Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1901-01-13
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 janvier 1901 13 janvier 1901
Description : 1901/01/13 (A34,N76)-1901/01/14. 1901/01/13 (A34,N76)-1901/01/14.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5267004z
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/04/2020
Trente-gnatri^Tfift Année — N° 76
utreraoini
Prix K Centimes
Dimanche-Lundi 13-14 Janvier 1901.'
L’INDÉPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
Paraissant toms les jours excepté le IDimarLclie.
ABONNEMENTS :
> H01I 6 HOU I AN
Pau, département et limitrophes... 6fr. » 10 fr. 20 fr.
Autres départements 6 60 12 - 24 -
Maires et Instituteurs des Basses-Pyrénées... 8 - 16 -
Pour l'Étranger : prix du Département et port en ms.
aÉDACTIOXÏ 4k ADMINISTRATION : 11, rue dea CordeUers, PAU.
Rédacteur en Chef : Octave AUBERT.
LA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ DE L* ( INDÉPENDANT »
Tout et fat concerne les Abonnements et les Annonces, doit Itre adressé d Pau,
i M. Georges UAURJST, Administrateur-Comptable. — A Parts, aux diverses Agences pour les Annonces.
Le* Mannsorlt* non Inséré* ne sont pas rendus.
ANNONCES t
Annonces judiciaires 20 c. la ligna.
Annonces ordinaires 25 —
Réclames 40 —
Chronique locale ou Faits divers... 00 —
Les Annonces de durée se traitent à forJh.it.
BOURSE DE PARIS
12 Janvier 1901. I
JO/O Perpétuel lot.60
3 0/0 Amortissable 100.23
I 1/2 0/0 1894 103 47 1[2
COURS COUVERTURE
COMMUNIQUÉ PAR L* CRÉDIT LYONNAIS
12 Janvier 1901 I
Crédit Lyonnais 1.1U 00
Italien b 93 85
Extérieur Espagnol 4 0/0 *1 17
Tare séria D 73 47
Hanque Ottomane 546 00
Portugais 3 0 0 23 82
Canal de Suez 3.500 00
Sosnovlce 2.075 00
Rlo-Tioto 1 -440 00 I
Saragoaee lactions) 209 00
Nord Espagne (actions) 170 00
EXTRAIT OE LA COTE OFFICIELLE
11 Janvier 1901. I
Banque de Franc* 3.898 00
Crédit Foncier *>58 0d
Société Générale $15 00
Midi 1.707 M
Orléana 1.7«'9 00
Nord 2.700 00
Oue*t 1.074 00 I
p.-L.-M 1.79J 00
Est 1005 00 I
Compagnie du Gaz 1.115 00 I
3 1 i 0 0 Russe 1894 90.70
3 0 0 Anglais consolidé 97.3i4 I
4 0 0 Autrichien, Or 100.00
5 Od Argentins 482.50
BAICSLOÜI, 11 Janvier. — Change sur Paris, 34 à 30 0/0 I
change sur Londres, 33 80.
LISBONNE, il Janvier. — Change sur Paris, 761.00 ; change |
sur Londres, 37.68.
BIINOS-AYRES, 11 Janvier, — Prime or, 131.00,
Ria-nz-Jaxsmo, 11 Janvier. — Change sur Londres I
9 3/4. — Change sur Paris, 00.00.
VALFAJUHO, 11 Janvier. — Change sur Londres, 17 3/4, I
TÉLÉGRAMMES
Service spècial de l'INDÉPENDANT
TÉLÉGRAPHIQUE ET TÉLÉPHONIQUE
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 12 Janvier, 1 h. matin.
A l'Elysée.
La Président de la République a reçu cette
après-midi M. Faîtières, président du Sénat, et
M. Paul Desnhanel, président de la Chambre des
députés.
Le Président de la République a reçu également
le bureau de la Chambre des députés,
Fête à l'Exposition.
La dernière tète de l’Exposition, qui promet
d'ètra très brillante, et sera présidée par M. Dé-
crits,ministre des colonies, sera donnée lundi soir
14 janvier, dans l'enoelnte de l’Exposition, au pa-
villon de la presse, quai d’Orsay. Le syndicat de
la presse oolonial», qui en a pris l’iniative, offrira
t srs collaborateurs une soirée musioale et dra-
matique à laquelle les artistes des théâtres sub-
ventionnés prêteront leur oonoours. La soirée
finie, le pavillon de la presse aura vécu et sera
ivrê aux démolisseurs.
L’Exposition de Glascow.
Le ministre du oommeroe a reçu le bureau et
les présidents des groupes du comité de la sec-
tion française à l’Expositiou de Glasgow. M. MU-
lerend a félicité les organisateurs de la eeotion
rançalse et a donné l’assurance que le oonoours
du gouv ornement était tout acquis aux initiative
de ce genre. Les délégués se sont retirés en re-
fmordant le ministre de sa cordiale entrevue.
Mise à la retraite.
Paris, 12 janvier matin.
Le général de division Caillard, disponible, est
placé dans la deuxième seotion (réserve) du oadre
de l’état-major de l’armée.
A l’Etranger.
ÉLECTIONS EN BULGARIE
Sofia, 12 janvier, matin.
Les ileotions de la Sobranié sont fixées au
11 février (vieux style).
EN SERBIE
Nisch, 12 janvier matin.
