le président de la république la
dissolution de la Chambre, pour procéder,
dans le plus bref délai possible, à de nou-
velles élections. »
Demain, le groupe de l'Union des droi-
tes nommera son bureau pour 1889.
M. le général Montaudon, le nouvel
élu de la Somme, a pris possession de son
siège, hier, à la Chambre.
Il s'est fait présenter à ses collègues de
la droite..
ÉCHOS DI PARIS
Hier soir a eu lieu, à l'Elysée, le dîner
offert par le président de la république au
corps diplomatique. M. et Mme Floquet
et M. et Mme Goblet étaient aussi au
nombre des convives.
Le comte de Münster, ambassadeur
d'Allemagne, se trouvant indisposé, s'é-
tait fait excuser, ainsi que le comte de
Moltke, ministre de Danemark, qui est en
deuil.
Mme Carnot avait à sa droite le nonce
apostolique et à sa gauche l'ambassadeur
de Turquie; M. Carnot avait à sa droite
la marquise de Valdora et à sa gauche la
comtesse Hoyos.
Reconnu parmi les dames lady Lyt-
ton, comtesse Marie de Münster, Mme
Leon y Castillo, baronne Beyens, Mmes
Diaz, NazaivAgha, Lardy, etc. Après le
dîner, réception ouverte.
Les prises de distribution d'eau du ca-
nal de l'Ourcq ont été fermées, il y a deux
jours, dans les quartiers alimentés par
elles, à cause des travaux de réfection de
la berge.
Cet incident n'avait pas permis, depuis
deux jours, de faire, à Paris, sa toilette
quotidienne, car l'eau de l'Ourcq, quoique
vaseuse, est employée au lavage de la
Ville.
Heureusement pour les Parisiens, la
pluie est tombée, hier, en abondance, et
l'eau du ciel a avantageusement remplacé
celle exécrable que le canal nous fournit
d'ordinaire.
A quelque chose, malheur est bon 1
Nos lecteurs savent que, malgré l'expo-
sition internationale de peinture, la So-
ciété des artistes français a pu obtenir de
l'Etat son local habituel, c'est-à-dire le pa-
lais de l'Industrie, pour y ouvrir le Salon.
Seulement, le ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts ayant besoin
du hall pour la cérémonie de la distribu-
tion des récompenses auxlauréats de l'Ex-
position universelle, l'administration a dû
imposer pour la clôtureune date fixe le 15
juin. Peut-être au dernier moment M. Al-
phand accordera-t-il au public cinq jours
de grâce, mais ceci est officieux. Officiel-
lement, la clôture est fixée au 15 juin et
l'ouverture au 1er mai et non au 5, comme
on l'a dit à tort, confondant l'ouverture du
Salon et l'ouverture de l'Exposition, qui
aura lieu à cette date.
On annonce la mort de Mme la comtesse
Harold de Moltke-Hvitfeldt, née Annie-
Mary Hutton, et sœur de la marquise de
Portes. Elle étaitdepuis de longues années
veuve d'unfrère duministre deDanemark.
Ses obsèques seront célébrées lundi 14,
au temple du Pentemont, rue de Grenelle.
Mlle Gutierrez de Estrada adonné, mer-
credi, une matinée très sélect comédies
jouées par de jeunes artistes, avec grand
succès. Une tombola pleine de ravissantes
surprises a clôturé cette joyeuse fête.
C'est par erreur que l'on a annoncé,
pour dimanche prochain, une réception
de Mme la comtesse de Kessler.
A ajouter aux noms des personnalités
qui assistaient, avant-hier soir, chez Voi-
sin, au dîner du syndicat de la presse
notre ami et collaborateur M. Hector Pes-
sard, et M. Rouy, le sympathique secré-
taire du syndicat de la presse parisienne.
ÉCHOS DE PROVINCE
Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et
Genève, en résidence à Fribourg, est en
ce moment à Cannes.
A Fribourg, le palais épiscopal ne pos-
sède pas de jardin le climat de cette ville
est, d'ailleurs, rude la santé de l'élo-
quent prélat est assez éprouvée, et il est
allé chercher, à Cannes, un ciel plus clé-
ment.
Au conseil des ministres qui était tenu
hier, M. Lockroy a appelé l'attention du
garde des sceaux sur la lettre pastorale de
l'évêque de Séez (Orne), lettre qui dé-
nonce l'enseignement laïque comme im-
moral.
Plusieurs de nos confrères ont annoncé
qu'il s'agissait de l'évêque de Sens.
Sens n'est pas un évêché, mais un ar-
chevêché.
ÉCHOS DE L'ÉTRANGER
De Londres
On a célébré hier, pour la première fois,
dans la crypte du mausolée de Farnbo-
rougli où ont été transportés les restes de
Napoléon III, le seizième anniversaire de
la mort de l'Empereur.
De nombreuses couronnes avaient été
envoyées de France et de différents points
de l'Angleterre.
L'Impératrice assistait à la cérémonie,
entourée d'amis nombreux et des servi-
teurs de sa maison.
De Bruxelles
Le mariage de la princesse Clémentine,
fille de S. M. le Roi, avec le prince de Na-
ples, peut-être considéré aujourd'hui
comme un fait officiel.
Voici, en effet, une nouvelle, destinée à
couper court à tous les commentaires qui
ont circulé à la suite de ce projet.
Nous pouvons affirmer, d'une façon cer-
taine, que le trousseau de la princesse
vient d'être commandé à une des plus im-
portantes maisons de lingerie de la capi-
tale belge.
Les fiançailles seront célébrées avant
peu de temps.
Une dépêche de Vienne annonce que
l'empereur d'Autriche vient de conférer
le titre de comte au baron de Hûbner.
Le baron de Hùbner est presque un Pari-
sien. Ambassadeur d'Autriche à Paris en
1859,c'est à lui que NapoléonlIIfit lasortie
que l'on sait contre l'Autriche, annonçant
ainsi la guerre d'Italie. Ce qu'on sait
moins, c'est que le baron de Hûbner con-
tribua puissamment, en 1867, à l'expédi-
tion française de Mentana. Napoléon III
tenait alors beaucoup à la visite de l'em-
pereur d'Autriche à l'Exposition.
Depuis longtemps, le baron de Hûbner
a pris sa retraite. Il a marié ses deux filles
en France et fait de longs séjours à Paris,
où il est membre de l' Union, et conserve
les sympathies de toute la société.
Ses voyages autour du monde sont au-
jourd'hui célèbres, et nous avons, dans ce
journal, fait l'éloge des ouvrages qu'il a
publiés au retour de ses- voyages, notam-
ment de ses études sur les. colonies de
l'Angleterre.
Une certaine résistance se produit, à la
Chambre des députés, à l'endroit du vote
des nouveaux crédits militaires.
C'est la conséquence de la lassitude que
l'on éprouve en Autriche-Hongrie des
charges imposées par la triple alliance.
La discussion sera tellement serrée à la
Diète hongroise que M. Tisza doit poser
la question de confiance.
Il y a deux années, notre collaborateur
J. Cornély, voyageant en Suisse, attira
l'attention de nos lecteurs sur la clinique
installée à Genève, d'après les données
scientifiques les plus modernes, par le
docteur Reverdin.
Nous apprenons avec le plus vif plaisir
que le docteur Auguste Reverdin vient
d'être nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur.
Cette distinction, le docteur Reverdin
la méritait, non seulement par ses titres
scientifiques, mais aussi par sa conduite
pendant la guerre de 1870, où il suivit
l'armée, française à la tête d'une ambu-
lance..
A travers les livres
Le Crime de la rue Marignqn, par
Flagy (un pseudonyme qui ne dissimulera
pas longtemps le nom véritable de l'écri-
vain), est un roman, du genre judiciaire.