La séance d’ouverture de la Skoupchtina, a eu
lieu hier. Le roi a choisi, sur la liste des candi-
dats qui lui a été présentée, U. Nestorovitoh
oomine président de l’assemblée et M. Stanen-
kovitoh comme vioe-président.
Grève de médecins,
Arras, li janvier matin.
Tout le corps médical de la ville, sauf deux
exoeptlons, a adressé sa limisslon collective de
dooteurs de la Sooiéfê communale de secours
mutuels comprenant 700 membres. Les médecins
réclament le paiement des honoraires par visite
au lieu de l’abonnement•
Les pourparlers entre les médecins et la So-
ciété n’ont pas abouti.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 12 janvier, 7 h. 50 m.
Le Commandant Cuignet.
L’autorisation de voir le comman-
dant Cuignet a été retirée À D/l Mé-
nard, son avocat.
La Catastrophe de la « Russie »
Les journaux demandent des ré-
compenses pour les sauveteurs de la
K Russie ».
Divers journaux ont ouvert des
souscriptions en leur faveur ; le
tt Figaro » a réuni 896 francs et le
K Matin » 3.000 francs.
Marseille, 11 janvier.
Le train, amenant les passagers
de la it Russie » à Marseille est arri-
vé en gare de Marseille à sept heu-
res et demie. Une foule considérable
massée au dehors et À l’interieur de
la gare, attendait avec une vive im-
patience et une curiosité sympathi
que lfarrivée des naufragés.
Ceux-ci ont été accueillis par de
longues acclamations. Parents et
a mis, qui se trouvaient sur le quai,
les ont reçus avec les marques delà
I plus vive efiusion.
L’amiral Besson, commandant la
marine à Marseille ; le commissaire
de l’inscription maritime, le maire
I de Marseille étaient venus apporter
leur salut aux malheureux voya
I geurs qui paraissaient très fatig-ués
I quoique en bonne santé.
I Le capitaine Jouve a confirmé que
I J’échouement était dû À une confusion
I des feux de Faraman et de Pianic.
Affaires de Chine
LA SANTÉ DE Li-HUNC-CHANO
Shanghaï, 11 janvier
Le a Mercury » de Shanghaï dit
que Li-Hung-Chang décline rapide-
ment. Sa mort est imminente.
L’EMPEREUR A PÉKIN
Pékin, 11 janvier.
Les Allemands viennent dépasser
une revue en l’honneur du prince
Tcbing- actuellement à Pékin.
Le prince a déclaré qu’il ne repré-
sentait pas officiellement la cour ;
mais il sait que l’empereur désire
revenir à Pékin.
L’empereur a mémo écrit récem-
ment au prince Tching pour lui de-
mander si ses appartements étaient
en état de le recevoir prochaine-
ment.
Cargaison macabre
San-Francisco, 11 janvier.
Le transport u Hancock », qui est
entré dans le port de San Francisco
le 29 décembre, avait à son bord
1,500 cadavres de soldats et mate-
lots morts de maladie ou tués devant
l’ennemi aux Philippines.
Après uae quarantaine de plu-
sieurs jours, la macabre carg-aison
a été transportée au Présidio, en
attendant l’ensevelissement et l’ex-
pédition & leurs familles des corps
réclamés.
Detail lugubre : le « Hancock »
transportait egalement 52passagers
de 1” et de 2’ classe, ainsi que 500
passagers de pont. Onze décès se
sont produits pendant la traversée.
Trente Maisons effondrées
Béziers, 12 janvier.
Trente maisons se sont effondrées
sous l’amoncellement des neiges, au
village de Caux. La dame Angèle a
été retirée des décombres, la tête
broyée. Cette malheurouée était
àgee de 52 ans.
A Pezenas, la toiture de la mairie
s'est écroulée, mais personne n’a été
atteint La commune de Saint-Thi-
béry, qui se trouve au confluent de
la Tougas et de l’Hérault a été inon-
dée.
Au Transvaal.
LES DERNIERS COMBATS
Londres, 11 janvier.
Lord Kitohener télégraphie de
Prétoria 11 janvier à midi.
u Machadsdorp a été attaqué hier
soir. Les Boers ont été repoussés.
Les Anglais ont perdu un lieutenant
tué.
» Un petit détachement d’infan-
fanterie montée anglaise a fait trois
prisonniers, capturant trois cents
obevaux et du bétail, près de Ven-
testreoh.
» L’infanterie anglaise a attaqué à
l’ouest de Prétoria un petit détache-
ment boer ; elle a fait un prisonnier.
» Dans la colonie du Cap ; le com-
mando de Hertzog se trouve dans le
voisinage de Sutherland. Le géné-
ral Settle organise une colonne pour
lui barrer le passage ».
DÉPÊCHES DU SOIR
5 h. 15. I
M. Loubet
Le Président de la Réoubllque
assistera dans la soirée au bal des
anciens élèves de l’Ecole vétérinaire
d’Alfort.
M. de Lannessan.
M. de Lannessan est parti dans la
soirée pour Lyon où il va présider
une conférence au profit de i’oeuvre
des cantines scolaires du lce arron-
dissement de Lyon, dont il est le dé- I
puté.
Clôture de la chasse
Sur la proposition des préiets, la I
clôture de la chasse est fixée au 3
février.