Sobrement écrit, semé d'épisodes pittores-
ques et émouvants, il se distingue par un
très remarquable caractère de réalité vi-
vante et vraie. (Calmann Lévy, éditeur.)
Le bruit fait autour de la pièce Germi-
nie Lacerteux-, a remis en lumière le ro-
man des frères de Goncourt, dans lequel
l'héroïne est analysée avec plus de dé-
tails que le théâtre n'en peut comporter.
Le Rêve, d'Emile Zola, paraît dans la
Lecture à partir d'aujourd'hui.
NOUVELLES A LA MAIN
Chez un fabricant de monuments funè-
bres du cimetière Montparnasse.
Une cliente vient s'assurer qu'on s'oc-
cupe de sa commande et trouve le mar-
brier en deuil.
Eh! mon Dieu! vous avez donc
perdu un de vos parents ? demande-t-elle
d'un ton contrit.
Oui, madame, mon pauvre beau-père.
Nous avons eu beaucoup de peine. Vous
savez, on a beau être de la partie, cela fait
toujours quelque chose.
PETITE CHROJSIQUE
Parmi les derniers officiers d'Académie, nous
avons vu avec plaisir M* Huiard, le sympathique
administrateur de la Caisse des Familles, qui de-
puis cinq ans écrit des articles fort remarquables
sur lus questions à l'ordre du jour, de droit, d'épar-
gne, d'assurances, et s'est distingué par des fonda-
tions philanthropiques.
Ce soir, diner mensuel des secrétaires de ré-
daction des journaux parisiens.
BIAtilS fAlAIlïl
(Le comité de la rue Cadet a décidé que deux
de ses membres resteraient en permanence Les
deux semainiers choisis se promènent mélancoji-
quement devant la porte.)
PREMIER MEMBRE
Frère? 'f
DEUXIÈME MEMBRE
Qu'est-ce qu'il y a, mon vieux ?
PREMIER MEMBRE
Ne vois-tu rien venir ? 3
DEUXIÈME MEMBRE
Rien, et je m'ennuie considérablement.
Voici deux heures que je me promène de long
en large pour veiller au salut de la républi-
que, et je commence à me demander si c'est
bien nécessaire.
PREMIER MEMBRE
Pas de découragement/frère Nous sommes
ici pour empêcher le dictateur et ses acolytes
d'envahir subrepticement la salle du Congrès
et quant à moi, je ne faillirai pas à ce devoir
sacré.
DEUXIÈME MEMBRE.
Ttj aa raison. Veillons. Regarde à droite i
w
moi, je regarderai à gauche. {Arrive. un mon-
sieur qui porte toute sa barbe, laquelle est
blonde.) Attention, le voilà
PREMIER MEMBRE
Qui? `~
DEUXIÈME MEMBRE
Le dictateur. 11 vient envahir.
PREMIER MEMBRE
Défendons-nous jusqu'à la mort. {Le mon-
sieur passe devant la porte.)
DEUXIÈME membre, sautant à la gorge du
monsieur.
Vous ne passerez pas, général ̃̃
PREMIER MEMBRE
A bas la dictature A l'eau, Bonaparte
LE MONSIEUR
^Pardon, messieurs. Il y a erreur, je,, ne
m'appelle pas Bonaparte, je m'appelle Jo-
seph.
PREMIER MEMBRE
Tu n'aspires pas à la dictature? 3
LE MONSIEUR
Je n'aspire qu'à m'en aller. (Il s'échappe.)
iSeuxiëmë MEMBRE
Nous nous sommes trompés. (Passe un
autre monsieur, grand et mince.)
PREMIER MEMBRE
Cette fois-ci, j'en suis sûr. Voici Laguerre.
Le général l'envoie en reconnaissance: il n'a
pas osé venir en sachant que nous étions là.
{Il saute à la gorge du second monsieur.)
l'autre monsieur
Au secours
UN GARDIEN de "la. paix, accourant
Qu'est-ce que c'est que ce tapage? {Il sai-
sit les deux membres, de la rue Cadet, un
de chaque main.) Vous allez me suivre au
poste.
PREMIER MEMBRE
Je saurai mourir pour la république 1
DEUXIÈME MEMBRE
Moi, itou t
(Les. deux membres entonnent le chant des
Girondins.)
» ALFRED CÀPUS
LA
CONSULTATION NATIONALE
Le cri de ralliement lancé, par nos amis
éveille un écho auquel eux-mêmes ne
s'attendaient peut-être pas. Ce n'est plus
seulement sur la question de revision que
l'on veut une sorte de référendum popu-
laire, qui mette les Chambres au second
plan, mais sur tous le§ grands intérêts
sociaux.
Le mot de Cahiers de 1889 a été lancé
à l'occasion du centenaire de 1789, et il
fait son chemin. L'assemblée de Romans,
dont nous avons rendu compte à son
heure, n'est plus une manifestation à ca-
ractère purement local et commémoratif.
Elle trouve des imitateurs qui vont
bientôt nous en donner la reproduction
dans les provmces voisines, à Aix, à
Montpellier, à Lyon, à Besançon,. Et voilà
que, le mouvement gagnant de proche en
proche, on parle d'une agitation dans le
même sens à Reims, qui n'était pourtant
pas en « pays d'Etat » comme on se
plaît à redire après si longtemps, que tout
cela semblait à jamais disparu même du
souvenir.
Le Temps faisait remarquer, en annon-
çant la brochure de Mgr Freppel sur la
Révolution que, jusqu'ici, les catholiques
avaient seuls pris position vis-à-vis de
cette apothéose que le gouvernement s'é-
tait décernée, à l'occasion du centenaire
de 1789. Mais, d'après les renseignements
qui nous viennent des provinces que nous
venons de citer, et d'ailleurs encore, ce ne
sont pas seulement des écrits qui vont se
succéder en un tout autre sens que celui
désiré, mais des réunions qui vont se te-
nir, pour entendre des discours dans le
sens de celui que M. de Mun, le vaillant
député du Morbihan, a prononcé à Ro-
mans ce serait un -commencement de
réveil de la vie provinciale.
Or, si ce mouvement s'accentue encore,
il apportera sur l'échiquier politique une
pièce nouvelle, et il faudra modifier en
conséquence la marche de celles que nous
y croyions seules se mouvoir depuis le
commencement du siècle. Car il ne sor-
tira pas seulement un programme de ces
Cahiers de 89 en préparation et ceci
même serait déjà une nouveauté– aucun
parti politique, si ce n'est celui de la
Commune, n'en offrant plus guères.
Mais il pourrait bien naître à la suite
de ces assemblées provinciales certains
groupements permanents, pour rendre un
corps à cette idée de la province, effacée
depuis les événements de juin 1848, où
ce furent les ruraux qui étouffèrent à Pa-
ris la Révolution.
Dans les premières années suivantes,
les chefs du parti conservateur avaient
bien parlé de centralisation par ce qu'on
appelle le programme de Nancy, mais ils
avaient craint de lui donner cette base
historique, comme sentant trop l'ancien
régime.
D'ailleurs, la province avait alors, en
réalité, beaucoup moins de chances de re-
naître, comme'unité autonome, dans une
certaine mesure, qu'aujourd'hui, où le dé-
veloppement du réseau des chemins de fer
a diminué de beaucoup l'importance des
départements, et où ils ont une tendance
à se syndiquer par région d'intérêts com-
muns, tout comme les communes.
Il y a donc là tout un ensemble d'indi-
cations, d'autant plus que cette question
de la représentation provinciale se com-
plique, ou, si l'on en croit les initiateurs,
trouve sa forme pratique dans sa jonction
avec une autre question, celle de la repré-
sentation professionnelle.
Des chambres provinciales du com-
merce, de l'industrie, des métiers, de l'a-
griculture, correspondraient à des besoins
réels et seraient bien vues au moins dans
la classe moyenne où elles se formeraient.
Quant au peuple, il est moins séparé de
ces classes dans la province qu'à Paris, et
puis ses éléments, les plus gagnés au so-
cialisme, ont entendu sans déplaisir répé-
ter, à Romans, le mot d' « organisation du
quatrième Etat ».
Peut-être le gouvernement de la répu-
blique n'aura-t-il pas eu la main heureuse
en voulant cueillir de trop faciles lauriers
dans la légende révolutionnaire, s'il a
ainsi ouvert la porte à des évocations qui
ne la laisseraient plus se refermer sur
elles. En tout cas, leur apparition même
était bien inattendue, et ce qui va en ad-
venir mérite attention, parce que les hom-
mes disparaissent, mais les idées restent
et font leur chemin,
r: LE CENTENAIRE
UN DOMINO
Bloe-Notes Parisien
SAFPERY r
Quel est le sportsman qui ne connaissait
pas Saflery?
Saffery, le bookmaker célèbre, le maître du
turf français..
Le bruit de sa mort acâuru hier. Rassurons
bien vite ses amis Safffly est vivant; c'est sa
femme qui vient de s'éteindre à Londres. 1'
Blond, de petite taille, l'estomac bombé/
Saffery disait toujours, avec cet accent anglais
que son séjour en France pendant un quart de
siècle n'avait pu faire disparaître, ni même atté-
nuer
II n'y avait que moâ qui avais des pec-
toraux.
En 1862, Saffery, qui avait alors dix-huit
ans, arrivait à Paris, où, grâce à une lettre
chaude de recommandation, il entrait, aux ap-
pointements de cent francs par mois, dans un
magasin de nouveautés du faubourg Saint-
Honoré.
Homme de cheval, comme tous ses compa-
triotes, il vécut de pain et d'eau jusqu'au jour r
où il se vit à la tête d'une somme de cinq
cents francs.
Alors il quitta sa place de commis et alla in-
staller un piquet sur la pelouse. Sa nouvelle
profession lui rapporta en trois mois quinze
mille francs.
Quinze mille francs C'est le point d'appui
qui va lui permettre de soulever le monde.
Aussi, bouclant sa valise, il part avec quelques
bookmakers de ses amis pour Liverpool, où se
court le Grand Steeple, et d'où il compte bien
revenir à Paris après avoir quadruplé sa for-
tune.
Mais il avait compté sans le jeu, qui fut sa
passion dominante. w
Dans le train qui l'emmène à Calais, un de
ses amis lui propose une partie de piquet. Saf-
fery accepte et,lorsque le train s'arrêteà Calais.;
en face du paquebot qui doit le conduire à
Douvres, Saffery a perdu son dernier louis.
Il serre alors nerveusement la main de son
adversaire heureux et il s'apprête à piquer une
tête dans la Manche, lorsque quelqu'un lui
frappe sur l'épaule.
Ce quelqu'un est un autre de ses compa-
gnons de voyage, bookmaker comme lui.
Pas de bêtise, hein lui dit-il. X. vient
de vous gagner tout votre argent, tant pis; moi,
j'ai confiance en vous, et je vous prête sept
cent cinquante louis; vous me les rendrez
après le Grand Prix.
Saffery accepte naturellement.
Huit jours plus tard, son généreux créan-
cier était désintéressé et Saffery possédait de
nouveau quinze mille francs.
̃ De là, date sa chance inespérée qui ne se
démentit jamais.
En 1877, il possédait deux millions.
C'est à cette époque qu'il tînt à M. Edmond
Blanc le pari contre Klincsem qui fit du bruit
dans le monde du sport;
C'était aux courses de Deauville.
Saffery était sur la pelouse, flegmatique
comme à l'ordinaire, inscrivant sans émotion
les cotes qu'il offrait importantes ou non. On
allait courir le Grand Prix.
AI. Edmond Blanc vient au-devant de lui
A combien, lui dit-il, me donnez-vous
Kincsem ?
Si vous payez 3, répond froidement
Saffery, je vous en donne pour ce que vous vou-
lez.
J'en prends pour six mille louis, réplique
M. Edmond Blanc.
C'est fait, répond Saffery.
Le départ est donné et Klincsem, superbe
bête hongroise à M. Blascowitz, qui avait
couru trente-trois lois sans jamais avoir été
battue, part au petit trot, devancée par Fontai*
nebleau, à M. Lupin.
M. Edmond Blanc était ému; Saffery ne l'é-
tait pas.
Klincsem, la tête haute et comme dédai-
gnant ses concurrents qui semblaient prendre les
devants part tout à coup au galop et arrive
bonne première pour la trente-quatrième fois.
M. Edmond Blanc était dans le ravissement
Saffery, sans qu'un muscle de son visage
tressaillît, prit dans sa poche quatre liasses de
dix mille francs chacune et, les tendant à M.
Blanc:
J'ai perdu, lui dit-il en souriant; puis,
changeant de ton Décidément, ajouta-t-il,
Klincsem est une très bonne bête.
Et il s'occupa de ses autres parieurs.
Ce flegme ne surprendra personne, si l'on
considère que l'année suivante, dans les deux
semaines qui s'écoulèrent entre le Derby an-
glais, le Derby français, le Grand Prix de Pa-
ris et le Steeple-Chase d'Auteuil, Saffery fit, en
allées et venues, une différence de neuf mil-
lions de francs.
Jamais parieur n'eut à se plaindre de ses re-
lations avec lui. L'erreur était chose inconnue
chez Saffery; dont les sportsmen disaient una->
nimement
C'est un très honnête homme.
Hommage qui n'était pas banal, eu égard au
monde interlope qui tenait alors le book.
Saffery, aujourd'hui retiré en Angleterre,
était, à cette époque, un viveur mais il eut-
toujours le bon sens de se complaire dans son
milieu.
Comme tous ses congénères, il voulut tâter
aussi de l'écurie de courses; mais, ironie du
sort et peut-être juste retour des choses d'ici-
bas, il ne put arriver que rarement à toucher
une course.
Trop pratique pour lutter contre une maie-
chance évidente, Saffery vendit son écurie et
se contenta de son livre, qui lui donna, jusqu'à
ces dernières années, plus de cinq cent mille
francs par an.
Excellent cavalier, il était un assidu de l'al-
lée des Poteaux. Ses bêtes, fines et coquettes
qu'il claquait vite, du reste ont fait l'ad-
miration et souvent l'envie des promeneurs.
Depuis trois ans,Saffery vit en Angleterre,
dans un délicieux cottage aux environs de
Londres, passant des journées entières à table,
en tête-à-tête avec un panier de cliquot, qu'i'
vide jusqu'à la dernière goutte.
Quoique retiré du monde des affaires spor-
tives, il a voulu conserver deux ou trois
chevaux, qu'il envoie de temps à autre sur
nos hippodromes.
Son dernier cheval qui ait gagné est Casse-
Noisette, qui courut, le 6 novembre dernier, ?_
Saint-Ouen, le prix de Montreuil.
En apprenant cette nouvelle, Saffery télégra-
phia à son entraîneur, Tom Barker, d'offrir,
pour lui, trois bouteilles de Champagne à
Casse-Noisette mais, pour trinquer de loin
avec son cheval, Saffery but, ce jour-là, quatre
bouteilles de champagne de plus
TOUT-PARI3
lj Portas le Pi
CHEZ W.XAVIER DE fflOKTÉPIN
Quel est cet homme, superbe dans si
virilité, imposant dans son athlétique car-
rure, et dont le mâle et ûer visage évoque
le souvenir de quelque personnage de Sal-
vator Rosa? o
Approchez, messeigneurs, et saluez.