La division navale de l'Atlantique I
Le contre-amiral Servan, comman- I
dant de la marine à Alger, sera ap-
pelé au commandement de la divt- I
sion navale de l’Atlantique.
Naufrage de la “ Russie "
Marseille. — La Compagnie des
transports maritimes fait savoir que
les epaves de la u Russie » sont en I
bon état de conservation.
Le renflouement sera tenté.
La plupart des passagers de la
u Russie » sont partis ce matin pour
diverses directions.
Le commandant Joude est allé ce
matin au bureau de la Compagnie
et à l’Hôtel de la Marine.
L’enquête maritime habituelle sur
les naufrages se poursuit actuelle-
ment.
L’amiral Besson a fait demander
aux Compagnies, l’avis de leurs
officiers sur la confusion des feux
des phares Faraman et Planier, et
les modifications à apporter au phare
de Faraman.
fi h. 20
La gnerre au Transvaal
Le Cap. — 1200 employés devront
retourner dans le Raad pour garder
les mines sous le contrôle des autori-
tés militaires.
Le correspondant du « Standard »
au Cap télégraphie le 10 janvier que
les Boers signalés en dernier lieu
près de Crickatown ont attaqué
plusieurs petites garnisons dans le I
Griqualand-Ect.
Celle de Daniels-Knin composée
de ÎOO volontaires a été cernée, il
y a quelque^ jours, mais elle a bra-
vement résisté.
Les Boers ont continué leur che-
min vers le sud dans la direction ae
DrakoenderKenhart.
On envoie des renforts en toute
bâte de Modder-Rlver et du Cap
dans cette direction.
On creuse des retranchements
dans le champ de course de Kenil-
wort i 6 milles du Cap.
Un petit détachement a été sur-
pris à Heilbron le 6 janvier.
Le correspondant du u Daily-
Mail » à Lourenço-Marquez téiégra*
phie le 11 janvier que les Anglais
sont en possession du chemin de fer
de Delagoa-Bay [depuis le 7 janvier.
Les mécaniciens anglais condui-
sent maintenant les trains directe-
ment de Prétoria à jjDeiag-oa Bay au
lieu de les remettre entre les mains
des mécaniciens Portugais à Ro-
sano Garcia comme auparavant.
La Cap. — Le nombre total des
prisonniers Boers est maintenant de
15,182 sans compter 521 prison-
niers remis en liberté sur parole.
VOIR DERNIÈRE HEURE 3-« PIGE
PAU, le 12 Janvier 1901
LA MISÈRE HUMAINE
Par les temps rigoureux que nous
traversons et qui viennent de se faire
sentir d'une façon si brusque, les mots
saisissants de la ballade ae Théodore
de Banville dans “ Gringoire ”, vous
viennent immédiatement à la pensée :
Aux pauvres gens, tout est peine et misera.
De fait, les journaux n’ont été rem*
plis ces jours-ci que d’informations
navrantes. A la campagne comme
dans les villes on a signalé en grand
nombre des morts subites causées par
le froid. Ici c’est un voyageur qu’on a
trouvé mort congestionne dans un
train ; là c’est un facteur des postes,
saisi de froid pendant sa tournée et
I qui est tombé inanimé sur son chemin.
Quand ce sont des malheurs inévita-
bles, il n’y a qu’à s’incliner ; mais
quand ces catastrophes pourraient être
prévenues, l’incurie ou l’indifférence
sociales sont sans excuses. Or les ri-
gueurs de l’hiver ont fait partout, sur-
tout dans les grandes villes, de vérita-
bles hécatombes de malheureux. C’est
à ce moment que la misère par les
privations qu’elle entraîne, paie le plus
largement, sans compter, son tribut
de victimes.
Se peut-il que dans une société civi-
lisée, tant de pauvres gens soient con-
damnés à périr de froid et de faim ?
Certains, dans leur vie, n’auront pas
ôté prévoyants, — disent les satisfaits,
ceux à qui la fortune a toujours souri
et qui n’ont jamais aimé qu’eux-mèmes.
Et la société, à son tour, est-elle vrai-
ment ordonnée et prévoyante f Mérite-
t-elle ce titre de « civilisée » dont elle
se tarque si haut et qui, dans trop de
circonstances, est synonime de barba-
rie ?
Ce sont surtout les pauvres gens qui
I n’ont ni de quoi se nourrir ni de quoi
se vêtir qui ont besoin de se loger et
I de se chauffer. Et combien n'attendent
I pas le dénouement fatal ! Quoi de plus
poignant et de plus attristant, que le
I suicide par le charbon de ces deux
I vieillards qui n’ayant pu trouver assez
I de travail pour payer leur terme, ont
préféré en finir avec la vie f
mmm————■———
46 FIUILLBTON DC L’INDÉPENDANT
PIERRE DECOURCELLE
LES DEUJJOSSES
Il n’y avait pas de testament, ce qni, d’ail-
leurs, eût été mutile.
L'enfant reconnu, par sa mère, Claude
Fouillous, était aeul et unique héritier.
Il avait pour tuteur légal son oncle La
Limace — qui jouissait de ses droits civils —
époux do Zéphyrine Fouilloux, sosur de la
défunte.