S. M. Xavier de Montépin, roi du feuil-
leton, grand-brahma et créateur d'une lé-
gion de héros chimériques qui ont pas-
sionné les foules et fait pleurer une quan-
tité innombrable d'yeux féminins, l'auteur,
enfin, de cette Porteuse de pain que les
affolés du drame applaudiront ce soir à m
l'Ambigu. ,ffi
Son nom résonne comme une claironnée
Paris :1S centimes– Départements et Gares Ss© intimes
23e Année. 3* Série N° 2328
ARTHUR MEYER
Directeur
RÉDACTION
©, bonlevacd des Italiens, 0
ABONNEMENTS
Paris Départements
Un mois: 5 fr. Un mois. 8 fr.
Trois mois. 13 50 Trois mois. 16 fr,
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~tn an. 54 fr. -Un an. ~fr.
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ARTHUR MEYER
Directeur'
ADMINISTRATION-.
P't Soulsïard des lt~aîicggà_î~-Âf'
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ô, boulevard cfeà*" italiens, 9
& /̃annonces
J&Mi 6ir. lagbangë, cerf & o
̃ 6, PLACE DE LA. BOURSE, 6
.••̃ Et à l'administration <%u Journal
V /SOMMAIRE
L'unification des retraites.
Un appel aux catholiques.
Xj' c Armée >, poésie.
Journaux de ce matin.
.Nécrologie.•
VIE MONDAINE
Je viens de lire les Souvenirs de Mme
Càrètte sur la Cour des Tuileries au
temps du second Empire. Curieux petit
livre, incomplet, sans doute, et plein d'at-
ténuations, mais riche de menus faits
suggestifs, d'impressions familières, d'in-
dications qui donnent à penser. Il y a tou-
jours intérêt et plaisir à évoquer les âges
disparus, à réveiller, en leurs milieux
déjà presque effacés, les physionomies lé-
gendaires. Que ce mémorial attendri de
gaietés anciennes nous soit une occasion
de noter ici, en quelques traits, la diflé-
rence entre les salons d'avant et d'après
la Révolution. Les mœurs et les coutumes
de la bonne société se transforment in-
cessamment avec le caractère des épo-
ques. Plus nous allons, plus nous appa-
raissons différents de ce qu'étaient nos
pères, et leurs élégances mêmes, que nous
essayons de faire revivre, prennent, chez
nous, un tel tour, qu'ils ne les reconnaî-
traient pas.
Le siècle de Louis XV et de Louis XVI
avait été l'âge d'or de la vie de salon vie
facile et rayonnante, charmante, mais fac-
tice, possible seulement pour la classe
privilégiée, et faisant éclore et s'épanouir
pêle-mêle les raffinements, les "délicates-
ses, les subtilités, les grâces maniérées,
les préjugés agréables, les vertus accommo-
dantes et les vices accommodés. La grande
vie mondaine, à la façon des aïeux, sup-
pose l'absolu loisir, la fortune, une culture
d'esprit perfectionnée par la causerie in-
interrompue, l'absence de toute préoccu-
pation étrangère aux idées du monde. On
ne se représente pas des hommes de tra-
vail menant les longues et savantes cam-
pagnes amoureuses des personnages de
Marivaux et de Crébillon fils. C'est pour-
quoi, ce qu'on appelle un « salon » est
une institution d'essence monarchique,
un centre éminemment patricien, où la
noblesse donne le ton et fait la loi, et où
le bourgeois n'est admis que décrassé
par la renommée ou par l'argent, ou à ti-
tre d'amuseur, s'il a quelque talent d'ar-
tiste. Par suite, à mesure que la société
s'embourgeoise, l'éclat de la vie de sa-
lon s'amoindrit et, du jour où la Révolu-
tion a supprimé les privilèges, on peut
dire que la vieille organisation mondaine
&'est trouvée ruinée.
C'est fini du coquetage et du caquetage
par • principe, des galanteries par dé-
monstration et de la philosophie de para-
vent. On a des soucis graves il faut con-
quérir sa place au soleil les intelligences
s'assombrissent et s'inquiètent les fri-
volités ne suffisent plus à..remplir toute
l'existence. Sous le Directoire, la détente
de la Terreur amène bien des folies
mais, gardez de vous y tromper, les tra-
ditions de jadis ne sont nullement en
passe de se restaurer. Nos écervelés sont
plus vicieux que spirituels, plus curieux
que sincères, plus excentriques qu'épris
de fantaisie. Je vois que l'on prodigue les
fêtes en ce temps-là, que les violons n'ont
point de répit, que les femmes se parent
à outrance, que l'on chante, que l'on
danse, que l'on rit aux éclats, que tout
Paris est livré à ses nerfs; je ne vois
point du tout qu'il s'établisse un courant
régulier de vie élégante. Donner des têtes
n'est pas le moins du monde avoir un sa-
lon. Il y a une vie de plaisirs surexcitants
sous let)irectoire il n'y a pas, à propre-
ment parler, de vie de salon.
Voici, cependant, que Napoléon est
monté sur le trône. Son rêve s'élargit sans
cesse et s'étend à tout, démesurément.
Pourquoi ne reconstituerait-il pas la
grande société, telle qu'elle pouvait être
aux plus magnifiques jours du passé ? q
Pourquoi, surtout, n'aurait-il pas une cour
digne des cours anciennes ? Tout un plan
s'élabore, dans sa pensée, pour la pleine
reconstitution du patriciat et des hautes
élégances. Justement, une jeune beauté
met les têtes à l'envers, et le grand César
lui-même en a subi le charme. C'est Mme
Récamier. Nulle part, on ne la voit sans
un cortège d'admirateurs et d'adorateurs.
Personne ne s'entend comme elle à prési-
der une réunion choisie, à diriger galam-
ment la conversation. Y a-t-il une femme
mieux désignée pour être attachée au pa-
lais ?. Mais quoi 1 Mme Récamier n'a
point de goût pour la Cour. Le souverain
s'obstine auprès d'elle avec cette brutalité
de parvenu dont il n'a jamais pu se dé-
faire, et, finalement, il envoie la belle des
belles en exil. Quedis-je ? dans l'exil même
il s'ingénie à la persécuter, la rendant
comme responsable de la médiocrité des
salons sous son règne. Mais la persécution
n'a jamais avancé à rien.
Sur ces entrefaites, un fracas d'écrou-
lement formidable a tout ébranlé l'Em-
pire est tombé dans le tumulte des batail-
les Que devient Mme Récamier ? Elle
rentre à Paris tout de suite et s'y voit ac-
cueillie en reine. Ses ressources sont pe-
tites. Eh! que fait cela? Ce n'est pas le
faste qu'on vient chercher dans son sa-
lon c'est de l'éclat de ses yeux qu'on
veut se ravir, et de son beau sourire qu'on
se veut enivrer. Rendons-lui visite, sur le
soir de sa vie, à l'Abbaye-au-Bois. Etroit
salon carrelé, aux meubles lourds et pres-
que laids, mais plein de visiteurs subju-
gués. Quel est ce grand*vieillard, dans ce
fauteuil, à droite de la cheminée, un chat
sur les genoux, ou tourmentant le cordon
de la sonnette ? C'est Chateaubriand.
Ballanche est devant lui, sur un siège
bas, et, plus loin, tout près d'une table, je e
reconnais Lenormand, lecteur habile, qui
va lire à haute voix quelques pages
des fameux Mémoires d'outre-tombe.
Mme Récamier se détache, fine et parfois
lieuse, telle qu'une claire figure sur un
fond noir, sur la solennité de cet ennui.
Le jour, les volets sont demi-clos le soir,
les lampes versent une lumière tamisée
par des globes dépolis on se croirait dans
un sanctuaire. Pour tout divertissement
on cause de littérature et de politique, on
juge les ouvrages nouveaux, on est tout
oreille aux paroles hautaines, éloquentes,
souvent amères, de Chateaubriand. Voilà
vraiment une forme de salon que nos pè-
res n'avaient pas prévue. Qu'elles sont
loin, bon Dieu les causeries étincelan-
tes et légères, les coquetteries toujours
en haleine et les grandes affaires des peti-
tes amours! Ce n'est ici que réunions
d'hommes préoccupés, occupés, qui n'o-
sent même plus se divertir..
Je laisse de côte le monde brillant et
bruyant, mais assurément paradoxal
d'allures et dépourvu de calme, que nous
.retrace Mme Carette. Il est évident qu'un
homme d'autrefois n'eût point trouvé d'un
goût sans 'reproche le caprice du comte
laynald de Choiseul, venant au bal mas-
qué des Tuileries travesti en femme ou
celui du marquis de G. s'enfermant
dans un mirliton gigantesque. Seule-
ment, à quoi bçtn récriminer? Les salons
du second Empire avaient bien des quali-
tés, au fond. On y conservait encore le
sens de la mondanité. Franchement, c'est
bien quelque chose. Voyez plutôt, pour la
comparaison, les spectacles que nous
avons sous les yeux. @
Nous avons, aujourd'hui, mille et un
salons salons aristocratiques? salons poli-
tiques, salons académiques, salons exoti-
ques, salons artistiques, sillons littéraires,
salons panachés, salons d'affaires, salons
bohèmes. Mais combien de vrais salons
compterions-nous, dans ce nombre, au sens
classique du mot ? Notre démocratie as-
pire aux élégances, et, dans les élégances
mêmes, elle cherche son utilité. La fleur
éclatante et capiteuse de la sociabilité ar-
rive difficilement à s'épanouir en l'état
social où jious sommes. Songez que la
lutte pour l'existence nous partage, non
pas en catégories, mais en petits groupes
opposés d'intérêts et, par conséquent, de
visées. Entre gens d'éducation, d'objectif,
de convenances et de désirs contradictoi-
res, les syllabes ont beau sonner pa-
reillement, le sens des mots n'est pas le
même. Point de sous-entendu possible
sans malentendu; donc, nulle agréable
causerie à espérer.
Quoique l'impulsion de l'argent ait rai-
son de bien des choses, si riche qu'on
soit, on ne s'improvise pas à commande-
ment un centre de relations enviables. Il
faut du temps et du tact à se les choisir,
et, à se les attacher, de l'affectuosité et de
la grâce. Jadis on tenait son salon de sa
naissance, on l'avait reçu dans son patri-
moine, on le léguait à ses enfants. De nos
jours, le parvenu se trompe aisément aux
apparences. Une chandelle s'allume vingt
papillons accourent. «J'ai un salon, » se dit
le naïf millionnaire. Eh non, vous n'a-
vez qu'un vol de papillons autour d'une
lampe électrique.
Tout d'abord, écartons les salons du
faubourg Saint-Germain. Des salons des
artistes et des écrivains en renom, ren-
dez-vous hebdomadaire de camarades, de
disciples et d'amis, nous n'avons pas non
plus grand'chose à dire. L'hospitalité y
est cordiale, somme toute, et relativement
intime; mais ces réunions n'ont rien à
démêler avec ce qu'on nomme le monde.
Il y a aussi des libraires, des marchands
de statuettes, des éditeurs d'estampes, des
spéculateurs en peinture, qui reçoivent
afin d'éblouir leur clientèle et d'arrondir
leur mince personnalité.
Milieux flottants où se coudoient des
collectionneurs, des curieux, des ingénus,
des bourgeois frottés d'art, et la tourbe
des courtisans du succès, des quéman-
deurs de miettes, des évaporées françai-
ses ou étrangères à la poursuite d'un
mari, des inclassés et des inclassables de
belle tenue. C'est, du reste, le personnel
ordinaire de Tentre-monde exotico-artiste
parisien et aussi des salons improvisés
par les enrichis d'hier. On observe, en
ces maisons, des façons exquises. J'en
sais une où, l'autre hiver, on imagina de
faire souper séparément les jeunes gens
et les gens mariés. Les jeunes gens se
battirent au dessert, à coups de petits-
tours. 0 chers Parisiens, comme nous
avons le droit d'être fiers
-Mais le vrai salon du dix-neuvième
siècle, le salon typique, le salon des ap-
pétits vivants et des vanités débridées, le
salon qui mérite de nous amuser par
excellence, c'est le salon politique et lit-
téraire, tel que le parlementarisme l'a
constitué. Lorsque M; Pailleron en risqua
le tableau dans sa comédie railleuse le
Monde où l'on s'ennuie, les moins avi-
sés se mirent en joie. Cependant, l'auteur
n'avait pas tout dit.
Il existe à Paris une demi-douzaine, au
moins, de ces officines de tripotage, sous le
patronage de groupes plus ou moins aca-
démiques ou parlementaires. Qui les gou-
verne ? Des femmes. Il n'y a pas de sa-
lon sans femme. On se dénombre, on
s'agrée, on règle, en grand ou petit comité,
les choses publiques. Sommes-nous d'ac-
cord ? En avant les brigues Poussons nos
protégés! Etablissons notre crédit. C'est
admirable. Ce le serait davantage encore
si toute coterie ne se démodait vite. Une
coterie chasse l'autre.
Et, pendant ce temps, le véritable grand
monde tend à vivre à l'écart.
Ce qui sô passe
LA POLITIQUE
On voit sur tous les murs de Paris une
affiche ainsi conçue
JACQUES
Pas de Sedan? t
Malgré tout notre désir de ne pas nous
départir de la courtoisie à l'égard de nos
adversaires, nous ne pouvons pourtant
pas garder le silence sur cette manœuvre
elle est inqualifiable.
Si nous entrons dans cette voie, quand
un bonapartiste se présentera aux élec-
tions, on lui jettera à la figure Waterloo
à un monarchiste, Rosbach à un répu-
blicain, la capitulation de Paris. Que pen-
seriez-vous si le général Boulanger met-
tait demain sur une affiche Pas de Ton-
Un
Il y a quelque temps, comme nous fai-
sions remarquer que M. Floquet n'était
pas en .« bonne posture » pour conclure
des alliances, M. Charles Laurent, notre
distingué confrère de Paris, nous cria:
« Ne faites pas intervenir l'étranger dans
nos affaires !» »
En rappelant cette date douloureuse de
Sedan, enpoussantlespartfsdanscette voie
d'injures historiques, M. Jacques donne
un exemple déplorable. Si nous le sui-
vions sur1 ce terrain, nos enfants appren-
draient à lire en épelant sur nos murs
nos défaillances et nos défaites de la pa-
trie française, ils ne sauraient que les
douleurs et les hontes, Respectons notre
patrie, respectons-la même, en combat-
tant nos adversaires. A. M.
FOURCAUD
ÉCHOS POLITIQUES
C'est seulement demain, dans une ré-
union des groupes de la droite, que sera
fixé le jour et le moment du dépôt d'un
projet de résolution préparé par M. Gelli-
bert des Seguins et plusieurs de ses co.l-
lègues, et qui est ainsi conçu
« Le gouvernement est invité à deman-
der à M. le président de la république la
dissolution de la Chambre, pour procéder,
dans le plus bref délai possible, à de nou-
velles élections. »
Demain, le groupe de l'Union des droi-
tes nommera son bureau pour 1889.
M. le général Montaudon, le nouvel
élu de la Somme, a pris possession de son
siège, hier, à la Chambre.
Il s'est fait présenter à ses collègues de
la droite..
ÉCHOS DI PARIS
Hier soir a eu lieu, à l'Elysée, le dîner
offert par le président de la république au
corps diplomatique. M. et Mme Floquet
et M. et Mme Goblet étaient aussi au
nombre des convives.