On lui donna, pour subrogé-tuteur, le clere
de notaire, en l'absence de tout être connu ou
inconnu qui réclamât, ou à qui l'on pût impo-
ser eette charge, le notaire ne pouvant l'être
et ae souciant de tout cela — comme son clerc
d’ailleurs — autant que de l’héritage de feu
Colin-Tampon.
Quatre ou cinq ans s’étaient écoulés depuie
l’établissement définitif du ménage.
Il but avouer que si Le Limaoe avait espéré
trouver dans son mariage vie otlme, tranquille
et assurée, il s’était trompé.
Certes, il était adoré de sa Zéphyrine.
Il y avait même une incroyable compatibité
d’humeur entre les deux conjoints.
Leur vie en commun, leur amour avait en
I quelque sorte égalisé leurs vices, donnant é
l’un ce qui manquait à l’autre, abaissant celui-
I ci au niveau intellectuel de celle-là.
Ainsi Zéphyrine, grâce au contact de La
I Limace, était devenue prodigieusement pares-
I seuse de son corps, et ses membres monstrueux
I épaississaient encore.
I En môme temps, son penchant pour les
I alcools s’était déclaré irrésistible.
I De son cété, La Limace avait quelque peu
I perdu de son mépris pour la violenoe...
I il n’avait plus tout ê fait la même horreur
I si salutaire du surin bien employé.
Elle avait acquis un peu de la rouerie et de
I la froide cruauté de son époux, de ses sauva-
I ges colères et de ses appétits désordonnés.
I Tous les deux avaient fini par faire une bien
| jolie paire.
Mais alors les dépenses du couple s'étalent
I augmentées dans de considérables proportions.
Le notaire avait naturellement refusé de re-
I mettre les valeurs de la succession, placées,
I avait il dit, au nom de l’enfant mineur. On ne
I jouissait doue que des petites rentes, produites
| par le capital.
I II avait fallu aviser.
| Il avait été décidé, d’abord, que Zéphyrine
continuerait la « maison » de sa soeur.
Au bout de temps, gràco aux leçons de La
Limace, jouant lo rôle de magnétiseur, la nou-
velle mariée, déjà d’ailleurs mise au courant,
débrouillée par Rose, avait appr:z le métier et
dévoilait le passé, le présent et l’avenir, aussi
bien que ses plus habiles concurrentes.
Après un assez long voyage en province, elle
s’était sentie assez forte pour aborder Paris et
ses environs.
Elle ne craignait plus aucune rivale.
Quelque grand cependant que fût le nombre
des fidèles, le tirage des cartes, les séances de
somnambulisme n’aurait pas suffi â l’entretien
du ménae.
Bientôt le couple joignit è sa première indus-
trie une profession plus difficile à préciser.
Quand on entrait dans i’entresort, pour se
faire faire le « grand jeu » ou consulter la som-
nambule, on remarquait des chapelets d’herbes
sèches, étendus le long des oloisons, et les
mauvaises langues prétendaient avoir quelque-
fois vu descendre de chez elle des jeunes filles
pâles se tenant â la rampe.
Le commissaire de police, quelquefois dea
gendarmes étaient apparus dans l’entresort :
dea perquisitions avaient été faites ; mais La
Limace et Zéphyrine étaient toujours sortis
indemnes de cet avonturea.
Tout au plus avaient-ils reçu l’ordre de dé-
guerpir promptement du pays où eut émoi leur
arrivait.
Mais cette nouvelle ressource était bien aléa-
toire.
Il avait fallu alors que La Limace lui-même
mit la main â la pâte.
Pour cela, il utilisait les talents qu’il possé-
dait pour aiguiser les couteaux, et s'était éta-
bli remouleur ambulant, « gagne-petit ».
Il avait dono acheté uno petite meule à gros
grain, une autre à grain fin, une machine pour
soutenir l’une ou l’autre suivant le cas, et sur
la traverse de laquello était attaché le sabot
renfermant l'eau destinée à humecter la meule.
Une manivelle mue par une corde, au moyen
d’une pédale, faisait rapidement tourner la
pierre, d’où jaillissaient des bouquets d’étin-
celles, à la grande joie ut â l’admiration des
gamins, groupés autour de lui, dans chaque
village où il s’arrêtait.
Métier oharmaut, hounôte, poétique, que des
hommes de taleut ont chanté.
Cependant La Limace ne comptait guère
sur le gain qu’il en pouvait retirer
Sa profession ruelle était indiuateur de coup»
â faire.
Le rémoulage n’était qu'un manteau que pût
diffioilemeât sou evor la police curieuse, un
■impie moyen de pénétrer dans les intérieurs,
de juger si une visite nocturne pouvait y être
avantageuse, si tes renseignements déjà obte-
nue parfois de la maîtresse de le maison, en
consultant la somnambule, étaient exacts.
Les gamins qui enviaient le bonheur du ban-
dit, en voyant la roue tourner, tourner sous
l’impulsion de son pied, jasaient.
Il savait ainsi si les chiens de la ferme voi-
sine éta-ent méchants, où couchaient les
I domestiques, quel jour le msitre a'iait au
I marché vendre son beurre et ses oeufs, si, dans
I telle autre maison, le proprietaire Otait arme.