Le comte de Münster, ambassadeur
d'Allemagne, se trouvant indisposé, s'é-
tait fait excuser, ainsi que le comte de
Moltke, ministre de Danemark, qui est en
deuil.
Mme Carnot avait à sa droite le nonce
apostolique et à sa gauche l'ambassadeur
de Turquie; M. Carnot avait à sa droite
la marquise de Valdora et à sa gauche la
comtesse Hoyos.
Reconnu parmi les dames lady Lyt-
ton, comtesse Marie de Münster, Mme
Leon y Castillo, baronne Beyens, Mmes
Diaz, NazaivAgha, Lardy, etc. Après le
dîner, réception ouverte.
Les prises de distribution d'eau du ca-
nal de l'Ourcq ont été fermées, il y a deux
jours, dans les quartiers alimentés par
elles, à cause des travaux de réfection de
la berge.
Cet incident n'avait pas permis, depuis
deux jours, de faire, à Paris, sa toilette
quotidienne, car l'eau de l'Ourcq, quoique
vaseuse, est employée au lavage de la
Ville.
Heureusement pour les Parisiens, la
pluie est tombée, hier, en abondance, et
l'eau du ciel a avantageusement remplacé
celle exécrable que le canal nous fournit
d'ordinaire.
A quelque chose, malheur est bon 1
Nos lecteurs savent que, malgré l'expo-
sition internationale de peinture, la So-
ciété des artistes français a pu obtenir de
l'Etat son local habituel, c'est-à-dire le pa-
lais de l'Industrie, pour y ouvrir le Salon.
Seulement, le ministre de l'instruction
publique et des beaux-arts ayant besoin
du hall pour la cérémonie de la distribu-
tion des récompenses auxlauréats de l'Ex-
position universelle, l'administration a dû
imposer pour la clôtureune date fixe le 15
juin. Peut-être au dernier moment M. Al-
phand accordera-t-il au public cinq jours
de grâce, mais ceci est officieux. Officiel-
lement, la clôture est fixée au 15 juin et
l'ouverture au 1er mai et non au 5, comme
on l'a dit à tort, confondant l'ouverture du
Salon et l'ouverture de l'Exposition, qui
aura lieu à cette date.
On annonce la mort de Mme la comtesse
Harold de Moltke-Hvitfeldt, née Annie-
Mary Hutton, et sœur de la marquise de
Portes. Elle étaitdepuis de longues années
veuve d'unfrère duministre deDanemark.
Ses obsèques seront célébrées lundi 14,
au temple du Pentemont, rue de Grenelle.
Mlle Gutierrez de Estrada adonné, mer-
credi, une matinée très sélect comédies
jouées par de jeunes artistes, avec grand
succès. Une tombola pleine de ravissantes
surprises a clôturé cette joyeuse fête.
C'est par erreur que l'on a annoncé,
pour dimanche prochain, une réception
de Mme la comtesse de Kessler.
A ajouter aux noms des personnalités
qui assistaient, avant-hier soir, chez Voi-
sin, au dîner du syndicat de la presse
notre ami et collaborateur M. Hector Pes-
sard, et M. Rouy, le sympathique secré-
taire du syndicat de la presse parisienne.
ÉCHOS DE PROVINCE
Mgr Mermillod, évêque de Lausanne et
Genève, en résidence à Fribourg, est en
ce moment à Cannes.
A Fribourg, le palais épiscopal ne pos-
sède pas de jardin le climat de cette ville
est, d'ailleurs, rude la santé de l'élo-
quent prélat est assez éprouvée, et il est
allé chercher, à Cannes, un ciel plus clé-
ment.
Au conseil des ministres qui était tenu
hier, M. Lockroy a appelé l'attention du
garde des sceaux sur la lettre pastorale de
l'évêque de Séez (Orne), lettre qui dé-
nonce l'enseignement laïque comme im-
moral.
Plusieurs de nos confrères ont annoncé
qu'il s'agissait de l'évêque de Sens.
Sens n'est pas un évêché, mais un ar-
chevêché.
ÉCHOS DE L'ÉTRANGER
De Londres
On a célébré hier, pour la première fois,
dans la crypte du mausolée de Farnbo-
rougli où ont été transportés les restes de
Napoléon III, le seizième anniversaire de
la mort de l'Empereur.
De nombreuses couronnes avaient été
envoyées de France et de différents points
de l'Angleterre.
L'Impératrice assistait à la cérémonie,
entourée d'amis nombreux et des servi-
teurs de sa maison.
De Bruxelles
Le mariage de la princesse Clémentine,
fille de S. M. le Roi, avec le prince de Na-
ples, peut-être considéré aujourd'hui
comme un fait officiel.
Voici, en effet, une nouvelle, destinée à
couper court à tous les commentaires qui
ont circulé à la suite de ce projet.
Nous pouvons affirmer, d'une façon cer-
taine, que le trousseau de la princesse
vient d'être commandé à une des plus im-
portantes maisons de lingerie de la capi-
tale belge.
Les fiançailles seront célébrées avant
peu de temps.
Une dépêche de Vienne annonce que
l'empereur d'Autriche vient de conférer
le titre de comte au baron de Hûbner.
Le baron de Hùbner est presque un Pari-
sien. Ambassadeur d'Autriche à Paris en
1859,c'est à lui que NapoléonlIIfit lasortie
que l'on sait contre l'Autriche, annonçant
ainsi la guerre d'Italie. Ce qu'on sait
moins, c'est que le baron de Hûbner con-
tribua puissamment, en 1867, à l'expédi-
tion française de Mentana. Napoléon III
tenait alors beaucoup à la visite de l'em-
pereur d'Autriche à l'Exposition.
Depuis longtemps, le baron de Hûbner
a pris sa retraite. Il a marié ses deux filles
en France et fait de longs séjours à Paris,
où il est membre de l' Union, et conserve
les sympathies de toute la société.
Ses voyages autour du monde sont au-
jourd'hui célèbres, et nous avons, dans ce
journal, fait l'éloge des ouvrages qu'il a
publiés au retour de ses- voyages, notam-
ment de ses études sur les. colonies de
l'Angleterre.
Une certaine résistance se produit, à la
Chambre des députés, à l'endroit du vote
des nouveaux crédits militaires.
C'est la conséquence de la lassitude que
l'on éprouve en Autriche-Hongrie des
charges imposées par la triple alliance.
La discussion sera tellement serrée à la
Diète hongroise que M. Tisza doit poser
la question de confiance.
Il y a deux années, notre collaborateur
J. Cornély, voyageant en Suisse, attira
l'attention de nos lecteurs sur la clinique
installée à Genève, d'après les données
scientifiques les plus modernes, par le
docteur Reverdin.
Nous apprenons avec le plus vif plaisir
que le docteur Auguste Reverdin vient
d'être nommé chevalier de la Légion d'hon-
neur.
Cette distinction, le docteur Reverdin
la méritait, non seulement par ses titres
scientifiques, mais aussi par sa conduite
pendant la guerre de 1870, où il suivit
l'armée, française à la tête d'une ambu-
lance..
A travers les livres
Le Crime de la rue Marignqn, par
Flagy (un pseudonyme qui ne dissimulera
pas longtemps le nom véritable de l'écri-
vain), est un roman, du genre judiciaire.
Sobrement écrit, semé d'épisodes pittores-
ques et émouvants, il se distingue par un
très remarquable caractère de réalité vi-
vante et vraie. (Calmann Lévy, éditeur.)
Le bruit fait autour de la pièce Germi-
nie Lacerteux-, a remis en lumière le ro-
man des frères de Goncourt, dans lequel
l'héroïne est analysée avec plus de dé-
tails que le théâtre n'en peut comporter.