Lié avec lea meilleurs surin» Je la capitale,
I La Limace avait conserve des relations avec
I eux, et ses investigations lui permet.aient de
I leur indiquer les occasions avantageuses ne
I gardant pour lui que lea affaire# faciles et peu
I dangereuses. *
Il donnait tous Iss renseignements désira-
I blés, combinait les plans, prenait les disposi-
I tions necessaires, et touchait On tant pour
I cent sur le bulia pour ses peines.
I Et. quelques jours après le départ de l’entre-
I sort et du rémouleur, quand on ne pensait plus
I à eux, tout à c -up, dans le village, oo appre-
I nait qu’un vol avait été commis... quelque-
I fois un assassinat 1
La justice ne trouvait pas le ooupable.
I (A ailivre).
utreraoini
Prix K Centimes
Dimanche-Lundi 13-14 Janvier 1901.'
L’INDÉPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
Paraissant toms les jours excepté le IDimarLclie.
ABONNEMENTS :
> H01I 6 HOU I AN
Pau, département et limitrophes... 6fr. » 10 fr. 20 fr.
Autres départements 6 60 12 - 24 -
Maires et Instituteurs des Basses-Pyrénées... 8 - 16 -
Pour l'Étranger : prix du Département et port en ms.
aÉDACTIOXÏ 4k ADMINISTRATION : 11, rue dea CordeUers, PAU.
Rédacteur en Chef : Octave AUBERT.
LA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ DE L* ( INDÉPENDANT »
Tout et fat concerne les Abonnements et les Annonces, doit Itre adressé d Pau,
i M. Georges UAURJST, Administrateur-Comptable. — A Parts, aux diverses Agences pour les Annonces.
Le* Mannsorlt* non Inséré* ne sont pas rendus.
ANNONCES t
Annonces judiciaires 20 c. la ligna.
Annonces ordinaires 25 —
Réclames 40 —
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BOURSE DE PARIS
12 Janvier 1901. I
JO/O Perpétuel lot.60
3 0/0 Amortissable 100.23
I 1/2 0/0 1894 103 47 1[2
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12 Janvier 1901 I
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Italien b 93 85
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Rlo-Tioto 1 -440 00 I
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EXTRAIT OE LA COTE OFFICIELLE
11 Janvier 1901. I
Banque de Franc* 3.898 00
Crédit Foncier *>58 0d
Société Générale $15 00
Midi 1.707 M
Orléana 1.7«'9 00
Nord 2.700 00
Oue*t 1.074 00 I
p.-L.-M 1.79J 00
Est 1005 00 I
Compagnie du Gaz 1.115 00 I
3 1 i 0 0 Russe 1894 90.70
3 0 0 Anglais consolidé 97.3i4 I
4 0 0 Autrichien, Or 100.00
5 Od Argentins 482.50
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LISBONNE, il Janvier. — Change sur Paris, 761.00 ; change |
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Ria-nz-Jaxsmo, 11 Janvier. — Change sur Londres I
9 3/4. — Change sur Paris, 00.00.
VALFAJUHO, 11 Janvier. — Change sur Londres, 17 3/4, I
TÉLÉGRAMMES
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TÉLÉGRAPHIQUE ET TÉLÉPHONIQUE
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 12 Janvier, 1 h. matin.
A l'Elysée.
La Président de la République a reçu cette
après-midi M. Faîtières, président du Sénat, et
M. Paul Desnhanel, président de la Chambre des
députés.
Le Président de la République a reçu également
le bureau de la Chambre des députés,
Fête à l'Exposition.
La dernière tète de l’Exposition, qui promet
d'ètra très brillante, et sera présidée par M. Dé-
crits,ministre des colonies, sera donnée lundi soir
14 janvier, dans l'enoelnte de l’Exposition, au pa-
villon de la presse, quai d’Orsay. Le syndicat de
la presse oolonial», qui en a pris l’iniative, offrira
t srs collaborateurs une soirée musioale et dra-
matique à laquelle les artistes des théâtres sub-
ventionnés prêteront leur oonoours. La soirée
finie, le pavillon de la presse aura vécu et sera
ivrê aux démolisseurs.
L’Exposition de Glascow.
Le ministre du oommeroe a reçu le bureau et
les présidents des groupes du comité de la sec-
tion française à l’Expositiou de Glasgow. M. MU-
lerend a félicité les organisateurs de la eeotion
rançalse et a donné l’assurance que le oonoours
du gouv ornement était tout acquis aux initiative
de ce genre. Les délégués se sont retirés en re-
fmordant le ministre de sa cordiale entrevue.
Mise à la retraite.
Paris, 12 janvier matin.
Le général de division Caillard, disponible, est
placé dans la deuxième seotion (réserve) du oadre
de l’état-major de l’armée.
A l’Etranger.
ÉLECTIONS EN BULGARIE
Sofia, 12 janvier, matin.
Les ileotions de la Sobranié sont fixées au
11 février (vieux style).
EN SERBIE
Nisch, 12 janvier matin.
La séance d’ouverture de la Skoupchtina, a eu
lieu hier. Le roi a choisi, sur la liste des candi-
dats qui lui a été présentée, U. Nestorovitoh
oomine président de l’assemblée et M. Stanen-
kovitoh comme vioe-président.
Grève de médecins,
Arras, li janvier matin.