Le Rêve, d'Emile Zola, paraît dans la
Lecture à partir d'aujourd'hui.
NOUVELLES A LA MAIN
Chez un fabricant de monuments funè-
bres du cimetière Montparnasse.
Une cliente vient s'assurer qu'on s'oc-
cupe de sa commande et trouve le mar-
brier en deuil.
Eh! mon Dieu! vous avez donc
perdu un de vos parents ? demande-t-elle
d'un ton contrit.
Oui, madame, mon pauvre beau-père.
Nous avons eu beaucoup de peine. Vous
savez, on a beau être de la partie, cela fait
toujours quelque chose.
PETITE CHROJSIQUE
Parmi les derniers officiers d'Académie, nous
avons vu avec plaisir M* Huiard, le sympathique
administrateur de la Caisse des Familles, qui de-
puis cinq ans écrit des articles fort remarquables
sur lus questions à l'ordre du jour, de droit, d'épar-
gne, d'assurances, et s'est distingué par des fonda-
tions philanthropiques.
Ce soir, diner mensuel des secrétaires de ré-
daction des journaux parisiens.
BIAtilS fAlAIlïl
(Le comité de la rue Cadet a décidé que deux
de ses membres resteraient en permanence Les
deux semainiers choisis se promènent mélancoji-
quement devant la porte.)
PREMIER MEMBRE
Frère? 'f
DEUXIÈME MEMBRE
Qu'est-ce qu'il y a, mon vieux ?
PREMIER MEMBRE
Ne vois-tu rien venir ? 3
DEUXIÈME MEMBRE
Rien, et je m'ennuie considérablement.
Voici deux heures que je me promène de long
en large pour veiller au salut de la républi-
que, et je commence à me demander si c'est
bien nécessaire.
PREMIER MEMBRE
Pas de découragement/frère Nous sommes
ici pour empêcher le dictateur et ses acolytes
d'envahir subrepticement la salle du Congrès
et quant à moi, je ne faillirai pas à ce devoir
sacré.
DEUXIÈME MEMBRE.
Ttj aa raison. Veillons. Regarde à droite i
w
moi, je regarderai à gauche. {Arrive. un mon-
sieur qui porte toute sa barbe, laquelle est
blonde.) Attention, le voilà
PREMIER MEMBRE
Qui? `~
DEUXIÈME MEMBRE
Le dictateur. 11 vient envahir.
PREMIER MEMBRE
Défendons-nous jusqu'à la mort. {Le mon-
sieur passe devant la porte.)
DEUXIÈME membre, sautant à la gorge du
monsieur.
Vous ne passerez pas, général ̃̃
PREMIER MEMBRE
A bas la dictature A l'eau, Bonaparte
LE MONSIEUR
^Pardon, messieurs. Il y a erreur, je,, ne
m'appelle pas Bonaparte, je m'appelle Jo-
seph.
PREMIER MEMBRE
Tu n'aspires pas à la dictature? 3
LE MONSIEUR
Je n'aspire qu'à m'en aller. (Il s'échappe.)
iSeuxiëmë MEMBRE
Nous nous sommes trompés. (Passe un
autre monsieur, grand et mince.)
PREMIER MEMBRE
Cette fois-ci, j'en suis sûr. Voici Laguerre.
Le général l'envoie en reconnaissance: il n'a
pas osé venir en sachant que nous étions là.
{Il saute à la gorge du second monsieur.)
l'autre monsieur
Au secours
UN GARDIEN de "la. paix, accourant
Qu'est-ce que c'est que ce tapage? {Il sai-
sit les deux membres, de la rue Cadet, un
de chaque main.) Vous allez me suivre au
poste.
PREMIER MEMBRE
Je saurai mourir pour la république 1
DEUXIÈME MEMBRE
Moi, itou t
(Les. deux membres entonnent le chant des
Girondins.)
» ALFRED CÀPUS
LA
CONSULTATION NATIONALE
Le cri de ralliement lancé, par nos amis
éveille un écho auquel eux-mêmes ne
s'attendaient peut-être pas. Ce n'est plus
seulement sur la question de revision que
l'on veut une sorte de référendum popu-
laire, qui mette les Chambres au second
plan, mais sur tous le§ grands intérêts
sociaux.
Le mot de Cahiers de 1889 a été lancé
à l'occasion du centenaire de 1789, et il
fait son chemin. L'assemblée de Romans,
dont nous avons rendu compte à son
heure, n'est plus une manifestation à ca-
ractère purement local et commémoratif.
Elle trouve des imitateurs qui vont
bientôt nous en donner la reproduction
dans les provmces voisines, à Aix, à
Montpellier, à Lyon, à Besançon,. Et voilà
que, le mouvement gagnant de proche en
proche, on parle d'une agitation dans le
même sens à Reims, qui n'était pourtant
pas en « pays d'Etat » comme on se
plaît à redire après si longtemps, que tout
cela semblait à jamais disparu même du
souvenir.
Le Temps faisait remarquer, en annon-
çant la brochure de Mgr Freppel sur la
Révolution que, jusqu'ici, les catholiques
avaient seuls pris position vis-à-vis de
cette apothéose que le gouvernement s'é-
tait décernée, à l'occasion du centenaire
de 1789. Mais, d'après les renseignements
qui nous viennent des provinces que nous
venons de citer, et d'ailleurs encore, ce ne
sont pas seulement des écrits qui vont se
succéder en un tout autre sens que celui
désiré, mais des réunions qui vont se te-
nir, pour entendre des discours dans le
sens de celui que M. de Mun, le vaillant
député du Morbihan, a prononcé à Ro-
mans ce serait un -commencement de
réveil de la vie provinciale.
Or, si ce mouvement s'accentue encore,
il apportera sur l'échiquier politique une
pièce nouvelle, et il faudra modifier en
conséquence la marche de celles que nous
y croyions seules se mouvoir depuis le
commencement du siècle. Car il ne sor-
tira pas seulement un programme de ces
Cahiers de 89 en préparation et ceci
même serait déjà une nouveauté– aucun
parti politique, si ce n'est celui de la
Commune, n'en offrant plus guères.
Mais il pourrait bien naître à la suite
de ces assemblées provinciales certains
groupements permanents, pour rendre un
corps à cette idée de la province, effacée
depuis les événements de juin 1848, où
ce furent les ruraux qui étouffèrent à Pa-
ris la Révolution.
Dans les premières années suivantes,
les chefs du parti conservateur avaient
bien parlé de centralisation par ce qu'on
appelle le programme de Nancy, mais ils
avaient craint de lui donner cette base
historique, comme sentant trop l'ancien
régime.
D'ailleurs, la province avait alors, en
réalité, beaucoup moins de chances de re-
naître, comme'unité autonome, dans une
certaine mesure, qu'aujourd'hui, où le dé-
veloppement du réseau des chemins de fer
a diminué de beaucoup l'importance des
départements, et où ils ont une tendance
à se syndiquer par région d'intérêts com-
muns, tout comme les communes.
Il y a donc là tout un ensemble d'indi-
cations, d'autant plus que cette question
de la représentation provinciale se com-
plique, ou, si l'on en croit les initiateurs,
trouve sa forme pratique dans sa jonction
avec une autre question, celle de la repré-
sentation professionnelle.
Des chambres provinciales du com-
merce, de l'industrie, des métiers, de l'a-
griculture, correspondraient à des besoins
réels et seraient bien vues au moins dans
la classe moyenne où elles se formeraient.
Quant au peuple, il est moins séparé de
ces classes dans la province qu'à Paris, et
puis ses éléments, les plus gagnés au so-
cialisme, ont entendu sans déplaisir répé-
ter, à Romans, le mot d' « organisation du
quatrième Etat ».