Tout le corps médical de la ville, sauf deux
exoeptlons, a adressé sa limisslon collective de
dooteurs de la Sooiéfê communale de secours
mutuels comprenant 700 membres. Les médecins
réclament le paiement des honoraires par visite
au lieu de l’abonnement•
Les pourparlers entre les médecins et la So-
ciété n’ont pas abouti.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 12 janvier, 7 h. 50 m.
Le Commandant Cuignet.
L’autorisation de voir le comman-
dant Cuignet a été retirée À D/l Mé-
nard, son avocat.
La Catastrophe de la « Russie »
Les journaux demandent des ré-
compenses pour les sauveteurs de la
K Russie ».
Divers journaux ont ouvert des
souscriptions en leur faveur ; le
tt Figaro » a réuni 896 francs et le
K Matin » 3.000 francs.
Marseille, 11 janvier.
Le train, amenant les passagers
de la it Russie » à Marseille est arri-
vé en gare de Marseille à sept heu-
res et demie. Une foule considérable
massée au dehors et À l’interieur de
la gare, attendait avec une vive im-
patience et une curiosité sympathi
que lfarrivée des naufragés.
Ceux-ci ont été accueillis par de
longues acclamations. Parents et
a mis, qui se trouvaient sur le quai,
les ont reçus avec les marques delà
I plus vive efiusion.
L’amiral Besson, commandant la
marine à Marseille ; le commissaire
de l’inscription maritime, le maire
I de Marseille étaient venus apporter
leur salut aux malheureux voya
I geurs qui paraissaient très fatig-ués
I quoique en bonne santé.
I Le capitaine Jouve a confirmé que
I J’échouement était dû À une confusion
I des feux de Faraman et de Pianic.
Affaires de Chine
LA SANTÉ DE Li-HUNC-CHANO
Shanghaï, 11 janvier
Le a Mercury » de Shanghaï dit
que Li-Hung-Chang décline rapide-
ment. Sa mort est imminente.
L’EMPEREUR A PÉKIN
Pékin, 11 janvier.
Les Allemands viennent dépasser
une revue en l’honneur du prince
Tcbing- actuellement à Pékin.
Le prince a déclaré qu’il ne repré-
sentait pas officiellement la cour ;
mais il sait que l’empereur désire
revenir à Pékin.
L’empereur a mémo écrit récem-
ment au prince Tching pour lui de-
mander si ses appartements étaient
en état de le recevoir prochaine-
ment.
Cargaison macabre
San-Francisco, 11 janvier.
Le transport u Hancock », qui est
entré dans le port de San Francisco
le 29 décembre, avait à son bord
1,500 cadavres de soldats et mate-
lots morts de maladie ou tués devant
l’ennemi aux Philippines.
Après uae quarantaine de plu-
sieurs jours, la macabre carg-aison
a été transportée au Présidio, en
attendant l’ensevelissement et l’ex-
pédition & leurs familles des corps
réclamés.
Detail lugubre : le « Hancock »
transportait egalement 52passagers
de 1” et de 2’ classe, ainsi que 500
passagers de pont. Onze décès se
sont produits pendant la traversée.
Trente Maisons effondrées
Béziers, 12 janvier.
Trente maisons se sont effondrées
sous l’amoncellement des neiges, au
village de Caux. La dame Angèle a
été retirée des décombres, la tête
broyée. Cette malheurouée était
àgee de 52 ans.
A Pezenas, la toiture de la mairie
s'est écroulée, mais personne n’a été
atteint La commune de Saint-Thi-
béry, qui se trouve au confluent de
la Tougas et de l’Hérault a été inon-
dée.
Au Transvaal.
LES DERNIERS COMBATS
Londres, 11 janvier.
Lord Kitohener télégraphie de
Prétoria 11 janvier à midi.
u Machadsdorp a été attaqué hier
soir. Les Boers ont été repoussés.
Les Anglais ont perdu un lieutenant
tué.
» Un petit détachement d’infan-
fanterie montée anglaise a fait trois
prisonniers, capturant trois cents
obevaux et du bétail, près de Ven-
testreoh.
» L’infanterie anglaise a attaqué à
l’ouest de Prétoria un petit détache-
ment boer ; elle a fait un prisonnier.
» Dans la colonie du Cap ; le com-
mando de Hertzog se trouve dans le
voisinage de Sutherland. Le géné-
ral Settle organise une colonne pour
lui barrer le passage ».
DÉPÊCHES DU SOIR
5 h. 15. I
M. Loubet
Le Président de la Réoubllque
assistera dans la soirée au bal des
anciens élèves de l’Ecole vétérinaire
d’Alfort.
M. de Lannessan.
M. de Lannessan est parti dans la
soirée pour Lyon où il va présider
une conférence au profit de i’oeuvre
des cantines scolaires du lce arron-
dissement de Lyon, dont il est le dé- I
puté.
Clôture de la chasse
Sur la proposition des préiets, la I
clôture de la chasse est fixée au 3
février.
La division navale de l'Atlantique I
Le contre-amiral Servan, comman- I
dant de la marine à Alger, sera ap-
pelé au commandement de la divt- I
sion navale de l’Atlantique.
Naufrage de la “ Russie "
Marseille. — La Compagnie des
transports maritimes fait savoir que
les epaves de la u Russie » sont en I
bon état de conservation.
Le renflouement sera tenté.
La plupart des passagers de la
u Russie » sont partis ce matin pour
diverses directions.
Le commandant Joude est allé ce
matin au bureau de la Compagnie
et à l’Hôtel de la Marine.
L’enquête maritime habituelle sur
les naufrages se poursuit actuelle-
ment.
L’amiral Besson a fait demander
aux Compagnies, l’avis de leurs
officiers sur la confusion des feux
des phares Faraman et Planier, et
les modifications à apporter au phare
de Faraman.
fi h. 20
La gnerre au Transvaal
Le Cap. — 1200 employés devront
retourner dans le Raad pour garder
les mines sous le contrôle des autori-
tés militaires.
Le correspondant du « Standard »
au Cap télégraphie le 10 janvier que
les Boers signalés en dernier lieu
près de Crickatown ont attaqué
plusieurs petites garnisons dans le I
Griqualand-Ect.
Celle de Daniels-Knin composée
de ÎOO volontaires a été cernée, il
y a quelque^ jours, mais elle a bra-
vement résisté.
Les Boers ont continué leur che-
min vers le sud dans la direction ae
DrakoenderKenhart.
On envoie des renforts en toute
bâte de Modder-Rlver et du Cap
dans cette direction.
On creuse des retranchements
dans le champ de course de Kenil-
wort i 6 milles du Cap.
Un petit détachement a été sur-
pris à Heilbron le 6 janvier.
Le correspondant du u Daily-
Mail » à Lourenço-Marquez téiégra*
phie le 11 janvier que les Anglais
sont en possession du chemin de fer
de Delagoa-Bay [depuis le 7 janvier.
Les mécaniciens anglais condui-
sent maintenant les trains directe-
ment de Prétoria à jjDeiag-oa Bay au
lieu de les remettre entre les mains
des mécaniciens Portugais à Ro-
sano Garcia comme auparavant.
La Cap. — Le nombre total des
prisonniers Boers est maintenant de
15,182 sans compter 521 prison-
niers remis en liberté sur parole.
VOIR DERNIÈRE HEURE 3-« PIGE
PAU, le 12 Janvier 1901
LA MISÈRE HUMAINE
Par les temps rigoureux que nous
traversons et qui viennent de se faire
sentir d'une façon si brusque, les mots
saisissants de la ballade ae Théodore
de Banville dans “ Gringoire ”, vous
viennent immédiatement à la pensée :
Aux pauvres gens, tout est peine et misera.
De fait, les journaux n’ont été rem*
plis ces jours-ci que d’informations
navrantes. A la campagne comme
dans les villes on a signalé en grand
nombre des morts subites causées par
le froid. Ici c’est un voyageur qu’on a
trouvé mort congestionne dans un
train ; là c’est un facteur des postes,
saisi de froid pendant sa tournée et
I qui est tombé inanimé sur son chemin.
Quand ce sont des malheurs inévita-
bles, il n’y a qu’à s’incliner ; mais
quand ces catastrophes pourraient être
prévenues, l’incurie ou l’indifférence
sociales sont sans excuses. Or les ri-
gueurs de l’hiver ont fait partout, sur-
tout dans les grandes villes, de vérita-
bles hécatombes de malheureux. C’est
à ce moment que la misère par les
privations qu’elle entraîne, paie le plus
largement, sans compter, son tribut
de victimes.
Se peut-il que dans une société civi-
lisée, tant de pauvres gens soient con-
damnés à périr de froid et de faim ?
Certains, dans leur vie, n’auront pas
ôté prévoyants, — disent les satisfaits,
ceux à qui la fortune a toujours souri
et qui n’ont jamais aimé qu’eux-mèmes.
Et la société, à son tour, est-elle vrai-
ment ordonnée et prévoyante f Mérite-
t-elle ce titre de « civilisée » dont elle
se tarque si haut et qui, dans trop de
circonstances, est synonime de barba-
rie ?
Ce sont surtout les pauvres gens qui
I n’ont ni de quoi se nourrir ni de quoi
se vêtir qui ont besoin de se loger et
I de se chauffer. Et combien n'attendent
I pas le dénouement fatal ! Quoi de plus
poignant et de plus attristant, que le
I suicide par le charbon de ces deux
I vieillards qui n’ayant pu trouver assez
I de travail pour payer leur terme, ont
préféré en finir avec la vie f
mmm————■———
46 FIUILLBTON DC L’INDÉPENDANT
PIERRE DECOURCELLE
LES DEUJJOSSES
Il n’y avait pas de testament, ce qni, d’ail-
leurs, eût été mutile.
L'enfant reconnu, par sa mère, Claude
Fouillous, était aeul et unique héritier.
Il avait pour tuteur légal son oncle La
Limace — qui jouissait de ses droits civils —
époux do Zéphyrine Fouilloux, sosur de la
défunte.
On lui donna, pour subrogé-tuteur, le clere
de notaire, en l'absence de tout être connu ou
inconnu qui réclamât, ou à qui l'on pût impo-
ser eette charge, le notaire ne pouvant l'être
et ae souciant de tout cela — comme son clerc
d’ailleurs — autant que de l’héritage de feu
Colin-Tampon.
Quatre ou cinq ans s’étaient écoulés depuie
l’établissement définitif du ménage.
Il but avouer que si Le Limaoe avait espéré
trouver dans son mariage vie otlme, tranquille
et assurée, il s’était trompé.
Certes, il était adoré de sa Zéphyrine.