Peut-être le gouvernement de la répu-
blique n'aura-t-il pas eu la main heureuse
en voulant cueillir de trop faciles lauriers
dans la légende révolutionnaire, s'il a
ainsi ouvert la porte à des évocations qui
ne la laisseraient plus se refermer sur
elles. En tout cas, leur apparition même
était bien inattendue, et ce qui va en ad-
venir mérite attention, parce que les hom-
mes disparaissent, mais les idées restent
et font leur chemin,
r: LE CENTENAIRE
UN DOMINO
Bloe-Notes Parisien
SAFPERY r
Quel est le sportsman qui ne connaissait
pas Saflery?
Saffery, le bookmaker célèbre, le maître du
turf français..
Le bruit de sa mort acâuru hier. Rassurons
bien vite ses amis Safffly est vivant; c'est sa
femme qui vient de s'éteindre à Londres. 1'
Blond, de petite taille, l'estomac bombé/
Saffery disait toujours, avec cet accent anglais
que son séjour en France pendant un quart de
siècle n'avait pu faire disparaître, ni même atté-
nuer
II n'y avait que moâ qui avais des pec-
toraux.
En 1862, Saffery, qui avait alors dix-huit
ans, arrivait à Paris, où, grâce à une lettre
chaude de recommandation, il entrait, aux ap-
pointements de cent francs par mois, dans un
magasin de nouveautés du faubourg Saint-
Honoré.
Homme de cheval, comme tous ses compa-
triotes, il vécut de pain et d'eau jusqu'au jour r
où il se vit à la tête d'une somme de cinq
cents francs.
Alors il quitta sa place de commis et alla in-
staller un piquet sur la pelouse. Sa nouvelle
profession lui rapporta en trois mois quinze
mille francs.
Quinze mille francs C'est le point d'appui
qui va lui permettre de soulever le monde.
Aussi, bouclant sa valise, il part avec quelques
bookmakers de ses amis pour Liverpool, où se
court le Grand Steeple, et d'où il compte bien
revenir à Paris après avoir quadruplé sa for-
tune.
Mais il avait compté sans le jeu, qui fut sa
passion dominante. w
Dans le train qui l'emmène à Calais, un de
ses amis lui propose une partie de piquet. Saf-
fery accepte et,lorsque le train s'arrêteà Calais.;
en face du paquebot qui doit le conduire à
Douvres, Saffery a perdu son dernier louis.
Il serre alors nerveusement la main de son
adversaire heureux et il s'apprête à piquer une
tête dans la Manche, lorsque quelqu'un lui
frappe sur l'épaule.
Ce quelqu'un est un autre de ses compa-
gnons de voyage, bookmaker comme lui.
Pas de bêtise, hein lui dit-il. X. vient
de vous gagner tout votre argent, tant pis; moi,
j'ai confiance en vous, et je vous prête sept
cent cinquante louis; vous me les rendrez
après le Grand Prix.
Saffery accepte naturellement.
Huit jours plus tard, son généreux créan-
cier était désintéressé et Saffery possédait de
nouveau quinze mille francs.
̃ De là, date sa chance inespérée qui ne se
démentit jamais.
En 1877, il possédait deux millions.
C'est à cette époque qu'il tînt à M. Edmond
Blanc le pari contre Klincsem qui fit du bruit
dans le monde du sport;
C'était aux courses de Deauville.
Saffery était sur la pelouse, flegmatique
comme à l'ordinaire, inscrivant sans émotion
les cotes qu'il offrait importantes ou non. On
allait courir le Grand Prix.
AI. Edmond Blanc vient au-devant de lui
A combien, lui dit-il, me donnez-vous
Kincsem ?
Si vous payez 3, répond froidement
Saffery, je vous en donne pour ce que vous vou-
lez.
J'en prends pour six mille louis, réplique
M. Edmond Blanc.
C'est fait, répond Saffery.
Le départ est donné et Klincsem, superbe
bête hongroise à M. Blascowitz, qui avait
couru trente-trois lois sans jamais avoir été
battue, part au petit trot, devancée par Fontai*
nebleau, à M. Lupin.
M. Edmond Blanc était ému; Saffery ne l'é-
tait pas.
Klincsem, la tête haute et comme dédai-
gnant ses concurrents qui semblaient prendre les
devants part tout à coup au galop et arrive
bonne première pour la trente-quatrième fois.
M. Edmond Blanc était dans le ravissement
Saffery, sans qu'un muscle de son visage
tressaillît, prit dans sa poche quatre liasses de
dix mille francs chacune et, les tendant à M.
Blanc:
J'ai perdu, lui dit-il en souriant; puis,
changeant de ton Décidément, ajouta-t-il,
Klincsem est une très bonne bête.
Et il s'occupa de ses autres parieurs.
Ce flegme ne surprendra personne, si l'on
considère que l'année suivante, dans les deux
semaines qui s'écoulèrent entre le Derby an-
glais, le Derby français, le Grand Prix de Pa-
ris et le Steeple-Chase d'Auteuil, Saffery fit, en
allées et venues, une différence de neuf mil-
lions de francs.
Jamais parieur n'eut à se plaindre de ses re-
lations avec lui. L'erreur était chose inconnue
chez Saffery; dont les sportsmen disaient una->
nimement
C'est un très honnête homme.
Hommage qui n'était pas banal, eu égard au
monde interlope qui tenait alors le book.
Saffery, aujourd'hui retiré en Angleterre,
était, à cette époque, un viveur mais il eut-
toujours le bon sens de se complaire dans son
milieu.
Comme tous ses congénères, il voulut tâter
aussi de l'écurie de courses; mais, ironie du
sort et peut-être juste retour des choses d'ici-
bas, il ne put arriver que rarement à toucher
une course.
Trop pratique pour lutter contre une maie-
chance évidente, Saffery vendit son écurie et
se contenta de son livre, qui lui donna, jusqu'à
ces dernières années, plus de cinq cent mille
francs par an.
Excellent cavalier, il était un assidu de l'al-
lée des Poteaux. Ses bêtes, fines et coquettes
qu'il claquait vite, du reste ont fait l'ad-
miration et souvent l'envie des promeneurs.
Depuis trois ans,Saffery vit en Angleterre,
dans un délicieux cottage aux environs de
Londres, passant des journées entières à table,
en tête-à-tête avec un panier de cliquot, qu'i'
vide jusqu'à la dernière goutte.
Quoique retiré du monde des affaires spor-
tives, il a voulu conserver deux ou trois
chevaux, qu'il envoie de temps à autre sur
nos hippodromes.
Son dernier cheval qui ait gagné est Casse-
Noisette, qui courut, le 6 novembre dernier, ?_
Saint-Ouen, le prix de Montreuil.
En apprenant cette nouvelle, Saffery télégra-
phia à son entraîneur, Tom Barker, d'offrir,
pour lui, trois bouteilles de Champagne à
Casse-Noisette mais, pour trinquer de loin
avec son cheval, Saffery but, ce jour-là, quatre
bouteilles de champagne de plus
TOUT-PARI3
lj Portas le Pi
CHEZ W.XAVIER DE fflOKTÉPIN
Quel est cet homme, superbe dans si
virilité, imposant dans son athlétique car-
rure, et dont le mâle et ûer visage évoque
le souvenir de quelque personnage de Sal-
vator Rosa? o
Approchez, messeigneurs, et saluez.
S. M. Xavier de Montépin, roi du feuil-
leton, grand-brahma et créateur d'une lé-
gion de héros chimériques qui ont pas-
sionné les foules et fait pleurer une quan-
tité innombrable d'yeux féminins, l'auteur,
enfin, de cette Porteuse de pain que les
affolés du drame applaudiront ce soir à m
l'Ambigu. ,ffi
Son nom résonne comme une claironnée
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