Il y avait même une incroyable compatibité
d’humeur entre les deux conjoints.
Leur vie en commun, leur amour avait en
I quelque sorte égalisé leurs vices, donnant é
l’un ce qui manquait à l’autre, abaissant celui-
I ci au niveau intellectuel de celle-là.
Ainsi Zéphyrine, grâce au contact de La
I Limace, était devenue prodigieusement pares-
I seuse de son corps, et ses membres monstrueux
I épaississaient encore.
I En môme temps, son penchant pour les
I alcools s’était déclaré irrésistible.
I De son cété, La Limace avait quelque peu
I perdu de son mépris pour la violenoe...
I il n’avait plus tout ê fait la même horreur
I si salutaire du surin bien employé.
Elle avait acquis un peu de la rouerie et de
I la froide cruauté de son époux, de ses sauva-
I ges colères et de ses appétits désordonnés.
I Tous les deux avaient fini par faire une bien
| jolie paire.
Mais alors les dépenses du couple s'étalent
I augmentées dans de considérables proportions.
Le notaire avait naturellement refusé de re-
I mettre les valeurs de la succession, placées,
I avait il dit, au nom de l’enfant mineur. On ne
I jouissait doue que des petites rentes, produites
| par le capital.
I II avait fallu aviser.
| Il avait été décidé, d’abord, que Zéphyrine
continuerait la « maison » de sa soeur.
Au bout de temps, gràco aux leçons de La
Limace, jouant lo rôle de magnétiseur, la nou-
velle mariée, déjà d’ailleurs mise au courant,
débrouillée par Rose, avait appr:z le métier et
dévoilait le passé, le présent et l’avenir, aussi
bien que ses plus habiles concurrentes.
Après un assez long voyage en province, elle
s’était sentie assez forte pour aborder Paris et
ses environs.
Elle ne craignait plus aucune rivale.
Quelque grand cependant que fût le nombre
des fidèles, le tirage des cartes, les séances de
somnambulisme n’aurait pas suffi â l’entretien
du ménae.
Bientôt le couple joignit è sa première indus-
trie une profession plus difficile à préciser.
Quand on entrait dans i’entresort, pour se
faire faire le « grand jeu » ou consulter la som-
nambule, on remarquait des chapelets d’herbes
sèches, étendus le long des oloisons, et les
mauvaises langues prétendaient avoir quelque-
fois vu descendre de chez elle des jeunes filles
pâles se tenant â la rampe.
Le commissaire de police, quelquefois dea
gendarmes étaient apparus dans l’entresort :
dea perquisitions avaient été faites ; mais La
Limace et Zéphyrine étaient toujours sortis
indemnes de cet avonturea.
Tout au plus avaient-ils reçu l’ordre de dé-
guerpir promptement du pays où eut émoi leur
arrivait.
Mais cette nouvelle ressource était bien aléa-
toire.
Il avait fallu alors que La Limace lui-même
mit la main â la pâte.
Pour cela, il utilisait les talents qu’il possé-
dait pour aiguiser les couteaux, et s'était éta-
bli remouleur ambulant, « gagne-petit ».
Il avait dono acheté uno petite meule à gros
grain, une autre à grain fin, une machine pour
soutenir l’une ou l’autre suivant le cas, et sur
la traverse de laquello était attaché le sabot
renfermant l'eau destinée à humecter la meule.
Une manivelle mue par une corde, au moyen
d’une pédale, faisait rapidement tourner la
pierre, d’où jaillissaient des bouquets d’étin-
celles, à la grande joie ut â l’admiration des
gamins, groupés autour de lui, dans chaque
village où il s’arrêtait.
Métier oharmaut, hounôte, poétique, que des
hommes de taleut ont chanté.
Cependant La Limace ne comptait guère
sur le gain qu’il en pouvait retirer
Sa profession ruelle était indiuateur de coup»
â faire.
Le rémoulage n’était qu'un manteau que pût
diffioilemeât sou evor la police curieuse, un
■impie moyen de pénétrer dans les intérieurs,
de juger si une visite nocturne pouvait y être
avantageuse, si tes renseignements déjà obte-
nue parfois de la maîtresse de le maison, en
consultant la somnambule, étaient exacts.
Les gamins qui enviaient le bonheur du ban-
dit, en voyant la roue tourner, tourner sous
l’impulsion de son pied, jasaient.
Il savait ainsi si les chiens de la ferme voi-
sine éta-ent méchants, où couchaient les
I domestiques, quel jour le msitre a'iait au
I marché vendre son beurre et ses oeufs, si, dans
I telle autre maison, le proprietaire Otait arme.
Lié avec lea meilleurs surin» Je la capitale,
I La Limace avait conserve des relations avec
I eux, et ses investigations lui permet.aient de
I leur indiquer les occasions avantageuses ne
I gardant pour lui que lea affaire# faciles et peu
I dangereuses. *
Il donnait tous Iss renseignements désira-
I blés, combinait les plans, prenait les disposi-
I tions necessaires, et touchait On tant pour
I cent sur le bulia pour ses peines.
I Et. quelques jours après le départ de l’entre-
I sort et du rémouleur, quand on ne pensait plus
I à eux, tout à c -up, dans le village, oo appre-
I nait qu’un vol avait été commis... quelque-
I fois un assassinat 1
La justice ne trouvait pas le ooupable.
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